Le deuxième cycle de l’enseignement secondaire est le niveau où l’enseignement et la formation professionnels (EFP) sont les plus courants : en moyenne, 69 % de l’effectif de l’EFP (entre le deuxième cycle de l’enseignement secondaire et l’enseignement tertiaire de cycle court) est scolarisé dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire1. L’importance de l’EFP dans le système d’éducation varie toutefois fortement selon les pays. Ce Coup de projecteur analyse la diversité des cursus de la filière professionnelle dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire et les classe selon trois dimensions : 1) la structure ; 2) l’effectif scolarisé ; et 3) la composante en entreprise (voir le Tableau 1).
Coup de projecteur sur l'enseignement et la formation professionnels
1. Gros plan sur la filière professionnelle dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire
Différences dans la structure et l’importance des systèmes d’EFP
La structure des systèmes d’EFP dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire
La première dimension de la classification porte sur la structure et le degré de différenciation des systèmes d’éducation dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. L’éventail est large, allant de systèmes sans aucune filière professionnelle distincte en formation initiale aux systèmes comportant une seule filière ou plusieurs sous-filières professionnelles.
Dans la plupart des pays de l’OCDE, il existe une filière professionnelle distincte dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, y compris en formation initiale. Dans certains pays, il y a dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire une seule filière professionnelle en formation initiale, en plus de la filière générale. Dans ces pays, la filière professionnelle donne directement accès à l’enseignement tertiaire (voir le Tableau 1).
Dans d’autres pays, nombreux aussi, la filière professionnelle est constituée de sous-filières qui ne donnent pas toutes accès à l’enseignement tertiaire. Les sous-filières professionnelles donnant directement accès à l’enseignement tertiaire se distinguent par une composante générale (qui préparent à suivre des études supérieures) plus marquée, alors que les autres visent davantage à préparer à entrer dans la vie active. Au Mexique par exemple, le baccalauréat technologique donne accès à l’enseignement tertiaire, mais des cursus techniques n’y donnent pas accès. En Hongrie, les cursus techniques (technikum) de cinq ans donnent accès à l’enseignement tertiaire, contrairement aux cursus professionnels de trois ans. En France, le « baccalauréat professionnel » donne accès à l’enseignement tertiaire, mais pas le « certificat d’aptitude professionnelle » (CAP). Cependant, le CAP permet aux élèves qui le souhaitent de poursuivre leurs études vers un baccalauréat professionnel une fois leur diplôme obtenu. Parmi les diplômés du CAP 2020 (voie scolaire), 56 % ont poursuivi leurs études dans les 6 mois suivant l'obtention du diplôme (DEPP, 2022).
L’EFP n’existe guère, voire pas du tout dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire dans quelques pays. Les cursus professionnels proposés dans certains pays anglophones, tels que l’Australie, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, viennent après la formation initiale, même s’ils relèvent du deuxième cycle de l’enseignement secondaire. En Nouvelle-Zélande par exemple, le deuxième cycle de l’enseignement secondaire est essentiellement général et l’EFP est en grande partie proposé après la formation initiale, dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire et l’enseignement post-secondaire non tertiaire ou tertiaire de cycle court.
Enfin, la filière professionnelle n’est pas une filière distincte dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire au Canada (sauf dans la province de Québec) et aux États-Unis. Les matières professionnelles sont le plus souvent intégrées dans la filière générale, sous la forme de matières ou de groupes de matières « à option ». Dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire non différencié, les élèves n’ont pas à choisir entre la filière générale ou professionnelle, puisqu’ils suivent les cours inscrits au programme général, mais ils peuvent choisir de suivre des cours de théorie ou de pratique techniques ou professionnelles. Ces cours qui relèvent de la filière professionnelle visent à préparer la transition entre l’école et le monde du travail ou la poursuite d’études en filière professionnelle, mais tous les élèves se voient décerner le même diplôme qui leur donne accès aux mêmes niveaux supérieurs d’enseignement qu’ils aient ou non suivi ces cours. Les données comparables ne portent pas sur les chiffres de la filière professionnelle dans les systèmes non différenciés. Dans les pays concernés, l’effectif de l’EFP se rapporte uniquement à l’enseignement post-secondaire tertiaire ou non tertiaire.
Les 15-19 ans en filière professionnelle
La deuxième dimension de la classification porte sur l’importance de l’EFP dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, en l’espèce le pourcentage de 15-19 ans scolarisés dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire inscrits en filière professionnelle et en filière générale (sachant que certains d’entre eux sont encore scolarisés dans le premier cycle de l’enseignement secondaire et que d’autres sont déjà diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire).
En moyenne, 37 % des 15-19 ans scolarisés dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont inscrits en filière professionnelle ; ce pourcentage moyen cache toutefois de grandes différences entre les pays (voir le Graphique 2). La filière professionnelle est la plus importante du deuxième cycle de l’enseignement secondaire en formation initiale dans 13 pays. Dans ces pays, plus de 50 % des 15-19 ans scolarisés dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont inscrits en filière professionnelle (voir le Tableau 1). Tous ces pays sauf un se distinguent par l’existence de plusieurs sous-filières professionnelles, au sens où chaque sous-filière se caractérise par des conditions d’admissibilité différentes aux niveaux supérieurs d’enseignement (voir le Graphique 2). Cette approche permet aux systèmes d’éducation de répondre à l’hétérogénéité des élèves dont les besoins, les aspirations et les centres d’intérêt varient davantage que dans les pays où l’effectif de la filière professionnelle est moins important.
Le plus grand groupe de pays (17 pays) est celui où le système d’EFP est de taille moyenne dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, c’est-à-dire où 25 % à 49 % de l’effectif de ce niveau sont inscrits en filière professionnelle. Dans deux tiers de ces pays, la filière professionnelle est unique et donne systématiquement accès à l’enseignement tertiaire. Au Chili et en Estonie par exemple, 28 % des 15-19 ans scolarisés à ce niveau d’enseignement sont inscrits en filière professionnelle et suivent pour la plupart des cursus scolaires. En Norvège, 45 % des 15-19 ans scolarisés dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont inscrits en filière professionnelle et la majorité d’entre eux suit une formation en alternance de quatre ans (deux ans de formation en milieu scolaire et deux ans d’apprentissage en entreprise) ou l’une de ses variantes (OCDE, 2022[3]). En Allemagne, en France et au Mexique, il existe plus d’une filière professionnelle en formation initiale, et plus de 30 % des 15-19 ans scolarisés dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont inscrits en filière professionnelle. En Allemagne, les nouveaux inscrits en filière professionnelle sont âgés de 20 ans en moyenne et 30 % d’entre eux sont diplômés d’un niveau supérieur d’enseignement. Au Royaume-Uni, 36 % des 15-19 ans scolarisés dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont inscrits en filière professionnelle, dans des établissements spécifiques accessibles dès l’âge de 16 ans.
