Le présent chapitre regroupe les observations recueillies à l’échelle internationale sur le quoi, le comment et le pourquoi de la pression exercée sur les ménages à revenu intermédiaire depuis quelques décennies. Il commence par proposer une définition du revenu intermédiaire valable dans tous les pays de l’OCDE, pour mesurer la taille de cette catégorie dans le temps et dresser des comparaisons entre les pays. Il examine ensuite le mouvement du revenu, du chiffre de la population et de l’influence économique de la classe moyenne, puis s’intéresse à l’évolution de la composition socioéconomique et démographique des ménages à revenu intermédiaire, ainsi qu’aux catégories qui ont désormais plus de difficulté à se hisser jusqu’à la classe moyenne. Il se conclut par un bilan de l’incidence de l’impôt et des prestations sociales sur les ménages à revenu intermédiaire.
Sous pression : la classe moyenne en perte de vitesse
Chapitre 2. Une classe moyenne en régression ?
Abstract
Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.
Introduction et principaux résultats
C’est dans les États-Unis des années 1980 que le déclin de la classe moyenne prend une allure problématique, puis s’accélère avant de se répandre à d’autres pays de l’OCDE à la suite de la crise financière mondiale. Cependant, malgré un débat public et politique considérable, les preuves concrètes d’une régression générale de la catégorie des revenus intermédiaires continuent de faire défaut.
Le présent chapitre se propose de regrouper les observations recueillies à l’échelle internationale sur le quoi, le comment et le pourquoi de la pression exercée sur les ménages à revenu intermédiaire depuis quelques décennies. Il commence par proposer une définition du revenu intermédiaire valable dans tous les pays de l’OCDE, pour mesurer la taille de cette catégorie dans le temps et à dresser des comparaisons entre les pays. (Section 2.1). Il examine ensuite le mouvement du revenu, du chiffre de la population et de l’influence économique de la classe moyenne (Section 2.2). La section 2.3 se penche en outre sur l’évolution de la composition socioéconomique et démographique des ménages à revenu intermédiaire en quelques décennies. La section 2.3 fait le bilan de l’incidence de l’impôt et des prestations sociales sur les ménages à revenu intermédiaire, puis la Section 2.4 conclut.
Les constats suivants se dégagent de l’analyse et des observations présentées ici :
La majorité des habitants des pays de l’OCDE (61 % en moyenne) vivent dans des ménages à revenu intermédiaire, c’est-à-dire situé entre 75 % et 200 % du revenu national médian des ménages. Dans les économies émergentes, la catégorie des revenus intermédiaires représente une moindre part de la population (entre un tiers et la moitié) et moins de personnes s’identifient à la classe moyenne (voir le Chapitre 1).
Les revenus médians, en termes réels, progressent au ralenti depuis la crise : 0.3 % en moyenne entre 2007 et 2016, par rapport à plus du triple (1 %) entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 1990, et plus du quintuple (1.6 %) entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2000.
Le « centre de gravité » économique est en train de basculer et de s’éloigner du milieu, où la croissance du revenu est bien plus faible qu’au sommet de l’échelle. Au milieu des années 1980, le revenu combiné de tous les ménages de la classe moyenne représentait quatre fois celui de tous les ménages de la tranche supérieure. Il n’atteint même pas le triple à l’heure actuelle.
Les chances d’accès à la classe moyenne se sont amenuisées pour les familles avec enfants et jeunes adultes. Par contraste avec la situation il y a 30 ans, la majorité des familles monoparentales appartiennent aujourd’hui à la catégorie des bas revenus ; les jeunes adultes, plus que les autres tranches d’âge, ont le moins de chances de vivre dans des ménages à revenu intermédiaire. Chaque génération postérieure à celle du boum des naissances a vu diminuer ses possibilités d’accès à la classe moyenne.
Les ménages de la classe moyenne sont ceux qui contribuent le plus aux recettes de l’impôt sur le revenu et qui reçoivent la plus grosse part des prestations de sécurité sociale en espèces. Le montant de leur facture fiscale est toutefois légèrement supérieur à celui des prestations dont ils bénéficient. En dix ans, les prestations sociales ont contribué autant que les revenus marchands (revenus du travail et du capital) à la croissance des revenus intermédiaires, et ce, malgré une croissance accélérée des revenus marchands ces dernières années.
2.1. Qui sont les classes moyennes ?
Dans le droit fil du reste du rapport, le présent chapitre considère comme appartenant à la « catégorie des revenus intermédiaires » les personnes vivant dans les ménages dont le revenu se situe entre 75 % et 200 % du revenu national médian. Les ménages sont dits « à bas revenu » au-dessous de 75 % du revenu national médian et « à haut revenu » au-dessus de 200 %. Pour certaines des analyses, la classe moyenne est divisée en trois catégories selon le revenu : revenu intermédiaire de la tranche inférieure (75 % à 100 % du revenu médian) ; revenu moyen (100 % à 150 %) ; et revenu intermédiaire de la tranche supérieure (150 % à 200 %).
De la même manière, parmi les ménages à bas revenu, c’est-à-dire moins de 75 % du revenu national médian équivalent, ceux qui se situent au-dessous de 50 % sont dits « pauvres »1. Les personnes dont le revenu est inférieur à 75 %, mais supérieur à 50 %, sont dites « non pauvres à bas revenu ».
Ici, l’analyse tient également compte des profils des catégories de revenu par âge, structure du ménage, travail et source de revenus.
Encadré 2.1. Qu’est-ce que le revenu intermédiaire ?
Les définitions de la classe moyenne fondées sur le revenu se prêtent particulièrement bien aux comparaisons internationales compte tenu de la disponibilité de données sur le revenu, de leur comparabilité et de leur homogénéité dans le temps et d’un pays à l’autre (les différentes méthodes de définition de la classe moyenne sont traitées en détail dans l’encadré 1.1 du Chapitre 1). Qui plus est, il existe généralement une corrélation entre le revenu et d’autres déterminants de la classe sociale, dont la profession, l’éducation, l’auto-identification et la consommation.
Les définitions de la classe moyenne à partir du revenu suivent différentes méthodes pour déterminer la « moyenne » (Atkinson et Brandolini, 2013[1]). L’une d’elles s’intéresse aux seuils de revenu absolu, comme l’illustre la façon dont la Banque mondiale identifie la classe moyenne dans les économies émergentes d’Amérique latine et des Caraïbes. Elle fixe des seuils inférieur et supérieur de 10 USD et 50 USD par jour, corrigés des différences internationales de pouvoir d’achat (Ferreira et al., 2012[2]). Les indicateurs basés sur des montants absolus sont intuitifs et aisément compris par le public. Ils conviennent toutefois mieux aux économies émergentes, où l’analyse des niveaux de vie absolus est plus répandue.
Une deuxième approche définit la classe moyenne comme une catégorie de population dans la répartition du revenu. La Brookings Institution, par exemple, prend les 60 % au milieu de la répartition du revenu, c’est-à-dire les deuxième, troisième et quatrième quintiles (Reeves et Guyot, 2018[3]). Si cette méthode permet un calcul et une interprétation relativement aisés des indicateurs, elle part du postulat que la proportion de ménages dans la classe moyenne est constante. Par conséquent, elle ne peut pas déterminer si la population de la classe moyenne augmente ou diminue, ni comparer ce type d’évolution entre les paysAu lieu de cela, elle capture la taille de la classe moyenne en fonction de sa part du revenu, c’est-à-dire de la proportion du revenu global détenue par 60% de la population au milieu de l’échelle des revenus.
Une troisième approche utilise un seuil de revenu déterminé par un indicateur de référence. C’est celle qui est suivie dans ce chapitre et dans plusieurs études nationales et internationales (Thurow, 1984[4] ; Pew Research Center, 2015[5] ; Pew Research Center, 2017[6]). Elle est particulièrement intéressante pour deux raisons : 1) elle est compatible avec la mesure de la pauvreté relative2 et 2) elle permet d’établir si la taille de la classe moyenne varie d’un pays à l’autre et évolue dans le temps.
2.1.1. La plus grande partie de la population appartient à la classe moyenne
La plupart des habitants des pays de l’OCDE, exception faite du Mexique et du Chili, vivent dans des ménages à revenu intermédiaire, c’est-à-dire situé entre 75 % et 200 % du revenu national médian. Cette catégorie de revenu absorbe 61 % de la population de l’OCDE, proportion qui varie d’environ 50 % au Chili, aux États-Unis et au Mexique, à environ 70 % en Islande, en Norvège, aux Pays-Bas, en République slovaque et en République tchèque (Graphique 2.1). Dans les économies émergentes, cependant, la catégorie des revenus intermédiaires constitue une bien moindre proportion de la population, allant d’environ un tiers en Afrique du Sud à environ la moitié en Russie et en Chine.
Une personne sur dix vit dans un ménage à haut revenu, c’est-à-dire un revenu équivalent à plus du double du revenu national médian. Au Danemark et en Norvège, la catégorie des hauts revenus constitue à peine 4 % de la population alors que ce chiffre atteint presque 20 % au Chili et au Mexique. Les proportions sont également fortes dans la majorité des économies émergentes. En Inde et en Afrique du Sud, par exemple, la part des hauts revenus s’élève à 25 % de la population.
