Dans l’enseignement tertiaire, les dépenses annuelles s’élèvent en moyenne à 17 560 USD par étudiant dans les pays de l’OCDE selon les chiffres de 2019. Cette moyenne est toutefois biaisée du fait de dépenses très élevées, supérieures à 25 000 USD, dans quelques pays, à savoir au Canada, aux États-Unis, au Luxembourg, en Norvège, au Royaume-Uni et en Suède.
En moyenne, les services d’éducation (la rémunération des enseignants, les infrastructures, le matériel pédagogique et l’administration) absorbent 63 % du budget total de l’enseignement tertiaire, et la recherche et le développement (R-D) et les services auxiliaires (la cantine et les transports, par exemple) en représentent respectivement 33 % et 4 % dans les pays de l’OCDE.
Entre 2012 et 2019, les dépenses unitaires ont augmenté en valeur réelle de 1.4 % par an en moyenne dans l’enseignement tertiaire des pays de l’OCDE, alors que l’effectif scolarisé à ce niveau a augmenté de 0.3 % seulement par an. Les dépenses unitaires ont donc progressé en moyenne, soit de 1.0 % par an en moyenne, dans l’enseignement tertiaire.
Regards sur l'éducation 2022
Indicateur C1. Quel est le montant des dépenses unitaires d’éducation ?
Faits marquants
Contexte
Les responsables politiques veulent multiplier les possibilités d’apprentissage et dispenser un enseignement de qualité, mais ces objectifs peuvent donner lieu à une augmentation des coûts unitaires qui doit être équilibrée par rapport à d’autres postes de dépenses et à l’ensemble des charges fiscales. C’est pourquoi la question de savoir si l’investissement dans l’éducation est suffisamment rentable est une thématique majeure du débat public. Certes, il est difficile de déterminer le volume optimal de ressources requises pour préparer chacun à vivre et à travailler dans les sociétés modernes, mais les comparaisons internationales des dépenses unitaires d’éducation peuvent fournir des valeurs de référence utiles.
Cet indicateur évalue l’investissement dans la scolarité de chacun. Les dépenses unitaires d’éducation dépendent en grande partie du salaire des enseignants (voir l’indicateur D3), des régimes de retraite, des temps d’instruction et d’enseignement (voir l’indicateur D4), du coût des infrastructures scolaires et du matériel pédagogique (voir l’indicateur C6), des filières d’enseignement (générale ou professionnelle) et des effectifs scolarisés (voir l’indicateur B1). Les politiques adoptées pour susciter des vocations d’enseignant, réduire la taille moyenne des classes ou modifier la dotation en personnel contribuent aussi à la variation des dépenses unitaires. Dans certains pays, les dépenses pour les services auxiliaires et la R&D peuvent également avoir une grande influence sur les dépenses par étudiant.
Dans l’enseignement primaire et secondaire, les services d’éducation constituent dans l’ensemble le principal poste de dépenses. Dans l’enseignement tertiaire, d’autres services, en particulier les services auxiliaires et la R-D, peuvent constituer un gros poste de dépenses.
Autres faits marquants
Dans l’enseignement tertiaire, les dépenses annuelles par étudiant en cycle court représentent en moyenne deux tiers de celles enregistrées par étudiant en cycle long (aux niveaux licence, master et doctorat combinés).
En moyenne et à tous les niveaux d’enseignement, le budget total alloué aux établissements privés est comparable à celui affecté aux établissements publics. De l’enseignement primaire à l’enseignement tertiaire, les dépenses unitaires totales s’élèvent en moyenne à de 11 900 USD environ dans les établissements publics, contre un peu moins de 12 100 USD dans les établissements privés dans les pays de l’OCDE.
Dans l’enseignement tertiaire, les dépenses sont plus élevées en filière académique qu’en filière professionnelle dans la plupart des huit pays dont les données sont disponibles. Les dépenses unitaires passent au moins du simple au double entre la filière professionnelle et la filière académique en Allemagne, au Chili, en Grèce et en République tchèque.
En moyenne, les pays de l’OCDE consacrent au total 105 500 USD à la scolarité de chaque élève entre l’âge de 6 et 15 ans. Ce montant cumulé par élève entre l’âge de 6 et 15 ans est supérieur à 150 000 USD en Autriche, au Luxembourg et en Norvège, mais inférieur à 50 000 USD en Colombie et en République de Türkiye.
