L’amélioration de la productivité n’est pas seulement un objectif final pour les décideurs politiques : il existe un lien significatif entre les gains de productivité et la croissance des salaires et de l’emploi, tant au niveau microéconomique que macroéconomique. En effet, les entreprises qui fonctionnent plus efficacement ont tendance à offrir de meilleurs salaires et à employer davantage de travailleurs, et la croissance de la productivité peut en outre générer des retombées au niveau global.

Pour favoriser la croissance de la productivité, les politiques doivent garantir un environnement commercial dynamique qui soutient l’entrepreneuriat, l’expérimentation et la croissance des entreprises, et qui permet une réaffectation des ressources améliorant la productivité. Les entreprises émergentes, en particulier les startups transformatrices, jouent un rôle central dans la stimulation de la productivité, de l’innovation, mais aussi de la création d’emplois. Toutefois, elles sont généralement plus sensibles aux conditions économiques et cadres.

La plupart des pays de l’OCDE ont connu un ralentissement de la croissance de la productivité, accompagné d’un écart croissant entre les entreprises « frontières » à forte productivité et les entreprises « retardataires » à faible productivité. Cette divergence semble étroitement liée à la transformation numérique et au rôle croissant des actifs incorporels, mettant en évidence la réussite inégale des entreprises à s’adapter à ces transformations structurelles et à les maîtriser.

Pour y remédier, les politiques devraient viser à stimuler la productivité de manière générale. En plus de permettre à l’innovation et à ses applications commerciales de repousser les frontières technologiques, les décideurs politiques devraient également se concentrer sur la diffusion de l’innovation dans l’ensemble de l’économie, ainsi que sur la réallocation des ressources, afin de réduire les écarts entre les entreprises et de garantir que les gains de productivité soient largement partagés.

Les pays de l’OCDE ont également connu un déclin du dynamisme des entreprises au cours des deux dernières décennies, avec une diminution des taux de création d’entreprises, de réallocation des emplois et de contribution des jeunes entreprises à la croissance de l’emploi. Les indicateurs de pouvoir de marché ferme et de concentration du marché suggèrent également des changements dans l’environnement concurrentiel. La pandémie de COVID-19, la crise énergétique et les tensions géopolitiques accrues ont encore souligné la nécessité de relever les défis de longue date qui pèsent sur le dynamisme des entreprises afin de débloquer une croissance durable de la productivité.

Les décideurs politiques devraient garantir des conditions de concurrence équitables en matière de contestabilité du marché et réduire les obstacles à l’entrée et à la croissance des entreprises. Il s’agit d’étapes clés pour favoriser l’entrée et la croissance des jeunes entreprises, favoriser la concurrence au sommet et faciliter une sélection efficace des entreprises à la base.

Pour tirer parti des avantages socio-économiques de la croissance de la productivité, les politiques doivent agir autour d’objectifs complémentaires : stimuler la productivité ; lui permettre de se traduire par une croissance de l’emploi et des salaires ; et promouvoir l’inclusion et la durabilité.

Cela nécessite un ensemble de politiques globales et cohérentes. Les éléments clés comprennent : des conditions-cadres appropriées qui permettent la dynamique des entreprises et la réaffectation des ressources ; des politiques de concurrence garantissant des conditions de concurrence équitables et la contestabilité du marché ; la disponibilité du financement à toutes les étapes du cycle de vie des entreprises ; investir dans la capacité d’absorption des entreprises et dans un capital humain qui suit le rythme de la technologie et renforce les compétences des travailleurs, des dirigeants et des entrepreneurs tout en garantissant l’inclusion ; investissement dans les infrastructures (notamment numériques) ; soutien à la transition verte par l’innovation et l’adoption de technologies vertes.