Les grandes priorités du Gouvernement du Canada en matière de tourisme sont au nombre de trois : créer des emplois, diversifier l’offre touristique et assurer sa dispersion, et attirer des investissements dans le secteur.
Dans son rapport Exploiter le potentiel de l’économie touristique canadienne publié en décembre 2018, Destination Canada mettait en évidence plusieurs grands défis posés au secteur du tourisme :
Concentration de la demande : la demande est concentrée dans les grandes villes canadiennes et quelques destinations touristiques phares et durant la saison estivale.
Pénurie de main-d’œuvre et développement des compétences : la main-d’œuvre qualifiée est rare, ce qui empêche le secteur d’enregistrer une croissance durable.
Accès : la nécessité de passer par des vols long-courriers pour accéder à une grande partie du marché et le coût élevé des trajets vers le Canada et entre destinations au Canada constituent des obstacles au développement du tourisme
Investissement : le secteur du tourisme peine à obtenir des investissements et des financements, ce qui constitue un frein au développement de nouvelles entreprises touristiques.
Gouvernance : la collaboration entre administrations publiques est ponctuelle et pourrait être davantage stratégique.
En mai 2019, la ministre responsable du tourisme a lancé l’initiative Créer des emplois pour la classe moyenne : une stratégie fédérale pour la croissance du tourisme. Cette initiative repose sur trois piliers : développer le tourisme dans les collectivités du Canada, attirer les investissements vers l’économie touristique et promouvoir la collaboration entre les secteurs public et privé (encadré 1.4).
Premier pilier : Développer le tourisme dans les collectivités. Ce pilier part du constat que toutes les collectivités ont les atouts nécessaires pour devenir une destination touristique. Il vise à donner aux collectivités de toutes les régions du pays les moyens de réaliser ce potentiel en investissant dans des infrastructures et des produits touristiques. Il bénéficie du soutien du Fonds pour les expériences canadiennes, qui a été créé pour améliorer l’offre de produits touristiques par l’investissement dans cinq catégories prioritaires :
Tourisme hivernal et des saisons intermédiaires — les investissements portent sur les domaines dans lesquels le Canada détient un avantage afin d’offrir plus de raisons de visiter ses destinations hors saison.
Tourisme autochtone — les investissements visent à aider les peuples autochtones à présenter leur histoire unique, leurs récits traditionnels, leurs arts créatifs et leurs valeurs contemporaines au monde entier. Plus d’un visiteur sur trois s’intéresse aux expériences autochtones.
Tourisme rural et éloigné — les investissements dans les régions rurales et éloignées visent à créer des emplois et de nouvelles possibilités économiques dans ces collectivités et à attirer les touristes dans des régions moins connues du pays.
Tourisme de la ferme à la table/de l’océan à la table et tourisme culinaire — les investissements concernent des projets comme les circuits gastronomiques, les expériences culinaires autochtones, les festivals alimentaires et les marchés de producteurs, ainsi que le développement de l’expérience sur place comme les brasseries, les vignobles, les fermes, les pêches et les producteurs de sirop d’érable.
Tourisme inclusif — les investissements cherchent à élargir les programmes de formation sur la diversité et la préparation au marché des personnes LGBTQ2 et à soutenir les festivals de la Fierté.
Deuxième pilier : Attirer les investissements vers l’économie touristique. Ce pilier prévoit la création de groupes d’investissement touristique dans toutes les régions du Canada, afin de permettre une meilleure harmonisation des investissements du gouvernement fédéral dans des produits touristiques avec les investissements réalisés par les provinces et les territoires et de renforcer la capacité des destinations touristiques à attirer des investissements. Ces groupes sont constitués d’un réseau de grands ministères et organismes dont dépendent la culture, le soutien financier aux PME et les parcs nationaux et sont pilotés par Destination Canada et les agences de développement régional. Ils devraient associer un réseau plus large de partenaires locaux et régionaux appartenant aux secteurs public, privé et à but non lucratif afin de répertorier les projets touristiques possibles, d’attirer l’investissement privé et de donner une forte impulsion aux projets touristiques ayant d’importantes retombées, aux attractions emblématiques et aux grappes touristiques.
Troisième pilier : Un accent renouvelé sur la collaboration entre les secteurs public et privé. Ce pilier prend en compte les obstacles de longue date à la croissance du secteur touristique canadien, obstacles qui ne sont pas faciles à surmonter à court terme. Une collaboration plus étroite avec les chefs de file de l’industrie est nécessaire pour relever ces défis à long terme. C’est pourquoi, en 2019, le gouvernement s’est engagé à mettre sur pied une table sectorielle de stratégies économiques axée sur le tourisme. Créé en 2017, ce nouveau modèle de collaboration entre l’industrie et les pouvoirs publics est axé sur la transformation des forces économiques canadiennes en avantages mondiaux. Toutes les tables promeuvent le développement de secteurs à forte croissance et à haut potentiel et sont composées de chefs de file de l’industrie qui fixent des objectifs de croissance ambitieux, cernent les défis et les goulots d’étranglement propres au secteur et établissent une feuille de route pratique pour faire du pays un champion de l’innovation dans le secteur. La table sectorielle de stratégies économiques axée sur le tourisme doit instaurer de nouvelles façons de travailler en collaboration avec le secteur privé. Cette nouvelle initiative assurera que le tourisme est au premier plan de l’élaboration des politiques économiques, afin de relever efficacement les défis et de saisir les occasions stratégiques de faire croître l’économie touristique et de créer des emplois. Elle permettra aux pouvoirs publics de mieux repérer les tendances du tourisme à moyen terme et les angles morts de l’action publique. Parmi les domaines importants que la table pourrait aborder, figure le coût des déplacements à destination et à l’intérieur du Canada, les pénuries de main-d’œuvre dans le secteur et le manque d’investissements. Elle pourrait également porter sur la compétitivité, la durabilité, l’économie du partage et les plateformes numériques et le développement de destinations.
Les autorités fédérales ont fixé des objectifs ambitieux, mais atteignables pour mesurer les résultats de la stratégie pour la croissance du tourisme ainsi que trois indicateurs pour mesurer ses effets économiques. Utilisant 2018 comme référence et 2025 comme l’année cible, les autorités suivront de près :
les revenus (dépenses totales des touristes en biens et services) — objectif à terme : 128 milliards CAD (+25 %)
le nombre d’emplois créés — objectif : 54 000 nouveaux emplois (+7.3 %)
la croissance de la contribution du tourisme au PIB — objectif : taux supérieur à la croissance de l’économie nationale.
Cette stratégie fixe également des objectifs de dispersion saisonnière (+ 1 million d’arrivées de touristes internationaux entre novembre et avril) et de dispersion géographique (augmentation de la croissance des dépenses à l’extérieur des trois principales régions touristiques du Canada, à savoir la région du Grand Toronto, Montréal et Vancouver).