La production et la collecte de données d’impact peuvent s’avérer être un exercice complexe et coûteux. Pourtant, la disponibilité des preuves publiques sur l’impact de l’économie sociale et solidaire (ESS) pourrait contribuer à la réalisation de sa mission, ouvrir de nouvelles perspectives de croissance et, en fin de compte, bénéficier à la société dans son ensemble. Ce chapitre examine ce que les décideurs politiques peuvent faire par le biais d’actions spécifiques, qu’il s’agisse de mandater des études d’impact, de diffuser publiquement des informations sur l’impact ou de mettre en place des référentiels de connaissances facilement accessibles.
Guide de politique publique sur la mesure de l’impact social pour l’économie sociale et solidaire
3. Établir des preuves
Abstract
Pourquoi est-ce important ?
La production de preuves d’impact est un exercice complexe et coûteux. En particulier, en cas de manque de motivation interne ou de pénurie de ressources, les entités de l’économie sociale et solidaire (ESS) peuvent avoir tendance à renoncer à s’engager dans des activités de mesure de l’impact social ou à en limiter l’ambition. En mandatant, en publiant et en diffusant des études d’impact ou en créant des répertoires publics dans les langues nationales, les acteurs politiques peuvent créer un socle commun de connaissances, voire une base de référence, susceptible d’inspirer des efforts similaires de la part des représentants de l’ESS eux-mêmes.
Les preuves d’impact disponibles publiquement au niveau local, régional ou national peuvent aider à confirmer l’impact obtenu par les entités de l’ESS et les présenter comme un exemple vertueux. Une meilleure compréhension de la contribution de l’ESS à une croissance inclusive et durable, ainsi qu’aux transitions verte et numérique, peut aider à mobiliser le soutien et à faciliter l’accès au financement de la part des partenaires publics et commerciaux. Des informations précises sur les coûts et les avantages peuvent également contribuer à l’élaboration de politiques visant à cibler les interventions les plus efficaces et les plus efficientes.
Les efforts publics pour générer, agréger et communiquer des données d’impact peuvent inciter les entités de l’ESS et d’autres à enrichir une base de données commune au profit de la société dans son ensemble. L’établissement inclusif et ascendant d’une voix puissante et unifiée sur l’importance des preuves d’impact est un facteur critique pour entamer un changement culturel dans l’ESS et au-delà (Buckland and Hehenberger, 2021[1]) Des informations complémentaires sur l’adoption et l’utilisation des données d’impact et le suivi des décisions qui ont été prises en conséquence peuvent également servir d’exemple pour motiver les entités de l’ESS à poursuivre la mesure de l’impact social.
Comment les décideurs politiques peuvent-ils aider ?
Les décideurs politiques peuvent produire et diffuser des données d’impact sur l’ESS et/ou sur des domaines politiques spécifiques dans lesquels les acteurs de l’ESS sont actifs. Ces données peuvent aider à comprendre l’impact des entités de l’ESS de manière plus générale ou à analyser leurs activités dans des secteurs et territoires spécifiques. Il peut également servir d’inspiration pour favoriser le développement de l’ESS, en présentant les bonnes pratiques issues de l’ESS et en testant des méthodologies d’évaluation de l’impact. Lorsque ces données deviennent un bien commun, elles renforcent considérablement la capacité de tous les acteurs de l’écosystème à s’engager dans la mesure de l’impact social. Une plus grande sensibilisation du public peut motiver davantage l’adoption de ces pratiques, en facilitant l’accès au financement et en évitant le « impact washing » (OECD, 2021[2]).
En mettant gratuitement à disposition des données d’impact, les décideurs politiques peuvent réduire le coût de la production ou d’accès à l’information pour les organisations individuelles. Lorsque le socle de preuves d’impact devient un bien commun, il renforce considérablement la capacité de tous les acteurs de l’écosystème à s’engager dans la mesure de l’impact social. Cela peut être renforcé par l’offre de services de soutien, de renforcement des capacités, d’orientation ou d’autres ressources.
