En ce qui concerne les statistiques sur les PME, la principale source d’information est le recensement des établissements réalisé par la CAPMAS. Les recensements sont généralement menés tous les dix ans, et le dernier ait été publié en 2017. Selon le ce recensement, les très petites-entreprises se sont élevées à 3,8 millions et les petites et moyennes-entreprises à 67 600. En 2010-2011, l’Institut bancaire égyptien (Egyptian Banking Institute, EBI), l’organe de développement financier de la Banque centrale d’Égypte, et la CAPMAS ont mené une enquête sur les PME, qui a été complétée par le Recensement économique de la CAPMAS en 2013. Il existe un projet de créer un Observatoire des PME dans le cadre de la nouvelle agence des PME.
Le cadre général de la politique économique de l’Égypte reflète un certain nombre de réformes structurelles importantes, y compris celles qui ont été lancées en novembre 2016 dans le cadre de la Facilité de crédit élargie du FMI. Ces réformes visaient principalement à redresser les déséquilibres macroéconomiques et à relever les défis structurels (tels que la faiblesse des taux de croissance et d’investissement, la hausse de l’inflation, le niveau élevé de la dette publique et la surévaluation du taux de change) ayant des effets négatifs sur le déficit courant et les réserves internationales. La mise en œuvre de ces réformes a produit des résultats positifs tels qu’une croissance économique accrue et une inflation en baisse (malgré les effets négatifs immédiats de la flottabilité de la monnaie et de la suppression des subventions). Pourtant, comme l’a noté le FMI dans sa dernière consultation sur l’article IV pour l’Égypte, l’État continue de jouer un rôle prépondérant dans l’économie, soit en tant qu’employeur de choix compte tenu des meilleures conditions de travail et de sécurité qu’il offre, soit par sa participation directe dans les entreprises publiques dans des secteurs tels que la banque, l’énergie, la fabrication, l’agriculture, les transports, le tourisme et les services1.
Une autre initiative importante guidant les orientations économiques, sociales et environnementales est la Stratégie de développement durable : Égypte Vision 2030. Le pilier de développement économique de Vision 2030 se concentre sur de grands projets d’infrastructure, notamment l’agrandissement du canal de Suez, la construction d’une nouvelle capitale administrative et le développement d’un projet de 4 millions d’acres. Vision 2030 comprend également une série de réformes visant à améliorer le climat d’investissement et l’environnement réglementaire pour les entreprises, mais la stratégie ne fait aucune référence directe à la politique en faveur des PME et de l’entreprenariat.
L’Indice des politiques en faveur des PME 2014 avait constaté la forte fragmentation du cadre institutionnel des PME en Égypte, avec une séparation floue entre les fonctions d’élaboration et de mise en œuvre des politiques. Le Fonds social pour le développement (Social Fund for Development, SFD) était ainsi responsable des micro- et petites entreprises, tandis que l’Autorité générale pour l’investissement et les zones franches (GAFI) concentrait son action sur les petites et moyennes entreprises à fort potentiel de croissance. Le ministère du Commerce et de l’Industrie, par l’intermédiaire du Centre de modernisation industrielle (IMC) et d’autres organisations affiliées, soutenait les petites et grandes entreprises opérant dans les secteurs industriels. Les responsabilités d’élaboration des politiques étaient réparties entre différents ministères : Commerce et Industrie, Investissement et Finances et Planification. Une certaine forme de coordination avait lieu grâce à la représentation transversale dans les agences d’exécution des politiques (SFD, GAFI, IMC), mais la coordination restait difficile en l’absence de stratégie globale de développement des PME. En 2013, le SFD a été mandaté pour coordonner le développement de la nouvelle stratégie PME avec d’autres parties prenantes et le travail avait déjà commencé parallèlement au lancement d’un vaste processus de consultation.
L’Égypte a pris des mesures importantes pour remédier à la fragmentation du cadre politique régissant les PME. Premièrement, en novembre 2016, le ministère du Commerce et de l’Industrie a lancé une Stratégie nationale pour le développement industriel et le commerce extérieur jusqu’en 2020, élaborée avec le soutien de l’UE2. Cette stratégie comprend un pilier thématique sur le développement des PME et de l’entreprenariat, dans le cadre duquel la « Stratégie nationale de développement des MPME et de l’entreprenariat et plan d’action 2018-2023 » est élaborée avec le soutien d’Affaires mondiales Canada et de l’Organisation internationale du travail (OIT).
En avril 2017, un décret du Premier ministre a été publié en vue de créer une nouvelle Agence de développement des MPME (MSMEDA), placée sous la direction du ministre du Commerce et de l’Industrie. La MSMEDA absorbe les responsabilités du SFD, du Centre de formation industrielle (ITC) et celles de l’IMC relatives au soutien à l’entreprenariat et aux PME. L’un des principaux rôles de la MSMEDA est d’assurer la coordination entre les différentes structures du gouvernement ayant affaire avec les PME. La MSMEDA est chargée de :
Élaborer la politique en faveur des PME et de l’entreprenariat et la planification stratégique ;
Mettre en place les cadres nécessaires à la mise en œuvre, à la coordination et au suivi des initiatives de soutien aux PME ;
Concevoir et mettre en œuvre des programmes de soutien sur les compétences, la chaîne d’approvisionnement, le marketing, la participation à des salons commerciaux, la négociation collective pour les fournisseurs, etc.
Faciliter l’accès au financement des MPME ; et
Travailler avec les autorités concernées et pertinentes à faciliter et simplifier les procédures d’octroi de licences pour la création d’une MPME.