À l’échelle de l’OCDE, trois personnes sur dix se situent dans la catégorie des bas revenus. En moyenne, 30 % vivent de revenus qui n’atteignent pas 75 % du revenu national médian. Environ un tiers d’entre elles sont pauvres (gagnent moins de la moitié du revenu national médian). Ce n’est que dans quelques pays (États-Unis, Israël et Mexique), mais aussi dans toutes les économies émergentes, que la majorité des personnes à bas revenu sont pauvres.
2.1.2. Les pays plus riches ont des classes moyennes plus importantes
Dans les pays affichant un haut revenu médian, une plus forte proportion de la population appartient à la classe moyenne. On constate une relation positive significative entre le niveau de revenu médian des ménages en parités de pouvoir d’achat et la taille de la classe moyenne (Graphique 2.2). Elle est particulièrement forte dans les pays dont le revenu annuel médian est inférieur à 10 000 USD en parités de pouvoir d’achat, mais s’affaiblit, tout en restant positive, dans les pays à plus haut revenu.
On constate deux exceptions frappantes à cette relation positive entre le revenu absolu médian et la taille de la classe moyenne :
Les États-Unis qui, malgré leur quatrième place au classement des plus hauts revenus médians, ne sont que 31e au classement des pays de l’OCDE par taille de la classe moyenne. Autres statistiques apparentées : seuls deux autres pays enregistrent une plus forte proportion d’habitants pauvres et seuls trois autres une plus forte proportion d’habitants à haut revenu (Graphique 2.1).
La République tchèque, la République slovaque, la Hongrie et, dans une moindre mesure, la Pologne et la Slovénie, autant de pays d’Europe centrale où les proportions de la population appartenant à la classe moyenne dépassent ce que leurs revenus médians laissent attendre3.
2.1.3. Quel revenu faut-il à un ménage pour faire partie des revenus intermédiaires ?
Le niveau de revenu dont un ménage a besoin pour se hisser dans la classe moyenne varie d’un pays à l’autre. Les revenus disponibles médians (corrigés pour les ménages d’une personne et les différences internationales de pouvoir d’achat en 2010)4 varient de 5 010 USD au Mexique à 35 310 USD au Luxembourg. Pour faire partie de la catégorie des revenus intermédiaires, une personne vivant seule doit avoir un revenu annuel situé entre 3 757 USD et 10 019 USD au Mexique et entre 26 482 USD et 70 620 USD au Luxembourg (Tableau 2.1).
Cela dit, les seuils de revenu qui définissent les populations à revenu intermédiaire se chevauchent dans la majorité des pays de l’OCDE. Ainsi, malgré les différences de revenu entre les pays, bon nombre de ménages à revenu intermédiaire dans un pays le seraient aussi dans un autre pays. Par exemple, un revenu de 23 000 USD est considéré comme intermédiaire dans 27 des 35 pays de l’OCDE dans le Tableau 2.1. Ce n’est qu’aux États-Unis, au Luxembourg, en Norvège et en Suisse que ce montant serait insuffisant, alors qu’il classerait les ménages dans la catégorie des hauts revenus au Chili, en Grèce, au Mexique et en Turquie.
Tableau 2.1. Les seuils de revenu moyen dans les pays de l’OCDE et une sélection d’économies émergentes
2016 ou dernière année disponible, corrigés pour les ménages d’une personne et en USD en PPA de 2010
Seuil inférieur |
Seuil supérieur |
|
---|---|---|
Luxembourg |
26 482 |
70 620 |
Norvège |
26 404 |
70 411 |
Suisse |
24 664 |
65 771 |
États-Unis |
23 416 |
62 442 |
Canada |
21 990 |
58 639 |
Autriche |
20 682 |
55 153 |
Danemark |
19 735 |
52 626 |
Suède |
19 634 |
52 357 |
Australie |
19 537 |
52 097 |
Irlande |
18 704 |
49 878 |
Belgique |
18 686 |
49 829 |
France |
18 173 |
48 462 |
Finlande |
18 021 |
48 057 |
Allemagne |
17 861 |
47 628 |
Pays-Bas |
17 806 |
47 483 |
Islande |
17 745 |
47 320 |
Japon |
16 502 |
44 006 |
Royaume-Uni |
15 856 |
42 283 |
Corée |
15 653 |
41 741 |
Israël |
14 008 |
37 356 |
Slovénie |
13 249 |
35 331 |
Espagne |
12 911 |
34 428 |
République tchèque |
10 250 |
27 333 |
Pologne |
9 922 |
26 458 |
Portugal |
9 854 |
26 278 |
République slovaque |
9 439 |
25 172 |
Lettonie |
9 209 |
24 559 |
Lituanie |
9 058 |
24 154 |
Hongrie |
8 707 |
23 219 |
Estonie |
8 658 |
23 089 |
Grèce |
7 894 |
21 050 |
Turquie |
7 215 |
19 241 |
Chili |
6 145 |
16 387 |
Mexique |
3 757 |
10 019 |
Fédération de Russie |
8 232 |
21 953 |
Brésil |
4 968 |
13 247 |
Chine |
4 862 |
12 967 |
Afrique du Sud |
2 605 |
6 947 |
Inde |
1 656 |
4 417 |
Note : les catégories de revenus intermédiaires et les revenus médians sont définis en fonction du revenu disponible équivalent du ménage. La catégorie des revenus intermédiaires comprend les personnes vivant dans des ménages dont le revenu représente entre 75 % et 200 % du revenu médian. La moyenne de l’OCDE couvre tous les pays de l’OCDE inclus dans le tableau.
Les revenus disponibles sont corrigés en fonction de la taille du ménage et des économies d’échelle en divisant le revenu disponible global du ménage par la racine carrée de la taille du ménage (OECD, 2018[21]). Les revenus nationaux sont corrigés en fonction des différences de prix des biens et services entre les pays en utilisant les prix et les parités de pouvoir d’achat de 2010, exprimés en USD.
Les résultats correspondent à l’année 2013, sauf pour l’Australie (2014), le Chili (2015), l’Allemagne (2015), la Hongrie (2015), Israël (2016), l’Islande (2010), l’Italie (2014), le Japon (2009), la Corée (2012), le Mexique (2012), la Pologne (2016), la Slovénie (2012), la Turquie (2014), les États-Unis (2016), l’Afrique du Sud (2012) et l’Inde (2011).
Source : calculs de l’OCDE à partir de données du LIS Data Center, à l’exception des pays suivants : Japon (Tanaka et Shikata, 2019[7]), d’après les données de la NSFIE ; Belgique, France, Irlande, Islande, Lettonie, Lituanie, Portugal et Suède (EU‑SILC) ; et Turquie (SILC).
2.2. Les classes moyennes ont stagné, se sont vidées de leur substance et ont perdu de leur influence
2.2.1. Les revenus intermédiaires perdent du terrain
À la suite de la crise financière mondiale et du timide redressement économique, les revenus intermédiaires ont progressé au ralenti ces dix dernières années para rapport aux précédentes décennies. Entre 2008 et 2016, les revenus médians réels – un indicateur proche des revenus intermédiaires5 – ont progressé à un taux annuel de 0.3 %6, alors qu’ils atteignaient 1 % entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 1990, et 1.6 % entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2000, période de plus forte croissance des revenus, toutes catégories confondues (Graphique 2.3, partie A). Chacune des trois dernières décennies a été marquée par une plus faible augmentation des revenus intermédiaires que des hauts revenus. À l’échelle de l’OCDE, le revenu médian a progressé d’un tiers de moins que celui des 10 % au sommet de la répartition.
Des 19 pays de l’OCDE disposant de données pour deux décennies ou plus, seuls Israël et la Turquie affichent une croissance du revenu médian considérablement plus forte pour la dernière décennie que pour les précédentes (Graphique 2.3, partie B). Ailleurs, il a reculé ou stagné : dans 21 des 36 pays de l’OCDE, le revenu médian a reculé ou progressé d’une moyenne annuelle de moins de 1 % depuis 2008. En Espagne, en Grèce, en Italie, au Japon, au Mexique et en Slovénie, le revenu médian était nettement plus bas au milieu des années 2010 qu’il ne l’était en 2008, après prise en compte de l’inflation. Dans le cas de la Grèce, ce recul était l’équivalent d’une chute de presque 6 % par an. Seuls six pays de l’OCDE ont enregistré une croissance du revenu médian dépassant une moyenne de 2 % par an : la Corée et la Suède (environ 2 %), la Hongrie, Israël et la Pologne (environ 3 %), le Chili et la Turquie (à peu près 4 %). Le revenu médian a également connu une progression rapide en Chine, à raison de 5 % par an, et en Inde, à 4 %.
2.2.2. Les revenus intermédiaires sont-ils en train d’être vidés de leur substance ?
La catégorie des revenus intermédiaires est moins nombreuse qu’il y a trente ans. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, la proportion d’individus vivant dans des ménages à revenu intermédiaire est passée de 64 % à 61 % entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2010 (Graphique 2.4, partie A). Ce recul progressif et homogène, à raison d’environ 1 point de pourcentage par décennie, s’est accompagné d’un élargissement correspondant des tranches de revenu inférieure et supérieure. On note avec inquiétude que la progression au bas de la distribution s’explique principalement par la pauvreté grandissante.