Analyse
Dépenses unitaires d’éducation
Les dépenses unitaires d’éducation sont révélatrices de l’investissement consenti dans la scolarité de chacun de l’enseignement primaire à l’enseignement tertiaire. Selon les chiffres de 2019, les dépenses unitaires s’élèvent en moyenne à 12 000 USD de l’enseignement primaire à l’enseignement tertiaire dans les pays de l’OCDE. Cette moyenne occulte toutefois de grandes différences entre les pays membres de l’OCDE. De l’enseignement primaire à l’enseignement tertiaire, les dépenses unitaires annuelles sont de l’ordre de 3 600 USD au Mexique, mais atteignent 17 500 USD environ en Autriche et en Norvège, 19 500 USD environ aux États-Unis et sont même supérieures à 25 400 USD au Luxembourg (voir le Tableau C1.1). Les facteurs qui poussent les dépenses unitaires à la hausse varient selon les pays et le niveau d’enseignement : le salaire élevé des enseignants dans l’enseignement primaire et secondaire (voir l’indicateur D3) explique le niveau élevé de dépenses unitaires au Luxembourg par exemple. À l’inverse, le taux d’encadrement (voir l’indicateur D8 et la base de données Regards sur l’éducation) est l’un des moins élevés en Colombie, où les dépenses unitaires sont modestes (OCDE, 2021[1]).
Dépenses unitaires d’éducation, selon le niveau d’enseignement
Les critères de répartition des ressources varient fortement entre les différents niveaux d’enseignement et reflètent largement le mode d’organisation de l’enseignement. L’enseignement reste essentiellement dispensé dans des cadres où l’organisation, les programmes, les méthodes pédagogiques et la gestion sont similaires dans l’ensemble. Ces caractéristiques communes tendent à se traduire par des tendances similaires de dépenses unitaires de l’enseignement primaire à l’enseignement post-secondaire non tertiaire. Dans l’ensemble, les pays de l’OCDE dépensent en moyenne par élève de l’ordre de 9 900 USD dans l’enseignement primaire et de 11 400 USD dans l’enseignement secondaire (voir le Graphique C1.1). Dans l’enseignement secondaire, en particulier dans le deuxième cycle, la filière influe fortement sur le niveau de dépenses. Les dépenses unitaires sont dans l’ensemble plus élevées en filière professionnelle, qui requiert des équipements et des infrastructures spécifiques, qu’en filière générale (voir le Tableau C1.1).
Dans l’enseignement tertiaire, les dépenses totales s’élèvent en moyenne à 17 560 USD par étudiant dans les pays de l’OCDE selon les chiffres de 2019. Toutefois, les dépenses unitaires moyennes dans l’enseignement tertiaire sont biaisées du fait du de dépenses très élevées, supérieures à 25 000 USD, dans quelques pays, à savoir au Canada, aux États-Unis, au Luxembourg, en Norvège, au Royaume-Uni et en Suède (voir le Graphique C1.1 et le Tableau C1.1). Les chiffres montrent aussi que les dépenses unitaires annuelles varient fortement selon le niveau de l’enseignement tertiaire. En cycle court, les dépenses représentent de l’ordre de deux tiers de celles enregistrées en cycle long, à savoir en licence, en master et en doctorat, ou équivalent, mais cette proportion moyenne occulte une forte variation entre les pays. Dans l’enseignement tertiaire, les dépenses en Hongrie, au Luxembourg et en Suède sont 25 % moins élevées en cycle court qu’en cycle long, à savoir en licence, en master et en doctorat, ou équivalent, combinés, sont du même ordre en cycle court et en cycle long, mais sont 52 % plus élevées en cycle court en République tchèque selon les chiffres de 2019 (voir le Graphique C1.2).
Les dépenses annuelles par étudiant peuvent également varier considérablement au sein d'un même pays, en particulier dans ceux où une part importante des dépenses d'éducation est assurée par les collectivités locales (voir l’Encadré C1.1).
Encadré C1.1. Variation infranationale des dépenses annuelles par étudiant dans les établissements d'enseignement
La décentralisation des services publics dans les pays de l'OCDE a souvent pour conséquence que les gouvernements infranationaux sont responsables de la prestation de services publics clés tels que l'éducation (Dougherty et Phillips, 2019[2]). Les données montrent que les performances éducatives (Kim et Dougherty, 2018[3]) et les niveaux de capital humain (Blöchliger, Égert et Bonesmo Fredriksen, 2013[4]) pourraient augmenter suite à la décentralisation fiscale et à l'augmentation du budget consacré à l'éducation. Les dépenses annuelles par étudiant peuvent être très hétérogènes d'un pays à l'autre, avec de grandes différences entre les régions, en raison de leur situation économique et des défis géographiques. Parmi les huit pays pour lesquels des données sont disponibles au niveau infranational, le Canada et les États-Unis présentent la plus grande variation des dépenses annuelles par étudiant pour les établissements d'enseignement aux niveaux combinés primaire et secondaire : aux États-Unis, la région ayant la valeur la plus élevée (environ 28 200 USD) dépense plus de trois fois plus par étudiant que la région ayant la valeur la plus faible (environ 9 100 USD). Des différences régionales moins importantes sont constatées en Allemagne et en Colombie, tandis qu'en Belgique et en Lituanie, les dépenses par étudiant pour les établissements d'enseignement primaire et secondaire sont presque identiques dans toutes les régions (OCDE, 2022[5]).
