À mesure que le changement climatique s’accélère, les pays en développement sont confrontés à des risques accrus de phénomènes météorologiques extrêmes, d’élévation du niveau de la mer et d’autres catastrophes naturelles. Ce chapitre se penche sur la nécessité impérieuse de rendre les infrastructures résilientes face au changement climatique dans ces pays. Il met en lumière les besoins et les défis spécifiques que connaissent ces économies, en présentant les perspectives de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine, et en s’intéressant principalement aux infrastructures facteur de compétitivité. En passant des infrastructures énergétiques aux réseaux numériques et de transport, ce chapitre insiste sur la nécessité de renforcer les capacités de planification et de mise en œuvre, tout comme celle d’actualiser les partenariats internationaux en vue de promouvoir des infrastructures résilientes face au changement climatique dans la perspective du développement durable.
Des infrastructures pour un avenir résilient face au changement climatique
5. Rendre les infrastructures résilientes face au changement climatique dans les pays en développement
Abstract
Principaux éclairages sur l’action publique
Les économies des pays en développement figurent parmi les plus vulnérables aux effets négatifs du changement climatique.
Les pays en développement présentent de profondes différences sur le plan des lacunes dont souffrent leurs infrastructures, de leurs aspirations au développement et de leur vulnérabilité face au changement climatique et aux catastrophes naturelles.
Certains pays en développement sont particulièrement vulnérables et exposés aux risques climatiques croissants, notamment les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement.
Pour les pays en développement, l’impératif de rendre les infrastructures résilientes face au changement climatique va de pair avec la nécessité de combler les lacunes de leurs infrastructures pour soutenir leurs aspirations à s’industrialiser. Pour ce faire, il est indispensable d’actualiser les processus de planification de manière à assurer la cohérence des mesures mises en œuvre et la prise en compte des considérations de résilience climatique dans l’ensemble des politiques publiques, allant des infrastructures à l’innovation, au commerce, à l’industrie et à l’investissement.
Il est également primordial de prendre en considération les questions d’équité et d’inclusion lors de la planification d’infrastructures résilientes face au climat dans les pays en développement. Dans ces pays, plus encore que dans les économies avancées, les populations vulnérables et marginalisées sont souvent les plus durement touchées par les effets du dérèglement climatique. Ils souffrent de manière disproportionnée du manque d’infrastructures, ce qui compromet leurs perspectives d’inclusion économique et perpétue le cycle de la pauvreté.
Pour rendre les infrastructures résilientes face au changement climatique dans les pays en développement, il faudra un « changement de paradigme » dans les politiques nationales comme dans les politiques internationales. Au niveau national, il s’agira à la fois d’identifier les possibilités cachées d’innovation locale.Cela peut conduire à un changement de la conception des infrastructures en vue de répondre aux besoins spécifiques de leurs sites d’implantation. Il peut aussi incluire la participation active aux forums internationaux pour aider à definir les nouvelles normes. Au niveau international, il s’agira de définir de nouveaux partenariats dans lesquels les pays en développement ne seront pas exclusivement vus comme des marchés émergents pour les investisseurs et des partenaires essentiels pour l’élaboration conjointe de solutions résilientes face au changement climatique dans la perspective du développement durable.
Trois domaines s’avèrent essentiels pour établir des formes renouvelées de partenariat entre les pays avancés et ceux en développement. Ceux-ci peuvent garantir une planification, une construction et une exploitation des infrastructures tournées vers l’avenir dans les pays en développement :
Le partage des connaissances et l’assistance technique concernant les capacités des secteurs public et privé, et notamment les mécanismes de coopération et de coordination, l’actualisation des cadres juridiques et le développement des capacités de prévention, grâce en particulier à un renforcement des outils et des capacités institutionnelles d’évaluation des risques et de leurs conséquences potentielles.
Les partenariats en matière de recherche et de développement, le déploiement de technologies et de solutions commerciales sur mesure pour des infrastructures résilientes face au changement climatique.
Un investissement et un financement accrus et une plus grande mobilisation des banques multilatérales de développement et des institutions de financement du développement qui vont également au-delà du financement direct dans des domaines tels que l’aide à la préparation des projets, la sélection et la diligence des projets, le financement et les signalisations, ainsi que la réduction des risques associés à l’investissement privé.
5.1. Introduction
L’intensification des effets du changement climatique a mis en évidence une priorité absolue : la nécessité de disposer d’infrastructures résilientes face au changement climatique (voir chapitre 1). La fréquence et la gravité croissantes des phénomènes climatiques, tels que les tempêtes extrêmes, les inondations, les sécheresses, et les vagues de chaleur, exercent des pressions sans précédent sur les réseaux d’infrastructures, notamment dans les secteurs des transports, de l’énergie, de l’eau et des télécommunications. Ces infrastructures et leur bon fonctionnement revêtent une importance cruciale pour le développement durable, aussi tous les pays partagent-ils une même priorité, quel que soit leur degré de développement économique : faire en sorte qu’elles soient résilientes face au changement climatique.
La nécessité pour les pays en développement de disposer d’infrastructures résilientes face au changement climatique est d’autant plus impérieuse qu’ils subissent de manière disproportionnée les conséquences du dérèglement du climat. Ces pays contribuent le moins aux émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) par habitant, alors qu’ils sont bien souvent les principales victimes des catastrophes climatiques compte tenu de leur situation géographique, de leurs capacités d’adaptation limitées et de leurs vulnérabilités socioéconomiques. Du fait de leurs ressources limitées et de leur manque d’infrastructures, les pays en développement sont confrontés à des difficultés hors norme d’adaptation aux défis croissants générés par la crise climatique. Le manque d’infrastructures résilientes face au changement climatique compromet par ailleurs leurs efforts pour atteindre les Objectifs de Développement Durable et perpétue le cycle de la pauvreté et de l’inégalité.
Pour relever ces défis, il faut faire appel à une approche multidimensionnelle permettant de tenir compte de la résilience climatique dans les processus de planification, de conception et d’exécution des infrastructures. Les pays en développement, en particulier, doivent prendre des mesures proactives pour actualiser leurs politiques nationales et locales, leurs pratiques commerciales et leur responsabilité sociale.
Les gouvernements des pays en développement doivent considérer la résilience climatique des infrastructures comme une priorité dans leurs politiques et leurs stratégies de développement national et local, et faire en sorte que leurs processus décisionnels comportent des évaluations des risques climatiques, prévoient des mesures d’adaptation et incluent la participation des populations. Ils doivent par ailleurs bénéficier d’un important soutien de la communauté internationale au renforcement des capacités de planification, de financement, de construction et d’exploitation d’infrastructures résilientes face au changement climatique. Des investissements, des partenariats internationaux, et notamment une aide financière, un transfert de technologies et le développement des capacités seront indispensables.
Ce chapitre se concentre sur les défis auxquels sont confrontés les pays en développement et sur leurs besoins et leurs aspirations en matière d’infrastructures résilientes face au changement climatique. Conformément aux bonnes pratiques de l’OCDE, il reconnaît que la planification stratégique, la préparation des projets, l’évaluation des risques et la mise en œuvre de pratiques de construction résilientes constituent un besoin urgent, tout comme l’excellence dans les activités de maintenance et d’exploitation. Ce chapitre identifie les principaux domaines où un renforcement de la coopération et des partenariats internationaux sera nécessaire pour permettre aux pays en développement de construire des infrastructures résilientes face aux changements climatiques pouvant soutenir leur développement économique et leur industrialisation. Le Chapitre reconnaît que les pays en développement ne sont pas monolithiques et chacun a des besoins distincts. Certains d’entre eux, dont les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID), sont particulièrement menacés et ont besoin d’un soutien international.
Ce chapitre comporte trois sections. Primo, il examine brièvement les incidences croissantes du changement climatique et des catastrophes naturelles dans les pays en développement. Secondo, il se focalise sur les défis spécifiques des pays en développement pour assurer la résilience de leurs infrastructures face au changement climatique et aux catastrophes naturelles. Tertio, il examine les réponses apportées au niveau local, national et international.
5.2. Le changement climatique impose un lourd tribut aux pays en développement
Le changement climatique a des conséquences de plus en plus graves partout dans le monde, et il affecte de manière disproportionnée les pays en développement. Les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les ouragans, les inondations et les sécheresses, sont de plus en plus fréquents dans les pays en développement, quels que soient les moyens utilisés pour en mesurer les impacts économiques (voir également chapitre 1). An niveau mondial, le nombre de catastrophes naturelles recensées a plus que doublé au cours de la période 2000-2019 par rapport à la décennie précédente, et elles touchent les pays en développement de manière disproportionnée (UNDRR, 2020[1]). D’après les estimations, les pertes économiques imputables aux catastrophes géophysiques, climatiques et météorologiques se sont en moyenne élevées à 170 milliards USD par an à l’échelle mondiale au cours de la dernière décennie (UNDRR, 2022[2]).
