Certains signes indiquent que les perspectives mondiales ont commencé à s’éclaircir, bien que la croissance reste modeste. L’impact du resserrement de la politique monétaire perdure, notamment sur les marchés du logement et du crédit, mais l’activité mondiale se montre relativement résiliente, l’inflation recule plus rapidement que prévu et, dans le secteur privé, la confiance se redresse. Les déséquilibres entre l’offre et la demande sur les marchés du travail s’atténuent, le chômage restant à son plus bas niveau historique ou proche de celui-ci. Les revenus réels ont commencé à se redresser, parallèlement à la modération de l’inflation, et la croissance des échanges est redevenue positive. Les évolutions diffèrent toujours d’un pays à l’autre, la forte croissance affichée par les États-Unis et de nombreuses économies de marché émergentes compensant les résultats moins bons observés dans nombre d’économies avancées, tout particulièrement en Europe.
Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2024 Numéro 1
L'amorce d'une reprise
3.2 %
Projection de croissance du PIB mondial en 2025
3.4 %
Projection d’inflation dans la zone OCDE en 2025
5.0 %
Projection du taux de chômage dans la zone OCDE en 2025
L’activité mondiale a jusqu’ici surpris par sa résilience
En 2023, la croissance mondiale s’est poursuivie à un rythme annuel supérieur à 3 %, malgré l’effet de freinage imputable au durcissement des conditions financières ainsi qu’à d’autres facteurs négatifs, dont la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine et l’évolution du conflit au Moyen-Orient. La croissance du PIB mondial devrait s’établir à 3.1 % en 2024 et à 3.2 % en 2025, soit des niveaux très proches du taux de 3.1 % enregistré en 2023. Ce rythme est inférieur à celui observé au cours de la décennie antérieure à la crise financière mondiale, mais proche des estimations actuelles des taux de croissance potentielle, tant dans les économies avancées que dans les économies de marché émergentes.
L’inflation est en repli vers les taux cibles, mais des tensions persistent
L’inflation globale a diminué rapidement dans la majorité des économies en 2023, sous l’effet du resserrement des politiques monétaires, de la baisse des prix de l’énergie et de la poursuite de l’atténuation des tensions au niveau des chaînes d’approvisionnement. La hausse des prix des produits alimentaires a également diminué fortement dans la plupart des pays, les bonnes récoltes de cultures essentielles comme le blé ou le maïs s’étant traduites par une baisse rapide des prix par rapport aux pics atteints après le début de la guerre en Ukraine. Globalement, l’inflation sous-jacente des biens a diminué de manière régulière, mais dans les services, elle a été plus tenace, demeurant nettement supérieure aux moyennes relevées avant la pandémie dans la majorité des pays.
L’IA pourrait relancer la croissance de la productivité, aujourd’hui atone
L’intelligence artificielle (IA) pourrait relancer la croissance tendancielle de la productivité et accélérer l’innovation, même s’il est très difficile d’en estimer l’incidence sur la productivité. La part des entreprises qui utilisent l’IA a augmenté rapidement, mais la majorité d’entre elles sont de grande taille. L’effet net de l’IA sur la productivité agrégée dépendra de nombreux facteurs, notamment de la mesure dans laquelle les nouvelles technologies se diffuseront largement ou seront concentrées dans un petit nombre d’entreprises de premier plan, et de son rôle éventuel de renforcement plutôt que de remplacement de la main-d’œuvre.
Que devraient faire les pouvoirs publics ?
La prudence doit continuer d’orienter la politique monétaire de façon à garantir une maîtrise durable des tensions inflationnistes sous-jacentes. Si l’inflation poursuit son repli, un abaissement des taux directeurs nominaux pourra être amorcé, mais l’orientation de la politique monétaire devrait rester restrictive pendant quelque temps encore. Le rythme et l’ampleur des baisses des taux directeurs seront fonction des données et pourront varier d’un pays à l’autre selon la conjoncture économique.
Le ratio dette publique/PIB devrait continuer d’augmenter dans de nombreux pays. Les pouvoirs publics sont confrontés à des difficultés budgétaires croissantes, qui tiennent à l’augmentation du coût de service de la dette et au surcroît de tensions considérables sur les dépenses qui s’annoncent en raison du vieillissement démographique, de l’atténuation du changement climatique et de l’adaptation à ses conséquences, ainsi que des dépenses militaires et de la nécessité de financer de nouvelles réformes. Faute d’action, la dette future s’alourdira nettement. Il convient, dans l’immédiat, de renforcer les efforts de maîtrise de la hausse des dépenses, d’engager des réformes pour accroître les recettes, et de mettre rapidement en place des plans à moyen terme crédibles concernant les dépenses et la fiscalité, en les adaptant aux évolutions propres à chaque pays.
Les perspectives de croissance à long terme et d’amélioration des niveaux de vie semblent modestes. Des mesures plus énergiques s’imposent afin de dynamiser l’investissement, de favoriser le développement des compétences et d’intensifier l’innovation, de promouvoir les progrès techniques et la croissance de la productivité et de stimuler l'emploi. L’innovation est indispensable à la réussite et à l’efficience économique de la transition climatique. Si la majorité des efforts de recherche sont menés dans le secteur privé, les politiques publiques peuvent, et doivent, continuer à promouvoir l’innovation. Des aides publiques à la R-D bien conçues – aussi bien sous la forme d'aides en faveur de la recherche fondamentale financée par l’État que sous la forme de subventions directes aux entreprises ou d’incitations fiscales en faveur de la R-D – devraient venir en complément de l’investissement privé, et il faudra intégrer, dans les stratégies nationales d’investissement, une procédure d’évaluation rigoureuse des efforts publics.