Les décideurs politiques peuvent soutenir les entités de l’ESS par des preuves d’impact de trois manières : (i) en commandant ou en produisant directement des preuves d’impact sur l’ESS ou les domaines politiques dans lesquels les acteurs de l’ESS sont actifs, tels que la santé, les services sociaux, l’éducation, etc. ; (ii) en diffusant publiquement les données d’impact produites par les entités de l’ESS ou d’autres sources ; (iii) en créant des référentiels de connaissances qui regroupent une grande variété de données et d’autres ressources d’une manière facilement accessible.
Actions possibles
Produire des preuves d’impact
Les comptes satellites et les observatoires statistiques offrent une infrastructure d’information qui sert de base à la mesure de l’impact et permet de déterminer des valeurs de référence par rapport auxquelles les progrès peuvent être évalués. Dans ce contexte, les enquêtes à petite échelle sont les plus courantes, qu’elles s’appliquent à l’écosystème local de l’ESS, comme dans le canton de Genève en Suisse (Après-GE, 2015[3]), ou à des types spécifiques d’entités de l’ESS, telles que les entreprises sociales, comme c’est le cas en Australie, au Canada, en Europe ou dans un certain nombre d’autres pays (Centre for Social Impact/Social Traders, 2016[4]; Elson, Hall and Wamucii, 2016[5]; Dupain et al., 2021[6]; British Council/Social Enterprise UK, 2022[7]). Ces enquêtes peuvent être menées à différents niveaux territoriaux, avec une fréquence annuelle ou moins régulière. En effet, selon certains représentants de l’ESS, les enquêtes volontaires peuvent être préférables à une mesure obligatoire de l’impact (CECOP, 2020[8]). De manière plus permanente, des comptes satellites ont été introduits dans certaines régions et certains pays tels que la Wallonie et Bruxelles en Belgique (Observatoire Economie Sociale, 2020[9]), la France (INSEE/Flores, 2021[10]), le Québec/Canada, l’Italie (ISTAT/EURICSE, 2021[11]), le Portugal (CASES/Statistics Portugal, 2019[12])et l’Espagne (Ministerio de Empleo y Seguridad Social, 2019[13]). Aux États-Unis, le département du développement économique et de la main-d’œuvre de Los Angeles a réalisé une évaluation de l’impact de l’initiative régionale pour l’entreprise sociale (LA:RISE) en 2019. Le gouvernement allemand a également financé une étude sur l’impact du secteur des associations d’aide sociale (Kehl et al., 2016[14]). Ces rapports jettent souvent les bases pour des études d’impact plus poussées, en offrant des informations préliminaires sur les activités de l’ESS et des résultats plus immédiats.
Les décideurs politiques peuvent commander des études d’impact plus poussées afin de mieux comprendre l’impact social des entités de l’ESS, en plus de leurs bénéfices économiques et environnementaux. Les pouvoirs publics sont souvent les seuls à pouvoir lancer des projets de recherche à grande échelle, coûteux et longs à mettre en œuvre, capables de fournir des preuves scientifiques crédibles sur les impacts à long terme. Au Portugal, par exemple, le gouvernement a publié des données agrégées sur les effets des interventions financées par des fonds publics sur les « problèmes sociaux prioritaires » (c’est-à-dire la protection sociale, l’éducation, les soins de santé, l’emploi et la justice) sur le portail One Value.1 Lorsque des définitions, des méthodes et des données granulaires sont disponibles, ces études peuvent aller jusqu’à déployer une analyse contrefactuelle pour déterminer l’impact net de l’ESS. C’est ce qui a été fait en Espagne (voir Mettre en œuvre 3.1), où la valeur sociale ajoutée a été calculée en fonction du nombre d’emplois créés par l’ESS en comparaison avec des entreprises commerciales.
Mettre en œuvre 3.1. Mesurer la contribution de l’économie sociale à la cohésion sociale et territoriale (Espagne)
Pourquoi ?
Après avoir adopté une loi sur l’économie sociale en 2011, le gouvernement espagnol a jugé nécessaire de recueillir des données au-delà de celles qui étaient accessibles au public. L’objectif de l’étude était d’identifier et de quantifier les contributions distinctes de l’économie sociale à une meilleure cohésion sociale et territoriale.
Qu’est-ce que c’est ?
