Les infrastructures jouent un rôle clé dans le bon fonctionnement de nos sociétés en permettant la circulation des personnes, des biens et de l’information. Or nombre d’entre elles sont mises à mal, voire à l’arrêt par le dérèglement climatique et son cortège de tempêtes, d’inondations et de feux de forêt. Et d’après les projections, leur exposition aux répercussions du changement climatique ne fera que s’accentuer. Ce chapitre explique l’intérêt de mettre en place des infrastructures résilientes face au changement climatique dans le cadre d’efforts plus généraux d’amélioration de la durabilité et de la qualité des infrastructures. Il montre en quoi la résilience économique et sociale au changement climatique dépend de la capacité des infrastructures à s’adapter aux impacts climatiques et à les absorber. Ce chapitre offre un aperçu de la manière dont la planification, le financement et la conception doivent prendre en compte la résilience climatique, sujets traités plus en détail dans les autres chapitres du présent rapport.
Des infrastructures pour un avenir résilient face au changement climatique
1. Combler les lacunes en matière de résilience climatique des infrastructures
Abstract
Principaux éclairages sur l’action publique
Les infrastructures, comme d’autres actifs économiques, sont exposées aux effets croissants du changement climatique. La résilience climatique des infrastructures joue un rôle fondamental dans la capacité de la société et des économies à s’adapter aux effets négatifs de la variabilité du climat et aux phénomènes climatiques extrêmes, et à les absorber.
Des infrastructures résilientes face au changement climatique décrivent des infrastructures qui sont planifiées, conçues, construites et exploitées de manière à anticiper le changement climatique, à s’y préparer et à s’y adapter, tout en étant capables de résister aux perturbations provoquées par l’évolution des conditions climatiques et s’en remettre rapidement tout au long de leur cycle de vie. Cela concerne les nouveaux actifs ainsi que ceux existants, ces derniers pouvant nécessiter une rénovation ou une modification du mode d’exploitation afin de prendre en compte les répercussions du changement climatique.
Les infrastructures résilientes face au changement climatique ouvrent des possibilités importantes. Les mesures en faveur de la résilience climatique peuvent améliorer la durée de vie des infrastructures, protéger la rentabilité des investissements et assurer la continuité des activités. Les mesures en faveur de la résilience climatique diminuent les coûts des dommages et des réparations tout au long du cycle de vie des infrastructures.
Il est nécessaire de suivre plusieurs étapes pour garantir la résilience climatique des infrastructures. La première consiste à évaluer et à cerner les risques présents et futurs que le changement climatique fait peser sur les actifs d’infrastructure et leur exploitation, puis des les intégrer dans la planification et les décisions infrastructurelles. Les investissements dans la résilience climatique nécessitent des financements et une capacité technique appropriés. Les risques climatiques évoluant sans cesse, il est nécessaire d’évaluer les résultats des mesures en faveur de la résilience afin d’adapter l’exploitation et l’entretien en conséquence au fil du temps.
1.1. Introduction
Les infrastructures sont essentielles au bon fonctionnement de la société. Elles contribuent de manière cruciale au bien-être des gens et au fonctionnement de l’économie en permettant la circulation des personnes, des biens et des informations, en assurant la connectivité et en fournissant des ressources essentielles telles que l’eau ou l’énergie, qui participent au maintien de fonctions clés pour la société.
Les infrastructures sont grandement exposées aux impacts du changement climatique. Les tempêtes, les inondations ou les incendies causés par le changement climatique entraînent des défaillances et des dégradations massives des infrastructures. Le coût des dommages aux infrastructures causés par des phénomènes climatiques extrêmes représente deux tiers des passifs éventuels des pouvoirs publics (OECD/The World Bank, 2019[1]). Compte tenu des prévisions de changement climatique, les infrastructures devraient être de plus en plus exposées aux incidences du changement climatique.
En retour, les infrastructures peuvent également jouer un rôle primordial dans la création d’économies et de sociétés plus résilientes en réduisant leur vulnérabilité aux chocs climatiques actuels et futurs. Lorsque les infrastructures restent opérationnelles malgré un aléa climatique, les communautés et les entreprises peuvent continuer à fonctionner et mieux absorber les chocs ayant affecté leurs biens.
Des infrastructures résilientes face au changement climatique sont des infrastructures qui sont planifiées, conçues, construites et exploitées de manière à anticiper le changement climatique, à s’y préparer et à s’y adapter, tout en étant capables de résister aux perturbations provoquées par l’évolution des conditions climatiques et de s’en remettre rapidement tout au long de leur cycle de vie. Cela concerne les nouveaux équipements ainsi que ceux existants, ces derniers pouvant nécessiter une rénovation ou une modification du mode d’exploitation afin de prendre en compte les répercussions du changement climatique (OECD, 2018[2]).
Les infrastructures affichent une forte intensité capitalistique, avec des actifs ayant une durée de vie de plusieurs dizaines d’années ou siècles. Les décisions prises aujourd’hui concernant l’emplacement, la conception et la nature des infrastructures ont des effets à long terme : ces facteurs déterminent notamment si les investissements permettront de concrétiser les objectifs et d’obtenir les avantages escomptés pendant la durée de vie des infrastructures, ainsi que s’il sera nécessaire de les rénover dans le contexte du changement climatique.
Encadré 1.1. La résilience climatique comme élément crucial d’infrastructures résilientes, durables et de qualité
Des infrastructures résilientes face au changement climatique sont une composante essentielle des efforts plus larges déployés pour parvenir à des infrastructures résilientes. Au sens large, la résilience des infrastructures inclut la résilience face aux aléas naturels non liés au climat (comme les tremblements de terre), mais également aux risques d’origine humaine (comme les attaques terroristes ou les accidents industriels) (OECD, 2021[3]). L’OCDE définit cette capacité de résilience plus large comme l’« aptitude à résister, à absorber le choc, à retrouver un fonctionnement normal ou à s’adapter avec succès, face à un phénomène adverse ou à un changement de situation » (OECD, 2014[4]).
La résilience est une composante essentielle de l’investissement dans des infrastructures durables et de qualité, ainsi que de la conception de telles infrastructures. Ainsi, si ces concepts se recoupent, les infrastructures durables et de qualité renvoient à des concepts plus généraux que les infrastructures résilientes face au changement climatique. Les infrastructures durables comprennent les systèmes construits ou naturels qui fournissent un ensemble de services d’une manière qui garantit la durabilité économique, sociale et environnementale tout au long du cycle de vie des infrastructures (de la planification au démantèlement et à la requalification), conformément aux Objectifs de développement durable (OECD, 2021[3]). Les infrastructures durables sont donc un concept plus large, englobant les notions d’utilité, de viabilité, d’efficacité, de stabilité technique, de durabilité financière, de bonne gouvernance, tout en étant durables sur les plans environnemental et social, et en contribuant aux objectifs d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets. Les infrastructures de qualité correspondent à un concept encore plus large : en plus d’être alignées sur les Objectifs de développement durable et de contribuer à leur réalisation, elles visent à maximiser les effets sur les plans économique, social, environnemental et du développement (OECD, 2021[5]). En outre, ce concept met l’accent sur l’amélioration de l’efficacité économique de ces infrastructures tout au long du cycle de vie, tout en intégrant des facteurs environnementaux et sociaux et en améliorant la résilience. L’OCDE défend les infrastructures de qualité dans le cadre de plusieurs initiatives, notamment en soutenant la création du concept du G20 pour des investissements de qualité dans les infrastructures.