Les 12 pays restants — où moins d’un quart des 15-19 ans scolarisés dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont inscrits en filière professionnelle (ou ceux où la filière professionnelle n’existe pas) — forment un groupe plutôt hétérogène. Il existe une seule filière professionnelle en Corée et en Lituanie par exemple, mais plusieurs sous-filières professionnelles dans d’autres pays (voir le Tableau 1). Enfin, dans plusieurs pays anglophones, l’effectif de la filière professionnelle est peu élevé en milieu scolaire parce que l’EFP est organisé en dehors du milieu scolaire ou s’inscrit dans un système non différencié. Au Canada (où l'anglais et le français sont les langues officielles), 2 % seulement des 15-19 ans scolarisés dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont en filière professionnelle, mais le système n’est différencié que dans la province de Québec. Aux États-Unis, l’effectif de la filière professionnelle est nul dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, car le système n’est pas différencié à ce niveau d’enseignement. En Irlande, 9 % des 15-19 ans scolarisés dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont inscrits en filière professionnelle (qu’ils suivent une formation sous contrat d’apprentissage, un programme de seconde chance ou encore des cursus spéciaux pour marginaux) et la plupart des cursus professionnels relèvent de niveaux supérieurs d’enseignement (formations sous contrat d’apprentissage ou enseignement post-secondaire non tertiaire).
Les composantes pratiques en entreprise
La troisième dimension retenue pour caractériser les systèmes d’EFP porte sur les composantes pratiques en entreprise. Les composantes pratiques en entreprise de qualité ont de nombreuses vertus en filière professionnelle. Le monde du travail est idéal pour acquérir des compétences tant techniques que relationnelles. Les élèves peuvent apprendre auprès de leurs collègues expérimentés et utiliser les équipements et les applications technologiques d’usage dans leur secteur. Les compétences relationnelles, telles que celles liées à la gestion des conflits, sont plus faciles à acquérir sur le terrain qu’en classe. Organiser la composante pratique en entreprise peut réduire le coût de la formation en milieu scolaire, car les équipements sont souvent onéreux et sont rapidement obsolètes. Prévoir un volet pratique important en entreprise peut être utile en cas de pénurie d’enseignants en filière professionnelle, car les élèves se forment auprès de travailleurs expérimentés. Enfin, les composantes pratiques en entreprise rapprochent l’école du monde du travail et amènent des élèves à rencontrer des employeurs potentiels (OCDE, 2018[4]).
En dépit de ces nombreux avantages utiles sur le marché du travail, 45 % seulement des élèves inscrits en filière professionnelle dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire suivent un cursus dont le volet pratique en entreprise est important dans les pays de l’OCDE (voir le Graphique 3). Il ressort toutefois de l’analyse des pays dont les données de 2015 et de 2021 sont disponibles que l’effectif des programmes « emploi-études » a augmenté, passant de 37 % à 40 %.
En filière professionnelle, les composantes pratiques en entreprise varient fortement entre les pays. Le Graphique 4 indique le pourcentage d’élèves dont 25 % au moins du cursus est constitué d’un volet pratique en entreprise. Dans six pays, 85 % minimum des élèves suivent un tel cursus2. Les formations scolaires et les programmes « emploi-études » sont nombreux dans un grand groupe de pays, mais moins de 10 % des élèves suivent un programme « emploi-études » dans sept pays.
Plusieurs des pays où l’effectif des programmes « emploi-études » est modeste s’emploient à étendre la composante pratique en entreprise. Certains, tels que l’Estonie et la Roumanie et, dans une moindre mesure, l’Espagne, ont vu l’effectif des programmes « emploi-études » augmenter fortement depuis 2015, à la suite de diverses réformes. La Roumanie a renforcé la formation en entreprise à compter de 2015 et a instauré le système de formation en alternance en 2017, de sorte que l’effectif de la filière professionnelle a passé la barre des 10 % d’élèves en 2021, alors qu’il était inférieur à 5 % en 2015. L’Estonie s’est employée à promouvoir la formation en entreprise et à clarifier le système de qualification pour améliorer la transition vers le marché du travail. En Espagne, de nouveaux règlements ont été adoptés pour renforcer les liens entre les entreprises et les établissements de formation professionnelle et accroître les composantes pratiques en entreprise. La Suède a développé la formation sous contrat d’apprentissage, dont l’effectif dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire a atteint 8 % en 2021 alors qu’il était inférieur à 4 % en 2015 (voir le Graphique 4).
Plus généralement, les formations sous contrat d’apprentissage et autres formations avec composante pratique en entreprise intéressent énormément les responsables politiques ; deux tiers environ des pays dont les données sont disponibles ont récemment engagé des réformes en vue d’améliorer la qualité des programmes « emploi-études ». La nature de ces réformes varie entre les pays. Certains pays ont renforcé leur système de formation sous contrat d’apprentissage et d’autres formations en entreprise. Plusieurs d’entre eux (l’Australie, la Belgique, le Chili, la Corée, la Finlande, la France, l’Irlande, Israël, l’Italie, la Norvège et le Royaume-Uni) ont choisi d’accroître la capacité d’accueil du système de formation sous contrat d’apprentissage. Dans certains de ces pays ainsi que dans d’autres (l’Australie, la Belgique, le Canada, la Corée et la Hongrie), des mesures ont également été prises pour améliorer le soutien public à l’accès à l’EFP et verser des incitations financières aux entreprises partenaires (voir l’indicateur B7 dans (OCDE, 2020[5]), (OCDE, 2018[4])) et Encadré 1).