Publiée en 2019, l’analyse de l’impact socio-économique des valeurs et principes de l’économie sociale en Espagne (« Análisis del Impacto Socioeconómico de los Valores y Principios de la Economía Social en España ») est le fruit d’un effort conjoint du ministère du Travail, des Migrations et de la Sécurité sociale, de la Confédération espagnole des entreprises de l’économie sociale (CEPES), de deux coopératives de premier plan, le Grupo Cooperativo CAJAMAR et la Corporación Mondragón, ainsi que de la Fundació Espriu. En utilisant une approche contrefactuelle et en analysant des microdonnées, l’étude a pu déterminer la valeur ajoutée spécifique des entreprises de l’économie sociale qui serait perdue si elles se comportaient comme des entreprises à but lucratif. Pour 2017, l’étude a révélé que l’économie sociale a contribué à :
Création d’emploi : plus de 172 000 emplois supplémentaires par rapport aux entreprises à but lucratif pour les personnes éloignées de l’emploi, dont plus de 54 000 dans les zones rurales et les villes petites ou moyennes. En outre, l’économie social crée des relations d’emploi stables pour près de 125 000 personnes supplémentaires.
Avantages monétaires pour la société : 6,2 milliards EUR supplémentaires de bénéfices nets annuels pour la société, dont 3,9 milliards EUR en revenus salariaux pour des groupes qui n’auraient pas été employés autrement et 1,7 milliard EUR d’avantages directs et indirects (coûts évités) pour l’administration publique. Les entreprises elles-mêmes bénéficient d’autres avantages, notamment des subventions sur le coût de la main-d’œuvre associées à ces types de travailleurs et des coûts moindres en termes de sélection et d’adaptation au poste de travail en raison d’une rotation plus faible des travailleurs.
Le rapport présente un aperçu détaillé de la méthodologie, laquelle pourrait être reproduite dans d’autres pays européens, disposant des mêmes informations granulaires sur les entreprises et les travailleurs, permettent ainsi d’identifier les entités de l’ESS. L’étude a été réalisée à l’aide de microdonnées et un large échantillon d’entités a été analysé. Cela a permis de développer des groupes de contrôle précis, d’appliquer une analyse contrefactuelle et de garantir la représentativité ainsi que la robustesse de l’analyse.
Impact
Depuis 2020, l’étude a été intégré à la recherche espagnole sur l’égalité et l’égalité d’accès aux marchés du travail et à l’économie sociale. Le CEPES a utilisé les données et les résultats de cette étude pour mobiliser les leaders d’opinion nationaux et internationaux. Le rapport a été présenté au gouvernement espagnol, au Parlement, au Sénat et aux partis politiques nationaux. Les données et les conclusions de l’étude étayent les propositions et les positions du CEPES auprès du gouvernement et des institutions européennes concernant les différentes initiatives législatives affectant les entreprises de l’économie sociale. L’étude a également attiré l’attention au niveau international : elle a été présentée à de hauts représentants des institutions et organes européens (Commission, Parlement et Comité économique et social européen), ainsi qu’à la conférence internationale 2019 du groupe de travail des Nations Unies sur l’économie sociale et solidaire (UNTFSSE).
Source : (CEPES, 2020[15]).
Diffuser publiquement les informations sur l’impact
Les décideurs politiques peuvent sensibiliser aux possibilités de mesure de l’impact social et à l’impact des entités de l’ESS en diffusant publiquement des informations à ce sujet. Lorsque les études d’impact sont publiées sur le site web d’un gouvernement, discutées au parlement ou partagées lors d’une conférence organisée par les autorités publiques, elles gagnent immédiatement en visibilité et en reconnaissance. En mettant en lumière l’impact de l’ESS, les décideurs politiques peuvent mobiliser de nouvelles formes de soutien et, en même temps, encourager les entités de l’ESS à s’engager plus activement dans la mesure de l’impact social. Par exemple, le Forum mondial de l’entreprise sociale 2022, parrainé par le gouvernement du Queensland (Australie), a proposé plusieurs ateliers et formations sur le thème de la mesure de l’impact (SEWF, 2022[16]). En Inde, l’agence publique NITI Aayog a publié deux éditions de l’indice SDG India, qui documente les progrès réalisés par les États et les territoires pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2030.2 Villgro, le plus ancien incubateur d’entreprises sociales en Inde et l’un des plus importants au monde, utilise cet indice pour comprendre l’impact de chaque entreprise dans laquelle il investit. Aux États-Unis, le décret présidentiel de 2021 sur l’avancement de l’équité raciale et le soutien aux communautés défavorisées prévoyait la création d’un groupe de travail chargé de produire des données mieux ventilées aux niveaux national et local (OECD, 2021[2]).