Bien que les pays en développement contribuent le moins au réchauffement planétaire par rapport à leur nombre d’habitants, ils sont les plus vulnérables au changement climatique. Le changement climatique exacerbe la fréquence et la gravité des catastrophes naturelles dans les pays en développement. Ceci amplifie les vulnérabilités existantes et accroît les risques de subir des dommages liés aux catastrophes.
La hausse des températures, la modification des régimes de précipitations, et l’élévation du niveau de la mer contribuent à accroître l’intensité et la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les tempêtes, les inondations et les sécheresses. Ces évènements touchent de façon disproportionnée les pays en développement. Environ 3.3 à 3.6 milliards de personnes vivent dans des régions confrontées à de considérables difficultés de développement et à une grande vulnérabilité aux risques liés au changement climatique (IPCC, 2023[3]).
La résilience au changement climatique et la résilience face aux catastrophes sont étroitement liées dans les pays en développement du fait de divers facteurs qui exacerbent les vulnérabilités de ces pays :
Vulnérabilité géographique. Bon nombre de pays en développement sont situés dans des régions sujettes aux aléas climatiques. Les zones côtières, par exemple, sont exposées aux ouragans et aux typhons. D'autres régions sont également exposées aux inondations, aux sécheresses, aux ouragans et aux vagues de chaleur. Tous ces phénomènes sont exacerbés par le changement climatique. Parmi les pays en développement, les PEID et les PMA sont les plus gravement touchés par le changement climatique et par les catastrophes naturelles. Entre 2000 et 2020, les PEID et les PMA ont subi en moyenne 23 et 7 catastrophes naturelles par 1 000 kilomètres carrés, respectivement (Graphique 5.1, panel A). Cela représente un nombre de catastrophes de 10 à 30 fois plus élevé que dans les pays de l’OCDE. Par ailleurs, les pays qui sont à la fois des PEID et des PMA, comme Haïti et les Îles Salomon, sont encore plus gravement touchés dans la mesure où ils tendent à être situés dans des zones géographiques propices aux catastrophes (Graphique 5.1, panel B). Les autres indicateurs de la vulnérabilité mettent en évidence des résultats similaires. Pour ce qui est des inondations, par exemple, le Bangladesh et le Viet Nam ont la proportion de la population exposée aux inondations la plus élevée, à savoir 58 % et 46 % respectivement (Graphique 5.2 et Encadré 5.1).
Vulnérabilité économique. les pertes économiques provoquées par le changement climatique sont généralement plus importantes en valeur absolue dans les pays à revenu élevé. Cependant, les pertes supportées par les pays à faible revenu sont toutefois plus élevées en pourcentage de leur produit interieur brut (PIB), et les PEID ainsi que les PMA sont les plus durement touchés. Les estimations montrent que les pertes imputables aux changement climatique et aux catastrophes naturelles représentent une part du PIB annuel national allant de 0.1% à 0.3 % dans le cas des pays à revenu élevé et à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Cependant, les pertes sont de 0.8% à 1 % en moyenne dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (UNDRR, 2022[2]). Les PIED représentent deux tiers des pays qui subissent les plus forts effets négatifs du changement climatique en pourcentage du PIB sont des PEID, et ils supportent d’après les estimations une perte représentant de 1 - 9 % de leur PIB annuel du fait du changement climatique et des catastrophes naturelles (OECD, 2023[8]).
Dépendance à l’égard des secteurs sensibles aux conditions climatiques. La plupart des pays en développement sont fortement tributaires de secteurs sensibles aux conditions climatiques, tels que l’agriculture, la pêche, l’exploitation forestière et le tourisme, en tant que source de revenus et moteur du développement économique. Les catastrophes naturelles, qui sont exacerbées par le changement climatique, peuvent dévaster ces secteurs, entraînant une insécurité alimentaire, une perte de revenu et une instabilité économique. Les effets du changement climatique font par conséquent peser d’importantes menaces sur les moyens d’existence, le bien-être, et les perspectives de développement économique des populations des pays en développement. À titre d’exemple, en 2017, l’ouragan Irma, le plus violent enregistré aux Caraïbes à ce jour, a touché plus de 1.2 million de personnes dans la région et entraîné des pertes économiques considérables, et notamment l’effondrement de la production agricole, qui a enregistré un recul de 80 %, en Haïti et dans les pays et territoires voisins (OCDE, 2024[9] ; OCDE, 2023[10]). Certains pays sont en progrès du point de vue du renforcement de leurs capacités de planification et de prévention. Par exemple, Sainte-Lucie, une île des Caraïbes très exposée aux effets du changement climatique et extrêmement tributaire du tourisme., Elle a amélioré sa politique nationale en matière de résilience climatique des infrastructures en mettant en place une Unité nationale de planification et de programmation intégrée pour l’élaboration du programme d’infrastructures du pays. Cette unité supervise une évaluation complète des infrastructures nationales qui tient compte des besoins économiques, environnementaux et sociaux, ainsi que de l’incidence potentielle des nouveaux plans d’infrastructures sur les objectifs de l’Accord de Paris (OECD, 2023[11]).
Accès limité à l’information climatique et aux systèmes d’alerte précoce, et faible qualité des infrastructures. La plupart des pays en développement n’ont pas suffisamment accès à des informations climatiques et des systèmes d’alerte précoce (SAP) précis et disponibles en temps utile, ce qui compromet leur capacité à se préparer aux catastrophes naturelles et à y faire face. Ils disposent également d’infrastructures inadéquats et des capacités institutionnelles limitées permettant de répondre en amont aux risques et de réagir aux catastrophes. La forte densité démographique dans les zones les plus durement touchées par les catastrophes naturelles entrave encore davantage la gestion efficace des risques de catastrophe et les efforts de résilience climatique. Tel est particulièrement le cas en Afrique, où les infrastructures sont en moyenne deux fois plus vulnérables qu’en Amérique latine et en Asie, et cinq fois plus vulnérables qu’en Europe. Ceci amplifie les conséquences économiques et sociales des catastrophes naturelles dans ces zones (Graphique 5.3).
Le renforcement de la résilience au changement climatique est d’une importance cruciale pour garantir aux pays en développement une trajectoire de développement durable. La poursuite de l’industrialisation et de la croissance économique entraîne dans ces pays des besoins et des efforts croissants de développement des infrastructures en vue plus particulièrement de favoriser l’expansion des échanges et de la production. Par conséquent, ces nouvelles infrastrutures doivent être planifiées, construites et exploitées vision tournée vers la résilience climatique. Par ailleurs, compte tenu de leur aspiration à se développer, à poursuivre leur croissance et à améliorer leur niveau de vie, ces économies tendent à s’appuyer pour une large part sur des industries à forte intensité énergétique qui contribuent aux émissions de GES. Ceci à son tour, aggrave leur exposition au changement climatique. Par conséquent, investir dans des mesures d’atténuation et d’adaptation en vue de renforcer la résilience est essentiel à la fois pour la gestion des risques climatiques et l’industrialisation durable.
Encadré 5.1. Le Bangladesh doit réduire sa vulnérabilité au changement climatique pour soutenir le progrès économique
Le Bangladesh, le plus grand des PMA en voie de reclassement, est l’un des pays qui subissent le plus de catastrophes naturelles dans le monde (Graphique 5.4). Plus de 50 % de sa superficie est située à moins de 6 mètres au-dessus du niveau de la mer, et environ 80 % de sa population est exposée à des risques météorologiques extrêmes.
La vulnérabilité élevée et de plus en plus importante du Bangladesh face au changement climatique est exacerbée par l’urbanisation rapide, la forte densité démographique et les lacunes en matière d’infrastructures, et s’accompagne de risques technologiques et industriels. Ceci entraîne des pertes économiques non négligeables dans des secteurs tels que l’agriculture, la logistique ou les industries manufacturières. Les inondations provoquées par les tempêtes et les fortes pluies perturbent fréquemment les approvisionnements énergétiques, même lorsque les centrales thermiques sont dotées de structures de protection contre les inondations. Dan le même temps, elles ont des répercussions sur la production agricole nationale tout en perturbant les transports et la logistique. La vulnérabilité aux catastrophes naturelles accroît l’incertitude économique et l’imprévisibilité des échanges, ce qui alourdit les coûts supportés pour investir et faire des affaires au Bangladesh. La réduction de la vulnérabilité du Bangladesh face au changement climatique et aux catastrophes naturelles constitue un impératif humain et économique qui requiert une attention urgente pour permettre un progrès futur. Pour limiter dans toute la mesure du possible les effets sur le développement industriel exercés par le changement climatique et par les catastrophes naturelles qui en sont le corollaire, le Bangladesh doit accroître ses capacités de prévention, de réaction et de reconstruction. Les partenariats internationaux ont un rôle essentiel à jouer de ce point de vue. Le Bangladesh bénéficie du soutien du Fonds monétaire international dans le cadre de la Facilité pour la résilience et la durabilité, de la Facilité de financement élargie et de la Facilité de crédit élargie. Ces programmes répondent aussi bien aux défis immédiats, tels que les déséquilibres de la balance courante et les pertes de réserves, qu’aux enjeux structurels à long terme, dont la mise en œuvre de réformes ciblées au niveau national pour lutter contre la vulnérabilité climatique.