Source : OCDE (2014[4]), Recommendation of the Council on the Governance of Critical Risks, https://www.oecd.org/gov/risk/Critical-Risks-Recommendation.pdf; OCDE (2021[3]) Building Resilience New Strategies for Strengthening Infrastructure Resilience and Maintenance; OCDE (2021[5]), OECD Implementation Handbook for Quality Infrastructure Investment: Supporting a Sustainable Recovery from the COVID-19 Crisis, https://www.oecd.org/finance/OECD-Implementation-Handbook-for-Quality-Infrastructure-Investment.htm
Ce chapitre explique l’intérêt de la mise en place d’infrastructures résilientes face au changement climatique. Il met en évidence les possibilités associées à la création d’infrastructures résilientes face au changement climatique. Il donne un aperçu des étapes à suivre pour s’assurer que la résilience climatique soit intégrée à la planification, à la conception et à l’exploitation des infrastructures tout au long de leur cycle de vie. Ce tour d’horizon permet d’introduire les chapitres suivants, qui examinent ces questions de manière plus approfondie. Ce rapport s’appuie sur l’expérience des pays de l’OCDE et inclut des éclairages sur les particularités de l’amélioration de la résilience dans le contexte des pays en développement, notamment dans le chapitre 5 consacré à ce sujet.
1.2. Pourquoi créer des infrastructures résilientes face au changement climatique ?
1.2.1. Les dommages et les dégradations causés aux infrastructures par le changement climatique sont de plus en plus graves
Les gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère jusqu’à présent ont déjà entraîné un réchauffement très important et ont donc intensifié les risques climatiques. Les températures mondiales moyennes ont dépassé les niveaux préindustriels de plus de 1.4 °C en 2023 (Copernicus, 2023[6]). La plupart des territoires ont enregistré une hausse de la fréquence et de l’intensité des épisodes de précipitations abondantes depuis 1950 (IPCC, 2021[7]). De même, la durée, la fréquence et l’intensité des sécheresses ont augmenté dans de nombreuses régions du monde depuis le milieu du siècle dernier (Spinoni et al., 2014[8]). En Europe, les régions et le nombre de personnes touchés par des sécheresses ont progressé de près de 20 % entre 1976 et 2006 (European Commission, 2007[9]). La durée de la saison des feux1 a également augmenté de 27 % à l’échelle mondiale entre 1979 et 2019, avec des hausses significatives dans l’ouest de l’Amérique du Nord, en Europe du Sud, en Australie, en Asie occidentale et centrale, ainsi que dans la majeure partie de l’Afrique (Jones et al., 2022[10]) (OECD, 2023[11]). À ce jour, le niveau de la mer s’est élevé en moyenne de 21 à 24 cm par rapport aux niveaux préindustriels (NOAA, 2022[12]).
On observe d’importantes variations spatiales dans la manifestation de ces phénomènes. Bien que les températures augmentent dans le monde entier, l’impact des épisodes de chaleur extrême varie d’un pays à l’autre et au sein des pays. Il existe de fortes disparités territoriales en matière d’exposition des personnes et des biens au stress thermique (Graphique 1.1).
Au cours des cinquante dernières années, le nombre de phénomènes climatiques extrêmes a été multiplié par cinq (WMO, 2021[14]). En parallèle, les pertes économiques découlant des catastrophes ont été multipliées par sept entre les années 1970 et les années 2010, passant d’une moyenne de 198 milliards USD à une moyenne de 1 600 milliards USD (Graphique 1.2). Les actifs d’infrastructure représentent une part importante des dommages économiques, et multiplient à leur tour les pertes (p. ex., manque à gagner) pour les entreprises dont l’activité est perturbée à cause des perturbations des infrastructures.
Le changement climatique affecte les actifs d’infrastructure et leurs activités de différentes façons. Parmi les impacts du changement climatique sur les infrastructures figurent ceux causés par des phénomènes d’apparition lente, qui découlent de phénomènes qui durent longtemps (p. ex., disponibilité limitée des ressources en eau due à la sécheresse) et ceux occasionnés par des phénomènes météorologiques extrêmes (p. ex., tempêtes qui perturbent les réseaux de télécommunications), qui provoquent des dommages et des perturbations en quelques jours ou heures. Plusieurs secteurs des infrastructures sont menacés par différents aléas climatiques (Tableau 1.1). Par exemple, si les sécheresses peuvent fortement entraver le fonctionnement du transport fluvial, leur effet sur les transports ferroviaire, aérien et routier est limité. En revanche, des températures élevées peuvent affecter les infrastructures routières (autoroutes et aéroports), ainsi que les voies ferrées, sans avoir de conséquence sur les voies de transport maritime et fluvial (bien que les travailleurs puissent être affectés par la chaleur extrême). Globalement, l’ampleur des risques que représente le changement climatique pour les infrastructures dépend du type d’aléa climatique et des interactions avec la vulnérabilité et l’exposition des infrastructures à celui-ci.
Tableau 1.1. Les risques climatiques affectent différemment les infrastructures selon leur type
Type d’infrastructure |
Aléa climatique |
Impacts sur les infrastructures |
|
---|---|---|---|
Transport |
Voie terrestre (routes, voies ferrées) |
Chaleur extrême |
Ramollissement de la chaussée (ornières), dilatation thermique des rails (déformation) |
Précipitations extrêmes |
Lessivages, inondbetteration des routes et des voies ferrées |
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Crues fluviales |
|||
Ondes de tempête et élévation du niveau de mer |
Inondation et instabilité des routes côtières et des voies ferrées |
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Tempêtes, vents violents |
Blocage de routes et de voies ferrées dû à des arbres tombés et à d’autres équipements endommagés |
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Fonte du pergélisol |
Déformation et instabilité des routes et des voies ferrées |
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Voie fluviale |
Sécheresse |
Impraticabilité des voies de transport fluvial (temporaires/saisonnières) |
|
Crues fluviales |
Dommages aux ports, aux navires et aux marchandises ; impraticabilité temporaire des voies de transport fluvial |
||
Tempêtes, vents violents |
|||
Voie maritime |
Élévation du niveau de la mer et ondes de tempête |
Inondation de ports |
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Élévation des températures |
Évolution de la demande de ports ; les eaux arctiques deviennent navigables |
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Tempêtes, vents violents |
Dommages aux ports, aux navires et aux marchandises ; certaines voies de transport ne sont (temporairement) plus sûres |
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Énergie |
Hydroélectricité |
Sécheresse |
Réduction de la production d’hydroélectricité, avec risque d’actifs échoués si la baisse des niveaux d’eau persiste |
Inondations |
Dommages aux centrales hydroélectriques |
||
Énergie nucléaire |
Sécheresses ou températures élevées |
Disponibilité réduite de l’eau de refroidissement |
|
Crues fluviales |
Dommages aux actifs, problèmes de sûreté, pollution |
||
Élévation du niveau de la mer et ondes de tempête |
|||
Énergie solaire |
Températures extrêmes |
Efficacité réduite des panneaux solaires |
|
Ensemble du secteur de l’énergie |
Températures extrêmes |
Hausse de la demande de refroidissement, pressions accrues sur le réseau électrique |
|
Élévation du niveau de la mer, ondes de tempête |
Inondation des centrales électriques côtières, des lignes de transport et de distribution de l’électricité |
||
Incendies |
Dommages causés aux actifs de production d’électricité et aux lignes de transport et de distribution de l’électricité |
||
Crues fluviales |
Perturbation de l’approvisionnement en raison de l’inondation de lignes de transport d’électricité ou de centrales électriques |
||
Tempêtes, vents violents |
Coupures de courant, dommages causés aux actifs de production d’électricité et aux lignes de transport et de distribution d’électricité |
||
Télécommunications |
Chaleur extrême |
Surchauffe des centres de données |
|
Crues fluviales |
Inondation des centres de données, des stations de radio/télévision, des tours de télécommunications, des lignes de distribution, etc. |
||
Élévation du niveau de la mer et ondes de tempête |
|||
Précipitations extrêmes |
|||
Tempêtes, vents violents |
Dommages causés aux tours de télécommunications, aux lignes de distribution d’électricité |
||
Incendies |
Câbles de transport d’électricité et tours de télécommunications brûlés |
||
Approvisionnement en eau, infrastructures de gestion des eaux pluviales et des eaux usées |
Chaleur extrême |
Augmentation de l’évapotranspiration dans les retenues, besoin accru de traitement de l’eau |
|
Précipitations extrêmes |
Débordements de réseaux d’égouts, de barrages, de digues et de réservoirs, besoin accru de capacité de stockage de l’eau |
||
Crues fluviales |
Contamination des sources d’eau, débordements de barrages, de digues et de réservoirs, besoin accru de capacité de stockage de l’eau |
||
Sécheresse |
Diminution de la quantité d’eau disponible |
||
Élévation du niveau de la mer et ondes de tempête |
Salinisation des ressources en eau, inondation des infrastructures de traitement de l’eau. |
Note : Ce tableau illustre des aléas climatiques et des impacts qui pourraient affecter divers types d’infrastructure, mais ne constitue pas une liste exhaustive des types d’infrastructure, des aléas climatiques et de leurs répercussions.
