Le développement socioéconomique et l’utilisation des matériaux, dont les plastiques, sont étroitement corrélés, car les matériaux sont un intrant important dans tous les processus de production. Ce chapitre présente les projections à l’horizon 2060 des tendances socioéconomiques sur lesquelles repose le scénario de Référence, dont l’évolution des populations régionales, le produit intérieur brut, la structure de l’économie et les technologies de production. Il met également en évidence les principales sources d’incertitude dans les projections économiques, modélisant les répercussions d’un redressement rapide ou lent après la pandémie de COVID-19 sur la croissance économique et sectorielle.
Perspectives mondiales des plastiques
2. Projections économiques à l’horizon 2060
Abstract
Messages clés
Dans le scénario de Référence, la population mondiale devrait dépasser 10 milliards de personnes d’ici à 2060. La population devrait progresser plus lentement que par le passé, à un taux annuel de 0,7 % en moyenne entre 2019 et 2060, contre 1,8 % au cours de la période 1980-2019. Malgré un faible taux de croissance démographique dans la plupart des régions, l’Afrique subsaharienne verra sa population progresser de plus de 3 % chaque année.
Le produit intérieur brut (PIB) et le niveau de vie devraient augmenter progressivement dans l’ensemble des pays. Le PIB de la majorité des pays non membres de l’OCDE devrait croître plus rapidement que celui des pays de l’OCDE, convergeant peu à peu avec les niveaux actuels de l’OCDE. L’économie mondiale enregistrera donc des évolutions majeures dans l’ensemble des régions, les pays d’Asie non membres de l’OCDE représentant une part de plus en plus importante de la production économique mondiale. Ensemble, la République populaire de Chine (ci-après « la Chine »), l’Inde et d’autres pays asiatiques non membres de l’OCDE contribueront pour près de moitié au PIB mondial en 2060.
La pandémie de COVID-19 et les mesures prises en réponse par les pouvoirs publics ont provoqué une contraction sensible du produit intérieur brut (PIB) mondial en 2020. La croissance du PIB mondial devrait renouer avec les niveaux pré-COVID avant la fin de la décennie, mais le PIB devrait rester inférieur d’environ 1 à 2 % aux projections pré-COVID, selon le rythme du redressement.
En raison du recours accru aux services dans les secteurs de la fabrication et de la consommation (« servicisation »), le secteur des plastiques progressera plus lentement que l’activité économique globale. La production des plastiques a représenté 1,3 % de l’économie mondiale en 2019 et cette part devrait légèrement diminuer pour passer à 1,2 % d’ici 2060.
L’évolution des technologies de production se traduit par une utilisation plus efficace des facteurs de production, dont le plastique. Par exemple, les apports en plastique dans la production de produits manufacturés devraient passer de 3 % en 2019 à 2 % en 2060 en moyenne dans les pays membres de l’OCDE comme dans ceux non membres.
Ce scénario de Référence présente une trajectoire possible de la croissance économique, mais reste incertain.
2.1. La population mondiale devrait augmenter pour atteindre 10 milliards d’ici à 2060, la croissance la plus forte se produisant en Afrique subsaharienne
La population mondiale augmente ces dernières décennies et devrait continuer à croître dans les décennies à venir. Le scénario de Référence prévoit que la population mondiale atteindra plus de 10 milliards de personnes d’ici 2060 (Graphique 2.1), en s’appuyant sur le scénario moyen de l’évaluation World Population Prospects (ONU, 2017[1]) et sur les projections d’Eurostat pour les pays européens (Eurostat, 2018[2]). Le rythme de la croissance démographique devrait ralentir entre 2019 et 2060, contrastant avec la forte croissance observée ces quarante dernières années. Au cours des quarante prochaines années (entre 2019 et 2060), la population mondiale devrait augmenter de 0,7 % par an en moyenne, alors que le taux de croissance annuel était de 1,4 % au cours de la période 1980-2019.
Ce ralentissement de la croissance démographique concerne l’ensemble des pays. Cependant, les tendances en matière de croissance démographique varieront selon les pays. Certains pays devraient même faire face à une croissance négative (de nombreux pays européens, le Japon, la Corée et la Chine). À l’autre extrême, l’Afrique subsaharienne (« Autres Afrique » sur le Graphique 2.1) devrait enregistrer une forte croissance démographique (plus de 3 % par an entre 2019 et 2060). Ainsi, la région devrait abriter plus de 26 % de la population mondiale en 2060, contre 15 % en 2019. À l’inverse, la part des pays de l’OCDE diminue, passant de 18 % en 2019 à 15 % en 2060 (Graphique 2.1).
