La présente Annexe présente des informations sur (i) l’intégration des effets de la pandémie de COVID-19 et des mesures prises par les pouvoirs publics pour y faire face dans le scénario de Référence, (ii) la quantification des divers instruments d’action dans les scénarios d’Action régionale et d’Ambition mondiale relatifs aux plastiques, et (iii) le scénario d’Atténuation du changement climatique.
Perspectives mondiales des plastiques
Annexe B. Description détaillée des scénarios de Référence, d’Action régionale, d’Ambition mondiale, et d’Atténuation du changement climatique
Prise en compte du COVID-19 dans le scénario de Référence
Les tendances socioéconomiques pré-COVID qui alimentent les projections du scénario de Référence telles qu’énoncées dans (2019[1]) ont été mises à jour pour tenir compte des conséquences de la pandémie de COVID-19 et des mesures prises par les pouvoirs publics pour y faire face. Comme décrit plus en détail dans (Dellink et al., 2021[2]), une évaluation exhaustive des chocs économiques causés par la pandémie, des mesures de confinement et des programmes de relance publics a été effectuée en avril 2021. Les scénarios reposent sur les hypothèses de modélisation suivantes :
Les augmentations des taux de chômage observées au niveau régional en 2020 sont tirées des Perspectives économiques de l’OCDE 108 (OCDE, 2020[3]), des mises à jour des prévisions du PIB figurant dans les Perspectives intermédiaires (OCDE, 2021[4]) et les Perspectives économiques du FMI pour les pays non couverts par les prévisions de l’OCDE (FMI, 2020[5]). Pour les quelques pays qui ne figurent dans aucune de ces deux bases de données, des hypothèses spécifiques sont formulées sur la base des effets constatés pour des pays similaires.
Les chocs sur la demande sectorielle affectant l’année 2020 sont pris en compte sur la base des travaux d’Arriola et Van Tongeren (s.d.[6]). Pour les secteurs énergétiques, les chocs sont repris de l’AIE (2020[7]).
Les programmes de relance publics sont pris en compte sous la forme d’une réduction de la fiscalité sur le capital et sur le travail dans le cas des entreprises, et de l’impôt sur le revenu dans celui des ménages. Ces programmes sont inspirés d’Arriola et al. (s.d.[6]).
Les chocs commerciaux prennent la forme d’une augmentation des coûts des échanges internationaux (« coûts iceberg »), avec une différenciation entre les secteurs des services et l’agriculture et les industries manufacturières. Il s’agit d’une reproduction des chocs commerciaux décrits dans Arriola et al. (s.d.[6]).
Les diminutions de la productivité régionale du travail rendent compte des pertes de productivité durant le confinement (y compris les effets du télétravail) et se traduisent simplement par une baisse uniforme de la productivité dans tous les secteurs et toutes les régions, d’après les travaux d’Arriola et al. (s.d.[6]).
Pour finir, des chocs sur la productivité totale des facteurs à l’échelon régional sont ajoutés au scénario en s’appuyant sur la baisse macroéconomique du PIB, afin de tenir compte des effets conjugués de tous les éléments non expressément repris ci-dessus (OCDE, 2020[3]). Cette approche permet de faire en sorte que les effets macroéconomiques immédiats de la pandémie sont pondérés de manière à parvenir aux taux de croissance du PIB prévus pour 2020 par l’OCDE (OCDE, 2020[3]) et par le FMI pour les pays non couverts par les prévisions de l’OCDE (FMI, 2020[5]). En outre, un effet rebond sur la productivité totale des facteurs est pris en compte en 2021 et 2022 dans les pays où les prévisions à court terme sont plus optimistes que ne peuvent l’expliquer les taux de redressement calibrés dans le modèle.
Tous les chocs sont réputés s’estomper d’année en année après 2020. Les taux de redressement sont propres à chaque région et fondés sur les prévisions du PIB jusqu’à 2025 établies par le FMI. Cependant, l’activité économique à long terme – et les pressions environnementales connexes – ne renouent pas nécessairement avec les niveaux prévus dans le scénario de Référence faisant abstraction des chocs dus à la pandémie. Ceci s’explique essentiellement par le fait que les chocs altèrent les comportements d’épargne et d’investissement et donc la croissance économique et les pressions environnementales à long terme.