Source : D’après (OECD, 2018[2]) et (IISD, 2021[16])
Les dommages causés aux infrastructures par des phénomènes météorologiques extrêmes ces dernières années fournissent des exemples concrets de la manière dont le changement climatique affecte les infrastructures. Par exemple, lors du passage de l’ouragan Sandy, les réseaux d’infrastructures des régions du Grand New York et du New Jersey ont subi des dommages directs s’élevant à environ 17.1 milliards USD (Martello et Whittle, 2023[17]). Les perturbations causées par les phénomènes météorologiques extrêmes affichent une tendance à la hausse. Aux États-Unis, le nombre de pannes de courant provoquées par des phénomènes météorologiques extrêmes a augmenté, passant de 5 à 20 coupures dans les années 1990 à 50 à 100 coupures au début des années 2010 (Castillo, 2014[18]) (Chang, 2016[19]). Le Tableau 1.2 présente une liste non exhaustive d’exemples de dommages causés aux infrastructures par des phénomènes extrêmes provoqués par le changement climatique récemment.
Tableau 1.2. Quelques phénomènes provoqués par le changement climatique ayant endommagé des infrastructures
Année |
Type de phénomène |
Lieu |
Lien avec le changement climatique |
Dommages causés aux infrastructures |
---|---|---|---|---|
2018 |
Incendie (« Camp Fire ») |
États-Unis |
Sous l’effet du changement climatique, la fréquence des conditions météorologiques extrêmes ayant facilité l’incendie a doublé. (Williams et al., 2019[20]) (Goss et al., 2020[21]) |
19 000 structures détruites, dont des maisons, des écoles et des édifices commerciaux (Fischer et al., 2021[22]). |
2019 |
Tempête (« typhon Hagibis ») |
Japon |
Il apparaît que le typhon avait 67 % plus de chances d’apparaître du fait du changement climatique. (Li et Otto, 2022[23]) |
Digues détruites à 135 endroits ; 10 trains et 120 wagons endommagés dans un dépôt inondé. En raison des dommages causés aux infrastructures électrique et hydrique, 22 000 foyers ont été privés d’électricité, et 133 000 d’eau pendant plus de deux semaines. (Tulane University Law School, 2021[24]) |
2021 |
Inondations de la vallée de l’Ahr |
Allemagne |
Le changement climatique a accru l’intensité des précipitations associées aux inondations de 3 à 19 % et multiplié leur risque de survenue par 1.2 à 9 (Tradowsky et al., 2023[25]). |
Plus de 50 ponts, 600 km de voies ferrées et trois autoroutes fédérales endommagés et inutilisables pendant des mois. Dommages directs et indirects causés aux bâtiments et aux infrastructures et au secteur des transports estimés à environ 14 milliards EUR. (Prognos, 2022[26]) |
2022 |
Sécheresse |
Europe |
On estime que la sécheresse avait 5 à 20 fois plus de chances de survenir à cause des températures élevées associées au changement climatique. (Schumacher, 2022[27]) |
Diminution de 30 % de la production d’hydroélectricité durant les 6 premiers mois de 2022 pour EDF, le fournisseur d’électricité français, ce qui a entraîné un manque à gagner de 1.4 milliard EUR (S&P Global, 2022[28]). Plusieurs perturbations du transport fluvial sur le Danube et le Rhin. (CCNR, 2023[29]) |
Les répercussions du changement climatique peuvent être encore plus importantes dans les pays en développement, en raison des ressources et de la capacité d’adaptation limitées, ainsi que de l’inadéquation des infrastructures (chapitre 5). En outre, les inégalités, qui se manifestent par exemple dans les conditions de logement ou l’accès aux services de soins de santé et d’infrastructure, aggravent la vulnérabilité aux perturbations des infrastructures dans de nombreux pays en développement. En 2019, à la suite d’une sécheresse en Inde, les réservoirs se sont asséchés dans la ville de Chennai, ce qui a eu des effets disproportionnés sur les habitants pauvres (Sebastian, 2022[31]). En 2023, deux grands barrages ont cédé après de violentes tempêtes dans la ville de Derna, en Libye, entraînant la mort de 4 300 personnes et le déplacement de 40 000 autres au moins (Zachariah, 2023[32]).
Les effets du changement climatique peuvent être plus marqués à certains endroits des pays. Par exemple, les villes sont particulièrement touchées par les vagues de chaleur, étant donné que les températures y sont généralement plus élevées que dans les zones environnantes en raison du phénomène d’îlot de chaleur urbain. Au cours des cinq dernières années, près de la moitié des villes de l’OCDE ont enregistré un phénomène d’îlot de chaleur urbain supérieur à 3 °C en journée l’été (OECD, 2022[33]). La répartition spatiale variable des aléas climatiques, qui vient s’ajouter aux différences dans les caractéristiques physiques, économiques et sociales des régions et des villes, signifie qu’il y a une forte dimension spatiale à prendre en compte (voir chapitre 6).
1.2.2. La défaillance des systèmes d’infrastructure se répercute sur l’économie, les communautés et l’environnement
Étant donné que la majorité des actifs d’infrastructure ont des liens d’interdépendance avec d’autres systèmes et que diverses fonctions économiques et sociétales s’appuient sur ces actifs, la défaillance des infrastructures peut avoir des répercussions en cascade très variées (Vallejo et Mullan, 2017[34]). En Angleterre, 20 millions de propriétés risquent d’être touchées par une interruption des services collectifs durant une inondation, un chiffre huit fois supérieur à celui du nombre de propriétés (2.4 millions) exposé à un risque d’inondation fluviale ou côtière, ce qui illustre l’ampleur des dommages indirects (Hall et al., 2019[35]). Les inondations survenues en Thaïlande en 2011, provoquées par une mousson particulièrement intense, ont entraîné d’énormes dégradations et des perturbations des infrastructures, notamment la fermeture pendant plusieurs mois de l’aéroport Don Mueang de Bangkok. Le coût des réparations s’est élevé à 52 millions USD (Riverside Technology, 2014[36]). Les dommages causés aux usines thaïlandaises par les inondations ont perturbé les chaînes d’approvisionnement dans le monde entier. Au Canada et aux États-Unis, la production de véhicules a chuté de 50 % dans les usines de Honda (Riverside Technology, 2014[36]). De même, la sécheresse ayant affecté le Rhin (et les pénuries d’eau subséquentes) en 2018 a empêché le transport de marchandises 80 % des jours entre juin et décembre (Prognos, 2022[37]), ce qui a eu de graves conséquences sur les usines qui dépendaient du fleuve pour le transport des matières premières et des produits dans la région allemande de la Ruhr. L’interruption de la chaîne logistique d’approvisionnement en produits chimiques et pétroliers, minerais et autres matières premières et biens a entraîné une perte de 5 milliards EUR pour l’économie allemande au deuxième semestre 2018 (CCNR, 2019[38]).