5.3. Les pays en développement doivent combler les lacunes de leurs infrastructures dans un objectif de résilience climatique
Les pays en développement souffrent d’importantes lacunes en matière d’infrastructures. Ces lacunes touchent divers secteurs, allant des transports jusqu’à l’énergie, l’eau et les infrastructures numériques, et elles compromettent leurs perspectives de développement, leur compétitivité internationale et leurs efforts d’industrialisation nationale. Il est essentiel de combler ces lacunes pour libérer leur potentiel économique, pour promouvoir l’inclusion sociale et pour assurer un développement durable.
Ce chapitre porte essentiellement sur le renforcement de la résilience climatique des infrastructures facteur de compétitivité (réseaux de transport et numériques, systèmes énergétiques, etc.). La résilience climatique joue un rôle primordial dans les stratégies de développement et dans les efforts pour rehausser l’attractivité et le potentiel économiques d’un lieu donné sur les marchés national, régional et international. Par ailleurs, les pays en développement font faces à des pressions croissantes pour la la construction d’infrastructures conforment à leurs stratégies d’industrialisation et de développement créatrice d’emplois. Il convient donc de veiller à ce que la construction de ces nouvelles infrastructures s’inscrivent dans une perspective d’avenir. Elles doivent pouvoir supporter et réduire au minimum les conséquences et les risques induits par le changement climatique et par la fréquence croissante des phénomènes météorologiques extrêmes et des catastrophes naturelles (Encadré 5.2).
Encadré 5.2. Que faut-il entendre par « infrastructures facteur de compétitivité » ?
Les infrastructures facteur de compétitivité recouvrent les éléments d’actif, les installations et les systèmes qui ont un effet direct sur les performances économiques et les capacités concurrentielles d’un lieu donné. Elles incluent les réseaux de transport (routes, ports, aéroports, lignes de chemin de fer), les installations énergétiques (centrales et réseaux électriques), les réseaux de télécommunications et les centres de données.
Source : OCDE (2024[6])
5.3.1. Des lacunes importantes dans les infrastructures liées à la compétitivité démeurent dans les pays en développement
Les pays en développement sont en retard sur le plan de la qualité, de la couverture et de l’accès aux infrastructures numériques. Leurs populations et leurs entreprises ne bénéficient que de débits plus faibles et de connexions plus instables en termes relatifs. À titre de comparaison, la vitesse de l’internet (haut débit fixe) en Afrique est 9 fois moins rapide que celui de l’Amérique du Nord, qui est la avec la vitesse moyenne de connexion la plus élevée (Graphique 5.5). Il existe également de fortes disparités entre les différents pays en développement. En Afrique, c’est l’Égypte qui possède l’Internet le plus rapide : en décembre 2023, le débit y était 13 fois plus élevé qu’au Niger, où la vitesse de connexion est la plus lente de tout le continent. Il faudrait par exemple 11 minutes pour télécharger un fichier de 5 gigaoctets en Égypte, contre 2.5 heures au Niger, et seulement 2 minutes au Chili, le pays de l’OCDE qui dispose de l’internet le plus rapide (OECD, 2023[14]).
Les pays en développement demeurent en retard du point de vue de la densité comme de la qualité des infrastructures de transport. Leurs besoins en infrastructures de transport modernes et résilientes face au changement climatique sont de plus en plus importants. La croissance démographique, l’urbanisation et l’essor des secteurs à forte intensité logistique, dont celui du commerce électronique, ne font qu’accroître la nécessité de disposer d’infrastructures de transport et de systèmes logistiques plus modernes, inclusifs et efficaces.
De bonnes infrastructures de transport, telles que les routes, les ports, et les lignes de chemin de fer, renforcent les connexions entre les régions comme au sein de chacune d’elles, facilitant ainsi la circulation des marchandises, des services et des personnes. À titre d’exemple, la construction de la ligne de chemin de fer à écartement normal reliant Mombasa à Nairobi au Kenya a amélioré la connexion entre la ville portuaire de Mombasa et la capitale, Nairobi, réduisant de ce fait les coûts de transport et facilitant les échanges. L’expansion des installations portuaires au Viet Nam et au Bangladesh a accru la capacité de ces pays à gérer les flux d’échanges internationaux, ce qui favorise les industries d’exportation et le développement économique.
Les pays en développement étant très exposés aux risques climatiques, ils doivent assurer la résilience climatique dans leurs infrastructures. Malgré certaines avancées vers cet objcetif, des lacunes de taille subsistent. Par exemple, seulement 22 % des lignes ferroviaires étaient électrifiées en Afrique (sur la base de l’électrification du réseau de six pays : Afrique du Sud, Algérie, Maroc, RD du Congo, Tunisie et Zimbabwe). À titre de comparaison, 65 % et 56% des lignes ferroviaires sont électrifiées respectivement en Asie et en Europe. En Amérique Latine et dans les Caraibes, les données sont seulement disponibles pour le Chili (39 %) et l’Argentine (2 %) (International Union of Railways, 2023[17]).
De surcroît, l'infrastructure est de plus en plus nécessaire dans de nouveaux domaines pour satisfaire la demande émergente. Les méga-accords commerciaux régionaux ont été signé notamment la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le Partenariat économique régional global (RCEP) et l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste.Ces accords modifieront la géographie des chaînes d'approvisionnement. Ces changements, couplés à l'émergence de préoccupations géopolitiques tels que, la recherche permanente de ressources minerales critiques, sont à l'origine des besoins croissants .
Les pays en développement souffrent également de lacunes majeures dans leurs infrastructures énergétiques. À titre d’exemple, en moyenne, 36 % de la population des PMA n’avait pas accès à l’électricité en 2021. Et même si l’électricité est accessible, elle est non fiable et instable. Par exemple, les coupures de courant sont bien plus fréquentes dans les pays en développement, avec des conséquences majeures sur leur compétitivité industrielle. En moyenne les entreprises des pays membres de l’OCDE subissent moins d’une coupure d’électricité par mois.Par contre ce chiffre s’élève à 7.1 dans les PMA, à 5 dans les PEID et à 3.5 dans les autres pays en développement. Le développement des infrastructures d’énergies renouvelables peut ouvrir de considérables perspectives en matière de résilience climatique, d’industrialisation et de croissance verte dans les pays en développement (Encadré 5.3).
Encadré 5.3. La ZLECAf pourrait changer la donne en faveur des infrastructures d’énergies renouvelables innovantes et résilientes face au changement climatique en Afrique
L’Afrique bénéficie de l’un des plus grands potentiels en matière d’énergies renouvelables, et elle pourrait en profiter pour compléter ses ressources énergétiques. Cela pourrait, à son tour, devenir un tremplin pour développer des activités industrielles et d’innovation autour des énergies renouvelables. Pour ce qui est du solaire, par exemple, l’Afrique détient en estimation 60 % des ressources solaires mondiales de la meilleure qualité, mais qu’elle ne dispose que de 1 % de la puissance photovoltaïque installée (IEA, 2022[18]). La ZLECAf pourrait changer la donne de ce point de vue, sous réserve qu’elle soit assortie de stratégies industrielles, d’une vaste mobilisation budgétaire et d’une coopération transfrontières dans le domaine des normes.
La ZLECAf élargit le marché de l’énergie. Jusqu’à présent, les échanges d’électricité entre les pays d’Afrique se sont principalement inscrits dans un cadre bilatéral. Les cinq pools énergétiques africains qui ont été créés présentent des degrés d’intégration variables et ont été désavantagés par un manque d’infrastructures et par des incohérences et des lacunes d’ordre réglementaire (Odetayo et Walsh, 2021[19]). D’autres initiatives régionales, telles que la création du Marché unique africain de l’électricité en 2021, espèrent par ailleurs tirer parti de l’élan imprimé par la ZLECAf pour créer un marché continental de l’électricité qui soit opérationnel.
La ZLECAf ne comporte pas de dispositions spéciales pour les biens environnementaux. Cependant son protocole relatif aux investissements fait référence aux efforts pour promouvoir les investissements favorisant le développement durable, y compris l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets. Il préserve également le droit de ses membres à établir des réglementations en la matière. Ces disposition complémentaires contribuerait à une amélioration du climat des échanges et de l’investissement dans le continent tel que prévu par l’accord. En fin de compte la ZLECAF pourrait permettre d’établir un lien entre l’industrialisation et l’écologisation de la matrice énergétique.
