Ce chapitre présente les différentes définitions de la jeunesse retenues au niveau international ainsi que dans les pays membres de l’OCDE et de la région MENA, avant d’introduire le concept de la gouvernance des politiques de la jeunesse. Il expose également les principales caractéristiques de la jeunesse en Tunisie, qui forme un des principaux groupes d’âge du pays, et les principaux défis auxquels les jeunes tunisiennes et tunisiens font face aujourd’hui dans leur transition vers l’âge adulte. Enfin, il montre que ces défis sont renforcés dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
Renforcer l’autonomie et la confiance des jeunes en Tunisie
1. Contexte : Comment va la jeunesse en Tunisie ?
Abstract
Les concepts de la gouvernance de la jeunesse
Comment définir la jeunesse ?
Définir la jeunesse est une condition préalable à toute réflexion sur la gouvernance des affaires la concernant. La définition d’un intervalle entre deux âges comme déterminant de la jeunesse permet de définir de manière générale et abstraite les bénéficiaires de l’action du gouvernement dans divers secteurs ainsi que de mieux choisir, évaluer et adapter les actions qui leur sont destinées.
Cependant, définir la jeunesse n’est pas une chose simple. Celle-ci renvoie, en effet, à un concept changeant qui désigne le passage de l’adolescence à l’âge adulte (Eurostats, 2015[1]), en se concentrant sur le phénomène d’autonomisation et d’indépendance. Cette transition n’intervient pas de manière homogène chez tous les individus qui se trouvent dans des situations diverses et n’affrontent pas les mêmes défis (OCDE, 2019[2]).
Il n’existe, en conséquence, pas de définition universellement convenue sur le début et la fin de la jeunesse. L’OCDE n’a, par exemple, pas adopté de définition unique de la jeunesse et ses États membres n’ont pas de pratique homogène dans ce domaine (OCDE, 2019[2]). L’ONU définit de son côté la jeunesse comme la période entre 15 et 24 ans (ONU, s.d.[3]), un intervalle repris par de nombreux États et institutions au niveau national. La Charte Africaine de la Jeunesse, dont la Tunisie est signataire, est quant à elle, plus large et définit les jeunes comme les personnes âgées de 15 à 35 ans (Union Africaine, 2006[4]).
Comme d'autres États de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), tels que le Maroc ou le Liban, et rejoignant ainsi une certaine pratique internationale (Floris, s.d.[5]), la Tunisie considère souvent que la jeunesse recouvre la période entre 15 et 29 ans. Cette définition est la constatation de la pratique de nombreuses institutions publiques tunisiennes, dont le ministère chargé des affaires de la jeunesse1 (voir Tableau 1.1). Elle n’a, cependant, pas de portée générale ni une valeur juridique absolue dans le pays.
De plus, la Tunisie fait aujourd’hui face à de nombreux phénomènes qui remettent en cause l’image traditionnelle de la jeunesse et influencent nécessairement sa définition. L’allongement de la scolarité, la montée du chômage, la diversification et la précarisation des formes de travail et d’emploi, l’augmentation des inégalités et de la pauvreté, l’évolution de l’âge de l’autonomie financière ou de l’acquisition d’un logement indépendant, la diversification des modèles matrimoniaux, l’interrogation sur les repères sociaux et politiques, la mutation des modes de consommation et de communication contribuent à modifier les modalités de la transition vers l’indépendance (Banque Mondiale, 2014[6]), rendant encore plus complexe la définition de la jeunesse.
Tableau 1.1. La définition de la jeunesse par tranches d’âge dans quelques pays de l’OCDE et de la région MENA
Pays/source |
Tranche d’âge |
---|---|
Loi estonienne sur le travail des jeunes (2010) |
7-26 ans |
Loi finlandaise sur la jeunesse (2006) |
0-29 ans |
Loi islandaise sur la jeunesse (2007) |
6-25 ans |
Loi coréenne sur la jeunesse (2008) |
9-24 ans |
Loi luxembourgeoise sur la jeunesse (2008) |
12-30 ans |
Loi lettone sur la jeunesse (2008) |
13-25 ans |
Loi slovène sur le secteur de la jeunesse (2010) |
15-29 ans |
Politique suédoise de la jeunesse (2014) |
13-25 ans |
Stratégie autrichienne de la jeunesse |
15-24/30 ans |
Liban (définition adoptée par le ministère de la jeunesse) |
15-29 ans |
Maroc (définition adoptée par le ministère de la jeunesse) |
15-29 ans |
Mauritanie (définition adoptée par le ministère de la jeunesse) |
15-35 ans |
Source : (OCDE, 2019[2]) ; (OCDE, 2019[7]) ; (European Commission, s.d.[8]).
Une définition fixe a l’avantage de reconnaître les jeunes comme un groupe déterminé et de faciliter la mise en œuvre des politiques publiques en leur faveur. Cependant, une définition qui n’adopterait qu’un seul critère pourrait s’avérer trop restrictive pour traiter réellement les problèmes de la jeunesse dans toute leur diversité. Dès lors, il apparaît parfois nécessaire de combiner différents critères, tels que l’âge, le sexe, ainsi que les niveaux d’études et d’insertion sociale. En adoptant cette approche, les pouvoirs publics tendent à instaurer une politique de la jeunesse fluide s’adaptant à la complexité des enjeux et difficultés de celle-ci.
Certains pays de l’OCDE, tels le Japon et le Portugal, ont dans cet esprit, établi des critères différents pour la jeunesse en fonction du secteur concerné (Encadré 1.1). De la même façon, il existe plusieurs définitions de la jeunesse en Tunisie selon les entités intervenant et le thème abordé : si la tranche d’âge communément désignée est celle des personnes de 15 à 29 ans, d’autres tranches d’âges existent pour établir les droits et obligations des jeunes. Par exemple, les âges minimaux pour adhérer à des associations ou partis politiques sont fixés respectivement à 16 et 18 ans, et la loi organique n° 2014-16 du 26 mai 2014 relative aux élections et référendums reconnait comme jeune toute personne de moins de 35 ans (République Tunisienne, 2014[9]).
Conscient de la variété des trajets de vie et de l'évolution et la réinterprétation constante des étapes de vie, ce rapport définit la "jeunesse" comme une période vers l'âge adulte qui se caractérise par diverses transitions dans la vie d'une personne (par exemple, de l'éducation à l'enseignement supérieur et à l'emploi ; du foyer parental à la location d'un appartement, etc.). Dans la mesure du possible, et pour des raisons de cohérence statistique, le rapport utilise la classification des Nations Unies selon laquelle les "jeunes" sont des personnes âgées de 15 à 24 ans.
