Les gouvernements se trouvent aujourd’hui à un tournant. Ils doivent gérer des transitions concomitantes et surmonter des défis de taille, qu’il s’agisse d’assurer la sécurité et la reprise économiques, de composer avec des tensions géopolitiques accrues, de prendre des mesures visant à atténuer le changement climatique et à s’y adapter, ou encore de prendre leurs marques par rapport aux évolutions technologiques. Dans le même temps, ils subissent des pressions qui s’intensifient, résultant de la polarisation croissante et du désengagement des citoyens vis-à-vis des processus démocratiques traditionnels. Dans un contexte où les enjeux sont si élevés, le fait de renforcer et de préserver la confiance dans les institutions publiques est devenu une priorité pour les gouvernements à travers le monde.
En démocratie, la confiance dans les institutions publiques constitue le socle sur lequel les responsables s’appuient pour gouverner au quotidien et effectuer des choix politiques permettant de relever des défis pressants. La confiance permet de réduire les coûts de transaction – dans la gouvernance, la société et l’économie – et de contribuer au respect des politiques publiques. Elle peut en outre favoriser l’adhésion à des réformes et programmes ambitieux, avec de meilleurs résultats en perspective. Dans les démocraties, un niveau de confiance élevé – ainsi qu’un certain degré de vigilance de la part de la population –, peut contribuer à légitimer et préserver les normes et les institutions démocratiques.
La confiance est également un indicateur majeur permettant de mesurer la façon dont les individus perçoivent et évaluent les institutions publiques de leur pays. Un niveau de confiance élevé dans les institutions publiques n’est évidemment pas une résultante nécessaire d’une gouvernance démocratique. En effet, si l’on observe de faibles niveaux de confiance dans les démocraties, c’est notamment parce que dans les systèmes démocratiques les citoyens sont non seulement libres d’exprimer leur manque de confiance envers leur gouvernement, mais aussi invités à passer au crible le comportement des pouvoirs publics et à faire preuve d’une « confiance empreinte de scepticisme », ce qui est interdit dans les systèmes autocratiques. La résilience des systèmes démocratiques découle, d’une part, du débat public ouvert qu’ils encouragent, qui leur permet de prendre en compte une multitude d’opinions afin de progresser dans leur quête de fiabilité et d’amélioration des résultats, et, d’autre part, de la capacité des différentes institutions à se tenir mutuellement redevables. Même de faibles niveaux de confiance envers certaines institution publique ne devraient pas être interprétés comme un rejet des valeurs démocratiques, mais plutôt comme une manifestation des fortes attentes des citoyens au regard de ce que les institutions des systèmes démocratiques peuvent accomplir.
Le présent rapport dresse un état des lieux exhaustif des déterminants de la confiance dans les institutions publiques en 2023, sur la base de questionnaires adressés à des individus vivant dans 30 pays de l’OCDE, portant sur leurs expériences et leurs attentes concernant la fiabilité, la réactivité, la capacité à relever des défis complexes et d’envergure mondiale, l’intégrité, l’équité et l’ouverture des gouvernements. L’enquête de l’OCDE sur les déterminants de la confiance dans les institutions publiques (l’enquête sur la confiance), dont proviennent les données initiales ayant servi à l’élaboration de ce rapport, a été menée dans 30 pays de l’OCDE en octobre et novembre 2023, à la suite du premier cycle de 2021 qui a couvert 22 pays de l’OCDE (Encadré 1). L’enquête 2023 sur la confiance se base sur la même série de questions qu’en 2021, ce qui a permis de comparer l’évolution des résultats dans le temps. Quelques questions inédites ont été introduites, permettant une analyse et compréhension plus approfondies de certains résultats.