L’économie sociale et solidaire a gagné une visibilité significative ces dernières années, principalement grâce au rôle crucial qu’elle a joué dans la réponse à la COVID-19 et à d’autres crises, et ce tout en favorisant la résilience. Les valeurs de l’économie sociale et solidaire, notamment la primauté des personnes sur le capital, ainsi que sa mission déclarée de poursuivre des objectifs sociaux, placent l’impact social au cœur de ses préoccupations. Elle est à l’origine de nombreux nouveaux modèles d’entreprise tels que le commerce équitable, le commerce biologique et l’économie circulaire. Elle s’attaque également aux défis sociaux, qu’il s’agisse d’aider les réfugiés ou de répondre aux problèmes de logement et de sécurité alimentaire. Ce modèle génère des emplois ainsi que des biens et des services essentiels, en particulier pour les personnes défavorisées.
Grâce à sa capacité avérée à favoriser l’innovation, l’économie sociale et solidaire peut contribuer considérablement à une transition numérique et écologique plus juste ainsi qu’à des politiques économiques inclusives. Les coopératives et les entreprises sociales mobilisent les communautés autour d’objectifs communs tels que la réduction des émissions de carbone ou la promotion des énergies renouvelables. Par l’intermédiaire de programmes d’éducation et de formation, elle aide les demandeurs d’emploi, les personnes peu qualifiées, les jeunes et d’autres groupes défavorisés à développer leurs capacités à trouver un emploi dans un monde de plus en plus numérique. Elle offre également de nouvelles façons d’utiliser la numérisation dans des approches axées sur les personnes, telles que les plateformes coopératives.
S’appuyant sur des décennies de travail au sein de l’OCDE et de l’Union Européenne, nous avons uni nos forces en 2020 pour mettre en œuvre une Action mondiale intitulée « Promouvoir les écosystèmes de l’économie sociale et solidaire » afin de libérer son potentiel. En décembre 2021, l’Union européenne a publié le Plan d’action pour l’économie sociale de l’UE, et en novembre 2022, une voie de transition pour l’écosystème industriel de « proximité et de l’économie sociale ». En juin 2022, l’OCDE a adopté la Recommandation de l’OCDE sur l’économie sociale et solidaire et l’innovation sociale. En effet, nous ne sommes pas les seuls parmi les organisations internationales à promouvoir cet agenda crucial. La Résolution de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) sur travail décent et l’économie sociale et solidaire, par exemple, a également été adoptée en juin 2022.
Néanmoins, de nombreux pays, régions et villes rencontrent des difficultés à mettre en place les conditions propices au développement de l’économie sociale et solidaire. Deux des défis les plus critiques sont les cadres légaux et la mesure de l’impact social. Les deux guides, « Policy guide on legal frameworks for the social and solidarity economy » (Guide politique sur les cadres légaux de l’économie sociale et solidaire) et « Policy guide on social impact measurement for the social and solidarity economy » (Guide politique sur la mesure de l’impact social pour l’économie sociale et solidaire) fournissent un soutien concret pour aider les décideurs politiques à tous les niveaux de gouvernement à agir. Ces guides peuvent être adaptés aux différentes approches nationales et proposent une liste de vérification pour les actions politiques, ainsi que des facteurs de réussite et des écueils à éviter, le tout s’appuyant sur les pratiques internationales.
La priorité maintenant est de mettre en pratique le contenu de ces guides et d’en récolter les bénéfices. Nous continuerons à collaborer avec les institutions nationales et locales ainsi qu’avec d’autres organisations internationales pour développer l’économie sociale et solidaire, et nous sommes certains que ces guides politiques vous seront d’une grande utilité.
Lamia Kamal-Chaoui,
Directrice
Centre de l’OCDE pour l’entrepreneuriat, les PME, les régions et les villes
Peter M. Wagner,
Directeur – Chef de service
Service des instruments de politique étrangère
Commission européenne