2.2. La Chine cédera progressivement son rôle de moteur de la croissance économique à d’autres pays émergents en Asie et en Afrique
Au cours des prochaines décennies, la population mondiale devrait non seulement augmenter, mais également s’enrichir en moyenne. Le niveau de vie (mesuré par le PIB par habitant) devrait progresser durant toute la période, la plupart des pays convergeant vers les niveaux de l’OCDE (Graphique 2.2)1. À l’horizon 2060, les revenus mondiaux par habitant devraient atteindre ceux affichés par les pays de l’OCDE en 2019 (41 000 USD). Malgré le ralentissement de la croissance, les revenus moyens dans les pays de l’OCDE seront multipliés par plus de deux, passant de 41 000 USD en 2019 à 86 000 USD en 2060.
L’amélioration du niveau de vie au cours de la période 2019-2060 (barres bleues sur le Graphique 2.2) devrait être plus marquée dans les pays émergents où le PIB par habitant est actuellement faible, en particulier l’Inde. Les pays qui sont des exportateurs de carburants fossiles, comme ceux de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et le groupe « Eurasie », qui comprend la Fédération de Russie (ci-après la « Russie »), devraient progresser moins vite que la moyenne des pays non membres de l’OCDE, étant donné que les revenus tirés des carburants fossiles n’augmentent pas aussi rapidement que d’autres facteurs contribuant à la hausse du PIB. En revanche, les pays européens qui ont récemment intégré l’Union européenne (UE), en particulier ceux de la catégorie « Autres UE » (dont la Roumanie et la Bulgarie, par exemple), devraient enregistrer une croissance rapide. Le niveau de vie des économies en développement restera nettement inférieur à celui des pays de l’OCDE à la fin de la période de projection, malgré le processus de convergence, mais il s’approchera des niveaux de 2019, sauf en Afrique subsaharienne (« Autres Afrique » : voir le tableau A A.2 de l’annexe A pour obtenir la liste des régions utilisées pour ENV-Linkages).
Le PIB augmente dans l’ensemble des régions (Graphique 2.3), même dans les pays où la population diminue, étant donné que l’augmentation du PIB par habitant a davantage de répercussions que l’évolution démographique. Le PIB mondial devrait être multiplié par plus de trois entre 2019 et 2060, passant de 131 000 milliards à 418 000 milliards USD.
En 2020, la pandémie de COVID-19 a provoqué une importante contraction du PIB mondial, dont la croissance annuelle est tombée à ‑4 %, contre environ +4 % en 2019 (Dellink et al., 2021[4]). L’augmentation du chômage, la diminution de la productivité du travail, l’effondrement de la demande de certains produits et l’augmentation des coûts des échanges sont autant de facteurs qui ont déprimé l’activité économique. En 2021, de nombreux pays ont observé un effet rebond. À plus long terme, si la croissance du PIB devrait renouer avec les taux attendus avant la pandémie de COVID, ce ne sera pas le cas du PIB2.
Le scénario de Référence prévoit que la croissance du PIB mondial ralentira et se stabilisera autour de 2,5 % après 2030. Si l’Inde et de vastes secteurs de l’Afrique subsaharienne devraient enregistrer un taux de croissance élevé et devenir des acteurs majeurs de la croissance mondiale au cours de la période 2019-2040, le ralentissement prévu de l’économie chinoise après 2025 joue un rôle prépondérant. À partir de 2040, les régions les plus dynamiques devraient être les économies émergentes d’Asie (Inde et « Autres Asie non-OCDE » sur le Graphique 2.3).
La part des pays de l’OCDE dans le PIB mondial devrait diminuer pour s’établir à 31 % en 2060, contre 44 % en 2019 (Graphique 2.4), compte tenu des taux de croissance supérieurs dans les pays non membres de l’OCDE. Les pays d’Asie non membres de l’OCDE gagneront en importance à l’échelle mondiale (leur part passera de 37 % en 2019 à 48 % en 2060). Si la Chine conservera son importance (avec une part mondiale du PIB passant de 20 % en 2019 à 18 % en 2060), l’Inde et certaines économies à croissance rapide de la région « Autres Asie non-OCDE », en particulier l’Indonésie et les Philippines, représenteront une part bien plus conséquente de l’économie mondiale. Du fait de sa forte croissance économique, l’Inde verra sa part dans le PIB mondial augmenter, passant de 8 % en 2019 à 18 % en 2060. Au sein des autres régions, certains pays joueront un rôle de plus en plus important dans la croissance économique : l’Égypte dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, le Nigéria en Afrique subsaharienne (Autres Afrique) et le Pérou en Amérique latine.