Grâce à leur présence en ligne, les décideurs politiques peuvent garantir la disponibilité des informations relatives à l’impact et en faciliter l’accès, ce qui peut contribuer à améliorer la mesure de l’impact social par les entités de l’ESS. Par exemple, au Royaume-Uni, le Justice Data Lab fournit une aide à l’évaluation de l’impact aux organisations qui travaillent sur la réinsertion des populations précédemment incarcérées et les résultats sont ensuite affichés publiquement sur le site web du gouvernement (voir Mettre en œuvre 3.2). De plus, les gouvernements peuvent créer des tableaux de bord en ligne présentant les résultats sociaux des interventions publiques (et leurs coûts monétaires) d’une manière facilement accessible, comme cela a été le cas au Royaume-Uni3 et au Portugal.4 De même, le ministère coréen des PME et des start-ups gère une base de données pour la mesure de l’impact, couvrant actuellement les évaluations de 80% des entreprises sociales coréennes (voir Mettre en œuvre 3.3). Ces initiatives peuvent soutenir la conception d’activités menées par l’ESS, où le financement est subordonné à des résultats mesurables, tels que les obligations à impact social.
Mettre en œuvre 3.2. Justice Data Lab (Royaume-Uni)
Pourquoi ?
Pour le ministère de la Justice, il est essentiel de comprendre ce qui fonctionne pour réduire la récidive des anciens prisonniers. Cependant, il est peu probable que les organisations puissent suivre les résultats en matière de récidive pour chaque personne avec laquelle elles ont travaillé. Certains peuvent avoir accès à des données sur la récidive pour leur cohorte, mais cela ne suffit pas à démontrer l’impact de l’intervention. Un point de référence approprié, tel qu’un groupe de comparaison, est nécessaire pour estimer la différence de comportement en matière de récidive.
Qu’est-ce que c’est ?
Le Justice Data Lab (JDL) est une équipe d’analystes du ministère de la Justice fournissant des informations sur la récidive au niveau du groupe aux organisations qui ont travaillé avec des délinquants et souhaitent comprendre l’impact de leur intervention. Le JDL compare les taux de récidive des individus ayant bénéficié de l’intervention à ceux d’un groupe témoin similaire n’ayant pas participé à celle-ci. Toute organisation ayant travaillé avec des délinquants peut contacter le JDL. Parmi les collaborateurs précédents figurent des associations caritatives, des organisations du secteur public, des organisations du secteur privé et des établissements de formation. L’accès à l’information est gratuit pour les organisations participantes.
Les rapports d’analyse réalisés par le JDL sont publiés sur le site web du gouvernement. Ils comprennent notamment des statistiques sur la récidive pour les groupes de traitement et de comparaison, l’impact estimé de l’intervention, des graphiques illustrés et des conseils pour interpréter les résultats, ainsi que des descriptions de l’intervention, des caractéristiques du groupe de traitement et des taux de réussite. La publication de ces rapports contribue également à développer une compréhension commune d’une réadaptation efficace.
Impact
Le Justice Data Lab a réalisé un total de 283 analyses, synthétisées dans 178 rapports. Parmi celles-ci, 74 analyses ont montré une réduction statistiquement significative du taux de récidive par rapport au taux prouvé, tandis que 15 analyses ont montré une augmentation statistiquement significative. Les 194 analyses restantes n’ont pas abouti à des conclusions significatives. Un large éventail d’interventions est évalué, couvrant l’emploi, la formation, le mentorat et l’hébergement.
Source: (UK Ministry of Justice, 2018[17]).