Dépenses unitaires au titre des services d’éducation, des services auxiliaires et de la R-D
Dans les pays de l’OCDE, les dépenses au titre des services d’éducation proprement dits (dont le coût de l’enseignement et d’autres dépenses liées à l’enseignement) représentent en moyenne 86 % des dépenses unitaires totales d’éducation, de l’enseignement primaire à l’enseignement tertiaire ; ce pourcentage est le plus élevé au Chili, en Lettonie, au Luxembourg et en Türkiye. Dans moins de la moitié des pays membres de l’OCDE dont les données sont disponibles, la part de la R-D et des services auxiliaires représente de l’ordre de 15 % au moins des dépenses unitaires annuelles de l’enseignement primaire à l’enseignement tertiaire. Ce pourcentage atteint 20 % ou plus au Danemark, en Finlande et en Suède (voir le Tableau C1.4).
Cette tendance globale occulte toutefois une variation importante entre les niveaux d’enseignement. Dans l’enseignement non tertiaire (enseignement primaire, secondaire et post-secondaire non tertiaire), ce sont les services d’éducation qui représentent le plus gros poste de dépenses. Dans les pays de l’OCDE, les services d’éducation absorbent en moyenne 95 % environ (soit environ 10 360 USD) des dépenses unitaires totales de ces niveaux d’enseignement. Les services auxiliaires représentent toutefois un pourcentage égal ou légèrement supérieur à 10 % des dépenses unitaires en Finlande, en France, en République slovaque, au Royaume-Uni et en Suède (voir le Tableau C1.4).
La part des services d’éducation dans les dépenses unitaires totales varie davantage dans l’enseignement tertiaire, car la part de la R-D peut être importante. Les pays de l’OCDE où les activités de R-D sont en grande partie menées par les établissements d’enseignement tertiaire ont tendance à afficher des niveaux plus élevés de dépenses unitaires que les pays où ces activités sont essentiellement du ressort des instituts de recherche ou d’autres institutions publiques. En moyenne, les services d’éducation représentent 63 % du budget total de l’enseignement tertiaire, tandis que la R-D et les services auxiliaires en représentent 37 %, la part des services auxiliaires équivalant à moins de 5 %, dans les pays de l’OCDE. Dans six des pays membres de l’OCDE dont les données sont disponibles, la R-D et les services auxiliaires représentent au moins 40 % des dépenses unitaires totales de l’enseignement tertiaire ; ce pourcentage est le plus élevé au Danemark et en Suède (au moins 50 %) (voir le Tableau C1.4).
Les dépenses unitaires relatives aux services essentiels s’élèvent à environ 12 000 USD en moyenne dans les pays de l’OCDE : elles sont de l’ordre de moins de 7 000 USD en Lituanie, mais sont supérieures à 26 000 USD aux États-Unis et au Luxembourg. Les dépenses par étudiant pour les activités de R-D s'élèvent en moyenne à environ 6 200 USD dans l'OCDE et varient de moins de 1 000 USD au Chili à environ 11 800 USD au Danemark, environ 14 000 USD en Suède et plus de 17 000 USD au Luxembourg et en Suisse (voir le Graphique C1.3). Les dépenses au titre des services auxiliaires sont négligeables (moins de 100 USD par étudiant) au Danemark, en Finlande, en Israël, en République tchèque et en Suède. C’est aux États-Unis que les dépenses unitaires au titre des services auxiliaires dans l’enseignement tertiaire sont les plus élevées de tous les pays de l’OCDE : plus de 4 400 USD par étudiant (voir le Tableau C1.4).
Les dépenses unitaires varient moins entre les filières dans l’enseignement tertiaire, mais elles sont dans l’ensemble plus élevées en filière académique qu’en filière professionnelle. Cela s’explique vraisemblablement par la part plus élevée de la R-D en filière académique. Précisons toutefois que quelques pays seulement recueillent les données nécessaires à ce type d’analyse (voir l’Encadré C1.2).