Encadré 1.1. La définition de la jeunesse dans les politiques publiques
Japon
La jeunesse se réfère à la période où, en fonction de leur développement mental et physique, les jeunes passent de l'enfance à l'adolescence. Au cours de cette période, tout en connaissant divers troubles et conflits émotionnels, les adolescents établissent les bases de leurs contributions à la société par leur participation aux affaires publiques et élargissent la portée de leurs activités aux niveaux national et international, en fonction de leurs compétences et aptitudes.
Portugal
Diverses définitions de la jeunesse existent au Portugal selon le domaine d'activité, le type de programme et de l'aide fournie. La tranche d'âge la plus couramment adoptée va de 18 à 30 ans, bien que certains programmes s’appliquent aux personnes de plus de 30 ans. Par exemple :
La loi sur l'association des jeunes prévoit que les organisations de jeunesse doivent compter plus de 75 % de membres associés âgés de moins de 30 ans et que 75 % de l'organe exécutif doit être composé de jeunes de 30 ans ou moins.
Cette loi définit les groupes informels de jeunes comme étant exclusivement composés de jeunes âgés de 30 ans ou moins.
L'initiative de garantie des jeunes, pour la promotion de l'emploi, est destinée aux jeunes de 18 à 29 ans.
Certains programmes de soutien à l'esprit d'entreprise et à la création d'emplois s'adressent aux jeunes de 18 à 35 ans et d'autres aux jeunes de 16 à 30 ans.
Le programme "Porta 65" d’aide à la location est destiné aux jeunes de 18 à 30 ans.
Le "Programa Escolhas" en matière d'inclusion sociale des enfants et des jeunes issus de contextes socio-économiques vulnérables concerne les personnes de 6 à 30 ans.
La Carte Jeunes, qui donne accès à des réductions sur une grande variété de produits et services, est destinée aux jeunes de 12 à 29 ans.
Les actions politiques ciblant les Jeunes Agriculteurs couvrent la tranche d'âge comprise entre 18 et 40 ans.
La gouvernance des politiques de la jeunesse
La gouvernance est l'exercice de l'autorité politique, économique et administrative nécessaire pour gérer les affaires d'une nation (OCDE, 2006[12]). Les politiques de la jeunesse sont quant à elles constituées de l'ensemble des objectifs et moyens que les pouvoirs publics déterminent pour prendre en compte la situation, les besoins et les attentes des jeunes à tous les niveaux et dans tous les domaines (Encadré 1.2.). Tout en étant à visée générale, ces politiques reconnaissent que la jeunesse ne constitue pas un groupe homogène et qu’elle renferme des sous-catégories susceptibles d’avoir des besoins propres et de recevoir des traitements spécifiques. Elles comportent également des éléments de politiques sectorielles, c’est-à-dire établis par secteur d’activités, tels que le logement des jeunes ou le décrochage scolaire. Elles doivent donc être transversales afin de répondre au mieux à la diversité des besoins des jeunes. Elles visent aussi à instaurer des objectifs à travers une stratégie la plus large et claire possible, dans un cadre temporel précis. De même, elles requièrent la mise en place de ressources matérielles et humaines permettant d’atteindre les objectifs prédéterminés. Enfin, elles doivent bénéficier de moyens d’évaluation appropriés et déterminés dès leur conception.
Encadré 1.2. La définition de la politique publique de la jeunesse selon l’UNESCO
Une politique publique de la jeunesse offre une perspective d’ensemble de la programmation consacrée aux jeunes et touche à de multiples domaines et sujets publics, qui sont aussi bien, entre autres, l’éducation que l’emploi, le développement social que la représentation démocratique, la recherche scientifique que l’innovation, la culture que le sport ou la communication.
Source : (UNESCO, 2014[13]).
Les politiques de la jeunesse relèvent principalement de la responsabilité des pouvoirs publics, agissant tant au niveau national qu’infranational. Mais leur étendue et grande diversité font intervenir des acteurs privés, tels que des associations ou entreprises éducatives susceptibles, selon les contextes nationaux, d’assurer un rôle très important.
Ainsi, la nature transversale des politiques de la jeunesse implique de recourir à une gouvernance appropriée, confiée à une entité unique ou organisée de manière interministérielle qui définit une approche coordonnée, incluant des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux provenant des différents échelons territoriaux. Cette approche passe par l’identification d’un centre de responsabilités, dont la mission est le pilotage et la coordination de ces politiques de jeunesse entre les différents secteurs et aux niveaux national et infranational. À la lumière des éléments d’analyses présentés ci-dessus, il convient de noter qu’en Tunisie, jusqu’à présent, les jeunes n’ont pas fait l’objet d’une politique publique transversale clairement structurée.
Aperçu de la situation des jeunes en Tunisie
La jeunesse tunisienne et le développement démographique
Selon le dernier recensement national de 2014, près de 48 % de la population tunisienne a moins de 30 ans et 24.5 % de celle-ci a entre 15 et 29 ans (Tableau 1.2). Ce dernier taux est légèrement inférieur à la moyenne des pays de la région MENA, où la population de 15 à 29 ans représente environ 30 % de la population totale (Raz, 2019[14]).
Tableau 1.2. La répartition de la population tunisienne par tranche d’âge
En 2015 |
< 20 ans |
< 25 ans |
<30 ans |
< 35 ans |
|
---|---|---|---|---|---|
De 0 à 4 ans |
987 383 |
31% |
40% |
48% |
57% |
De 5 à 9 ans |
862 275 |
||||
de 10 à 14 ans |
801 953 |
||||
de 15 à 19 ans |
840 413 |
||||
de 20 à 24 ans |
939 859 |
||||
de 25 à 29 ans |
949 244 |
||||
de 30 à 34 ans |
999 197 |
||||
de 35 à 49 ans |
2,262,650 |
||||
de 50 à 69 ans |
1,902,767 |
||||
70 et plus |
608,632 |
||||
Total |
11 154 373 |
En 2019, la population de la Tunisie s’élevait à près de 11,7 millions d’habitants (Banque Mondiale, 2019[16]). Elle pourrait atteindre environ 12,5 millions d’habitants en 2026 et entre 13,2 et 13,9 millions d’habitants en 2041, selon les estimations de l’Institut National de la Statistique tunisien (INS). Cette croissance démographique serait accompagnée par un ralentissement de l’augmentation de la population jeune en raison d’un taux de fertilité décroissant, la part des 15-24 ans devenant ainsi progressivement moins importante (Institut National de la Statistique, 2020[17]) comme le montre le Graphique 1.1.