La MSMEDA travaille actuellement à finaliser le Cadre de mesure du rendement (CMR) de la Stratégie nationale pour les MPME et l’entreprenariat. Elle a également élaboré une nouvelle Stratégie nationale pour le développement des MPME 2020 et le plan d’action afférent, qui a été approuvée par son conseil d’administration et devrait être officiellement approuvée dans les prochains mois. La nouvelle Stratégie nationale pour les MPME est divisée en six piliers et le Plan d’action comprend 115 mesures. L’Union européenne (UE) soutient la mise en œuvre de la Stratégie à travers son projet « Soutien à la mise en œuvre de stratégies pour favoriser le développement des MPME en Égypte » (MiSMESIS). Le projet consiste à développer pour la MSMEDA une stratégie d’entreprise pour la mise en œuvre de la stratégie nationale autour de trois grands piliers : 1) la connaissance et le centre d’excellence ; 2) l’environnement des affaires ; et 3) le soutien au niveau de l’entreprise. Le projet consiste également à entreprendre un exercice de cartographie des donateurs pour identifier les activités en cours dans les six piliers de la stratégie.
Les sept « orientations gouvernementales » concernant les PME sont largement influencées par les principes du SBA et leur adaptation à la région MED à travers les évaluations de l’Indice des politiques en faveur des PME. Ces orientations sont les suivantes :
1. Créer un environnement dans lequel les entrepreneurs et les PME peuvent prospérer et où l’entreprenariat est récompensé, en particulier pour les futurs entrepreneurs, en soutenant l’intérêt et le talent des entrepreneurs, surtout chez les jeunes et les femmes, et en simplifiant les conditions de transfert des entreprises.
2. S’assurer que les entrepreneurs honnêtes qui ont fait faillite obtiennent rapidement une deuxième chance. Le gouvernement encouragera une attitude positive dans la société pour offrir un nouveau départ aux entrepreneurs, ce qui rendra plus facile et plus rapide la demande de faillite non frauduleuse, et assurera que les entreprises recréées soient traitées sur un pied d’égalité avec les start-ups.
3. Concevoir des règles selon le principe du « Think Small First », en particulier en :
a. veillant à ce que l’impact de toutes les lois et réglementations gouvernementales sur les petites entreprises soit soigneusement pris en compte avant leur introduction ;
b. rendant les administrations publiques réactives aux besoins des PME ; et
c. en adaptant les outils de politique publique aux besoins des PME, en facilitant la participation des PME aux marchés publics et faisant un meilleur usage des programmes de soutien aux petites entreprises
4. Faciliter l’accès des petites entreprises au financement et développer un environnement juridique et commercial favorable aux paiements ponctuels dans les transactions commerciales : en particulier, le gouvernement facilitera la promotion du capital-risque, du microcrédit et du financement mezzanine, et développera un environnement juridique et commercial propice aux paiements à l’heure des transactions commerciales.
5. Promouvoir l’amélioration des compétences dans les PME et toutes les formes d’innovation en encourageant les PME à investir dans la recherche et à participer aux programmes de soutien à la R&D, à la recherche transnationale, aux clusterings et à la gestion active de la propriété intellectuelle.
6. Permettre aux MPME de transformer les défis environnementaux en opportunités en leur fournissant plus d’informations, d’expertise et d’incitations financières pour les aider à exploiter les opportunités offertes par les nouveaux marchés « verts » et le renforcement de l’efficacité énergétique, notamment grâce à la mise en place de systèmes de management environnemental dans les PME.
7. Encourager et soutenir les PME à bénéficier de la croissance des marchés internationaux. Le gouvernement facilitera la fourniture d’un soutien spécifique aux différents marchés et d’activités de formation commerciale
En ce qui concerne le dialogue public-privé, comme en 2014, il existe un grand nombre d’organisations du secteur privé en Égypte, y compris la Fédération des chambres de commerce égyptiennes, la Fédération des industries égyptiennes, l’Association des entreprises égyptiennes, l’Association égyptienne des jeunes entrepreneurs, la Fédération égyptienne des investisseurs, l’Association des entreprises d’Alexandrie (Alexandria Business Association) ; et l’Association des femmes d’affaires (Women Business Association). Selon cette évaluation intermédiaire, les organisations du secteur privé envisagent de créer des départements pour les PME et l’établissement de la MSMEDA devrait entraîner une augmentation du DPP. Parmi les trois conseils d’administration de la MSMEDA (conseil consultatif, conseil d’administration et conseil d’administration), les deux premiers comprennent des représentants du secteur privé et des ONG.
Pour aller plus loin : L’Égypte s’attaque actuellement à l’une des principales recommandations de l’Indice des politiques en faveur des PME 2014, qui soulignait la nécessité de remédier à la fragmentation du cadre institutionnel des PME. La création de la MSMEDA en tant qu’autorité dotée de pouvoirs de coordination politique et de soutien direct est une mesure concrète, bien qu’on ne dispose pas encore de détails sur le rôle et les responsabilités de l’agence : la stratégie institutionnelle de la MSMEDA et la stratégie nationale de soutien aux PME sont encore en cours d’élaboration et on ne sait pas clairement quand et comment elles seront approuvées et mises en œuvre. De plus, bien que les consultations menées dans le cadre de la présente évaluation intermédiaire aient mis en évidence des projets de création d’un mécanisme formel de dialogue public-privé pour les PME, il n’existe aucune preuve concrète de la manière dont ces plans seront élaborés et mis en œuvre. De même, il est question de l’élaboration d’une loi sur les PME et d’une définition officielle des PME, mais aucune donnée n’a pu être réunie sur comment et quand cela se produira. Par conséquent, l’Égypte pourrait poursuivre et intensifier ses efforts pour développer et mettre en œuvre son nouveau cadre juridique et institutionnel pour la politique des PME au-delà de ses plans et mesures initiaux.