Un droit de la concurrence bien conçu et appliqué efficacement peut apporter de nombreux avantages, notamment une baisse des prix, une amélioration de la qualité des produits et des services, un plus grand choix pour les consommateurs et, à terme, la croissance et le développement économiques. 

Pour ce faire, tous les concurrents sur un marché déterminé doivent être soumis aux mêmes règles de concurrence. Dans certains pays, une partie ou la totalité de l'activité gouvernementale, y compris en tant qu'acteur du marché par l'intermédiaire des entreprises publiques, peut être exemptée du droit de la concurrence. Une telle exclusion n'est pas neutre du point de vue de la concurrence et le résultat est que les marchés fonctionnent moins efficacement, ce qui ne permet pas de profiter des bénéfices de la concurrence.

La recommandation sur la neutralité concurrentielle de 2021 invite les gouvernements à veiller à ce que toutes les entreprises soient placées sur un pied d'égalitéquelle que soit leur structure de propriété ou nationalité. 

La réglementation est indispensable pour permettre aux marchés de bien fonctionner et pour s'assurer qu'ils produisent des résultats conformes aux objectifs politiques des pouvoirs publics. Cependant, la réglementation peut parfois avoir des conséquences inattendues sur la concurrence. Par exemple, l'imposition de normes de produits sur certains concurrents mais pas sur d'autres fera pencher la balance en faveur de ces derniers.

La concurrence sera également faussée si certains acteurs du marché, par exemple les opérateurs historiques, sont soumis à d'anciennes réglementations moins coûteuses à respecter, alors que les nouveaux entrants doivent se conformer à de nouvelles réglementations plus strictes.

L'intervention des décideurs politiques doit alors avoir une justification claire et minimiser les restrictions de concurrence nécessaires à la réalisation des objectifs de politique publique.

Le soutien de l'État peut être utilisée pour modifier les incitations et le comportement des entreprises, par exemple lorsqu'il y a des défaillances du marché et que le marché à lui seul ne parviendrait pas à un résultat désirable pour la société. Néanmoins, les aides publiques peuvent fausser la concurrence, tant sur les marchés nationaux qu'internationaux. C'est le cas lorsque l'aide publique profite à certains concurrents et pas à d'autres. En conséquence, les concurrents bénéficiant de l'aide seraient moins incités à être efficaces et compétitifs. De même, le soutien de l'État peut avoir pour effet de maintenir sur le marché des entreprises inefficaces qui en seraient autrement sorties.

La neutralité concurrentielle doit être préservée lors de l'élaboration de mesures susceptibles d'améliorer les performances d'une entreprise sur le marché et de fausser la concurrence, afin de garantir des conditions de concurrence équitables et d'en récolter les fruits.

Le manuel a été élaborée pour assister les gouvernements dans la mise en œuvre des principes de neutralité concurrentielle énoncés dans la Recommandation sur la neutralité concurrentielle. Il traite du cadre juridique, notamment du droit de la concurrence et de son application, de l'environnement réglementaire et des marchés publics, ainsi que des mesures susceptibles d'améliorer les performances d'un concurrent, telles que les aides publiques et les compensations pour obligations de service public.

Il s'agit d'un ensemble d'approches de bonnes pratiques fondées sur des exemples tirés de l'expérience internationale de membres et de non-membres de l'OCDE, complétées par une série de questions (liste de référence sur la neutralité concurrentielle) et un cadre d'analyse.

Le manuel offre aux autorités de la concurrence et à d'autres fonctionnaires des outils pour identifier les politiques gouvernementales susceptibles de fausser les règles du jeu et pour développer des alternatives permettant de minimiser ces distorsions. Il a été conçu pour être utilisé à la fois par les autorités de concurrence et par d'autres organismes, tels que les services gouvernementaux responsables de l'élaboration de nouvelles réglementations ou les unités centrales chargées de l'évaluation de l'impact de la réglementation. Il permet également d'évaluer les nouvelles réglementations et politiques en cours d'élaboration, ainsi que les réglementations existantes.

La liste de référence sur la neutralité concurrentielle consiste en une liste de questions, basée sur les bonnes pratiques fournies par le manuel sur la neutralité concurrentielle, qui vise à aider les autorités de la concurrence et les décideurs politiques à identifier les réglementations ou les mesures d'aide publique susceptibles de fausser la neutralité concurrentielle. Lorsqu'une mesure reçoit une réponse négative à au moins une question, il est suggéré de procéder à une analyse approfondie de l'intervention politique.

En 2004, une première discussion approfondie a été organisée sur le rôle de l'État sur le marché et la distorsion potentielle de la concurrence résultant des avantages accordés aux entités publiques. 

En 2009, une deuxième table ronde a permis d'examiner de plus près les défis posés par l'application des règles de concurrence aux entreprises publiques. 

En 2012, le Comité de la concurrence s'est engagé dans un projet conjoint avec le Groupe de travail de l'OCDE sur l'actionnariat public et la privatisation afin de recenser les pratiques nationales qui abordent la question de la concurrence entre le secteur public et le secteur privé. Il a compilé un recueil de recommandations, de lignes directrices et de bonnes pratiques de l'OCDE susceptibles d'avoir des incidences sur la neutralité concurrentielle.

En 2015, l'OCDE a publié une Note sur la politique de la concurrence et la neutralité concurrentielle ainsi qu'un Inventaire des distortions et mesures de neutralité concurrentielle qui classe les différents types de distorsions, les règles et outils disponibles dans les différentes juridictions, ainsi que les instruments de l'OCDE en la matière. 

En 2018, le Forum mondial de l'OCDE a organisé une discussion sur la promotion de la neutralité concurrentielle par les autorités de la concurrence.

En 2019, l'OCDE a organisé une session avec des présentations par les délégations sur les outils utilisés permettant de traiter les questions de neutralité concurrentielle sur leurs marchés.

En 2021, le Forum mondial sur la concurrence a organisé une discussion sur la promotion de la neutralité concurrentielle par les autorités de la concurrence.

Outre les discussions et les documents susmentionnés, l'OCDE a également mené des projets dans les pays pour évaluer la neutralité concurrentielle.

De 2018 a 2021,  le projet Fostering Competition in ASEAN comprenait un volet examinant la neutralité concurrentielle dans le secteur des services de livraison de petits colis dans chacun des pays membres de l'ASEAN. Les résultats sont accessibles sur cette page : Towards a Level Playing Field between SOEs and Private Entities in ASEAN.