Ce chapitre applique au secteur agricole, et plus généralement aux systèmes alimentaires, une approche axée sur le bien-être. Il propose tout d'abord de changer de perspective dans l’élaboration des politiques publiques, en donnant à l’atténuation du changement climatique, à la protection de l’environnement et à la santé humaine le même niveau de priorité qu’aux objectifs économiques. Illustrée ici par quelques exemples, une approche de ce type met en évidence les synergies existant entre les priorités climatiques et les autres priorités en matière de bien-être, ainsi que leurs divergences éventuelles. La seconde partie du chapitre propose un ensemble d’indicateurs qui peuvent aider à suivre les progrès accomplis et à guider les politiques pour qu’elles aillent dans le sens des différentes priorités considérées. Elle analyse ensuite les connexions entre ces indicateurs et ceux des Objectifs de développement durable et du cadre d'évaluation du bien-être et du progrès de l’OCDE. Enfin, elle montre comment ces indicateurs permettent de mieux comprendre les synergies et les divergences entre les objectifs climatiques et les autres objectifs de bien-être.
Accélérer l’action pour le climat
6. Mettre en place un système alimentaire durable
Abstract
Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L'utilisation de ces données par l'OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.
En Bref
L’agriculture actuelle a réussi à réduire de manière spectaculaire la faim dans le monde, elle apporte suffisamment de nourriture au plus grand nombre d’entre nous et contribue au développement économique, notamment en fournissant un emploi à 28 % des travailleurs à l’échelle mondiale. Elle fournit également des services agro-environnementaux aux sociétés, par exemple en réduisant les risques d’inondation et favorisant la résistance face aux épisodes de sécheresse. Ces réussites ont toutefois un prix. Nombre des effets indésirables sur l’environnement et la santé humaine proviennent de l’intensification des pratiques agricoles (telles que l’utilisation excessive des engrais, des pesticides et des antibiotiques).
Le système alimentaire contribue en outre massivement au changement climatique, et est responsable d’environ 30 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, notamment du méthane produit par la digestion des ruminants et la culture du riz, du protoxyde d’azote provenant des engrais et des déchets animaux, et des émissions indirectes dues au changement d’affectation des sols. L’agriculture utilise un tiers de la surface des terres et est un facteur majeur de déforestation. Si nous ne nous employons pas à les freiner, les répercussions du changement climatique telles que les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations menaceront à l’avenir la sécurité alimentaire et la pérennité des schémas actuels de production agricole.
Par ailleurs, le système alimentaire actuel ne permet pas à tous de bénéficier d’un régime alimentaire sain, même s’il dispose des capacités nécessaires à cette fin et si le total calorique qu’il produit est suffisant. La malnutrition reste un défi d’ampleur mondiale et les taux d’obésité ne cessent de croître : 159 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance, tandis que 1.9 milliard d’adultes sont en surpoids ou obèses. En outre, un tiers de la production alimentaire est gaspillée ou perdue.
Il est à noter que l’agriculture et la sylviculture peuvent capter le dioxyde de carbone de l’atmosphère dans le sol, ce qui pourrait grandement faciliter la réalisation d’objectifs d’atténuation exigeants. Les solutions les plus efficientes sont notamment l’afforestation, la régénération des sols et le développement d’une bioénergie durable. Cette dernière peut contribuer aux objectifs d’atténuation dans d’autres secteurs, mais nécessite une évaluation rigoureuse de son cycle de vie, afin d’éviter des changements néfastes au niveau de l’affectation des sols, ainsi que les émissions de gaz à effet de serre et la perte de biodiversité qui sont leurs corollaires.
Un changement de perspective est nécessaire afin de mieux intégrer les difficultés croissantes rencontrées en matière de durabilité du système alimentaire. Ce sont actuellement avant tout des critères économiques (PIB, échanges, revenu agricole) qui président aux décisions dans l’agriculture et les systèmes alimentaires qui lui sont associés. Il est impératif de faire figurer des objectifs sociaux parmi les priorités (par exemple, alimentation saine et équilibrée, climat, gestion durable des ressources). S’atteler à la durabilité du secteur alimentaire nécessite également d’étudier l’ensemble de la chaîne de valeur alimentaire, y compris la demande, ainsi que les institutions et les marchés dans lesquels celles-ci s’inscrivent.
Adopter une approche axée sur le bien-être peut aider les gouvernements à rendre visibles les coûts cachés du système alimentaire actuel, à mettre au jour les synergies qui pourraient être dégagées (à savoir, santé, amélioration de l’environnement, stockage du carbone) et à mieux gérer les arbitrages éventuels (par exemple, emplois, accessibilité et caractère abordable de la nourriture) entre les objectifs climatiques et les objectifs plus vastes en matière de bien-être. Ainsi, attacher une importance particulière à la protection et la formation des travailleurs pourrait faciliter la transition du secteur.
De nouveaux indicateurs seront nécessaires pour mesurer et assurer le suivi des performances, et faciliter le double alignement des objectifs climatiques et des autres objectifs de bien-être. Ainsi, l’élaboration d’indicateurs fiables sur l’accessibilité et le coût d’un régime sain, en particulier pour les ménages à faible revenu, aiderait les responsables à procéder aux arbitrages pertinents, ce qui améliorerait de fait le double alignement. Afin d’étayer l’élaboration de l’action publique, la mesure des performances doit également évoluer vers une comptabilisation totale des coûts, y compris des coûts environnementaux. Ce changement de perspective offre un cadre dans lequel inscrire une conception de politiques plus efficientes et exhaustives à l’égard du système alimentaire.
6.1. Introduction
Le chapitre 1 explique l’importance d’adopter une approche axée sur le bien-être qui permettrait de prendre en compte et d’évaluer les synergies et les incohérences entre les objectifs climatiques et les autres objectifs de bien-être générées par les politiques climatiques, et donc de parvenir à un double alignement1. Adopter une approche axée sur le bien-être implique de :
définir les objectifs sociétaux en termes de bien-être (y compris la limitation du changement climatique par des actions d’atténuation) et les intégrer systématiquement dans les processus décisionnels dans tous les secteurs de l’économie ;
prendre les décisions en tenant compte de plusieurs dimensions du bien-être au lieu de se concentrer sur un seul objectif ou sur un très petit nombre d’objectifs ;.
bien comprendre les relations entre les différents secteurs et éléments du système dans lequel une mesure intervient.
Partant de ces considérations, ce chapitre applique une approche axée sur le bien-être au secteur agricole et au système alimentaire.
L’agriculture du XXIe siècle représente l’une des plus importantes réalisations des civilisations humaines en ce qu’elle produit de grandes quantités de denrées alimentaires relativement abordables, plus que suffisantes, en théorie, pour nourrir une population mondiale en augmentation. Pourtant, l’ensemble du système alimentaire2 est également confronté à des défis majeurs, tant sur le plan de la soutenabilité environnementale que du bien-être humain.
L’impact négatif du système alimentaire actuel sur certains aspects du bien-être comme la santé ou l’environnement a été sous-estimé car, jusqu’à présent, le fonctionnement du secteur a été dicté principalement par des objectifs de revenus, de marchés et de productivité. Le système alimentaire actuel sollicite à l’extrême précisément les ressources (l’eau, la qualité du sol) et les écosystèmes dont il dépend, mettant ainsi en péril sa propre pérennité. Une bonne partie de ces pressions est liée à l’intensification des pratiques agricoles dans le but de satisfaire la demande alimentaire mondiale croissante (recours excessif aux engrais, aux pesticides et aux antibiotiques, systèmes d'élevage industriels, surpâturage, par exemple), à la spécialisation et l’uniformité des paysages, et à la conversion de terres pour l’agriculture (Hardelin et Lankoski, 2018[1]).
La production agricole est responsable d’environ 10 à 12 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES)3. Ensemble, l’agriculture, la foresterie et les autres affectations des terres représentent environ un quart des émissions mondiales de GES (Smith et al., 2014[2]). La plupart des émissions agricoles directes correspondent au méthane provenant de la fermentation entérique des ruminants (39 % des émissions mondiales de GES imputables à l’agriculture en 2016, en éq. CO24), de l’épandage d’effluents d’élevage dans les pâturages (16 %) et de la riziculture (10 %). Les engrais de synthèse, qui libèrent du protoxyde d'azote (N2O) dans l’atmosphère, représentent 13 % des émissions de GES du secteur agricole dans le monde (soit un peu moins de 2 % des émissions de GES mondiales). Parallèlement, les changements apportés par l’homme à l’environnement, notamment l’augmentation de la fertilisation due à la plus grande quantité de carbone dans l’air, amplifie la séquestration de carbone dans les sols ; le puits de carbone net ainsi provoqué équivaut à 29 % du total des émissions de CO2 d’origine anthropique (Arneth et al., 2019[3]).
L’atténuation du changement climatique revêt une importance vitale pour le système alimentaire : une hausse de 2 degrés Celsius (°C) de la température mondiale par rapport au niveau de la fin du XXe siècle compromettrait gravement la sécurité alimentaire (Field et al., 2014[4]). Les ressources en eaux superficielles et souterraines vont se réduire, avec des effets négatifs potentiels sur les rendements (même si la situation pourra varier d’un endroit à l’autre, certaines régions pouvant en réalité bénéficier du changement), et la viabilité des systèmes d’irrigation s’en trouvera fragilisée dans certaines parties du monde. Des événements météorologiques extrêmes plus fréquents et intenses (vagues de chaleur, précipitations violentes, inondations côtières) liés au changement climatique pourraient également menacer la production agricole.
Le secteur agricole a un rôle important à jouer en matière d’atténuation du changement climatique par les possibilités qu’il offre non seulement de réduire les émissions de GES, mais aussi de capter du dioxyde de carbone atmosphérique. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) (GIEC, 2018[5]), les trajectoires d’émission limitant le réchauffement à 1.5°C prévoient des émissions nettes négatives d’ici la deuxième moitié du XXIe siècle. Les solutions les plus efficaces pour ces types d’émissions font intervenir l’agriculture et la foresterie, notamment par le reboisement et le développement de bioénergies durables, qui contribuent à atténuer le changement climatique dans d’autres secteurs.
Les bioénergies peuvent atténuer le changement climatique, dans certaines circonstances, et font donc partie de nombreuses stratégies de développement à faibles émissions (voir par exemple (Popp et al., 2017[6])). Toutefois, beaucoup d'études montrent que la production de biocarburants pourrait émettre davantage de GES que ceux qu’ils stockent, en particulier du fait des changements d’affectation des sols (voir (Fargione et al., 2008[7]) et (Searchinger et Heimlich, 2015[8])). Le dernier rapport en date du GIEC sur le changement climatique et les terres émergées (Arneth et al., 2019[3]) souligne le fait que l’utilisation de terres pour produire des bioénergies peut entrer en conflit avec la production de nourriture et donc compromettre la sécurité alimentaire, risque qui augmente avec l’accélération de la croissance démographique. Le déploiement de mesures d’atténuation reposant sur les terres, comme les bioénergies et le reboisement, est donc limité. Dans le cas des bioénergies, la concurrence pour l’utilisation des terres pourrait être moindre avec des biocarburants plus évolués (de seconde et troisième génération). Il est donc essentiel de vérifier le caractère durable des bioénergies en analysant leurs émissions sur tout le cycle de vie.
La production agricole a des répercussions plus générales sur le bien-être, notamment à travers la pression exercée sur la biodiversité, et donc sur un certain nombre de services écosystémiques5 tels que la pollinisation ou la protection naturelle contre les ravageurs6. Le changement d’affectation des sols dû à l’expansion des terres arables contribue largement aussi aux émissions de dioxyde de carbone (CO2) (GIEC, 2018[5]) et à l’érosion de la biodiversité (Díaz et al., 2019[9]) (Newbold et al., 2014[10]), alors que les terres agricoles couvrent déjà un tiers des terres émergées (Díaz et al., 2019[9]). Toute la question est de trouver comment gérer ces pressions tout en nourrissant convenablement une population en hausse et en répondant à la demande de produits bioénergétiques qui risque de s’accélérer.