En touchant les biens et les services fondamentaux, les dommages directs et indirects causés aux infrastructures ont des répercussions sociales majeures. Durant les ouragans Irma et Maria en 2017, les infrastructures de télécommunication sur les îles de Porto Rico, Saint Martin, la Dominique et Antigua-et-Barbuda ont été détruites au moment précis où elles s’avéraient indispensables pour émettre des alertes de conditions météorologiques extrêmes et appuyer les interventions d’urgence (GSMA, 2018[39]). Les dommages aux actifs d’infrastructure peuvent également perturber les déplacements des personnes. En 2012, l’ouragan Sandy a restreint les déplacements de 5.4 millions de passagers (Vallejo et Mullan, 2017[34]). De la même manière, lors de la grande tempête de neige de 2008 en Chine, 5.8 millions de personnes ont été bloquées dans des gares, tandis que 200 000 véhicules avec 60 000 passagers ont été immobilisés par le gel et la neige sur un segment d’autoroute dans la seule province du Hunan (Zhou et al., 2011[40]). Les pannes d’électricité associées à la perturbation des infrastructures peuvent également affecter de nombreuses personnes. La tempête de neige susmentionnée a endommagé le réseau électrique de la province du Hunan à un tel point que la ville de Chenzhou, qui compte 4 millions d’habitants, a été privée de courant pendant plusieurs semaines durant les célébrations du Nouvel An chinois (Zhou et al., 2011[40]). Après le passage de l’ouragan Katrina en 2005, 2.7 millions de personnes se sont retrouvées sans électricité (Hall et al., 2019[35]). De même, en 2021, le typhon Rai (Odette) ayant frappé les Philippines a privé de courant 269 villes et municipalités, et 348 autres ont subi des coupures de réseau (OCHA, 2021[41]). Lors de la vague de chaleur de 2009 en Australie, un demi-million de personnes ont été privées d’électricité à Melbourne, le stress thermique ayant provoqué des pannes sur le réseau de transport d’électricité (McEvoy, Ahmed et Mullett, 2012[42]).
Les dommages aux écosystèmes associés aux perturbations des infrastructures peuvent également être significatifs. En 2012, aux États-Unis, l’ouragan Sandy a entraîné le déversement de près de 42 milliards de litres d’eaux usées, contaminant les systèmes d’eau douce (Kenward, Yawitz et Raja, 2013[43]) Après l’effondrement de deux grands barrages à Derna, en Libye, à la suite de la tempête Daniel en 2023, des sédiments et des débris pollués ont inondé une partie du parc naturel El Kour, entraînant des effets néfastes pour la faune dans des zones lagunaires côtières protégées par la Convention de Ramsar (CEOBS, 2023[44]).
1.2.3. Le changement climatique exercera une pression accrue sur les infrastructures à l’avenir
En l’absence de mesures rapides pour atténuer les gaz à effet de serre, les températures terrestres continueront à augmenter et donc à exposer de plus en plus les infrastructures aux risques climatiques. Par exemple, la surface terrestre inondée pendant une tempête centennale devrait augmenter de 64 % d’ici la fin du XXIe siècle dans un scénario d’émissions élevées (RCP 8.5), avec de fortes variations géographiques (voir chapitre 6). Une telle tempête menacera 1.9 million de foyers supplémentaires, qui représentent 882 milliards USD en termes de risques d’inondation sur le seul territoire des États-Unis (IUCN, 2020[45]). En Europe, les dommages causés aux infrastructures par les phénomènes météorologiques extrêmes devraient être multipliés par dix d’ici 2100 en l’absence de mesure d’adaptation, atteignant 3.4 milliards EUR par an (Forzieri et al., 2018[46]). En Alaska, aux États-Unis, les dommages totaux cumulés qui seront causés aux infrastructures sont estimés à 5.5 milliards USD dans un scénario d’émissions élevées (RCP 8.5) et à 4.2 milliards USD dans un scénario d’émissions modérées (RCP 4.5) d’ici la fin du XXIe siècle, en l’absence de mesure d’adaptation (Melvin et al., 2017[47]).
Le changement climatique aura une incidence marquée sur les infrastructures électriques. L’efficacité des centrales thermiques et nucléaires devrait diminuer sous l’effet de la multiplication des épisodes de sécheresse et de la hausse des températures (Hallegate, Rentschler et Rozenberg, 2019[48]). Une augmentation de la température de 1 °C réduit déjà la production nucléaire de 0.8 % (Linnerud, Mideksa et Eskeland, 2011[49]), tandis que l’efficacité des systèmes photovoltaïques diminue de 0.5 % (Patt, Pfenninger et Lilliestam, 2013[50]) (Hallegate, Rentschler et Rozenberg, 2019[48]). D’après les estimations, la capacité hydroélectrique utilisable pourrait diminuer de 61 à 74 % d’ici 2040-69 dans un scénario d’émissions faibles (RCP 2.6) à élevées (RCP 8.5) du fait de la réduction de l’écoulement associé au changement climatique dans les zones où se situent la plupart des centrales hydroélectriques (van Vliet et al., 2016[51]). De même, la capacité thermique utilisable devrait diminuer de 81 à 86 % d’ici 2040-69 en raison de la réduction de l’écoulement et de la hausse des températures de l’eau (van Vliet et al., 2016[51]). Par ailleurs, l’élévation du niveau de la mer entraînée par le changement climatique pourrait rendre nécessaire le déplacement des centrales. Environ 30 % de la capacité de production d’électricité du Bangladesh devra être déménagée entre 2030 et 2100 en raison des inondations provoquées par l’élévation du niveau de la mer (Khan, Alam et Alam, 2013[52]).
De même, le changement climatique aura une incidence sur les infrastructures de transport. Dans un scénario d’émissions modérées (RCP 4.5), 6.8 millions de kilomètres d’actifs de transport ferroviaire et routier seront exposés à des précipitations extrêmes plus fréquentes d’ici le milieu du XXIe siècle, et ce chiffre passera à 11 millions de kilomètres d’ici la fin du siècle (Liu et al., 2023[53]). Parmi les zones particulièrement exposées figurent la côte est de l’Amérique du Nord, de vastes secteurs de l’Europe, le Japon, la péninsule coréenne et la côte est de la Chine (Graphique 1.3). Aux États-Unis, les infrastructures ferroviaires et routières exposées aux précipitations extrêmes dépasseront 1.14 million de kilomètres (soit un tiers des actifs totaux de transport) d’ici le milieu du siècle et 2 millions de kilomètres (deux tiers des actifs totaux) d’ici la fin du XXIe siècle. En Chine, près de 1.3 million de kilomètres et plus de 1.9 million de kilomètres de routes seront exposés à des précipitations extrêmes d’ici le milieu et la fin du XXIe siècle respectivement (Liu et al., 2023[53]). En outre, 13 000 kilomètres de routes et 100 aéroports risquent d’être endommagés par la fonte du pergélisol dans la région arctique d’ici 2050 selon le même scénario climatique, touchant près de quatre millions de personnes (Hjort et al., 2018[54]). Si un scénario d’émissions élevées se concrétise (RCP 8.5), en Europe, près de 200 aéroports et plus de 850 ports maritimes seront exposés à un risque d’inondation d’ici 2080 en raison de l’élévation du niveau de la mer et des ondes de tempête (Christodoulou A. et Demirel H., 2018[55]). À l’échelle mondiale, l’activité de 14 % des ports maritimes mondiaux devrait être exposée à un risque élevé de divers impacts du changement climatique dans un scénario d’émissions élevées (RCP 8.5) d’ici la fin du XXIe siècle (contre moins de 4 % des ports à l’heure actuelle) (Graphique 1.4), les inondations côtières et les débordements provoqués par l’élévation du niveau de la mer entraînant la plus forte hausse des perturbations opérationnelles.
Les infrastructures hydrique et d’eaux usées seront également confrontées à des impacts notables découlant du changement climatique. L’évolution attendue des précipitations mettra à rude épreuve la résilience de plusieurs étendues d’eau. Dans les scénarios d’émissions moyennes (RCP 4.5) et élevées (RCP 8.5), la quantité d’eau fournie par le réservoir Descoberto, au Brésil, devrait diminuer de 15 à 50 %, par exemple (Chaves, da Silva et Fonseca, 2023[57]). Au Royaume-Uni, les pénuries d’eau provoquées par les épisodes de sécheresse pourraient coûter jusqu’à 40 milliards GBP (selon un scénario d’émissions modérées avec un climat sec et une forte croissance démographique) au cours des 30 prochaines années (NIC, 2018[58]). Dans un scénario d’émissions modérées (RCP 4.5), 208 millions de personnes en Chine pourraient être exposées à l’inondation des stations d’épuration des eaux usées d’ici le milieu du siècle en raison de la hausse de la fréquence de la période de retour des inondations de un à trente ans (Hu et al., 2019[59]).