Les pays africains devront prendre trois actions clées pour tirer parti des possibilités offertes par l'AfCFTA:
Mobiliser les investissements et établir un lien entre les stratégies industrielles et la transition écologique. Des initiatives de grande envergure s’avèrent nécessaires pour aller au-delà des projets pilotes et de ceux portant sur des microréseaux, de manière à stimuler la demande et à produire l’énergie nécessaire à l’industrialisation verte du continent. L’AIE (2022[18]) estime que les investissements énergétiques annuels en Afrique devront être multipliés par deux par rapport à leur niveau actuel et atteindre près de 192 milliards USD par an pour respecter les objectifs énergétiques du continent.
Aller de l’avant s’agissant des systèmes d’assurance qualité et de certification des énergies renouvelables. À titre d’exemple, la certification de l’hydrogène vert demeure pour l’heure embryonnaire et est principalement assurée par les grands marchés consommateurs. Il est également essentiel de faire en sorte que les pays africains aient leur mot à dire dans la définition des normes., Pour cela ils doivent mettre à jour leurs infrastructures de métrologie et d’évaluation de la conformité pour assurer le respect de ces normes.
Envisager d’intégrer les questions relatives à l’industrialisation verte dans les protocoles d’accord instituant la ZLECAf dont la négociation est en cours, tels que ceux relatifs aux services (Asafu-Adjaye et al., 2021[20]).
Source : OCDE (2023[14]),
Les infrastructures liées à la compétitivité inclues les réseaux de transport, les systèmes énergétiques et ceux d’approvisionnement en eau, sont très vulnérables aux aléas climatiques tels que les inondations, l’élévation du niveau de la mer et les phénomènes météorologiques extrêmes. La vulnérabilité des infrastructures face aux risques climatiques est un important obstacle à l’industrialisation et au développement durables. La perturbation et les dommages subis par les infrastructures aggravent les difficultés auxquelles sont confrontés les pays en développement en limitant leur capacité à promouvoir leur compétitivité et leur croissance économique. Ces défis sont aggravés par les importants coûts sociaux et humains qui en sont par ailleurs la conséquence. En investissant dans la résilience climatique, ces pays peuvent atténuer les effets négatifs du changement climatique et promouvoir une industrialisation durable.
5.3.1. Combler les lacunes et assurer la résilience des infrastructures face au changement climatique sont deux objectifs indissociables pour les pays en développement
Remédier simultanément auxdeux objectifs leurs permettront d’accélérer leur progression vers le développement durable et de renforcer leur compétitivité et leur capacité à tirer profit du marché mondial. Les infrastructures existantes devront être renforcées en vue d’assurer leur résilience climatique. Pendant ce temps, les nouvelles infrastructures tenir compte de leur résilience climatique ainsi que de leur capacité d’atténuation. Il est essentiel d’intégrer les considérations de résilience climatique dans la planification, la conception, la construction et l’exploitation des infrastructures dans les pays en développement comme dans les économies avancées, de manière à garantir la longévité et l’efficacité des investissements d’infrastructure (voir chapitre 2).
Par ailleurs, la résilience des infrastructures peut renforcer les capacités d’adaptation des populations locales, favoriser la résilience économique et réduire les coûts socioéconomiques des catastrophes climatiques. Ce faisant, elle peut contribuer à réduire les inégalités persistantes que connaissent les pays en développement. Le renforcement de la résilience climatique des infrastructures réduira également la nécessité de déployer de coûteux efforts de remise en état et de reconstruction post-catastrophe, libérant des ressources pour les priorités de développement à long terme. Ce dernier point revêt une importance toute particulière pour les pays en développement qui éprouvent de difficultés d’accès aux financements et de mobilisation des ressources.
L’intégration de la résilience climatique dans les stratégies de développement des infrastructures des pays en développement est une composante essentielle du développement durable et des stratégies d’industrialisation tournées vers l’avenir et contribue à atteindre des objectifs essentiels, dont les suivants :
Supporter la stabilité économique, en réduisant le risque que les phénomènes météorologiques extrêmes causent des perturbations des infrastructures et leur infligent des dommages. Cette stabilité est essentielle pour attirer les investissements à long terme et promouvoir une croissance économique durable. Les investisseurs ont une plus forte propension à engager des ressources dans les pays qui disposent d’infrastructures résilientes capables de supporter les chocs climatiques, garantissant ainsi la continuité des activités et les retours sur investissement.
Sauvegarder les éléments et les services essentiels tels que les réseaux de transport, les systèmes énergétiques, l’approvisionnement en eau et les télécommunications. Par exemple, le renforcement des infrastructures côtières, telles que les digues et les ouvrages de protection contre les inondations, protège les ports et les routes de transport contre l’élévation du niveau de la mer et les ondes de tempête, garantissant ainsi la continuité de l’approvisionnement en biens et services.
Faire baisser les coûts à tous les étapes du cycle de vie en réduisant le besoin de réparations fréquentes et d’opérations d’entretien d’urgence en raison des dommages liés au changement climatique. En investissant dès à présent dans des techniques de conception et de construction résilientes, les pays en développement peuvent éviter de coûteux efforts de remise en état et de reconstruction.
Réduire la prime de risque. Les sociétés d’assurance et les évaluateurs des risques prennent de plus en plus en compte la résilience des infrastructures lors de la souscription des contrats et de l’évaluation de l’exposition aux risques. En investissant dans des infrastructures résilientes face au changement climatique, les pays en développement peuvent réduire les primes d’assurance et les coûts financiers liés aux risques climatiques.
Promouvoir l’innovation et le progrès technologique. La priorité accordée à la résilience climatique des infrastructures entraîne la mise au point de nouveaux matériaux, de nouvelles méthodes de conception et de nouvelles techniques de construction pour renforcer cette résilience. Cela a pour effet de favoriser une culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat, d’offrir des perspectives de croissance aux industries locales et d’encourager l’adoption de technologies de pointe aux fins de développement des infrastructures. Les infrastructures résilientes face au changement climatique préserve égalementles écosystèmes tels que les zones humides, les forêts et les voies navigables naturelles et l’intégration de solutions fondées sur la nature dans la conception des infrastructures, telles que des toits végétalisés, des revêtements perméables et des systèmes naturels de drainage. Elles favorisent ainsi le développement de la bioéconomie et une création de valeur économique durable grâce aux actifs naturels (voir chapitre 4).
Renforcer l’intégration et les partenariats avec les marchés mondiaux. L’adhésion aux normes, réglementations et accords internationaux destinés à faire face au changement climatique et à promouvoir le développement durable renforce la crédibilité et la réputation des pays sur la scène mondiale. Cela permet de soutenir l’accès aux financements, les partenariats et la coopération à l’échelle internationale.
5.4. La mise à jour des politiques nationales et des partenariats internationaux sera essentielle pour assurer le progrès
Les lacunes des infrastructures décrites dans la précédente section ne sont pas nouvelles. Les pays en développement souffrent de longue date d’un sous-investissement et d’un faible développement de leurs infrastructures. Cependant, il devient de plus en plus urgent pour eux de combler ces lacunes, au risque de se retrouver encore à la traîne.. Les pays en développement sont de plus en plus exposés et vulnérables au changement climatique et aux catastrophes naturelles. Leurs aspirations à l’industrialisation les poussent à stimuler l’investissement dans les infrastructures et à assurer leur résilience climatique. En effet, les pays avancés accordent la priorité la modernisation et le renforcement de leurs infrastructures. En accordant la priorité à la résilience climatique, ils se préparent pour la nouvelle économie verte et numérique. Pourtant leurs actions risquent de perpétuer l’écart entre les pays avancés et ceux en développement.Pour éviter de prendre encore plus de retard, les pays en développement on besoin de mobiliser des investissements adéquats.
Les investissements dans les infrastructures des pays en développement soutiennent également l’économie mondiale. Les principales des infrastructures dans les pays en développement ont une influence directe sur les performances économiques mondiales. en raison de leurs effets sur la résilience et la stabilité des chaînes d’approvisionnement. Ainsi, l’amélioration de la qualité des infrastructures des pays en développement bénéficie également aux pays avancés.
Les pays en développement doivent renforcer leur capacité à assurer la résilience de leurs infrastructures face au changement climatique et aux catastrophes naturelles. Les autorités nationales et locales devront renforcer leurs capacités dans trois domaines : la prévention, la réaction et la reconstruction. Ils doivent mettre à jour le cadre réglementaire, d’identifier les sources et mécanismes de financement appropriés, de définir des systèmes efficaces de mesure et de suivi, et d’établir des mécanismes adaptés de consultation des parties prenantes pour guider les actions à mettre en œuvre à chacune des trois étapes (Encadré 5.4).