Mettre en œuvre 3.3. Base de données pour la mesure d’impact KOTEC (Corée)
Pourquoi ?
Ces dernières années, l’intérêt pour les entreprises sociales et leurs activités s’est considérablement accru en Corée. Avec la montée en popularité de l’investissement d’impact, les méthodes de mesure et de performance de l’impact axées sur la prise de décision ont commencé à attirer l’attention. En 2016, le ministère coréen de l’Emploi et du Travail a introduit l’indice de valeur sociale (SVI) afin de mesurer objectivement la valeur sociale et les performances des entreprises sociales. Lors d’une enquête menée par le ministère en 2021, 41,8% des entreprises ayant participé à la mesure du SVI déclaré l’utiliser pour évaluer et améliorer leurs performances commerciales. Cependant, de nombreuses entreprises sociales continuent de manquer de ressources pour mesurer l’impact social.
La Korean Technology Finance Corporation (KOTEC), une institution gouvernementale relevant du ministère coréen des PME et des start-ups, avait besoin d’un cadre complet et fiable pour mesurer les performances des entreprises sociales, aligné sur les normes mondiales. Le modèle proposé par le Impact Management Project (IMP) s’est démarqué dans les discussions internationales et était suffisamment flexible pour tester son adaptation au contexte local.
Qu’est-ce que c’est ?
En 2020, KOTEC a chargé Impact Square, un accélérateur coréen d’entreprises sociales, de réaliser une étude de faisabilité, d’identifier les thèmes prioritaires en matière d’impact social et de piloter une évaluation. Dix domaines prioritaires ont été identifiés sur la base de l’enquête nationale sur les entreprises sociales menée régulièrement par KOTEC. Parmi ceux-ci, deux thèmes ont fait l’objet d’un test pilote à l’aide de statistiques et des informations existantes, afin de jeter les bases d’une bibliothèque de données publiques pour la mesure de l’impact social. En trois ans, plus de 50 cas de mesure d’impact ont été développés et des données de base ont été activement fournies aux entreprises sociales pour qu’elles puissent les utiliser afin d’estimer leur impact.
Impact
Bien qu’il soit encore en cours de mise en œuvre, le projet triennal a déjà enregistré un certain nombre de succès. Tout d’abord, la planification à long terme s’est avérée utile pour étudier en profondeur les données existantes, piloter et développer un modèle robuste. Deuxièmement, l’engagement des parties prenantes au sein du gouvernement, des organisations intermédiaires, du monde universitaire et des praticiens des entreprises sociales a joué un rôle déterminant dans la création d’une boucle d’apprentissage bien rodée. En 2020, les données de base sur les deux domaines, l’emploi et la circulation des ressources, ont été mises à la disposition. Elles couvrent toutes les entreprises sociales coréennes travaillant dans ces domaines (50% de toutes les entreprises sociales). L’ajout de cinq thèmes d’impact supplémentaires, prévu d’ici la fin de l’année 2022, portera cette couverture à 80% de l’ensemble des entreprises sociales. Il est important que les entreprises sociales ne se contentent pas d’utiliser la base de données, mais qu’elles y contribuent également, ce qui permettra d’améliorer la qualité des données au fil du temps.
Pour étendre l’utilisation de la base de données et améliorer la qualité des données, des efforts continus de renforcement des capacités sont nécessaires. Impact Square continue de travailler avec des institutions liées au gouvernement et des start-ups sociales pour créer des cas d’étude pouvant favoriser une compréhension commune de la gestion de la performance d’impact dans l’écosystème de l’ESS.