Les indicateurs démographiques2 montrent que la Tunisie est en voie d’accomplir une nouvelle transition démographique qui offrirait un certain équilibre entre la population jeune et la population active et permettrait dans les années à venir d’investir et de fournir une prestation de service à sa population à la mesure des capacités du pays.
Dans les pays de l’OCDE, des changements démographiques rapides ont imposé l’adaptation des institutions et des processus publics. De la même façon, la situation démographique de la Tunisie (et plus généralement dans l’ensemble de la région MENA) appelle une analyse approfondie de la demande actuelle et future en matière de services publics pour les jeunes, en particulier dans des domaines comme l’éducation, la santé ou l’aide à l’insertion. Une approche plus novatrice de la formulation des politiques et services publics ainsi que leur déploiement sera donc nécessaire. Une bonne gouvernance publique devra, en effet, répondre aux besoins des jeunes qui forgeront l’avenir de la région au cours des prochaines décennies.
La jeunesse tunisienne fait face à de multiples défis
La jeunesse représente une part importante de la population tunisienne, mais elle continue de se heurter à des obstacles importants pour contribuer pleinement au développement social et économique du pays et à participer à la vie publique. Parmi ceux-ci figurent les difficultés liées à l'emploi, à l’éducation ou la formation professionnelles adaptées aux besoins actuels du marché du travail (entraînant une dépendance économique vis-à-vis des générations plus âgées), à des soins de santé de qualité, aux problématiques identitaires et sociétales, à la participation civique et politique, et à un logement abordable.
Le dispositif de gouvernance est susceptible de produire des effets divergents sur les jeunes : bien conçu et mis en œuvre, il encouragerait leur participation es à la vie publique facilitant ainsi la prise en compte par les pouvoir publics de leurs besoins et attentes et leur assurant l’accès aux services publics essentiels pour leur transition vers la vie adulte ; dans le cas contraire, il constituerait une entrave les excluant de la vie publique et des services publics et nuirait à leur plein passage à l’âge adulte.
Les défis du système éducatif
Depuis l’indépendance de la Tunisie en 1956, les pouvoirs publics tunisiens ont accompli un effort considérable en faveur de l’éducation. Les réformes successives du système éducatif ont établi un enseignement unifié de 13 années, gratuit et obligatoire de 6 à 16 ans. En 2014, dans l’enseignement primaire, le taux net de scolarisation des enfants de 6 à 14 ans était de 95.9 % (Institut National de la Statistique, 2017[19]), un taux légèrement en deçà de la moyenne dans les pays de l’OCDE, qui s’élève à 97 % (OCDE, 2017[20]).
Cependant, le système scolaire tunisien est marqué par une faible performance des élèves. Selon le classement général de l’enquête PISA de 2015 de l’OCDE sur la performance des systèmes éducatifs, la Tunisie n’occupait que la 65ème position sur 70 pays (dont 35 pays membres de l’OCDE). En outre, elle ne présente pas d’évolution notable en comparaison avec les résultats de l’enquête PISA de 2006 (OCDE, 2018[21]). Plus largement, alors que le taux d’analphabétisme dans le pays avait diminué à la suite de l’indépendance, celui-ci est reparti à la hausse en 2018 (Institut National de la Statistique, 2017[19]). Les récentes tentatives de réformes du secteur de l'éducation en Tunisie ont été considérées comme un échec par beaucoup d’étudiants, car elles ont été perçues comme arbitraires et n'ont pas été suffisamment prises en compte par les enseignants (OCDE, 2015[22]).
Les limites du système éducatif à préparer à la vie active et aux besoins du marché du travail font également l’objet de critiques sévères. La perte de confiance dans l’école publique et sa capacité à garantir l’inclusion sociale se manifeste par la croissance continue du nombre d’élèves inscrits dans l’enseignement privé (de 0.6 % des effectifs totaux en 1994 à 6.5 % en 2017) et les fortes disparités entre le secteur privé et le secteur public. Les taux de redoublement (18.1 %) et d’abandon scolaire (10.8 %) sont également supérieurs dans les établissements secondaires publics par rapport au système privé (Lac, 2018[23]). Entre 2017 et 2018, plus de 104 000 élèves du primaire et du secondaire ont par ailleurs quitté l’école. Ce phénomène de migration vers l’éducation privée se retrouve également dans l’enseignement supérieur. Alors que de nombreux étudiants considèrent que l’université publique n’offre pas suffisamment de débouchés correspondant aux besoins réels de l’économie tunisienne, un nombre croissant d’entre eux choisit chaque année de délaisser les universités publiques pour se tourner vers des écoles privées, perçues comme s’adaptant mieux aux besoins de l’économie tunisienne et aux filières d’avenir. Le Ministère de l’Éducation Nationale tunisien reconnait que des efforts conséquents devaient être entrepris pour améliorer la planification stratégique afin de favoriser les domaines d’études qui répondent aux besoins de l’économie tunisienne et instaurer des mécanismes de suivi et d’évaluation au niveau local et régional (UNICEF et Ministère de l'Éducation nationale, 2014[24]). En 2015, un Plan stratégique de réforme de l’éducation nationale et un Plan stratégique de la réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ont été lancés, et comprenaient un objectif de promotion de la bonne gouvernance du système éducatif (OCDE, 2018[25]).
La marginalisation économique
L’emploi des jeunes constitue un véritable défi pour les pouvoirs publics. Si l’accès à l’éducation et à l’instruction de qualité accroît l’autonomie des jeunes (OECD, 2020[26]), plusieurs autres difficultés rencontrées par les jeunes freinent leur autonomisation, à commencer par le chômage.
Depuis 2017 et jusqu’à la veille de la pandémie du COVID-19, le taux de chômage des jeunes tunisiens de 15 à 24 ans se maintenait sous les 35 %, soit le taux le plus élevé des pays du Maghreb (21.9 % au Maroc, 30.8 % en Algérie et 32.4 % en Égypte) et près de 2,7 fois le taux de chômage mondial (OIT, 2019[27]). Dans le contexte de la crise du COVID-19, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans a atteint son plus haut niveau depuis plusieurs années (36.5 %) au deuxième trimestre 2020, avant de redescendre légèrement à 35.7 % au troisième trimestre de la même année (Statistiques Tunisie, 2020[28]).
