La confiance est un indicateur important pour mesurer la façon dont la population perçoit les institutions publiques. Ce chapitre s'ouvre sur une présentation du contexte dans lequel les données de l’édition 2023 de l’enquête sur la confiance ont été recueillies. Il s’intéresse ensuite à la confiance accordée aux institutions publiques dans les pays de l’OCDE, à tous les niveaux d’administration, en précisant les évolutions constatées par rapport à 2021. Il aborde également la façon dont les individus perçoivent leurs interactions courantes avec les institutions publiques et le processus décisionnel mis en œuvre par les pouvoirs publics sur des questions stratégiques complexes, et identifie les principaux déterminants de la confiance liés à la gouvernance publique. Il est complété par une annexe qui reprend le Cadre de l’OCDE sur les déterminants de la confiance dans les institutions publiques et présente la façon dont la perception de la fiabilité, de la réactivité, de l’ouverture, de l’équité et de l’intégrité de l’administration a évolué entre 2021 et 2023 dans les 20 pays qui ont participé aux deux éditions de l’enquête sur la confiance.
Enquête de l’OCDE sur les déterminants de la confiance dans les institutions publiques – résultats 2024
1. Vue d’ensemble : nouvelles tendances, schémas persistants et évolutions nécessaires
Abstract
1.1. Contexte : les préoccupations de la population en 2023
La population des pays de l’OCDE a subi plusieurs chocs importants depuis le début de la décennie, dont une pandémie, la hausse de l’inflation, et le retour de guerres à proximité immédiate de nombreux pays de l’OCDE, ou entraînant de graves conséquences géopolitiques. Ces chocs ont vraisemblablement eu une incidence sur ce que les gens jugent important pour leur pays et pour leur vie personnelle, ce qui peut à son tour influer sur les aspects de l’action publique auxquels ils attachent une importance particulière et, donc, sur leurs niveaux de confiance (de Blok, 2023[1]).
Les données de l’édition 2023 de l’enquête de l’OCDE sur la confiance ont été recueillies en octobre et novembre 2023.1 À l’époque, la croissance économique mondiale montrait des à la fois des signes de ralentissement et de résilience (OCDE, 2023[2]). La crise énergétique mondiale a dans un premier temps déclenché une forte inflation, mais un ralentissement progressif a ensuite été observé à mesure que les chaînes d’approvisionnement se sont adaptées, bien que le rythme de la hausse des prix demeure supérieur aux objectifs des banques centrales et aux niveaux prépandémiques (OCDE, 2023[3]). Dans le même temps, la persistance d’un faible taux de chômage assorti de graves pénuries de main-d’œuvre a mis en difficulté divers secteurs d’activité. Les services publics, notamment dans le domaine de la santé, ont été mis à rude épreuve dans un contexte de demande accrue et de manque de ressources. Sur le plan géopolitique, l’insécurité a augmenté, du fait en particulier de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine et des attaques terroristes du Hamas suivies de l’intervention militaire israélienne à Gaza, ce qui a renforcé l’incertitude économique et politique.
Par ailleurs, la polarisation politique qui s’intensifie manifestement et qui est en partie alimentée par la mésinformation et la désinformation, a pu être le terreau de tensions sociales et du désenchantement politique. La capacité des autorités à faire face aux défis auxquels elles sont confrontées s’en est sans doute ressentie, puisqu’un esprit partisan poussé à l’extrême ne permet guère de dégager un consensus social et politique quant aux réformes à mettre en œuvre.
L’incertitude de cette période a suscité de fortes préoccupations d’ordre économique dans les pays couverts par l’enquête, à un niveau global comme sur le plan individuel. En moyenne, 59 % des personnes mentionnent l’inflation parmi les trois principaux problèmes rencontrés par leur pays (Graphique 1.1),2 ce qui en fait de loin la préoccupation la plus souvent citée. En moyenne, la pauvreté et les inégalités sociales sont citées parmi les principales préoccupations par 33 % des personnes interrogées dans les pays participants, et le chômage et l’emploi par 22 %. Sur le plan individuel, en moyenne, 71 % des personnes interrogées se disent assez ou très préoccupées par la situation financière et le bien-être économique de leur foyer au cours de l’année, ou des deux années, à venir.
Un second domaine de préoccupation important dans de nombreux pays a trait à la sécurité individuelle et nationale. En moyenne, 30 % de la population des pays participants mentionnent la criminalité ou la violence parmi les trois principaux problèmes auxquels doit faire face leur pays, et 11 % sont préoccupés par la défense et les affaires étrangères, y compris la guerre et le terrorisme. Toutefois, sur ces deux points, d’importants écarts existent entre les pays : seulement 4 % des personnes interrogées mentionnent la violence parmi leurs principales préoccupations en Estonie, alors que cette part dépasse les 60 % au Chili (62 %), au Costa Rica (63 %), au Mexique (70 %) et en Suède (65 %). Dans les pays les plus proches de la guerre d’agression en cours en Ukraine, le degré de préoccupation concernant la défense et les affaires étrangères est bien supérieur à la moyenne, atteignant 19 % en Suède, 22 % en Lettonie, 23 % en Norvège, 25 % au Danemark et pas moins de 33 % en Estonie. Les niveaux de préoccupation dans ce domaine sont également relativement élevés en Corée (20 %), et en France (22 %).
L’accessibilité et la qualité des services publics de base constituent de même un important domaine de préoccupation. En moyenne, 28 % des personnes interrogées mentionnent les services de santé et les autres services essentiels parmi les trois principaux sujets de préoccupation au sein de leur pays, cette part atteignant 45 % ou davantage en Islande (48 %), en Lettonie (49 %), en Finlande (56 %) et en Irlande (57 %). Les conditions de logement, que 23 % en moyenne des personnes interrogées considèrent comme l’une des principales préoccupations, est un sujet particulièrement problématique dans plusieurs pays, dont l’Australie (39 %), le Canada (40 %), l’Islande (42 %), le Luxembourg (58 %) et l’Irlande (71 %). En moyenne, un quart des personnes interrogées mentionnent l’immigration parmi les trois principales préoccupations à l’échelle nationale, tandis qu’un cinquième environ citent le changement climatique et les autres menaces environnementales (21 %) et la corruption (20 %).