Source: (Dho, Yun and Baek, 2021[18])
Créer des référentiels de connaissances
Les décideurs politiques peuvent regrouper les études de l’impact et les évaluations sous la forme de bibliothèques spécialisées. L’accumulation de connaissances, tant sur les effets positifs que négatifs, renforce le potentiel d’apprentissage collectif. Grâce à ces portails en ligne, les entités de l’ESS et d’autres parties prenantes peuvent trouver des données vérifiées qu’elles peuvent utiliser pour mieux concevoir leurs interventions, comme un modèle à façonner pour leur propre stratégie de mesure de l’impact social, et enfin à des fins de collecte de fonds et de plaidoyer public. Cela peut se faire sous la forme de centres de recherche « What Works », qui rassemblent des études d’impact expérimentales sur des domaines politiques pertinents, tels que le centre « Well-Being » au Royaume-Uni.5 Plus spécifiquement centré sur l’ESS, le Mur des solutions d’Impact Tank en France (Impact Tank, 2022[19]) présente des histoires d’impact collectées par des entités de l’économie sociale pour servir d’inspiration ou de modèle à leurs pairs. Le « Social Enterprise Evidence Space » en Australie propose un catalogue structuré de preuves d’impact, d’études de cas, d’articles scientifiques, de bonnes pratiques et d’informations complémentaires (voir Mettre en œuvre 3.4).
Mettre en œuvre 3.4. Social Entrepreneurship Evidence Space (Australie)
Pourquoi ?
En vue de fournir une plateforme de recherche ouverte plus structurée pour l’entrepreneuriat social, le gouvernement de l’État de Victoria en Australie a cofinancé la création du site web « Social Entrepreneurship Evidence Space » (SEE Space) en collaboration avec la Lord Mayor’s Charitable Foundation. Le site web est conçu et hébergé par le Centre for Social Impact Swinburne, avec des contributions de l’Université Griffith, de l’Université de technologie du Queensland et de l’Université de technologie de Sydney.
Qu’est-ce que c’est ?
Conformément aux lignes directrices en matière de recherche, les universités, les organismes industriels et les partenaires communautaires peuvent soumettre des travaux de recherche fondés sur des données probantes (articles, publications, outils, etc.). Le SEE Space structure les preuves en huit domaines d’impact (développement communautaire, santé et bien-être, emploi et carrières, logement, impact économique, impact environnemental, mesure de l’impact, lien social et soutien). Les informations sont aussi regroupées par collections (entreprise sociale, finance sociale et investissement d’impact, mesure et gestion de l’impact, achat auprès d’entreprises sociales et soutien à l’entrepreneuriat social) et par groupe cible (financiers et bailleurs de fonds sociaux, start-ups sociales, entrepreneurs sociaux, décideurs politiques, gestionnaires d’organisations à but non lucratif, chercheurs et étudiants). L’information est ensuite classée en tant qu’aperçu, statistique, rapport, article académique, infographie, outil ou vidéo. Chaque élément de preuve est affiché avec son titre, une brève description, les catégories auxquelles il est associé, les auteurs, un lien vers la ressource et les recherches connexes. Le site web dispose également d’un puissant moteur de recherche.
Concernant la mesure de l’impact, le site web présente notamment un rapport récent sur l’amélioration de l’équité en matière de santé des jeunes grâce aux entreprises sociales, une infographie sur les entreprises communautaires, un article universitaire sur les effets à long terme sur la santé d’une entreprise sociale d’insertion par le travail et des extraits de statistiques provenant de différents rapports, dont le rapport 2016 « Finding Australia's Social Enterprise Sector » (Trouver le secteur des entreprises sociales en Australie).
Impact
SEE Space est largement utilisé par les décideurs politiques, les réseaux de praticiens, la philanthropie, les entreprises sociales individuelles et les chercheurs en Australie comme une source de données empiriques sur l’entrepreneuriat social et son écosystème favorable dans ce pays. Il a été développé en réponse à une table ronde nationale sur la politique et la recherche organisée en 2019 par le « Centre for Social Impact Swinburne » (Centre d’impact social Swinburne), où la coordination des données probantes était identifiée comme un besoin de connaissances prioritaire pour les participants.
Références
[3] Après-GE (2015), Panorama de l’économie sociale et solidaire à Genève: Etude statistique 2015, https://apres-ge.ch/sites/default/files/Etude-statistique-web-APRES-GE_2015.pdf.
[7] British Council/Social Enterprise UK (2022), More in common: The global State of social enterpirse, British Council.
[1] Buckland, L. and L. Hehenberger (2021), Measuring Social Impact Can Help Foster a Stronger European Social Economy, Stanford Social Innovation Revies, https://ssir.org/articles/entry/measuring_social_impact_can_help_foster_a_stronger_european_social_economy (accessed on 2 July 2021).