L’évolution des conditions climatiques, combinées à d’autres phénomènes démographiques et économiques, influera également sur les besoins sociétaux en matière d’infrastructures. Par exemple, la multiplication des aléas climatiques renforcera le besoin d’actifs d’infrastructure ayant une fonction de protection, comme des digues de mer ou des récifs à huîtres et des mangroves, afin de protéger les gens et les actifs de l’élévation du niveau de la mer et de l’intensification de l’érosion côtière. Le chapitre 4 examine en quoi les solutions fondées sur la nature peuvent contribuer à répondre à cette évolution des besoins d’infrastructure.
1.3. L’occasion de renforcer la résilience face au changement climatique
Si les mesures en faveur de la résilience climatique peuvent améliorer la durée de vie de l’infrastructure, elles jouent également un rôle essentiel pour protéger la rentabilité des investissements et assurer la continuité des activités. Si les mesures en faveur de la résilience climatique peuvent faire augmenter les coûts lors de la phase de conception et de mise en œuvre, elles confèrent des avantages considérables. Le fait de consacrer de l’argent à l’améliorer de la résilience des infrastructures en amont peut réduire les coûts de réparation et les besoins d’entretien dans le temps, ainsi que faire diminuer le coût des interruptions de services et des dommages. Par exemple, avec les projets de renforcement de la résilience face aux dommages causés par le vent et l’eau en Floride, les États-Unis ont évité des pertes de plus de 81 millions USD lorsque l’ouragan Matthew a frappé le pays en 2016, ce qui dépasse de loin le coût de mise en œuvre des mesures de réduction des risques de 19.2 millions USD (C2ES, 2018[60]). De même, si rendre les infrastructures de transport résilientes aux futures inondations représente entre 3 % et 10 % des coûts d’investissement d’un projet d’après les estimations, les futurs coûts annuels des dommages causés par les inondations pourraient être réduits de 42 % (Hall et al., 2019[35]). Dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, on estime que la construction d’infrastructures plus résilientes a entraîné un bénéfice net de 4.2 milliards USD, rapportant 4 USD pour chaque dollar des États-Unis investi (Hallegate, Rentschler et Rozenberg, 2019[48]). En Chine, chaque yuan investi dans la résilience face au changement climatique des infrastructures pourrait offrir un rendement de 2 à 20 CNY sur une période de 30 ans (Ding et al., 2021[61]). Par exemple, les bénéfices découlant d’un investissement dans des infrastructures de « ville éponge » pour améliorer la résilience de la ville de Wuhan (Chine) aux précipitations sont deux fois supérieurs aux coûts sur 30 ans, grâce aux coûts socioéconomiques évités de la saturation des sols en eau, à la réduction des coûts de lutte contre la pollution de l’eau et à l’amélioration de l’alimentation des nappes souterraines (Ding et al., 2021[61]).
D’autres retombées sociales, environnementales et économiques bénéfiques peuvent inciter encore davantage à investir dans des infrastructures résilientes face au changement climatique. D’après les estimations, chaque milliard de dollars des États-Unis investi dans des infrastructures résilientes face aux inondations dans le pays pourrait créer 40 000 emplois (Khan, McComas et Ravi, 2020[62]). Si les aspects environnementaux doivent être surveillés de près pour éviter d’éventuels arbitrages, les mesures en faveur de la résilience climatique peuvent également être profitables à l’environnement. Par exemple, le fait d’avoir rendu l’écluse du lac Mälaren résiliente face au changement climatique a permis au lac d’atteindre un équilibre hydrique plus naturel que la structure précédente, ce qui a bénéficié aux plantes et à la faune présentes au bord du lac et à ses sites protégés Natura 2000 (Vallejo et Mullan, 2017[34]). Les solutions fondées sur la nature permettent de renforcer la résilience face au changement climatique tout en ayant un large éventail de retombées sociales et écosystémiques bénéfiques (chapitre 4). Par exemple, la remise en état d’environ 6 km de récifs à huîtres à Mobile Bay (Alabama, États-Unis) a aidé à protéger le littoral de l’érosion côtière en réduisant l’énergie et la hauteur des vagues de 91 % et 53 % respectivement, tout en fournissant l’équivalent en fruits de mer de la moitié des récoltes d’huîtres de l’Alabama et en faisant diminuer la pollution par l’azote (World Bank et World Resources Institute, 2022[63]).
En outre, le report des mesures pourrait s’avérer coûteux. Le report des mesures en faveur de la résilience climatique des infrastructures peut entraîner des dommages aux infrastructures et des perturbations de service, ainsi que des coûts découlant des réparations et des rénovations nécessaires. Dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, le coût d’un report de dix ans des investissements dans la résilience climatique des infrastructures a été estimé à 1 000 milliards USD (Hallegate, Rentschler et Rozenberg, 2019[48]).Aux États-Unis, les réparations des routes liées à la hausse des températures devraient atteindre 200 à 300 milliards USD en cumulé d’ici 2100 en l’absence de mesure d’adaptation (Chinowsky, 2022[64]). L’adoption rapide de mesures en faveur de la résilience climatique peut donc contribuer à des économies de coût et offre des avantages comparatifs en fournissant des services d’infrastructure solides et fiables.
1.4. Comment mettre en place la résilience face au changement climatique des infrastructures ? Aperçu du reste de ce rapport
Le renforcement de la résilience face au changement climatique implique plusieurs étapes distinctes illustrées par le Graphique 1.5. Ce chapitre présente brièvement chacune de ces étapes, mais les chapitres suivants du présent rapport les décriront de manière plus détaillée. Tout d’abord, il convient d’évaluer les risques actuels et futurs que fait peser le changement climatique sur les actifs d’infrastructure. Les risques climatiques doivent ensuite être intégrés à la planification et à la prise de décision liées aux infrastructures. Puis, pour garantir la résilience climatique des actifs, des mesures physiques et opérationnelles doivent être mises en œuvre, soutenues par un financement et une capacité technique adaptés. Enfin et surtout, il est important de suivre les projets d’infrastructure dans le temps afin d’adapter les activités d’exploitation et d’entretien à l’évolution des risques climatiques.
1.4.1. Évaluation et compréhension des risques climatiques
L’évaluation des risques climatiques est la première étape du processus de mise en place d’infrastructures résilientes face au changement climatique. Selon la définition du GIEC, les risques climatiques découlent de l’interaction entre des aléas climatiques (causés par une tendance ou un phénomène lié au changement climatique) et la vulnérabilité (sensibilité aux effets préjudiciables) et l’exposition des biens et des personnes à ceux-ci (IPCC, 2014[65]).
La plupart des pays de l’OCDE ont réalisé des évaluations nationales des risques climatiques, qui incluent le secteur des infrastructures, bien que dans différentes mesures (OECD, 2018[2]). Souvent, les données sur les risques climatiques ne sont pas présentées à une échelle suffisamment petite pour éclairer l’évaluation des risques pour chaque actif d’infrastructure. Compte tenu de la forte dimension spatiale des risques et des vulnérabilités liés au climat, il s’avère pertinent d’adopter une approche territorialisée pour comprendre les répercussions locales (chapitre 6). Les travaux de l’OCDE visant à fournir des données infranationales sur les aléas climatiques contribuent substantiellement à combler ce déficit de connaissances (voir la plateforme OECD Laboratory for Geospatial Analysis).
En plus de comprendre les risques climatiques actuels, il est important d’évaluer les futurs risques prévus. Dans le contexte du changement climatique, la fréquence et l’intensité des effets climatiques devraient évoluer. Si les pays de l’OCDE ont réalisé de nombreuses projections des futurs aléas climatiques, l’intégration de ces travaux dans les modèles de risque reste limitée (OECD, 2023[11]).