Par ailleurs, une particularité de la Tunisie par rapport aux autres pays de la région MENA est la surqualification de sa population, dont les compétences sont souvent mal adaptées aux besoins du marché local (Banque Mondiale, 2014[29]). Le modèle économique tunisien est en effet généralement fondé sur une main d’œuvre peu qualifiée, mais faute de main-d’œuvre, des secteurs qui ne demandent pas de forte qualification universitaire comme l’industrie textile, l’artisanat ou le BTP ont aujourd’hui de nombreux postes vacants (Statistiques Tunisie, s.d.[30]). En parallèle, environ 50 000 jeunes sont diplômés de l’enseignement supérieur chaque année, et viennent nourrir le chômage des diplômés. Le problème de l’inadéquation entre les besoins du marché du travail et les domaines d’études des jeunes tunisiens, déjà évoqué plus tôt dans ce rapport, est essentiel pour comprendre la situation paradoxale de l’économie tunisienne : selon une étude de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprise, le secteur privé tunisien aurait plus de 100 000 postes à pourvoir faute d’adéquation entre les compétences des travailleurs tunisiens et les besoins des entreprises (Institut Arabe des Chefs d'Entreprises, 2018[31]). En Tunisie, le chômage touche de manière disproportionnée les plus diplômés, et ce d’autant plus depuis le début de la crise du COVID-19. Entre la fin de 2019 et la fin de 2020, le taux de chômage pour l’ensemble des actifs est passé de 15.1 % à 16.2 %, alors que dans le même temps, le chômage des diplômés de l’enseignement supérieur culminait respectivement à 28.6 % et 30.1 % (Statistiques Tunisie, s.d.[30]). Il convient également de souligner que, pour l’ensemble de ces catégories d’études, le taux de chômage des jeunes femmes était plus élevé que celui des jeunes hommes (OCDE, 2018[25]).
Pendant de nombreuses années, le secteur public tunisien était le premier employeur du pays, offrant un débouché pour les diplômés, des salaires plus conséquents que dans le secteur privé, une sécurité d’emploi assurée et des prestations sociales plus avantageuses (OCDE, 2018[25]). Cependant, ce modèle a tendance à s'essouffler, en particulier à cause du poids de la masse salariale du secteur public, qui représentait plus de 14 % du PIB national en 2019 contre une moyenne de 10.3 % pour les pays de l'OCDE (OCDE, 2019[32]), et pousse l’État à revoir à la baisse les perspectives d’embauche pour les nouvelles générations.
Au-delà de l’emploi, un nombre important de jeunes tunisiens ne sont à la fois ni scolarisés, ni employés, ni en formation (aussi connu sous l’acronyme anglais NEET « Not in Education, Employment or Training »). En 2014, 25.4 % des jeunes étaient en situation de NEET, une part sensiblement supérieure à la moyenne des pays de l’OCDE, de l’ordre de 11.7 % (Graphique 1.2). Ce taux a progressé sensiblement en 5 ans. En 2019, selon des estimations de l’Organisation Internationale du Travail, 27.4 % des jeunes tunisiens âgés entre 15 et 29 ans sont NEET (ILOSTAT, 2020[33]). Encore une fois, les jeunes femmes ont davantage de probabilités d'être des NEET : plus de la moitié des jeunes femmes en zone rurale et une femme sur trois en zone urbaine l’était en 2014 (Banque Mondiale, 2014[6]). Les disparités entre régions et milieux sont également marquées avec, en 2013, respectivement 35.9 % et 31.4 % de jeunes NEET dans les zones urbaines des régions du Sud et de l’intérieur et 47.9 % et 42.4 % dans les zones rurales des mêmes régions (Banque Mondiale, 2014[6]).
Face à ce manque d’opportunités, beaucoup de jeunes se tournent vers l’économie informelle. Bien qu’il soit difficile d’estimer la part de l’emploi informel dans l’économie tunisienne, la plupart des évaluations considèrent qu’elle représenterait entre 30 % et 50 % de l’emploi total (OCDE, 2018[25]).
Selon une enquête du Centre de Recherches et d’Études Sociales (CRES) réalisée en 2016 (Charmes, 2016[34]), les jeunes seraient particulièrement présents dans l’économie informelle : ainsi, 60 % des hommes et 83 % des femmes dans l’économie informelle en 2014 étaient âgés de moins de 40 ans. De plus, il semble que les populations les plus jeunes soient les plus concernées par cette réalité, avec 84 % des jeunes de 15 à 19 ans sur le marché de l’emploi occupant un emploi informel contre 42 % des 20-24 ans.
Ce taux est plus élevé dans les zones rurales où les chances d’obtenir un emploi sont plus rares et où peu de jeunes bénéficient d’emplois stables dans le secteur formel. La plupart des emplois disponibles sont des contrats à durée déterminée et moins d’un jeune travailleur sur trois bénéficie d’un contrat de travail solide et de la sécurité sociale. En conséquence, le caractère informel du travail et le risque d’exploitation sont deux des principales préoccupations des jeunes tunisiens (Banque Mondiale, 2014[6]). Ces emplois précaires ont de plus un impact important sur l’autonomisation des jeunes.
Depuis 2011, les autorités ont mis en œuvre de nombreux programmes et mécanismes de soutien actif à l’emploi des jeunes comme « Amal », ou plus récemment « Forsati », « Mashrou’i » et les « Contrats Dignité ». Toutefois, ces différentes initiatives, qui se concentrent notamment sur l’intégration des jeunes en chômage de longue durée et la promotion de l’entreprenariat chez les jeunes, n’ont pas fait l’objet d’évaluations de leur efficacité et leurs résultats sont peu clairs.
En août 2017, le lancement d’une nouvelle stratégie nationale pour l’emploi a coïncidé avec l’arrêt de plusieurs programmes de soutien aux jeunes et a marqué un changement de priorité désormais donnée à l’économie sociale et solidaire. L’élaboration d’une stratégie nationale pour l’emploi avait alors pour objectif d’en finir avec le caractère conjoncturel des politiques de l’emploi, en déterminant une feuille de route à moyen terme pour réduire le chômage, l’emploi informel et les disparités régionales et sociales ainsi que promouvoir l’entreprenariat local, et plus particulièrement celui des jeunes en leur apportant un soutien technique et financier pour des petits projets.
Malgré cela, confrontés au manque d’opportunités économiques, de plus en plus de jeunes tunisiens envisagent ou se résignent à quitter leur pays. Selon une étude de l’INS, les jeunes forment l’essentiel des émigrants tunisiens, soit 73.7 % du total de ceux-ci, et justifient en grande majorité leur départ par l’absence de perspective d’emploi (Statistiques Tunisie, 2016[35]).
De même, selon l’Arab Youth Survey 2020 (ASDA’A BCW, 2020[36]), 52 % des jeunes tunisiens souhaiteraient émigrer ou prévoiraient de le faire, en majorité en raison d’absence d’opportunités et de perspectives dans leur pays. Les plus diplômés sont aussi les plus enclins à émigrer vers un autre pays : une enquête de l’Arab Barometer a montré à ce titre que parmi les Tunisiens souhaitant s’expatrier, plus de la moitié a fait des études supérieures (Arab Barometer, 2019[37]).
