L’enquête PISA 2022 évalue la capacité des élèves de 15 ans à penser de manière créative, c’est-à-dire leur compétence à se livrer à l’élaboration d’idées originales et diverses ainsi qu’à leur évaluation et leur amélioration. Les données du PISA 2022 en pensée créative offrent un éclairage sur la capacité des systèmes d’éducation à stimuler chez leurs élèves une réflexion originale dans divers contextes d’apprentissage.
Résultats du PISA 2022 (Volume III – version abrégée)
Résumé
Performance créative des élèves
Ce que les élèves montrent en pensée créative
Les systèmes d’éducation de Singapour, Corée, Canada*, Nouvelle-Zélande*, Estonie et Finlande (par ordre décroissant) obtiennent les meilleurs résultats en termes de pensée créative, avec un score moyen par élève de 36 points ou plus, ce qui est nettement supérieur à la moyenne de l’OCDE (33 points). Les élèves de Singapour obtiennent en moyenne 41 points en pensée créative.
Un écart de performance considérable de 28 points sépare le pays le plus performant du pays le moins performant en matière de pensée créative, équivalant à environ 4 niveaux de compétence. Ainsi, 97 élèves sur 100 dans les 5 pays les plus performants obtiennent une note supérieure à la moyenne des élèves des 5 pays les moins performants (Albanie**, Philippines, Ouzbékistan, Maroc et République dominicaine**).
Environ un élève sur deux en moyenne dans les pays de l’OCDE est capable de proposer des idées originales et variées dans le cadre d’exercices simples faisant appel à l’imagination, ou de résolution de problèmes ordinaires (ce qui correspond au niveau de compétences 4). À Singapour, en Corée et au Canada*, plus de 70 % des élèves affichent des résultats de niveau 4 ou plus.
En outre, à Singapour, en Lettonie*, en Corée, au Danemark*, en Estonie, au Canada* et en Australie*, plus de 88 % des élèves atteignent le niveau de base en pensée créative (niveau de compétences 3), ce qui démontre leur capacité à mobiliser des idées pertinentes pour un ensemble de tâches et à proposer des idées originales pour résoudre des problèmes ordinaires (la moyenne de l’OCDE s’établissant à 78 %). Dans les 20 pays et économies les moins performants, moins de 50 % des élèves ont atteint ce niveau de base.
Performance créative et performance en mathématiques et compréhension de l'écrit
La plupart des pays et économies affichant un score supérieur à la moyenne de l’OCDE en pensée créative ont également des résultats supérieurs à la moyenne en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en sciences. Seul le Portugal affiche un score supérieur à la moyenne de l’OCDE en pensée créative (34 points), alors qu’il se situe de la moyenne dans les trois domaines classiques du PISA. Hong Kong (Chine), Macao (Chine), le Taipei chinois et la Tchéquie obtiennent un score égal ou inférieur à la moyenne de l’OCDE en matière de pensée créative, en dépit de résultats supérieurs à la moyenne en mathématiques, en compréhension de l’écrit et en sciences.
Au Chili, au Mexique, en Australie*, en Nouvelle-Zélande*, au Costa Rica, au Canada* et à El Salvador, les élèves ont obtenu un score de 4.5 points plus élevé qu’escompté en pensée créative, après contrôle des résultats obtenus en mathématiques. À Singapour, en Australie*, au Canada*, en Lettonie*, en Corée, en Belgique, en Finlande et en Nouvelle-Zélande*, les élèves ont obtenu un score d’environ 3 points ou plus qu’escompté, après contrôle de leurs résultats en compréhension de l’écrit.
L’Australie*, le Canada, la Finlande et la Nouvelle-Zélande* affichent une performance moyenne et une performance relative globale élevées en pensée créative (c’est-à-dire un niveau assez élevé en pensée créative après contrôle des résultats obtenus en compréhension de l’écrit et en mathématiques, respectivement), combinée à un fort taux d’inclusion (au moins 75 % des élèves se placent au niveau de compétence 3).