[12] CASES/Statistics Portugal (2019), Social Economy Satellite Account 2016 and Survey on Volunteer work 2018, CASES, https://www.cases.pt/wp-content/uploads/2019/11/Livro-Conta-Satélite-Voluntariado.pdf.
[8] CECOP (2020), “Measuring the Social Impact of Industrial and Service Cooperatives in Europe A toolkit for members”, https://cecop.coop/uploads/file/vqXaL3qDRaYIZxlE39VajDsun2AZ3mVnpvgQY2Be.pdf (accessed on 15 December 2022).
[4] Centre for Social Impact/Social Traders (2016), Finding Australia’s Social Enterprise Sector 2016: Final Report, Centre for Social Impact/Social Traders.
[15] CEPES (2020), Análisis del impacto socio económico de los valores y principios de la economía social en España, https://www.cepes.es/files/publicaciones/118.pdf (accessed on 18 March 2021).
[18] Dho, T., N. Yun and H. Baek (2021), A Government data-driven approach to foster social impact measurement practice: Providing a public databse of ’Baseline’ and ’Threshold’ data by impact themes, https://cdn-assets.inwink.com/e34b7337-d151-4294-a09a-36038b91b434/76dcf20b-dcf1-4ac2-b702-c2b4a12450b1?sv=2018-03-28&sr=b&sig=lF0PxpYrgU1L8orBRBo4DpergQvbIglfr8Ne0nVxwq8%3D&se=9999-12-31T23%3A59%3A59Z&sp=r&rscd=inline%3B%20filename%3D%22A-Government-data.
[6] Dupain, W. et al. (2021), The State of Social Enterprise in Europe – European Social Enterprise Monitor 2020-2021, Euclid Network.
[5] Elson, P., P. Hall and P. Wamucii (2016), Canadian National Social Enterprise Sector Survey Report 2016, Mount Royal University Institute for Community Prosperity & Simon Fraser University.
[19] Impact Tank (2022), Découvrez les solutions à impacts positifs, https://impact-tank.org/innovation-sociale/#les-solutions.
[10] INSEE/Flores (2021), L’économie sociale en 2018, https://www.insee.fr/fr/statistiques/5368794?sommaire=5366170#consulter.
[11] ISTAT/EURICSE (2021), L’Economia Sociale In Italia: Dimensioni, caratteristiche e settori chiave, ISTAT/EURICSE.
[14] Kehl, K. et al. (2016), Möglichkeiten, Wirkungen (in) der Freien Wohlfahrtspflege zu messen, https://www.bagfw.de/fileadmin/user_upload/Veroeffentlichungen/Publikationen/CSI_Transparenzgutachten_2016.pdf (accessed on 17 March 2020).
[13] Ministerio de Empleo y Seguridad Social (2019), Base de Datos de la Economía social: Características de los Trabajadores en situación de alta en la Seguridad Social, https://www.mites.gob.es/ficheros/ministerio/sec_trabajo/autonomos/economia-soc/EconomiaSocial/estadisticas/CaracteristicasTrabajadores/2019/1TRIMESTRE/RESUMEN_1TRIMESTRE.pdf.
[9] Observatoire Economie Sociale (2020), ÉTAT DES LIEUX de l’économie sociale 2017-18, Observatoire Economie Sociale, https://observatoire-es.be/wp-content/uploads/2020/05/EDL-2017-2018.pdf.
[2] OECD (2021), “Social impact measurement for the Social and Solidarity Economy: OECD Global Action Promoting Social & Solidarity Economy Ecosystems”, OECD Local Economic and Employment Development (LEED) Papers, No. 2021/05, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/d20a57ac-en.
[16] SEWF (2022), SEWF 2022: Event Report, SEWF, https://sewfonline.com/wp-content/uploads/2022/10/SEWF22-event-report.pdf.
[20] Social Innovation Evidence Portal (2020), Social Entrepreneurship Evidence Space, https://seespace.com.au/.
[17] UK Ministry of Justice (2018), Guidance: Accessing the Justice Data Lab service, https://www.gov.uk/government/publications/justice-data-lab.