L’incidence de la fiscalité sur les résultats en matière d’égalité des sexes est considérée comme un axe de travail important par une très large majorité des pays interrogés. Les trois quarts des pays jugent au moins « assez importante » la question de la dimension sexospécifique de la fiscalité, et huit pays la considèrent comme « très importante » (Graphique 3.1). Vingt-deux pays indiquent qu’ils ont mis en œuvre des réformes fiscales spécifiques pour améliorer l’équité entre les sexes. Ces réformes concernent pour l’essentiel le système de l’impôt sur le revenu, qu’il s’agisse d’un changement d’unité d’imposition, d’une modification des processus de l’administration, ou de la mise en place de crédits d’impôt ou d’abattements, mais plusieurs pays ont également aboli un désavantage pour les femmes en instaurant un taux de TVA nul ou réduit sur les produits de protection hygiénique.
Quelques pays citent des exemples, présents ou passés, de biais explicite dans leur système fiscal, généralement au niveau du système d’impôt sur le revenu. Il s’agit le plus souvent de différences d’imposition se traduisant par un avantage fiscal pour les femmes ; par exemple, en Hongrie, une exonération totale et à vie de tous les impôts sur le revenu est offerte aux mères de famille au-delà du quatrième enfant, tandis qu’en Israël, les mères se voient octroyer des points de crédit d’impôt supplémentaires.
Plus de la moitié des répondants (23 pays) reconnaissent qu’il existe un risque de biais implicite dans leur système fiscal, mais seuls 16 d’entre eux ont formellement évalué ce risque. Les biais implicites signalés par les pays relèvent de cinq différences courantes entre les femmes et les hommes au regard de la fiscalité (Encadré 3.1) : les niveaux de revenus ; la nature des revenus ; l’unité d’imposition retenue pour l’IR (le couple ou l’individu) ; les modes de consommation ; et les attentes sociales qui définissent les rôles respectifs des femmes et des hommes.
Comme pour les biais explicites, ces biais implicites peuvent se produire au détriment de l’un ou l’autre sexe, selon la manière dont le système fiscal interagit avec ces caractéristiques sous-jacentes. Par exemple, la progressivité du système fiscal permet d’alléger la charge fiscale pour les personnes à faible revenu – généralement des femmes – tout en dissuadant, dans les systèmes fondés sur le foyer fiscal, le second apporteur de revenu de travailler.
Dans les deux catégories de biais, explicites et implicites, les pays notent des exemples qui soit amoindrissent, soit accentuent le préjugé sexiste. À partir de ces différents exemples, une ventilation supplémentaire du cadre implicite et explicite pourrait être envisagée, comme exposé au Tableau 4.1.