Une partie de la réponse peut consister à stimuler les rendements pour fournir une quantité de denrées suffisantes en limitant la consommation de terres. D'après (Arneth et al., 2019[3]), augmenter la productivité alimentaire pourrait contribuer de façon significative à atténuer les émissions de GES dans l’agriculture, car cela ralentirait la course à l’expansion des terres agricoles. L’intensification durable, c’est-à-dire la restauration de terres déjà dégradées pour accroître la production alimentaire et la séquestration du carbone, aurait des effets bénéfiques sur le climat comme sur les écosystèmes, mais sa faisabilité est extrêmement variable selon l’écosystème et la région. Il faut noter cependant qu’une hausse des rendements ne freine pas nécessairement l’expansion des terres agricoles. (Rudel et al., 2009[11]) constatent que l’intensification agricole n’a généralement pas permis à un pays de stabiliser ou de réduire sa surface de terres cultivées (voir aussi (Ewers et al., 2009[12])) : le plus souvent, une hausse de la productivité s’accompagne d’un accroissement de la surface agricole. La consommation plus importante d’intrants pourrait en outre compenser les effets climatiques positifs de l’économie de terres, comme l’a montré l’intensification de la riziculture et de l’élevage porcin au Viet Nam ces vingt dernières années (Arneth et al., 2019[3]).
De plus, le système alimentaire actuel ne permet pas totalement d’atteindre l’objectif d’assurer à chacun une alimentation saine, même s’il en a la capacité et qu’il produit un nombre total de calories suffisant. Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (OMS, 2018[13]), 452 millions d’adultes dans le monde sont en déficit pondéral, et 159 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance ; dans le même temps, 1.9 milliard d’adultes sont en surpoids ou souffrent d’obésité. Compte tenu de l’importance vitale du système alimentaire pour le développement humain et les défis auxquels il reste confronté, l’objectif « Faim « zéro » » figure à la deuxième place des 17 Objectifs de développement durable (ODD) (voir la section 6.3).
Le secteur agricole a un rôle important à jouer en matière d’atténuation du changement climatique par les possibilités qu’il offre non seulement de réduire les émissions, mais aussi de capter du dioxyde de carbone atmosphérique.
Ces dernières années, les responsables publics ont pris de plus en plus la mesure des nouveaux enjeux de l’agriculture, et des efforts ont été faits pour intégrer des objectifs environnementaux dans les politiques agricoles. La Déclaration sur des politiques meilleures pour un système alimentaire mondial productif, durable et résilient, signée en 2016 par les ministres et représentants de 47 pays, énonce plusieurs objectifs communs pour le secteur agricole et alimentaire, à savoir :
l’accès à des aliments sûrs, sains et nutritifs ;
la possibilité pour les producteurs où qu’ils soient, petits ou grands, hommes ou femmes, d’opérer dans un système commercial mondial transparent et ouvert, et de saisir les opportunités que leur offre le marché pour améliorer leur niveau de vie ;
l’utilisation des ressources et productivité durables ;
la fourniture de biens publics et de services écosystémiques ;
la croissance inclusive et développement.
Depuis, pourtant, aucun mouvement de fond n'a été observé dans les politiques agricoles ou leur gestion (voir par exemple (OCDE, 2019[14]), qui suit les aides publiques à l’agriculture).
L’adoption d’une approche axée sur le bien-être7 pour l’agriculture constitue une mise en pratique de cette déclaration. Elle oblige à élargir le champ de vision au-delà des critères de marché et de revenu pour donner une place plus importante à d’autres dimensions du système alimentaire. Il s'agit de considérer l’ensembe des enjeux, c’est-à-dire chercher notamment à assurer l’accès à une alimentation saine, garantir un environnement sain et sûr, atténuer les risques de changement climatique, et gérer de manière durable les ressources naturelles (terre, eau, sols et diversité génétique).
Une approche de ce type peut éviter aux pays d’engager des politiques inefficaces, en permettant aux responsables publics d’identifier les mesures qui améliorent les synergies entre l’atténuation du changement climatique et les autres ODD, d’anticiper les arbitrages qui pourraient émerger et, finalement, de faciliter le double alignement entre ces objectifs(voir le chapitre 1). Ils seront ainsi à même de prendre des décisions en connaissant pleinement les difficultés associées, qu’ils pourront choisir de réduire ou de compenser. À titre d’exemple, mettre l’accent sur la formation et la protection des travailleurs peut faciliter la transition du secteur.
Le changement de perspective nécessaire implique d’analyser les possibilités d’agir sur les différents leviers du système alimentaire, tant au niveau de l’offre (agriculture) que de la demande (consommation finale). Le système devrait respecter les cycles naturels (eau, nitrate) en ce qui concerne la production, mais aussi privilégier l’accès de tous à une alimentation saine.
Pour concevoir des politiques propres à construire un système alimentaire durable, il faut faire évoluer le système de mesure des performances et utiliser un ensemble complet d’indicateurs rendant compte de l’impact du système alimentaire sur les nombreuses dimensions du bien-être, conformément aux priorités définies. Des indicateurs de ce type aideraient les responsables publics à fixer des objectifs et à suivre les progrès réalisés. Ils peuvent aussi contribuer à établir des critères de choix, et faciliter la coordination nécessaire entre les secteurs et entre les pays.
La section 6.2 explore les mesures d’atténuation du changement climatique applicables à l’agriculture. Elle examine comment le changement de perspective pourrait aider à redéfinir les priorités relatives et les arbitrages entre les différents objectifs. Elle met en avant les mesures susceptibles d’avoir un impact seulement minime – voire négatif – sur la production totale, mais qui pourraient être hautement bénéfiques en termes d’amélioration de la nutrition et de l’environnement. Elle montre aussi comment certaines manières de concevoir les politiques, d’évaluer les situations et de prévoir des compensations peuvent grandement renforcer les synergies et aider à minimiser les effets négatifs potentiels lors de la mise en œuvre de politiques climatiques, ce qui pourrait augmenter l’acceptabilité du public. Le chapitre 11 (dans la partie 2 de ce rapport) développe le chapitre 6 en analysant des mesures et des pratiques précises destinées à décarboner l'agriculture tout en réalisant d’autres objectifs indispensables pour rendre le système alimentaire durable.
6.2. Une approche axée sur le bien-être pour l’agriculture
La production agricole peut générer des effets tant positifs que négatifs (Tableau 6.1). Sa fonction première est de fournir de la nourriture, ce qui constitue une condition préalable au bien-être humain. Mais elle peut aussi avoir un impact négatif sur de nombreuses dimensions du bien-être présent et futur, notamment sur la durabilité de l’agriculture et la disponibilité future de denrées alimentaires. Par exemple, l’utilisation intensive d’engrais ou de pesticides a des conséquences néfastes sur l’environnement, notamment sur la qualité de l’eau et du sol, et sur la biodiversité (OCDE, 2019[15]). La production agricole est également une source d’émissions directes de GES (Smith et al., 2014[2]). L’expansion des terres agricoles entraîne une libération de carbone dans l'atmosphère du fait du déboisement ou de la destruction d'autres types d'écosystèmes (comme les tourbières ou la savane).
De la même manière que l’environnement assure des services écosystémiques, l’agriculture peut fournir à la société des services agro-environnementaux tels que l’atténuation des risques d’inondation et la résistance aux sécheresses (en améliorant la qualité des sols agricoles)8, la séquestration de carbone (par exemple par l’amélioration de la qualité des sols, une bonne terre contenant davantage de matière organique, ou par la plantation d'autres végétaux – arbres, haies... – sur des terres agricoles), le cycle de l’eau et la fourniture d'habitats pour de nombreuses espèces. Le Tableau 6.1présente différents impacts positifs et négatifs de l’agriculture.
Les impacts de la production agricole peuvent aussi à leur tour se répercuter sur la durabilité de l’agriculture à moyen et long terme, menaçant la disponibilité future de nourriture et la capacité du secteur à fournir des bioénergies durables qui pourraient être utilisées pour générer des émissions de CO2 négatives. L’agriculture dépend de la biodiversité9 pour une multitude de services de support – protection contre les ravageurs et les maladies, fertilité des sols et pollinisation animale, etc. –, de services d'approvisionnement – fourniture de nourriture, de fibres, de médicaments et d’eau douce –, et de services de régulation – qualité du sol et de l’eau, régulation du climat, et pollinisation. Le secteur est aussi fortement touché par le changement climatique (voir l’Encadré 6.1). Par exemple, un réchauffement planétaire de 1.5°C provoquera probablement une diminution des rendements dans les zones tropicales et aura sans doute aussi des conséquences sur la qualité nutritionnelle des aliments, ce qui pourrait avoir des retombées importantes sur la sécurité alimentaire et la viabilité de l’élevage dans certaines régions ; dans le scénario d’un réchauffement de 2°C, les rendements baisseraient aussi dans les zones tempérées (GIEC, 2018[5]).
Tableau 6.1. Quelques impacts de la production agricole et du système alimentaire sur le bien-être
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Effets positifs |
Effets négatifs |
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Climat |
Séquestration de carbone dans les sols agricoles Contributions potentielles des bioénergies à la décarbonation dans d’autres secteurs |
Émissions de GES, provenant principalement de l’élevage et des engrais (voir l’encadré 6.1) Disparition de puits de carbone à la suite de changements d’affectation des sols liés à l’agriculture |
Santé |
Sécurité alimentaire Aliments nutritifs Génétique |
Risques sanitaires pour les agriculteurs en raison de leur exposition à des pesticides et de la pénibilité du travail Risque de nourriture polluée Propagation de bactéries ayant développé une résistance aux antimicrobiens et antibiotiques employés de plus en plus dans les élevages intensifs Zoonoses, exacerbées par l'élevage intensif Régimes alimentaires malsains entraînant des taux croissants de surcharge pondérale et d’obésité, régimes alimentaires carencés |
Écosystèmes |
Restauration des écosystèmes dans les milieux agricoles |
Disparition de services écosystémiques due à la dégradation des sols : l’agriculture abîme les sols i) physiquement (érosion des sols due à l’exposition au vent, au compactage généré par le travail du sol et par les machines agricoles lourdes) ; ii) chimiquement (acidification due à l’épandage de quantités excessives d’engrais à base de nitrate d’ammoniac et contamination des sols par les pesticides) ; et iii) biologiquement (diminution de la faune et de la matière organique du sol) (FAO, 2015[16]) Disparition d’habitats en raison du déboisement : la disparition d’habitats due aux activités agricoles contribue au déclin d’une grande majorité des espèces de mammifères et d’oiseaux menacées |
Eau |
Atténuation des risques d’inondation dans les milieux agricoles Recharge des nappes phréatiques |
Pollution de l’eau (pollution des eaux par le phosphore et les nitrates contenus dans les engrais chimiques) Baisse du niveau des nappes phréatiques entraînée par l’irrigation intensive |
Air |
Pollution atmosphérique due aux émissions d’azote réactif (ammoniac, oxydes d’azote et PM2.5) provenant des terres agricoles et de la combustion de biomasse ; pollution par les pesticides |
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Dimension socio-économique et culturelle |
Structure des paysages Augmentation des revenus pour les acteurs du système alimentaire (salaires, bénéfices et rentes, impôts) Tourisme et loisirs |
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Encadré 6.1. Le climat et le système alimentaire
Comme on le voit sur le Graphique 6.1, l’agriculture, la foresterie et les autres affectations des terres représentent pas moins de 25 % des émissions anthropiques mondiales de GES ( (Vermeulen, Campbell et Ingram, 2012[17]) ; (Smith et al., 2014[2])). Sur ce total, les émissions liées au changement d'affectation des sols représentent entre 7 et 14 % des émissions anthropiques mondiales de GES (ou 36 % des émissions liées au système alimentaire) et proviennent principalement de la libération de carbone due au déboisement ou à la conversion de tourbières en terres agricoles.
Les émissions directes représentent entre 10 et 12 % des émissions anthropiques mondiales de GES (ou 46 % des émissions liées au système alimentaire) (Lankoski, Ignaciuk et Jésus, 2018[18]). Elles comprennent les émissions de N2O des sols, des engrais, et des excréments et urines animales, et le méthane dégagé par les ruminants et la riziculture (Herrero et al., 2013[19]).