Les cursus qui ne relèvent pas des programmes « emploi-études » peuvent toutefois inclure un volet pratique en entreprise plus bref, qui représente moins de 25 % de la durée de la formation. Les données plus précises de 16 pays (voir le Graphique 4) permettent de répartir les cursus entre les catégories suivantes :
apprentissage sous contrat : composante pratique en entreprise obligatoire et rémunérée, égale ou supérieure à 50 % au moins de la formation
stage de longue durée : composante pratique en entreprise obligatoire, comprise entre 25 % et 49 % de la formation
stage de courte durée : composante pratique en entreprise obligatoire, inférieure à 25 % de la formation
composante en entreprise facultative : composante pratique facultative en entreprise
pas de composante pratique en entreprise
La formation sous contrat d’apprentissage est la plus courante en filière professionnelle dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire en Allemagne, au Danemark et en Suisse, mais elle existe en plus d’autres cursus dont la composante pratique en entreprise est différente dans d’autres pays. En France par exemple, le diplôme de fin d’études secondaires en filière professionnelle s’obtient après soit une formation sous contrat d’apprentissage, soit un cursus scolaire assorti d’un stage en entreprise de courte durée. En Autriche, le système d’EFP prévoit dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire à la fois des formations sous contrat d’apprentissage et des cursus techniques et professionnels en milieu scolaire assortis de stages en entreprise de courte durée. Les stages de courte durée sont dominants dans plusieurs pays, au Costa Rica, en Espagne, en Lituanie, en Slovénie et en Suède, par exemple.
La question de l’équité dans les systèmes d’EFP
Dans les pays de l’OCDE, le développement de la filière professionnelle dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire suscite de plus en plus d’intérêt, car c’est un moyen qui permet aux jeunes d’acquérir les compétences dont ils ont besoin pour entrer sur le marché du travail. Les diplômés se distinguent par une meilleure employabilité s’ils ont suivi la filière professionnelle plutôt que la filière générale. La filière professionnelle peut toutefois soulever des questions d’équité, en particulier si la décision de la suivre est déterminée avant tout par le sexe ou le milieu socio-économique des élèves ou encore que le pourcentage d’élèves en difficulté scolaire y est très élevé. La filière professionnelle doit servir d’alternative à la filière générale aux élèves qui ont des difficultés scolaires ou qui ne s’intéressent pas à l’école, certes, mais elle devrait être ouverte à tous, y compris aux éléments brillants.
Variation de l’effectif selon le milieu socio-économique
Les élèves issus de milieux défavorisés tendent à être surreprésentés en filière professionnelle dans la plupart des pays dont les données sont disponibles. Leur surreprésentation s’explique en partie par les mécanismes de sélection et d’autosélection qui déterminent l’orientation dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Les options entre lesquelles les élèves ont le choix (c’est-à-dire les possibilités qu’ils ont de choisir entre la filière professionnelle ou générale) sont limitées en fonction des résultats scolaires (dans le premier cycle de l’enseignement secondaire) dans la moitié des pays qui ont administré l’Enquête de l’OCDE sur le taux de réussite du deuxième cycle de l’enseignement secondaire en 2022. Elles dépendent entre autres des résultats à un examen externe dans neuf pays et des recommandations de la direction de l’établissement ou de l’enseignant principal dans sept pays. Enfin, la filière suivie dans le premier cycle de l’enseignement secondaire limite les options entre lesquelles les élèves ont le choix dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire dans quatre pays. Les élèves sont libres de choisir leur filière dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sans la moindre contrainte dans 6 seulement des 30 pays à l’étude. Comme les résultats scolaires sont en corrélation avec le milieu socio-économique, les élèves issus de milieux défavorisés sont plus susceptibles de s’inscrire en filière professionnelle. Les élèves n’ont de surcroît pas les mêmes aspirations, ce qui impose de prévoir des services performants de conseil et d’orientation. Pour être efficaces, les systèmes d’EFP doivent s’adresser à tous les élèves, quel que soit leur milieu, et éviter d’être porteurs de ségrégation sociale. Tout l’enjeu est de faire en sorte que les élèves s’orientent vers la filière professionnelle parce que c’est une voie qui leur convient et qui s’accorde bien avec leurs centres d’intérêt et leurs facultés, et pas qu’ils le fassent en raison de caractéristiques personnelles, auxquelles ils ne peuvent rien changer.
Le Graphique 5 montre comment les élèves se répartissent entre filière professionnelle et filière générale selon le niveau de formation de leurs parents. Les élèves dont les parents sont moins instruits sont nettement surreprésentés en filière professionnelle dans tous les pays dont les données sont disponibles, sauf en Slovénie. Dans la quasi-totalité des pays, le pourcentage d’élèves dont les parents ne sont pas diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire est au moins deux fois plus élevé en filière professionnelle qu’en filière générale. L’écart est encore plus grand à l’autre extrémité du spectre, chez les élèves dont au moins un des deux parents est diplômé de l’enseignement tertiaire. Au Portugal par exemple, les élèves dont au moins un des deux parents est diplômé de l’enseignement tertiaire constituent 34 % de l’effectif en filière générale, mais 9 % seulement en filière professionnelle.
Variation de l’effectif selon le sexe
La répartition de l’effectif de l’EFP varie aussi selon le sexe, mais d’une façon qui diffère entre le deuxième cycle de l’enseignement secondaire et les niveaux supérieurs d’enseignement. Dans l’ensemble, les hommes sont plus susceptibles que les femmes de s’inscrire en filière professionnelle. Dans les pays de l’OCDE, les femmes constituent en moyenne 45 % de l’effectif de la filière professionnelle dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Elles ne sont majoritaires que dans un quart environ des 44 pays dont les données sont disponibles. Le pourcentage de femmes varie toutefois fortement entre les pays : il est inférieur à 38 % en Allemagne, en Grèce, en Inde, en Islande, en Italie et en Lituanie, mais supérieur à 55 % au Brésil, au Costa Rica et en Irlande.
La tendance n’est pas la même dans l’enseignement post-secondaire non tertiaire. Les femmes constituent plus de 53 % de l’effectif de ce niveau d’enseignement. Elles sont majoritaires dans la plupart des pays dont les données sont disponibles. Il y a lieu de préciser qu’en Allemagne, les femmes sont peu nombreuses en filière professionnelle dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, mais leur pourcentage s’élève à 55 % dans l’enseignement post-secondaire non tertiaire, où une très grande majorité d’entre elles suivent un cursus en rapport avec la santé ou la protection sociale.
Le même constat vaut pour l’enseignement tertiaire de cycle court, mais la tendance est moins marquée. Dans l’enseignement tertiaire de cycle court, leur pourcentage est supérieur à 50 % dans deux tiers environ des pays dont les données sont disponibles. En moyenne, les femmes constituent 52 % de l’effectif de ce niveau d’enseignement dans les pays de l’OCDE, mais il varie fortement entre les pays : il est inférieur à 30 % en Italie et en Norvège, mais égal ou supérieur à 65 % en Allemagne, au Brésil, en Pologne et en République slovaque.