1.2. Une part croissante de la population déclare un faible degré de confiance dans le gouvernement national
La confiance a légèrement reculé depuis 2021, bien qu’elle demeure plus élevée qu’au lendemain de la crise financière mondiale. En 2023, environ quatre personnes sur dix (39 %) accordaient une confiance élevée ou modérément élevée au gouvernement national de leur pays (ayant choisi les réponses 6 à 10 sur une échelle de 0 à 10). Une part plus importante de la population (44 %) ne lui faisait pas ou peu confiance (Graphique 1.2). 16 % de la population a donné une réponse « neutre » à cette question et ne montre ni confiance ni défiance à l’égard du gouvernement (ayant choisi la réponse « 5 » sur une échelle de 0 à 10). La part de la population accordant une confiance élevée ou modérément élevée au gouvernement national varie selon les pays.3 Dans un petit nombre d’entre eux (Luxembourg, Mexique et Suisse), une majorité de la population accorde une confiance élevée ou modérément élevée au gouvernement national, alors que dans un tiers des pays ce n’est le cas que de moins d’une personne sur trois. Plus d’une personne sur cinq donne une réponse neutre au Costa Rica, au Portugal et en Espagne.
Par rapport à 2021, la part de la population déclarant un degré de confiance faible ou inexistant à l’égard du gouvernement national a légèrement augmenté, alors que celle faisant état d’une confiance élevée ou modérément élevée a diminué. Pour les dix-huit pays dans lesquels les niveaux de confiance dans le gouvernement national ont été mesurés dans les éditions de 2021 et 2023, la part de la population ayant une confiance élevée ou modérément élevée a reculé, passant de 43 à 41 % (Graphique 1.3).4 La part de la population déclarant un faible degré de confiance ou aucune confiance a enregistré une progression quasiment équivalente pour passer de 40 à 43 %. Ces chiffres globaux occultent cependant d’importantes variations des niveaux de confiance selon les pays. En particulier, la part de la population ayant une confiance élevée ou modérément élevée a sensiblement augmenté en Belgique et en Colombie, mais elle a également progressé en Australie, au Canada, en France, en Lettonie et en Suède. Cette part a sensiblement diminué en Finlande et en Norvège. En Finlande, la date de réalisation de l’enquête de 2021, qui a été menée plus tôt que dans les autres pays, pourrait avoir contribué au recul mis en évidence par les dernières données. En effet, les niveaux de confiance à cette époque pourraient avoir été renforcés par l’effet de « rassemblement autour du drapeau » provoqué par la pandémie de COVID-19, qui veut que la confiance s’accroisse en cas de crise nationale ou en l’occurrence mondiale (OCDE, 2022[4]).
Selon la situation de chaque pays, les variations du niveau de confiance entre 2021 et 2023 pourraient aussi être en partie dues aux cycles politiques nationaux. En début de mandat, la confiance augmente souvent du fait des espoirs de changement de la population et de sa participation récente aux élections, qui peut renforcer le sentiment que le système est légitime (Hooghe et Stiers, 2016[5]). Cette confiance peut ensuite décliner au fil du temps à mesure que la population commence à évaluer l’action des pouvoirs publics par rapport à ses attentes. De surcroît, une attention accrue des médias et une consommation plus importante d’informations politiques pendant les campagnes électorales peuvent produire des citoyens plus éclairés, mais risquent également d’exacerber leur scepticisme. Cependant, une analyse basée sur onze pays européens trouve que l'effet sur la confiance des élections générales tenues dans certains de ces pays en 2021-2022 est plutôt négligeable (Gonzalez et Kyander, à paraître[6]).
Cette édition de l’enquête sur la confiance fait néanmoins apparaitre des tendances intéressantes. À l’échelle mondiale, le recul de la confiance entre 2021 et 2023 peut être en partie attribué au fait que les femmes et les personnes ayant un niveau d’instruction peu élevé font moins confiance au gouvernement national : en moyenne, parmi les dix-huit pays européens, la part des femmes déclarant un degré de confiance faible ou inexistant est passée de 39 % en 2021 à 45 % en 2023 ; alors que dans le cas des hommes, cette part est restée stable à 41 %. En outre, la part des personnes ayant un niveau d’instruction peu élevé qui ont fait part d’un degré de confiance faible ou inexistant a également augmenté de 6 points de pourcentage.
La légère baisse de la confiance entre 2021 et 2023 ne constitue pas une évolution positive, mais elle demeure relativement modeste eu égard à la conjoncture actuelle. Par rapport aux conséquences de la crise financière de 2008,5 la relative stabilité de la confiance publique pourrait tout d’abord être due à une différence de nature de la crise, la crise financière étant pour partie interprétée comme un échec de la réglementation financière, alors que la pandémie de COVID a été un choc exogène entraînant des répercussions sur la santé et sur la situation sociale au sein de nos sociétés. Cette relative stabilité pourrait par ailleurs être le fruit des efforts sans précédent déployés par les gouvernements de la zone OCDE pour sauvegarder et renforcer les infrastructures de santé publique et pour apporter un soutien aux individus et aux entreprises qui en subissaient les conséquences.
En moyenne, dans les pays pour lesquels des informations sont disponibles, une moins grande proportion de personnes a affirmé en 2023 leur absence totale de confiance à l’égard de leur gouvernement national ou ont au contraire déclaré l’un des niveaux de confiance les plus élevés (Graphique 1.4). La part des personnes faisant état d’une absence totale de confiance, c’est-à-dire attribuant une valeur 0 à leur degré de confiance dans le gouvernement national, a reculé de deux points de pourcentage pour passer de 13.6 à 11.5 % ; et la part de celles qui ont choisi une réponse de 8 à 10, ce qui correspond à un niveau de confiance élevé, a également diminué de quatre points de pourcentage. Cette baisse au profit des groupes faisant état d’un faible degré de confiance ou d’une confiance modérément élevée pourrait être considérée comme un signe positif indiquant qu’un moins grand nombre de personnes accorde une « confiance crédule » aux institutions publiques, partant naïvement du principe qu’elles peuvent leur faire aveuglément confiance, ou nourrit à l’inverse la conviction cynique qu’elles sont totalement indignes de confiance, quelles que soient les circonstances (Norris, 2022[7]).