Encadré 5.4. Guider les actions visant à assurer la résilience des infrastructures face aux catastrophes naturelles : un cadre reposant sur trois piliers
Le « recueil de bonnes pratiques pour des infrastructures de qualité 2024 : renforcer la résilience face aux catastrophes naturelles » (Compendium of Good Practices on Quality Infrastructure 2024: Building Resilience to Natural Disasters) présente un certain nombre de principes destinés à assurer la résilience des infrastructures face aux catastrophes naturelles qui sont issus des bonnes pratiques mondiales et d’analyses approfondies des projets d’infrastructures en Colombie, aux États-Unis, au Ghana, en Inde, en Indonésie, au Japon et au Mozambique. Il propose un cadre reposant sur trois piliers pour guider l’action des pouvoirs publics et promouvoir la mise en œuvre des Principes du G20 pour l’investissement dans des infrastructures de qualité (G20, 2019[21]). Trois domaines distinctes et interconnectées montrent combien il importe de développer les capacités des autorités nationales et locales:
Prévention. Ce domaine a trait aux actions, aux outils et aux caractéristiques matérielles des infrastructures qui permettent d’éviter et/ou de réduire au minimum les dommages. Il s’agit notamment des analyses coûts-avantages, des évaluations des risques de catastrophes dès un stade précoce, de la gestion des risques de catastrophe, des systèmes d’alerte précoce, des filets de sécurité sociale, de la maintenance préventive stratégique, ainsi que de mesures structurelles et de nouvelles conceptions, telles que la construction de digues contre les inondations.
Réaction. Ce domaine a trait aux actions et aux outils mis en œuvre à la suite d’une catastrophe naturelle pour restaurer les capacités opérationnelles et pour atténuer la perturbation de la fourniture des services. Il prévoit des contre-mesures à court terme telles que d’autres types d’infrastructures ou de services. Il inclut également les instruments réglementaires et économiques qui facilitent la mise en œuvre en temps utile de mesures de gestion des risques de catastrophe. L’accès à un financement d’urgence par exemple peut contribuer au rétablissement rapide des fonctions et des services économiques et sociaux. Cela peut réduire la gravité et la durée des perturbations.
Reconstruction. Ce domaine a trait aux actions, aux outils et aux plans, y compris les modifications des caractéristiques matérielles des infrastructures. Ceux-ci déterminent comment reconstruire efficacement, avec efficience et dans une perspective prospective les infrastructures ayant subi des dommages, en tenant compte des évolutions des contraintes économiques, environnementales et sociales au fil du temps. La reconstitution englobe entre autres le déploiement de technologies de pointe, efficientes et à faibles émissions, les modifications de la conception des infrastructures et de leurs accès. Il concerne aussi la protection et la restauration des écosystèmes, ainsi que les engagements des parties prenantes. Cela permet une croissance transformatrice et le renforcement de la compétitivité tout en assurant la durabilité environnementale et l’inclusivité. Pour réduire la vulnérabilité climatique, il est essentiel que les mesures de reconstruction mises en œuvre tiennent compte des critères de résilience climatique.
5.4.1. Le cadre réglementaire sur les projets d'infrastructure doit prendre en considération la résilience climatique
Cette section examine la pertinence des bonnes pratiques internationales et présente des cas concrets basés sur l'expérience des pays en développement. Elle se focalise sur quatre domaines dans lesquels des améliorations significatives sont nécessaires dans les pays en développement : le cadre réglementaire, le rôle des banques de développement, les capacités d'innovation et de technologie, et la capacité de coordination et de mise en œuvre des gouvernements.
Le cadre réglementaire joue un rôle crucial dans les efforts pour assurer la résilience climatique des infrastructures dans les pays en développement. A cette fin, il établit les politiques, les normes et les lignes directrices nécessaires pour faire en sorte que les investissements d’infrastructure soient conformes aux objectifs d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets.
Les pays en développement doivent participer à la définition des normes mondiales en matière de résilience climatique des infrastructures. Il s’agit des normes, des codes et des lignes directrices qui régissent la conception, la construction et l’exploitation des projets d’infrastructure. Ces normes définissent les exigences minimales en matière de résilience des infrastructures, y compris sous des aspects tels que les évaluations des risques climatiques, les stratégies de conception adaptative, la durabilité et la maintenance.
Le cadre réglementaire impose l’intégration d’évaluations des risques climatiques dans la planification et la conception des projets d’infrastructure. Cela implique une évaluation des aléas, des vulnérabilités et des impacts climatiques potentiels auxquels les infrastructures peuvent être confrontées au cours de leur cycle de vie. Les évaluations des risques climatiques éclairent les processus décisionnels en aidant à identifier des mesures d’adaptation et des stratégies de conception adaptées en vue de renforcer la résilience des projets d’infrastructure face aux effets du changement climatique.
Le cadre réglementaire peut promouvoir l’investissement dans des infrastructures résilientes face au changement climatique à travers divers mécanismes, tels que des incitations fiscales, des subventions, des aides non remboursables et des conditions de financement préférentielles. A travers les incitations financières les autorités peuvent encourager les promoteurs, les investisseurs, et les opérateurs des infrastructures à privilégier les pratiques de conception, de construction et de maintenance résilientes. Les incitations à la résilience climatique aident à surmonter les obstacles économiques et favorisent un environnement propice au développement des infrastructures durables.
Le cadre réglementaire devrait également garantir et imposer le respect des normes et des exigences de résilience climatique au moyen de mécanismes de contrôle, d’inspection et de contrainte. Les autorités réglementaires supervisent la mise en œuvre des mesures de résilience climatique dans les projets d’infrastructure et veillent à ce que les promoteurs et les opérateurs respectent les normes et les lignes directrices applicables. La non-conformité peut donner lieu à des sanctions, des amendes ou des retards de mise en œuvre des projets, ce qui encourage les parties prenantes à considérer la résilience climatique comme une priorité dans le cadre du développement des infrastructures. Il importe de d’identifier qui doit procéder à l’évaluation des risques et qui doit faire le suivi des mesures requises. Si tel n’est pas le cas,la valeur de l'évaluation des risques pourrait se trouver amoindrie.
Le renforcement des capacités d’anticipation et d’adaptation des pouvoirs publics est essentiel pour assurer la résilience au changement climatique et aux catastrophes naturelles. Le cadre réglementaire doit être mis à jour en fonction des besoins, tout en assurant la stabilité et la sécurité des activités économiques.
Encadré 5.5. L’Inde a adopté une approche axée sur le cycle de vie pour renforcer la résilience aux catastrophes naturelles de ses projets d’infrastructures routières
L’Inde a mis en œuvre des mesures visant à s’assurer de la résilience aux catastrophes naturelles de ses projets routiers à toutes les étapes du processus, depuis leur planification et leur conception jusqu’à leur fin de vie, en passant par leur construction, leur exploitation et leur maintenance.
Au stade de la planification, une évaluation des risques a été réalisée sur toute la durée de vie des infrastructures. L’Inde a procédé à des études topologiques, géographiques et hydrologiques approfondies afin d’éviter les zones les plus menacées ou de s’assurer que les systèmes de réduction des risques pourraient remplir efficacement leur fonction. En outre, il a utilisé la cartographie de l’exposition aux catastrophes (aux séismes, par exemple) pour déterminer les zones qui nécessitent des niveaux particuliers d’investissement dans différents moyens d’atténuation des différents types de catastrophes.
Au stade de la construction, l’Inde a opté pour des éléments structurels sur mesure tels que des chaussées souples, des remblais renforcés, des murs de soutènement et des systèmes de drainage appropriés. Le pays a également encouragé l’utilisation de matériaux éprouvés et de grande qualité, tels que le béton à hautes performances, afin d’assurer la durabilité et la résilience de ses projets routiers.
L’Inde prescrit une maintenance et des inspections préventives régulières pour préserver l’intégrité des infrastructures. Il a établit des plans de gestion des catastrophes définissent à l’avance les voies d’évacuation et les mesures à mettre en œuvre en vue de faciliter les efforts pour faire face aux situations d’urgence. L’Inde a en outre mis en œuvre un système de gestion automatisée de la circulation pour permettre une intervention plus rapide des services d’urgence lors des catastrophes naturelles.
Source : OCDE (2024[6]).
Encadré 5.6. Le suivi et la mesure de l’impact des catastrophes sont essentiels pour assurer plus efficacement la prévention, la réaction et la reconstruction : l’expérience du Mozambique
Au Mozambique, le réseau routier national est fortement exposé aux aléas naturels, aux inondations et aux cyclones en particulier. Le Mozambique, dont 40 % de la superficie est située à moins de 200 mètres au-dessus du niveau de la mer et dont le littoral s’étend sur plus de 3 000 kilomètres, est vulnérable aux impacts des précipitations intenses et des fréquents cyclones. Par le passé, les mesures de prévention, telles que la construction de remblais, qui reposaient sur des données dépassées, n’ont pas suffi à réduire les risques exacerbés par le changement climatique. Ceci a entraîné une plus grande vulnérabilité.
