Au moment de la publication de ce rapport, la crise sanitaire du coronavirus (COVID-19) altère l’économie mondiale, avec un impact conséquent sur les dynamiques du marché du travail au niveau national et local. Le Québec, la province canadienne la plus touchée par le virus, sera confronté à des défis croissants. Les exemples internationaux présentés dans ce rapport pourraient aider le Québec à valoriser pleinement le potentiel de sa population immigrée afin qu’elle puisse contribuer à une reprise économique rapide et durable.
Les immigrés représentent une force vive, à la fois culturelle et économique, pour les pays de l’OCDE. Pour autant, dans de nombreux domaines et notamment l’accès au marché du travail, les immigrés sont dans une situation moins favorable que les natifs. Les immigrés souffrent également de conditions de vie souvent plus difficiles et précaires. Cette étude examine en détail les défis liés à l’intégration des immigrés au Québec (Canada) et propose des recommandations afin de renforcer la coordination entre les acteurs locaux et d’améliorer la gouvernance locale des migrations.
Grace à ses politiques d’intégration favorables et aux opportunités d’emploi qu’il offre, le Québec est une destination attractive pour les migrants, qui représentent aujourd’hui 15% de la population et 17% des emplois de la province. A l’instar de l’ensemble du Canada, l’immigration au Québec est fortement sélectionnée sur la base de critères économiques d’employabilité, et notamment au travers de certains programmes d’immigration économique. Alors que les immigrés du Québec figurent parmi les plus diplômés du Canada et de l’OCDE, ils ne sont pas pleinement intégrés au marché du travail et présentent des taux de chômage et de surqualification plus élevés que ceux des populations locales.
Nombre des obstacles auxquels font face les migrants pour leur intégration relèvent des politiques locales. Cette étude rend compte de l’expérience des acteurs locaux (associatifs ou institutionnels) et des employeurs avec les dispositifs d’intégration des migrants au marché du travail dans cinq régions du Québec. L’étude présente également des propositions pour rendre les initiatives d’intégration sociale des immigrants et de lutte contre les discriminations plus efficaces et inclusives au niveau local.
Comme de nombreux pays et régions de l’OCDE, le Québec se trouve aujourd’hui confronté au vieillissement de sa population qui se traduit par des pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs de l’économie provinciale. Cette tendance a poussé les entreprises à faire appel à un nombre croissant d’immigrés pour pourvoir aux postes vacants. Dans ce contexte, les immigrés sont susceptibles de contribuer à la diffusion de l’innovation technologique et à rendre les entreprises québécoises plus compétitives à l’avenir.
Les données statistiques utilisées par l’OCDE et provenant du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) ont été transmises au cours de l’hiver 2019 (de janvier à mars). L'administration du questionnaire auprès des employeurs du Québec a eu lieu au début de l’année 2019. Ces données brossent donc un portrait de la situation telle qu’elle pouvait se présenter à la fin de l’année 2018, avant le budget 2019-2020 du gouvernement du Québec comprenant notamment plusieurs mesures en lien avec la francisation et l’intégration des personnes immigrantes.
Ce travail fait partie des « Revues de l’OCDE sur la création locale d’emplois » et en particulier des travaux portant sur l’intégration des groupes vulnérables sur le marché du travail local. Le rapport final a été présenté lors de la 75e session du Comité du Programme d’action et de coopération concernant le développement économique et la création d’emplois au niveau local (LEED) le 15 Novembre 2019 [CFE/LEED(2019)12].
*À noter que, jusqu’en septembre 2019, le nom du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) était le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI). Afin de faciliter la lecture, nous avons conservé le nom de MIFI tout au long du document pour désigner ce ministère.