Le scénario de Redressement lent
Le scénario de Redressement lent correspond à une situation dans laquelle la reprise de l’économie – après le choc initial de 2020 provoqué par la pandémie de COVID-19 et les mesures prises par les pouvoirs publics pour y faire face – sera environ deux fois moins rapide que dans le scénario de Référence. Le choc pris en compte en 2020 correspond à celui du scénario COVID, mais la reprise est plus lente (les taux de reprise sont divisés par deux, et il n’y a pas d’effet rebond en 2021).
Quantification des scénarios d’Action régionale et d’Ambition mondiale sur les plastiques
Les scénarios pour la circularité des plastiques sont conçus pour réduire les rejets de plastiques dans l’environnement, et tiennent compte de l’utilisation des plastiques lors des différentes étapes de la durée de vie des produits. L’ensemble de mesures couvre trois volets : (i) Limiter la production et la demande et concevoir pour la circularité, (ii) Augmenter le recyclage, et (iii) Fermer les voies de rejet Différents moyens d’action sont mis en œuvre pour chacun de ces trois piliers (Tableau A B.1).
Tableau A B.1. Description détaillée de la mise en œuvre des scénarios pour la circularité des plastiques
Pilier |
Instrument d’action |
Scénario d’Action régionale |
Scénario d’Ambition mondiale |
---|---|---|---|
Limiter la production et la demande et concevoir pour la circularité (ci-après Limiter la demande) |
Taxe sur les emballages plastiques |
UE : 1 000 USD/t d’ici 2030, stable par la suite Autres pays de l’OCDE : 1 000 USD/t d’ici 2040, stable par la suite Non OCDE : 1 000 USD/t d’ici 2060 |
Monde : 1 000 USD/t d’ici 2030, doublement d’ici 2060 |
Taxe sur les plastiques hors emballage |
OCDE : 750 USD/t d’ici 2040, stable par la suite Non OCDE : 750 USD/t d’ici 2060 |
Monde : 750 USD/t d’ici 2030, doublement d’ici 2060 |
|
Écoconception pour la durabilité et la réparabilité |
Monde : augmentation de 10 % de la durée de vie, baisse de 5 à 10 % de la demande de biens durables, augmentation de la demande de services de réparation de sorte que les dépenses totales ex ante restent inchangées. |
Monde : augmentation de 15 % de la durée de vie, baisse de 10 à 20 % de la demande de biens durables, augmentation de la demande de services de réparation de sorte que les dépenses totales ex ante restent inchangées. |
|
Augmenter le recyclage |
Objectifs de contenu recyclé |
OCDE : objectif de 40 % de contenu recyclé Non OCDE : objectif de 20 % de contenu recyclé |
Monde : objectif de 40 % de contenu recyclé |
REP pour l’emballage, l’électronique, l’automobile et l’habillement |
OCDE + UE : augmentation de 20 points de pourcentage du recyclage, taxe sur les intrants plastiques – 300 USD/tonne d’ici 2030, stable par la suite, subvention du secteur des déchets pour que l’instrument soit neutre sur le plan budgétaire |
Monde : augmentation de 20 points de pourcentage du recyclage, taxe sur les intrants plastiques – 300 USD/tonne d’ici 2030, stable par la suite, subvention du secteur des déchets pour que l’instrument soit neutre sur le plan budgétaire |
|
Augmenter le recyclage en s'appuyant sur la gestion des déchets |
UE, Japon et Corée : objectif de 60 % de recyclage d’ici 2030, 70 % d’ici 2060 Autres pays de l’OCDE, République populaire de Chine (ci-après Chine) : objectif de 60 % de recyclage d’ici 2060 Autres pays non OCDE : objectif de 40 % de recyclage d’ici 2060 |
UE, Japon et Corée : objectif de 60 % de recyclage d’ici 2030, 80 % d’ici 2060 Autres pays de l’OCDE, Chine : objectif de 80 % de recyclage d’ici 2060 Autres pays non OCDE : objectif de 60 % de recyclage d’ici 2060 |
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Fermer les voies de rejet |
Amélioration de la collecte des déchets plastiques |
OCDE : réduction totale de la part des déchets mal gérés* Non OCDE : réduction de moitié de la part des déchets mal gérés* |
Monde : réduction totale de la part des déchets mal gérés* |
Amélioration de la collecte des dépôts sauvage |
Le taux de collecte des pays à revenu élevé augmente de 5 points de pourcentage ; augmentation en fonction du niveau de revenu pour les pays à revenu intermédiaire |
Le taux de collecte des pays à faible revenu augmente de 10 points de pourcentage ; Le taux de collecte des pays à revenu élevé augmente de 5 points de pourcentage ; augmentation en fonction du niveau de revenu pour les pays à revenu intermédiaire |
* les flux de déchets issus des dépôts sauvages non collectés et des marquages et des microbilles ne sont pas compris dans cette politique, car ils ne sont pas gérés en tant que déchets.
