Pour atteindre le but d’éliminer la pollution plastique énoncé par l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement à sa cinquième session, des objectifs communs et des efforts coordonnés au niveau mondial seront nécessaires. Tous les pays devront appliquer des mesures pour faire baisser la demande de plastique, rallonger la durée de vie des produits par la réparation et le réemploi, et améliorer la gestion des déchets ainsi que la recyclabilité. Deux scénarios ont été modélisés dans les Perspectives mondiales des plastiques afin de cerner les effets environnementaux et économiques de deux ensembles de mesures de rigueur variable à l’horizon 2060 :
1. Le scénario d’Action régionale prévoit la mise en place d’un ensemble de mesures destiné à améliorer la circularité des plastiques et à atténuer leurs répercussions sur l’environnement. Ces mesures assurent la poursuite de la croissance économique tout en faisant baisser les rejets de plastiques dans l’environnement. Il s’agit d’une panoplie de mesures budgétaires et réglementaires qui ciblent toutes les phases du cycle de vie des plastiques, mais qui sont plus ambitieuses dans les pays membres de l’OCDE que dans les pays non membres.
2. Le scénario d’Ambition mondiale porte sur un ensemble de mesures très rigoureuses destiné à ramener quasiment à zéro les rejets mondiaux de plastiques à l’horizon 2060. Les instruments sont les mêmes que dans le scénario d’Action régionale, mais les objectifs sont plus ambitieux. En outre, les mesures sont mises en œuvre plus rapidement et au niveau mondial.
Dans le scénario d’Action régionale, d’ici à 2060, les déchets plastiques pourraient baisser de près d’un cinquième et les rejets de plastiques dans l’environnement diminuer de plus de 50 % par rapport au scénario de Référence (dans lequel les rejets continuent d’augmenter au fil du temps). Cette évolution est due en grande partie à l’instauration d’une taxe sur l’utilisation de plastiques, qui augmente progressivement pour atteindre 750 USD/tonne en 2060, et d’une taxe sur les emballages plus élevée d’un tiers. Ces taxes limitent la demande et la production de plastiques. Le taux de recyclage atteint 40 % au niveau mondial. Sous l’effet des mesures qui stimulent la demande de vieux plastiques et font augmenter l’offre de plastiques recyclés, la part de marché des plastiques secondaires bondit de 12 % à 29 %. Parallèlement, la quantité de déchets mal gérés diminue de plus de 60 % par rapport au scénario de Référence pour tomber en dessous de son niveau de 2019, grâce surtout à l’amélioration des systèmes de gestion des déchets dans les pays non membres de l’OCDE. Malgré ces retombées bénéfiques, l’utilisation de plastique et le volume de déchets plastique sont multipliés par plus de deux entre 2019 et 2060 dans le scénario d’Action régionale. L’une et l’autre sont en partie découplés de la croissance économique, mais le volume de plastiques accumulés dans l’environnement continue d’augmenter rapidement.
Dans le scénario d’Ambition mondiale, les mesures appliquées réduisent l’utilisation de plastique et la production de déchets plastiques d’un tiers par rapport au scénario de Référence, et font cesser presque entièrement les rejets de plastique dans l’environnement d’ici à 2060. Ces baisses résultent en grande partie d’une taxe sur les plastiques qui est portée à 750 USD/tonne au niveau mondial en 2030 et à 1 500 USD/tonne en 2060, ainsi que d’une taxe sur les emballages plus élevée d’un tiers. Avec un taux de presque 60 %, le recyclage s’impose comme la principale solution de gestion des déchets. Parallèlement, la part de marché des plastiques secondaires atteint 41 % en 2060 grâce principalement à d’importantes mesures de stimulation de la demande, comme le relèvement des objectifs d’incorporation de matières recyclées. Le volume de déchets mal gérés est presque ramené à zéro (6 Mt, contre 153 Mt dans le scénario de Référence). Les rejets dans l’environnement baissent eux aussi considérablement, de 85 % par rapport au scénario de Référence. Les rejets de macroplastiques cessent presque entièrement, y compris dans les milieux aquatiques, même si ceux de microplastiques diminuent de seulement 9 % comparés aux projections du scénario de Référence. Dans le scénario d’Ambition mondiale, les émissions de gaz à effet de serre baissent de 2,1 Gt éq. CO2, ce qui illustre bien la contribution de l’action en faveur de la circularité à la réalisation des objectifs climatiques.