Deux raisons principales expliquent la sous-représentation des femmes dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire en filière professionnelle, mais pas dans l’enseignement post-secondaire. En premier lieu, les femmes affichent un taux de réussite supérieur à celui des hommes en filière professionnelle dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, de sorte qu’elles sont plus susceptibles de poursuivre des études dans l’enseignement post-secondaire. En second lieu, les femmes sont plus nombreuses dans certains grands domaines d’études, tels que la santé et la protection sociale et le commerce, l’administration et le droit, qui sont très prisés en filière professionnelle dans l’enseignement tertiaire de cycle court et surtout dans l’enseignement post-secondaire non tertiaire. Les femmes constituent par exemple 77 % de l’effectif de l’enseignement tertiaire de cycle court dans le domaine de la santé et de la protection sociale. À l’autre extrême, les femmes tendent à être moins nombreuses dans l’enseignement tertiaire de cycle court dans les pays où les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM) sont un domaine plus dominant à ce niveau d’enseignement (voir l’indicateur B7 dans (OCDE, 2020[5]).
Plusieurs pays ont engagé il y a peu des réformes pour réduire le défaut de parité dans certains domaines d’études et cherchent aussi à alimenter la réserve de talents dans des secteurs particuliers. Certains pays prévoient le versement d’incitations financières aux apprentis de sexe féminin ou masculin, selon le sexe sous-représenté dans le secteur, et aux employeurs qui engagent ces apprentis. En Irlande par exemple, les employeurs peuvent prétendre à une aide financière par femme engagée sous contrat d’apprentissage dans certains secteurs d’activité. Cette aide financière vient d’être étendue à toutes les formations où le pourcentage d’hommes ou de femmes est supérieur à 80 %. Au Canada, la subvention incitative à l’apprentissage aide les femmes à subvenir à leurs besoins pendant leur formation sous contrat d’apprentissage dans un secteur d’activité à dominante masculine ( (OCDE, 2022[6]), (OCDE, 2023[7]).
Effectif plus âgé
Les inscrits sont en moyenne plus âgés en filière professionnelle (21 ans) qu’en filière générale (17 ans). Dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, l’âge moyen en filière professionnelle est compris entre 25 et 28 ans au Danemark, en Espagne, en Estonie, en Finlande et en Islande et est supérieur à 30 ans en Australie, en Irlande et en Nouvelle-Zélande.
Dans les pays de l’OCDE, deux tiers environ des 20-24 ans scolarisés dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont inscrits en filière professionnelle (voir le Graphique 2). Le pourcentage relativement élevé d’inscrits plus âgés en filière professionnelle s’explique dans plusieurs pays par le fait que certains cursus s’adressent aux candidats au recyclage ou au perfectionnement ou aux non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire qui reprennent des études. Il s’agit notamment des cursus de seconde chance et autres formations pour adultes en Finlande et au Luxembourg. Les 20-24 ans scolarisés dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont en majorité inscrits en filière professionnelle en Australie et en Nouvelle-Zélande, où la formation initiale relève en grande partie de la filière générale et où ceux qui s’inscrivent en filière professionnelle le font souvent une fois diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire pour diverses raisons selon le stade de leur carrière, que ce soit pour entrer sur le marché du travail, acquérir des compétences supplémentaires qui les aideraient dans leurs fonctions, améliorer leur niveau de formation ou encore diversifier leurs compétences pour diversifier leurs débouchés professionnels.
Variation des taux de réussite du deuxième cycle de l’enseignement secondaire en filière professionnelle
Taux de réussite en filière générale et en filière professionnelle
Amener tous les élèves à réussir le deuxième cycle de l’enseignement secondaire reste un défi dans plusieurs pays, en particulier en filière professionnelle. Dans la plupart des pays, le taux de réussite du deuxième cycle de l’enseignement secondaire (à la fin de la durée théorique des études) est moins élevé en filière professionnelle (62 %) qu’en filière générale (77 %). Ces taux moyens occultent des différences marquées entre les pays. Dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, moins de 50 % des inscrits en filière professionnelle sont diplômés à la fin théorique de leurs études en Espagne, en Islande, au Luxembourg et en Norvège. Leur taux de réussite est plus élevé, supérieur à 70 %, deux ans plus tard au Luxembourg et en Norvège. À l’inverse, le taux de réussite est relativement élevé en filière professionnelle dans certains pays, où il est supérieur à 70 % à la fin théorique des études. Le taux de réussite varie nettement moins entre les pays en filière générale. En filière générale, le taux de réussite du deuxième cycle de l’enseignement secondaire est supérieur à 70 % partout, sauf en Autriche, au Brésil, en Communauté française de Belgique, en Islande et au Portugal (voir le Graphique 6).
La différence de taux de réussite entre la filière générale et la filière professionnelle s’explique en partie par le choix de la filière, qu’il soit ou non fait par les élèves. Les élèves dont les résultats scolaires laissent à désirer ou qui sont moins motivés à l’école tendent à s’orienter ou à être orientés vers la filière professionnelle. Certains pays font toutefois figure d’exception : le taux de réussite est par exemple plus élevé en filière professionnelle au Brésil, en Israël, au Portugal et en Suisse. Au Brésil, les établissements publics de formation professionnelle sont prestigieux et sont pris d’assaut par les candidats à l’admission ; bon nombre des diplômés poursuivent des études dans l’enseignement supérieur (OCDE, 2022[8]). En Suisse, où le système d’EFP repose sur la formation sous contrat d’apprentissage, des cursus plus courts ont été conçus à l’intention des jeunes exposés au risque de décrochage scolaire et diverses mesures ont été prises pour promouvoir la réussite (OCDE, 2018[4]). Que le taux de réussite soit moins élevé en filière professionnelle peut aussi s’expliquer par le fait que des inscrits peuvent accepter un poste dans l’entreprise où ils sont formés ou une entreprise du même secteur avant la fin de leurs études.