Afin de relever ces défis, le Mozambique a identifié les risques et les aléas grâce à une collaboration avec l’Institut météorologique national et à une cartographie des aléas. En utilisant les nouvelles données et sur les techniques de prévision spatiale, le pays a été en mesure d’identifier les zones les plus menacées et de préparer en conséquence des actions de réponses directes. En outre, les nouvelles normes de conception mises en œuvre en 2019 à la suite des réformes apportées au cadre juridique en vigueur ont introduit des mesures telles que la modification des pentes, l’abattage d’arbres et la construction de remblais pour renforcer la résilience des routes et réduire leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles.
Source : OCDE (2024[6])
5.4.2. Les banques de développement doivent intervenir pour combler les lacunes en matière d’infrastructures et assurer leur résilience climatique
Les banques de développement - multilatérales de développement (BMD), les institutions de financement du développement (IFD) et les banques de développement nationales - sont des partenaires essentiels pour combler les lacunes des infrastructures dans les pays en développement et pour assurer la résilience climatique. En mobilisant leurs ressources et leur expertise, les banques de développement peuvent compléter les autres sources de financement, dont le secteur privé. Ce faisant, ils aident les pays à construire des infrastructures résilientes face aux changement climatique, à promouvoir le développement durable, et à renforcer la capacité des populations à faire face aux risques climatiques à venir (voir chapitre 3).
Pour jouer pleinement leur rôle dans le renforcement de la résilience climatique des infrastructures dans les pays en développement, les banques de développement devraient bénéficier de plus de capitaux. En particulier, le rôle des banques de développement nationales et internationales en matière de résilience climatique des infrastructures dans les pays en développement recouvre les cinq domaines suivants :
Soutien financier : Les banques de développement assurent le financement des projets d’infrastructures résilientes face au changement climatique dans les pays en développement par divers moyens, dont des prêts, des aides non remboursables et des garanties. Elles offrent bien souvent des conditions libérales et des options de financement souples pour soutenir les projets qui comportent des mesures de résilience climatique, telles que des évaluations des risques climatiques, des stratégies d’adaptation et des technologies renforçant la résilience. Par ailleurs, les banques de développement peuvent utiliser leurs ressources financières pour susciter un cofinancement par d’autres sources, dont le secteur privé et les mécanismes internationaux de financement climatique.
Assistance technique et renforcement des capacités : Les banques de développement offrent une assistance technique et une aide au renforcement des capacités en vue d’optimiser la préparation et l’exécution des projets d’infrastructures résilientes face au changement climatique. Elles participent aussi activement à la structuration et à la préparation des projets d’infrastructures en apportant une expertise technique en matière d’appréciation des risques climatiques, de conception technique, de gestion des projets, ainsi que dans le domaine du suivi et de l’évaluation. Les banques de développement facilitent en outre l’échange de connaissances et le partage des meilleures pratiques entre les pays confrontés à des défis similaires. Ceci contribue ainsi à renforcer les capacités et l’expertise locales en matière de mise en place d’infrastructures résilientes face au changement climatique.
Soutien aux politiques et aux réglementations : Les banques de développement jouent un rôle crucial dans la mise en place de cadres stratégiques et réglementaires qui favorisent le développement des infrastructures résilientes face au changement climatique. Elles travaillent en étroite collaboration avec les autorités au renforcement des normes, des codes et des lignes directrices réglementaires portant sur l’intégration de la résilience climatique dans la planification, la conception et la construction des infrastructures. Les banques de développement préconisent par ailleurs la mise en œuvre de réformes favorisant l’investissement dans des infrastructures résilientes face au changement climatique et prévoyant l’intégration des considérations relatives aux risques climatiques dans les plans sectoriels et les stratégies nationales de développement.
Sélection des projets et devoir de diligence : Les banques de développement appliquent avec une grande rigueur des processus de sélection et de mise en œuvre de leur devoir de diligence en vue de s’assurer de la résilience climatique et de la durabilité écologique des projets d’infrastructure en étude. Ces processus donnent lieu à l’appréciation des risques et des vulnérabilités climatiques, à l’évaluation de la résilience de la conception et des caractéristiques technologiques des infrastructures envisagées, et à une prise en compte des impacts climatiques et des stratégies d’adaptation à long terme. Les banques de développement intègrent par ailleurs des critères de résilience climatique dans leurs processus d’évaluation et d’approbation des projets, orientant les décisions d’investissement vers les projets qui renforcent la résilience et réduisent la vulnérabilité au changement climatique.
Partage des connaissances et innovation : Les banques de développement facilitent le partage des connaissances et l’innovation dans le domaine des infrastructures résilientes face au changement climatique en soutenant la recherche, les projets pilotes et les plateformes d’échange des connaissances. Elles investissent dans la recherche et la mise au point de technologies et d’approches innovantes qui renforcent la résilience climatique des infrastructures, telles que les infrastructures vertes, les solutions fondées sur la nature et l’urbanisme résilient. Les banques de développement promeuvent également l’apprentissage et le renforcement des capacités au travers d’ateliers, de séminaires et de conférences, encourageant une culture d’innovation et de progrès permanent dans le développement des infrastructures résilientes face au changement climatique.
5.4.3. L’innovation et les technologies sont indispensables pour renforcer les capacités de prévention et de réaction aux catastrophes
L’innovation et les technologies traditionnelles et numériques peuvent être d’importantes alliées dans le renforcement des capacités de prévention et de réaction des pays en développement.
Les capacités des pays en développement en matière de SAP et de systèmes d’alerte précoce multialéas (SAPMA) sont limitées. Les SAPMA prennent simultanément en compte une multiplicité d’aléas et sont essentiels pour accroître les capacités de prévention des pays. Parmi les PMA, seulement 11 disposent d’un SAPMA, et 46 personnes seulement sur 100 sont couvertes par un SAP. Pour ce qui est des régions, l’Amérique du Sud est celle qui compte la plus faible proportion de pays déclarant disposer d’un SAPMA (25 %), suivie par l’Afrique (30 %) (Graphique 5.8).
Les technologies innovantes peuvent par ailleurs optimiser les investissements dans les SAP. L’IA peut par exemple aider à mettre au point des SAP pour les phénomènes météorologiques extrêmes, permettant ainsi aux populations de s’y préparer et d’y faire face efficacement. Elle peut en particulier aider à identifier et à évaluer les vulnérabilités des populations et des infrastructures, fournir des informations en temps réel sur la situation météorologique, accroître l’exactitude et la précision des modèles climatiques, et donner ce faisant aux pouvoirs publics les moyens de réagir avec davantage d’efficacité (Jain et al., 2023[22]).
Malgré les lacunes persistantes dans ce domaine, certains progrès ont été accomplis. Par exemple, le Mozambique a mis en œuvre un SAP qui lui permet de surveiller les aléas potentiels, d’émettre des alertes en temps utile et de réagir pour en réduire dans toute la mesure du possible les conséquences pour les personnes comme pour les biens. Ce système intègre de nouvelles technologies, de nouvelles infrastructures et de nouvelles initiatives locales pour assurer une communication et une réaction efficaces.
Deux institutions clées ont assuré le bon fonctionnement du SAP national. L’Institut national de météorologie (INAM), qui a utilisé l’imagerie satellitaire, les données de radar et les observations d’un réseau de stations de surveillance pour produire des alertes météorologiques. Pour sa partl’Institut de communication sociale, a diffusé des alertes à travers son réseau de 70 radios locales. En outre, des brigades locales formées à cet effet ont été mobilisées pour alerter les populations menacées, les orientant vers des lieux sûrs avant que ne se produisent les phénomènes météorologiques extrêmes (OECD, 2024[6]).
Les pays en développement auront grand intérêt à passer d’un état d’esprit de « transfert de technologies » à une logique de « co-création ». De cette manière, ils peuvent encourager les partenariats locaux et internationaux novateurs dans le but de co-développer des solutions résilientes face au changement climatique,. Dans la majorité des domaines, notamment au regard de la résilience climatique, les pays en développement accusent un retard en matière d’innovation et de capacités technologiques. Les 20 premiers pays demandeurs de brevets portant sur des technologies d’adaptation au changement climatique comptent pou 92 % du total des demandes de brevets.
Malgré l’essor notable de la part de ces brevets détenus par la République populaire de Chine [ci-après “China”] et l’Inde, les pays de l’OCDE dominent les demandes totales de brevets. Depuis les années 2000, la part de ces brevets en Chine a augmentée de 1 % à 17 %. Pour sa part l’Indereprésente 2 % du total mondial. Cependant les pays de l’OCDE représentent 75 % du total mondial sur la période 2019-21 [par les auteurs à partir des données de (OECD, 2022[24])]. À cet égard, les partenariats entre pays développés et pays en développement sont donc essentiels. Ils permettent aux pays en développement d’accroître à la fois leurs capacités d’adaptation et la capacité de riposte mondiale au changement climatique.
