Dans les 30 pays couverts par l’enquête, la part de la population qui fait état d'une confiance faible ou nulle dans le gouvernement national (44 %) est supérieure à celle dont la confiance est élevée ou modérément élevée (39 %).
Dans les pays qui ont participé aux deux éditions de l’enquête, la confiance dans le gouvernement national a baissé de 2 points de pourcentage en moyenne depuis 2021 ; les niveaux de confiance se sont toutefois améliorés en Australie, en Belgique, au Canada, en Colombie, en France, en Lettonie et en Suède. Cette baisse générale peut en partie être attribuée aux femmes et aux personnes ayant un faible niveau d’instruction, dont la confiance dans les gouvernements nationaux a diminué de cinq points de pourcentage.
La confiance dans la police, le système judiciaire, la fonction publique et les autorités locales est supérieure à celle dont bénéficie le gouvernement national ; ces premières institutions sont créditées, respectivement, de 63 %, 54 %, 45 % et 45 % de confiance élevée ou modérément élevée, tandis que le parlement national et les partis politiques enregistrent des niveaux de confiance moindres (37 % et 24 % respectivement).
Comme lors de la précédente édition, l’enquête sur la confiance de 2024 met en lumière la pertinence des caractéristiques socioéconomiques et démographiques. Les personnes qui s’estiment en situation d’insécurité financière, les femmes et les individus ayant un faible niveau d’instruction, et celles qui s’identifient comme appartenant à un groupe objet de discriminations font état, de manière constante, de niveaux de confiance inférieurs vis-à-vis du gouvernement. Quel que soit le pays, le sentiment de capacité d’action politique est un élément déterminant des différents niveaux de confiance dans les gouvernements nationaux. L’écart de confiance entre ceux qui estiment avoir leur mot à dire sur ce que fait le gouvernement et ceux qui pensent ne pas l’avoir atteint ainsi 47 points de pourcentage.
Globalement, on constate un écart net entre les niveaux de confiance concernant les interactions courante avec l’administration, qui restent relativement solides en moyenne et dans de nombreux pays, et la confiance dans la capacité du gouvernement à prendre des décisions importantes sur des questions stratégiques complexes qui impliquent des arbitrages entre les intérêts de différents groupes de la société.
De fait, une majorité des personnes ayant récemment utilisé les services publics concernés se disent relativement satisfaites des systèmes de santé (52 %), d’éducation (57 %) et des services administratifs (66 %) de leur pays. Les citoyens sont également une majorité à penser que les institutions publiques utilisent leurs données personnelles uniquement à des fins légitimes (52 %) et qu’ils seront traités de manière équitable s'ils demandent à bénéficier d’une allocation ou d’une aide publique. Ces points sont importants étant donné que ces interactions courantes avec l’administration restent des déterminants majeurs de la confiance.
En revanche, alors qu'une majorité continue de croire leur gouvernement capable de les protéger en cas d’urgence, seuls 37 % de la population estime qu’il concilie les intérêts des différentes générations et 40 % qu’il parviendra à réguler les nouvelles technologies de manière adéquate ou à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les dix prochaines années. Ces résultats peuvent être en partie attribués au manque de confiance dans le fait que les institutions et les agents investis de missions d'intérêt général sont redevables entre eux et envers la population, et que les citoyens ont la possibilité de s’exprimer et d’influer sur la prise de décision. Seuls 30 % estiment que leur système politique leur permet d’avoir leur mot à dire, que les avis formulés lors de consultations publiques seront pris en compte ou que leurs gouvernements parviennent à se prémunir de l’influence du monde des affaires, et 38 % croient en l’efficacité des fonctions de contrôle et de contre-pouvoir du parlement. Pour ces différents éléments qui constituent aujourd’hui des déterminants importants de la confiance, les résultats sont insuffisants dans de nombreux pays.
Enfin, au vu de la complexité actuelle de l’écosystème informationnel et de la progression de la désinformation et des contenus clivants, la façon dont l’information est créée, partagée et consommée est étroitement liée à la confiance. Alors que la confiance dans les médias est relativement faible en moyenne et reflète celle accordée au gouvernement national (39 %), la confiance envers ce dernier est fortement corrélée à leurs habitudes de consommation des médias : seuls 22 % des personnes qui préfèrent ne pas suivre l’actualité politique accordent au gouvernement une confiance élevée ou modérément élevée, contre 40 % de ceux qui suivent cette actualité d'une façon ou d'une autre. Lorsque c’est le gouvernement qui est source d'informations, la population est satisfaite des informations disponibles sur les services administratifs (67 %) ; en revanche, seuls 39 % considèrent que la communication portant sur les réformes de politique publique, un déterminant important de la confiance, est adéquate. En outre, alors que le recours aux statistiques, aux données et aux éléments probants constitue également un déterminant majeur de la confiance, un tiers seulement des personnes interrogées pensent que les statistiques publiques sont fiables, faciles à trouver et à comprendre.