La pauvreté et l’exclusion sociale
Les difficultés des jeunes à entrer sur le marché du travail ont également un impact sur la pauvreté, et accentuent les inégalités et le sentiment d’exclusion.
L'inclusion sociale est un déterminant majeur de la participation des populations défavorisées dans une société (Commission Européenne, s.d.[38]). Elle donne à tous, et en particulier aux jeunes, la possibilité et les moyens de participer en tant que membres valorisés et respectés de leur communauté et à la société (Luhmann, 2011[39]). Elle contribue à faire que la jeunesse s’engage et s’implique pleinement dans des projets d’importance comme de proximité. Or, en plus de faire face aux défis d’un marché du travail offrant peu de débouchés, de nombreux jeunes tunisiens sont confrontés aux défis endémiques de leur pays. La pauvreté dans laquelle évoluent plus de 20 % des enfants tunisiens, ainsi que la paupérisation d’un nombre croissant de jeunes à cause des répercussions économiques et sociales de la crise de COVID-19, accroissent le risque de reproduction du phénomène d’exclusion pour les générations à venir (UNICEF, 2020[40]).
Les disparités territoriales accentuent de manière importante le risque de grandir dans la pauvreté et d'être confronté à l'exclusion sociale. Une réelle fracture subsiste en Tunisie entre les territoires, divisés entre le littoral oriental et le reste du pays, mais également entre les régions urbaines, périurbaines et rurales (Tableau 1.3). Le taux de pauvreté dans les régions rurales est, en effet, près du double de la moyenne nationale, et plus de quatre fois supérieur à celui des grandes villes. Cette logique d’éloignement entre les conditions économiques des villes et le reste du pays se retrouve dans la géographie nationale : les régions les plus isolées de l’Ouest, du Nord-Ouest et du Sud, sont celles où le taux de pauvreté est le plus élevé. À ce titre, dans certains gouvernorats comme Beja, Le Kef, Kairouan ou Kasserine, plus de 30 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, contre 5,3 % dans le gouvernorat de Tunis (Statistiques Tunisie et Banque Mondiale, 2020[41]). Mais les inégalités sont particulièrement marquées aussi entre les centres urbains et les périphéries densément peuplées des grandes villes comme Tunis, qui souffrent d’une bien plus grande pauvreté.
Tableau 1.3. Taux de pauvreté par zone résidentielle
Milieu résidentiel |
Population |
Taux de pauvreté |
---|---|---|
Grandes villes (1) |
3 810 734 |
6,3 % |
Petites et moyennes communes (2) |
3 143 090 |
15,0 % |
Milieu rural (3) |
3 471 488 |
26,0 % |
Total |
10 425 312 |
15,3 % |
Note : (1) Les villes classées comme les plus grandes sont les suivantes : Tunis, Ariana, Manouba, Ben Arous, Sousse, Monastir et Sfax. ; (2) Toutes les zones urbaines en excluant les villes les plus grandes ; (3) Approximé par le milieu non communal avant 2017.
Ces inégalités régionales ont un impact significatif sur les jeunes habitants dans les régions les plus marginalisées et renforcent leur propre sentiment de marginalisation, poussant beaucoup d’entre eux à migrer vers les villes, et en particulier, les zones périurbaines densément peuplées et plus pauvres que les centres urbains (Spencer et Aldouri, 2016[42]).
Les risques sanitaires
D'importants indicateurs de santé se sont améliorés en Tunisie au cours des dernières décennies, mais de sérieux problèmes subsistent. Par exemple, le taux de mortalité infantile est passé de 29,8 pour 1 000 naissances en 2000 à 16,9 en 2019, ce qui est en dessous de la moyenne de 18/1000 dans les pays de la région MENA (Banque Mondiale, 2019[43]). La Tunisie alloue également 7,3 % de son PIB aux dépenses de santé publique, un taux au-dessus de la moyenne des pays de la région MENA (5,7 %) mais inférieur à celle des pays membres de l’OCDE (12,6 %) en 2017 (Banque Mondiale, 2018[44]).
Malgré ces efforts, seuls 39 % des tunisiens sondés en 2019 par l’Arab Barometer étaient satisfaites par leur système de santé, un taux inchangé depuis 2016 qui a chuté à 26 % en octobre 2020 du fait de la pandémie du COVID-19 (Arab Barometer, 2021[45]). La crise a en effet relevé les dysfonctionnements et le manque de moyens du système de santé national.
Chez les jeunes tunisiens plus particulièrement, les risques sanitaires sont liés à des comportements à haut risque, tels que le tabagisme et la malnutrition. En effet, le tabagisme touche près d’un quart des jeunes tunisiens, alors que l’alcoolisme et la consommation de drogues affectent respectivement 5.8% et 3.8% des jeunes. Les jeunes sont tout particulièrement concernés par les comportements violents et représentent plus d’un quart des tentatives de suicide à l’échelle du pays. (Ministère de la Santé Publique et UNFPA, 2017[46]). De plus, les cas de dépression, mais aussi de diabètes et de problèmes dus au surpoids et à l’obésité sont en hausse.
Pour faire face à cela, la Tunisie est accompagnée depuis 2017 par l’UNFPA dans l’élaboration d’une stratégie multisectorielle pour la promotion de la santé des adolescents et des jeunes, qui ciblera tout particulièrement la santé mentale, la violence, les comportements addictifs ainsi que la santé sexuelle et reproductive (UNFPA, 2018[47]). Celle-ci a pour vocation de consolider le système de santé publique existant et d’étendre la protection sociale et de santé à l’ensemble des jeunes. Les jeunes femmes, les jeunes des zones rurales et les jeunes handicapés sont en effet confrontés à des difficultés spécifiques dans leur accès aux services de santé et aux établissements de santé. À titre d’exemple, la sensibilisation à la santé sexuelle et reproductive la sensibilisation est limitée chez les jeunes en Tunisie, en particulier chez les jeunes femmes. (Ben Cheikh et Charmes, 2016[48]). Dès lors, la garantie d’une éducation plus adaptée à la situation du pays, des possibilités d'emploi accrues et un plus large accès aux services sociaux et de santé pourraient contribuer grandement à l’inclusion économique des jeunes. Au-delà de ces aspects, il importe également de prendre en considération les aspirations politiques, sociales et culturelles des jeunes (Hashemi, 2017[49]) afin de favoriser leur adhésion aux politiques les ciblant.