1.3. Les institutions chargées d’assurer le respect de la loi et le maintien de l’ordre inspirent une plus grande confiance que celles de nature politique
Le degré de confiance est très variable selon les institutions. En règle générale, les institutions chargées d’assurer le respect de la loi, le maintien de l’ordre ou des fonctions administratives inspirent davantage confiance que celles jugées plus politiques, telles que le pouvoir exécutif ou les partis politiques.
Au sein de la zone OCDE, la police et le système judiciaire sont les institutions publiques qui inspirent la plus grande confiance, devant la fonction publique. En moyenne, plus de six personnes sur dix (63 %) font confiance à la police, un chiffre qui dépasse même celui de la confiance interpersonnelle (62 %). Plus de la moitié des personnes interrogées (54 %) déclarent également avoir une confiance élevée ou modérément élevée dans les tribunaux et dans le système judiciaire. La fonction publique nationale inspire confiance à 45 % des personnes interrogées, un niveau proche de celui de la fonction publique régionale ou locale (43 %). Les niveaux de confiance dans les autorités locales sont équivalents à ceux dont bénéficie la fonction publique nationale (45 %). Dans les 21 pays participant à l’enquête sur la confiance qui sont dotés d’un niveau d’administration régional, les personnes ayant une confiance élevée ou modérément élevée dans les autorités régionales représentaient en moyenne 41 % de la population. Pour finir, un peu moins de quatre personnes sur dix (39 %) ont une confiance élevée ou modérément élevée dans le gouvernement national, soit un niveau de confiance égal à celui dont bénéficient les médias (39 %) et plus élevé que celui de la confiance dans le parlement national (37 %) ou dans les partis politiques (24 %) (Graphique 1.5). Ces niveaux moyens peuvent toutefois occulter des écarts selon les pays.
Parmi les différents pouvoirs constitutifs de l’État, l’exécutif (le gouvernement) suscite en règle générale une confiance plus modérée que le système judiciaire (qui comprend aussi bien les juridictions nationales que celles de niveau inférieur), mais plus élevée que le parlement national. Comme précédemment indiqué, ce schéma est valable en moyenne parmi les 30 pays de l’OCDE, mais aussi dans la majorité des pays participants (Graphique 1.6). Il existe toutefois des exceptions. Au Danemark, en Finlande, en Irlande, au Luxembourg, en Norvège, en République tchèque et en Suède, le parlement national inspire une plus grande confiance que le gouvernement national. Cependant, à l’exception de la Finlande et de la Norvège, la part de ceux qui font plus confiance au parlement qu’au gouvernement n’est que de trois points de pourcentage ou moins. Dans le même temps, au Chili, en Colombie, en Corée, au Mexique et en République slovaque, le système judiciaire ne bénéficie que d’une confiance égale, voire inférieure, à celle accordée au gouvernement national. L’écart entre les parts de la population ayant une confiance élevée ou modérément élevée dans le système judiciaire et dans le gouvernement national, respectivement, est supérieur à 25 points de pourcentage au Danemark, en Norvège, aux Pays-Bas, en République tchèque et au Royaume‑Uni.
Le parlement et le gouvernement étant par nature des institutions politiques, le degré de confiance plus élevé dont bénéficie le système judiciaire paraît conforme aux attentes dans un système démocratique sain (Warren, 2017[8]). Une étude antérieure suggère que le bon fonctionnement du système judiciaire exerce une influence positive sur la confiance dans le pouvoir judiciaire (Aydın Çakır et Şekercioğlu, 2015[9]), et que la confiance dans le pouvoir judiciaire et la conviction qu’il est indépendant sont quasiment synonymes (van Dijk, 2020[10]). Les résultats de l’édition 2021 de l’enquête de l’OCDE sur la confiance ont également mis en évidence une corrélation positive à l’échelle internationale entre la confiance dans le système judiciaire et la conviction que les tribunaux prennent leurs décisions sans ingérence politique (OCDE, 2022[4]).
Ces deux dernières années, la confiance dans le parlement et celle accordée au gouvernement national ont généralement évolué dans le même sens et dans des proportions similaires. Les Pays-Bas et la Finlande font figure d’exceptions, car dans ces deux pays la confiance dans le gouvernement national a diminué, alors que la confiance dans le parlement national est demeurée stable. La confiance dans les tribunaux tend également à suivre des schémas similaires à ceux observés dans le cas des deux autres pouvoirs. La part de la population ayant une confiance élevée ou modérément élevée dans les tribunaux et dans le système judiciaire tend à enregistrer des baisses plus modestes.
1.4. La population a généralement le sentiment que la fonction publique et les autorités locales sont plus dignes de confiance que le gouvernement national
Pour ce qui est de la confiance dans les différents niveaux d’administration, les autorités locales bénéficient généralement d’une plus grande confiance que le gouvernement national ou les autorités régionales (Graphique 1.7). Ce résultat est conforme aux attentes, étant donné que les individus connaissent souvent mieux leurs autorités locales et leurs activités. Il existe cependant, là encore, des exceptions. Par exemple, au Costa Rica, en Nouvelle‑Zélande, en Suède et en Suisse, la confiance dans les deux niveaux d’administration est très similaire. Dans le même temps, en Corée, en Irlande et au Mexique, la population est plus susceptible d’avoir une confiance élevée ou modérément élevée dans le gouvernement national que dans les autorités locales. Pour ce qui est de la confiance dans les autorités régionales, aucun schéma clair commun à la plupart des pays ne se dégage, ce qui pourrait être une conséquence des différences de compétences de ce niveau d’administration selon les pays de l’OCDE.
