L’économie canadienne s’est redressée après la crise liée à la pandémie de COVID-19 mais de nouveaux défis sont apparus (Graphique 1.1). Le taux de chômage a rapidement reflué dans le sillage de la pandémie et la production totale dépasse son niveau d’avant la crise depuis la fin de 2021. L’inflation mesurée par la hausse des prix à la consommation, qui progressait déjà, s’est trouvée accentuée par les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie sur les prix de l’énergie et des produits alimentaires. Cette situation a entraîné une érosion du pouvoir d’achat des ménages et amené les pouvoirs publics à adopter des mesures pour limiter l’augmentation du coût de la vie. La Banque du Canada a vigoureusement relevé ses taux directeurs depuis mars 2022 et procède actuellement à un resserrement quantitatif.
Le gouvernement a réalisé des avancées sur plusieurs fronts socioéconomiques. Dans son budget 2022, le gouvernement fédéral a annoncé diverses mesures axées sur l’offre et sur la demande destinées à réduire le coût du logement pour les ménages à faible revenu. En parallèle, une réforme majeure visant à accroître l’accès à des services abordables de garde d’enfants a été lancée. Elle devrait contribuer à réduire les écarts observés entre hommes et femmes en matière d’emploi et de rémunération. En outre, la couverture du régime public national d’assurance maladie a été étendue. La réduction des amples écarts socioéconomiques entre les peuples autochtones du Canada et le reste de la population demeure une priorité pour les pouvoirs publics.
Par ailleurs, le PIB par habitant du Canada a progressé plus lentement que celui de grandes économies ces dernières années. Il a à peine retrouvé son niveau antérieur à la pandémie et l’écart entre le Canada et les États-Unis s’est creusé (Graphique 1.1), ce qui est lié à une croissance de la productivité relativement faible. Les mesures visant à stimuler la productivité poursuivent souvent aussi des objectifs climatiques. Ainsi, le gouvernement fédéral a annoncé la création d’un nouveau fonds destiné à financer des investissements dans les technologies vertes. D’autres initiatives de grande ampleur portant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre sont en cours. Le Canada devra faire considérablement baisser ses émissions pour parvenir à la neutralité en gaz à effet de serre d’ici 2050 (Graphique 1.1).
Les principaux messages de la présente Étude économique sont les suivants :
À l’instar de nombreuses économies, le Canada est confronté au redoutable défi de juguler l’inflation tout en évitant une forte contraction de l’activité économique. La politique budgétaire devrait continuer d’aller dans le même sens que la politique monétaire en modérant la demande excédentaire, et viser à renforcer encore les marges de manœuvre budgétaires. Les mesures de lutte contre la hausse du coût de la vie devraient être ciblées et temporaires.
Il convient d’accélérer l’accroissement des revenus et du niveau de vie. La réussite des réformes engagées récemment en faveur de l’accessibilité financière des logements et des services de garde d’enfants de qualité est un enjeu essentiel. Lever les obstacles au commerce intérieur et assurer une saine politique de la concurrence à l’égard des géants des technologies contribueraient à augmenter l’investissement et la productivité, et donc les revenus.
De vigoureuses incitations à la réduction des émissions seront nécessaires pour que le Canada atteigne ses objectifs climatiques. De nombreuses mesures sont actuellement en place pour décarboner l’activité économique. Les efforts déployés récemment pour durcir les règles de tarification du carbone devraient être poursuivis parallèlement aux hausses programmées du prix plancher du carbone. Les subventions contribuent à promouvoir l’adoption des technologies vertes, mais elles devraient être revues à la baisse lorsque des produits rentables sont mis au point. Une réforme de la tarification de l’électricité pourrait encourager les économies d’énergie tout réduisant la nécessité de nouvelles interventions de l’État.