La représentation et la participation des jeunes dans la vie publique tunisienne
La représentation dans les institutions publiques et politiques
Une représentation équitable des jeunes dans les institutions publiques est essentielle pour garantir que les décisions publiques tiennent compte de leurs différentes réalités et perspectives, que les solutions politiques bénéficient d'un éventail d'expériences, de compétences et de points de vue, et enfin que les résultats des politiques répondent aux besoins et aux préoccupations des jeunes. En outre, la participation active de certains jeunes dans les institutions publiques peut inspirer d'autres jeunes de la même tranche d'âge à agir de la même manière. Ces effets positifs d'une représentation équitable d’une catégorie de la population ont déjà été étudiés sous l'angle du genre (OECD, 2019[50]). L'égalité d'accès à la prise de décision et au leadership politique peut également avoir un impact positif sur les résultats économiques et sociaux. L'analyse de l'OCDE montre que les pays où la proportion de femmes parlementaires est plus élevée ont tendance à connaître des niveaux d'inégalité plus faibles et des niveaux de confiance plus élevés dans le gouvernement (OECD, 2014[51]).
Comme dans les pays de l’OCDE et de la région MENA, la participation des jeunes tunisiens dans les institutions politiques formelles de leur pays reste à renforcer. La mise en place de différents quotas en faveur des jeunes lors des élections législatives et municipales a permis de grandement améliorer leur représentation dans l’Assemblée des Représentants du Peuple et des conseils municipaux. Ainsi, 52 % des candidats et 37 % des élus aux élections municipales de 2018 étaient âgés de moins de 35 ans (Boileau et Elleuch, 2018[52]), et 23 % des députés élus en 2019 étaient âgés de moins de 40 ans (Chennoufi, 2019[53]). À titre de comparaison, à l’échelle mondiale, seuls 15.5 % des parlementaires en 2018 avaient moins de 40 ans (Union Interparlementaire, 2018[54]) tandis qu’au sein des pays de l’OCDE, 22 % des parlementaires ont moins de 40 ans en 2020 (OECD, 2020[26]). C’est également lors de l’élection législative tunisienne de 2019 que deux jeunes députés, âgés de 24 et 27 ans, ont été élus. Ces chiffres doivent cependant être replacés dans le contexte du pays. En effet, d’une part, la législation prévoit des incitations financières fortes et des quotas pour renforcer la présence de jeunes sur les listes politiques, et, d’autre part, la population compte 57 % de personnes de moins de 35 ans et 65 % de moins de 40 ans (Ministère de la Jeunesse et des Sports, 2017[55]). Ce phénomène de rajeunissement relatif de la scène politique tunisienne a, également, vu ses limites lors de l’élection présidentielle de 2019 : l’âge minimum pour les candidatures était fixé à 35 ans et aucun candidat n’avait moins de 40 ans.
Enfin, les jeunes ont été assez peu représentés dans la plupart des gouvernements successifs depuis la Révolution de 2011. Parmi les plus de 400 membres des 9 gouvernements qui se sont succédés entre la Révolution de 2011 et la fin de l’année 2020, seuls 22 postes ont été occupés par des ministres et secrétaires d’État qui avaient moins de 40 ans au moment de leur nomination. Cette situation est similaire à celle de la majorité des pays de l’OCDE qui ont pourtant une population beaucoup plus âgée.
De nombreux obstacles expliquent ce manque de représentation dans la sphère politique traditionnelle. Outre la faible représentation des jeunes dans les instances politiques, mentionnée ci-dessus, les données collectées par l’OCDE pour l’élaboration de ce rapport démontrent que les jeunes tunisiens peinent notamment à surmonter les défis financiers et légaux. Mener campagne est en effet exigeant en temps et coûteux en argent. Les partis politiques offrent généralement peu de possibilités aux jeunes d’accéder à des postes importants et les stéréotypes faisant valoir leur manque d’expérience sont également des barrières importantes. Ces obstacles peuvent sérieusement limiter les chances des jeunes d’accéder aux fonctions ou même de se présenter aux élections ou à des postes de haut niveau, et contribuent à alimenter la défiance vis-à-vis des institutions publiques et politiques (OCDE, 2018[56]).
Ce dernier phénomène est observé depuis plusieurs années à travers le monde (OCDE, 2019[57]). En Tunisie, entre 2011 et 2018, la confiance de la population envers le gouvernement a chuté de 62 % à 20 % (Arab Barometer, 2019[37]). Cette baisse générale de confiance concerne particulièrement les plus jeunes qui ont moins confiance dans la politique que leurs parents, ce qui limite grandement leur volonté de s’engager dans l’élaboration des politiques publiques de leur pays. Selon l’Arab Barometer, 14% des 18-29 ans faisaient confiance au gouvernement en 2018, et 4 % faisaient confiance aux partis politiques (Arab Barometer, 2019[37]). Cette tendance est similaire dans les pays de la région MENA où, à l’exception de l’Égypte et des pays du Golfe, les gouvernements obtiennent la confiance de moins de 40 % de la population, et où la confiance dans les parlements ne dépasse pas 26 % (Kayyali, 2020[58]).
La tendance est aujourd’hui semblable dans la plupart des pays de l’OCDE, où la confiance des citoyens, et en particulier des jeunes, dans les gouvernements nationaux est en baisse depuis 2006. Ainsi, en 2018-2019, seulement 46 % des 15-29 ans des pays de l’OCDE exprimaient avoir confiance dans leur gouvernement national (OECD, 2020[26]).
La crise de confiance dans les institutions politiques, affectant particulièrement les jeunes, a différentes explications. Une enquête publiée en 2018 par l’International Republican Institute met notamment en lumière les liens entre la participation à la vie publique et la situation économique : 85 % des Tunisiens sondés, âgés de 18 à 35 ans, estimaient que le manque d’insertion dans le marché du travail était la cause principale de leur désengagement de la vie publique (International Republican Institute, 2019[59]).
De plus, la corruption et le manque généralisé de transparence dans l’appareil d’État demeurent une inquiétude majeure parmi les citoyens tunisiens, et en particulier les plus jeunes. D’après un sondage de 2018, la corruption était, en effet, perçue comme le 3ème problème le plus important du pays après le chômage et la gestion de l’économie (Afrobarometer, 2018[60]). Alors que 90 % de la population tunisienne considère que la corruption est présente à plus ou moins grande échelle dans l’appareil étatique, la population la plus jeune est la moins convaincue par les efforts du gouvernement pour lutter contre ce fléau : seulement 38 % des 18-29 ans considèrent que le gouvernement met en place les mesures nécessaires, contre 49 % de la population âgée de plus de 40 ans (Arab Barometer, 2019[37]).
