La décentralisation désigne le processus consistant pour l’État à transférer certaines de ses compétences et responsabilités à des autorités élues au niveau infranational (régions, communes, etc.) bénéficiant d’un certain degré d’autonomie. La décentralisation couvre trois dimensions distinctes mais indissociables : politique, administrative et budgétaire. Depuis plusieurs décennies des processus de décentralisation ont été mis en place dans la majorité des pays de l’OCDE et ont entraîné une augmentation des dépenses des collectivités territoriales, tant en proportion du PIB qu’en proportion des dépenses publiques totales.
Aujourd’hui les collectivités territoriales représentent 40.4% des dépenses publiques et 56.9% de l’investissement public. Les collectivités locales jouent un rôle de plus en plus important dans des domaines clefs liés aux megatrends, comme les transports, l’énergie, le haut débit, l’éducation, la santé, le logement, l’eau et l’assainissement. Par exemple, elles sont responsables de 64% des investissements publics pour l’environnement et le climat.
Les formes et le degré de décentralisation varient grandement d'un pays à l'autre. Les modes de financement des gouvernements infranationaux varient aussi de façon significative, indépendamment de la forme unitaire ou fédérale du pays. En 2016, les impôts représentaient la principale source de revenus des collectivités territoriales dans les pays de l’OCDE en moyenne pondérée (45 %), devant les dotations et subventions de l’État (37 %).
La décentralisation est trop souvent perçue comme un simple renforcement des compétences des collectivités locales. Or, la réalité est plus complexe, puisque les responsabilités sont, pour la plupart, partagées entre différents niveaux d’administration. La décentralisation consiste à reconfigurer les relations entre le pouvoir central et les administrations infranationales, dans le sens d’une coopération accrue et d’un rôle plus stratégique des administrations nationales/fédérales.
Les tendances à la décentralisation dans le monde sont souvent allées de pair avec un changement d’échelle de la gouvernance infranationale, via les regroupements de communes, la coopération intercommunale, la gouvernance métropolitaine, et le renforcement des régions. Le morcellement administratif du territoire a poussé les pouvoirs publics à adopter des politiques encourageant, voire imposant, les fusions ou la coopération. Néanmoins, le morcellement administratif reste très présent dans certains pays. Par exemple, les municipalités ayant moins de 5 000 habitants représentent 44% de toutes municipalités dans les pays de l’OCDE. Dans 10 pays, ce ratio dépasse les 80%. Le nombre d’autorité de gouvernance métropolitaine, tout type confondu, a augmenté, notamment à partir des années 1990. Le rôle attribué aux régions a lui aussi été de plus en plus important : sur les 81 pays couverts, 52 ont vu un net élargissement des compétences dévolues aux régions depuis les années 1970 (selon l’indice de compétence régionale).
Parallèlement, on a assisté à la montée en puissance de la décentralisation dite asymétrique i.e. le fait que des administrations infranationales de même échelon possèdent des compétences politiques, administratives ou budgétaires différentes. Si les dispositifs asymétriques semblent plus « naturels » dans les pays fédéraux, ils se rencontrent de plus en plus souvent dans les pays unitaires.