Dans la zone OCDE, la population tend à faire davantage confiance à la fonction publique qu’au gouvernement national, mais ce schéma est loin d’être universel. De fait, la part de la population ayant une confiance élevée ou modérément élevée dans le gouvernement national et la fonction publique nationale sont quasiment identiques dans un tiers des pays participants. En effet, les écarts ne dépassent pas deux points de pourcentage en Belgique, en Corée, au Danemark, en Espagne, en Grèce, en Italie, au Luxembourg, au Mexique, en République slovaque et en Suède. Au Chili, en Colombie, au Costa Rica et en Suisse, la confiance dans la fonction publique nationale est plus faible que celle accordée au gouvernement national/fédéral. À l’inverse, l’écart entre les parts des personnes interrogées qui font respectivement confiance à la fonction publique et au gouvernement national est supérieure à dix points de pourcentage en Allemagne, en Estonie, en Finlande, en France, en Irlande, en Islande, en Lettonie, en Nouvelle‑Zélande, en République tchèque et au Royaume‑Uni.
Les niveaux de confiance dans la fonction publique nationale et dans les fonctions publiques régionale ou locale sont dans tous les cas quasiment identiques. Cela pourrait signifier qu’elles sont jugées dignes du même degré de confiance. Il est toutefois également possible qu’un grand nombre de personnes ne sachent pas quelles sont précisément les fonctions respectives des fonctionnaires nationaux, régionaux ou locaux. Il est fort probable que ces deux facteurs aient contribué au résultat final.
Entre 2021 et 2023, la confiance dans la fonction publique et la confiance dans les autorités locales ont diminué d’un à deux points de pourcentage en moyenne pour l’ensemble des pays.6 Leur variation a toutefois été relativement importante dans certains pays. Au cours des deux dernières années, la part des personnes qui ont indiqué une confiance élevée ou modérément élevée dans la fonction publique a augmenté de plusieurs points de pourcentage en Belgique et en Colombie, alors qu’elle a enregistré de fortes baisses en Corée, au Luxembourg et au Royaume‑Uni. La confiance dans les autorités locales s’est accrue de plus de quatre points de pourcentage en Australie, au Canada, en Colombie, en France et en Suède. À l’inverse, la part des personnes déclarant une confiance élevée ou modérément élevée dans les autorités locales a diminué de plus de dix points de pourcentage en Corée, en Islande et au Portugal. Au Portugal, ce recul pourrait être lié à une baisse généralisée de la confiance dans l’ensemble du système politique, vu que l’enquête a coïncidé avec le pic d’une grave crise politique qui a débouché sur la convocation d’élections nationales et régionales.
1.5. Les déterminants de la confiance dans les institutions publiques en 2023 : un paysage en pleine évolution
Les résultats de l’enquête 2023 sur la confiance donnent une image claire de la manière dont les personnes perçoivent leurs interactions courantes avec les pouvoirs publics et de leur sentiment à l’égard des prises de décision sur des sujets de société complexes. Les pouvoirs publics doivent certes s’efforcer d’améliorer en permanence leurs relations avec les citoyens dans divers domaines – de la fourniture de services de qualité jusqu’à la lutte contre le changement climatique – mais l’enquête porte à croire que les déterminants qui pourraient le plus efficacement contribuer au renforcement de la confiance sont aujourd’hui ceux liés aux questions complexes à long terme d’ampleur planétaire où les citoyens ont le sentiment de ne pas avoir leur mot à dire et où les décisions sont perçues comme étant davantage dictées par des intérêts particuliers plutôt que par les meilleures données probantes disponibles.
1.5.1. Les interactions courantes avec les institutions publiques demeurent certes satisfaisantes, mais de nouvelles améliorations pourraient encore accroître les niveaux de confiance
Les éditions 2021 et 2023 de l’enquête sur la confiance ont toutes deux constaté que la population juge que les gouvernements des pays de l’OCDE se comportent de manière relativement satisfaisante dans leurs interactions quotidiennes avec la population. À titre d’exemple, une majorité de la population des pays participants demeure satisfaite des services publics, dont les systèmes de santé et d’éducation ou encore les services administratifs, et fait confiance à l’administration s’agissant de l’utilisation des données à caractère personnel (Graphique 1.8). Les institutions publiques satisfont donc dans l’ensemble les attentes de bon nombre de personnes lors de leurs interactions courantes avec la population.
Dans leurs relations avec le public, les institutions publiques peuvent, et doivent, faire en sorte que leur population se sente traitée de manière digne. Un préalable fondamental pour que les gens aient le sentiment d’être traités dignement consiste à leur garantir une égalité de traitement et des procédures équitables. Pour ce qui est de cette dimension comportementale, l’enquête sur la confiance constate qu’environ un répondant sur deux juge qu’une demande d’allocation ou d’aide publique de sa part serait selon toute probabilité traitée équitablement (52 %). Un pourcentage plus restreint – mais qui reste plus élevé que pour beaucoup d’autres déterminants relevant de la gouvernance publique – pense que les fonctionnaires traitent tout un chacun sur un pied d’égalité, quels que soient son niveau de revenu, son identité de genre et ses autres caractéristiques (45 %). Dans le cas de ces deux variables, les perceptions au sein des pays qui ont participé aux deux éditions de l’enquête se sont en moyenne très légèrement détériorées, bien que ce fait occulte d’importants écarts selon les pays. Les personnes les plus vulnérables ou les plus marginalisées pourraient également avoir, en matière de traitement équitable, des espoirs plus modestes que ne le suggèrent ces estimations moyennes. À titre d’exemple, la part des personnes qui jugent probable que les fonctionnaires les traitent équitablement lorsqu’elles demandent à bénéficier d’une allocation ou d’une aide publique est de 15 points de pourcentage moins élevée parmi celles qui estiment appartenir à un groupe de population discriminé que parmi les autres. Cela peut également avoir une incidence sur leur confiance dans les institutions publiques (chapitre 3).