Bien que généralement modeste, l’évolution de la taille de la catégorie des revenus intermédiaires est notable dans plusieurs pays de l’OCDE. Entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2010, 9 des 17 pays pour lesquels on dispose de données ont enregistré un recul de trois points de pourcentage (Graphique 2.4, partie B). Ce phénomène a été particulièrement brusque en Suède et en Finlande, où les classes moyennes étaient très importantes et dépassent encore la moyenne de l’OCDE (Graphique 2.1). Le contat est le même en Israël, mais aussi en Allemagne, au Canada, aux États-Unis et au Luxembourg. La France et l’Irlande sont les deux seuls pays à constater un élargissement non négligeable de leurs classes moyennes.
Les catégories des bas et hauts revenus ont toutes les deux pris de l’ampleur dans la majorité des pays enregistrant une régression de la classe moyenne, et ce, à des degrés comparables dans plusieurs pays, dont l’Allemagne, l’Australie, le Canada, la Finlande, Israël, le Luxembourg et la Norvège. Dans quelques pays seulement, la contraction de la catégorie des revenus intermédiaires a eu pour effet de faire augmenter celle des bas revenus considérablement plus (Espagne et Suède) ou considérablement moins (Pays-Bas et États-Unis) que la catégorie des revenus intermédiaires de la tranche supérieure. Au Royaume-Uni, tant la catégorie des bas revenus que celle des revenus intermédiaires se sont contractées, alors que la catégorie des hauts revenus s’est agrandie.
La catégorie des revenus intermédiaires de la tranche supérieure s’est agrandie là où celle des revenus moyens est en perte de vitesse. Sur les 15 pays de l’OCDE où les ménages à revenu intermédiaire sont aujourd’hui moins nombreux qu’avant la crise financière mondiale, la tranche supérieure des revenus intermédiaires s’est élargie.
Seuls l’Australie, les États-Unis, les Pays-Bas et le Royaume-Uni enregistrent une diminution importante des tranches supérieure et moyenne de la catégorie des revenus intermédiaires. Dans les trois pays où la catégorie des revenus intermédiaires s’est agrandie, à savoir le Danemark, la France et l’Irlande, la tranche supérieure a elle aussi progressé au Danemark, mais régressé en Irlande, et en particulier en France.
2.2.3. Les ménages de la classe moyenne perdent de leur influence économique
La catégorie des revenus intermédiaires exerce une forte influence sur l’économie puisqu’elle représente la plus grosse proportion du revenu des ménages. Or, depuis quelques décennies, cette proportion du revenu a diminué beaucoup plus vite que la proportion de la population occupée par la même catégorie de revenu. En effet, entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2010, la classe moyenne a perdu 5 points de pourcentage en proportion du revenu (de 69 % à 64 %), mais 3 % seulement en proportion de la population (Graphique 2.5, partie A). Dans tous les pays hormis l’Espagne, l’Irlande et la Suisse, la proportion du revenu attribuable à la classe moyenne a diminué plus abruptement que sa proportion de la population (d’environ 5 points de pourcentage au Royaume-Uni et aux États-Unis). Les proportions du revenu et de la population occupées par la classe moyenne ont évolué dans le sens inverse au Danemark (baisse du revenu, augmentation de la population) et en Suisse (hausse du revenu, baisse de la population).
La catégorie des hauts revenus contrôle une part considérablement plus importante du revenu que par le passé. Entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2010, sa part du revenu a augmenté en moyenne de 5 points de pourcentage, passant de 18 % à 23 %, alors que sa part de la population a gagné 1.5 point de pourcentage (Graphique 2.5, partie B). À l’exception de la France, de l’Irlande et de la Suisse, les parts du revenu total occupées par la catégorie des hauts revenus ont grimpé dans tous les pays pour lesquels on dispose de données, en particulier aux États-Unis, en Israël et en Suède. Qui plus est, dans la majorité des pays, les parts du revenu total ont plus progressé que les parts de la population. Aux États-Unis, par exemple, tandis que la part de la population occupée par la catégorie des hauts revenus a augmenté de 3 points de pourcentage, passant de 11 % à 14 %, sa part du revenu total a grimpé de 9 points de pourcentage, de 26 % à 35 %. Cette évolution des parts du revenu aux États-Unis a été décrite comme un basculement du « centre de gravité de l’économie » (Rose, 2016[8]).
La relative influence économique de la classe moyenne s’est considérablement érodée par rapport à celle des hauts revenus. En tant que catégorie de population, les revenus intermédiaires représentaient, en moyenne dans l’OCDE, le quadruple des hauts revenus au milieu des années 1980 (Graphique 2.6). Ce rapport a accusé une chute abrupte entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 1990. Il poursuit sa descente depuis, bien que plus lentement. Au milieu des années 2010, les revenus de la classe moyenne représentent moins du triple des hauts revenus.
Cette diminution de la proportion du revenu occupée par la classe moyenne pourrait aussi se traduire en une diminution de son influence politique et de la participation électorale. Des études menées aux États-Unis font apparaître une perte d’influence de la classe moyenne sur les politiques publiques. Celle-ci s’explique par le fait que les responsables politiques sont devenus plus attentifs à l’avis des administrés riches, dont les préférences peuvent être très différentes de celles de la majorité (Bartels, 2009[9] ; Page, Bartels et Seawright, 2013[10]). Les sondages électoraux menés dans les pays européens font apparaître que les ménages à haut revenu participent plus activement à la vie politique, et ce, de plus en plus depuis quelques décennies (Gallego, 2007[11] ; Armingeon et Schädel, 2014[12]).
2.2.4. Les revenus intermédiaires sont plus stables et plus résistants à la pauvreté que les bas et les hauts revenus depuis la crise.
Pendant la crise, puis pendant le redressement, les revenus des ménages de la classe moyenne sont demeurés plus stables que ceux des autres catégories de revenu. Entre 2007 et 2015, les chocs de revenu, c’est-à-dire une hausse ou une baisse de 20 % ou plus par rapport à l’année précédente, concernaient une personne à revenu intermédiaire sur trois (Graphique 2.7), mais une personne sur deux dans les catégories des bas et hauts revenus. Le revenu des ménages de la classe moyenne était néanmoins très instable en Estonie, au Royaume-Uni et aux États-Unis, où presque une personne sur deux était touchée. Au Danemark et en Suède, où les revenus intermédiaires étaient plus stables qu’ailleurs, les chocs de revenu concernaient un ménage sur cinq seulement.
Les ménages à revenu intermédiaire sont presque autant à l’abri de la pauvreté relative (au‑dessous de 50 % du revenu national médian) que les ménages à haut revenu. Entre 2007 et 2015, la proportion de ménages à revenu intermédiaire ayant basculé dans la pauvreté d’une année sur l’autre s’établissait à 2.1 % en moyenne, allant de 1% au Danemark, aux Pays‑Bas et en Slovénie à 4% en Australie, en Grèce et en Lettonie (Graphique 2.8, partie A). Les ménages à revenu intermédiaire de la tranche inférieure sont considérablement plus exposés au risque de pauvreté (3.5 % en moyenne) que ceux des tranches moyenne et supérieure, où les niveaux de risque sont comparables à ceux des hauts revenus, soit environ 1.5 %.
Le cycle économique n’a eu aucun effet sur les risques de basculement dans la pauvreté relative des ménages à revenu intermédiaire d’une année sur l’autre. La comparaison entre la Grande récession et la période de redressement révèle que les ménages à revenu intermédiaire ont à peu près autant de chances de basculer dans la pauvreté d’une année sur l’autre dans l’ensemble de la zone OCDE (Graphique 2.8, partie B). En Estonie, en Grèce, en Lettonie et au Luxembourg, ce risque a augmenté d’environ 1 point de pourcentage pendant le redressement, alors qu’il a chuté de presque 2 points de pourcentage au Royaume-Uni7.
Les changements étaient plus marqués parmi les ménages à bas revenu. Le risque de pauvreté a augmenté d’au moins 4 points en Estonie, en Grèce, en Lettonie, au Luxembourg et en République slovaque, mais diminué de 2 points ou plus en Australie, en Autriche, en France, en Hongrie, au Portugal, au Royaume-Uni, en Slovénie et en Suisse.
S’ils basculent rarement dans la pauvreté relative après un an, les ménages à revenu intermédiaire demeurent très exposés au risque de déclassement sur de plus longues périodes. Un ménage à revenu intermédiaire sur dix et un ménage à revenu intermédiaire de la tranche inférieure sont déclassés (au-dessous de 75 % du revenu médian) sur une période de quatre ans, en moyenne entre 2007 et 2015 (Graphique 2.9). Ce risque est le plus élevé en Lettonie, en Espagne, en Estonie, aux États-Unis, en Grèce et au Portugal, où il concerne plus de 20 % des ménages à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, et le plus bas en Allemagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni (moins de 10 % des ménages).