Taux de réussite en filière professionnelle selon le type de cursus
Dans certains pays, les chiffres sur le taux de réussite en filière professionnelle sont désagrégés selon que les cursus suivis donnent ou non directement accès à l’enseignement tertiaire. Dans la quasi-totalité des pays où ces chiffres sont disponibles, les élèves sont moins susceptibles de réussir si leur cursus ne donne pas directement accès à l’enseignement tertiaire que s’il y donne directement accès. En Italie par exemple, le taux de réussite en filière professionnelle deux ans après la fin théorique des études s’élève à 53 % si les cursus ne donnent pas directement accès à l’enseignement tertiaire, contre 71 % s’ils y donnent directement accès. La Lettonie est le seul pays qui échappe à ce constat : le taux de réussite s’élève à 85 % dans les cursus sans accès direct, mais à 70 % dans ceux avec accès direct. La différence de taux de réussite varie sensiblement entre les pays : de 21 points de pourcentage en Autriche à 4 points de pourcentage seulement en Slovénie.
La variation du taux de réussite entre les cursus selon qu’ils donnent ou non directement accès à l’enseignement tertiaire s’explique aussi par la mesure dans laquelle les élèves s’orientent ou sont orientés. Dans les pays où il existe plusieurs sous-filières professionnelles dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, les cursus donnant directement accès à l’enseignement tertiaire tendent à se distinguer par une composante générale plus marquée qui prépare à la poursuite des études. Les élèves dont les résultats sont moins bons dans le premier cycle de l’enseignement secondaire ou qui se désintéressent de l’apprentissage scolaire sont plus susceptibles de s’orienter ou d’être orientés vers la filière professionnelle, dans des cursus sans accès direct à l’enseignement tertiaire où la composante pratique est prioritaire et la composante académique, plus réduite. Certains cursus de cette catégorie ont été explicitement conçus à l’intention des jeunes exposés au risque de décrochage scolaire.
Variation du taux de réussite en filière générale et en filière professionnelle, selon le sexe
Les hommes sont moins susceptibles que les femmes de réussir le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Le taux de réussite du deuxième cycle de l’enseignement secondaire est plus élevé chez les femmes que chez les hommes dans la quasi-totalité des pays dont les données sont disponibles. C’est le cas en filière professionnelle et en filière générale dans tous les pays, sauf en Lituanie et en Suède en filière professionnelle. En moyenne, le taux de réussite (à la fin de la durée théorique des études) ne varie guère entre les hommes et les femmes en filière générale (7 points de pourcentage) et en filière professionnelle (6 points de pourcentage). La différence de taux de réussite entre les hommes et les femmes est constante aux deux échéances (à la fin théorique des études et deux ans plus tard), même si elle se comble quelque peu deux ans après la fin théorique des études, signe que les hommes mettent dans l’ensemble plus de temps à obtenir leur diplôme, en particulier en filière professionnelle.
La différence hommes-femmes en matière de taux de réussite varie selon la filière entre les pays. Cette différence est plus marquée en filière professionnelle dans certains pays et en filière générale dans d’autres. En Espagne et en Norvège par exemple, le taux de réussite varie entre hommes et femmes dans une mesure égale respectivement à 11 et 20 points de pourcentage en filière professionnelle, mais à 8 et 7 points de pourcentage en filière générale. À l’inverse, au Brésil et en Israël, il varie dans une mesure inférieure à 5 points de pourcentage en filière professionnelle, mais supérieure à 10 points de pourcentage en filière générale.
Avantages du diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire en filière professionnelle sur le marché du travail
Pour être efficace, la filière professionnelle doit faire en sorte que les diplômés trouvent du travail et réussissent leur carrière. Les données relatives aux retombées associées aux diplômes de la filière professionnelle permettent de le déterminer, si ce n’est qu’il y a une difficulté importante à surmonter, en l’espèce choisir une valeur de référence probante pour faire des comparaisons. La sélection et l’autosélection façonnent le taux de scolarisation des filières et des niveaux d’enseignement. Il s’ensuit que le profil, les compétences et les centres d’intérêt varient entre les jeunes selon qu’ils sont au plus diplômés de la filière professionnelle ou qu’ils sont diplômés de l’enseignement tertiaire. Comparer la situation des diplômés du même niveau d’enseignement selon qu’ils ont suivi la filière générale ou la filière professionnelle n’est pas chose facile non plus étant donné que la filière générale ne prépare pas à entrer sur le marché du travail et que bon nombre de ceux qui en sont diplômés poursuivent leurs études dans l’enseignement tertiaire. Comparer les diplômés avec les non-diplômés du deuxième cycle de l’enseignement tertiaire suggère que la seule alternative à l’EFP est le décrochage scolaire, ce qui revient à choisir une valeur de référence trop modeste.
Emploi
Les formations de qualité en filière professionnelle peuvent être efficaces pour amener des élèves à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour passer en douceur de l’école au monde du travail. Ne pas favoriser l’entrée dans la vie active est coûteux — un pourcentage élevé de jeunes sans emploi qui ne sont ni scolarisés, ni en formation (NEET, de l’anglais neither employed nor in education or training) est en effet lourd de conséquences pour la société et l’économie (Mawn et al., 2017[9]).
Le taux d’emploi des diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire en filière professionnelle est supérieur à celui des diplômés du même niveau d’enseignement en filière générale ainsi qu’à celui des non-diplômés de ce niveau d’enseignement. La capacité de faciliter la transition entre l’école et le monde du travail compte parmi les facteurs qui explique le regain d’intérêt pour la filière professionnelle dans la classe politique ces dix dernières années (voir l’Encadré 1). Le taux d’emploi des 25-34 ans s’établit en moyenne à 62 % dans l’effectif non diplômé du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et à 83 % dans l’effectif au plus diplômé de ce niveau d’enseignement ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire.
Dans les pays de l’OCDE, le taux d’emploi des jeunes au plus diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire est 10 points de pourcentage plus élevé environ s’ils ont suivi la filière professionnelle plutôt que la filière générale. Le taux d’emploi des jeunes diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière professionnelle a augmenté de 3 points de pourcentage en moyenne entre 2015 et 2022 (voir le Graphique 7).
Le taux d’emploi continue de varier entre les hommes et les femmes dans la quasi-totalité des pays, qu’ils aient suivi la filière générale ou professionnelle. Dans les pays de l’OCDE, le taux d’emploi des 25-34 ans au plus diplômés du deuxième cycle de l’enseignement ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière professionnelle s’établit en moyenne à 74 % chez les femmes, contre 89 % chez les hommes. Cette différence est comparable à celle qui s’observe dans le même groupe d’âge chez les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire en filière générale, où le taux d’emploi s’élève à 66 % chez les femmes et à 80 % chez les hommes.