2.2.1. De nombreuses incertitudes pourraient influer sur les projections économiques
Les projections relatives à la croissance économique sont sujettes à des incertitudes. Le modèle s’appuie sur des projections à long terme des déterminants socioéconomiques clés, qui sont toutes incertaines. La future croissance démographique et la vitesse de convergence entre les pays, notamment, peuvent influer sur les projections économiques à long terme (Encadré 2.1). Par ailleurs, le scénario de Référence prend en compte les effets de la pandémie de COVID, mais les effets à plus long terme restent largement méconnus. Par exemple, un redressement plus lent signifierait une croissance moindre à long terme (Dellink et al., 2021[4]), ainsi que l’Encadré 2.2 en fait état. Enfin, d’autres événements incertains susceptibles d’avoir un effet sur la croissance régionale et mondiale sont difficiles à inclure dans le scénario de Référence. Par exemple, la récente guerre en Ukraine aura certainement des répercussions sur la croissance régionale et mondiale (Encadré 2.3). Toutefois, la situation actuelle et son évolution dans les années à venir étant très incertaines, la Guerre en Ukraine n’a pas été incluse dans les facteurs économiques du scénario de Référence du modèle ENV-Linkages.
Encadré 2.1. Il ne faut pas perdre de vue les incertitudes qui pèsent sur les projections
Les projections ne sont pas des prédictions. Les modèles utilisent une version stylisée de la réalité qui néglige une longue liste de facteurs susceptibles d’influencer les futurs résultats économiques et environnementaux, comme les catastrophes naturelles, les conflits intérieurs et les guerres internationales. Il convient de garder à l’esprit plusieurs incertitudes lors de l’évaluation des projections présentées dans ce rapport. Le scénario de Référence est soigneusement calibré de manière à refléter les évolutions plausibles à long terme, mais ne représente qu’une des futures trajectoires possibles. L’une des sources d’incertitude clés est l’évolution des projections socioéconomiques. Comme le souligne le rapport OCDE (2019[7]), la modification de la population et de la vitesse de convergence des revenus entre les pays influe notablement sur les projections économiques (Graphique 2.5).
Encadré 2.2. Et si l’économie mondiale se remet plus lentement de la pandémie ?
La vitesse à laquelle l’économie mondiale se remettra de la pandémie de COVID-19 est très incertaine. Les répercussions de la pandémie à moyen terme ne peuvent donc pas être quantifiées précisément. Le scénario de Redressement lent examine les implications d’un redressement lent après la pandémie1, en montrant comment le PIB rebondit plus lentement (partie A du Graphique 2.6). En 2040, l’économie mondiale se situe même très en deçà des projections pré-COVID par rapport au scénario de Référence principal (qui tient compte des effets du COVID-19). Étant donné que les chocs simulés dans le scénario de Redressement lent sont censés s’estomper deux fois moins vite que dans le scénario de Référence, l’effet sur l’activité économique est plus durable et demeure deux fois plus intense pendant les deux décennies à venir au moins. Il existe également des différences importantes entre les régions ; le redressement plus lent est particulièrement préjudiciable aux économies asiatiques, notamment l’Inde (partie B du Graphique 2.6). L’Encadré 2.4 analyse de quelle manière un redressement lent peut influer sur les tendances en matière de production de plastique.
Encadré 2.3. Le conflit actuel en Ukraine aura une incidence sur la croissance économique à l’échelle mondiale
Au moment de la rédaction de ce rapport (avril 2022), le conflit qui a éclaté en février 2022 en Ukraine se poursuit. En mars 2022, le Département des affaires économiques de l’OCDE a publié un rapport intermédiaire des Perspectives économiques de l’OCDE intitulé Guerre en Ukraine : Conséquences économiques et sociales et implications pour les politiques publiques (OCDE, 2022[8]). Ce rapport souligne que les conséquences économiques dépendront de la durée du conflit et des mesures prises en réaction à la guerre, telles que des politiques visant à garantir des conditions stables sur les marchés financiers et un soutien budgétaire, ainsi qu’à atténuer les répercussions de la hausse des prix de l’énergie sur les consommateurs. La guerre freinera la croissance mondiale et créera des pressions inflationnistes importantes.