Encadré C1.2. Dépenses en filière académique et professionnelle dans l’enseignement tertiaire
L’enseignement tertiaire propose des activités d’apprentissage dans des domaines spécialisés et s’appuie sur les acquis de l’enseignement secondaire. Il vise à inculquer des connaissances très spécialisées d’une grande complexité et comporte des cursus dont les caractéristiques et fonctions sont très différentes. L’enseignement tertiaire ne s’est pas seulement développé ces dernières décennies, il s’est aussi diversifié. L’enseignement tertiaire se caractérise par un éventail très diversifié d’établissements différents, et il est courant désormais dans de nombreux pays qu’il y ait des établissements de sciences appliquées en plus des universités plus traditionnelles (OCDE, 2022[6]). L’enseignement tertiaire ne se limite plus à ce qu’il est convenu d’appeler la filière académique, mais comporte aussi une filière professionnelle de haut niveau (ISU, 2012[7]).
À ce niveau d’enseignement, la filière professionnelle permet aux candidats non seulement de certifier des compétences professionnelles, mais aussi de les actualiser et d’obtenir le diplôme correspondant. Les cursus de cette filière visent à inculquer les connaissances, aptitudes et compétences spécifiques à une profession, à un métier ou à un ensemble de professions ou de métiers. Ils peuvent comporter un volet pratique en entreprise (par exemple, les formations sous contrat d’apprentissage ou les formations en alternance) et leur réussite est sanctionnée par un diplôme valorisable directement sur le marché du travail. Les cursus de la filière académique sont conçus pour inculquer les connaissances et facultés générales à acquérir pour suivre des études plus poussées. En principe, ils ne préparent pas à exercer des professions spécifiques ou à travailler dans des secteurs spécifiques et ne sont pas sanctionnés par un diplôme directement valorisable sur le marché du travail (ISU, 2012[7]). L’effectif est du même ordre en filière professionnelle qu’en filière académique dans les universités classiques dans certains cas, et les cursus professionnels sont proposés dans des établissements polyvalents, au même titre que l’histoire ou la physique, dans d’autres cas. Par exemple, la France applique une définition large du terme « professionnel » et inclut dans cette catégorie les cursus de commerce de cinq ans et les programmes longs de premier cycle en droit, médecine, pharmacie et odontologie (OCDE, 2022[6]).
C’est l’adjectif « académique » qui est employé dans l’enseignement tertiaire, contrairement aux niveaux inférieurs d’enseignement, où c’est l’adjectif « général » qui prévaut. Dans la CITE 2011, les filières académique et professionnelle ne sont pas décrites avec plus de précision aux niveaux supérieurs d’enseignement, où il est toutefois possible de faire la distinction entre les deux filières sur la base des définitions et critères nationaux. Les dépenses unitaires au titre de l’enseignement tertiaire sont plus élevées en filière académique qu’en filière professionnelle dans la quasi-totalité des pays dont les données désagrégées selon cette distinction sont disponibles. Les dépenses unitaires sont au moins deux fois plus élevées en filière académique qu’en filière professionnelle en Allemagne, au Chili, en Grèce et en République tchèque. Cela peut s’expliquer par le fait que dans l’ensemble, l’accent est davantage mis sur la recherche et le développement dans les universités traditionnelles qui organisent la filière académique. Cette explication ne vaut toutefois pas partout, en particulier en Autriche, en Norvège et au Royaume-Uni, où la différence est relativement peu élevée entre les deux filières, et au Luxembourg, où les dépenses unitaires sont légèrement supérieures en filière professionnelle (voir le Graphique C1.4).
Dépenses unitaires cumulées sur la durée théorique des études
Les responsables politiques s’intéressent à la relation entre le budget de l’éducation et le rendement des systèmes d’éducation (OCDE, 2017[8]). Pour comparer le coût unitaire d’un niveau d’enseignement entre les pays, il est important de tenir compte non seulement des dépenses unitaires annuelles de ce niveau, mais également des dépenses unitaires cumulées sur la durée totale prévue des études de ce niveau. Des dépenses unitaires élevées peuvent par exemple être compensées par l’existence de formations courtes ou par l’accessibilité limitée de certains niveaux d’enseignement. À l’inverse, un système d’éducation de prime abord économe vu les dépenses unitaires peut se révéler dispendieux si l’effectif scolarisé est important et que les études sont longues.
Comme l’enseignement primaire et secondaire relève généralement de la scolarité obligatoire dans les pays de l’OCDE, les dépenses unitaires cumulées sur ces deux niveaux entre l’âge de 6 et 15 ans permettent d’évaluer le budget à consacrer théoriquement à chacun durant la scolarité obligatoire. En moyenne, les dépenses unitaires cumulées entre l’âge de 6 et 15 ans sont de l’ordre de 105 500 USD dans les pays de l’OCDE. Leur montant total varie sensiblement entre les pays : il est supérieur à 150 000 USD par élève entre l’âge de 6 et 15 ans en Autriche, en Luxembourg et en Norvège, mais inférieur à 50 000 USD en Colombie et en Türkiye (voir le tableau C1.7 en ligne).