Lorsqu’on analyse les risques pesant sur les actifs d’infrastructure, il est importance de recenser les interdépendances entre les actifs et les réseaux d’infrastructure. Étant donné que les effets du changement climatique peuvent se répercuter sur les systèmes d’infrastructure (section 1.2.2), il est essentiel de comprendre de quelle manière les interdépendances affectent les réseaux d’infrastructure afin de minimiser ces effets (OECD, 2018[2]). Pour comprendre ces interdépendances et ces risques communs potentiels, il est indispensable que les exploitants des infrastructures collaborent. Le réseau d’alerte concernant les infrastructures critiques (Critical infrastructure Warning Information Network) de l’Union européenne, qui facilite le partage d’informations sur les différents types de risques et de vulnérabilités, ainsi que de mesures et de stratégies pouvant réduire les risques pesant sur les infrastructures essentielles, est un exemple d’une telle collaboration (OECD, 2018[2]) (European Commission, s.d.[66]). Une simulation de crise peut également constituer un outil intéressant pour déterminer comment les infrastructures fonctionneront dans les futurs scénarios climatiques. Un tel cadre conceptuel évalue les endroits où des défaillances pourraient apparaître dans le système sous l’effet de phénomènes perturbateurs graves ou plausibles (épisodiques ou prolongés), en mesurant la capacité des systèmes à y résister, ainsi qu’à surmonter ces perturbations (Linkov et al., 2022[67]) (OECD, 2018[2]). Appliquée à l’examen de l’interdépendance dans les systèmes, la simulation de crise peut être utilisée pour comprendre les effets en cascade déclenchés par le changement climatique dans les réseaux d’infrastructure et au-delà (Linkov et al., 2022[67]).
1.4.2. Prise en compte des risques climatiques dans les processus de planification et de prise de décision liés aux infrastructures
Une fois les risques climatiques recensés et évalués, il est indispensable de veiller à ce qu’ils soient pris en compte dans les processus de planification et de prise de décision tout au long du cycle de vie des infrastructures. Plusieurs outils ont été mis au point pour faciliter l’intégration de la résilience climatique aux différentes étapes du cycle de vie des infrastructures. Avant de définir les projets, les pouvoirs publics à tous les paliers peuvent préparer et concevoir des plans de développement urbain, régional ou national résilients face au changement climatique (Encadré 1.2), ainsi que les plans spatiaux et les plans directeurs qui les accompagnent, afin d’établir de manière stratégique ce qui peut être construit et où (chapitre 6). Cette méthode garantit que les risques climatiques sont pris en compte dans le cadre de l’environnement bâti global, ce qui permet de comprendre les interactions avec les autres infrastructures et les actifs hors infrastructure (OECD, 2023[68] ; OECD, 2023[69]). La coordination des différents niveaux d’administration est essentielle pour la planification spatiale étant donné que ce sont les collectivités territoriales qui possèdent les compétences clés en la matière (OECD, 2017[70] ; OECD, 2013[71]). Lors de la phase d’évaluation des projets, par exemple, il est possible de réaliser une étude d’impact sur l’environnement (EIA) qui, entre autres incidences sur l’environnement, évalue si un projet aggrave les effets du changement climatique ailleurs, ainsi que la vulnérabilité au changement climatique. Au sein de l’Union européenne, la directive 2011/92/EU a rendu les EIA obligatoires pour certains projets de grande ampleur. Elle a été modifiée par la directive 2014/52/EU, qui met davantage l’accent sur l’adaptation et la résilience liées au changement climatique lors des phases de sélection, de détermination de la portée et d'évaluation des projets (Vallejo et Mullan, 2017[34]) (European Committee of the Regions, s.d.[72]).
L’un des principaux défis de la planification et de la prise de décision liées à la résilience des infrastructures est l’incertitude. L’incertitude provient des modèles climatiques, qui évoluent en permanence en fonction des efforts d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, de leur incidence sur les projections des risques en évolution constante et de l’interaction avec les avancées sociales, économiques et environnementales. Afin de gérer la prise de décision dans un contexte d’incertitude, des approches adaptatives et flexibles de la planification ont été mises au point. Elles permettent de réagir à l’évolution des impacts climatiques tout au long de la durée de vie des infrastructures et de procéder à des ajustements. La planification de scénarios, par exemple, tient compte d’un éventail de conditions possibles à l’avenir, comme l’analyse des options réelles (OECD, 2018[2]). Avec la planification adaptative, de nombreuses mesures, dont des voies alternatives pour l’élaboration des politiques et l’investissement, sont mises au point lors de la phase de planification. En s’appuyant sur des seuils de déclenchement prédéfinis, les décideurs peuvent s’orienter vers des options différentes, c’est-à-dire des voies alternatives, selon la façon dont la situation évolue. Le projet « Estuaire de la Tamise 2100 » (Thames Estuary 2100) a été le premier exemple d’utilisation de l’approche adaptative prévoyant plusieurs voies possibles. À la suite de la construction de la barrière de la Tamise, qui protège actuellement la ville de Londres (Royaume-Uni) des inondations côtières et par les marées, de nouvelles mesures d’adaptation (p. ex., une barrière mobile ou permanente pour assécher le fleuve) seront adoptées lorsque certains seuils d’élévation du niveau de la mer seront franchis (Hall et al., 2019[35]). Le chapitre 2 fournit davantage de détails sur la planification et la prise de décision associées aux infrastructures résilientes face au changement climatique.
Encadré 1.2. Intégration d’infrastructures résilientes face au changement climatique grâce à un plan national de développement : le cas des Philippines
L’intégration de la résilience climatique aux plans nationaux de développement peut constituer un point de départ important pour inclure la résilience climatique dans la conception des infrastructures. Aux Philippines, le Plan de développement des Philippines (PDP) 2023-28 est un document fondamental définissant les politiques et les projets qui devraient permettre de concrétiser les objectifs de la nation au cours des six prochaines années. Le PDP sert de document de référence pour déterminer les crédits budgétaires et garantir leur concordance avec ces objectifs formulés, accentuant ainsi son importance, notamment en ce qui concerne les infrastructures, un poste budgétaire important. Un chapitre entier du PDP est consacré au développement et à la modernisation des infrastructures, avec l’objectif d’intégrer la résilience climatique à la conception des infrastructures. Le PDP comporte également un chapitre sur le renforcement de la résilience face au changement climatique et aux catastrophes naturelles au sein du pays. Ces objectifs exposés dans le plan, en particulier ceux concernant les infrastructures, définissent un cadre de gestion pour les principaux projets d’infrastructure du pays et aident les parties prenantes locales et nationales à déterminer les investissements prioritaires. Étant donné que l’Agence nationale de développement économique (NEDA) travaille actuellement à l’établissement d’indicateurs cibles, une occasion unique s’offre de s’assurer que les objectifs présentés dans le PDP se traduisent par des objectifs précis. Dans le cadre du Programme d’infrastructures durables en Asie (SIPA), l’OCDE collabore avec les Philippines afin d’aider le pays à améliorer la qualité et la durabilité des infrastructures nouvelles et existantes grâce au renforcement des capacités, notamment en matière de résilience climatique.
Source : (NEDA, 2023[73]) (OECD, forthcoming[74]).
1.4.3. Mise en œuvre de mesures physiques et opérationnelles en faveur de la résilience climatique
Le renforcement de la résilience climatique des actifs d’infrastructure englobe des mesures physiques, comme la création de surfaces perméables afin de réduire le risque d’inondation lié aux fortes précipitations, ainsi que des mesures opérationnelles, comme la modification du calendrier d’entretien afin de rendre l’infrastructure résiliente face aux aléas climatiques de plus en plus fréquents (OECD, 2018[2]). Ces deux types de mesures doivent être sélectionnés et adaptés au fil du temps afin de tenir compte de l’évolution des schémas de risques climatiques.