Le rapport estime que la croissance mondiale du PIB mondial pourrait être réduite de 1 % la première année et que la hausse mondiale des prix à la consommation pourrait atteindre 2,5 % au cours de la même période, parallèlement à une grave récession en Russie. Ces estimations se fondent sur l’hypothèse selon laquelle les chocs ayant touché les produits et les marchés financiers durant les deux premières semaines du conflit persisteront pendant au moins un an (OCDE, 2022[8]).
La guerre et les sanctions qui l’accompagnent ont entraîné des perturbations à l’échelle mondiale compte tenu des liens financiers et commerciaux. Le cours du rouble a fortement chuté, tandis que le taux d’intérêt de la Banque centrale de Russie a augmenté de 10,5 points, atteignant 20 %. On observe également des dépréciations monétaires et une hausse des primes de risque dans les économies émergentes, ainsi que dans les pays d’Europe centrale et de l’Est, en particulier dans ceux qui avaient des liens commerciaux étroits avec la Russie avant le conflit.
Les économies européennes, en particulier celles ayant des frontières en commun avec la Russie et l’Ukraine, sont les plus touchées. Ce phénomène s’explique par la hausse du prix du gaz en Europe, ainsi que par les liens qui unissent la Russie et les pays voisins dans les domaines du commerce et de l’énergie. D’autres régions peuvent subir les effets de l’affaiblissement de la demande mondiale et de la modification des revenus et des dépenses des ménages découlant de la hausse des prix. L’augmentation des prix des aliments et de l’énergie provoque davantage d’inflation dans les économies de marché émergentes que dans les économies avancées.
D’autres facteurs et chocs potentiels pourraient aggraver les conséquences négatives du conflit et nuire encore à la croissance économique, comme l’arrêt des exportations russes d’énergie vers l’UE et de nouveaux boycotts et sanctions.
La Russie et l’Ukraine ne représentent que 2 % du PIB mondial, mais les deux pays jouent un rôle prépondérant en tant que fournisseurs principaux sur un certain nombre de marchés de produits de base. La Russie et l’Ukraine représentent 30 % des exportations mondiales de blé ; 20 % de celles de maïs, d’engrais minéraux et de gaz naturel ; et 11 % de celles de pétrole. De nombreuses chaînes d’approvisionnement dépendent également de la Russie et de l’Ukraine pour les exportations de métaux et les gaz inertes. L’Ukraine et la Russie jouent également un rôle dans les réserves d’uranium. Le prix de bon nombre de ces produits de base a déjà augmenté depuis le début de la guerre.
Un arrêt total des exportations de blé d’Ukraine et de Russie provoquerait des pénuries dans les économies de marché émergentes et en développement. Dans de nombreux pays du Moyen-Orient, 75 % des importations de blé proviennent d’Ukraine et de Russie. En parallèle, l’interruption de la production des engrais risque de peser sur l’offre de produits agricoles.
Outre ces répercussions directes du conflit, il pourrait également y avoir des effets plus durables, notamment des pressions en faveur d’une hausse des dépenses militaires, une modification de la structure des marchés de l’énergie, une fragmentation potentielle des systèmes de paiement et une évolution de la composition en devises des réserves de change.
Source : (OCDE, 2022[8]), Perspectives économiques de l’OCDE, Rapport intermédiaire de mars 2022 intitulé Guerre en Ukraine : Conséquences économiques et sociales et implications pour les politiques publiques, https://doi.org/10.1787/f111a540-fr.
2.3. Les services représenteront une part croissante de l’économie mondiale
La structure de l’économie mondiale évolue à mesure que le niveau de vie modifie les préférences ; que la société s’adapte aux changements démographiques, tels que le vieillissement de la population et l’urbanisation ; et également à mesure que la nature de la production évolue, et s’appuie davantage sur les technologies numériques et les services. La principale modification de la structure de l’économie prévue pour les décennies à venir est une augmentation de la demande de services de la part des ménages, des gouvernements et des entreprises.
Avec la hausse des revenus par habitant, les ménages dépensent relativement moins pour les produits de première nécéssité (produits alimentaires et agricoles) et pour les produits manufacturés, et davantage pour les services, par exemple, les activités récréatives et de loisirs, ainsi que la santé et l’éducation. Les dépenses relatives aux biens durables et au matériel devraient également évoluer. Par exemple, le budget consacré au matériel électronique et aux véhicules augmentera au détriment de celui consacré au papier.
