Les pénuries de produits médicaux – notamment de dispositifs médicaux et de médicaments essentiels – étaient courantes dans les pays de l’OCDE avant la pandémie de COVID‑19. Celle‑ci est venue imposer une contrainte extrême sur des chaînes d’approvisionnement déjà tendues, en portant la demande à des niveaux inédits et en multipliant les goulets d’étranglement du côté de l’offre. Il est devenu évident qu’en dépit des efforts déployés par les pays pour remédier aux pénuries de produits médicaux, aussi bien en temps normal qu’en période de crise grave, des mesures doivent être prises d’urgence.
Des analyses antérieures avaient permis d’identifier les principales causes de pénuries signalées dans les pays de l’OCDE, à savoir les problèmes de qualité de fabrication, ainsi que des facteurs économiques, tels que les pressions intenses qui s’exercent dans certains contextes sur les prix des médicaments multi-sources tombés dans le domaine public. La forte concentration de certaines étapes de production (celle des principes actifs pharmaceutiques, p. ex.) en un nombre restreint de sites, eux-mêmes souvent concentrés dans une même zone géographique, a été également identifiée comme une potentielle vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement (en cas de catastrophe naturelle, p. ex.). Si des données plus solides seraient nécessaires pour appréhender le problème dans toute sa complexité, ces analyses révélaient déjà la nécessité de réunir une information plus complète sur les chaînes d’approvisionnement afin de mieux anticiper, et si possible prévenir, les pénuries.
Étayé par des études complémentaires sur les chaînes d’approvisionnement en médicaments et en dispositifs médicaux, par des études de cas (vaccins, médicaments dérivés du sang et unités de ventilation à pression positive continue) et par des consultations de parties prenantes, ce rapport a pour objet de mettre en relief les options qui s’offrent aux décideurs pour mieux anticiper et maîtriser les risques de pénuries, aussi bien en temps normal que lors de crises graves.
Même si les preuves solides de l’efficacité et du rapport coût-efficacité des mesures envisageables font parfois défaut, le rapport propose une liste de stratégies propres à sécuriser les approvisionnements en produits médicaux. Mieux anticiper les risques est une priorité clé et suppose de donner aux régulateurs une meilleure visibilité sur les chaînes d’approvisionnement, de la production à la distribution. Il faut pour cela non seulement modifier la réglementation en vigueur, pour imposer un partage de l’information, mais aussi investir de façon significative dans l’infrastructure et l’analyse de données. La réduction des risques de pénurie devrait elle aussi être une grande priorité, qui nécessite de mieux cerner les causes premières des pénuries afin de mieux s’y attaquer. Les politiques publiques pourraient miser sur une utilisation plus stratégique des achats publics afin de contribuer à rendre le marché plus propice à la formation de chaînes d’approvisionnement fiables. Elles pourraient également encourager l’élargissement et la diversification de l’offre pour les produits médicaux dont l’importance est jugée « critique » par les pays. De nouvelles mesures de facilitation des échanges et une harmonisation réglementaire plus poussée favoriseraient la circulation des biens à l’échelle internationale. Au-delà de ces stratégies, les pays doivent aussi renforcer leurs capacités pour être prêts à affronter les crises graves.
La coopération entre pays et entre les secteurs public et privé sera crucial pour améliorer la sécurité des chaînes d’approvisionnement en produits médicaux.