Mesures physiques en faveur de la résilience climatique
Les mesures physiques en faveur de la résilience climatique dans le secteur des infrastructures peuvent inclure à la fois des mesures grises, c’est-à-dire conçues par l’homme, et des solutions fondées sur la nature. Selon les risques climatiques et le secteur d’infrastructure concerné, diverses mesures grises et fondées sur la nature, ainsi qu’une combinaison des deux, peuvent être appliquées afin de garantir la résilience climatique. Le Tableau 1.3 donne quelques exemples de ces mesures. Le chapitre 4 se concentrera sur la façon dont les solutions fondées sur la nature peuvent être (et sont de plus en plus) utilisées pour accroître la résilience des infrastructures face au changement climatique
Tableau 1.3. Sélection de mesures physiques en faveur de la résilience climatique pour faire face aux risques climatiques pesant sur différents types d’infrastructure
Type d’infrastructure |
Aléa climatique |
Impacts possibles sur les infrastructures |
Solutions grises |
Solutions fondées sur la nature |
Solutions grises et fondées sur la nature |
---|---|---|---|---|---|
Infrastructures de gestion des eaux pluviales et usées |
Précipitations extrêmes |
Saturation des infrastructures de gestion des eaux pluviales et usées entraînant potentiellement des inondations |
Rénovation des canalisations d’évacuation des eaux urbaines pour accroître leur capacité, construction de rigoles de drainage ou de bassins de rétention en béton. |
Jardins urbains et autres espaces verts, rigoles de drainage biologiques, bassins de rétention biologiques, restauration et gestion de la végétation riveraine. |
Toits végétalisés sur les bâtiments, revêtements perméables. |
Infrastructures d’approvisionnement en eau |
Sécheresse |
Diminution de la quantité d’eau potable disponible |
Réservoirs, barrages, aqueducs. |
Restauration et gestion du bassin versant (reforestation, boisement, gestion des forêts et des zones humides riveraines). |
Restauration du bassin versant autour des barrages et des réservoirs afin d’équilibrer l’approvisionnement en eau. |
Infrastructure maritime/côtière (p. ex., ports, quais, routes et bâtiments côtiers) |
Élévation du niveau de la mer et ondes de tempête |
Inondations côtières, intensification de l’érosion côtière |
Digues de mer, remblais, épis, brise-lames, gabions, talus artificiels. |
Préservation, gestion et restauration des récifs à huîtres, des récifs coralliens, des zones humides côtières (p. ex., mangroves, marais salés), des dunes de sable, des plages. |
Restauration de la bordure des mangroves en les renforçant à l’aide de digues de mer, de remblais, de brise-lames, etc. |
Infrastructures de transport |
Crues fluviales |
Inondation et blocage des voies de transport routier, ferroviaire et riverain, des aéroports |
Rehaussement et renforcement des remblais et des levées de terre, construction de réservoirs pour stocker l’excédent d’eau pendant les inondations. |
Rétablissement à l’état naturel et agrandissement des zones inondables, restauration et préservation des zones humides/forêts. |
Association de remblais et de levées de terres à des zones inondables restaurées, dégagement de davantage d’espace pour les rivières et restauration des forêts et des zones humides. |
Source : D’après (IDB, 2020[75]) et (IISD, 2021[16]).
Mesures opérationnelles en faveur de la résilience climatique
Les mesures opérationnelles englobent des mesures telles que l’évaluation des risques, la sensibilisation et la communication des risques ou des mesures organisationnelles et réglementaires (section 1.4.5) qui définissent des normes de conception ou des règles d’achat des infrastructures (OECD, 2023[11]). Elles peuvent également consister à mettre en place de nouvelles modalités d’entretien afin de renforcer la résilience des actifs et des réseaux d’infrastructure en fonction de l’évolution des risques climatiques (OECD, 2018[2]). En outre, elles peuvent impliquer la réglementation de l’aménagement du territoire afin de garantir que les nouvelles infrastructures sont construites en dehors des zones exposées à des risques climatiques élevés.
Ces dernières années, un nombre croissant de codes et de normes relatifs à la construction et aux infrastructures a été élaboré afin de garantir la résilience climatique des actifs d’infrastructure. Par exemple, le Canada a instauré des codes se rapportant à la construction et aux infrastructures axés sur la résilience qui appuient la résilience face à plusieurs risques climatiques tels que les incendies, les inondations, la fonte du pergélisol, les chaleurs extrêmes, etc. (Infrastructure Canada, 2023[76]). Le Tableau 1.4 présente d’autres exemples de mesures prises dans différents secteurs d'infrastructure.
Tableau 1.4. Sélection de mesures organisationnelles et des mesures physiques correspondantes pour des infrastructures résilientes face au changement climatique
Type d’infrastructure |
Aléa climatique |
Impacts possibles sur les infrastructures |
Mesures opérationnelles en faveur de la résilience climatique |
Mesures physiques en faveur de la résilience climatique (solutions fondées sur la nature et grises) |
---|---|---|---|---|
Infrastructures de production d’hydroélectricité |
Précipitations extrêmes |
Sédimentation accrue et débordement des réservoirs |
Stratégies et des règles d’exploitation améliorées, mesures de gestion et d’entretien adaptées aux conditions hydrographiques actuelles et prévues (p. ex., retrait plus fréquent des débris). |
Renforcement et rehaussement des barrages afin de permettre le débordement ; mise en place de mesures de lutte contre la sédimentation en amont (p. ex., tunnel de contournement pour les sédiments) ; meilleure gestion des pentes (p. ex., protection du bassin versant, reforestation, boisement) ; augmentation de la capacité des réservoirs. |
Infrastructures de transport d’électricité |
Incendies |
Lignes et poteaux brûlés |
Instauration de nouveaux modes de gestion de la végétation (gestion précoce ou maintien toute l’année suivant l’évolution de la saison des feux). Réglementation en matière d’aménagement du territoire qui limite l’installation de lignes électriques dans les zones présentant un risque d’incendie très élevé. Obligation d’utilisation de poteaux en béton ou en acier pour les lignes électriques dans la réglementation applicable aux infrastructures et aux constructions. |
Enterrement des lignes de distribution et de transport d’électricité ; remplacement des poteaux en bois par des poteaux en béton ou en acier ; gestion de la végétation ; création de zones tampons autour des actifs d’infrastructure. |
Infrastructures d’approvisionnement en eau |
Sécheresse |
Disponibilité limitée des ressources en eau potable |
Mise en place d’une gestion de la demande d’eau pour d’autres usages ; renforcement de la réutilisation de l’eau, amélioration des stratégies et des règles d’exploitation grâce à des mesures de gestion et d’entretien adaptées aux conditions hydrographiques actuelles et prévues. |
Meilleure gestion des pentes (p. ex., protection du bassin versant, reforestation, boisement) ; augmentation de la capacité des réservoirs afin qu’ils puissent stocker davantage d’eau pour les périodes sèches. |
Source : D’après (OECD, 2018[2]) et (IISD, 2021[16]).
1.4.4. Suivi, exploitation et entretien
Le suivi est essentiel afin de garantir la gestion adaptative des actifs d’infrastructure. Il est important de suivre les résultats des mesures en faveur de la résilience mises en œuvre pour les nouveaux actifs et réseaux, ainsi que pour ceux existants. Dans les deux cas, le suivi des actifs et des réseaux d’infrastructure à intervalles réguliers et appropriés est indispensable pour garantir le fonctionnement sécuritaire des infrastructures et la continuité de la prestation des services. Une fois le suivi accompli, le mode d’exploitation des infrastructures doit être adapté et des activités d’entretien appropriées doivent être réalisées en temps opportun, conformément au scénario climatique qui se matérialise. La défaillance du déversoir de la retenue de Toddbrook à la suite de fortes précipitations au Royaume-Uni en 2019 a souligné l’importance d’un suivi et d’un entretien adaptés. La surveillance du barrage a été menée conformément aux exigences de la législation en 2018 et l’ingénieur chargé de l’inspection a bien repéré le risque lié au déversoir, demandant à ce que des mesures d’entretien complet soient prises dans les 18 mois. Cependant, il n’a pas insisté sur l’urgence de prendre ces mesures et le déversoir s’est rompu avant que l’entretien n’ait été réalisé, ce qui a entraîné l’évacuation de 1 500 personnes (Balmforth, 2020[77]). Le chapitre 2 fournit de plus amples informations sur le suivi, l’exploitation et l’entretien des infrastructures en vue de garantir leur résilience climatique.
