La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a fait dérailler la reprise consécutive à la pandémie en République tchèque, et entravé davantage le processus de rattrapage impressionnant par rapport à la moyenne de l’OCDE observé au cours des deux décennies précédentes. Les fortes hausses des prix de l’énergie et des produits de base et les perturbations des importations de gaz et de pétrole en provenance de Russie ont déclenché une crise du coût de la vie, accompagnée d’un risque d’aggravation des pénuries d’énergie. Le ralentissement de la croissance mondiale, les contraintes pesant sur les chaînes d’approvisionnement internationales et l’incertitude accrue ont affaibli l’activité.
L’inflation s’est envolée et enracinée. La République tchèque a figuré tout au long de l’année 2022 parmi les pays de l’Union européenne (UE) où l’inflation sous-jacente a été la plus élevée. Les anticipations d’inflation ont nettement augmenté, le taux d’inflation anticipé à trois ans par les entreprises s’établissant aux alentours de 7 %. Les autorités ont réagi avec rapidité et détermination pour soutenir l’économie pendant la crise liée au COVID-19. Néanmoins, avec le recul, il s’avère que l’orientation globalement expansionniste des politiques macroéconomiques en 2020-21 a contribué à la vigueur de l’inflation, en stimulant la demande au-delà des capacités disponibles du côté de l’offre.
Le taux de chômage demeure très bas, mais la hausse des prix a érodé la demande intérieure. La forte incertitude et la crise énergétique en perspective ont entraîné de fortes baisses de la confiance des consommateurs et des entreprises, réduisant la consommation et l’investissement privés. Les salaires réels ont chuté.
La croissance sera atone en 2023 et se redressera en 2024, sur fond de diminution des perturbations des approvisionnements et de reprise de l’expansion économique des partenaires commerciaux de la République tchèque. Les prix élevés de l’énergie, les resserrement des conditions de financement et la faiblesse de la confiance freineront l’investissement privé en 2023. La consommation privée sera limitée par la montée des prix. L’inflation commencera à refluer par rapport au niveau très élevé auquel elle s’établit actuellement, mais elle ne se rapprochera de l’objectif de 2 % que vers la fin de 2024.
Les risques qui entourent les prévisions sont considérables. De nouvelles hausses des prix des produits de base et de l’énergie, une forte dépréciation de la couronne tchèque et un désancrage des anticipations d’inflation pourraient renforcer encore les tensions inflationnistes et déclencher une spirale déstabilisante des salaires et des prix. À l’inverse, une récession plus marquée que prévu et une dégradation de la confiance entraîneraient une diminution plus rapide de l’inflation.