La crise de confiance produit l’impression que le vote est sans conséquence sur les orientations politiques du pays, et engendre une faible participation des jeunes tunisiens à la vie politique et l’action syndicale. Selon une enquête de 2014 auprès de 1 700 jeunes de la région du Grand Tunis, seulement 3.3 % des interrogés ont indiqué faire partie d’un parti politique et 1.1 % à un syndicat (Jouili et Ben Salem, 2020[61]). De plus, selon l’Instance Supérieure Indépendante des Élections (ISIE), le taux de participation aux différentes élections est en baisse constante depuis des années, notamment chez les jeunes. Lors des élections législatives de 2019, 57 % des électeurs étaient âgés de plus de 45 ans, et le taux de participation des jeunes âgés de 18 à 25 ans ne dépassait pas 9 %. Toutefois, l’intérêt des électeurs semble être plus élevé lors des élections présidentielles : au second tour de l’élection de 2019, le taux de participation des jeunes a atteint près de 50 % (Dahmani, Frida et Lafrance, 2019[62]), un pourcentage d’autant plus significatif qu’au cours du premier tour du scrutin, ils s’étaient massivement abstenus.
L’essor de la société civile en Tunisie
Les jeunes tunisiens, en tant que partie de la société civile, prennent de plus en plus la parole dans le débat public national ou sur certains sujets de politique internationale. Mais ils le font sous des formes nouvelles et plus variées et par des canaux non institutionnalisés, comme le montrent l’engagement de nombreux d’entre eux dans des associations et organisations militantes, l’utilisation fréquente des réseaux sociaux comme espace de débat, ou la mobilisation physique au travers de manifestations (Djebali, 2015[63]).
Alors que les modes de participation politique traditionnels semblent délaissés par les jeunes, les organisations de la société civile ont un rôle croissant comme canal de participation dans la vie publique tunisienne. En effet, à la suite de la révolution de 2011, le nombre d’organisations de la société civile est passé d’environ 10 000 à plus de 20 000, avec notamment une augmentation majeure du nombre de celles œuvrant dans le domaine des droits humains (Djebali, 2015[63]). Cette croissance a été permise par l’assouplissement de la législation sur la création et le fonctionnement des associations, et par les efforts considérables entrepris par le gouvernement tunisien en faveur de la société civile (qui seront traités plus en détails dans les chapitres suivants). La création d’un comité mixte dans le cadre de l’engagement de la Tunisie dans le Partenariat du Gouvernement Ouvert a par exemple favorisé la participation et contribution de la société civile tunisienne dans la définition, l’élaboration et le suivi de la politique gouvernementale pour un gouvernement ouvert. Cette dynamique est en phase avec la Recommandation du Conseil de l'OCDE sur le Gouvernement Ouvert (OCDE, 2017[64]), à laquelle la Tunisie adhère, qui encourage notamment la participation des parties prenantes à la conception et à la prestation des politiques et services publics pour renforcer la confiance des citoyens et la redevabilité des autorités publiques.
Bien que seulement 1.7 % des associations reconnues en Tunisie soient formellement à destination de la jeunesse, des jeunes sont présents dans de nombreuses autres associations, et un grand nombre d’entre eux sont actifs dans la vie associative, démontrant un intérêt réel pour la vie publique et un engouement pour une nouvelle forme d’engagement politique (OCDE, 2017[65]). De même, les associations de la société civile s’opposent dans l’esprit de nombreux jeunes aux organisations partisanes, qu’ils croient complexes, peu accessibles et onéreuses.
Les jeunes ont pourtant montré leur intérêt pour la politique lors de mobilisations contre certaines lois ou actions de l’État, tel que le mouvement « menich msemah » (« je ne pardonne rien ») de 2017. Cette forme d’investissement politique se fait le reflet des nouveaux modes de mobilisation de la jeunesse tunisienne, habituée à échanger et s’organiser sur les réseaux sociaux (OCDE, 2017[65]). Le défi pour la Tunisie réside donc dans la capacité à transformer l’engagement non traditionnel d’une partie de la jeunesse dans la sphère politique traditionnelle. Ce point sera développé plus spécifiquement dans le dernier chapitre de ce rapport.
Le double défi des jeunes femmes en milieu rural
Au-delà des défis liés spécifiquement à la jeunesse, les jeunes femmes tunisiennes font également face à de nombreux obstacles dans divers secteurs, notamment les domaines juridique, éducatif, de l’emploi et de la sphère publique.
Dans la région MENA, la Tunisie s’est toujours caractérisée par une politique volontariste en faveur des droits des femmes et pour la promotion du rôle des femmes dans la société. Comme cela sera exposé plus en détail dans la suite de ce rapport, les importantes avancées législatives menées par la Tunisie en faveur des droits des femmes et de l’égalité femmes-hommes ont permis d’améliorer la place des femmes dans la vie publique en Tunisie.
Juridiquement, la situation des filles s’avère similaire à celle des jeunes garçons dans la plupart des domaines. Néanmoins, celles-ci continuent de souffrir des inégalités de genre et d’une marginalisation économique persistante. Si la Tunisie enregistre de meilleurs scores que ses voisins de la région MENA à cet égard, elle se classe seulement 124ème sur 153 pays au Global Gender Gap Report de 2020 sur l’égalité des sexes (World Economic Forum, 2019[66]).
Dans la sphère politique, même si les femmes sont de plus en plus nombreuses, elles restent peu présentes aux postes de responsabilité (seulement 19.5 % des maires élus en 2018 étaient des femmes) et aux plus hauts postes de l’État, avec huit femmes sur 28 postes de ministres et secrétaires d’État en septembre 2020, et aucune dans un ministère régalien. L’OCDE traite plus en détails ce manque de représentativité des femmes dans la vie politique en Tunisie dans des rapports dédiés (OCDE, 2018[67] ; OCDE, 2018[68]). Les jeunes femmes sont ainsi doublement pénalisées : depuis la Révolution de 2011, parmi les 13 membres du gouvernement âgés de moins de 40 ans, seules 3 sont des femmes. De même, si les femmes représentent plus d’un quart des parlementaires en Tunisie, seulement 21 d’entre elles, sur les 217 membres de l’Assemblée ont moins de 40 ans (Inter-Parliamentary Union, 2020[69]).
Dans ce sens, la Recommandation du Conseil de l’OCDE sur l’égalité hommes-femmes dans la vie publique appelle les gouvernements à « promouvoir la parité femmes-hommes dans les instances publiques de décisions à tous les niveaux d’administration pour parvenir à instaurer une croissance sans exclus, et à définir, aujourd’hui et à l’avenir, les mesures nécessaires pour renforcer la confiance et le bien-être des citoyens » (OCDE, 2016[70]).
