Les droits humains sont universels, indivisibles et inaliénables. Les espaces en ligne offrent de nouvelles opportunités mais créent également des risques pour leur exercice et leur protection. Par exemple, les espaces numériques offrent aux individus des moyens, une rapidité et une ampleur améliorés pour exercer leur liberté d’expression, mais ils exacerbent également les risques pour la vie privée en permettant la collecte et le stockage de données personnelles de manière sans précédent.

Il existe un large consensus international selon lequel les mêmes droits dont jouissent les individus hors ligne doivent également être protégés en ligne. Une approche nuancée de la politique numérique est nécessaire, tenant compte des différents liens et tensions entre les droits. Par exemple, les politiques visant à promouvoir la sécurité des enfants en ligne, comme les mesures de garantie de l’âge, devraient tenir compte des implications potentielles sur d’autres droits humains, tels que le droit de ne pas être victime d’ingérence dans la vie privée.

Les technologies numériques offrent des possibilités de renforcer l’inclusion sociale des groupes défavorisés, vulnérables ou marginalisés, notamment les enfants, les personnes vivant dans des zones reculées ou les personnes handicapées. Par exemple, les outils d’IA peuvent faciliter la participation des élèves malvoyants et malentendants dans les contextes éducatifs traditionnels. Cependant, ces groupes sont particulièrement vulnérables dans un environnement numérique qui n’est peut-être pas entièrement adapté à leurs besoins et qui peut donner lieu à de nouvelles formes de discrimination ou de pratiques néfastes, comme la cyberintimidation.

En élaborant des mesures visant à protéger les droits humains en ligne, les politiques doivent faire un effort supplémentaire pour responsabiliser tous les membres de la société, y compris les plus vulnérables. Les efforts en matière de littératie numérique sont essentiels à cet égard, comme le reconnaît la Recommandation de l’OCDE sur les enfants dans l’environnement numérique, pour garantir que chacun possède les compétences nécessaires pour s’épanouir et exercer ses droits humains à l’ère numérique.

La conception, le développement et le déploiement des technologies numériques peuvent affecter la manière dont les droits humains sont exercés et protégés. L’intelligence artificielle et la neurotechnologie, par exemple, peuvent contribuer à faire progresser les droits humains liés à l’éducation et à la santé, mais elles créent également des risques nouveaux et exacerbés liés, entre autres, à la vie privée, à la liberté de pensée, à la sécurité et à la sûreté. Ils peuvent même remettre en question notre compréhension de ce que signifie être humain.

Pour garantir que la transformation numérique reste centrée sur l’humain et axée sur les droits, ceux-ci doivent être intégrés tout au long du cycle de vie des technologies numériques. La Recommandation de l'OCDE de 2019 sur l'intelligence artificielle, la première norme intergouvernementale sur l'IA, inclut le respect des droits humains tout au long du cycle de vie de l'IA parmi ses principes.

Un engagement solide auprès de la société civile est essentiel pour garantir que les efforts entrepris par les gouvernements pour protéger les droits humains à l’ère numérique soient constamment alignés sur les valeurs et les besoins de la société. Les délibérations avec le secteur privé sont tout aussi importantes, car les entreprises, y compris les plateformes en ligne, ont un impact croissant sur la manière dont les droits humains sont protégés et exercés à l’ère numérique. Grâce à une approche multipartite qui apporte différentes perspectives et facilite la cohérence des politiques, les gouvernements peuvent favoriser les synergies et la coopération.

L’OCDE fournit une plateforme d’analyse politique et de coopération fondée sur des données probantes pour aider les pays à comprendre les implications de la transformation numérique sur les droits humains. Dans le cadre d'une série d'ateliers dédiés en 2022-2023, l'OCDE a réuni des décideurs politiques et des experts pour informer et refléter les priorités en matière de droits humains à l'ère numérique. En 2022, l'OCDE a réuni les ministres du numérique qui ont adopté la Déclaration sur un avenir numérique de confiance, durable et inclusif, définissant une vision pour une transformation numérique centrée sur l'humain et axée sur les droits.