Les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont moins susceptibles de continuer leurs études s’ils ont suivi la filière professionnelle plutôt que la filière générale. En moyenne, 29 % des 25-29 ans diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière générale sont toujours scolarisés, les autres travaillent (55 %) ou sont NEET (17 % environ) dans les pays de l’OCDE. Dans ce groupe d’âge, les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière professionnelle sont nettement moins nombreux à être encore scolarisés (9 % seulement environ en moyenne) ; 75 % d’entre eux travaillent et environ 17 % d’entre eux sont NEET.
Un diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire réduit aussi le risque de chômage. Dans la plupart des pays membres et partenaires de l’OCDE, les jeunes diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire sont moins exposés au risque de chômage s’ils ont suivi la filière professionnelle plutôt que la filière générale, mais la différence est ténue (2 points de pourcentage environ) en moyenne dans les pays de l’OCDE. La différence de taux de chômage est la plus marquée au Costa Rica, en Finlande et aux Pays-Bas, où elle est comprise entre 5 et 7 points de pourcentage.
Rémunération
L’avantage salarial associé à la filière professionnelle varie, parfois sensiblement. La variation de cet avantage entre les pays est aussi révélatrice des domaines d’études de l’EFP — certains domaines étant nettement plus rémunérateurs que d’autres (OCDE, 2020[10]). Il importe également de garder présent à l’esprit le fait que dans de nombreux pays, les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire sont peu nombreux à avoir suivi la filière générale, mais très nombreux à avoir suivi la filière professionnelle. Dans plus de la moitié des pays membres de l’OCDE, partenaires ou candidats à l’adhésion dont les données sont disponibles, les jeunes diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire gagnent davantage s’ils ont suivi la filière générale plutôt que la filière professionnelle. Le différentiel salarial est modeste, voire minime dans la plupart des pays, mais il est supérieur à 10 % en Lettonie, au Luxembourg et au Royaume-Uni. À l’inverse, les jeunes diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire gagnent au moins 10 % de plus s’ils ont suivi la filière professionnelle plutôt que la filière générale en République tchèque et en Norvège et même près de 30 % de plus au Canada (voir le Graphique 8). Il y a lieu de préciser qu’au Canada (hors Québec), la filière professionnelle n’existe pas en tant que filière distincte dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire et commence dans l’enseignement post-secondaire non tertiaire. L’avantage salarial de la filière professionnelle n’est donc pas totalement comparable entre le Canada et les pays où il est courant d’être diplômé du deuxième cycle de l’enseignement secondaire en filière professionnelle.
Dans les pays de l’OCDE, les jeunes gagnent en moyenne 14 % de plus s’ils sont diplômés de l’enseignement tertiaire de cycle court plutôt que du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire en filière professionnelle. L’avantage salarial est le plus élevé en Lettonie (50 %) et au Royaume-Uni (31 %).
Le différentiel salarial entre les filières est modeste, voire négligeable chez les jeunes dans la plupart des pays membres de l’OCDE, partenaires ou candidats à l’adhésion, mais il se creuse chez leurs aînés, souvent en faveur de la filière générale. Dans les pays de l’OCDE, les 45-54 ans diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou de l’enseignement post-secondaire non tertiaire gagnent en moyenne 6 % de moins s’ils ont suivi la filière professionnelle plutôt que la filière générale. Ce différentiel salarial en faveur des diplômés de la filière générale est de l’ordre de 40 % en Finlande et au Luxembourg et est supérieur à 10 % en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Lettonie, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. À l’inverse, les 45-54 ans gagnent au moins 10 % de plus s’ils sont diplômés de la filière professionnelle plutôt que de la filière générale au Brésil, au Canada et en République tchèque.
Encadré 1. Réformes récentes de la filière professionnelle en vue de faciliter la transition entre l’école et le monde du travail
L’enseignement et la formation professionnels (EFP) peuvent non seulement aider les jeunes à mieux vivre la transition entre l’école et le monde du travail et les préparer à poursuivre leurs études à des niveaux supérieurs d’enseignement, mais aussi offrir à leurs aînés la possibilité d’améliorer leurs compétences ou de se reconvertir. La quasi-totalité des pays a toutefois revu leurs politiques et a réformé, parfois radicalement, l’EFP depuis 2013 dans leur souci d’exploiter pleinement le potentiel de cette filière. Ils se sont par exemple employés :
1. à actualiser les programmes de cours et à améliorer la qualité des enseignants pour accroître la qualité globale de la filière professionnelle
2. à faciliter l’entrée des diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire dans l’enseignement post-secondaire tertiaire ou non tertiaire ou la vie active
3. à accroître l’accès à l’EFP et à améliorer l’attrait de la filière aux yeux des élèves et des employeurs
4. à multiplier les formations sous contrat d’apprentissage et à encourager les employeurs à engager des apprentis pour renforcer le système de formation sous contrat d’apprentissage (OCDE, 2018[11] ; OCDE, 2018[4]).
Plusieurs pays ont engagé des réformes en vue d’améliorer la qualité de la filière professionnelle et des formations pour adultes et leur adéquation avec le marché du travail (OCDE, 2022[6]) et ont donné la priorité au renforcement de la coopération avec les employeurs et les secteurs d’activité.
En République de Türkiye (ci-après dénommée « Türkiye »), les ministères de l’Éducation nationale et de l’Industrie et de la Technologie ont signé en 2021 un protocole de coopération en vue de renforcer les liens entre les établissements de formation professionnelle et les chambres régionales de commerce et d’industrie qui représentent les différents secteurs d’activité. Ce protocole vise à faciliter la coopération institutionnelle dans la planification des programmes de cours.
La Grèce a engagé une grande réforme de l’EFP et de l’apprentissage tout au long de la vie axée sur trois objectifs principaux : l’intégration de la planification stratégique de l’EFP et de l’apprentissage tout au long de la vie, l’amélioration de l’alignement des cursus et filières sur les besoins du marché du travail grâce à la collaboration des partenaires sociaux et le perfectionnement des structures, procédures, programmes et systèmes de certification en formation initiale et en formation continue. À l’échelle nationale, le nouveau Conseil central de l’enseignement et de la formation professionnels analyse l’évolution sur le marché du travail et fait des recommandations visant à améliorer les cursus, les programmes de cours et les infrastructures. À l’échelle régionale, les Conseils de liaison détectent les cursus manquants dans l’EFP et l’apprentissage à l’âge adulte et formulent des propositions sur la base de la demande locale de main-d’œuvre.