Une étude récente de l’OCDE fait ressortir que ce risque s’est accru en vingt ans, particulièrement pour les ménages situés à peine au-dessus du seuil des bas revenus et dans les 40 % du bas de la répartition. Dans le même temps, les ménages à revenu intermédiaire plus aisés semblent désormais moins exposés au risque de déclassement. Ces différentes tendances révèlent une fracture possible de la classe moyenne (OCDE, 2019[13]).
2.2.5. Les ménages à revenu intermédiaire ne sont plus ce qu’ils étaient
Les populations ont considérablement évolué en trente ans : elles ont vieilli, moins de ménages ont des enfants, plus de personnes d’âge actif ont un emploi. Il est donc inévitable que la composition des ménages évolue elle aussi, sans pour autant évoluer forcément de la même manière que la composition de la population. Par exemple, bien que la proportion de personnes âgées ait augmenté, on ignore si la classe moyenne a évolué au même rythme que la population globale. Cette section se propose donc d’analyser la probabilité d’appartenance à la classe moyenne de certaines catégories de population par rapport aux tendances démographiques globales.
Les données ci-après indiquent que l’ancienne génération a désormais plus de facilité à accéder à la classe moyenne que les jeunes. En effet, les anciennes générations sont souvent mieux protégées contre les évolutions du marché du travail et les risques de baisse des revenus que les suivantes. Grâce à des emplois et des carrières plus stables, accompagnés de régimes de retraite généreux (fondés dans la majorité des cas sur des prestations définies), la génération du boum des naissances a eu beaucoup plus de chances d’intégrer la classe moyenne que celles qui l’ont précédée ou suivie (Graphique 2.10).
2.2.6. Les catégories de revenu convergent entre les tranches d’âge
La catégorie des revenus intermédiaires vieillit plus vite que la population globale, car les chances d’y appartenir convergent entre les différentes tranches d’âge. La population a vieilli entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2010 : la proportion de plus de 64 ans a augmenté de 12 % à 16 %, tandis que les moins de 30 ans sont passés de 44 % à 38 % (Graphique 2.11, nombres entre parenthèses). Dans le même temps, la chance de faire partie de la classe moyenne a convergé entre toutes les tranches d’âges puisqu’elle a augmenté pour les personnes âgées et diminué pour les plus jeunes.
Au milieu des années 1980, généralement parlant, les personnes qui avaient le plus de chances de rejoindre la classe moyenne étaient les adultes d’âge très actif – entre 30 et 64 ans – alors que l’inverse était vrai pour les enfants et les jeunes adultes. Bien que ce constat demeure généralement valide, la probabilité d’intégrer la classe moyenne a considérablement changé dans toutes les tranches d’âge, aboutissant à une convergence dans la distribution des catégories de revenu sur les tranches d’âge (Graphique 2.11).
La proportion de personnes âgées qui sont parvenues à se hisser jusqu’à la catégorie des revenus intermédiaires à partir d’une position de relatif désavantage a considérablement augmenté. Au milieu des années 1980, près de la moitié d’entre elles faisaient partie des bas revenus. Elles n’étaient plus qu’un tiers au milieu des années 2010. Dans le même temps, la probabilité que ces personnes intègrent la classe moyenne a grimpé de jusqu’à 12 points de pourcentage, à 58 %. Malgré ces remarquables améliorations, elles ont cependant continué d’avoir une plus grande chance de faire partie des bas revenus que les autres tranches d’âge. Les plus fortes progressions des chances d’accès des personnes âgées à la classe moyenne sont observées au Danemark, en France, en Norvège, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni (Tableau 2.2).
Au milieu des années 2010, les personnes âgées avaient plus de chances non seulement de faire partie de la catégorie des revenus intermédiaires, mais aussi de la catégorie des hauts revenus, dans tous les pays sauf le Mexique. Cette progression s’explique par l’amélioration des régimes de pension des nouveaux retraités et par l’augmentation du nombre de personnes travaillant après l’âge de départ à la retraite.
Le nombre d’adultes d’âge actif et d’enfants dans la catégorie des revenus intermédiaires a diminué en trente ans, de manière particulièrement abrupte chez les jeunes adultes (18 à 29 ans) et les enfants (moins de 18 ans). Cette baisse est aussi marquée chez les jeunes adultes actifs (30 à 44 ans), mais l’est toutefois moins chez les adultes actifs d’un âge plus avancé (45 à 64 ans), qui constituent la seule tranche d’âge en dessous de 65 ans dont les chances de surclassement ont davantage augmenté que leurs chances de déclassement.
La plus forte diminution du nombre d’enfants dans la catégorie des revenus intermédiaires est constatée aux Pays-Bas et en Suède. Leur proportion était très élevée au milieu des années 1980 et reste toutefois supérieure à la moyenne de l’OCDE. Elle a aussi considérablement diminué en Autriche, au Canada, en Espagne, en Finlande, en Israël et au Luxembourg. À l’exception du Canada, des États-Unis, de la Finlande, d’Israël et du Royaume-Uni, les enfants ont de plus en plus de chances de faire partie de la catégorie des bas revenus que de celle des hauts revenus pendant la période considérée.
Tableau 2.2. Il y a convergence des revenus entre toutes les tranches d’âge
Évolution des parts de la population, en pourcentage, par tranche d’âge et catégorie de revenu, pays de l’OCDE (du milieu des années 1980 au milieu des années 2010)
|
Enfants (0 à 17 ans) |
Jeunes (18 à 29 ans) |
Jeunes adultes actifs (30 à 44 ans) |
Adultes d’âge actif plus avancé (45 à 64 ans) |
Personnes âgées (65 ans et plus) |
||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
|
Faible |
Intermédiaire |
Haut |
Faible |
Inter. |
Haut |
Faible |
Inter. |
Haut |
Faible |
Inter. |
Haut |
Faible |
Inter. |
Haut |
CAN |
4.9 |
-8.2 |
3.2 |
5.1 |
-7.8 |
2.7 |
6.4 |
-7.7 |
1.4 |
2 |
-2.7 |
0.8 |
-13.1 |
10.8 |
2.4 |
DEU |
0.9 |
-1.8 |
0.9 |
8.6 |
-10.6 |
1.9 |
4.9 |
-6.2 |
1.3 |
0.8 |
-5.1 |
4.3 |
-7.6 |
6.3 |
1.3 |
DNK |
2.7 |
-2 |
-0.7 |
15.8 |
-13.8 |
-2 |
3.5 |
-1.7 |
-1.8 |
-10.1 |
6.4 |
3.6 |
-26.2 |
24.5 |
1.7 |
ESP |
7.3 |
-7 |
-0.3 |
12.4 |
-10.4 |
-2 |
6.1 |
-1.4 |
-4.6 |
2.5 |
-6.6 |
4.1 |
-7 |
5.4 |
1.5 |
FIN |
4.1 |
-6.6 |
2.6 |
11.6 |
-12.5 |
0.8 |
3.3 |
-5.9 |
2.7 |
-1 |
-3.5 |
4.4 |
-14.6 |
13.1 |
1.5 |
FRA |
2.0 |
-0.6 |
-1.4 |
3.5 |
-1.8 |
-1.7 |
1.1 |
3.1 |
-4.2 |
-12.7 |
13.9 |
-1.2 |
-22.6 |
20.5 |
2.1 |
GBR |
1.9 |
-4.4 |
2.6 |
6.6 |
-3.8 |
-2.9 |
1.1 |
-3.3 |
2.2 |
0.5 |
-3.9 |
3.4 |
-20.7 |
18.3 |
2.5 |
ISR |
9.6 |
-12.0 |
2.4 |
3.9 |
-6.4 |
2.5 |
5.4 |
-7.6 |
2.1 |
2.9 |
-6.0 |
3.3 |
-6.1 |
3.4 |
2.7 |
LUX |
8.2 |
-9.1 |
0.9 |
7.8 |
-8.8 |
1.0 |
7.6 |
-8.0 |
0.4 |
4.1 |
-8.6 |
4.5 |
-21.0 |
14.6 |
6.4 |
MEX |
3.7 |
-1.8 |
-1.9 |
3.2 |
-2.2 |
-1.1 |
2.9 |
-0.7 |
-2.2 |
-3.0 |
0.7 |
2.3 |
0.9 |
0.6 |
-1.5 |
NLD |
15.2 |
-14.8 |
-0.5 |
2.7 |
-3.4 |
0.7 |
4.9 |
-5.7 |
0.8 |
1.5 |
-1.8 |
0.3 |
-20.7 |
19.7 |
1.0 |
NOR |
3.2 |
-3.5 |
0.3 |
16.0 |
-15.0 |
-1.1 |
7.6 |
-7.1 |
-0.5 |
1.8 |
-3.8 |
1.8 |
-25.5 |
24.3 |
1.1 |
SWE |
18.3 |
-20.2 |
1.9 |
0.1 |
-2.8 |
2.7 |
11.7 |
-13.0 |
1.3 |
6.2 |
-12.5 |
6.3 |
-10.2 |
7.7 |
2.5 |
USA |
-2.2 |
-2.4 |
4.5 |
5.7 |
-6.1 |
0.3 |
5.0 |
-6.3 |
1.5 |
3.8 |
-5.5 |
1.6 |
-4.1 |
0.0 |
4.1 |
Note : les ménages « à revenu intermédiaire » sont définis comme les ménages dont le revenu représente entre 75 % et 200 % du revenu national médian. Les ménages « à haut revenu » sont définis comme les ménages dont le revenu est plus de deux fois supérieur au revenu national médian. La moyenne de l’OCDE comprend les données disponibles des pays suivants : Allemagne, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis, Finlande, France, Israël, Luxembourg, Mexique, Norvège, Pays-Bas, Suède et Royaume-Uni.
