L’investissement dans la transition verte pâtit de l’étroitesse des marchés financiers. Contrairement à ce que l’on observe dans des économies comparables, l’engagement des fonds de capital-risque et des investisseurs institutionnels reste limité, en raison de la lourdeur de la réglementation. Un approfondissement des marchés permettrait d’étayer le développement et la croissance des nouvelles technologies vertes. De plus, pour pouvoir réduire les risques liés au climat dans le système financier, il est nécessaire de mieux communiquer à leur propos. À cet égard, l’UE a déjà adopté des obligations de diffusion d’informations liées au climat qui s’appliquent aux marchés financiers et aux banques, et elle travaille actuellement à étendre ces obligations à toutes les grandes entreprises ; la BCE quant à elle n’acceptera plus désormais que des garanties répondant aux critères de durabilité de l’UE.
Une meilleure intégration des marchés de gros de l’électricité est indispensable à la transition et à la sécurité énergétiques. Toutefois, l’insuffisance des interconnexions transfrontières freine cette intégration. De plus, les marchés de détail de l’électricité restent fragmentés entre les pays en raison de la réglementation des prix. De fait, en raison de la fixation des prix de détail réglementés en dessous des prix du marché, les fournisseurs d’électricité sont peu incités à investir. Cette réglementation réduit aussi les incitations à économiser l’énergie et dissuade les consommateurs de réduire la demande en période de pointe.
Les aides publiques généreuses accordées au titre des énergies renouvelables, notamment les tarifs de rachat, bénéficient surtout aux technologies offrant une bonne compétitivité-coûts comme le solaire et l’éolien. En revanche, il est possible de recourir davantage à des enchères concurrentielles. L’assouplissement récent des règles relatives aux aides publiques pourrait entraîner une augmentation des subventions à l’énergie solaire et éolienne, et suscite des préoccupations quant à l’efficacité des aides publiques, car il pourrait entraîner une course aux subventions, au sein de l’UE et entre les pays de l’Union et d’autres pays. De plus, la réglementation de l’UE encourage l’utilisation de la biomasse ligneuse non durable, dont les émissions peuvent être supérieures à celles du charbon.
La Politique agricole commune n’a pas permis de réduire efficacement les émissions dans l’agriculture pendant la dernière décennie. Par exemple, les paiements directs aux agriculteurs ont pour effet de maintenir le nombre de têtes de bétail à un niveau élevé et favorisent le drainage des tourbières à des fins agricoles, malgré son impact négatif sur le climat. De plus, les mesures d’atténuation sont facultatives, et leur potentiel de réduction des émissions est modeste.
Dans le transport routier, les émissions sont orientées à la hausse, du fait du vieillissement d’un parc automobile utilisant toujours principalement des carburants fossiles. Les émissions n’ont diminué que pendant la pandémie. Durcir les normes d’émission applicables aux véhicules et étendre la tarification SEQE du carbone aux transports, comme le prévoit le nouveau SEQE-UE 2 à compter de 2027, contribueront à réduire les émissions. Ces mesures devraient s’accompagner d’une imposition des carburants qui soit fonction de leurs performances environnementales. Toutefois, les exonérations et taux d’imposition réduits applicables aux combustibles fossiles utilisés dans l’aviation et le transport maritime continuent de saper la politique climatique. Par ailleurs, le trafic ferroviaire transfrontalier reste insuffisamment développé, bien que les émissions moyennes par passager y soient inférieures à celles d’autres modes de transport. Cette situation s’explique par le niveau souvent élevé et discriminatoire des prix de location des locomotives, des redevances ferroviaires et des droits de stationnement que doivent acquitter les opérateurs ferroviaires étrangers.