L’une des solutions employées pour nourrir une population en augmentation rapide a été d'utiliser davantage d’engrais de synthèse. Cela a accéléré le cycle mondial de l’azote (OCDE, 2019[15]), entraînant des problèmes environnementaux à différentes échelles spatiales et temporelles. En particulier, les émissions accrues de N2O, un GES puissant dont la durée de vie est relativement longue, ont provoqué un forçage radiatif faible mais sensible entre 1750 et 2011 (environ 0.17 watt par mètre carré [Wm-2,] contre une valeur estimée à 1.68 Wm-2 pour le dioxyde de carbone ([O2]) (voir (GIEC, 2013[18])). Les émissions de méthane (CH4) ont aussi progressé rapidement du fait du nombre croissant de ruminants, mais aussi des émissions dues au pétrole et à la riziculture. Ce GES puissant mais à courte durée de vie augmente aussi dans les couches d’ozone troposphériques, menaçant la santé humaine et endommageant les écosystèmes.
La durée de vie des différents GES détermine leur potentiel de réchauffement planétaire (PRP) et donc la stratégie adaptée d'atténuation du changement climatique. Le CH4 est un gaz à courte durée de vie qui reste dans l’atmosphère pendant 12 ans (Pierrehumbert, 2014[19]) ; son PRP sur un siècle est 28 fois plus élevé que celui du CO2 (Myhre et al., 2013[20]). De son côté, le N2O persiste dans l'atmosphère pendant 114 ans, et son PRP est 265 fois supérieur à celui du CO2. C’est pourquoi la réduction des émissions de N2O est une priorité pour les stratégies d’atténuation à long terme, par rapport à la réduction des émissions de méthane, qui aura des effets plus rapides mais plus limités à longue échéance. En d’autres termes, une réduction ponctuelle d’un GES à très longue durée de vie comme le CO2 équivaut à une réduction permanente du taux d'émissions d’un GES à courte durée de vie comme le méthane.
L'élevage est responsable de la plus grosse part des émissions agricoles directes (Blandford et Hassapoyannes, 2018[21]), les ruminants représentant plus de 80 % du total des émissions provenant du bétail (Herrero et al., 2013[22]). Outre les émissions directes, l’élevage et la culture des plantes fourragères contribuent aussi à la déforestation. Les émissions post-production sont générées par les activités de transformation alimentaire et de vente au détail qui utilisent de plus en plus de nombreux emballages synthétiques (Alpro, 2010[23]), et par les « kilomètres alimentaires » nécessaires pour acheminer les produits ultratransformés et non saisonniers auxquels les consommateurs se sont habitués (Schnell, 2013[24]).
La capture des GES contenus dans la biomasse, notamment par la production de bioénergie durable, offre d'importantes possibilités d’atténuation dans le futur, en particulier pour atteindre des objectifs d’atténuation ambitieux comme 1.5°C (GIEC, 2018[5]). D’après le GIEC, les scénarios permettant plus facilement de limiter le réchauffement planétaire à 1.5°C d’ici 2100 prévoient des émissions négatives nettes au cours de la seconde moitié du siècle, c’est-à-dire que les quantités de carbone atmosphérique séquestrées seront supérieures aux émissions. Plusieurs solutions existent pour capter du carbone de l’atmosphère. Les plus simples et réalistes résident dans la foresterie et l’agriculture. Il est difficile d'établir avec certitude la faisabilité et les conséquences potentiellement négatives des autres solutions, à savoir le boisement et le reboisement, la bioénergie avec captage et stockage du carbone (BECSC), et la modification des pratiques agricoles (biochar, séquestration du carbone du sol, par exemple). Selon (Smith et al., 2016[25]), la BECSC est la solution réaliste offrant le meilleur potentiel de stockage, tandis que les bioénergies présentent l’avantage de réduire les émissions dans d’autres secteurs en fournissant un combustible moins émetteur.
À l’heure où l’on se demande comment créer un système alimentaire capable de nourrir la population mondiale (ODD 2), tout en contribuant plus généralement au bien-être et aux ODD, une approche axée sur le bien-être englobant plusieurs priorités permet d’intégrer les nombreuses dimensions du bien-être en jeu. Cette vision va dans le sens de la définition de la sécurité alimentaire énoncée lors du Sommet mondial de l’alimentation qui s’est tenu en 1996 : « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, la possibilité physique et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ».
Les politiques agricoles seraient analysées en tenant compte des priorités suivantes : assurer la sécurité alimentaire et contribuer à des alimentations saines, limiter le changement climatique, préserver un environnement sain et sûr, et assurer la gestion durable des ressources naturelles. Le Tableau 6.3 présente les connexions entre ces priorités et les ODD, ainsi qu’avec les domaines et les dimensions du bien-être définis par le cadre d'évaluation du bien-être et du progrès de l’OCDE (ci-après dénommé « le cadre du bien-être de l’OCDE »).
Il est nécessaire de considérer le système alimentaire de manière globale, en intégrant toutes ses dimensions et ses acteurs, pour atteindre ces objectifs d’une manière efficace. Elargir le champ d’analyse amène non seulement à réaligner les objectifs, mais aussi à regarder au-delà du secteur agricole pour englober la transformation, la distribution et la consommation. Le Graphique 6.2 donne une représentation complète du système alimentaire, des différents acteurs et des quatre stocks de capital en jeu, soulignat la complexité des relations et la nécessité d’une approche globale10.
Les politiques et mesures qui ne considèrent qu’un seul objectif ou se concentrent uniquement sur le secteur agricole risquent de négliger des divergences importantes – entre des actions d’atténuation du changement climatique et la sécurité alimentaire, par exemple – et de manquer des occasions de synergies. (Fujimori et al., 2019[27]) souligne que « des mesures d'atténuation du changement climatique prises de manière irréfléchie » augmenteraient de 160 millions d’ici 2050 le nombre d’êtres humains risquant de souffrir de la faim si rien n’est fait pour l’empêcher11. De même, les politiques visant à assurer la compétitivité des prix alimentaires peuvent s’avérer inefficaces si elles entraînent une réduction des coûts de production au détriment de l’environnement ou de la santé humaine. De plus, certains secteurs, tels que le système de santé ou le système hydrique, payent pour les dégâts causés par l’agriculture à l’alimentation et à l’environnement. En particulier, les aliments produits par le système actuel peuvent avoir des effets sanitaires indésirables qui coûtent cher à la collectivité et ne sont pas pris en compte (voir Encadré 6.2).
La production actuelle privilégie également des denrées de base très énergétiques (comme le blé ou le maïs), aux dépens des légumineuses et d’un large éventail de végétaux moins cultivés dont la valeur nutritionnelle est supérieure (Hawkes, 2006[29]) (DeFries et al., 2015[30]). Par ailleurs, les systèmes moins portés sur les améliorations génétiques à même d’accroître la productivité ont obtenu des densités nutritionnelles plus élevées (Barański et al., 2014[31]) (AFSSA, 2003[32]). Deux milliards d’individus sur Terre ont une alimentation qui ne leur apporte pas suffisamment de micronutriments, d’où un ensemble de problèmes de santé tout au long de leur vie, par exemple des risques de retard de croissance, de diminution des fonctions immunitaires (avec les risques d’infection qui en résultent), de perte de productivité, de baisse des capacités mentales et de maladies chroniques (Bailey, West Jr. et Black, 2015[33]) ; (Schaible et Kaufmann, 2007[34]) ; (IFPRI, 2016[35]). Le programme Health Plus s’attaque à ce problème en introduisant des cultures contenant naturellement plus d’éléments nutritifs dans les pays émergents et en développement. L’encadré 6.2 présente quelques études ayant analysé les coûts cachés du système alimentaire actuel qui fournit de grandes quantités de nourriture à bas prix.
Encadré 6.2. Les coûts cachés du système alimentaire
Bien que les prix alimentaires aient diminué par rapport aux revenus et soient devenus plus abordables (Dorward, 2013[28]), le système alimentaire induit des coûts pour la santé humaine et l’environnement qui ne sont pas intégrés dans les prix alimentaires, et dont le poids est réparti sur l’ensemble de la société. Même s’il n’existe pas de méthode unique ayant permis d’estimer le total des coûts cachés du système alimentaire, de nombreuses études en fournissent des estimations. Les exemples ci-dessous montrent les montants en jeu pour les pays, et donc l’intérêt d’investir dans certaines mesures :
L’usage de produits chimiques en agriculture occasionne des coûts supportés par les systèmes de santé :
Une étude a évalué à 42 milliards USD (dollars des États-Unis) les coûts sanitaires annuels liés aux perturbateurs endocriniens aux États-Unis engendrés par la seule exposition aux pesticides (Attina et al., 2016[29]). Dans l’Union européenne, on a estimé que les pesticides organophosphorés avaient les conséquences les plus coûteuses en termes d’exposition aux perturbateurs endocriniens, d’un montant de 121 milliards USD par an.
Aux États-Unis, les infections résistantes aux antimicrobiens ont été associées à 8 millions de journées d’hospitalisation supplémentaires et à des coûts sanitaires de 20 à 34 milliards USD par an (Paulson et al., 2015[30]).
La malnutrition (à savoir la consommation insuffisante ou excessive de nourriture) toucherait 2 milliards de personnes, ce qui coûte cher à la société non seulement du point de vue des dépenses de santé, mais aussi de la diminution des capacités cognitives.
L’IFPRI (2016[31]) évalue ce coût à 3.5 milliards USD pour l’ensemble de la planète, soit 11 % du PIB mondial.
L’OMS souligne qu’un retard de croissance pendant la petite enfance a des répercussions non seulement sur la santé future (mortalité et morbidité) mais aussi sur le développement cognitif (OMS, 2017[32]).
Du côté des régimes alimentaires malsains, un rapport de l’institut McKinsey Global a conclu que, d'après les données des « années de vie corrigées de l’incapacité », l’obésité avait un impact économique d’environ 2 milliards USD, soit 2.8 % du PIB mondial (McKinsey Global Institute, 2014[33]).
Selon les estimations de l’OMS, les coûts directs du diabète, souvent causé par l’obésité, dépasseraient les 827 milliards USD par an au niveau mondial (OMS, 2016[34]). Aux États-Unis, le coût annuel du diabète en 2017 a été estimé à 327 milliards USD, dont 237 milliards USD de coûts médicaux et 90 milliards USD de baisse de productivité (American Diabetes Association, 2018[35]).
Les pratiques agricoles peuvent menacer les services écosystémiques dont elles bénéficient, et donc leur capacité future à générer des profits. On en a une illustration très forte avec l’effondrement des populations d’insectes dans le monde, imputable principalement à l’usage d’intrants agricoles ainsi qu’à la disparition d’habitats et à la conversion de sols à l’agriculture intensive, l’étalement urbain et la pollution (Sánchez-Bayo et Wyckhuys, 2019[36]).
La valeur économique mondiale des pollinisateurs pour le secteur agricole a été estimée entre 235 et 577 milliards USD par an (Potts et al., 2016[37]).
De même, (Sandhu et al., 2015[38]) estiment que la valeur mondiale de la lutte biologique contre les ravageurs et de la minéralisation de l’azote assurées par les services écosystémiques fournis aux cultures ciblées (pois, haricots, orge et blé) s’élève à 34 milliards USD par an.
Se fondant sur la littérature (Costanza et al., 2014[39]), le dernier rapport en date du Groupe des sept (G7) sur la biodiversité évalue entre 125 et 140 billions USD par an le coût total des services écosystémiques (régulation du climat, pollinisation et régulation du cycle de l’eau) (Costanza et al., 2014[39]).