La composition des dépenses gouvernementales et d’investissement devrait suivre la même tendance, avec une augmentation de la part des dépenses relatives à l’éducation et à la R-D. Le vieillissement de la population entraîne également un glissement de la demande vers les services, en particulier vers les dépenses de santé et autres soins de longue durée pour les personnes âgées.
La modification de la structure de l’économie est également attribuable à l’évolution de la demande intermédiaire, c’est-à-dire la demande de biens produits et de services de la part des entreprises. La principale transformation structurelle prévue concerne les secteurs des services, notamment le secteur des services aux entreprises, qui enregistreront une croissance plus rapide que le reste de l’économie au cours de la période 2019-2060 (Graphique 2.7). Cet effet, appelé « servicisation », s’explique par une intensification du recours aux services comme intrants dans tous les secteurs, à la numérisation et à la hausse des dépenses de recherche-développement (R-D).
La structure des économies régionales dépend également des modèles commerciaux, étant donné que l’offre et la demande sont reliées par le commerce international. Les régions peuvent notamment se spécialiser dans la production de certains biens et services, tout en maintenant ou en élargissant le large éventail de biens et de services à la disposition des ménages et des gouvernements.
Sous l’effet de la servicisation de l’économie, la part du secteur des plastiques progresse plus lentement que la moyenne à l’échelle de l’économie. Toutefois, comme les plastiques sont très utilisés dans l’économie, la demande de plastiques continue d’augmenter au fil du temps, réagissant à la croissance démographique et économique, mais aussi au fait que les services aux entreprises utilisent les plastiques, en particulier pour les emballages. Comme le montre le Graphique 2.7, les plastiques représentent un petit secteur de l’économie mondiale. Globalement, la production de plastiques a représenté 1,3 % de l’économie mondiale en 2019, et sa part devrait légèrement diminuer à l’horizon 2060 (pour s’établir à 1,2 %), la valeur marchande des plastiques utilisés dans l’économie mondiale passant de 4 900 milliards USD en 2019 à 12 000 milliards USD en 2060. L’Encadré 2.4 examine les effets de la pandémie de COVID‑19 sur la production sectorielle et leurs répercussions éventuelles sur les plastiques.
Encadré 2.4. Comment un redressement lent après la pandémie de COVID-19 peut-il influer sur les tendances sectorielles, y compris celles des plastiques ?
La pandémie de COVID-19 et les mesures prises en réponse par les pouvoirs publics auront un effet sur la structure sectorielle de l’économie (Graphique 2.8). Dans le scénario de Référence, à court terme (d’ici à 2025), les effets se font principalement sentir dans les secteurs nécessitant une main-d’œuvre relativement nombreuse, dont l’hôtellerie et la restauration, les transports et la construction. À plus long terme (d’ici à 2040), les effets de la pandémie se font ressentir dans les secteurs à forte intensité de capital, car la diminution des investissements a des effets à long terme sur le stock de capital. Un redressement plus lent impliquerait une disparition plus lente des chocs, ce qui se répercuterait négativement sur l’ensemble des secteurs. Par conséquent, même si les niveaux de production se rétablissaient après 2021, ils resteraient inférieurs à la projection de Référence pré-COVID. Il en va de même pour la production des produits chimiques et des plastiques, les secteurs qui fournissent les plastiques dans le cadre de la modélisation (voir l’annexe A) : le scénario de Référence prévoit une baisse de la production en 2025 de 2,3 % et de 2,1 % respectivement, mais le scénario de Redressement lent prévoit des effets bien plus persistants (bien qu’il reste probable que les taux de croissance sectoriels renouent avec les niveaux prévus avant le COVID).
2.4. Les processus de production s’appuieront sur des technologies plus efficaces
Les progrès techniques constituent le principal déterminant de la croissance économique. Un vaste éventail d’évolutions influe sur les progrès techniques, dont les efforts constants d’optimisation des processus de production, les nouveaux modèles d’affaires et la diffusion des meilleures techniques disponibles. L’évolution des technologies de production modifie également la structure des intrants (p. ex., remplacement des intrants de production, du travail ou du capital). L’efficacité du travail évolue au fil du temps, sous l’effet de la hausse du niveau de formation dans les pays, des investissements dans l’innovation, de l’amélioration de la qualité des institutions et de la réglementation des marchés.