Source : calculs de l’OCDE d’après les données du LIS Data Center et de l’enquête EU-SILC.
2.2.7. Moins de familles avec enfants ont un revenu intermédiaire
La grande majorité des ménages avec enfants ont un revenu intermédiaire, mais leur nombre a diminué en quelques décennies. À l’instar des adultes d’âge actif et des enfants, la proportion de ménages avec enfants dans la catégorie des revenus intermédiaires a elle aussi diminué – de 72 % à 68 % pour les couples avec enfants, et de 55 % à 44 % pour les parents isolés (Graphique 2.12).
Les plus fortes diminutions de la proportion de couples avec enfants sont enregistrées au Canada, au Luxembourg et en Suède (Tableau 2.3). Ce n’est qu’en France que leurs chances de faire partie de la catégorie des revenus intermédiaires ont augmenté. Parallèlement à cette diminution, on constate un élargissement comparable des catégories des bas et des hauts revenus – principalement des hauts revenus dans quelques pays, dont en particulier le Canada et les États-Unis et, dans une certaine mesure, l’Allemagne, la Finlande et le Royaume-Uni.
Entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2010, de plus en plus de ménages monoparentaux sont sortis de la catégorie des revenus intermédiaires ; à la fin de la période, la majorité étaient déclassés (Graphique 2.12). Leur situation au regard du revenu a empiré dans tous les pays avec l’augmentation de la proportion de ménages dans la catégorie des bas revenus, de 40 % à 53 %. Dans quelques pays, la tendance s’est aussi traduite par des baisses considérables du nombre de ménages monoparentaux susceptibles de faire partie des hauts revenus, particulièrement prononcées en France, au Luxembourg et en Suède, mais aussi, dans une moindre mesure, en Finlande et en Norvège.
Tableau 2.3. Moins de familles avec enfants ont un revenu intermédiaire
Évolution de la part de la population, en pourcentage, par type de famille et catégorie de revenu, pays de l’OCDE (du milieu des années 1980 au milieu des années 2010)
|
Adultes célibataires |
Familles monoparentales |
Couples sans enfants |
Couples avec enfants |
||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
|
Faible |
Intermédiaire |
Haut |
Faible |
Intermédiaire |
Haut |
Faible |
Intermédiaire |
Haut |
Faible |
Intermédiaire |
Haut |
CAN |
0.6 |
-1.4 |
0.8 |
7.1 |
-5.6 |
-1.5 |
-3.1 |
2.2 |
0.9 |
2.6 |
-7.2 |
4.6 |
DEU |
-1.2 |
-0.2 |
1.4 |
10.7 |
-8.3 |
-2.4 |
-1.4 |
-2.4 |
3.9 |
-2.0 |
-1.0 |
3.0 |
DNK |
-1.9 |
3.6 |
-1.7 |
9.6 |
-3.5 |
-6.1 |
-10.8 |
8.0 |
2.7 |
-1.3 |
0.3 |
1.0 |
FIN |
-1.1 |
0.7 |
0.4 |
15.4 |
-15.2 |
-0.2 |
-5.7 |
1.6 |
4.1 |
1.2 |
-4.3 |
3.1 |
FRA |
-2.6 |
3.1 |
-0.4 |
25.4 |
-23.3 |
-2.1 |
-15.2 |
16.6 |
-1.5 |
-2.0 |
4.9 |
-2.9 |
GBR |
-12.0 |
11.0 |
1.0 |
3.6 |
0.3 |
-3.9 |
-10.7 |
6.9 |
3.8 |
2.0 |
-4.8 |
2.8 |
LUX |
-7.1 |
2.7 |
4.4 |
23.0 |
-22.4 |
-0.6 |
-9.3 |
3.4 |
5.9 |
4.8 |
-6.6 |
1.8 |
MEX |
-16.9 |
9.1 |
7.8 |
3.3 |
2.0 |
-5.4 |
-0.9 |
4.6 |
-3.7 |
1.5 |
-2.1 |
0.5 |
NOR |
-1.4 |
1.9 |
-0.4 |
16.9 |
-16.5 |
-0.4 |
-14.2 |
10.9 |
3.3 |
0.3 |
-0.8 |
0.4 |
SWE |
6.8 |
-7.3 |
0.5 |
36.8 |
-36.2 |
-0.6 |
0.5 |
-5.5 |
5.1 |
13.0 |
-15.7 |
2.6 |
USA |
3.2 |
-4.0 |
0.8 |
0.0 |
-0.8 |
0.8 |
0.2 |
-2.9 |
2.8 |
0.3 |
-5.0 |
4.7 |
Note : les ménages « à revenu intermédiaire » sont définis comme les ménages dont le revenu représente entre 75 % et 200 % du revenu national médian. Les ménages « à haut revenu » sont définis comme les ménages dont le revenu est plus de deux fois supérieur au revenu national médian.
Source : calculs du Secrétariat de l’OCDE d’après LIS et EU-SILC.
2.2.8. Moins de ménages d’âge actif ont un revenu intermédiaire, qu’ils travaillent ou non
Les ménages actifs ont moins de chances d’avoir un revenu intermédiaire qu’il y a trente ans. En moyenne dans les pays de l’OCDE, deux tiers des ménages actifs faisaient partie de cette catégorie au milieu des années 2010, soit 3 points de pourcentage de moins qu’au milieu des années 1980 (Graphique 2.13). Cette baisse est observée dans 16 des 19 pays pour lesquels des données sur le long terme sont disponibles (Tableau 2.4). Le Chili, l’Italie et le Mexique sont les seuls à afficher une augmentation de cette proportion, mais qui n’est particulièrement importante qu’au Chili. Partout ailleurs, la proportion de ménages actifs dans la classe moyenne accuse une baisse significative, particulièrement abrupte (de 7 à 8 points de pourcentage) au Canada, en Israël et au Royaume-Uni.
Dans la majorité des pays, cette tendance s’est accompagnée d’une augmentation de la proportion de ménages actifs, tant dans la catégorie des bas revenus que dans celle des hauts revenus. Font exception la Hongrie, le Royaume-Uni et la Suisse – où les ménages d’âge actif ont principalement fait grossir la catégorie des bas revenus – ainsi que le Danemark, les États-Unis, Israël et la République tchèque, où ils se sont surtout hissés jusqu’à la catégorie des hauts revenus.
Les ménages non actifs sont moins nombreux à avoir un revenu intermédiaire et plus nombreux à avoir un faible revenu. Il y a vingt ans, la moitié des ménages ayant à leur tête des personnes d’âge actif sans emploi (« ménages non actifs ») avaient un revenu intermédiaire. À l’heure actuelle, la majorité ont un faible revenu (Graphique 2.13). Cette diminution est particulièrement abrupte (plus de 15 points de pourcentage) en Espagne, en Finlande, en Israël, en Italie, au Luxembourg, en Norvège et aux Pays-Bas (Tableau 2.4). Les États-Unis, la France et la Suisse sont les seuls pays où la proportion des ménages non actifs dans la catégorie des revenus intermédiaires a augmenté.