Il est nécessaire d’évoluer vers une alimentation plus saine et plus durable pour faire face aux défis évoqués plus haut, en créant d’importantes synergies entre les objectifs climatiques et les autres objectifs de bien-être. Les mesures encourageant des régimes alimentaires moins générateurs d’émissions peuvent avoir un important potentiel d’atténuation ( (Poore et Nemecek, 2018[40]) ; (Bajželj et al., 2014[41]) ; (Wollenberg et al., 2016[42])) tout en étant bénéfiques pour la santé. Dans beaucoup de pays, les régimes alimentaires ne sont pas conformes aux recommandations nutritionnelles de l’OMS : la consommation de viande et de sucre est supérieure aux préconisations, tandis que la consommation de fruits et de légumes n'atteint pas le niveau des apports recommandés (OCDE, 2019[43]). À titre d'exemple, 70 % des adultes de plus de 18 ans étaient en surpoids12 aux États-Unis en 2016, 67 % au Royaume-Uni, 64 % au Mexique, 61 % en Roumanie et 51 % au Guatemala. À Singapour, d'après (Epidemiology & Disease Control Division, Ministry of Health et Institute for Health Metrics and Evaluation, 2019[44]), l’alimentation figurait parmi les principaux facteurs de risque pour la santé. En Europe, l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), un club de réflexion français, estime que l’adoption de régimes alimentaires conformes aux recommandations nutritionnelles de l’OMS réduirait de 40 % les émissions de GES dues à l’agriculture et améliorerait les indicateurs de santé (Poux et Aubert, 2018[45]). La Commission EAT-Lancet sur l’alimentation, la planète et la santé (EAT-Lancet Commission, 2018[46]) a indiqué récemment que, pour parvenir à une alimentaire saine dans le monde entier, il serait nécessaire de diviser par près de trois (par plus de six en Amérique du Nord) la consommation de viande rouge (viande bovine, agneau et porc)13.
L'adoption de régimes alimentaires reposant davantage sur les protéines végétales peut contribuer de façon importante aux objectifs climatiques, car la production de protéines végétales libère habituellement moins de GES14 que la production de protéines animales – le secteur bovin en émettant le plus. (Popp, Lotze-Campen et Bodirsky, 2010[47]) souligne que, si les tendances alimentaires et démographiques actuelles se poursuivaient, les émissions de gaz autres que le CO2 (méthane et N2O) tripleraient d’ici 2055. À l’inverse, les scénarios limitant le réchauffement planétaire à 1.5°C d’ici la fin du siècle comprennent tous une baisse rapide des émissions de méthane avant 2025, et la plupart incluent une diminution des émissions de N2O (GIEC, 2018[5]). Cela suppose une chute du nombre de ruminants, les émissions de méthane étant principalement dues à la fermentation entérique. Une telle modification des régimes alimentaires atténuerait le changement climatique par deux processus distincts, d’une part en réduisant les émissions directes des animaux, et d’autre part en diminuant la pression sur l’utilisation des terres dans la mesure où une part importante des cultures sert à nourrir les animaux d’élevage. Dans son rapport sur le changement climatique et les terres émergées (Arneth et al., 2019[3]), le GIEC estime que l’évolution de l’alimentation recèle un important potentiel de réduction des GES (de 3 Gt éq.CO2 par an pour un régime méditerranéen à 8 Gt éq.CO2 pour un régime végétalien).
Elargir le champ d’analyse amène non seulement à réaligner les objectifs, mais aussi à regarder au-delà du secteur agricole pour englober la transformation, la distribution et la consommation.
Analyser le système alimentaire dans sa globalité permet de mettre en évidence les synergies entre les acteurs et entre les objectifs. Un bon moyen d’inciter les agriculteurs à mettre en œuvre des pratiques écologiques sur le long terme consiste à veiller à ce que ces pratiques soient économiquement viables. Cela implique de mobiliser toute la chaîne de valeur et de réorganiser les marchés afin de créer de nouvelles opportunités. En premier lieu, tous les acteurs devraient promouvoir des aliments plus sains et produits de manière plus durables (par exemple en définissant des labels pour les agriculteurs et les entreprises agro-industrielles, et en mettant en avant ces labels sur les emballages et dans les rayonnages des magasins). Deuxièmement, les nouveaux modes de production devraient s’accompagner d’une réorganisation des principaux acteurs. En particulier, les pratiques destinées à rendre l’agriculture plus durable, notamment grâce à une plus grande rotation des cultures ou à l’emploi de légumineuses comme cultures intermédiaires (voir la partie 2 de ce rapport pour plus de détails sur les pratiques agricoles durables), devraient reposer sur une plus grande diversité de céréales et de végétaux. Cette nouvelle diversité doit être gérée et valorisée par toute la chaîne de valeur, depuis la récolte jusqu’aux détaillants, en passant par la transformation agro-industrielle. L’essor mondial de l’agriculture et de l’alimentation biologiques offre un bon exemple de la manière dont les changements accumulés à chaque maillon de la chaîne alimentaire conduisent au développement d’une filière parallèle. Face à l’augmentation de la demande des consommateurs pour des aliments plus sains et plus durables, les agriculteurs et les coopératives, soutenus par des subventions publiques, réagissent par des actions publicitaires, de nouveaux labels, une plus grande variété de produits, etc. La partie 2 de ce rapport fournit davantage de détails sur les pratiques agricoles « bio ».
Une approche globale du système alimentaire visant à utiliser durablement les ressources implique de mieux intégrer la gestion des déchets à chaque étape de la chaîne alimentaire grâce à différents leviers. D'après le World Resources Institute (WRI, 2018[48]), qui se fonde sur les estimations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), près d’un tiers de la production alimentaire mondiale en poids, et un quart en contenu énergétique, n’est pas consommé, ce qui signifie que les ressources employées pour produire les denrées correspondantes sont gaspillées. La solution optimale consiste à réduire les déchets à tous les niveaux en adoptant des pratiques durables de la production jusqu’à la consommation finale : on diminue à la fois le besoin de produire des aliments et la course aux rendements pour répondre aux objectifs de sécurité alimentaire. C’est un moyen d’atténuer les pressions sur l’environnement dues à la surexploitation des ressources. Le Graphique 6.3 montre la répartition des pertes et du gaspillage alimentaires, où l’on voit que l’essentiel des déchets dans les pays développés vient de la consommation (61 % en Amérique du Nord et Océanie, 46 % dans les pays asiatiques industrialisés et 52 % en Europe), mais que d’importantes pertes sont aussi observées durant la production, la manutention et le stockage (23 % en Amérique du Nord et Océanie, 40 % dans les pays asiatiques industrialisés et 35 % en Europe). Dans les pays en développement, les principaux problèmes concernent la production, la manutention et le stockage. Lorsque les déchets ne peuvent pas être évités, ils peuvent être réutilisés en étant réintégrés dans les cycles naturels des éléments nutritifs. Les engrais de synthèse peuvent être remplacés par des déchets organiques provenant des déchets municipaux ou des résidus de récolte, qui peuvent atténuer les émissions de GES s’ils sont convenablement gérés. Enfin, parce que ces déchets ont une composante organique, ils peuvent servir à produire de l’énergie, avec des infrastructures adaptées connectant les centrales de production au réseau (de gaz ou d'électricité) (voir les exemples présentés au chapitre 4 sur le secteur résidentiel). Ce potentiel d’atténuation est élevé, dans la mesure où les déchets pourront peut-être remplacer non seulement des énergies fossiles, mais aussi des biocarburants, responsables de la déforestation et des pressions sur les terres.
De nombreuses questions demeurent sur la manière dont des gouvernements organisés en ministères fonctionnels ou sectoriels, ayant souvent des budgets différents et parfois des priorités contradictoires, peuvent appliquer une telle approche globale. Des objectifs communs conduiraient à une meilleure coordination entre les institutions et les ministères. La plupart du temps, les politiques agricoles sont défendues par un ministère spécialisé dans le secteur agricole et les décisions sont prises en conséquence, souvent pour soutenir les revenus et la production des exploitations. Adopter une approche axée sur le bien-être demanderait que d’autres ministères (ceux chargés de l’environnement et de la santé, par exemple) et des institutions locales participent davantage à la prise de décisions. Montrant bien l’intérêt d'une telle approche globale, le Tableau 6.2 résume les principales synergies et divergences à l’œuvre dans le système alimentaire, qui sont mises en évidence lorsque l’on adopte une vision systémique axée sur le bien-être, intégrant de multiples objectifs.
Tableau 6.2. Avantages potentiels d’un double alignement découlant d’une approche axée sur le bien-être dans le secteur agricole
Autre priorité de l’action publique |
Contribue à limiter le changement climatique |
|
---|---|---|
en générant des synergies |
en évitant/réduisant les divergences |
|
Assurer la sécurité alimentaire et fournir d’une alimentation saine |
L’intensification de la production à l’hectare peut éviter que des terres non exploitées soient converties à l’agriculture, et donc maintenir des puits de carbone. Une alimentation plus saine reposant sur une diminution de la consommation de viande et de produits animaux peut entraîner d’importantes réductions des émissions de GES. La culture de légumineuses peut contribuer à stabiliser le climat (car elles peuvent être utilisées pour fertiliser le sol et donc diminuer la consommation d’engrais de synthèse), avec comme résultat une alimentation plus diversifiée et une meilleure nutrition. Les pratiques écologiques peuvent créer des emplois tout en réduisant les émissions de GES et en améliorant la séquestration de carbone sur les exploitations. |
Les mesures climatiques peuvent augmenter les prix alimentaires et poser ainsi des problèmes d'accès physique et financier à la nourriture, en particulier pour les ménages à faible revenu. En particulier, des conflits risquent de se produire sur l’affectation des sols entre les cultures bioénergétiques et alimentaires, qui risquent de renchérir les prix alimentaires et de les rendre plus dépendants des prix de l’énergie. Cette tension entre l’atténuation du changement climatique et la sécurité alimentaire pourrait freiner fortement le déploiement des bioénergies (Arneth et al., 2019[3]). Les pratiques durables demandent davantage de main-d’œuvre et risquent donc d'augmenter les prix alimentaires. Des mesures encourageant une alimentation plus saine et ayant moins d’impact sur le climat peuvent réduire les effets négatifs sur le pouvoir d'achat des ménages, par exemple par une diminution des quantités de protéines animales consommées au profit de protéines végétales (légumineuses, oléagineux), moins onéreux. Elles diminueraient aussi la pression sur les terres, car l’élevage occupe de grandes surfaces de terrains, à la fois pour le pâturage et pour la culture de fourrages. Toute refonte du système alimentaire peut avoir des répercussions sur l’emploi dans l’agriculture. Par exemple, des emplois pourraient être supprimés dans le secteur de l’élevage si la consommation de viande diminue. Selon (Jean Chateau, 2018[49]), les travailleurs agricoles seraient parmi les plus touchés par la mise en place d’une taxe carbone. En revanche, les pratiques d'atténuation du changement climatique dans l’agriculture mobilisent davantage de main-d’œuvre que les pratiques conventionnelles, et pourraient donc potentiellement compenser les éventuels impacts négatifs sur le marché de l’emploi. Des mesures de formation pourraient faciliter cette transition des emplois et des travailleurs. |
Préserver un environnement sain et sûr |
La diminution de la consommation d’engrais pourrait entraîner une baisse du du ruissellement des éléments nutritifs et de la pollution de l’eau, d’où une meilleure santé des écosystèmes aquatiques. Elle réduit également la volatilisation d’ammoniac, qui participe à la formation de particules fines, et améliore ainsi la qualité de l’air. |
Le travail du sol est une pratique qui aide à éliminer les plantes adventices et atténue le tassement de la couche superficielle du sol. La diminution du travail du sol peut contribuer à réduire les émissions de GES, mais elle peut aussi augmenter le besoin de pesticides. Le travail du sol de conservation, qui consiste à laisser les résidus de récolte de l’année précédente dans les champs avant et après le semis, diminue l’érosion du sol, aide à réduire l’impact de la production alimentaire sur la structure des sols et évite le ruissellement. Il peut souvent être envisagé comme solution alternative. |
Gérer de façon durable les ressources naturelles |
Les actions de préservation des forêts peuvent maintenir des puits de carbone et réduire les émissions de GES tout en ayant des effets positifs sur d’autres services écosystémiques. La restauration des terres agricoles et l’agroforesterie peuvent accroître le stockage du carbone tout en fournissant des habitats afin d'améliorer la biodiversité dans les exploitations. |
6.3. Indicateurs de suivi de la contribution de l’agriculture au bien-être
Cette section présente et analyse différents indicateurs susceptibles d’amener les systèmes alimentaires sur des trajectoires durables. Ces indicateurs pourraient être employés ensemble comme critères de décision pour les responsables publics, mais aussi comme moyen de suivre les performances d’un système alimentaire donné et l’efficacité des mesures prises par rapport aux objectifs définis à la section 6.2 : la sécurité alimentaire, entendue comme étant l’accès à une alimentation saine, un environnement sain et sûr, et la gestion durable des ressources naturelles.
