L’Égypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie ont démontré leur engagement à accélérer l’autonomisation économique des femmes par un certain nombre de réformes de fond. Les quatre pays sont conscients que la création de sociétés plus inclusives renforcera la compétitivité de leurs économies. La libération du potentiel des femmes peut en effet offrir des avantages économiques considérables. Si les femmes jouaient un rôle identique à celui des hommes dans la vie économique, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) pourrait voir son produit intérieur brut (PIB) augmenter de 47 %. Permettre l’autonomisation économique des femmes n’est pas seulement la bonne chose à faire ; c’est également la chose intelligente à faire.
En 2017, l’OCDE a publié le rapport intitulé L’autonomisation économique des femmes dans la région MENA : l’impact des cadres juridiques algérien, égyptien, jordanien, libyen, marocain et tunisien. Cette publication donne un aperçu des types de lois couvrant différents aspects de la vie des femmes mises en place dans ces six pays. Elle conclut que depuis les soulèvements de 2011, les pays ont inclus des dispositions sur la non-discrimination et/ou l’égalité hommes-femmes dans leurs Constitutions. Cependant, en dépit de cette avancée significative, il subsiste des cadres juridiques discriminatoires qui ne sont pas conformes aux constitutions et qui freinent l’autonomisation économique des femmes. Les défis à relever pour parvenir à une plus grande égalité entre les hommes et les femmes ne sont pas propres à la région MENA, car aucun pays au monde n’a atteint une égalité totale entre les sexes. Les rapports montrent que l’objectif de développement durable (ODD) 5 sur l’égalité hommes-femmes et l’autonomisation des femmes est l’objectif de développement durable sur lequel on enregistre le moins de progrès dans le monde.
Pour donner suite au rapport de 2017, l’OCDE a mené de 2017 à 2019 des consultations nationales approfondies avec divers acteurs dans les pays de la région MENA afin de discuter plus en détails des réformes récentes, y compris de leur mise en œuvre, et d’identifier les réformes prioritaires à mener pour soutenir l’autonomisation économique des femmes à l’avenir, en mettant particulièrement l’accent sur l’égalité juridique. Au cours des consultations nationales, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie ont demandé à l’OCDE de mener des recherches permettant de fournir des outils aux décideurs politiques et d’avoir un impact concret sur le terrain. Ce rapport est l’une des réponses à leur demande.
Le rapport comprend 24 études de cas analysant des réformes législatives, institutionnelles et politiques spécifiques en faveur de l’autonomisation économique des femmes, menées récemment en Égypte, en Jordanie, au Maroc et en Tunisie. Les études de cas examinent comment et pourquoi les réformes ont été mises en place, les acteurs impliqués, leur mise en œuvre et leur impact, ainsi que les facteurs clés de succès. Elles sont fondées sur des discussions avec les parties prenantes dans les pays concernés. Le rapport comprend également des encadrés approfondis analysant, sur la base d’études déjà menées, les initiatives en matière d’autonomisation économique des femmes, ainsi que des encadrés mettant en évidence des outils de réforme à l’intention des législateurs et des décideurs politiques.
Le rapport met en évidence dix facteurs de réussite des réformes, ainsi qu’un grand nombre de recommandations politiques détaillées et concrètes.
La manière dont les pays de la région MENA ont réagi à la crise du COVID-19 illustre les progrès qui ont été identifiés tout au long de ce rapport pour atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes. La pandémie de COVID-19 représente une opportunité pour les gouvernements de la région d’aller encore plus loin dans leurs efforts pour résoudre les problèmes structurels auxquels sont confrontées les femmes de la région MENA, et qui ont été exacerbés durant la crise.