1.5.2. Domaines où l’action des pouvoirs publics pourrait renforcer la confiance dans leurs interactions courantes avec le public
Le graphique ci-après indique dans quels domaines une action portant sur les interactions courantes entre les autorités et la population contribuerait aujourd’hui le plus efficacement à renforcer la confiance dans les différentes institutions publiques, eu égard à leur importance relative en tant que déterminants de la confiance et au manque de satisfaction ou de perception positive dans le domaine correspondant. Il présente une analyse des 30 pays considérés globalement mais occulte d’importants écarts selon les pays qu’il conviendrait d’analyser plus avant.
Les perceptions positives des services publics, notamment sous l’angle d’un traitement équitable de la part des agents publics et de l’utilisation des données à caractère personnel à des fins légitimes, figurent parmi les variables associées à un renforcement de la confiance dans la fonction publique et dans les autorités locales, mais aussi dans le gouvernement national. Les pouvoirs publics devraient donc poursuivre leurs efforts dans ces domaines. D’autres progrès pourraient par ailleurs être accomplis s’agissant de la réactivité dont font preuve les institutions publiques en matière de réactivité des services aux besoins et aux attentes de la population. Pour cela, elles pourraient notamment améliorer la perception de l’intégrité des agents publics, s’appuyer sur l’innovation et sur les retours d’information de la population, et lui permettre d’avoir son mot à dire à l’échelle local (Graphique 1.9).
L’impact potentiel sur la confiance de ces actions portant sur les interactions courantes est plus marqué dans le cas des autorités locales et de la fonction publique que dans celui du gouvernement national. Aujourd’hui, les actions ayant pour but de renforcer le sentiment de la population qu’elle a son mot à dire au sujet des affaires locales auraient le plus grand impact sur la confiance dans les autorités locales. De même, les actions visant à améliorer la perception de l’utilisation légitime des données à caractère personnel, de l’équité des fonctionnaires et de la satisfaction à l’égard des services administratifs vont de pair avec une plus grande confiance dans la fonction publique ; et les mêmes facteurs sont associés à une confiance accrue dans le gouvernement national, malgré un moindre impact (Graphique 1.9). L’annexe A donne de plus amples précisions sur les déterminants de la confiance dans les institutions publiques qui relèvent de la gouvernance publique.
1.5.3. Le sens de la redevabilité institutionnelle et la prise en compte des avis de la population sur les questions complexes constituent des mécanismes essentiels pour renforcer la confiance dans le gouvernement national
Au-delà des interactions courantes, le fait que les autorités soient prêtes à protéger la population en cas d’urgence de grande ampleur inspire également confiance. Au sein de la zone OCDE, la population est largement satisfaite de cet autre aspect essentiel de la fiabilité, puisqu’en moyenne 53 % des personnes ayant répondu à l’édition 2023 de l’enquête sur la confiance se déclarent confiantes à cet égard (Graphique 1.10). Cette perception positive s’est même renforcée en moyenne, ainsi que dans 12 pays sur 20, entre 2021 et 2023. Il pourrait s’agir là d’une retombée positive de la pandémie de COVID-19, au cours de laquelle la population a constaté que les autorités et les institutions publiques ont fait face à la situation, ce qui pourrait avoir contribué à lui donner une image positive de leur fiabilité et à renforcer son sentiment de sécurité.
Par rapport à cette satisfaction relative concernant les interactions courantes avec le gouvernement et la capacité des pouvoirs publics à répondre aux crises, les gens se montrent dans l’ensemble plus sceptiques quant à la capacité des pouvoirs publics à répondre de manière fiable aux défis sociétaux qui requièrent des arbitrages complexes ou comportent de grandes incertitudes. À titre d’exemple, 42 % de la population pense que leur pays réussira à réduire les émissions de gaz à effet de serre, 41 % juge probable que les pouvoirs publics puissent aider les entreprises et la population à utiliser judicieusement les nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle, et 37 % déclarent faire confiance aux autorités pour établir un juste équilibre entre les intérêts des générations présentes et de celles à venir (Graphique 1.10).
L’une des raisons pour lesquelles les citoyens peuvent douter de la capacité des autorités à relever les défis ayant des implications à long terme d’ampleur planétaire pourrait être en partie liée à la perception d’un manque de réactivité touchant tous les niveaux d’administration et toutes les institutions publiques : dans l’ensemble, moins de quatre personnes sur dix sont convaincues que l’opposition d’une majorité de l’opinion à une politique nationale amènerait le gouvernement à la remettre en question (chapitre 4).
Ce sentiment d’un manque de réactivité est aggravé par l’ampleur et la complexité de questions telles que le changement climatique, l’immigration, ou l’inflation. Ces défis exigent par ailleurs une quantité considérable de données robustes et contraignent les responsables de l’action publique à prendre conseil auprès de la communauté scientifique sans se limiter à leurs seuls soutiens afin de convaincre le public que les décisions sont prises dans l’intérêt général. En moyenne au sein des pays de l’OCDE, plus d’un tiers de la population (38 %) estime qu’il est peu probable que les autorités prennent leurs décisions sur la base des meilleures connaissances, des meilleures études et des meilleures statistiques disponibles (Graphique 1.11). Cet aspect de la réactivité des institutions publiques est l’élément de l’enquête 2023 sur la confiance qui présente la plus forte corrélation avec la confiance dans le gouvernement national lorsque l’on analyse simultanément l’ensemble des déterminants de la confiance (annexe A).
Outre ces difficultés inhérentes à la prise de décision complexe, les résultats indiquent que ce sentiment d'insécurité quant aux capacités du gouvernement sur des questions comportant de nombreuses inconnues découle d'attentes non satisfaites que les institutions publiques et les fonctionnaires agissent dans l'intérêt public, soient redevables les uns envers les autres et envers la population, et permettent aux gens d'avoir leur mot à dire et d'influencer les processus de prise de décision (chapitre 4). Les résultats de l’enquête 2023 sur la confiance montrent que le public demeure profondément sceptique quant à l’intégrité des fonctionnaires et des élus. Seulement 30 % de la population estime qu’il est probable que le gouvernement soit capable de résister aux pressions d’une grande entreprise en faveur de l’adoption d’une politique qui pourrait bénéficier à son secteur d’activité mais serait néfaste pour la société dans son ensemble (Graphique 1.11).