Le système alimentaire est une composante essentielle des ODD du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et constitue l’ODD 2 « Faim « zéro » ». Cet objectif se décompose en cinq cibles :
éliminer la faim et faire en sorte que chacun ait accès (...) tout au long de l’année à une alimentation saine, nutritive et suffisante ;
mettre fin à toutes les formes de malnutrition, y compris en réalisant d’ici à 2025 les objectifs arrêtés à l’échelle internationale relatifs aux retards de croissance et à l’émaciation parmi les enfants de moins de 5 ans, et répondre aux besoins nutritionnels des adolescentes, des femmes enceintes ou allaitantes et des personnes âgées ;
doubler la productivité agricole et les revenus des petits producteurs alimentaires ;
assurer la viabilité des systèmes de production alimentaire et mettre en œuvre des pratiques agricoles résilientes ;
préserver la diversité génétique des semences, des cultures et des animaux d’élevage ou domestiqués et des espèces sauvages apparentées (...) et favoriser l’accès aux avantages que présentent l’utilisation des ressources génétiques et du savoir traditionnel associé et le partage juste et équitable de ces avantages.
Comme il a été souligné au chapitre 1, les objectifs des ODD et les priorités du bien-être définies à la section 6.2 se recouvrent en grande partie car on y retrouve la même volonté d’inclusivité et de placer les objectifs économiques au même niveau de priorité que les autres. La durabilité et l’accès à une alimentation saine sont au centre des deux approches. Le cadre mondial de suivi élaboré pour les ODD – en particulier l’ODD 2 – comporte en ensemble d’indicateurs utiles pour surveiller le bien-être. D’autres ODD ayant un lien avec le système alimentaire fournissent certains indicateurs utilisables pour son analyse axée sur le bien-être : l’ODD 3 (bonne santé et bien-être), l’ODD 6 (eau propre et assainissement), l’ODD 8 (travail décent et croissance économique), l’ODD 14 (vie aquatique), l’ODD 9 (industrie, innovation et infrastructures), l’ODD 11 (villes et communautés durables) et l’ODD 12 (consommation et production responsables). Toutefois, ils nécessitent souvent des informations complémentaires : même si l’agriculture peut avoir un impact sur les indicateurs de ces ODD, l’ampleur de cet impact n’est pas précisé. Le Tableau 6.3 récapitule les connexions existant entre ces priorités et les ODD, ainsi qu’avec différentes dimensions et domaines du cadre du bien-être de l’OCDE.
Dans chaque section, les tableaux de synthèse mettent en parallèle un certain nombre d’indicateurs intéressants d’une part, et les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE d’autre part. Ces tableaux, non exhaustifs, sont destinés à servir de point de départ à la réflexion. La plupart des indicateurs présentés ont été élaborés au niveau national, ou par des organisations internationales telles que l’OCDE. Bien que le cadre du bien-être de l’OCDE donne des informations sur les dimensions (qualité de l’air et qualité de l’eau) sur lesquelles l’agriculture a des répercussions, il ne fournit aucune donnée sur l’impact précis de l’agriculture et ne peut donc être utilisé comme unique critère. Le Partenariat relatif aux indicateurs de la biodiversité (BIP) a établi une liste de 64 indicateurs afin de suivre les progrès réalisés en direction des Objectifs d’Aichi pour la biodiversité15, et plus particulièrement en matière de gestion durable de l’agriculture, de l’aquaculture et de la sylviculture (Objectif d’Aichi 7) et de limitation des pollutions ayant des effets néfastes sur les fonctions des écosystèmes et la diversité biologique (Objectif d’Aichi 8). L’Union européenne a mis au point son propre ensemble d’indicateurs de suivi de ses politiques agricoles. Les discussions en cours sur la prochaine politique agricole commune de l’UE pour 2020-24 comportent neuf objectifs16 et cibles quantitatives que les États membres de l’UE doivent atteindre au moyen de leurs propres plans stratégiques nationaux. Par conséquent, les indicateurs17 mesurant les cibles déterminent la politique agricole de l’UE afin d'évaluer son efficacité. Le ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA) a également établi un ensemble d’indicateurs destinés à surveiller les impacts de l’agriculture sur l’environnement (Hellerstein, Vilorio et Ribaudo, 2019[50]).
Les tableaux de synthèse comprennent aussi des indicateurs agro-environnementaux élaborés par l’OCDE pour suivre les performances environnementales de ses pays membres (alors au nombre de 34) (OCDE, 2014[51]). Les indicateurs agro-environnementaux peuvent permettre de comparer les performances environnementales de l’agriculture dans ces pays et de suivre les progrès réalisés depuis les années 1990. Ils couvrent de nombreuses dimensions des effets de l’agriculture sur l’environnement, notamment l’occupation des sols, les surplus d’engrasi azotés et phosphatés, l’utilisation de pesticides, les prélèvements d’eau et la qualité de l’eau, les émissions de GES et la qualité des sols.
Tableau 6.3. Priorités dans le secteur agricole et liens avec les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE
Priorité |
Sous-objectifs |
ODD ou cible |
Domaine du bien-être (OCDE) |
Dimension du bien-être (OCDE) |
---|---|---|---|---|
Assurer la sécurité alimentaire et une alimentation saine |
Production alimentaire |
2. Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable. |
Bien-être actuel : qualité de vie. |
Le cadre du bien-être ne comprend aucune dimension sur la disponibilité de nourriture. |
Accès physique et financier à de la nourriture. |
2. Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable. |
Bien-être actuel : qualité de vie. |
Le cadre du bien-être ne comprend aucune dimension sur la disponibilité de nourriture. |
|
Alimentation saine. |
2.2. D’ici à 2030, mettre fin à toutes les formes de malnutrition. |
Bien-être futur : ressources. Bien-être actuel : qualité de vie. |
Capital humain État de santé |
|
Conditions de vie et compétences des agriculteurs. |
2.3. D’ici 2030, doubler la productivité agricole et les revenus des petits producteurs alimentaires. |
Bien-être actuel : conditions matérielles. |
Revenu et patrimoine Emplois et salaires |
|
Limiter le changement climatique |
Réduction des émissions de GES de l’agriculture. |
13. Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions. |
Ressources – futur |
Le cadre du bien-être ne comprend aucune dimension sur les émissions de GES de l’agriculture. |
Séquestration de carbone. |
|
Ressources – futur |
Le cadre du bien-être ne comprend aucune dimension sur les émissions de GES de l’agriculture. |
|
Contribution des bioénergies à l’atténuation dans d’autres secteurs. |
|
Ressources – futur . |
Capital naturel |
|
Préserver un environnement sain et sûr en minimisant la pollution de l’eau, de l’eau et du sol causée par l’agriculture |
Qualité de l’air |
3.9. D’ici à 2030, réduire nettement le nombre de décès et de maladies dus à des substances chimiques dangereuses, et à la pollution et à la contamination de l’air, de l’eau et du sol. |
Bien-être actuel : qualité de vie. |
Qualité de l’environnement. |
Qualité de l’eau. |
3.9. D’ici à 2030, réduire nettement le nombre de décès et de maladies dus à des substances chimiques dangereuses, et à la pollution et à la contamination de l’air, de l’eau et du sol. |
Bien-être actuel : qualité de vie. |
Qualité de l’environnement. |
|
Diminution de la dégradation des sols. |
|
Bien-être actuel : qualité de vie. Bien-être futur : ressources. |
Qualité de l’environnement. |
|
Maintien de la biodiversité et des services écosystémiques. |
|
Bien-être futur : ressources. |
Capital naturel. |
|
Gérer de façon durable les ressources naturelles de la planète – les sols, l’eau et les matières premières brutes |
Économie circulaire. |
12. Établir des modes de consommation et de production durables. |
Bien-être futur : ressources. |
Capital naturel. |
Utilisation efficace des ressources en eau. |
|
Bien-être futur : ressources. |
Capital naturel. |
|
Utilisation efficace des matières. |
12. Établir des modes de consommation et de production durables. |
Bien-être futur : ressources. |
Capital naturel. |
6.3.1. Assurer la sécurité alimentaire et une alimentation saine
Quatre types d’indicateurs – la production alimentaire totale, l’accès physique et financier à de la nourriture, les impacts de l’alimentation sur la santé, et les conditions de vie des agriculteurs – permettent d’évaluer la capacité du système alimentaire à assurer la sécurité alimentaire et une alimentation saine. Toutes ces dimensions sont nécessaires pour parvenir à la sécurité alimentaire sur le long terme et le Tableau 6.4 propose un ensemble d’indicateurs pour surveiller leur évolution. Les organismes qui mesurent les performances de l’agriculture utilisent depuis longtemps des indicateurs sur la production alimentaire et la productivité agricole unifactorielle (par exemple les rendements), qui guident souvent les décisions prises en matière d'agriculture. Alors que l’ensemble d’indicateurs des ODD comprend le volume de production par unité de travail en fonction de la taille de l’exploitation agricole ou pastorale, d’autres institutions retiennent les indicateurs de production (la valeur ajoutée de l’agriculture dans les indicateurs de croissance verte de l’OCDE) ou la productivité des facteurs. Ces indicateurs sont complémentaires et donnent des informations détaillées sur la capacité du secteur agricole à produire de manière efficace, du point de vue des facteurs de production marchands (la terre, le travail, les intrants intermédiaires et le capital). Mais ces indicateurs ne suffisent pas pour estimer l’efficacité globale de la production agricole, car ils ne tiennent pas compte des facteurs non tarifés (la biodiversité, par exemple) et des effets négatifs potentiels (la pollution de l’eau), ce qui conduit à surestimer la productivité des facteurs18. Pour remédier à ce problème, les travaux menés par la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) ou par le TEEB dans le but de mesurer les services écosystémiques non tarifés pourraient aider à les intégrer dans les comptes sectoriels et la mesure de la productivité des facteurs. Selon l’IPBES, par exemple, le service de pollinisation a créé une valeur estimée entre 235 et 577 milliards USD dans l’agriculture mondiale en 2015 (Potts et al., 2016[37]). Il devrait donc être inclus comme facteur de production dans le calcul de la productivité totale des facteurs du secteur, qui diminuerait automatiquement.
Les indicateurs du cadre du bien-être de l’OCDE ou des ODD donnent peu d’information sur l’accessibilité financière des denrées alimentaires. Les indicateurs existants du cadre des ODD et des autres organisations internationales portent sur la variabilité des prix alimentaires. Bien qu’une instabilité importante de ces prix puisse avoir de graves répercussions sur le bien-être des consommateurs, les données sur le niveau général des prix sont plus utiles, en particulier pour les groupes à faibles revenus ou les autres groupes vulnérables. La FAO a introduit le concept d’insécurité alimentaire, qui est employé par plusieurs pays pour le suivi des politiques publiques. Les États-Unis, par exemple, mesurent l’insécurité alimentaire au moyen d’une enquête menée auprès d’un échantillon représentatif des ménages, qui tient compte des différentes dimensions du concept (disponibilité, accessibilité, utilisation et stabilité). Toutefois, l’adoption d’une approche axée sur le bien-être suppose d’évaluer clairement et de dissocier différents facteurs, en particulier les obstacles économiques à une alimentation saine et suffisante. Il est indispensable de comprendre ces obstacles pour analyser les effets potentiels des mesures environnementales et d'atténuation du changement climatique sur la capacité des ménages à payer pour une alimentation saine. Un indicateur comparant les dépenses alimentaires des ménages à leur revenu permettrait de mesurer précisément la situation à cet égard. Pour aller plus loin, le prix d’un panier alimentaire sain pour les ménages (c’est-à-dire d’un apport nutritionnel suffisant comme défini, par exemple, par (Willett et al., 2019[52])) par rapport au revenu ajouterait des informations précieuses sur l’accessibilité financière d’une nourriture saine19. Disposer de cet indicateur par décile de revenu fournirait également des données utiles concernant l’impact distributif des politiques publiques.