En Allemagne, la loi sur la formation professionnelle (Berufsbildungsgesetz, BBiG) a été modifiée en 2020 pour renforcer et moderniser la filière professionnelle dans l’enseignement supérieur. Pour promouvoir le recyclage et la reconversion des travailleurs, de nouveaux cursus cohérents ont été créés à des niveaux supérieurs d’enseignement, l’objectif étant de souligner l’équivalence des diplômes de la filière professionnelle et de la filière générale en licence et en master et de faciliter la comparaison des diplômes de la filière professionnelle à l’échelle internationale. L’Allemagne a par ailleurs lancé en décembre 2022 l’initiative relative à l’excellence en filière professionnelle pour donner un nouvel élan à la formation initiale et continue et à la reconversion des travailleurs. Cette initiative vise à améliorer l’attractivité de la filière professionnelle aux yeux de tous les jeunes. Elle met de surcroît l’accent sur les diverses options qui s’offrent aux jeunes (formations en alternance, cursus dans des établissements techniques, études supérieures).
La France a diversifié la filière professionnelle dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire depuis la loi pour la liberté de choisir son avenir de 2018 qui vise à améliorer son attractivité et son efficience et à l’aligner sur les besoins d’un marché du travail en constante évolution. La réforme vise à renforcer la collaboration entre divers acteurs pour que les élèves inscrits en filière professionnelle bénéficient de meilleurs services de soutien et d’orientation et aient le choix entre un plus grand nombre d’options. Elle repose sur les « Campus des métiers et des qualifications » créés en 2013 qui visent à amener les établissements de formation professionnelle à tisser des liens plus étroits avec les établissements d’enseignement supérieur et les instituts de recherche ainsi qu’avec d’autres prestataires de services de formation et des acteurs économiques à l’échelle locale. La rentrée 2018 prévoit également 5 mesures principales pour l'apprentissage en France, à savoir :
- Revalorisation de la rémunération des 16-20 ans + aide de 500 € pour les jeunes âgés d'au moins 18 ans qui souhaitent passer le permis de conduire.
- Meilleure information des jeunes et de leurs familles sur la qualité des formations en apprentissage qui leur sont proposées.
- Tous les apprentis dont le contrat de travail est interrompu en cours d'année ne perdront plus leur année d'apprentissage.
- L'apprentissage sera ouvert aux jeunes jusqu'à 30 ans, au lieu de 26 ans.
- Tous les contrats en alternance sont financés, dans tous les secteurs, quelle que soit la taille de l'entreprise.
La Nouvelle-Zélande a revu son arsenal législatif en 2020 pour transformer radicalement la filière professionnelle. L’objectif est de fédérer acteurs de l’économie et acteurs de l’éducation pour constituer un seul système de formation professionnelle, d’améliorer la collaboration, de renforcer la cohérence dans l’offre de cursus et de multiplier les possibilités de stages en entreprise.
La Roumanie a instauré en 2017 le système de formation en alternance dont les acteurs économiques étaient demandeurs et auquel ils contribuent activement.
Source : (OCDE, 2022[6]), Education Policy Outlook 2022: Transforming Pathways for Lifelong Learners, https://doi.org/10.1787/c77c7a97-en.
Dotation de la filière professionnelle
Budget
La collecte de données exactes et complètes sur les dépenses de la filière professionnelle pose plusieurs problèmes susceptibles d’affecter la comparabilité des statistiques entre les pays de l’OCDE. La multiplicité des cadres institutionnels implique que les sources de financement et les flux comptables varient fortement entre les pays, aussi bien par leur nature que par leur importance. D’autres difficultés, propres aux pays, s’agissant de rendre compte du budget de l’EFP risquent également d’affecter la comparabilité internationale des statistiques. Enfin, le budget de la filière professionnelle varie énormément entre les pays, selon l’importance de la composante pratique en entreprise et de la prise en compte de cette composante dans les données, d’où une interprétation parfois malaisée des chiffres.
Les dépenses unitaires sont dans l’ensemble plus élevées en filière professionnelle qu’en filière générale. Dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, les dépenses sont, selon la moyenne de 2020, de l’ordre de 11 400 USD par élève en filière générale, contre 13 200 USD en filière professionnelle, dans les pays de l’OCDE. Les différences sont les plus marquées au Chili, en Estonie, en Islande, en Lituanie et en Türkiye, où les dépenses unitaires sont au moins 50 % plus élevées en filière professionnelle qu’en filière générale dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire (voir le Graphique 9).
Des dépenses unitaires plus élevées peuvent s’expliquer par le fait qu’en filière professionnelle, des équipements et des infrastructures spécifiques sont requis, en particulier lorsque la composante pratique en entreprise est peu développée. Il serait logique que la filière professionnelle se caractérise, vu le caractère concret des cours, par un taux d’encadrement plus élevé (c’est-à-dire moins d’élèves par enseignant) qu’en filière générale et, donc, par des dépenses unitaires plus élevées. La relation avec ce deuxième facteur n’est toutefois pas facile à établir du fait de sa variation entre les domaines d’études et des difficultés à rendre compte de manière cohérente de l’effectif et des dépenses de la composante pratique en entreprise.
Analyser la relation entre les dépenses unitaires et le taux d’encadrement en filière générale et en filière professionnelle permet de mieux comprendre les ressources investies dans la formation de chacun. Des dépenses unitaires plus élevées associées à un taux d’encadrement lui aussi plus élevé peuvent être le signe d’une plus grande priorité accordée à l’individualisation de l’attention portée et du soutien fourni aux élèves. Cette approche peut revêtir une importance particulière en filière professionnelle, où l’accent est souvent mis sur la pratique.
Force est de constater toutefois que la corrélation entre les différences de dépenses unitaires et les différences de taux d’encadrement est plutôt faible. Le taux d’encadrement moyen est moins élevé en filière professionnelle (15 élèves par enseignant) qu’en filière générale (14 élèves par enseignant) dans les pays de l’OCDE. Dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, le taux d’encadrement n’est plus élevé en filière professionnelle qu’en filière générale que dans 11 des 22 pays dont les données sont disponibles ; ces 11 pays ne comptent pas nécessairement parmi ceux où les dépenses unitaires varient le plus entre la filière professionnelle et la filière générale. En d’autres termes, le taux d’encadrement est effectivement plus élevé en filière professionnelle dans certains pays, mais il n’est pas systématiquement en corrélation avec des dépenses unitaires plus élevées (voir le Graphique 9). Cela pourrait s’expliquer par le fait que dans les pays où la composante pratique en entreprise est plus développée, le nombre d’enseignants peut être moins élevé en filière professionnelle, d’où des taux d’encadrement et des dépenses unitaires moins élevés, toutes choses étant égales par ailleurs.