Dans les démocraties, les garde-fous institutionnels évitent la concentration des pouvoirs et contribuent à garantir que les décisions ne sont pas prises sous une influence indue. Près de quatre personnes sur dix (38 %) pensent qu’il est probable que le parlement puisse demander des comptes au gouvernement national au sujet des politiques appliquées et de ses actions, ce qui met en évidence que les citoyens font en moyenne légèrement plus confiance aux mécanismes de contrôle et de redevabilité mutuels des différents pouvoirs qu’à la capacité du système à résister d’emblée aux pressions des intérêts particuliers (Graphique 1.11).
Enfin, les individus doivent être convaincus d’avoir les mêmes possibilités que tout un chacun d’exprimer leurs opinions et leurs préférences pour influer sur les décisions des pouvoirs publics, et avoir le sentiment que leur avis est pris en compte. Là encore, la population des pays de l’OCDE exprime des doutes. Seulement 32 % des personnes interrogées jugent probable que les autorités prennent en considération les avis exprimés lors des consultations publiques. Ce manque perçu d’ouverture contribue vraisemblablement à expliquer le faible pourcentage de répondants (30 %) qui a le sentiment que le système politique permet à des gens comme eux d’avoir leur mot à dire (Graphique 1.11). Tout comme le très important déterminant de la confiance que constitue une prise de décisions fondée sur les meilleures données probantes disponibles, ce facteur présente une forte corrélation avec la confiance dans le gouvernement national, le parlement et la fonction publique, ainsi que lorsque l’on analyse simultanément la relation entre la confiance et l’ensemble des déterminants relevant de la gouvernance publique et des caractéristiques contextuelles (chapitre 4 et annexe A).
1.5.4. Domaines où l’action des pouvoirs publics pourrait renforcer la confiance dans leurs décisions sur des questions complexes
Semblable au Graphique 1.9, le graphique ci-après indique dans quels domaines une action sur les processus décisionnels contribuerait aujourd’hui le plus efficacement à renforcer la confiance dans les différentes institutions publiques. Pour cela est pris en compte l’importance relative en tant que déterminants de la confiance, ainsi que le degré de perceptions positives observé dans le domaine considéré. Il présente une analyse des 30 pays considérés globalement mais pourrait occulter d’importants écarts dans certains pays, qui mériteraient à être analyser plus en détail.
La manière dont la population perçoit la capacité du gouvernement et du système politique à prendre des décisions sur des questions complexes en faisant preuve de compétence et en respectant des valeurs peut avoir une plus grande influence sur leur confiance dans le gouvernement que la manière dont elle perçoit leurs interactions courantes avec les institutions publiques (comme le montre la comparaison du Graphique 1.12 et du Graphique 1.9). Aujourd’hui, les actions permettant de renforcer le sentiment que la prise de décision est fondée sur des données probantes, traite équitablement des intérêts des générations présentes et futures, prend en considération l’avis de la population, et garantit la redevabilité des institutions seraient celles qui contribueraient le plus au renforcement de la confiance dans le gouvernement national. Ces variables sont également associées à la confiance dans les autorités locales et la fonction publique, bien que l’impact soit plus faible que pour le gouvernement national. Ces résultats indiquent que les citoyens attendent que les grands principes démocratiques – la redevabilité des institutions et l’expression de la volonté des citoyens – se concrétisent pour susciter la confiance dans les institutions publiques. Les pouvoirs publics pourraient également agir sur d’autres aspects susceptibles d’apporter une importante contribution au renforcement de la confiance dans le gouvernement national, par exemple en opposant une plus grande résistance aux influences indues ou en améliorant la communication sur les répercussions des réformes.
Enfin, les attentes des citoyens à l’égard des institutions publiques et la manière dont ils perçoivent celles-ci ne sont pas seulement déterminées par leurs propres expériences, mais aussi par les informations qu’ils reçoivent dans leurs conversations ou qui leur sont transmises par le biais des médias ou de la communication publique. Malheureusement, l’évolution de l’écosystème informationnel a d’importantes répercussions sur la confiance. Dans le même temps, parmi les répondants à l’enquête 2023 sur la confiance, une minorité substantielle déclare un faible degré de confiance ou une absence de confiance à l’égard de médias et a le sentiment que les statistiques gouvernementales ne sont que rarement crédibles, si tant est qu’elles ne le soient jamais. Ces personnes considèrent probablement que l’environnement informationnel ne leur permet pas de se faire un avis éclairé sur l’action des institutions publiques. D’autre part, seulement 39 % des personnes interrogées estiment que les pouvoirs publics communiquent clairement quels seront les effets d’une réforme sur leur situation personnelle. Pour remédier à ces problèmes, un soutien à un paysage médiatique plus pluraliste, divers et indépendant et une amélioration de l’éducation aux médias et de la communication publique pourraient également donner aux citoyens les moyens d’exercer leur capacité d’action politique et de demander des comptes aux institutions publiques, ce qui est une nécessité dans le contexte actuel. Seules les informations transmises par les autorités qui peuvent être vérifiées et contestées par des acteurs indépendants seront crédibles, qualité qui constitue, comme le montre l’enquête, un déterminant essentiel de la confiance.
Annexe 1.A. Le cadre de l’OCDE sur les déterminants de la confiance dans les institutions publiques
La confiance dans les autorités et les institutions publiques est déterminée par de nombreux facteurs interdépendants. Le Cadre de l’OCDE sur les déterminants de la confiance dans les institutions publiques distingue trois catégories de facteurs qui influent sur les niveaux de confiance.
Tout d’abord, cinq grands déterminants relevant de la gouvernance publique permettent d’évaluer dans quelle mesure les citoyens s’attendent à ce que les institutions publiques se montrent fiables et réactives dans la formulation et la mise en œuvre des politiques et des services et à ce qu’elles promeuvent les valeurs d’équité, d’intégrité et d’ouverture (Tableau d’annexe 1.A.1). Bien que le mode de formation de ces attentes puisse être variable selon qu’elles sont liées à la mise en œuvre des politiques et des programmes au jour le jour ou à la prise de décision sur des sujets de société ou d’ampleur planétaire, les institutions dont le comportement se conforme à ces attentes peuvent susciter chez les citoyens un sentiment de sécurité, de dignité, et de respect mutuel face à ces mêmes institutions. Les autorités peuvent donc influer plus directement sur ces perceptions du comportement des institutions publiques et s’appuyer sur elles pour renforcer la confiance.