Le cadre des ODD comprend des indicateurs utiles sur la prévalence de la sous-alimentation et les populations souffrant de pénuries alimentaires. Mais il est difficile de trouver des indicateurs convenables et précis sur les autres types de malnutrition. En effet, une alimentation saine est définie par une quantité équilibrée de différents éléments nutritionnels pour un individu donné. Les données globales sur les apports nutritionnels ne suffisent donc pas puisqu’elles ne rendent pas compte des inégalités : le total des apports peut être suffisant pour nourrir la population, mais il peut masquer d’importantes inégalités. En outre, dans beaucoup de maladies liées à une alimentation déséquilibrée (par exemple l’obésité, les problèmes cardiovasculaires, le diabète), plusieurs facteurs entrent en ligne de compte (la propension génétique, l'activité journalière des individus), et le rôle réel de l’alimentation est difficile à isoler. Bien qu’imparfaits, les indicateurs sur la prévalence de ces maladies sont néanmoins des substituts utiles pour mesurer les problèmes de malnutrition, car ils permettent de suivre indirectement l’évolution vers des régimes alimentaires plus sains, et peuvent être complétés par des estimations plus précises sur le rôle joué par la nourriture et les habitudes alimentaires. Les indicateurs de santé généraux, comme l’espérance de vie, peuvent également fournir des informations sur la manière dont l’agriculture peut se répercuter sur différentes dimensions du bien-être.
Tableau 6.4. Tableau récapitulatif : indicateurs de suivi des progrès en matière de sécurité alimentaire et d’alimentation saine, et liens avec les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE
Priorité |
Sous-objectifs |
Indicateurs proposés |
Indicateurs des ODD |
Domaines/dimensions du bien-être (OCDE) |
Indicateurs de bien-être de l’OCDE |
---|---|---|---|---|---|
Assurer la sécurité alimentaire et une alimentation saine |
Production alimentaire |
Volume de production par unité de travail, en fonction de la taille de l’exploitation agricole ou pastorale. |
Le cadre n'a pas d’indicateurs apparentés. |
Le cadre n'a pas d’indicateurs apparentés. |
|
Accès physique et financier à de la nourriture |
Indicateur des anomalies tarifaires pour les denrées alimentaires. |
Bien-être futur : ressources. Capital humain. État de santé. Bien-être actuel : qualité de vie. |
Le cadre n'a pas d’indicateurs apparentés. |
||
Alimentation saine. |
Degré d’intégration de l’éducation alimentaire dans : a) les politiques éducatives nationales b) les programmes scolaires c) la formation des enseignants d) l’évaluation des élèves |
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Bien-être futur : ressources. Bien-être actuel : qualité de vie. Capital humain. État de santé. |
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Conditions de vie et compétences des agriculteurs. |
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Revenu moyen des petits producteurs alimentaires, selon le sexe et le statut d’autochtone |
Bien-être actuel : conditions matérielles. Revenu et patrimoine. Emploi et salaire. |
|
1. Cet indicateur est inclus dans le cadre du bien-être de l’OCDE.
2. Cet indicateur est inclus dans les indicateurs de croissance verte de l’OCDE.
3. Cet indicateur a été élaboré par l’OCDE comme indicateur agro-environnemental.
4. Cet indicateur a été élaboré pour le suivi de la politique agricole commune de l’UE.
5. Cet indicateur a été élaboré par l’USDA.
6. Cet indicateur a été retenu par le BIP pour suivre les progrès accomplis en direction des Objectifs d’Aichi.
L’atténuation du changement climatique dans le système alimentaire demande aussi d’agir du côté des consommateurs. Des actions d’information sont donc essentielles pour faire connaître les répercussions de l’alimentation sur la santé, l’environnement et le climat. L’enseignement public semble être un moyen d'action efficace. En conséquence, ce rapport propose de suivre les politiques ciblées sur la demande par le biais d'un indicateur sur l’éducation alimentaire.
Les conditions de vie des agriculteurs déterminent la viabilité de l’agriculture à long terme et sont donc des facteurs clés de la sécurité alimentaire. Assurer une production alimentaire durable nécessite de maintenir et de développer une main-d’œuvre qualifiée. C’est la raison pour laquelle le revenu des agriculteurs est l’un des indicateurs de l’ODD 2 (« Faim « zéro » »). Mais les données sur les revenus devraient être complétées par d’autres sur les nombreuses autres dimensions des conditions de travail, notamment le respect des droits internationaux du travail par le secteur agricole, l’espérance de vie des travailleurs agricoles par rapport au reste de la population, et les risques professionnels.
Enfin, la mise en place d’une agriculture durable passe par un ajustement de la formation technique des agriculteurs. Les pratiques durables demandent souvent d’avoir une bonne connaissance des écosystèmes et de l’agronomie, car l’agriculture de précision repose sur l’optimisation et la réduction des intrants et prend en compte les facteurs environnementaux. Il serait donc souhaitable de mettre au point et suivre des indicateurs relatifs à la formation des agriculteurs pour estimer la capacité du secteur à répondre aux défis de la durabilité.
6.3.2. Limiter le changement climatique
Le système alimentaire peut intervenir dans le changement climatique en émettant des GES, en séquestrant du carbone dans les sols et dans la production agricole (végétale et animale), et en contribuant à atténuer les émissions des autres secteurs par la production durable de bioénergies (voir la section 6.1). Bien que le cadre des ODD ne comprenne pas d’indicateur sur les émissions de GES, il est facile de trouver ce type d'information – même au niveau sectoriel – car d'autres institutions (dont la FAO) ont élaboré des indicateurs sur les émissions de GES dans l'agriculture, qui permettent d’établir des comparaisons internationales. Le Tableau 6.5 propose un ensemble d'indicateurs afin de suivre la contribution de l’agriculture au changement climatique.
Une approche axée sur le bien-être nécessite d’élaborer un indicateur sur les empreintes carbone. Celles-ci sont difficiles à estimer car cela suppose de disposer de données sur toute la chaîne de valeur alimentaire, mais elles peuvent apporter des informations utiles si leur méthode d'évaluation est bien pensée. En se limitant à mesurer les émissions nationales directs, un indicateur d’émission des GES n’intègre pas l’impact sur le climat des denrées importées constitue néanmoins une limite.
Il est difficile de réunir des données sur la séquestration de carbone et le changement d’affectation des sols provoqués par l’agriculture car de nombreux facteurs entrent en jeu. La capacité de séquestration de carbone des sols agricoles dépend des pratiques agricoles (par exemple, l’agroforesterie capte du carbone) et de la qualité initiale des sols, deux éléments non pris en compte dans les indicateurs actuels. Il est indispensable de disposer d’un indicateur de ce type pour concevoir les politiques climatiques car la capacité de séquestration devrait être estimée régulièrement, idéalement au niveau des parcelles.
Les effets du système alimentaire sur le climat sont liés aussi à la manière dont le secteur modifie l’affectation des sols. Il n’est pas facile d’estimer l’impact précis de l’agriculture sur la déforestation. Cet impact varie considérablement d’une région à l’autre du monde, car l’étalement urbain perturbe également la répartition des terres et peut indirectement menacer des espaces boisés en déplaçant les terres agricoles. Preuve de cette hétérogénéité, la quasi-totalité de la déforestation enregistrée entre 2000 et 2010 (-7 millions d’hectares) s’est produite dans des zones tropicales ; à l’inverse, les superficies forestières ont augmenté en Amérique du Nord, en Europe et en Asie du Nord-Est, alors que les surfaces agricoles ont reculé (FAO, 2016[53]). De ce fait, pour analyser convenablement le rôle de l’agriculture dans la perte d’espaces naturels, il convient d’utiliser deux indicateurs complémentaires, faisant partie des indicateurs de croissance verte de l’OCDE : i) le pourcentage de végétation naturelle ou semi-naturelle convertie en terres cultivées, et ii) le pourcentage de terres cultivées converties en surfaces artificielles. L’analyse et la comparaison des tendances observées pour ces deux indicateurs pourraient aider à comprendre les facteurs favorisant la conversion des terres.
La production de bioénergies est essentielle pour stabiliser le climat. Son impact carbone doit être surveillé sur l’ensemble du cycle de vie, ce qui intègre d’une part les effets d'atténuation directs des bioénergies, et d’autre part les conflits probables avec la production alimentaire ou les espaces naturels pour l’utilisation des terres. Un premier ensemble d’indicateurs pourrait suivre la production des bioénergies de première génération et des plus récentes par le biais de leur contribution au secteur énergétique, c’est-à-dire les unités d’énergie produites (au total ou en pourcentage de la production énergétique totale). Une autre série d’indicateurs pourrait surveiller les surfaces de terres affectées à la production de bioénergies, au total, en pourcentage de l’occupation totale des terres, et en pourcentage des terres agricoles20. Le pourcentage des terres agricoles serait particulièrement utile pour évaluer les conflits d’utilisation des sols avec la production alimentaire, car la production de bioénergies ne coïncide pas forcément avec un plus grand usage des terres. En effet, certaines bioénergies sont obtenues au moyen de cultures intermédiaires, de résidus de culture (pour les biocarburants de seconde génération) ou par la méthanisation d’effluents d’élevage, et ne sont donc pas directement en conflit avec la production alimentaire.
Tableau 6.5. Tableau récapitulatif : indicateurs de suivi des progrès en matière de limitation du changement climatique, et liens avec les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE
Priorité |
Sous-objectifs |
Indicateurs proposés |
Indicateurs des ODD |
Domaines/ dimensions du bien-être de l’OCDE |
Indicateurs de bien-être de l’OCDE |
---|---|---|---|---|---|
Limiter le changement climatique |
Réduction des émissions de GES de l’agriculture |
|
Le cadre n'a pas d’indicateurs apparentés. |
Bien-être futur : ressources. Capital naturel |
|
Séquestration de carbone |
|
Le cadre n'a pas d’indicateurs apparentés. |
Bien-être futur : ressources. Capital naturel |
Superficie boisée. |
|
Contribution des bioénergies à l’atténuation dans d’autres secteurs |
|
Le cadre n'a pas d’indicateurs apparentés. |
Bien-être futur : ressources. Capital naturel. |
Le cadre n'a pas d’indicateurs apparentés. |
1. Cet indicateur est inclus dans le cadre du bien-être de l’OCDE.
2. Cet indicateur est inclus dans les indicateurs de croissance verte de l’OCDE.
3. Cet indicateur a été élaboré par l’OCDE comme indicateur agro-environnemental.
4. Cet indicateur a été élaboré pour le suivi de la politique agricole commune de l’UE.
5. Cet indicateur a été élaboré par l’USDA.
6. Cet indicateur a été retenu par le BIP pour suivre les progrès accomplis en direction des Objectifs d’Aichi.
6.3.3. Préserver un environnement sain et sûr (air, eau, sol et biodiversité)
L’environnement est jugé sain et sûr lorsque la qualité de l’air, de l’eau et du sol est bonne, et qu’il présente une grande diversité biologique. Toutes ces dimensions sont intrinsèquement liées dans la mesure où chacune dépend des autres (par exemple, la biodiversité ne peut s’épanouir sans une bonne qualité de l’air, de l’eau et du sol, et réciproquement).Le Tableau 6.6 propose un ensemble d’indicateurs pour suivre ces éléments.