Le cas de la Lettonie est intéressant : dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, le taux d’encadrement est deux fois moins élevé en filière professionnelle qu’en filière générale, la variation la plus forte de tous les pays dont les données sont disponibles. Ce constat peut s’expliquer par le fait que comme la composante pratique de la filière professionnelle se déroule en grande partie en entreprise, les élèves suivent une grande partie de leur formation en dehors du milieu scolaire. La différence s’explique aussi par l’optimisation du réseau scolaire qui a eu lieu en filière professionnelle, mais pas encore en filière générale. En dépit de ce taux d’encadrement nettement moindre en filière professionnelle, les dépenses unitaires qui s’observent en Lettonie dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont plus élevées en filière professionnelle qu’en filière générale ; le ratio entre les deux filières est proche de la moyenne de l’OCDE. Cela peut s’expliquer non seulement par le fait que la Lettonie rend compte des dépenses relatives à la composante pratique en entreprise, ce que d’autres pays ne sont pas nécessairement en mesure de faire, mais aussi par des différences de coûts de matériels et d’équipements techniques entre les filières professionnelle et générale, que confirment les données de la plupart des pays de l’OCDE.
Dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire, la plus grande partie du budget public provient du gouvernement central plutôt des exécutifs régionaux et locaux, même après transferts entre niveaux de l’exécutif, dans la plupart des pays de l’OCDE. En moyenne, le gouvernement central finance plus de 60 % du budget public de la filière professionnelle, contre 53 % seulement de celui de la filière générale, dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. En filière professionnelle, les pouvoirs publics financent une grande partie de la composante scolaire de l’EFP et les entreprises financent la plus grande partie de la composante pratique (mais bénéficient d’aides publiques dans de nombreux pays). En moyenne, 5 % du budget total du deuxième cycle de l’enseignement secondaire provient d’entités privées autres que les ménages en filière professionnelle, contre 2 % seulement en filière générale, dans les pays de l’OCDE. En Norvège par exemple, où près de trois inscrits en filière professionnelle sur quatre suivent un programme « emploi-études » dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire selon les chiffres de 2021, des entités privées autres que les ménages financent 14 % du budget total de ce niveau d’enseignement en filière professionnelle.
L’organisation de la filière professionnelle implique souvent aussi des transferts, dont certains sont spécifiques à la filière (par exemple, les subventions versées aux employeurs qui accueillent des apprentis). Les transferts du secteur public au secteur privé augmentent avec le niveau d’enseignement : selon les chiffres de 2020, ils représentent en moyenne 2 % du budget total dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire en filière professionnelle, mais moins de 1 % dans l’enseignement primaire et le premier cycle de l’enseignement secondaire, dans les pays de l’OCDE. En riposte à la crise du COVID-19, plusieurs pays ont accru les incitations financières ou en ont instauré de nouvelles pour aider les employeurs qui organisent la composante pratique en entreprise. Dans certains pays, ces incitations, nouvelles ou revalorisées, ont ciblé les petites et moyennes entreprises (PME) qui éprouvent, même en conditions normales, plus de difficultés que les grands groupes à organiser la composante pratique. Pendant la crise du COVID-19, de nombreux pays ont prévu le versement d’aides à la formation pour encourager les enseignants à se former à l’enseignement hybride ou à l’enseignement à distance.
Corps enseignant
Le corps enseignant vieillit en filière professionnelle : dans les 25 pays de l’OCDE dont les données sont disponibles, 43 % des enseignants en poste en filière professionnelle dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire sont âgés de plus de 49 ans selon les chiffres de 2021, contre 41 % en 2013 (voir le Graphique 10 et la Base de données de Regards sur l’éducation). Leur pourcentage est plus élevé qu’en filière générale (39 % en 2021), où il a augmenté de 1 point de pourcentage entre 2013 et 2021. Ces pourcentages élevés d’enseignants plus âgés sont révélateurs du problème plus général du vieillissement du corps enseignant dans de nombreux pays, qui pourrait toutefois être aggravé par une spécificité de la filière professionnelle, à savoir le fait que les enseignants acquièrent de l’expérience dans leur spécialité avant de commencer à enseigner.
Permettre aux enseignants d’améliorer et d’actualiser leurs compétences est essentiel en filière professionnelle, car les progrès technologiques sont très rapides dans certains secteurs d’activité et les enseignants doivent assimiler ces évolutions. Cet enjeu a conduit plusieurs pays à engager des réformes ces dernières années. La République slovaque a par exemple pris des mesures visant à faciliter la collaboration entre établissements et entreprises. Depuis 2018, la collaboration avec les employeurs fait officiellement partie des missions des enseignants exerçant comme conseillers pédagogiques en filière professionnelle, qui doivent y consacrer une part spécifique de leur temps de travail. Le Brésil a largement étoffé l’éventail de formations proposées aux enseignants et formateurs de la filière professionnelle grâce à l’exploitation des solutions de formation en ligne (OCDE, 2021[12]).
Le corps enseignant de la filière professionnelle s’est féminisé dans de nombreux pays. Dans les pays de l’OCDE, le pourcentage moyen d’hommes dans le corps enseignant de la filière professionnelle a diminué de 2 points de pourcentage entre 2013 et 2021 (passant de 47 % à 45 %) dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Le corps enseignant reste toutefois plus masculin en filière professionnelle qu’en filière générale dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Dans les pays de l’OCDE, les hommes constituent en moyenne 39 % seulement du corps enseignant de la filière générale dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Comme en filière générale, les enseignantes continuent de gagner moins que les enseignants en filière professionnelle dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire alors qu’elles y sont bien représentées. En filière professionnelle, les enseignantes travaillent toutefois plus souvent à temps partiel que les enseignants.
Notes
← 1. Il y a lieu de préciser que la filière professionnelle existe dans le premier cycle de l’enseignement secondaire dans certains pays, mais que son effectif est minime à ce niveau d’enseignement. Dans le premier cycle de l’enseignement secondaire en effet, l’EFP s’adresse souvent aux adultes et ne relève pas de la formation initiale. Ces cursus ne sont pas repris dans ce Spotlight.
← 2. Ces programmes se caractérisent en principe par un important volet pratique en entreprise qui n’est toutefois pas suivi par tous les élèves s’il n’est pas obligatoire ou qu’il ne peut être organisé.