Les investissements publics jouent un rôle essentiel dans la réalisation d'un large éventail d'objectifs politiques, tels que la croissance économique, l'augmentation de la connectivité et de la productivité, la réduction des inégalités sociales, l'accès généralisé à l'éducation, à l'eau et aux services de santé, la promotion de la transition verte, l'augmentation de la résilience des communautés face au changement climatique, etc. Pourtant, la mise en œuvre d'investissements publics de qualité qui produisent les résultats et les avantages escomptés n'est pas une tâche facile. Il faut pour cela mettre en place un système de gestion des investissements publics qui comprenne tous les outils clés et fournisse aux acteurs les orientations nécessaires pour utiliser les ressources publiques de la manière la plus efficace possible (OECD, 2021[1]).
Il existe à travers le monde de nombreux exemples de projets d'infrastructure qui n’ont pas tenu leurs promesses initiales, avec un rendement social faible ou négatif. De nombreux investissements publics ont souffert de plusieurs problèmes et défis tels qu'une conception et une évaluation médiocres, une mauvaise sélection des projets, des dépassements de coûts et/ou des retards importants dans la mise en œuvre, de la recherche endémique de rentes et de la corruption, d'un manque de financement pour l'achèvement des travaux et d’une abondance des projets. Même une infrastructure publique en parfait état peut se détériorer rapidement lorsque l’entretien est inadéquat, ce qui reflète souvent un manque de financement et d’attention politique. (International Monetary Fund (IMF), 2022[2]).
Les pertes, le gaspillage et l’inefficacité des investissements publics sont souvent systémiques. Selon les estimations les plus récentes présentées par le Fonds Monétaire International (FMI), les pays perdent en moyenne plus d'un tiers des fonds consacrés à la création et à l'entretien des infrastructures en raison d'inefficacités tout au long du processus d'investissement public (Schwartz et al., 2020[3]). C'est pourquoi le renforcement du système de gestion des investissements publics (SGIP) devrait être une priorité essentielle si les pays veulent assurer des investissements publics de qualité qui atteignent les objectifs souhaités. L'analyse menée par le FMI suggère également qu'un pays avec une performance moyenne en matière d’efficience et d’efficacité des investissements pourrait combler plus de la moitié du déficit d'efficacité s'il adoptait les meilleures pratiques en matière de gestion des investissements publics (Schwartz et al., 2020[3]).
Au Maroc, l’investissement public constitue une priorité des pouvoirs publics, vu son rôle primordial dans le développement socio-économique du pays. En effet, le Maroc a déployé ces dernières années de grands efforts en matière d’investissements publics comme levier de l’investissement privé et outil de mise à niveau sociale, de réduction des disparités sociales et spatiales et de désenclavement des zones d’accès difficiles à travers la réalisation de grands chantiers d’infrastructure à l’instar des ports, des autoroutes et des lignes ferroviaires, ainsi que la mise en œuvre des différentes stratégies sectorielles et programmes de développements urbains intégrés. (Royaume du Maroc, 2023[4]).
La part de l’investissement public au sens large, devrait atteindre un niveau historiquement élevé de 20,8% du PIB en 2023 contre 16.9% en 2019. La part de l’investissement public a sensiblement diminué à 6,7% du PIB en 2020, due à la crise sanitaire liée au COVID-19 (voir Graphique 1.1). (Ministère de l’Économie et des Finances du Maroc, n.d.[5]). Les prévisions pour 2023 indiquent que l’investissement public devrait s’intensifier, avec une enveloppe budgétaire allouée à l’investissement public atteignant près de MAD 300 milliards (Dirhams Marocains) ou environ EUR 27 milliards. La priorité ainsi accordée à l’investissement public s’est concrétisée par une augmentation soutenable des enveloppes budgétaires qui lui sont dédiées au cours de ces dernières années, passant de MAD 195 milliards en 2018 soit environ EUR 17.7 milliards à MAD 300 milliards en 2023 ou environ EUR 27 milliards, soit une augmentation de près de 52 % (voir Graphique 1.1). Dans le même sillage, l’année 2023 a été marquée par le déploiement du Fonds Mohammed VI pour l’investissement qui est un fonds d’investissement stratégique, créé dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de l’État en matière de promotion de l’investissement et de relèvement des capacités de l’économie nationale, doté d’une enveloppe de MAD 45 milliards, ou environ EUR 4 milliards. (Ministère de l’Économie et des Finances du Maroc, n.d.[5])