Recueillir des indicateurs relatifs aux effets de l’agriculture sur la qualité de l’air et de l’eau n’est pas une tâche facile. Tout d'abord, le rôle exact de l’agriculture est compliqué à déterminer par le fait que beaucoup d’autres facteurs, comme les polluants industriels, domestiques ou générés par les transports, peuvent avoir des répercussions sur la qualité de l’air et de l’eau. Deuxièmement, le mesure de la qualité de l’air ou de l’eau comporte beaucoup de dimensions différentes étant donné la multiplicité des polluants potentiels (nitrates, phosphore, soufre, pesticides, etc.). Un indicateur complet devrait donc inclure toutes ces dimensions. Par exemple, la qualité écologique des bassins versants définie dans la directive sur l’eau de la Commission européenne21 englobe des critères physicochimiques et écologiques qui devaient être atteints avant 2015. L’OCDE fournit des indicateurs sur la pollution des eaux dans les zones agricoles, mais ne couvre pas les polluants agricoles ailleurs. Il serait utile de mettre au point un indicateur similaire sur la qualité de l’air, bien que la collecte des données correspondantes risque de coûter cher du fait de la précision des informations nécessaires.
Le cadre des ODD fournit de bonnes informations sur la qualité des sols en incluant un indicateur sur le pourcentage de terres dégradées, mais il est encore en cours d’élaboration et ne précise pas le type de terres dégradées (espaces boisés ou terres agricoles, par exemple). De plus, de nombreux facteurs peuvent provoquer la dégradation, y compris le changement climatique. L'impact de l’agriculture elle-même peut être estimé au moyen d’autres indicateurs existants, tels que le pourcentage de terres agricoles exposées à un risque d’érosion, ou le pourcentage de matière organique contenue dans les terres arables. Ni le cadre des ODD, ni celui du bien-être de l’OCDE ne comportent d’indicateur sur le rôle joué par certaines pratiques agricoles sur l’érosion des sols, car cet effet est difficile à estimer. En remplacement, le cadre des ODD propose un indicateur du carbone du sol, encore en cours de mise au point. L’USDA suit l’évolution du pourcentage du travail du sol dit « de conservation », qui a pour but de réduire l’impact négatif du travail du sol sur la qualité de celui-ci (voir le Tableau 6.2).
Pour pouvoir surveiller les impacts de l’agriculture sur la biodiversité, il est nécessaire d’élaborer des indicateurs sur l’état de la biodiversité et les pressions auxquelles elle est soumise. Peu d’indicateurs existants permettent de suivre précisément les impacts, même si ces derniers sont d’une manière générale bien connus et documentés. La biodiversité revêt de multiples dimensions et plusieurs autres aspects environnementaux peuvent faire l’objet d'un suivi, comme la diversité génétique (au sein d’une même espèce), la diversité des espèces et la diversité des habitats (OCDE, 2014[51]). Les indicateurs du cadre des ODD portent sur la diversité génétique et la diversité des espèces, plus précisément sur la diversité de la production végétale et animale dans l’agriculture. Le BIP suggère de suivre l’Objectif d’Aichi 7 (une gestion durable de l’agriculture, de l'aquaculture et de la sylviculture) au moyen de l’indice Planète vivante pour les milieux agricoles (permettant de suivre l’évolution des populations des espèces de vertébrés) et de l’indice des oiseaux des milieux agricoles, qui fait également partie des indicateurs agro-environnementaux de l’OCDE. L’indice des oiseaux des milieux agricoles mesure les fluctuations des populations de certaines espèces d’oiseaux qui ont besoin des terres agricoles pour nidifier ou se reproduire. Les oiseaux des milieux agricoles sont considérés comme de bons indicateurs de la santé des écosystèmes car les variations de leurs populations peuvent traduire les changements intervenant dans les populations d'autres types d’organismes (les insectes, par exemple), qu’il est plus difficile de mesurer. Cet indice est couramment utilisé et permet d’établir des comparaisons à la fois temporelles et internationales. Toutefois, il n’est qu’un indicateur indirect de l’impact de l’agriculture sur la biodiversité générale ou de la biodiversité des zones agricoles. Il présente notamment l’inconvénient de ne pas couvrir l’impact de l’agriculture sur la biodiversité dans d’autres espaces que les terres agricoles. En outre, la collecte des données nécessaires à cet indicateur repose sur le travail de groupes bénévoles et est donc tributaire de leur disponibilité (OCDE, 2019[54]).
Tableau 6.6. Tableau récapitulatif : indicateurs de suivi des progrès en matière de préservation de l’environnement, et liens avec les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE
Priorité |
Sous-objectifs |
Indicateurs proposés |
Indicateurs des ODD |
Domaines/ dimensions du bien-être (OCDE) |
Indicateurs de bien-être de l’OCDE |
---|---|---|---|---|---|
Préserver un environnement sain et sûr |
Qualité de l’air |
Taux de mortalité attribuable à la pollution de l’air dans les habitations et à la pollution de l’air ambiant. |
Bien-être actuel : qualité de vie. Qualité de l’environnement |
Qualité de l’air |
|
Qualité de l’eau |
|
Taux de mortalité attribuable à l’insalubrité de l’eau, aux déficiences du système d’assainissement et au manque d’hygiène. Indicateur du potentiel d’eutrophisation côtière et densité des débris de plastiques flottant en surface des océans |
Bien-être actuel : qualité de vie. Qualité de l’environnement |
Qualité de l’eau |
|
Diminution de la dégradation des sols |
Surface des terres dégradées, en proportion de la surface terrestre. |
Bien-être futur : ressources. Capital naturel |
|
||
Maintien de la biodiversité et des services écosystémiques |
Nombre de ressources génétiques animales et végétales destinées à l’alimentation et à l’agriculture sécurisées dans des installations de conservation à moyen ou à long terme. Proportion des variétés et races locales considérées comme en danger, hors de danger ou exposées à un risque d’extinction de niveau non connu. |
Bien-être futur : ressources. Capital naturel |
Espèces menacées |
1. Cet indicateur est inclus dans le cadre du bien-être de l’OCDE.
2. Cet indicateur est inclus dans les indicateurs de croissance verte de l’OCDE.
3. Cet indicateur a été élaboré par l’OCDE comme indicateur agro-environnemental.
4. Cet indicateur a été élaboré pour le suivi de la politique agricole commune de l’UE.
5. Cet indicateur a été élaboré par l’USDA.
6. Cet indicateur a été retenu par le BIP pour suivre les progrès accomplis en direction des Objectifs d’Aichi.
6.3.4. Une gestion durable des ressources naturelles de la planète
La gestion durable des ressources implique de les utiliser de manière efficace et éventuellement d'évoluer vers une économie circulaire. Les indicateurs des ODD ne suffisent pas à mesurer les progrès dans ces deux domaines et devraient donc être complétés. Le Tableau 6.7 propose un ensemble d’indicateurs.
Le cadre des ODD donne des informations limitées sur le degré d’efficacité de l’utilisation des ressources en eau et en matières dans l’agriculture. La part des prélèvements pour l’agriculture provenant de sources renouvelables semble être un indicateur crucial du caractère durable de l’utilisation de l’eau, mais ne dit rien sur l’efficacité de l’utilisation de l’eau, qui est aussi un levier possible pour réduire l’impact de l’agriculture sur les ressources en eau. Les pratiques d’irrigation plus efficaces limitent les pertes d’eau d’irrigation dans les bassins versants. Elles entraînent également la croissance d’espèces moins dépendantes de l’irrigation.
Dans cette section, nous proposons des indicateurs pour mesurer l’efficacité de l’utilisation de l’eau et des matières, sous la forme de la quantité de ressource consommée par valeur ajoutée de l’agriculture (la consommation correspond ici au pourcentage d’eau qui ne retourne pas dans son environnement une fois utilisée). Ces indicateurs permettraient aux décideurs de comprendre comment les politiques publiques et les pratiques peuvent améliorer l’efficacité d’utilisation des ressources, et – si des comparaisons internationales sont fournies – sur la possibilité de mettre en œuvre ailleurs des pratiques plus efficaces. Cependant, de plus en plus d’études empiriques montrent que les mesures prises pour améliorer l’efficacité d’utilisation des ressources peuvent avoir des effets indésirables sur les disponibilités totales en eau douce (Scheierling et Tréguer, 2018[55]), effets qui doivent être anticipés et surveillés avec attention.
Il serait intéressant également de surveiller l’utilisation des matières inorganiques, car une bonne partie des déchets produits dans le système alimentaire ne viennent pas de la nourriture elle-même mais de ses emballages. La réduction de ces déchets est indispensable car ils peuvent provoquer de graves dégâts environnementaux. C’est pourquoi le présent document propose de concevoir des indicateurs qui mesurent l’empreinte matérielle des aliments consommés, définie comme étant le poids des matières nécessaires à la consommation alimentaire finale.
Le cadre des ODD donne des informations sur le pourcentage des pertes et du gaspillage alimentaires, mais ne pose pas le problème de la circularité. Des indicateurs complémentaires sont nécessaires pour savoir comment les déchets alimentaires sont gérés, c’est-à-dire le pourcentage des déchets qui sont réutilisés dans le secteur agricole (comme engrais) ou en dehors (par exemple dans le secteur énergétique). De même, les indicateurs relatifs aux consommations de matières et d’eau, et sur leur efficacité, peuvent être complétés par d’autres sur la manière dont les ressources inutilisées ou gaspillées sont traitées.
Tableau 6.7. Tableau récapitulatif : indicateurs de suivi des progrès en matière de gestion durable des ressources naturelles de la planète, et liens avec les ODD et le cadre du bien-être de l’OCDE
Priorité |
Sous-objectifs |
Indicateurs proposés |
Indicateurs des ODD |
Domaines/dimensions du bien-être (OCDE) |
Indicateurs de bien-être de l’OCDE |
---|---|---|---|---|---|
Gérer de façon durable les ressources naturelles de la planète |
Économie circulaire |
Pourcentage des déchets alimentaires recyclés et exploités. |
Indice des pertes alimentaires et indice de gaspillage alimentaire. Taux de recyclage national, tonnes de matériaux recyclés |
Bien-être futur : ressources. Capital naturel. |
Le cadre n'a pas d’indicateurs apparentés. |
Utilisation efficace des ressources en eau |
|
Variation de l’efficacité de l’utilisation des ressources en eau. Niveau de stress hydrique : prélèvements d’eau douce en proportion des ressources en eau douce disponibles. |
Bien-être futur : ressources. Capital naturel. |
Prélèvements d’eau douce. |
|
Utilisation efficace des matières |
|
Empreinte matérielle, empreinte matérielle par habitant, empreinte matérielle par unité de PIB. |
Bien-être futur : ressources. Capital naturel. |
Le cadre n'a pas d’indicateurs apparentés. |
1. Cet indicateur est inclus dans le cadre du bien-être de l’OCDE.
2. Cet indicateur est inclus dans les indicateurs de croissance verte de l’OCDE.
3. Cet indicateur a été élaboré par l’OCDE comme indicateur agro-environnemental.
4. Cet indicateur a été élaboré pour le suivi de la politique agricole commune de l’UE.
5. Cet indicateur a été élaboré par l’USDA.
6. Cet indicateur a été retenu par le BIP pour suivre les progrès accomplis en direction des Objectifs d’Aichi.
6.3.5. Des indicateurs complets
L’approche axée sur le bien-être vise à analyser les politiques publiques sous tous les angles, c’est pourquoi les indicateurs proposés plus haut pourront être utilement complétés par des indicateurs transsectoriels sur le secteur alimentaire. Le cadre des ODD comprend un indicateur sur le pourcentage de production agricole durable, ainsi que plusieurs autres sur les pratiques adoptées par les responsables publics et les entreprises pour augmenter le degré de durabilité. Néanmoins, il n’existe pas de définition convenable et consensuelle de ce qui constitue une agriculture durable, puisque cette notion englobe de nombreuses dimensions différentes (impact sur l’environnement, viabilité, etc.) et est susceptible de varier selon les ressources et les circonstances (notamment les conditions climatiques). La FAO, en collaboration avec la Stratégie mondiale d’amélioration des statistiques agricoles et rurales, travaille à la mise au point d’un indicateur de ce type depuis 2015. L’indicateur est pluridimensionnel et comporte 11 sous-indicateurs et thèmes, couvrant la productivité, la rentabilité, le risque, les sols, l’eau, les engrais, les pesticides, la biodiversité, les salaires, l’insécurité alimentaire et les droits de propriété foncière. Par exemple, il est possible de réduire les émissions de GES en encourageant des régimes alimentaires plus sains. La nécessité de prendre des mesures sociales pour accompagner les hausses de prix dues à l’application de la taxe sur les GES devient aussi plus évidente lorsque l'on analyse les répercussions économiques et sociales au niveau du système alimentaire. Par rapport aux approches actuelles, les meilleures chances d’atténuer le changement climatique résident dans l’adoption d'une série de mesures variées et équilibrées couvrant l’ensemble du système alimentaire, qui en même temps améliorerait la durabilité du secteur, assurerait la sécurité alimentaire et contribuerait à d’autres objectifs de bien-être.
