Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2023 Numéro 2

Costa Rica

Le PIB progressera de 3.5 % en 2024 et de 3.6 % en 2025. La demande intérieure devrait se renforcer progressivement en 2024, à mesure de l’assouplissement continu de la politique monétaire et de l’amélioration progressive des conditions du marché du travail. La demande extérieure devrait fléchir en 2024, avant de repartir à la hausse en 2025 à la faveur de l’amélioration des conditions mondiales. L’inflation devrait atteindre 1.9 % en 2024 et 3.1 % en 2025, soit juste au‑dessus de l’objectif de 3 %, l’amélioration des conditions économiques se traduisant par une augmentation des tensions inflationnistes intérieures.

Les perspectives budgétaires se sont améliorées en 2023 et l’orientation restera restrictive, la règle budgétaire modérant les dépenses publiques. La politique monétaire devrait continuer à s’assouplir progressivement, l’inflation restant en deçà de la fourchette retenue comme objectif. Un rehaussement du taux d’activité des femmes, qui passerait par un élargissement de la couverture des services d’éducation et d’accueil des enfants de moins de quatre ans, l’amélioration de la qualité et de l’efficacité de l’éducation et l’augmentation du nombre de diplômés dans les filières scientifiques sont trois mesures qui contribueraient à renforcer la croissance et l’équité.

Costa Rica : Indicateurs sur l’inflation et sur le marché du travail

1. La ligne horizontale noire en pointillé indique l’objectif d’inflation de la politique monétaire, et la zone grisée la marge de fluctuation par rapport à celui-ci (2-4 %). L’inflation globale et l’inflation sous-jacente désignent respectivement le taux d’inflation globale mesurée par les prix à la consommation et le taux d’inflation sous-jacente mesurée par les prix à la consommation. Le taux d’inflation sous-jacente mesurée par les prix à la consommation reflète l’évolution des prix à la consommation hors énergie et produits alimentaires.

2. Les lignes horizontales en pointillé bleue et verte indiquent le taux d’activité moyen et le taux d’emploi moyen calculés sur une période allant de janvier 2010 à décembre 2019.

Source : Banque centrale du Costa Rica (Banco Central de Costa Rica).

Statlink

Costa Rica : Demande, production et prix

Statlink

L’activité économique s’est renforcée sur fond de stagnation du marché du travail

L’activité économique s’est renforcée tout au long de 2023, l’indice mensuel d’activité économique progressant de 6.5 % (en glissement annuel) en septembre 2023, sous l’effet des secteurs manufacturier, de la construction et des services professionnels. Le reflux rapide de l’inflation (sous-jacente et globale), la diminution des taux d’intérêt qui a commencé en janvier 2023 et l’amélioration des termes de l’échange ont renforcé la consommation privée au cours des trois premiers trimestres de 2023, et ce, malgré la stagnation de l’emploi et du taux d’activité à des niveaux inférieurs à ceux observés avant la crise. L’investissement privé s’est également redressé sur cette même période. L’indice de confiance pour les investissements a atteint son plus haut niveau en dix ans au cours du troisième trimestre 2023. Les exportations se sont accélérées au cours du premier semestre 2023, aussi bien dans les secteurs d’activité relevant du régime de zone des zones franches (appareils médicaux et services aux entreprises) que ceux relevant du régime traditionnel.

La forte appréciation du taux de change par rapport au dollar américain (15 % en glissement annuel en octobre), la baisse des prix des matières premières importées et les tensions inflationnistes intérieures modérées ont contribué à une baisse rapide de l’inflation globale et de l’inflation sous-jacente qui ont atteint respectivement -1.3 % et 0.5 % en glissement annuel, en octobre 2023. Au vu de cette inflation très faible, les anticipations d’inflation à un an et à deux ans sont revenues à l’objectif de 3 % en juillet 2023. L’amélioration des perspectives budgétaires et économiques ont entraîné une réduction du risque-pays, l’écart de rendement de l’indice des obligations des marchés émergents ayant diminué d’environ 80 points de base entre janvier et septembre 2023.

La politique monétaire continuera à s’assouplir, tandis que la politique budgétaire restera guidée par la prudence

Les autorités devraient continuer d’assouplir la politique monétaire, l’inflation restant en deçà du taux de 3 % retenu comme objectif. Le taux directeur devrait être abaissé de 150 points de base d’ici la fin de 2025. L’excédent budgétaire primaire de l’administration centrale devrait rester positif au cours de la période considérée (1.6 % du PIB en 2023, 1.9 % en 2024 et 2025), car la règle budgétaire modère les dépenses. Le déficit budgétaire correspondant devrait atteindre 3.5 % du PIB en 2023 et 3 % en 2024 et 2025 en raison du coût élevé du service de la dette publique, qui représentera environ 5 % du PIB par an en 2024 et 2025. La dette de l’administration centrale devrait passer du niveau record de 68 % en 2021 à 59.4 % d’ici à la fin de 2025. On estime que les coûts budgétaires du vieillissement de la population (retraites et santé) augmenteront d’environ 0.3 % du PIB par an jusqu’en 2030.

La croissance s’essoufflera en 2024, avant de se redresser en 2025

La croissance refluera à 3.5 % en 2024 et remontera légèrement à 3.6 % en 2025, dans un contexte d’amélioration progressive des conditions économiques aux niveau national et international. La consommation privée ralentira en 2024, dans la mesure où le taux d’activité reste faible et où la croissance de l’emploi ne repart que lentement. Les vives incertitudes dues aux tensions géopolitiques freineront l’investissement privé en 2024, l’investissement public restant faible lui aussi en raison du manque de marge de manœuvre budgétaire. L’incidence de la forte amélioration des termes de l’échange enregistrée en 2023 modérera les exportations en 2024. La forte dollarisation de l’économie du Costa Rica expose le pays aux risques liés aux variations brutales du taux de change. Les phénomènes météorologiques extrêmes liés à El Niño pourraient avoir des répercussions négatives sur l’activité économique et l’inflation. À l’inverse, le regain d’efforts pour approfondir l’intégration commerciale pourrait dynamiser les exportations.

La poursuite des réformes structurelles renforcerait la croissance et réduirait les inégalités

En poursuivant la mise en œuvre des réformes structurelles, il serait possible de consolider la croissance et la résilience économiques et de réduire les inégalités. Un rehaussement du taux d’activité des femmes, qui passerait par un élargissement de la couverture des services d’éducation et d’accueil des enfants de moins de quatre ans, et l'amélioration de la qualité et de l’efficacité de l’éducation, en aidant les étudiants qui présentent des lacunes en matière d’apprentissage et en augmentant le nombre de diplômés dans les filières scientifiques, sont deux mesures qui contribueraient à renforcer la croissance et l’équité. Pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, le Costa Rica doit continuer de produire la totalité de son électricité à partir de sources d’énergie renouvelable, réduire ses émissions dans le secteur des transports en encourageant l’utilisation des transports publics et en misant sur l’électrification, continuer d’accroître la couverture forestière, augmenter le recyclage des déchets et le compostage, et terminer le réseau d’égouts.