Un deuxième aspect qui détermine la confiance dans les institutions publiques est lié à la capacité perçue des pouvoirs publics à faire face à des problèmes complexes et/ou d’ampleur planétaire. Pour se sentir reconnus et en sécurité, les gens n’ont pas seulement besoin d’être confiants dans la capacité des institutions publiques à assurer une gestion réactive des services publics et dans leur propension à se porter à leur secours dans les moments difficiles. Ils doivent également avoir la conviction que les pouvoirs publics ont la capacité et les moyens de s’attaquer à des problèmes majeurs d’une grande complexité tout en protégeant et en promouvant la dignité de l’être humain, en défendant l’intérêt général, en maintenant en place les freins et les contrepoids afin de renforcer la responsabilité et l’équité, et en permettant que la population ait son mot à dire.
Pour finir, divers facteurs culturels et socioéconomiques, tant individuels que collectifs, ainsi que les préférences politiques, ont également une incidence sur la confiance. Le renforcement de la confiance dans les institutions publiques exige donc l’adoption d’une approche globale qui tienne compte de la manière dont la population perçoit les résultats de la gouvernance publique tout en reconnaissant que les caractéristiques démographiques et socioéconomiques de la population et sa perception de sa capacité d’action politique ont une incidence sur son rapport aux institutions publiques et sur l’image qu’elle se fait de celles-ci, et par voie de conséquence sur la confiance qu’elle leur accorde.
Tableau d’annexe 1.A.1. Cadre de l’OCDE sur les déterminants de la confiance dans les institutions publiques et questions de l’enquête
Cadre de l’OCDE sur les déterminants de la confiance dans les institutions publiques |
Couverts par les questions de l’enquête sur les perceptions et l’évaluation des aspects suivants : |
|
---|---|---|
Niveaux de confiance dans les différentes institutions publiques |
Confiance dans le gouvernement national, les autorités régionales, les autorités locales, la fonction publique nationale, la fonction publique régionale/locale, le parlement, la police, les partis politiques, les tribunaux et le système judiciaire, les organisations internationales |
|
Déterminants de la confiance dans les institutions publiques relevant de la gouvernance publique |
||
Compétences |
Fiabilité |
|
Réactivité |
|
|
Valeurs |
Ouverture |
|
Intégrité |
|
|
Équité |
|
|
Perception de l’action publique face aux problèmes planétaires et intergénérationnels |
|
|
Déterminants culturels, économiques et politiques de la confiance dans les institutions publiques |
|
Les gouvernements paraissent plus fiables que réactifs ou intègres
L’édition 2023 de l’enquête sur la confiance constate qu’en moyenne dans les pays de l’OCDE près d’une personne sur deux (49 %) considère que les autorités de son pays sont fiables, mais seulement une sur trois (34 %) est convaincue qu’elles préservent l’intégrité publique. Dans le même temps, 39 % des répondants ont une perception positive de la réactivité des institutions publiques (Graphique d’annexe 1.A.1). Les écarts les plus importants entre les pays sont observés dans le cas de la fiabilité, où, dans 13 des 30 pays couverts par l’enquête, une majorité de répondants considère que les autorités sont fiables. Cependant, vu que l’édition 2023 de l’enquête sur la confiance comprend une multiplicité de questions destinées à mesurer sous différents aspects chacun des déterminants relevant de la gouvernance publique, il convient de noter que ces perceptions peuvent être très variables selon les aspects considérés pour un même déterminant relevant de la gouvernance publique au sein d’un pays.
Par rapport à 2021, les répondants ont en moyenne des perceptions légèrement plus positives de la fiabilité et de l’ouverture des institutions publiques et un peu moins positives de leur équité, réactivité et de leur intégrité. Les valeurs moyennes cachent toutefois d’importants écarts selon les pays. Dans plusieurs pays – Australie, Colombie et Mexique – les perceptions moyennes pour l’ensemble des déterminants relevant de la gouvernance publique se sont améliorées entre les deux éditions de l’enquête. Il s’agit sans surprise de pays où la confiance dans le gouvernement national s’est également accrue. D’autre part, dans des pays tels que la Corée, l’Estonie, le Portugal et le Royaume‑Uni, les perceptions des déterminants relevant de la gouvernance publique sont devenues plus négatives, ce qui a contribué à un recul de la part des répondants ayant une confiance élevée ou modérément élevée dans le gouvernement national (Tableau d’annexe 1.A.2).