Tableau 2.4. Moins de ménages d’âge actif ont un revenu intermédiaire
Évolution de la part de la population, en pourcentage, par situation au regard de l’emploi de la personne à la tête du ménage et par catégorie de revenu, du milieu des années 1980 au milieu des années 2010
|
Âge actif |
Avec emploi |
Sans emploi |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
|
Faible |
Intermédiaire |
Haut |
Faible |
Intermédiaire |
Haut |
Faible |
Intermédiaire |
Haut |
CAN |
3.1 |
-5.7 |
2.6 |
4.7 |
-7.8 |
3.1 |
17.6 |
-14.8 |
-2.8 |
CHE |
3.1 |
-2.5 |
-0.6 |
2.2 |
-2.0 |
-0.2 |
-20.6 |
20.2 |
0.4 |
CHL |
-3.8 |
4.6 |
-0.8 |
-6.4 |
6.1 |
0.3 |
8.1 |
-2.3 |
-5.8 |
CZE |
1.9 |
-4.6 |
2.7 |
-0.1 |
-4.2 |
4.4 |
19.9 |
-14.3 |
-5.6 |
DEU |
2.9 |
-5.8 |
2.8 |
0.5 |
-3.9 |
3.4 |
11.2 |
-12.1 |
0.9 |
DNK |
1.9 |
-2.0 |
0.1 |
-0.9 |
-0.7 |
1.7 |
7.1 |
-2.4 |
-4.7 |
ESP |
7.6 |
-9.4 |
1.8 |
2.8 |
-6.0 |
3.1 |
17.3 |
-16.4 |
-1.0 |
FIN |
4.2 |
-7.2 |
3.0 |
1.2 |
-4.9 |
3.7 |
14.9 |
-15.1 |
0.2 |
FRA |
-2.4 |
4.2 |
-1.8 |
6.7 |
-3.6 |
-3.1 |
-9.8 |
10.2 |
-0.3 |
GBR |
1.5 |
-2.5 |
1.0 |
6.5 |
-7.2 |
0.6 |
5.2 |
-3.9 |
-1.3 |
HUN |
5.6 |
-4.8 |
-0.8 |
4.9 |
-4.5 |
-0.4 |
5.9 |
-4.5 |
-1.4 |
ISR |
4.4 |
-7.9 |
3.5 |
1.9 |
-6.9 |
5.0 |
17.8 |
-15.1 |
-2.7 |
ITA |
5.8 |
-3.9 |
-1.9 |
-2.2 |
1.1 |
1.1 |
24.4 |
-16.7 |
-7.7 |
LUX |
5.5 |
-7.7 |
2.2 |
3.1 |
-5.4 |
2.3 |
15.2 |
-16.2 |
1.0 |
MEX |
0.5 |
1.3 |
-1.8 |
1.4 |
1.1 |
-2.5 |
-0.6 |
-0.6 |
1.2 |
NLD |
3.6 |
-5.0 |
1.4 |
3.5 |
-4.9 |
1.4 |
15.6 |
-16.0 |
0.4 |
NOR |
6.3 |
-6.7 |
0.4 |
2.8 |
-4.4 |
1.6 |
25.6 |
-20.3 |
-5.3 |
POL |
3.1 |
-3.4 |
0.3 |
2.9 |
-4.0 |
1.2 |
6.0 |
-4.0 |
-2.0 |
USA |
1.5 |
-4.3 |
2.8 |
0.5 |
-3.9 |
3.5 |
-5.3 |
2.6 |
2.7 |
Note : la situation au regard de l’emploi de la personne à la tête du ménage est basée sur la situation vis-à-vis de l’emploi de la personne responsable du ménage, selon les définitions de l’OIT.
Source : calculs de l’OCDE d’après le LIS et l’enquête EU-SILC.
2.3. Impôts, prestations sociales et revenus intermédiaires
Les impôts et les prestations sociales comptent pour beaucoup dans la redistribution des revenus et la réduction des inégalités dans les pays de l’OCDE (OCDE, 2012[14] ; Causa et Hermansen, 2017[15]). Si le débat autour des impôts et des prestations se cristallise parfois sur les riches lorsqu’il concerne les impôts et sur les pauvres lorsqu’il s’agit des prestations, la classe moyenne est en fait la principale intéressée dans les deux cas. Cette section analyse la contribution des personnes à revenu intermédiaire aux recettes fiscales et les dépenses sociales dont elles bénéficient, le résultat net des impôts payés et des prestations reçues, et leur évolution au cours des dix dernières années dans les pays de l’OCDE et quelques économies émergentes.
L’analyse s’intéresse exclusivement aux impôts directs des particuliers 8et aux prestations sociales en espèces9. À défaut de données disponibles, elle ne tient pas compte d’autres sources de recettes et de dépenses publiques (ex. impôts indirects et services publics comme la santé et l’éducation). Ce manque de données limite le champ de l’analyse et pourrait la fausser si le montant total des impôts et celui des prestations sont considérablement différents. En moyenne dans les pays de l’OCDE, les montants des impôts reçus et des prestations versées sont proches, à savoir respectivement 29 % et 27 % du revenu disponible des ménages10. Dans quelques pays, cependant, les montants des dépenses et des recettes publiques qui ne sont pas prises en compte sont nettement différents. Un problème de comparabilité se pose alors, surtout lorsqu’il s’agit d’établir si les revenus intermédiaires sont des contributeurs ou des bénéficiaires nets du système d’impôts et de prestations.
2.3.1. Les revenus intermédiaires paient le plus d’impôts, mais parfois moins que leur part du revenu
Les ménages à revenu intermédiaire contribuent la majeure partie de l’impôt sur le revenu, soit en moyenne presque deux tiers de l’impôt direct des particuliers, une proportion proche de leur part du revenu (Graphique 2.14). Les revenus intermédiaires contribuent au moins la moitié des recettes fiscales dans tous les pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données, et au moins trois quarts en Belgique, en Islande, en Norvège et en République slovaque. Ce n’est qu’en Israël et aux États-Unis qu’ils contribuent moins de la moitié, les États-Unis étant le seul pays de l’OCDE où les revenus intermédiaires contribuent moins que les hauts revenus11.
Dans certains pays, la part d’impôt payée par les revenus intermédiaires est inférieure à leur part du revenu. L’Australie, l’Espagne, les États-Unis, Israël, le Portugal et le Royaume-Uni sont autant de cas d’espèce. Aux États-Unis, par exemple, les revenus intermédiaires gagnent 50 % du revenu du pays, mais ne contribuent que 43 % de ses recettes fiscales. Cette situation s’explique en partie par les régimes d’impôt sur le revenu très progressifs en place dans ces pays, faisant que les hauts revenus représentent une grosse part de l’impôt (Graphique 2.14)12.
Les hauts revenus paient une part disproportionnée des impôts par rapport à leur part du revenu – en moyenne, 29 % des recettes de l’impôt direct des particuliers, contre une part de 22 % du revenu. Les États-Unis sont le seul pays où les hauts revenus paient plus de la moitié des recettes fiscales. En Israël, ils paient 47 % de l’impôt total, contre 31 % du revenu.
Les ménages à bas revenu, quant à eux, paient une petite part de l’impôt : 7 % de l’impôt direct des particuliers en moyenne, allant de 2 % en Irlande et au Royaume-Uni à 14 % en Grèce et en Suisse.
Au Brésil et en Afrique du Sud, les deux économies émergentes pour lesquelles on dispose de données, la contribution des revenus intermédiaires aux recettes fiscales est limitée et nettement inférieure à leur part du revenu. Du total de l’impôt direct des particuliers perçu, les hauts revenus représentent plus de 75 % au Brésil et plus de 80 % en Afrique du Sud.
2.3.2. Le montant de prestations reçu par la classe moyenne, supérieur à celui des autres catégories de revenu, n’est pas proportionnel à sa part de la population.
Comme dans le cas de l’impôt, la catégorie des revenus intermédiaires reçoit la plus grosse part des prestations sociales du simple fait de sa taille – 60 % en moyenne dans les pays de l’OCDE13 (Graphique 2.15, partie A), soit l’équivalent de 7.2 % du PIB14. Les pensions (vieillesse et invalidité) constituent deux tiers des prestations en espèces (OCDE, 2019[16]). Par conséquent, la majorité des prestations versées à la classe moyenne sont destinées aux personnes âgées. Les personnes de 65 ans et plus reçoivent plus de la moitié des prestations de sécurité sociale payées en espèces à la classe moyenne, même si elles représentent moins d’un cinquième de sa population. Dans les pays de l’OCDE, la part des prestations en espèces reçues par la classe moyenne varie de moins d’un tiers au Mexique, à légèrement moins de la moitié en Australie, au Chili, en Estonie, aux États-Unis et en Lettonie, et environ trois quarts au Luxembourg, en Norvège et en République slovaque.
La part moyenne des prestations en espèces reçues par la catégorie des revenus intermédiaires est légèrement inférieure à sa part de la population, mais des variations considérables sont constatées d’un pays à l’autre. Dans l’ensemble de l’OCDE, la classe moyenne représente 61 % de la population et 60 % des prestations. L’écart est toutefois nettement plus prononcé en Australie, en Corée, au Danemark, au Mexique et au Portugal, où les ménages à revenu intermédiaire reçoivent une faible proportion des prestations par rapport à leur proportion de la population. Au Mexique, par exemple, ils représentent 45 % de la population et 29 % des prestations. La part relativement faible des prestations dans certains des pays, comme l’Australie et le Danemark, s’explique par le fait que le système de prestations s’adresse principalement aux personnes à faible revenu.
Ailleurs, en revanche, comme au Mexique et au Portugal, les hauts revenus représentent une part disproportionnée des bénéficiaires. Et dans un petit nombre de pays – en particulier la Grèce, le Luxembourg et la Pologne – dont le système de sécurité sociale n’est pas destiné à aider les ménages à bas revenu – la classe moyenne reçoit une part des prestations bien plus importante que sa part de la population. En Grèce, par exemple, les ménages à revenu intermédiaire représentent 59 % de la population et 70 % des prestations, tandis que les ménages plus modestes représentent 32 % de la population et 15 % des prestations.
Les ménages à haut revenu reçoivent, proportionnellement, plus de prestations en espèces que toute autre catégorie de revenu. Contrairement aux revenus bas et intermédiaires, la part des prestations dont bénéficie la catégorie des hauts revenus est supérieure à sa part de la population, à raison de 1.5 fois en moyenne : 9 % de la population reçoit 13 % des prestations. Cette situation s’explique avant tout par la distribution inégale des retraites dans certains pays. Au Mexique et au Portugal, mais aussi, dans une moindre mesure au Chili, aux États-Unis et en Israël, les ménages âgés à haut revenu bénéficient d’une part des prestations dépassant de loin leur proportion de la population. Au Mexique, par exemple, ils comptent pour 18 % de la population âgée et 54 % des prestations de vieillesse. Il est à noter que le niveau de prestations destinées aux ménages à bas revenu est infiniment faible dans ces pays. Tel est le cas en Grèce, en Italie, au Luxembourg et en Espagne.
