Au cours des deux dernières années, depuis l’apparition du COVID-19 et la crise économique induite, nous nous sommes familiarisés avec la notion du « Reconstruire en mieux ». Les plans de relance qui s'appuient sur cette notion sont l'occasion de concevoir et de mettre en œuvre des réformes indispensables à une croissance économique durable et à des sociétés plus justes.
Ce rapport présente des considérations politiques pour une reprise post-pandémique dans la région MENA, en réfléchissant en particulier aux types d'impacts et aux tendances émergentes dans les économies de la région MENA et en se demandant si celles-ci nécessitent des modifications des programmes de réforme.
L'analyse a été achevée peu avant le début de la guerre en Ukraine, alors que des signes indiquant que la reprise était déjà chancelante étaient observés dans l'ensemble de l'économie mondiale. Depuis lors, les perspectives de croissance mondiale ont encore été affectées par le conflit en Ukraine et d'une manière telle qu'il est trop tôt pour évaluer pleinement l'ampleur de son impact. L'OCDE estime que la croissance économique mondiale pourrait fortement ralentir cette année, pour atteindre environ 3 %, et rester à un rythme similaire en 2023 (Perspectives économiques de l'OCDE, juin 2022). L'analyse de l'impact de la guerre en Ukraine dans la région MENA suggère que la hausse des prix des matières premières risque d'aggraver considérablement les perspectives économiques.
Pourtant, les considérations politiques, développées dans ce rapport, pour renforcer la résilience à long terme des pays de la région MENA n'ont pas changé. Au contraire, elles sont d'autant plus pertinentes que bon nombre des défis à venir proviennent de facteurs structurels. Les pays de la région MENA doivent redoubler d'efforts pour promouvoir un programme de réformes structurelles qui améliore la résilience économique, les sociétés inclusives, la durabilité, les prestations sociales, et pour promouvoir des accords répondant à l'urgence du changement climatique en capitalisant sur les transitions verte et numérique. Il faut toutefois garder à l'esprit que des stratégies réalistes dépendent également de la capacité financière.
La pandémie, et maintenant la guerre en Ukraine, ont renforcé les arguments en faveur de solutions coopératives pour relever des défis qui, bien que régionaux, ont des conséquences mondiales. Les réformes politiques doivent être menées au niveau national, mais la coopération internationale est essentielle pour développer des outils politiques solides afin de faciliter le processus de réforme. Le Nouvel Agenda pour la Méditerranée de l'Union européenne invite à faire du "bassin méditerranéen une zone de dialogue, d'échange et de coopération, garantissant la paix, la stabilité et la prospérité". Les pays de la région MENA sont encouragés à renforcer leur collaboration avec les plateformes multilatérales, telles que l'OCDE et l'Union pour la Méditerranée, en s'engageant avec leurs pairs à travers le monde, afin de bénéficier de l'échange d'expériences et des meilleures pratiques politiques.
C'est dans cet esprit que ce rapport a été préparé et nous espérons qu'il sera utile aux gouvernants et à la société civile dans leurs efforts pour mieux reconstruire en Méditerranée.
Andreas Schaal
Directeur des Relations mondiales et de la coopération de l’OCDE et Sherpa de l'OCDE auprès du G7, du G20 et de l'APEC