Tableau d’annexe 1.A.2. Les perceptions des différents déterminants relevant de la gouvernance publique évoluent souvent dans le même sens
Variations en points de pourcentage de la part de la population se déclarant confiante dans la fiabilité, la réactivité, l’ouverture, l’intégrité, et l’équité des pouvoirs publics (moyenne de l’ensemble des questions de l’enquête), 2023 par rapport à 2021
|
Fiabilité |
Réactivité |
Ouverture |
Intégrité |
Équité |
---|---|---|---|---|---|
AUS |
9 |
6 |
8 |
5 |
7 |
BEL |
14 |
7 |
6 |
1 |
0 |
CAN |
6 |
0 |
0 |
0 |
-2 |
COL |
9 |
9 |
7 |
5 |
6 |
DNK |
3 |
3 |
3 |
0 |
-1 |
EST |
-6 |
-12 |
-5 |
-7 |
-10 |
FIN |
27 |
9 |
20 |
5 |
-9 |
FRA |
7 |
2 |
2 |
-1 |
-1 |
GBR |
-7 |
-8 |
-5 |
-5 |
-9 |
ISL |
-3 |
-5 |
4 |
-1 |
-5 |
IRL |
1 |
-6 |
-5 |
1 |
1 |
KOR |
-13 |
-14 |
-11 |
-14 |
-10 |
LUX |
-4 |
-3 |
-2 |
-3 |
-6 |
LVA |
6 |
0 |
-1 |
-4 |
-9 |
MEX |
4 |
2 |
3 |
9 |
8 |
NLD |
13 |
-2 |
-3 |
-1 |
0 |
NOR |
2 |
1 |
0 |
-7 |
-5 |
NZL |
1 |
0 |
-1 |
-6 |
0 |
PRT |
-15 |
-6 |
-6 |
-4 |
-10 |
SWE |
9 |
1 |
1 |
-2 |
-1 |
OCDE |
3 |
-1 |
1 |
-2 |
-3 |
Note : Ce graphique présente les variations de la part moyenne des réponses « probable » (réponses 6 à 10 sur une échelle de 0 à 10) aux questions relatives à la fiabilité, la réactivité, l’intégrité, l’ouverture et l’équité. Cette part moyenne a été calculée sur la base de questions demeurées stables entre 2021 et 2023, sauf pour ce qui est de la prise en compte des variables relatives à la préparation à faire face à la pandémie et aux situations d’urgence, respectivement, pour établir les moyennes 2021 et 2023 relatives à la fiabilité; et d'un changement de formulation pour l'une des variables « équité » qui, en 2023, fait également référence à l'égalité de traitement des personnes ayant des niveaux de revenus différents, en plus d'autres caractéristiques. Les « problèmes complexes et/ou d’ampleur planétaire » ne sont pas pris en considération, car une seule question des questions posées sur ce thème lors de l’édition de 2021 a été réitérée dans celle de 2023.
Source : éditions 2021 et 2023 de l’enquête de l’OCDE sur la confiance.
Références
[9] Aydın Çakır, A. et E. Şekercioğlu (2015), « Public confidence in the judiciary: the interaction between political awareness and level of democracy », Democratization, vol. 23/4, pp. 634-656, https://doi.org/10.1080/13510347.2014.1000874.
[1] de Blok, L. (2023), « Who Cares? Issue Salience as a Key Explanation for Heterogeneity in Citizens’ Approaches to Political Trust », Social Indicators Research, vol. 171/2, pp. 493-512, https://doi.org/10.1007/s11205-023-03256-w.
[6] Gonzalez, S. et A. Kyander (à paraître), Do elections influence trust in government? Evidence from eleven European countries in the ESS-CRONOS 2 panel survey, OECD Publishing.
[5] Hooghe, M. et D. Stiers (2016), « Elections as a democratic linkage mechanism: How elections boost political trust in a proportional system », Electoral Studies, vol. 44, pp. 46-55, https://doi.org/10.1016/j.electstud.2016.08.002.
[7] Norris, P. (2022), In Praise of Skepticism, Oxford University Press.
[3] OCDE (2023), « Évaluation générale de la situation macroéconomique », Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/52e0debe-fr.
[2] OCDE (2023), Perspectives économiques de l’OCDE, Volume 2023 Numéro 2, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/b07667cd-fr.
[4] OCDE (2022), Instaurer la confiance pour renforcer la démocratie : Principales conclusions de l’enquête 2021 de l’OCDE sur les déterminants de la confiance dans les institutions publiques, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/f6a31728-fr.
[10] van Dijk, F. (2020), « Independence and Trust », dans Perceptions of the Independence of Judges in Europe, Springer International Publishing, Cham, https://doi.org/10.1007/978-3-030-63143-7_6.
[8] Warren, M. (2017), « What kinds of trust does a democracy need? Trust from the perspective of democratic theory », dans Handbook on Political Trust, Edward Elgar Publishing, https://doi.org/10.4337/9781782545118.00013.
Notes
← 1. En Irlande, au Mexique et au Royaume‑Uni, la collecte des données a eu lieu en septembre et octobre 2023 ; et en Norvège, elle s’est achevée au début décembre.
← 2. Dans ce rapport, sauf mention contraire, la « moyenne OCDE (non pondérée) » correspond à la moyenne non pondérée des moyennes nationales pondérées. La moyenne nationale pondérée d’un pays indique le pourcentage de sa population adulte concernée par la variable considérée, alors que la moyenne OCDE non pondérée correspond à la moyenne de l’ensemble des pays, un poids égal étant accordé à l’expérience de chacun d’eux, indépendamment de la taille de sa population.
← 3. Ces valeurs sont dans l’ensemble confirmées par d’autres sources de données telles que l’enquête mondiale Gallup 2023/2022 et l’enquête sociale européenne de 2021, qui se sont l’une comme l’autre intéressées à la confiance de la population à l’égard de son gouvernement national. Au niveau national, on constate une étroite corrélation entre les diverses valeurs mesurées, et les pays qui tendent à être mieux classés que les autres pays de l’OCDE d’après les autres sources de données se classent aussi en règle générale en assez bonne place dans l’enquête de l’OCDE sur la confiance.
← 4. Le Mexique et la Nouvelle‑Zélande ont participé à l’enquête de 2021 mais n’ont pas posé la question relative à la confiance dans le gouvernement national.
← 5. Les évolutions tendancielles de la confiance dans les pouvoirs publics mises en évidence par l’enquête mondiale Gallup montrent que, lors de la crise financière mondiale, la confiance des populations dans leur gouvernement national a diminué de 6 points de pourcentage entre 2007 et 2012 au sein de la zone OCDE. Par contre, pendant la pandémie de COVID-19, la confiance s’est même initialement accrue à la faveur d’un effet de « rassemblement autour du drapeau », mais elle s’est stabilisée dès 2022 à plus d’un point de pourcentage au-dessus du niveau de 2019. Cette stabilisation s’est poursuivie en 2023, lorsque la moyenne OCDE a retrouvé son niveau de 2019.
← 6. Moyennes des 20 et 19 pays, respectivement, ayant participé aux deux éditions de l’enquête de l’OCDE sur la confiance. La question sur la confiance dans les autorités locales n’a pas été posée au Mexique lors de l’enquête de 2021.