Située dans la mer des Caraïbes, la Guadeloupe est un département français d'outre-mer et une région européenne ultrapériphérique. Dans la série des examens des politiques de transformation économique, ce rapport examine les opportunités et les défis de cette région qui cherche une voie de développement économique plus durable. Il identifie des actions prioritaires dans plusieurs domaines, notamment la bioéconomie et l'économie circulaire, les secteurs créatifs et les énergies renouvelables. Ce Gros plan enrichit notre compréhension de la diversité des voies de développement, y compris celles des petits États insulaires en développement (PEID). Il est le fruit d'un vaste processus d'examen par les pairs auquel ont participé des acteurs publics et privés de Colombie, des pays des Caraïbes et d'autres régions ultrapériphériques de l'UE.
Examen des politiques de transformation économique
Résumé
Synthèse
La Guadeloupe est un département français d'outre-mer situé dans la mer des Caraïbes. Sa population, d’environ 371 000 habitants, représente 0.6 % de la population totale de la France. Le PIB par habitant s’élevait en 2020 à 21 100 EUR, soit 65 % de la moyenne de l’UE27, ce qui en fait l'une des 78 régions les moins développées de l’Union européenne.
L’économie de la Guadeloupe s’est profondément modifiée au cours du 20e siècle, sous l’effet essentiellement des investissements massifs déployés depuis la France métropolitaine. Le développement des infrastructures et l’extension de la législation sociale française ont été source d'une forte croissance. Plus récemment, l’économie de la Guadeloupe a traversé deux périodes. Entre 2000 et 2008, la croissance de la région était supérieure à la moyenne nationale, grâce aux investissements dans les infrastructures et à l’essor du tourisme et de l'immobilier. Elle a toutefois ralenti lors de la crise financière de 2008-09 et de la pandémie de COVID-19. De 2010 à 2019, l’économie a progressé au rythme moyen de 1 %, et a été marquée par la baisse de la consommation intérieure, la faiblesse des exportations et les difficultés liées aux conditions climatiques extrêmes, telles que l’ouragan Maria, qui a frappé l’archipel en 2017 et détruit 80 % de la production locale de bananes. Le chômage élevé, qui atteint 18.5 %, reste un défi majeur.
L’économie guadeloupéenne repose principalement sur les services, avec une présence importante du secteur public. Les services en lien avec l’administration publique représentent environ 40 % de la valeur ajoutée brute (VAB) et de l’emploi. Au nombre des autres secteurs essentiels figurent les services aux entreprises et les activités commerciales, à hauteur de respectivement 27 % et 15 % de la VAB. L’agriculture, bien qu’en perte de vitesse, contribue à quelque 2 % de la VAB, tandis que l'industrie (énergie et secteur manufacturier compris) se taille une part de 9 %. La Guadeloupe exporte essentiellement des produits agroalimentaires comme la banane, la canne à sucre et le rhum. Elle compte parmi ses principaux partenaires commerciaux la France métropolitaine, les États‑Unis, le Canada et d'autres pays de l’UE. Les échanges avec les autres nations des Caraïbes demeurent toutefois limités.
La Guadeloupe devra impérativement miser sur ses atouts locaux pour sa future stratégie d'internationalisation. Trois domaines en particulier semblent pertinents à cet égard : l'économie circulaire et la bioéconomie, les énergies renouvelables et les secteurs culturel et créatif :
Les vastes réserves naturelles de la Guadeloupe, qui couvrent 77 % de son territoire, constituent des assises solides sur lesquelles développer des activités économiques durables. Les secteurs de l’économie circulaire et de la bioéconomie offrent des perspectives appréciables à l’appui de la redynamisation des écosystèmes de la région et de la création de nouveaux débouchés économiques. La mise en place de pratiques d’économie circulaire, comme l’utilisation des déchets de la canne à sucre et de la banane, peut contribuer à réduire l’empreinte carbone de la région et à ouvrir davantage la voie aux perspectives offertes par les énergies renouvelables. La promotion d’une agriculture biologique peut favoriser l’utilisation durable des terres et permettre de réduire la dépendance à l’égard des engrais, en s’alignant sur les tendances mondiales en matière de respect de l’environnement.
À l'instar d'autres régions ultrapériphériques de l’UE, la Guadeloupe dépend fortement des importations de combustibles, qui représentent 90 % de son approvisionnement énergétique total, et 10 % de son PIB. Elle a toutefois accompli des progrès louables dans le développement des énergies renouvelables, ces dernières représentant 23 % de la production d’électricité en 2020, en hausse par rapport à 10 % en 2010. Ces avancées la placent au même niveau que la moyenne européenne (24 %) et devant ses voisins des Caraïbes (17 %). La recherche de sources d’énergie tirées de la biomasse peut conduire à un renforcement de son autosuffisance énergétique tout en étant conforme aux principes de l’économie circulaire.
Les secteurs culturel et créatif très dynamiques de la Guadeloupe, qui représentent entre 2.5 % et 7 % de l’ensemble des entreprises et contribuent à l’emploi à hauteur de 1.5 % à 2.5 %, constituent un moteur de croissance économique sous-exploité. Ancrés dans la culture créole de la région, ces secteurs jouissent d’une forte attractivité à l'échelon régional et international. Avec des exportations mondiales de biens culturels et créatifs d’un montant dépassant 524 milliards USD et des services créatifs dont la valeur à l’échelle internationale est estimée à 1 100 milliards USD, ces secteurs représentent un marché mondial en pleine expansion dont la Guadeloupe peut tirer profit. La richesse du patrimoine créole, avec notamment les genres musicaux que sont le gwoka et le bouladjel, peut inspirer des artistes locaux et promouvoir l’organisation de festivals, contribuant ainsi au dynamisme de l’économie et de la culture.
En concrétisant ces opportunités, la Guadeloupe pourrait accroître ses interconnexions mondiales au bénéfice du développement de la région. Celle-ci devrait en particulier s’employer à :
Renforcer les partenariats stratégiques dans les Caraïbes. En tirant parti de son emplacement stratégique et de son accès au marché de l’UE, la Guadeloupe peut renforcer ses partenariats et son intégration au sein du bassin des Caraïbes, notamment en participant à des projets régionaux d'infrastructures et aux échanges intrarégionaux, ainsi qu’en assurant la mise à disposition de services d'infrastructure de qualité (IQ).
Mieux tirer parti des opportunités offertes par les fonds de cohésion et les programmes sectoriels de l’UE, tels qu’Horizon Europe pour la recherche et l'innovation. Des projets collaboratifs de R-I, des partenariats avec des institutions et des entreprises européennes ou encore le renforcement des capacités des secteurs innovants peuvent renforcer l’écosystème régional de l'innovation.
Promouvoir une approche globale du développement régional. Afin de renforcer la compétitivité, la Guadeloupe devrait adopter un programme d'action global, qui aligne les financements et les stratégies européens et nationaux. Associer des représentants du secteur privé aux débats sur les politiques à mener, rechercher les moyens d’assurer à la région son autonomie et améliorer la coordination entre les fonds, tels que ceux du Plan national pour la reprise et la résilience et les fonds de cohésion, sont autant de mesures essentielles.
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