La production des biens manufacturés illustre de façon intéressante cette évolution de la production. Le Tableau 2.1 montre comment la structure des coûts de la production globale de biens manufacturés a évolué dans les pays membres et non membres de l’OCDE. Les intrants de services augmentent, reflétant le phénomène de servicisation décrit à la section 2.3, tandis que d’autres apports de biens et services diminuent. Grâce à l’amélioration de l’efficacité des technologies de production, les apports en plastique dans la production de produits manufacturés diminuent également (passant de 3 % en 2019 à 2 % en 2060 en moyenne, dans les pays membres de l’OCDE comme dans ceux non membres).
Tableau 2.1. Les gains d’efficacité dans la production plus efficace de biens manufacturés font baisser les intrants de plastiques
Part des éléments dans les coûts de production des biens en plastique
OCDE |
Hors OCDE |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
2019 |
2030 |
2060 |
2019 |
2030 |
2060 |
||
Évolution des prix (index 2017 = 1) |
1 |
1 |
0,99 |
1 |
0,94 |
0,88 |
|
Composition des intrants de production |
Capital et ressources |
13 % |
13 % |
14 % |
10 % |
10 % |
10 % |
Main-d’œuvre |
17 % |
17 % |
16 % |
14 % |
14 % |
14 % |
|
Intrants agricoles |
4 % |
4 % |
4 % |
9 % |
9 % |
9 % |
|
Intrants industriels |
44 % |
34 % |
30 % |
51 % |
50 % |
50 % |
|
Intrants de services |
19 % |
21 % |
26 % |
14 % |
15 % |
20 % |
|
Plastiques |
3 % |
2 % |
2 % |
3 % |
3 % |
2 % |
Source : Modèle ENV-Linkages de l’OCDE.
Dans les pays membres de l’OCDE comme dans ceux non membres, les coûts de production unitaires devraient diminuer, reflétant la hausse de la productivité découlant des progrès techniques. Toutefois, cet effet est plus important dans les pays non membres de l’OCDE, où un taux de convergence plus élevé entraîne une évolution plus marquée de la productivité au fil du temps. Dans l’ensemble des régions, la part des intrants industriels dans les coûts de production diminue au profit de celle des services.
Références
[4] Dellink, R. et al. (2021), « Effets à long terme de la pandémie de COVID-19 et des mesures de relance sur les pressions environnementales : étude quantitative », Documents de travail de l’OCDE sur l’environnement, n° 176, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/28ebe842-fr.
[2] Eurostat (2018), « Projections démographiques », Eurostat (code en ligne : tps00002), https://ec.europa.eu/eurostat/fr/web/products-datasets/product?code=tps00002 (consulté le July 2018).
[6] FMI (2020), Perspectives de l’économie mondiale, octobre 2020 : Une ascension longue et difficile, Fonds monétaire international, Washington, D.C., https://www.imf.org/fr/Publications/WEO/Issues/2020/09/30/world-economic-outlook-october-2020 (consulté le 22 janvier 2021).
[3] Guillemette, Y. et D. Turner (2018), « The Long View: Scenarios for the World Economy to 2060 », OECD Economic Policy Papers, n° 22, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/b4f4e03e-en.
[8] OCDE (2022), Perspectives économiques de l’OCDE, Rapport intermédiaire, mars 2022 - Guerre en Ukraine : Conséquences économiques et sociales et implications pour les politiques publiques, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/f111a540-fr.
[5] OCDE (2020), Perspectives économiques de l’OCDE, Volume 2020 Numéro 2, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/8dd1f965-fr.
[7] OCDE (2019), Global Material Resources Outlook to 2060: Economic Drivers and Environmental Consequences, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264307452-en.
[1] ONU (2017), « World Population Prospects: The 2017 Revision, Key Findings and Advance Tables », https://esa.un.org/unpd/wpp/publications/Files/WPP2017_KeyFindings.pdf (consulté le 18 mai 2018).
Notes
← 1. Les projections macroéconomiques pour l’OCDE et les pays du G20 concordent avec les projections macroéconomiques à long terme du Département des affaires économiques de l’OCDE (Guillemette et Turner, 2018[3]). Pour les pays restants, les projections sont fournies par le modèle ENV-Growth de l’OCDE (Annexe A).
← 2. Les implications de la pandémie de COVID-19 et des mesures prises par les pouvoirs publics pour y faire face ont été déterminées à partir de l’évaluation d’un ensemble détaillé de chocs ayant affecté l’emploi, la productivité, la demande et les échanges (Dellink et al., 2021[4]), qui reflètent les répercussions macroéconomiques de la pandémie quantifiées dans les Perspectives économiques de l’OCDE (2020[5]).