En ce qui concerne les économies émergentes, la proportion des prestations reçue par les ménages à revenu intermédiaire au Brésil et en Afrique du Sud est nettement inférieure à la moyenne de l’OCDE, en partie parce que les classes moyennes de ces pays constituent une plus petite proportion de la population. Qui plus est, dans le cas du Brésil, les prestations reçues par les ménages à bas revenu et à revenu intermédiaire sont infiniment moindres. L’inverse est vrai pour les ménages à haut revenu, qui comptent pour 19 % de la population et 43 % des prestations sociales. Quant à la Russie, les prestations reçues par les ménages à revenu intermédiaire sont disproportionnées par rapport à la part de la population qu’ils représentent.
2.3.3. Les revenus intermédiaires sont-ils des contributeurs ou des bénéficiaires nets des régimes fiscaux et de prestations ?
Les effets du régime fiscal et de prestations sur la classe moyenne dépendent de l’âge15. L’effet net de la fiscalité et des prestations sur la population dans son ensemble est généralement neutre. Leur effet sur la catégorie des revenus intermédiaires, cependant, varie considérablement selon si les ménages ont à leur tête une personne d’âge actif ou une personne âgée. Dans l’ensemble de l’OCDE, les premiers paient 17 % plus d’impôts qu’ils ne reçoivent de prestations, tandis que les derniers reçoivent 60 % plus de prestations qu’ils ne paient d’impôts ; une indication de l’importance des transferts de sécurité sociale (en particulier des retraites) dans la redistribution des revenus entre les générations. Les ménages âgés sont également des bénéficiaires nets dans les catégories des bas et des hauts revenus. Les ménages d’âge actif sont des contributeurs nets dans les catégories des revenus intermédiaires et des hauts revenus ; seuls ceux de la catégorie des bas revenus sont des bénéficiaires nets (Graphique 2.16).
Si les ménages à revenu intermédiaire paient généralement moins d’impôts, ils bénéficient également de prestations moindres par rapport aux moyennes de population de l’OCDE. Ils paient l’équivalent de 28 % de leur revenu disponible en impôt direct des particuliers, et reçoivent 25 % en prestations de sécurité sociale en espèces (Graphique 2.17, partie A). Au demeurant, ils semblent être des contributeurs nets, payant plus en impôt sur le revenu qu’ils ne reçoivent en prestations en espèces, dans la majorité des pays. Cette impression peut toutefois être faussée par des données incomplètes sur les impôts et les prestations (comme indiqué au début de la section 2.3).
Le montant d’impôts et de prestations de la catégorie des revenus intermédiaires comparé à la moyenne de la population globale est un indicateur plus précis (Graphique 2.17, partie B). Dans la majorité des pays, la contribution des ménages à revenu intermédiaire est en général légèrement supérieure à celle de la population globale : ils paient moins d’impôts, mais ils reçoivent moins en prestations. Au Portugal, par exemple, ces ménages paient 4 % de moins en impôts, mais reçoivent 5 % de moins en prestations. Par comparaison avec la moyenne nationale, la contribution des ménages à revenu intermédiaire est particulièrement élevée en Belgique, au Danemark, en Estonie et en Irlande, où les prestations ciblent les ménages à bas revenu. Les ménages à revenu intermédiaire profitent nettement plus du régime que la moyenne en Grèce, étant donné que les ménages à bas revenu paient une forte proportion de l’impôt (Graphique 2.14) et que de nombreuses prestations d’assurance ne sont pas ciblées (Graphique 2.15).
Au Brésil et en Afrique du Sud, deux économies émergentes, les revenus intermédiaires reçoivent plus en prestations qu’ils ne contribuent en impôts. Au Brésil, même les hauts revenus sont des bénéficiaires nets du régime fiscal et de prestations puisque l’impôt direct des particuliers représente une proportion peu importante des recettes fiscales (OCDE et al., 2018[17]) et que la majorité des dépenses de prestations sociales sont destinées à l’assurance retraite, avec un effet redistributif limité (OCDE, 2015[18]).
2.3.4. Hausse de la fiscalité et des prestations de la classe moyenne depuis la crise
Les ménages à revenu intermédiaire ont payé plus d’impôt sur le revenu et reçu plus de prestations de sécurité sociale en espèces depuis la crise financière mondiale, mais les niveaux et les effets diffèrent selon la tranche d’âge. Entre 2007 et 2015, tant la fiscalité que les prestations ont augmenté en termes réels et contribué à la hausse du revenu disponible des ménages puisque les prestations ont augmenté plus vite que les impôts. Les deux ont augmenté plus rapidement pour les ménages ayant à leur tête une personne âgée plutôt qu’une personne d’âge actif, sous l’effet de hausses particulièrement importantes des prestations (1.3 % par an en moyenne).
En dix ans, les prestations ont contribué autant que les gains à relever le revenu des ménages de la classe moyenne. Entre 2007 et 2015, leur revenu disponible moyen a augmenté d’une moyenne annuelle de 0.9 % (Graphique 2.18, partie A). Les revenus marchands (principalement les revenus des salaires et des capitaux) et les prestations ont contribué 0.6 point de pourcentage chacun, tandis que la hausse de l’impôt a diminué le revenu disponible de 0.3 point. Les pensions de vieillesse – plutôt que les prestations censées soulager l’impact de la récession, comme l’assistance sociale et les allocations de chômage – semblent être à l’origine de la hausse des prestations dont les ménages âgés étaient les principaux bénéficiaires (Graphique 2.18, partie C). Même dans les pays où les revenus marchands sont demeurés inférieurs aux niveaux d’avant-crise (ex. Espagne, Irlande et Portugal), la population âgée à revenu intermédiaire a davantage ressenti l’impact de la hausse des prestations sur le revenu disponible que la population d’âge actif appartenant à la même catégorie de revenu (Graphique 2.18, partie B). Les prestations ont également augmenté dans les pays où les revenus marchands ont considérablement progressé, dont le Chili, la Corée, l’Estonie, la Norvège et la Pologne.
L’impôt sur le revenu payé par les ménages à revenu intermédiaire a augmenté dans la plupart des pays de l’OCDE entre 2007 et 2015, mais sans grand retentissement sur leur revenu disponible. Il a sensiblement diminué dans quelques pays jouissant d’une croissance économique considérable, dont la Norvège, la Pologne et la République slovaque, ainsi que la France, où la croissance s’est faite plus lente. Dans quelques pays, l’impôt a augmenté malgré la baisse des revenus marchands, sous l’effet d’une forte hausse des prestations (ex. Luxembourg) ou de réformes fiscales dans le cadre de programmes d’assainissement budgétaire (ex. Irlande et Portugal). En Grèce, en Islande, aux Pays-Bas et au Royaume‑Uni, la baisse des impôts a amorti en grande partie la chute des revenus marchands. L’impôt a considérablement diminué en Grèce, où les revenus marchands se sont effondrés, ainsi qu’au Royaume-Uni, où l’abattement personnel a été relevé par une série de réformes.16
Quand la croissance économique a commencé à se revigorer, aux alentours de 2011, le revenu disponible l’a prise de vitesse, sous l’impulsion principalement de la croissance du revenu marchand et, dans une certaine mesure, des prestations sociales. Dans l’ensemble, le régime fiscal et de prestations nuit au revenu disponible depuis le redressement, car l’impôt sur le revenu a augmenté plus rapidement que les prestations (données non indiquées).
2.4. Conclusion
Ce chapitre s’est attaché à analyser les tendances changeantes qui s’exercent sur la classe moyenne dans les pays de l’OCDE et quelques économies émergentes. Il s’est pour cela appuyé sur une définition du revenu intermédiaire applicable à tous les pays, à savoir 75 % à 200 % du revenu disponible médian des ménages. Ainsi définis, les ménages à revenu intermédiaire constituent la plus forte proportion de la population des pays de l’OCDE : 61 % en moyenne, et 70 % ou plus en Norvège, en République tchèque et en Islande. Ce n’est qu’au Chili et au Mexique que cette catégorie compte pour moins de la moitié de la population.
Les pays plus riches en termes de revenu absolu des ménages ont généralement des classes moyennes plus importantes. L’exception faisant la règle, les États-Unis ont une petite classe moyenne bien qu’ils occupent la quatrième place du classement des plus hauts revenus médians. Inversement, la majorité des pays d’Europe centrale ont une classe moyenne plus importante que les niveaux de revenu laissent entrevoir.
Les revenus intermédiaires ont à peine progressé en termes réels en dix ans et ; ils ont même augmenté plus lentement que les hauts et les plus hauts revenus pendant trente ans. En moyenne dans les pays de l’OCDE, les revenus médians réels ont progressé d’un tiers de moins que ceux des 10 % au sommet de la distribution. Par conséquent, la part du revenu occupée par la classe moyenne a rétréci par rapport à celle des classes aisées : si le revenu intermédiaire cumulé était le quadruple des hauts revenus dans les années 1980, il ne parvenait même pas au triple au milieu des années 2010. Cette contraction de la part du revenu occupée par la classe moyenne pourrait aussi entraîner une perte de son influence politique.