Scénario d’Atténuation du changement climatique
L’objectif de l’ensemble de mesures relatives au climat est de mettre à jour les potentielles interactions entre les politiques climatiques et celles relatives aux plastiques. Ce scénario n’est donc pas destiné à représenter une voie de décarbonation possible, mais est plutôt un ensemble simplifié de politiques climatiques L’ensemble de mesures se compose de deux principaux instruments de décarbonation : une trajectoire de tarification du carbone et une transformation structurelle du secteur de l’électricité.
Trajectoire de tarification du carbone
La trajectoire de tarification du carbone est élaborée sur la base du scénario de développement durable des Perspectives mondiales de l’énergie de 2020 à 2050 et maintient un prix du carbone constant entre 2050 et 2060. Cette hypothèse conduit à un prix moyen du carbone dans le monde de 69 USD en 2060, contre 6 USD dans le scénario de Référence. Tableau A B.2 fournit les informations par région du scénario de tarification du carbone Alors, que dans le scénario de Référence, la tarification du carbone est limitée entre 0 et 12 USD en 2060, l’ensemble de politiques climatiques la fait grimper entre 5 et 160 USD. Globalement, la tarification du carbone est plus élevée dans les pays de l'OCDE.
Tableau A B.2. Tarification du carbone dans les scénarios de Référence et d’Atténuation du changement climatique
USD par tonne de CO2 en 2060
Région |
Référence |
Atténuation du changement climatique |
---|---|---|
OCDE |
7 |
155 |
OCDE Amériques |
3 |
157 |
OCDE Europe |
12 |
151 |
OCDE Pacifique |
7 |
160 |
Non-OCDE |
6 |
42 |
Eurasie |
1 |
93 |
Moyen-Orient et Afrique |
0 |
5 |
Autres pays d’Amérique |
0 |
70 |
Autres pays d’Asie |
9 |
54 |
Monde |
6 |
69 |
Source : modèle ENV-Linkages de l’OCDE, d’après l’AIE (2018[8]).
Transformation structurelle du secteur de l'électricité
En plus de la trajectoire des prix du carbone, l’ensemble de politiques climatiques comprend également la transformation structurelle du secteur de la production d'électricité. Comme décrit dans Graphique A B.1, la part des différentes sources primaires (charbon, pétrole, gaz, nucléaire, hydraulique, éolien, solaire et autres) est déterminée selon les projections (2020 à 2050) des Perspectives mondiales de l’énergie 2018, et adopte l’hypothèse d’une part constante des différentes sources entre 2050 et 2060. Globalement, la part de la production d'électricité à partir de combustibles fossiles diminue, passant de 69 % en 2019 à 62 % en 2060 dans le scénario de Référence, tandis qu’avec l’ensemble de politiques climatiques, cette part chute à 15 % d’ici 2060.
Références
[7] AIE (2020), World Energy Outlook 2020, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/557a761b-en.
[8] AIE (2018), World Energy Outlook 2018, Agence internationale de l’énergie, Paris, https://doi.org/10.1787/weo-2018-en.
[2] Dellink, R. et al. (2021), « Effets à long terme de la pandémie de COVID-19 et des mesures de relance sur les pressions environnementales : étude quantitative », Documents de travail de l’OCDE sur l’environnement, n° 176, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/28ebe842-fr.
[5] FMI (2020), Perspectives de l’économie mondiale, octobre 2020 : Une ascension longue et difficile, Fonds monétaire international, Washington, D.C., https://www.imf.org/fr/Publications/WEO/Issues/2020/09/30/world-economic-outlook-october-2020 (consulté le 22 janvier 2021).
[4] OCDE (2021), Perspectives économiques de l’OCDE, Rapport intermédiaire, mars 2021, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/01954fa3-fr.
[3] OCDE (2020), Perspectives économiques de l’OCDE, Volume 2020 Numéro 2, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/8dd1f965-fr.
[1] OCDE (2019), Global Material Resources Outlook to 2060: Economic Drivers and Environmental Consequences, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/9789264307452-en.
[6] OCDE (s.d.), Documents de travail de l’OCDE sur la politique commerciale, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/18166873.