Au Royaume-Uni, les politiques de gestion des risques associés à l’inondation et à l’érosion des côtes sont dévolues aux administrations nationales. Dans le cas de l’Angleterre, la loi de 2010 sur la gestion des inondations et de l’eau (Flood and Water Management Act 2010) a mis en évidence la nécessité que l’organisme national de réglementation environnementale, l’Agence pour l’environnement, établisse un cadre national de gestion des risques. La version actuelle de ce cadre est décrite dans Understanding the risks, empowering communities, building resilience: The national flood and coastal erosion risk management strategy for England (Agence pour l’environnement, 2011). Il s’agit d’un cadre de haut niveau (Graphique 7.1) qui permet à divers acteurs d’anticiper et de gérer les risques, y compris ceux liés à des pressions futures telles que la hausse du niveau des mers.
Le Plan de gestion du littoral (Shoreline Management Plan, SMP) a été le principal vecteur de la planification stratégique des risques d’érosion des côtes en Angleterre. Il est supervisé par une autorité de gestion des risques d’érosion (Coastal Erosion Risk Management Authority), un organisme local dont les fonctions recouvrent la planification des activités de gestion du littoral avec le concours de l’Agence pour l’environnement, ainsi que la mise en œuvre d’activités de gestion des risques d’érosion des côtes (en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par une série de textes de loi). Le SMP est un plan stratégique local élaboré dans certaines zones côtières par des groupes composés des principales parties prenantes. Les plans de première génération ont été publiés en 1996, tandis que ceux de la seconde génération actuellement en vigueur ont généralement été adoptés en 2009. Ces plans prennent en compte les projections des futures hausses du niveau des mers provoquées par le changement climatique.
Une caractéristique notable du cadre de gestion des risques tient à sa nature largement non contraignante. En effet, les autorités se voient conférer des pouvoirs leur permettant d’agir dans le domaine de la gestion des risques, mais, en règle générale, aucune obligation légale ne leur impose d’assurer un certain niveau de gestion des risques. Les citoyens ne peuvent donc légalement prétendre à des niveaux de protection ou à d’autres résultats préétablis. Les autorités centrales et locales peuvent néanmoins affecter des ressources publiques non négligeables à la gestion des risques, au travers de décisions politiques étayées sur des analyses coûts-avantages. Ces ressources ont été déployées sur un grand nombre d’années pour assurer une protection appropriée au niveau local grâce à la construction d’ouvrages de défense côtière, ainsi qu’à la diffusion d’informations sous forme de cartographies ou d’alertes, par exemple. Les plans d’occupation des sols et les autres outils d’aménagement de l’espace à l’échelon local tiennent compte des risques.
Néanmoins, au niveau local, les évaluations environnementales, économiques et techniques ne parvient pas toujours à la conclusion que des mesures tangibles de défense contre les risques puissent être mises en œuvre, même en présence de facteurs tels qu’une hausse escomptée du niveau des mers, question au cœur de l’étude de cas décrite dans ce chapitre.
Les dépenses d’investissement liées aux ouvrages de protection aménagés dans les zones où ils sont jugés viables sont surtout couvertes par le ministère des Finances national, malgré une contribution croissante des partenaires locaux (voir Financement en partenariat, Encadré 2.4). Les dépenses budgétaires entraînées par exemple par l’entretien des ouvrages de défense sont souvent prises en charge par les autorités locales côtières, bien que ces sources de financement aient subi d’importantes réductions ces dernières années. À l’inverse, l’entretien des ouvrages de défense contre les inondations est plus fréquemment financé par le ministère des Finances national. À l’échelon local, la protection des côtes peut être soutenue par un certain recours à la fiscalité, bien que le financement local soit dans la pratique très réduit. Parfois, les grandes entreprises bénéficiaires de la région (établissements touristiques, fournisseurs d’infrastructures énergétiques, etc.) peuvent apporter une contribution financière.