La classe moyenne est moins importante qu’il y a trente ans. Tous les dix ans, 1 % en moyenne de la population cesse d’appartenir à la classe moyenne. Un tiers des ménages qui sortent de la catégorie des revenus intermédiaires passent à la catégorie de revenu supérieure. Les deux tiers restants, cependant, sont déclassés. Les principaux ménages affectés sont ceux des tranches moyenne et inférieure de la catégorie des revenus intermédiaires. En effet, la tranche supérieure s’est même agrandie dans la plupart des pays où cette catégorie a généralement diminué. On en déduit une fracture de plus en plus profonde de la classe moyenne.
La composition de la classe moyenne a subi une profonde mutation. Elle a surtout vieilli plus rapidement que la population globale en trente ans. Ainsi, alors que la proportion de personnes âgées dans la catégorie des revenus intermédiaires a augmenté, les proportions de toutes les autres tranches d’âge ont diminué, notamment les jeunes et les familles avec enfants. Par conséquent, les chances d’accéder à la classe moyenne ont diminué pour chaque génération postérieure à celle du boum des naissances. La diminution de la proportion de ménages d’âge actif dans la catégorie des revenuss intermédiaire a été ressentie par ceux ayant à leur tête des personnes avec et sans emploi, bien que de manière plus prononcée pour les sans emploi.
Les ménages à revenu intermédiaire ne sont ni des contributeurs nets d’impôts directs aux particuliers ni des bénéficiaires nets de prestations en espèces. Ils ont tendance à recevoir presque autant en prestations sociales qu’ils paient en impôts. Cela dit, les personnes à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ont tendance à être des bénéficiaires nets et celles de la tranche supérieure, des contributeurs nets. Après 2007, la croissance des revenus de la classe moyenne s’explique principalement par les prestations – axées en grande partie sur les ménages âgés – plutôt que par les revenus du travail et des capitaux.
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[30] OCDE (2012), Toujours plus d’inégalité : Pourquoi les écarts de revenus se creusent, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264119550-fr.
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[17] OCDE et al. (2018), Estadísticas tributarias en América Latina y el Caribe 2018, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/rev_lat_car-2018-en-fr.
[10] Page, B., L. Bartels et J. Seawright (2013), « Democracy and the Policy Preferences of Wealthy Americans », Perspectives on Politics, vol. 11/01, pp. 51-73, http://dx.doi.org/10.1017/S153759271200360X.
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[6] Pew Research Center (2017), « Middle Class Fortunes in Western Europe », Global Attitudes & Trends, http://www.pewglobal.org/2017/04/24/middle-class-fortunes-in-western-europe/.
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[8] Rose, S. (2016), « The Growing Size and Incomes of the Middle Class », Urban Institute, Income and Benefits Policy Center, https://www.urban.org/sites/default/files/publication/81581/2000819-The-Growing-Size-and-Incomes-of-the-Upper-Middle-Class.pdf.
[7] Tanaka, S. et M. Shikata (2019), « The middle class in Japan, 1994–2009: Trends and characteristics », Keio-IES Discussion Paper Series, n° DP2019-001, Keio University, Tokyo, https://ies.keio.ac.jp/en/publications/10666/ (consulté le 25 mars 2019).
[4] Thurow, L. (1984), « The Disappearance Of The Middle Class », New York Times, Business Forum, https://www.nytimes.com/1984/02/05/business/business-forum-the-disappearance-of-the-middle-class.html.
Notes
← 1. Cette définition de la pauvreté est la même que celle employée par l’OCDE pour mesurer la pauvreté relative dans la Base de données de l’OCDE sur la distribution des revenus (Förster, 1994[26] ; OCDE, 2017[21]).
← 2. L’indicateur phare de l’OCDE sur la pauvreté définit comme « pauvres » les personnes vivant dans des ménages dont le revenu est inférieur à 50 % du revenu médian. La Commission européenne estime que les personnes sont exposées au risque de pauvreté si le revenu de leur ménage est inférieur à 60 % du revenu médian.
← 3. La République tchèque et la République slovaque sont au bas du classement des inégalités de revenu (OCDE, 2018[22]). Plus prononcées et variables en Hongrie et en Pologne, les inégalités se sont creusées de manière particulièrement abrupte dans le sillage de la transition économique (Förster et Tóth, 2001[25]). Ce creusement s’est récemment atténué.
← 4. Les revenus disponibles sont corrigés de la taille du ménage et des économies d’échelle en divisant le revenu disponible global du ménage par la racine carrée de la taille du ménage (OCDE, 2018[20]). Les revenus nationaux ont été corrigés des différences de prix des biens et services entre les pays en utilisant les prix et les parités de pouvoir d'achat de 2010, exprimés en USD.
← 5. De la même manière, les tendances dans la catégorie des hauts revenus peuvent être rapprochées des 10 % au sommet de la répartition.
← 6. Il s’agit ici de la moyenne de 19 pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de séries de données à long terme. Le taux de croissance annuel moyen de l’ensemble des 36 pays de l’OCDE pour la plus récente période depuis 2007 est légèrement supérieur, soit 0.6 %.
← 7. La montée du risque de pauvreté pendant le redressement économique pourrait être causée en partie par un artifice statistique des indicateurs de pauvreté relative, mais les données fondées sur les indicateurs de pauvreté absolue confirment ce résultat. Pendant les périodes de redressement, les revenus médians augmentent, relèvent le seuil de pauvreté et multiplient ainsi le risque de pauvreté des ménages dont les revenus ont progressé plus lentement que le revenu médian. Le même artifice peut réduire le risque de pauvreté des ménages pendant les périodes de récession (Jenkins et al., 2012[24]). Les données récentes de l’Union européenne, selon un indicateur de pauvreté absolue, indiquent une montée du risque de pauvreté de la classe moyenne pendant la période de 2011 à 2014 (Bussolo et al., 2018[29])
← 8. Les impôts directs des particuliers sont l’impôt sur le revenu, les cotisations sociales payées par les travailleurs et l’impôt sur la propriété. D’autres impôts (ex. l’impôt sur les sociétés, les cotisations sociales des employeurs et les taxes à la consommation) ne sont pas inclus.
← 9. Les prestations sociales en espèces comprennent la sécurité sociale, l’assistance sociale et l’aide au revenu.
← 10. Au Danemark, aux États-Unis, en Islande, aux Pays-Bas et en Suisse, le montant total d’impôts payés dépasse le montant total de prestations d’au moins 10 % du revenu disponible des ménages. Les prestations dépassent les impôts de 10 % du revenu disponible des ménages en Espagne, et de 14 % au Brésil.
← 11. Bien que l’on manque de données fiscales, il est possible que les classes moyennes au Chili et au Mexique contribuent également moins que les hauts revenus, comme l’indiquent les données disponibles pour les États-Unis et le Brésil (Figure 2.14).
← 12. Une étude récente de l’OCDE constate que les impôts sur le revenu des particuliers et les cotisations de sécurité sociale dans ces pays – en particulier l’Irlande, Israël et l’Espagne – sont parmi les plus progressifs de l’OCDE (Causa et Hermansen, 2017[15]).
← 13. Les prestations sociales en espèces sont les transferts sociaux monétaires, c’est-à-dire les retraites, les allocations de chômage, les allocations familiales, les crédits d’impôt et les prestations d’assistance. Les transferts monétaires, comme le Programme d’aide supplémentaire à la nutrition (Supplemental Nutrition Assistance Program – SNAP) aux États-Unis, également appelé « timbres alimentaires » sont également inclus. Les services publics et les prestations en nature, comme les soins de santé et l’éducation, ne sont pas inclus. Des études antérieures de l’OCDE évaluent l’incidence et l’effet redistributif des prestations en nature (OCDE, 2012[30] ; OCDE, 2008[31]).
← 14. La Base de données sur les dépenses sociales (SOCX) de l’OCDE indique que les dépenses publiques en prestations sociales en espèces s’élèvent à 12 % du PIB, en moyenne dans la zone OCDE (OCDE, 2019[16]).
← 15. Pour tenir compte du rôle important des impôts et des prestations dans la redistribution des revenus sur le cycle de vie, cette section évalue leur effet net au niveau de la population globale et de toutes les tranches d’âge. Ne pas oublier, dans l’interprétation des résultats, que l’analyse ne couvre pas les transferts sociaux en nature. En règle générale, les pays dépensent autant en transferts en nature qu’en transferts monétaires ; les premiers ont tendance à être distribués de manière proportionnelle, d’où l’avantage des ménages à revenu intermédiaire (OCDE, 2012[14]).
← 16. Plusieurs études s’intéressent à l’effet sur le revenu disponible des ménages des réformes du régime fiscal et de prestations dans le cadre de programmes d’assainissement budgétaire, (De Agostini, Hills et Sutherland, 2018[27] ; Callan et al., 2011[28] ; Matsaganis et Leventi, 2014[23] ; Paulus, Figari et Sutherland, 2017[19]).