Dépenses unitaires totales et publiques d’éducation, selon le type d’établissements
Les critères de répartition des ressources varient fortement entre le réseau public et le réseau privé à tous les niveaux d’enseignement, même si les dépenses unitaires moyennes sont du même ordre dans les établissements publics et privés. De l’enseignement primaire à l’enseignement tertiaire, les dépenses unitaires totales s’élèvent en moyenne de 11 900 USD environ dans les établissements publics, contre un peu moins de 12 100 USD dans les établissements privés dans les pays de l’OCDE. Les différences sont toutefois bien plus marquées dans des pays tels qu’ Israël, les Pays-Bas et la Türkiye, où les dépenses unitaires sont au moins 70 % plus élevées dans les établissements privés que dans les établissements publics. À l’inverse, les dépenses unitaires sont au moins 40 % moins élevées dans les établissements privés que dans les établissements publics dans des pays tels que le Luxembourg, la Nouvelle-Zélande et la République tchèque (voir le Tableau C1.2).
Les fonds publics financent naturellement les établissements publics, mais dans certains cas, une grande partie de ces fonds peut être dirigée vers les établissements privés. Dans les pays de l’OCDE, les dépenses unitaires publiques de l’enseignement primaire à l’enseignement tertiaire sont en moyenne près de deux fois plus élevées dans les établissements publics (11 000 USD environ) que dans les établissements privés (5 900 USD environ). Toutefois, les écarts varient selon les niveaux d’enseignement. Les dépenses unitaires publiques s’élèvent en moyenne à 10 300 USD environ dans les établissements publics, soit 50% de plus que dans les établissements privés (6 500 USD environ), dans l’enseignement non tertiaire, mais à 14 100 USD environ dans les établissements publics, soit plus de 3 fois de plus que dans les établissements privés (4 500 USD), dans l’enseignement tertiaire (voir le Tableau C1.2).
Évolution des dépenses unitaires d’éducation entre 2012 et 2019
L’évolution des dépenses d’éducation suit largement celle de la population d’âge scolaire et du budget de la rémunération des enseignants, l’un des principaux moteurs des dépenses d’éducation. La taille de la population d’âge scolaire a un impact sur l’effectif scolarisé et sur les ressources et les efforts d’organisation que les pays doivent consacrer à leur système d’éducation. Plus la population à scolariser est importante, plus la demande potentielle de services d’éducation est forte. Les dépenses unitaires peuvent également varier au fil du temps entre les niveaux d’enseignement, car les effectifs et les dépenses peuvent suivre des tendances différentes à chacun de ces niveaux.
Entre 2012 et 2019, les dépenses unitaires de l’enseignement primaire à l’enseignement tertiaire ont augmenté en valeur réelle de 1.6 % par an en moyenne dans les pays de l’OCDE, alors que l’effectif scolarisé est resté relativement stable. Les dépenses unitaires ont donc augmenté à une moyenne de 1.7 % par an. Entre 2012 et 2019, les dépenses unitaires ont progressé dans tous les pays dont les données de cette période sont disponibles, sauf en Finlande, en Grèce et au Mexique, où elles ont régressé de 0.3-0.5 % par an en moyenne. Les dépenses unitaires ont diminué sous l’effet de la légère augmentation de l’effectif scolarisé sans révision proportionnelle du budget de l’éducation en Finlande et en Grèce, mais de l’augmentation plus rapide de l’effectif scolarisé que du budget de l’éducation au Mexique. Dans certains pays membres de l’Union européenne, tels que l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Pologne et la République slovaque, le taux élevé de croissance des dépenses unitaires (supérieur à 3 % par an) s’explique par l’effet conjugué de la forte progression du budget et de la diminution de l’effectif scolarisé durant la période à l’étude. En dehors de l’Union européenne, la Colombie, l’Islande et la Türkiye ont également fait état d’une augmentation, égale ou supérieure à 2,5 % par an en valeur réelle, des dépenses unitaires depuis 2012 (voir le Graphique C1.5).
L’effectif scolarisé dans l’enseignement non tertiaire est resté assez stable dans l’ensemble dans les pays de l’OCDE entre 2012 et 2019. Durant cette période, les dépenses ont progressé de 1.6 % par an en moyenne dans l’enseignement non tertiaire. Les dépenses unitaires au titre de l’enseignement non tertiaire ont augmenté de 1.7 % par an en moyenne entre 2012 et 2019. Les dépenses unitaires sont plus élevées en 2019 qu’elles ne l’étaient en 2012 dans tous les pays de l’OCDE, sauf en Grèce, au Mexique et en Slovénie. Les dépenses unitaires au titre de l’enseignement non tertiaire ont progressé au moins de 4 % par an en Colombie, en Hongrie, en Islande, en Lituanie, en République slovaque, en République tchèque et en Türkiye, sous l’effet conjugué d’une stabilisation ou d’un léger tassement de l’effectif scolarisé et d’une forte augmentation des dépenses (de plus de 4 % par an) (voir le Tableau C1.3).
Dans l’enseignement tertiaire, les dépenses ont augmenté à un rythme légèrement moins soutenu qu’aux niveaux inférieurs d’enseignement : elles ont progressé de 1.4 % par an en moyenne entre 2012 et 2019 dans les pays de l’OCDE. Elles ont toutefois augmenté plus rapidement que l’effectif scolarisé durant cette période (de 0.3 % par an en moyenne). Les dépenses unitaires ont progressé de 1.0 % par an en moyenne. Des différences très marquées s’observent entre les pays membres de l’OCDE dont les données sont disponibles : les dépenses unitaires ont diminué dans l’enseignement tertiaire en Allemagne, au Canada, en Colombie, en Finlande, en France, en Grèce, en Israël, en Italie, au Mexique, aux Pays-Bas et en Türkiye. Dans la plupart de ces pays, cette diminution s’explique en grande partie par l’augmentation rapide de l’effectif scolarisé dans l’enseignement tertiaire. À l’inverse, l’augmentation des dépenses unitaires de plus de 4 % dans l’enseignement tertiaire est imputable à l’augmentation du budget total et à la diminution de l’effectif scolarisé en Estonie, en Lettonie, en Pologne, en République slovaque et en République tchèque (voir le Tableau C1.3).
Les données provisionnelles sur les dépenses d’éducation de 2020 sont disponibles dans quelques pays. Ces chiffres sont utiles pour donner un premier aperçu comparatif de l’évolution des dépenses unitaires pendant la première année de la crise sanitaire du COVID-19 (voir l’Encadré C1.3).
Encadré C1.3. Données provisoires sur l'évolution des dépenses par étudiant en 2020
Avant la pandémie de COVID-19, le financement mondial de l'éducation augmentait régulièrement et les pays à revenu faible ou intermédiaire ont connu les taux de croissance les plus élevés. Depuis le début de la pandémie de COVID‑19, les budgets de l’éducation ont diminué dans la majorité de ces pays (UNESCO/Banque mondiale, 2021[9]). En revanche, alors que les budgets de l’éducation augmentaient à un rythme bien plus modéré avant la pandémie dans les pays à hauts revenus, dont de nombreux pays de l’OCDE, les budgets de l’éducation n’ont pas diminué et leur part dans les dépenses publiques totales a peu varié après le COVID-19 (voir l’indicateur C4). Suite à la fermeture des écoles pendant de longues périodes en 2020, il était important de veiller à ce que des ressources adéquates soient mises à disposition pour l’apprentissage à distance et pour maintenir et étendre les programmes de soutien aux étudiants ; une fois les écoles rouvertes, il fut indispensable d'allouer des fonds supplémentaires aux établissements d'enseignement (Al-Samarrai, Gangwar et Gala, 2020[10]).
Comme l'a indiqué l'OCDE en 2021, la moitié des pays de l'OCDE disposant de données ont augmenté le financement des établissements d'enseignement non tertiaire du primaire au post-secondaire entre 2019 et 2020 (OCDE, 2021[11]). Dans cinq des huit pays disposant de données provisoires à ce niveau, les dépenses par étudiant ont augmenté de 1 % à 7,6 % entre 2019 et 2020, malgré un nombre d'étudiants plutôt stable (±1,1 %). Dans les trois autres, une diminution des dépenses s'est traduite par une baisse des dépenses par étudiant, indépendamment des faibles variations de l’effectif. Au niveau de l'enseignement supérieur, selon les données provisoires sur le financement de l'éducation, les dépenses par étudiant n'ont augmenté en 2020 qu'en Nouvelle-Zélande et en Slovénie, mais ont diminué dans tous les autres pays, de -4,8% aux Pays-Bas et -8,9% en Norvège. Au Luxembourg, en Norvège et aux Pays-Bas, la baisse des dépenses par étudiant était également due à une augmentation du nombre d'étudiants de 4 % ou plus (Graphique C1.6).
Définitions
Les services auxiliaires sont les services fournis par les établissements d’enseignement en marge de leur mission principale d’éducation. Il s’agit principalement de services à caractère social fournis à l’effectif scolarisé. Dans l’enseignement primaire, secondaire et post-secondaire non tertiaire, ces services englobent la cantine, les soins de santé ainsi que le transport scolaire. Dans l’enseignement tertiaire, ils comprennent le logement (résidences d’étudiants), la cantine et les soins de santé.
Les dépenses au titre des services d’éducation comprennent toutes les dépenses en rapport direct avec l’enseignement que dispensent les établissements, soit la rémunération des enseignants, la construction et l’entretien des bâtiments scolaires, le matériel pédagogique et les manuels et, enfin, la gestion des établissements.
Les activités de recherche et développement sont les activités de recherche menées par les universités et autres établissements d’enseignement tertiaire, qu’elles soient financées par des fonds institutionnels ou par des bourses ou des contrats proposés par des entités publiques ou privées.
Méthodologie
Le taux annuel moyen de croissance est calculé sur la base du taux composé de progression géométrique qui permet de déduire un taux constant au cours de la période à l’étude.
Les dépenses unitaires par niveau d’enseignement sont calculées comme suit : le budget total du niveau considéré est divisé par l’effectif scolarisé à ce niveau converti en équivalents temps plein. Ne sont pris en compte que les établissements d’enseignement et les formations dont les données sur l’effectif et le budget sont disponibles. Les dépenses exprimées en devise nationale sont divisées par l’indice de parité de pouvoir d’achat (PPA) pour le PIB pour obtenir leur équivalent en dollars des États-Unis (USD). La conversion basée sur l’indice PPA est préférée à celle basée sur le taux de change du marché, car celui-ci subit l’influence de nombreux facteurs (taux d’intérêt, politiques commerciales, prévisions de croissance économique, etc.) sans grand rapport avec le pouvoir d’achat relatif du moment dans les différents pays de l’OCDE (voir l’annexe 2 pour davantage de précisions).
Les dépenses unitaires d’éducation des entités infranationales sont ajustées sur la base des PPA à l’échelle nationale. Des travaux plus approfondis s’imposent au sujet de la variation infranationale du coût de la vie pour ajuster les dépenses unitaires utilisées dans cette section.
Les dépenses unitaires d’éducation en pourcentage du PIB par habitant correspondent aux dépenses unitaires rapportées au PIB par habitant. Dans les pays de l’OCDE où les données sur les dépenses d’éducation et le PIB portent sur des périodes de référence différentes, les données sur les dépenses sont corrigées sur la base des taux nationaux d’inflation pour les aligner sur la période de référence des données du PIB (voir l’annexe 2).
Effectif scolarisé en équivalents temps plein : le classement des pays de l’OCDE en fonction des dépenses unitaires annuelles d’éducation est influencé par les différences de définition des notions de scolarisation à « temps plein » et à « temps partiel » et d’ « équivalent temps plein » entre les pays. Certains pays de l’OCDE comptabilisent tous les inscrits dans l’enseignement tertiaire comme scolarisés à temps plein, alors que d’autres mesurent l’intensité de leur scolarisation d’après les unités de valeur qu’ils ont obtenues à l’issue de modules spécifiques de cours pendant une période de référence donnée. Les pays de l’OCDE qui peuvent évaluer avec précision le taux de scolarisation à temps partiel affichent des dépenses apparemment plus élevées par équivalent scolarisé à temps plein que les pays qui ne peuvent établir de distinction entre les diverses modalités de scolarisation.
Dépenses au titre de la filière professionnelle ou technique : les dépenses financées par les entreprises ne sont incluses que si la composante professionnelle s’inscrit dans des programmes emploi-études dont la composante scolaire représente au moins 10 % de la formation totale. Les dépenses au titre des autres formations financées par les employeurs (dont toutes les composantes sont suivies en entreprise ou dont la composante professionnelle en entreprise représente au moins 95 % de la formation) sont exclues. Sont compris dans les dépenses de la filière professionnelle la rémunération des enseignants et autres personnels ainsi que le coût du matériel pédagogique et des équipements. En sont exclus la rémunération et autres avantages versés aux personnes en formation.
Voir le Guide de l’OCDE pour l’établissement de statistiques internationalement comparables dans le domaine de l’éducation 2019 (OCDE, 2018[12]). Voir les notes spécifiques aux pays à l’annexe 3 (https://www.oecd.org/education/education-at-a-glance/EAG2022_X3-C.pdf).
Source
Les données se rapportent à l’année budgétaire 2019 (sauf mention contraire) et proviennent de la collecte de données statistiques sur l’éducation de l’UNESCO, de l’OCDE et d’Eurostat (UOE) réalisée en 2021 par l’OCDE (pour plus de précisions, voir l’annexe 3 [https://www.oecd.org/education/education-at-a-glance/EAG2022_X3-C.pdf]). Les données de l’Afrique du Sud, de l’Arabie saoudite, de l’Argentine, de la Chine, de l’Inde et de l’Indonésie proviennent de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU).