Encadré 5.7. Reconstruire efficacement grâce à la technologie et aux partenariats internationaux : exemple du Ghana
Face au besoin urgent de doter le pôle commercial florissant d’Accra d’une sous-station électrique adjacente, le Ghana a été confronté à un double défi : la pénurie de terres disponibles et le risque accru d’inondation dans les zones disponibles. Pour surmonter cet obstacle, un point d’approvisionnement en gros a été construit dans une zone inondable du quartier d’affaires central. Comme résultat la zone est capable à la fois de réagir à une situation d’urgence et d’améliorer le degré de préparation. gGrâce à la coopération internationale, à l’adoption de technologies et au renforcement des capacités le projet a permis d’accroître l’approvisionnement en énergie et de consolider la résilience des infrastructures énergétiques face aux inondations.
Le Ghana a reçu un soutien conséquent de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) pour la résilience climatique. JICA a apporté 4.2 milliards JPY sous la forme d’une subvention pour la construction et la modernisation de la sous-station. En collaboration avec le gouvernement ghanéen, Mitsubishi a pris en charge les travaux de construction et de modernisation, en s’appuyant sur des technologies et des méthodes innovantes afin de minimiser les perturbations pour les activités commerciales. Ces travaux prévoyaient notamment le recours à des techniques de forage souterrain et l’installation de technologies stratégiques d’atténuation des inondations et des catastrophes, telles que des pompes automatisées et des murs résistant au feu. Ces mesures ont non seulement facilité la construction de la centrale, mais elles ont également contribué à atténuer l’incidence des inondations ultérieures, en garantissant une alimentation électrique ininterrompue du pôle commercial.
Le transfert de technologies a fortement conditionné la réussite du projet, de même que la qualité de la planification et de l’exécution des stratégies d’exploitation et de maintenance, assurées par une équipe d’employés bien formés et compétents. La compréhension approfondie des risques d’inondation et la planification méticuleuse des projets ont permis de garantir l’efficacité des stratégies d’atténuation. La construction de l’installation a été effectuée par une coentreprise composée de Mitsubishi Corporation, négociant japonais, Hitachi Plant Construction, société japonaise de construction d’installations, et Yurtec, société japonaise d’électricité et d’ingénierie. Fortes de leurs technologies de pointe, de la diversité de leur expérience et de leurs capacités de gestion de projet, ces entreprises ont joué un rôle central dans la bonne exécution du projet. La collaboration entre les fournisseurs privés et l’entreprise de construction impliquée a également contribué à la réussite de la mise en œuvre.
Ce projet a bénéficié d’un soutien de taille de la part des autorités ghanéennes, par l’intermédiaire de divers organismes, dont la Commission de l’énergie, le ministère de l’Énergie, Ghana Water, l’Autorité métropolitaine d’Accra et Ghana Road. Grâce à leur collaboration, la construction de la sous-station a pu être lancée. Des technologies de pointe ont également été utilisées pour le suivi avancé, l’analyse des données en temps réel et les capacités prédictives, garantissant ainsi l’efficacité de l’exploitation et de la maintenance. En outre, il a intégré les technologies avancées de façon à réduire au minimum les perturbations du fonctionnement pendant les opérations de maintenance.
L’évaluation d’impact du projet a révélé de formidables accomplissements, avec notamment une réduction de 95 % du taux de pannes d’électricité par rapport à 2013. Malgré deux inondations majeures en 2020 et 2022, la sous-station a tenu ses promesses en matière de résilience et son fonctionnement n’a subi aucune perturbation. Cette résilience témoigne de l’efficacité des stratégies d’atténuation des inondations mises en œuvre, qui prévoyaient notamment l’installation de pompes automatisées et d’autres innovations technologiques. Le soutien conséquent du Japon, associé aux efforts de collaboration du Ghana, illustre les avantages procurés par la coopération internationale et par l’intégration stratégique de technologies de pointe dans l’optique de renforcer la résilience des infrastructures face aux catastrophes naturelles.
Source : OCDE (2024[6]).
5.4.4. L’amélioration de la gouvernance et des capacités institutionnelles est essentielle pour soutenir les infrastructures résilientes face au changement climatique
Les pays en développement doivent améliorer leur gouvernance et leurs capacités institutionnelles afin de planifier, construire et gérer efficacement les infrastructures, et de veiller à ce qu’elles soient résilientes face au changement climatique.
Des processus inclusifs de mobilisation des parties prenantes peuvent contribuer de façon déterminante à ce que ces trois phases (planification, construction et exploitation) soient envisagées dans un souci de résilience au changement climatique. Il s’agit notamment de mettre sur pied des mécanismes de consultation publique, de participation des communautés et de collaboration des parties prenantes. Ensemble, ils assurent que les projets d’infrastructure répondent aux besoins, aux préoccupations et aux priorités des communautés locales et des groupes vulnérables (voir chapitre 2).
Il est essentiel de renforcer les capacités de gouvernance et institutionnelles des administrations nationales et locales, qui jouent un rôle majeur dans la mise en œuvre de politiques innovantes visant à rendre les infrastructures résilientes face au changement climatique. Tant dans le secteur public que privé, il convient de doter les professionnels concernés des compétences techniques adéquates. Par exemple, au Ghana, le ministère des Routes et des Autoroutes a donné la priorité au renforcement des capacités du personnel, de façon à ce que les agents disposent des compétences requises pour s’acquitter efficacement de leurs responsabilités. Les agents techniques nouvellement recrutés au sein des organismes publics doivent suivre des programmes de formation obligatoires ; grâce à cette démarche interne, tous les employés sont bien préparés à leurs fonctions, et ce, quel que soit leur parcours universitaire. En outre, les partenaires au développement, tels que l’Agence japonaise de coopération pour le développement et la Banque africaine de développement, jouent un rôle important de par le soutien qu’ils apportent aux programmes de formation du Ghana et les facilités de prêt à conditions préférentielles qu’ils octroient pour les projets routiers.
Il convient d’accorder une attention au renforcement des capacités et à l’autonomisation des communautés au niveau local (OECD, 2024[6]). Les autorités locales sont, proches du terrain et sont capables de compreendre la réalité de l'aggravation du changement climatique dans leurs communautés. De ce point de vue, et en donnant la priorité aune approche systémique des réformes ; elles jouent un rôle déterminant dans l’atténuation les répercussions du changement climatique sur les infrastructures. Toutefois, les autorités locales dans les pays en développement, en particulier les PMA, font faces à un manque crucial de resources budgétaires et techniques., Des actions ciblées sont indispensables pour leur donner les moyens d’agir et exploiter au mieux leurs capacités au service de la résilience climatique [ (SNG-WOFI, 2022[25])]. (chapitre 6).
Par ailleurs, il est fondamental de favoriser la collaboration transfrontalière aux niveaux national et local. Les interconnexions géologiques dépassent les frontières nationales. Cela neccessite la création des mécanismes de collecte et d’utilisation conjointes des données et de planification conjointe. Ainsi, les pays frontaliers doivent prendre en considération l’impact transfrontalier du changement climatique et des catastrophes naturelles dans leurs réponses nationales. Dans le contexte des bassins hydrographiques interconnectés du Mozambique, par exemple, les problématiques transfrontalières doivent être considérées lors des réflexions visant à renforcer la résilience des infrastructures face aux catastrophes naturelles. Du fait de l’interconnexion de ces bassins, les activités menées en amont peuvent avoir des répercussions importantes en aval, et elles sont notamment susceptibles d’accroître les risques d’inondation et de modifier l’écoulement des eaux. Par conséquent, une coordination et une collaboration efficaces avec les pays voisins sont indispensables pour relever les défis communs et atténuer les effets transfrontaliers des catastrophes naturelles (OECD, 2024[6]).
Les pays en développement devront réaliser des investissements afin de combler leurs lacunes dans le domaine des infrastructures, et ce, dans une optique de durabilité environnementale et de minimisation des risques liés au changement climatique, et de façon à ce que les infrastructures jouent un rôle d’accélérateur de la transformation économique et sociale. Cela nécessitera par la mise en place d’un programme de transformation qui veille à la cohérence entre le développement des infrastructures et les aspirations nationales en matière d’industrialisation et d’innovation. Cela nécessitera également des partenariats internationaux pour la mobilisation des ressources, l’innovation et la collaboration.
Encadré 5.8. La gestion des connaissances et la réalisation d’une évaluation d’impact à la suite de catastrophes renforcent les futures capacités de prévention : expérience de l’Indonésie
Pour remédier à la vulnérabilité de l’Indonésie face aux catastrophes naturelles, une approche pluridimensionnelle est nécessaire, mêlant un degré élevé de préparation aux catastrophes, des systèmes d’alerte précoce, la résilience des infrastructures et la participation des communautés. L’efficacité du soutien en faveur des efforts de développement de l’Indonésie passe par une résilience accrue des infrastructures. Le renforcement des codes de la construction, la mise en œuvre de mesures d’aménagement du territoire et l’investissement dans des infrastructures résilientes constituent des étapes essentielles dans l’optique d’atténuer les effets des catastrophes. En outre, une meilleure sensibilisation du public et la résilience accrue des communautés, par le biais d’initiatives d’éducation et de renforcement des capacités, contribuent à favoriser une culture de la préparation et de la réaction aux catastrophes au niveau communautaire.