Exceller dans les matières scolaires classiques n’est pas un prérequis pour exceller en pensée créative. Si environ la moitié des élèves qui ont atteint le plus haut niveau en créativité se place également au plus haut niveau en mathématiques, une proportion similaire d’élèves (plus d’un quart en moyenne au niveau de l’OCDE) qui se situent au troisième quintile en termes de pensée créative ont obtenu des résultats en mathématiques correspondant aux deuxième, troisième et quatrième quintiles respectivement. En revanche, très peu d’élèves se plaçant en deçà du niveau de base en mathématiques affichent une performance élevée en pensée créative : un niveau scolaire minimal semble nécessaire pour faire preuve de créativité.
Différences de performance en fonction des types de tâches du test
Les élèves de Singapour ont obtenu les meilleurs résultats dans plusieurs types de tâches, particulièrement dans les exercices de résolution de problèmes sociaux. Les élèves de Corée ont obtenu les meilleurs résultats en résolution de problèmes scientifiques et dans les exercices d’évaluation et d’amélioration des idées. Les élèves du Portugal ont obtenu les meilleurs résultats dans le domaine de l’expression visuelle.
En général, et après prise en compte de la difficulté des items dans les différents groupes d’exercices, les élèves ont fait preuve d’une aisance relative dans les exercices d’expression créative (tant écrite que visuelle) par rapport à leurs performances dans les autres domaines, et une faiblesse relative dans les tâches de résolution créative de problème.
Écarts de performance en fonction du genre et du milieu socio-économique
Dans aucun pays ni économie les garçons ne se sont montrés plus créatifs que les filles, avec un écart de score de 3 points en moyenne dans l’OCDE. Cet écart entre les genres est significatif dans tous les pays et économies après contrôle des résultats en mathématiques, et dans la moitié environ des pays et économies après contrôle de la performance des élèves en compréhension de l’écrit.
Les élèves issus d’un milieu socio-économique plus favorisé se sont aussi montrés plus créatifs, obtenant en moyenne 9.5 points de plus que leurs pairs défavorisés dans les pays de l’OCDE. De façon générale, l’intensité de l’association entre le milieu socio-économique des élèves et la performance en pensée créative est plus faible qu’en mathématiques, compréhension de l’écrit et sciences.
Ces inégalités de genre et socio-économiques subsistent pour tous les types de tâches. En particulier, les performances des filles sont nettement supérieures à celles des garçons en expression écrite et dans les exercices qui leur demandent d’évaluer et d’améliorer les idées des autres, tandis que l’expression écrite est la matière où les différences socio-économiques sont les plus marquées.
Croyances et attitude des élèves associées à la pensée créative
Environ huit élèves sur dix (moyenne de l’OCDE) estiment qu’il est possible d’être créatif dans presque tous les domaines. Les élèves les plus positifs à cet égard obtiennent un score de pensée créative supérieur de trois points à celui des autres élèves. Cependant, seul environ un élève sur deux (moyenne de l’OCDE) juge que sa créativité est une caractéristique qu’il peut changer. Ces élèves, dotés d’un « growth mindset » sur leur disposition à développer leur, créativité obtiennent de meilleurs résultats que ceux qui pensent que la créativité est un talent inné et immuable (score supérieur d’un point, moyenne de l’OCDE).
Par ailleurs, plus un élève a confiance en son imagination et son audace, en son ouverture intellectuelle, sa curiosité, sa mise en perspective et sa persévérance, plus il est susceptible d’obtenir de bons résultats en pensée créative.
Environnement scolaire
Les pratiques pédagogiques à l’école peuvent jouer un rôle déterminant en faveur de la créativité des élèves. Dans les pays de l’OCDE, entre 60 et 70 % des élèves ont déclaré que leur enseignant valorise leur créativité, les encourage à proposer des réponses originales et leur donne l’occasion d’exprimer leurs idées à l’école. Ces élèves ont obtenu des résultats légèrement supérieurs à ceux de leurs camarades en pensée créative, même après contrôle de leurs caractéristiques personnelles et socio-économiques, de celles de leur établissement, ainsi que de leur performance en mathématiques et en compréhension de l’écrit.
La participation régulière à des cours d’arts, de théâtre, d’écriture créative ou de programmation (environ une fois par semaine) est associée à de meilleurs résultats en matière de pensée créative qu’une participation irrégulière ou quotidienne à ces activités.