Les données relatives aux dépenses de 2012 à 2019 ont été mises à jour sur la base d’une enquête menée en 2021 et en 2022 et ont été ajustées en fonction des méthodes et des définitions appliquées lors du dernier exercice UOE de collecte de données en date. Les données provisoires sur les dépenses d'éducation en 2020 sont basées sur une collecte de données ad hoc administrée par l'OCDE et Eurostat en 2022.
Les données infranationales sont disponibles dans six pays : l’Allemagne, la Belgique, le Canada, la Colombie, les États-Unis et la Lituanie. Les estimations infranationales ont été fournies par les pays sur la base de sources nationales. Les données infranationales proviennent d’une enquête spéciale menée par l’OCDE en 2021.
Références
[10] Al-Samarrai, S., M. Gangwar et P. Gala (2020), The Impact of the COVID-19 Pandemic on Education Financing, Banque mondiale, Washington, DC, https://doi.org/10.1596/33739.
[4] Blöchliger, H., B. Égert et K. Bonesmo Fredriksen (2013), « Le fédéralisme budgétaire et son impact sur l’activité économique, l’investissement public et la performance des systèmes éducatifs », Documents de travail du Département des Affaires économiques de l’OCDE, n° 1051, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/5k4695840w7b-en.
[2] Dougherty, S. et L. Phillips (2019), « The spending power of sub-national decision makers across five policy sectors », OECD Working Papers on Fiscal Federalism, n° 25, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/8955021f-en.
[7] ISU (2012), Classification internationale type de l’education – CITE 2011, Institut de statistique de l’UNESCO, http://uis.unesco.org/sites/default/files/documents/international-standard-classification-of-education-isced-2011-fr.pdf.
[3] Kim, J. et S. Dougherty (dir. pub.) (2018), Fiscal Decentralisation and Inclusive Growth, OECD Fiscal Federalism Studies, Éditions OCDE, Paris/KIPF, Seoul, https://doi.org/10.1787/9789264302488-en.
[6] OCDE (2022), Pathways to Professions: Understanding Higher Vocational and Professional Tertiary Education Systems, OECD Reviews of Vocational Education and Training, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/a81152f4-en.
[5] OCDE (2022), « Ressources financières investies dans l’éducation », Base de données de Regards sur l’éducation, OCDE, Paris, https://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=EDU_FIN_SUBNAT.
[1] OCDE (2021), Regards sur l’éducation 2021 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/5077a968-fr.
[11] OCDE (2021), The State of School Education : One Year into the COVID Pandemic, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/201dde84-en.
[12] OCDE (2018), Guide de l’OCDE pour l’établissement de statistiques internationalement comparables dans le domaine de l’éducation 2018 : Concepts, normes, définitions et classifications, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264305380-fr.
[8] OCDE (2017), Regards sur l’éducation 2017 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/eag-2017-fr.
[9] UNESCO/Banque mondiale (2021), Education Finance Watch 2021, https://documents.worldbank.org/en/publication/documents-reports/documentdetail/226481614027788096/education-finance-watch-2021 (consulté le 20 juin 2022).
Tableaux de l’indicateur C1
Tableaux de l’indicateur C1. Quel est le montant des dépenses unitaires d’éducation ?
Tableau C1.1 |
Dépenses unitaires totales d'éducation en équivalents temps plein (2019) |
Tableau C1.2 |
Dépenses unitaires totales et publiques d'éducation en équivalents temps plein, selon le type d'établissement (2019) |
Tableau C1.3 |
Croissance annuelle moyenne des dépenses unitaires totales d'éducation en équivalents temps plein (entre 2012 et 2019) |
Tableau C1.4 |
Dépenses unitaires totales d'éducation au titre des services d’éducation, des services auxiliaires et de la R-D en équivalents temps plein (2019) |
WEB Tableau C1.5 |
Dépenses unitaires totales d'éducation en équivalents temps plein par rapport au PIB par habitant (2019) |
WEB Tableau C1.6 |
Dépenses unitaires totales d'éducation en équivalents temps plein, la source du financement (2019) |
WEB Tableau C1.7 |
Dépenses unitaires d’éducation en équivalents temps plein cumulées entre l’âge de 6 et 15 ans (2019) |
Date butoir pour les données : 17 juin 2022. Les mises à jour peuvent être consultées en ligne (http://dx.doi.org/10.1787/eag-data-en). D’autres données désagrégées sont également disponibles dans la Base de données de Regards sur l’éducation (http://stats.oecd.org).