En Indonésie, la zone métropolitaine de Jakarta mérite une attention particulière. Capitale du pays et centre urbain comptant parmi les plus peuplés d’Asie du Sud-Est, Jakarta est confrontée à des défis et des vulnérabilités uniques face aux catastrophes naturelles. Située sur la côte nord-ouest de l’île de Java, la ville est particulièrement exposée à un ensemble de risques géologiques, hydrométéorologiques et environnementaux.
Le projet de transport en commun rapide (Mass Rapid Transit, MRT) de Jakarta visait à réduire les embouteillages dans la zone métropolitaine, tout en prenant en compte les risques de catastrophe tels que les fortes précipitations, les inondations, l’affaissement des sols, l’élévation du niveau de la mer et les tremblements de terre. Les installations souterraines ont été réaménagées, notamment les pare-pluie, les panneaux de protection contre les inondations et la surélévation des entrées, qui a empêché les eaux de s’écouler dans les stations souterraines pendant les périodes d’inondation. Ces actionsont permis de réduire les répercussions des phénomènes météorologiques. En outre, les autorités locales ont publié des rapports sur la prévention des inondations et à organiser des événements de sensibilisation afin d’alerter et de préparer la population.
La politique de prévention des catastrophes visait à garantir l’évacuation des passagers en toute sécurité pendant les situations d’urgence, ciblant le MRT de Jakarta. L’accent mis sur le renforcement des connaissances, des compétences et des capacités tout au long des phases de planification et de construction, notamment au regard de la résilience aux catastrophes naturelles, a été un facteur déterminant de succès.
Les responsables du MRT de Jakarta se sont montrés actifs dans la collecte, la diffusion et la réutilisation des connaissances acquises sur le terrain dans le but d’améliorer leurs pratiques. Le projet a organisé des événements rétrospectifs pour discuter de la phase initiale du projet, compilant ainsi les précieux enseignements tirés au sein de leur Centre de connaissances, d’information et d’éducation interne (Internal Knowledge, Information, Education Center,). Ils ont également publié une série d’ouvrages portant sur la construction, l’exploitation et la maintenance, qui apportent de précieux éclairages pour les projets à l’avenir.
Par ailleurs, le projet MRT de Jakarta a joué un rôle important dans une étude sur la gestion des inondations menée par le groupe COMET (Community of Metros Benchmarking Group). Cette initiative a conduit à la préparation d’un rapport d’évaluation comparative complet, qui a couvert l’ensemble des membres du groupe COMET. Grâce à ce rapport, les métropoles ont pu comparer leurs pratiques en matière de gestion des inondations et bénéficier d’un apprentissage mutuel. En participant activement à des plateformes de partage des connaissances telles que COMET, le projet MRT a contribué à l’apprentissage collectif et à l’amélioration des pratiques de gestion des inondations dans les systèmes de métro.
Source : OCDE (2024[6]).
5.5. Conclusions
On ne saurait trop insister sur l’urgence d’une action, d’envergure tant mondiale que nationale, en faveur d’infrastructures résilientes face au changement climatique dans les pays en développement. L’inaction a des conséquences désastreuses, et ce sont les pays et les communautés les plus vulnérables qui en paient le plus lourd tribut. Afin de soutenir leurs ambitions d’industrialisation, les pays en développement sont face à la nécessité de se doter d’infrastructures résilientes face au changement climatique et aux catastrophes naturelles qui va de pair avec celle de combler leurs lacunes en matière d’infrastructures.
Cinq problématiques revêtent une importance capitale :
Il est urgent de renforcer les capacités en matière d’évaluation complète des risques dans le but d’étayer les processus de planification des infrastructures et de prise de décision dans les pays en développement. Ces évaluations devraient comprendre des projections climatiques, une analyse de la vulnérabilité et des facteurs socio-économiques, afin de déterminer les domaines à haut risque et de hiérarchiser les interventions en matière d’adaptation. En outre, il est essentiel d’intégrer la résilience climatique dans les normes de conception et de construction des infrastructures, de façon à garantir la résilience des nouveaux investissements infrastructurels face aux impacts climatiques futurs.
Le renforcement des capacités institutionnelles et des cadres de gouvernance conditionne fortement l’efficacité du développement d’infrastructures résilientes face au changement climatique. À ces fins, il convient notamment de renforcer les cadres réglementaires, d’améliorer la coordination entre les organismes publics, de favoriser les partenariats multipartites, d’apporter un soutien aux administrations infranationales et d’intensifier la participation des communautés aux processus décisionnels. Il est également essentiel de renforcer les capacités institutionnelles afin de garantir l’efficacité de la mise en œuvre et des opérations de maintenance dans le cadre des projets d’infrastructures résilientes face au changement climatique. De même, le développement des compétences au service de l’amélioration et de la mise à jour du cadre réglementaire est un paramètre déterminant dans les pays en développement, avec pour objectif de veiller à ce que les règles et les normes favorisent la résilience tout au long du cycle de vie des projets, intègrent les évaluations des risques climatiques, assurent la mise en conformité et facilitent la participation des parties prenantes.
Des mécanismes de financement doivent être activés en faveur de la résilience au changement climatique des infrastructures dans les pays en développement. Il s’agit d’investir à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé, et de tirer parti des mécanismes internationaux de financement de l’action climatique existants, tels que le Fonds vert pour le climat et le Fonds pour l’adaptation. Certains mécanismes innovants, tels que les obligations climatiques et les partenariats public-privé, peuvent également jouer un rôle capital dans la mobilisation de ressources à l’appui des projets d’infrastructures résilientes face au changement climatique, notamment à l’échelon infranational (voir chapitre 5). Acteurs clés dans ce domaine, les gouvernements, les banques nationales de développement ainsi que les banques multilatérales de développement (BMD) et les institutions de financement du développement (IFD) jouent un rôle déterminant au regard du financement, de l’assistance technique et du renforcement des capacités, de la réduction des risques liés aux investissements et de l’attractivité pour les investissements privés (voir chapitre 3). Afin de satisfaire aux besoins croissants en infrastructures des pays en développement et de veiller à ce que les infrastructures soient résilientes face au changement climatique et aux catastrophes naturelles, il conviendra d’accroître la capitalisation des BMD et des IFD afin qu’elle répondent à la demande en hausse.
Le transfert de technologies, le co-développement de solutions innovantes et le renforcement des capacités sont des volets essentiels dans une optique d’amélioration de l’expertise et des connaissances techniques nécessaires à la mise en œuvre de projets d’infrastructures résilientes face au changement climatique. Cela recouvre notamment le transfert de technologies résilientes face au changement climatique, le renforcement des capacités locales de conception et de mise en œuvre de projets, et la facilitation du partage de connaissances parmi les pays confrontés à des défis climatiques similaires. Il est également essentiel d’investir dans la recherche-développement de technologies résilientes face au changement climatique et adaptées aux besoins spécifiques des pays en développement.
Par ailleurs, il est primordial de tenir compte des questions relatives à l’équité et à l’inclusion sociales dans les infrastructures résilientes face au changement climatique dans les pays en développement. Les communautés vulnérables et marginalisées sont souvent les premières victimes des répercussions du changement climatique, qui les affectent souvent de manière disproportionnée du fait de l’inadéquation des infrastructures. Ceci compromet leurs perspectives d’inclusion économique et perpétue donc les cycles de pauvreté. Les projets d’infrastructures résilientes face au changement climatique doivent être conçus et mis en œuvre de manière à promouvoir l’équité sociale, à garantir l’accès de tous aux services essentiels et à donner aux communautés locales les moyens de participer activement aux processus décisionnels.
Les pays en développement peuvent mettre en place les infrastructures nécessaires dans une optique de compétitivité, qui soient résilientes face aux effets du changement climatique, favorisent le développement durable et améliorent la résilience des communautés face aux risques climatiques futurs. A cette fin, ils doivent veiller en priorité à évaluer les risques, à renforcer les capacités institutionnelles, à mobiliser des financements, à promouvoir le transfert de technologies et le développement des compétences, et à tenir compte des questions relatives à l’équité sociale,
Dans ces pays, les pouvoirs publics doivent faire preuve de volontarisme et miser sur des infrastructures résilientes face au changement climatique, et en faire une priorité dans le cadre de leurs initiatives en matière d’industrialisation et de compétitivité. Le secteur privé et la communauté internationale devraient intensifier leurs efforts et les soutenir par des moyens adéquats. L’heure est venue d’agir de manière concertée et décisive afin de bâtir un monde plus résilient face au changement climatique et aux catastrophes naturelles, qui ne laisse personne de côté.
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