Assurer le bien-être suppose de maintenir un équilibre entre la fourniture de denrées alimentaires et les autres services écosystémiques (comme la régulation du climat et la qualité de l’eau), notamment ceux qui permettront de produire des aliments dans le futur. Le système de mesure employé pour guider le choix des politiques à mettre en œuvre et pour suivre les progrès réalisés doit rendre compte de l’impact des interventions sur les différentes dimensions du bien-être, tant aujourd’hui que dans le futur. C’est la seule manière de garantir que les considérations de durabilité soient intégrées dans l’élaboration des politiques publiques.
Un enjeu majeur pour le secteur de l'agriculture – et des systèmes alimentaires plus généralement – est de faire en sorte que l’affectation des sols contribue à la séquestration durable de carbone. De plus, la demande de bioénergies émanant d'autres secteurs de l’économie dans une optique d'atténuation ne doit pas compromette la sécurité alimentaire ou entraîner une conversion de terres contraire aux objectifs de durabilité avec les émissions de CO2 associées. Les scénarios d’atténuation les plus ambitieux donnent une place très importante aux bioénergies, ce qui pourrait poser problème pour la sécurité alimentaire et l’accessibilité financière des denrées alimentaires, ainsi que dans d’autres dimensions du bien-être. Les pays auront moins de mal à concilier les objectifs d’atténuation et les autres objectifs de bien-être s’ils parviennent à prendre rapidement des mesures d’atténuation qui diminuent la nécessité de déployer à grande échelle des technologies d’absorption du CO2 (par exemple la BECSC), à contenir l’augmentation de la demande énergétique et à obtenir des changements de comportement se traduisant par une évolution des régimes alimentaires (GIEC, 2018[5]).
6.4. Conclusion et présentation du chapitre 11
L’agriculture dont nous avons hérité au XXIe siècle représente l’une des plus importantes réalisations de la civilisation humaine en ce qu’elle produit de grandes quantités de denrées alimentaires, plus que suffisantes pour nourrir la population mondiale. Paradoxalement, elle est aussi la source de certains des plus grands défis qui se posent pour l’environnement, la santé et le bien-être général.
La manière dont la nourriture est produite actuellement a des retombées environnementales et climatiques significatives. En outre, la dégradation de la biodiversité – et donc des services écosystémiques – causée par la production agricole menace sa propre viabilité. Dans l’optique d’évoluer vers un secteur agricole durable, ce chapitre s’emploie à montrer que les politiques publiques en matière d’agriculture et d’atténuation du changement climatique doivent :
adopter une approche du système alimentaire qui analyse les leviers de changement tant du côté de l’offre (agriculture) que de la demande ;
regarder au-delà de la production alimentaire et des émissions de GES pour analyser la durabilité du secteur sur le plan des services écosystémiques et plus généralement du bien-être.
Les systèmes alimentaires sont à la jonction du bien-être et de la santé, de l’atténuation de la pauvreté, du changement climatique et de la protection de la nature. Ils offrent donc des possibilités uniques de réduire les émissions de GES et de stocker du carbone tout en minimisant les arbitrages à opérer et en créant des synergies avec d’autres objectifs de bien-être. Par exemple, il est possible de réduire les émissions de GES en encourageant des régimes alimentaires plus sains. La nécessité de prendre des mesures sociales pour accompagner les hausses de prix dues à l’application de la taxe sur les GES devient aussi plus évidente lorsque l'on analyse les répercussions économiques et sociales au niveau du système alimentaire. Par rapport aux approches actuelles, les meilleures chances d’atténuer le changement climatique résident dans l’adoption d'une série de mesures variées et équilibrées couvrant l’ensemble du système alimentaire, qui en même temps améliorerait la durabilité du secteur, assurerait la sécurité alimentaire et contribuerait à d’autres objectifs de bien-être.
Assurer le bien-être suppose de maintenir un équilibre entre la fourniture de denrées alimentaires et les autres services écosystémiques (comme la régulation du climat et la qualité de l’eau), notamment ceux qui permettront de produire des aliments dans le futur. Le système de mesure employé pour guider le choix des politiques à mettre en œuvre et suivre les progrès réalisés doit rendre compte de l’impact des interventions sur toutes les différentes dimensions du bien-être, tant aujourd’hui que dans le futur. C’est la seule manière de garantir que les considérations de durabilité soient intégrées dans l’élaboration des politiques publiques.
Un enjeu majeur pour le secteur de l'agriculture – et des systèmes alimentaires plus généralement – est de faire en sorte que l’affectation des sols contribue à la séquestration durable de carbone, et que la demande de bioénergies émanant d'autres secteurs de l’économie dans une optique d'atténuation ne compromette pas la sécurité alimentaire ou n’entraîne pas une conversion de terres contraire aux objectifs de durabilitéavec les émissions de CO2 associées. Les scénarios d’atténuation les plus ambitieux donnent une place très importante aux bioénergies, ce qui pourrait poser problème pour la sécurité alimentaire et l’accessibilité financière des denrées alimentaires, ainsi que dans d’autres dimensions du bien-être. Les pays pourront mieux concilier les objectifs d’atténuation et les autres objectifs de bien-être s’ils parviennent à prendre rapidement des mesures d’atténuation qui diminuent la nécessité de déployer à grande échelle des technologies d’absorption du CO2 (par exemple la BECSC), à contenir l’augmentation de la demande énergétique et à obtenir des changements de comportement se traduisant par une évolution des régimes alimentaires (GIEC, 2018[5]).
Une meilleure connaissance des causes et de la nature des arbitrages entre les objectifs des politiques permettront aux responsables publics de trouver un compromis entre les services fournis aujourd’hui et demain, ainsi qu’entre les services visibles (par exemple la fourniture de denrées alimentaires) et invisibles (par exemple le cycle du nitrate). Même si des priorités doivent être définies selon les objectifs, les arbitrages pourront être minimisées et les synergies favorisées, ce qui rendra les politiques publiques plus efficaces, politiquement acceptables et cohérentes (double alignement).
Le chapitre 11, dans la partie 2 de ce rapport, montre comment la politique agricole peut traduire dans les faits une approche axée sur le bien-être. Il étudie tout d’abord les différentes mesures qui peuvent contribuer aux priorités de bien-être définies plus haut, puis explore les avantages d’une vision systémique dans laquelle les politiques publiques intègrent toutes les composantes du système alimentaire, y compris le commerce, depuis les agriculteurs jusqu’aux consommateurs.
Références
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[23] Alpro (2010), Sustainable Eating-Part Understanding the Carbon Footprint of our Food, http://www.wrap.org.uk (consulté le 25 juin 2019).
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[39] Costanza, R. et al. (2014), « Changes in the global value of ecosystem services », Global Environmental Change, vol. 26, pp. 152-158, https://doi.org/10.1016/j.gloenvcha.2014.04.002.
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Notes
← 1. Le double alignement entre l’action climatique et les objectifs plus larges de bien-être humain et de développement durable signifie que : i) les politiques non climatiques doivent appuyer les efforts déployés pour atteindre les objectifs climatiques, au lieu de les entraver ; et ii) pour être plus attractives, les mesures d’atténuation du changement climatique doivent satisfaire d’autres objectifs sociétaux importants (un air non pollué ou une meilleure santé, par exemple) dont les effets ont des chances d’être visibles plus rapidement.
← 2. Par « systèmes alimentaires », on entend ici toutes les étapes nécessaires pour nourrir la population, depuis la production jusqu’à la transformation, la distribution, la consommation et l’élimination des denrées alimentaires (Gustavsson et al., 2011[60]).
← 3. Ce chiffre ne comprend pas les émissions de CO2 dues à l’agriculture. Les énergies fossiles consommées pour faire fonctionner les machines agricoles sont comptabilisées dans le secteur énergétique.
← 4. Source : FAOstat.
← 5. Les services écosystémiques sont les bénéfices que les êtres humains retirent d’écosystèmes fonctionnant bien. Ils comprennent des services de soutien (habitat), d'approvisionnement (nourriture, eau douce) et de régulation (régulation du climat, protection contre les ravageurs), et des services culturels (tourisme, loisirs, coutumes).
← 6. Voir par exemple le discours prononcé le 4 janvier 2018 par le ministre britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales : « Les pressions auxquelles notre environnement mondial va être soumis du fait de cette croissance (...) seront gigantesques – qu’il s’agisse des émissions de gaz à effet de serre dans notre atmosphère qui contribuent au réchauffement planétaire, de la désertification et de l’érosion des sols qui réduisent les espaces cultivables, de la déforestation qui fait disparaître des puits de carbone utiles et des habitats précieux, de la pollution de l’air due aux industries traditionnelles et à l’agriculture intensive qui pèse sur la santé, des déchets qui empoisonnent nos océans, ou de paysages extraordinaires menacés par de nouvelles constructions. L’inaction nous expose à la disparition progressive du patrimoine naturel dont dépend au bout du compte la croissance de la vie sauvage, humaine et économique »(Gove, 2018[61]).
← 7. Voir le chapitre 1 pour plus d’informations sur l’adoption d’une approche axée sur le bien-être.
← 8. La capacité à stocker de l’eau est plus élevée dans les sols contenant davantage de matière organique.
← 9. La biodiversité est définie ici comme étant « la variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes » (PNUE, 1994[57]).
← 10. Ce graphique vient du TEEB, un cadre modélisé par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement qui repose sur le calcul du coût complet et permet de mieux comprendre les origines des incohérences potentielles à l’intérieur du système alimentaire.
← 11. L’étude note aussi que l'impact direct du changement climatique sur les rendements n’a pas été évalué et que les gains retirés des actions d’atténuation du changement climatique sur le plan des pertes de rendement évitées pourraient être notables.
← 12. Le surpoids est défini par l’Organisation mondiale de la santé par un indice de masse corporelle supérieur à 25 (OMS, 2018[66]).
← 13. Il s'agit d'un chiffre moyen pour la population mondiale, qui ne s'applique pas à l’ensemble de la population partout. En effet, de nombreux groupes de population sont confrontés à des problèmes de sous-alimentation.
← 14. Il peut y avoir des exceptions, par exemple dans le cas de plantes cultivées dans des serres chauffées ou transportées par avion, où les émissions de GES par unité de protéine peuvent dépasser celles de certains produits animaux.
← 15. Les 20 Objectifs d’Aichi ont été définis à la Convention sur la biodiversité de 2010 dans le cadre du Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020.
← 16. Assurer un revenu équitable aux agriculteurs, accroître la compétitivité, rééquilibrer les pouvoirs dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire, agir contre le changement climatique, protéger l’environnement, préserver les paysages et la biodiversité, soutenir le renouvellement des générations, dynamiser les zones rurales, garantir la qualité des denrées alimentaires et la santé.
← 18. Pour tenir compte de ces difficultés, l’OCDE a lancé en 2017 le Réseau sur la productivité totale des facteurs agricoles et l’environnement, qui rassemble des experts dans l’optique de mettre en place un cadre coordonné pour établir un indicateur de « productivité totale des facteurs corrigée des incidences environnementales » permettant des comparaisons internationales.
← 19. Des recherches sur un indicateur de ce type sont menées dans le cadre du projet Changing Access to Nutritious Diets in Africa and South Asia (changer l’accès à une alimentation nutritive en Afrique et en Asie du Sud) engagé par la Friedman School of Nutrition de l’Université Tufts.
← 20. Les terres agricoles comprennent les terres arables (cultures temporaires, prairies temporaires, jardins maraîchers ou potagers, jachères temporaires), les cultures permanentes et les prairies et pâturages permanents.
← 21. Directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2000 établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau.