Certains secteurs revêtent une importance capitale pour le bon fonctionnement des économies modernes. L'acier est un composant fondamental dans de nombreuses applications industrielles. La construction navale est cruciale au maintien des réseaux commerciaux maritimes mondiaux qui constituent l'épine dorsale de l'économie mondiale. Les semi-conducteurs sont au cœur des technologies numériques et continuent à se généraliser dans tous les secteurs.

En raison de leur importance stratégique et du risque de défaillances du marché, les secteurs essentiels aux transitions verte et numérique sont scrutés par les décideurs politiques. Cette focalisation est essentielle, compte tenu du rôle pivot de ces secteurs. Cependant, elle peut également fausser le jeu sur la scène mondiale ou nationale et entraîner des anomalies dans les mécanismes de concurrence, ce qui peut aboutir à des distorsions des marchés et des industries. Une compréhension approfondie des dynamiques uniques au sein de ces secteurs nécessite une collecte et une analyse détaillées des données.

L'analyse industrielle examine souvent les secteurs dans leur ensemble. Cette approche offre un aperçu général du paysage économique et met en évidence les tendances clés. Cependant, pour certains secteurs, ces données agrégées peuvent ne pas brosser un tableau précis, entraînant potentiellement des incompréhensions et des interprétations erronées des dynamiques en jeu. L'analyse sectorielle, quant à elle, aide les décideurs politiques à relever les défis et à tirer parti des opportunités dans les secteurs clés.

La granularité et les indicateurs pertinents diffèrent selon les secteurs. Par exemple, dans l'industrie de l'acier, la surcapacité est un problème significatif ; dans la construction navale, l'impact des subventions joue un rôle crucial ; et dans le secteur des semi-conducteurs, le faible niveau d'interchangeabilité de la plupart des puces signifie que chaque type doit être examiné séparément. Ces exemples ne mettent en évidence que quelques considérations spécifiques aux données sectorielles ; des complexités supplémentaires apparaissent lors de l'examen des aspects qualitatifs.

De nombreuses industries dépendent d'un vaste écosystème, composé de divers secteurs, entreprises et technologies. Au-delà du réseau de production (liaisons entrées-sorties), les écosystèmes industriels se composent de réseaux d'investissement (flux de biens tangibles et intangibles), de réseaux de connaissances (par exemple, R&D, brevets, etc.) et de réseaux financiers (fusions-acquisitions, investissements en capital-risque, etc.), avec différents types d'entreprises et d'institutions publiques et privées ayant des rôles différents à chaque niveau.

Ces différents niveaux peuvent révéler la directionnalité des écosystèmes d'une manière dont l'analyse traditionnelle entrées-sorties est incapable. Les flux financiers peuvent fournir des informations sur les attentes des acteurs du marché de l'écosystème. Par exemple, les investissements des principaux acteurs d'un secteur dans des start-ups innovantes d'autres secteurs fournissent des indices sur l'évolution des deux secteurs. De plus, les réseaux de connaissances peuvent révéler les innovations technologiques menées par des secteurs confrontés à des défis similaires, donnant des indications sur les orientations du progrès technologique sectoriel dans le secteur. Ignorer ces relations et dépendances limiterait la capacité de la politique industrielle à atteindre ses objectifs.