1.4.5. Création d’un environnement propice aux infrastructures résilientes face au changement climatique
Politiques et réglementation pour une infrastructure résiliente face au changement climatique
Les politiques et la réglementation aux niveaux national et infrational sont des outils clés pour favoriser la résilience climatique des infrastructures (section 1.4.2). Il s’agit en premier lieu d’intégrer la résilience climatique aux stratégies et cadres généraux de planification et d’action relatifs aux infrastructures. Par exemple, en 2020, la Stratégie nationale relative aux infrastructures du Royaume-Uni a intégré l’adaptation au changement climatique (HM Treasury, 2020[78]). Afin de garantir la résilience climatique des réseaux d’infrastructure, cette question doit également être intégrée aux politiques sectorielles sur les infrastructures. Le chapitre 2 décrit en détail le processus d’élaboration de politiques à suivre pour parvenir à des infrastructures résilientes face au changement climatique et le chapitre 5 fournit des éclairages sur le sujet dans le contexte des pays en développement.
Outre l’intégration des infrastructures résilientes face au changement climatique aux politiques nationales, il est également important de veiller à ce que les cadres stratégiques et réglementaires aux échelles nationale et infranationale se complètent. Étant donné la variation spatiale des impacts et les responsabilités des autorités infranationales en matière d’aménagement du territoire, de délivrance de permis, et d’exploitation et de planification des infrastructures, il est primordial que les politiques infranationales facilitent la création d’infrastructures résilientes face au changement climatique. Le chapitre 5 fournit de plus amples détails sur la gouvernance pluriniveaux et les cadres infranationaux de politique en faveur d’infrastructures résilientes face au changement climatique.
Enfin, la réglementation joue un rôle essentiel dans la résilience climatique des infrastructures en rendant obligatoires certains critères (p. ex., l’application de certains codes et normes techniques) (section 4.3). Par exemple, en Finlande, en vertu de la loi sur le marché de l’électricité de 2009, les réseaux de distribution d’électricité doivent être conçus, construits et entretenus de manière à garantir que les coupures dues aux tempêtes ou à la neige ne durent pas plus de 6 et 36 heures dans les zones densément peuplées et les autres zones respectivement (Vallejo et Mullan, 2017[34]). En plus d’introduire de nouvelles réglementations imposant des mesures en faveur de la résilience climatique, il est également indispensable de veiller à actualiser la réglementation existante en fonction des conditions climatiques. La rupture de la retenue Toddbrook a souligné l’importance de ces actions (section 1.4.4). Le réservoir était conforme à la loi sur les dispositions de sécurité relatives aux retenues, mais l’examen mené par un tiers après la rupture partielle du déversoir du barrage a révélé que le l’état du barrage ne lui permettait pas de résister aux inondations maximales possibles (Balmforth, 2020[77]).
Financement des infrastructures résilientes face au changement climatique
Le financement est essentiel pour parvenir à des systèmes d’infrastructure résilientes face au changement climatique. Il est nécessaire d’accroître les financements en faveur des infrastructures résilientes face au changement climatique, ainsi que de s’assurer que l’ensemble des infrastructures sont résilientes face au changement climatique. Ces objectifs nécessiteront des efforts afin de garantir l’utilisation efficace des financements publics, tout en débloquant des fonds privés. Le fait d’encourager les propriétaires et les exploitants des infrastructures à divulguer les risques climatiques pourrait sensibiliser les acteurs à l’importance d’investir dans des mesures en faveur de la résilience climatique. De même, les normes, les classifications et les labels relatifs aux infrastructures contribuent de façon décisive à encourager les investissements dans la résilience. Par exemple, l’initiative Blue Dot Network vise à faciliter l’intégration des critères de résilience climatique aux investissements dans les infrastructures, en plus des aspects plus généraux de résilience et de qualité des infrastructures (OECD, s.d.[79]). Plusieurs autres approches peuvent être adoptées pour débloquer des financements supplémentaires en faveur de la résilience climatique. Celles-ci incluent de la mise de processus systématiques pour les projets permettant des investissements et la structuration de produits financiers pour des infrastructures résilientes face au changement climatique tels que des obligations. Le chapitre 3 examine en détail ces approches et le chapitre 6 fournit des éclairages supplémentaires sur le sujet d’un point de vue national.
Renforcement de la sensibilisation et de la capacité technique
Il est indispensable que les planificateurs, les concepteurs et les exploitants des infrastructures, ainsi que les acteurs travaillant dans le secteur des infrastructures, soient suffisamment sensibilisés à la résilience climatique et disposent d’une capacité technique adaptée pour la mettre en œuvre afin de parvenir à des infrastructures résilientes face au changement climatique. De plus en plus de programmes de formation sont mis en place afin de soutenir ce processus de renforcement des capacités. Par exemple, Ingénieurs Canada, l’organisation qui fédère les organismes de réglementation régionaux des professions liées aux infrastructures, a mis sur pied un Programme d’accréditation des professionnels de la résilience des infrastructures en 2016. Les cours en ligne du Programme aident les spécialistes des infrastructures à intégrer la résilience climatique à la planification, la conception et la gestion des infrastructures (Climate Risk Institute, 2023[80]). De même, au Royaume-Uni, l’agence britannique pour l’environnement (Environment Agency England) a fait appel à l’Institut agréé pour la gestion de l’eau et de l’environnement (Chartered Institution of Water and Environmental Management) pour proposer des formations sur la résilience des propriétés aux inondations, s’assurant que les professionnels du secteur puissent choisir et mettre en œuvre des mesures en faveur de la résilience des propriétés aux inondations, en se fondant sur le Code de pratique pour la résilience des propriétés aux inondations élaboré par l’Association pour la recherche et l’information du secteur du bâtiment (Construction Industry Research and Information Association) (CIWEM, s.d.[81]) (CIRIA, 2023[82]). D’autres cours sur les inondations côtières et les crues sont proposés pour les professionnels de la gestion des risques (CIWEM, s.d.[83]). À l’échelle locale, de nombreuses autorités municipales commencent à nommer des directeurs de la résilience afin de gérer les programmes en faveur de la résilience des infrastructures dans leur communauté (CEB, 2022[84]).
De plus en plus d’outils sont lancés pour faciliter la mise en œuvre d’infrastructures résilientes face au changement climatique. Par exemple, l’outil Design Value Explorer mis au point par Infrastructure Canada, le Conseil national de recherches Canada, Environnement et changement climatique Canada et le Pacific Climate Impacts Consortium est un outil technique en ligne permettant d’évaluer 19 facteurs climatiques pertinents pour la conception des infrastructures (p. ex., précipitations annuelles), à l’aide de données historiques et des projections climatiques, afin d’aider les ingénieurs, les architectes et les planificateurs des infrastructures à concevoir des infrastructures résilientes face au changement climatique dans l’ensemble du Canada (Government of Canada, 2023[85]). Le chapitre 6 fournit de plus amples informations sur les aspects infranationaux de l’importance de renforcer la sensibilisation et la capacité technique pour parvenir à des infrastructures résilientes face au changement climatique.
Outre les programmes de formation et les outils techniques formels, l’apprentissage mutuel et la coopération internationale sont également essentiels pour renforcer la sensibilisation et la capacité technique, en particulier dans le contexte des pays en développement. Par exemple, le Programme d’infrastructures durables en Asie de l’OCDE aide les pays d’Asie centrale et du Sud en développant leurs capacités et en leur prodiguant des conseils en matière de politiques tout au long des différentes étapes de l’élaboration et de l’investissement liées aux infrastructures.
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Note
← 1. Période annuelle où les conditions météorologiques sont propices au déclenchement d’incendies (OECD, 2023[11]).