Les mêmes inégalités se retrouvent dans le secteur économique, dans lequel les femmes tunisiennes en 2018 ne représentaient que 26.5 % de la population active alors qu’elles constituaient 50.2 % de la population en âge de travailler. Le taux de chômage des femmes tunisiennes dépasse en moyenne de 10 points celui des hommes depuis 2018, et a ainsi atteint 22.8 % au troisième trimestre 2020 (contre 13.5 % pour les hommes). Les jeunes femmes sont également plus touchées par le chômage que les jeunes hommes, néanmoins dans une plus faible mesure ; le taux de chômage des femmes de 15 à 24 ans était de 36.2 % contre 35.4 % pour les hommes du même âge (Statistiques Tunisie, 2020[28]).
En matière d’accès à l’éducation, les jeunes femmes bénéficient du système éducatif mais de manière moins importante que les jeunes hommes. En effet, lors du dernier recensement en 2014, les femmes tunisiennes étaient deux fois plus nombreuses que les hommes à n’avoir reçu aucune forme d’éducation. De la même façon, l’analphabétisme affectait 25.6 % des femmes, contre 12.8 % pour les hommes. La tendance est cependant positive avec un taux d’analphabétisme féminin ayant baissé de plus de 5 % en 10 ans et un taux particulièrement faible chez les jeunes filles : 4.5 % en 2014 chez les jeunes filles et femmes âgées de 10 à 29 ans. Les jeunes femmes ont également particulièrement bénéficié de l’effort considérable consenti en faveur de l’éducation supérieure et sont plus nombreuses que les jeunes hommes à avoir reçu une éducation dans l’enseignement supérieur (Institut National de la Statistique, 2017[19]).
Si les jeunes femmes tunisiennes font face à de nombreux défis, ceux-ci sont accentuées chez les jeunes femmes issues de milieux ruraux. En effet, ces régions sont souvent marquées par un conservatisme social plus prononcé, dressant une nouvelle barrière face aux jeunes femmes en quête d’insertion sociale et économique. Les régions rurales les plus isolées, et plus particulièrement celles de l’Ouest et du Sud, sont celles où la pauvreté et le chômage sont les plus répandus, mais également les régions les plus isolées en matière d’accès aux services publics. L’accès aux hôpitaux est particulièrement différent selon les régions, avec une distance moyenne pour accéder à un hôpital dans les gouvernorats les plus reculés qui peut aller jusqu’à 17 fois celle dans le littoral (Klouz, 2016[71]). Enfin, comme mentionné précédemment, les niveaux d’abandon scolaire et d’analphabétisme chez les jeunes ruraux sont particulièrement élevés en comparaison avec les zones urbaines. À titre d’exemple, près d’un tiers des jeunes vivant en milieu non communal en 2014 étaient concernés par l’analphabétisme, un taux deux fois et demi supérieur à celui enregistré dans les milieux communaux. Ces facteurs contribuent grandement au plus faible niveau d’étude et au plus fort taux de chômage enregistrés dans certains gouvernorats (Banque Mondiale, 2014[72]).
Les jeunes tunisiens et le COVID-19 : un contexte qui appelle à une meilleure prise en compte de leurs besoins et attentes
Tout au long de leur transition vers l’âge adulte, de la scolarité au marché du travail en passant par la participation dans la vie publique, la jeunesse tunisienne fait face à de nombreux défis. Depuis décembre 2019, le COVID-19 a provoqué une série de crises sanitaire, économique et sociale au niveau mondial. Comme le montre une étude réalisée par l’OCDE, la crise du COVID-19 a exacerbé les défis auxquels font face les jeunes, et en particulier les jeunes vulnérables, dans les domaines de l'éducation, de l'emploi, de la santé mentale et des revenus. Depuis le début de la pandémie, les jeunes à travers le monde ont été particulièrement affectés par ses conséquences économiques, et en plus d’être nombreux à occuper des emplois précaires, ils ont été le groupe d’âge le plus touché par l’augmentation du chômage. Les jeunes ont également souffert des perturbations et interruptions de leurs études et la diminution des interactions sociales. En outre, les jeunes supporteront une grande partie des conséquences économiques et sociales à long terme de la crise. Cependant, les jeunes ont également été parmi les plus actifs face à la crise en s’engageant bénévolement dans des associations et en tant que forces de propositions volontaires et innovantes pour limiter les effets de la crise et préparer la relance des pays (OCDE, 2020[73]). À ce titre, de nombreuses initiatives de distribution d’équipements de protection sanitaire et d’aide aux populations vulnérables durant la crise du COVID-19 ont été menées par des jeunes tunisiens, en coordination notamment avec le ministère chargé de la société civile.
Ainsi, afin d’éviter d'exacerber les inégalités intergénérationnelles à la sortie de la crise, il est nécessaire d’associer les jeunes à la construction de la résilience de la société par une gouvernance mieux adaptée à leurs besoins. Les gouvernements doivent anticiper l'impact des mesures d'atténuation et de relance pour les différentes tranches d'âge, en appliquant des mécanismes de gouvernance efficaces, qui seront développés tout au long de ce rapport.
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[32] OCDE (2019), Etudes économiques de l’OCDE : France, OCDE, http://www.oecd.org/fr/economie/etudes/France-2019-OCDE-etude-economique-synthese.pdf (consulté le 15 février 2021).
[2] OCDE (2019), Impliquer et autonomiser les jeunes dans les pays OCDE, Éditions OCDE, https://www.oecd.org/gov/impliquer-et-autonomiser-les-jeunes-dans-les-pays-ocde.pdf (consulté le 29 juillet 2020).
[57] OCDE (2019), Panorama des administrations publiques 2019, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/8be847c0-fr.
[7] OCDE (2019), Sept conclusions clés de l’ enquête sur la gouvernance des affaires de la jeunesse, http://www.oecd.org/mena/governance/seven-key-findings-from-the-youth-governance-survey-french.pdf (consulté le 30 juillet 2020).
[25] OCDE (2018), Études économiques de l’OCDE : Tunisie 2018: Évaluation économique, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/eco_surveys-tun-2018-fr.
[68] OCDE (2018), La participation des femmes à la prise de décision dans l’administration publique en Tunisie.
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[21] OCDE (2018), PISA 2015: Results in Focus, https://www.oecd.org/pisa/pisa-2015-results-in-focus.pdf (consulté le 3 août 2020).
[56] OCDE (2018), Sept conclusions clés de l’enquête sur la gouvernance des affaires de la jeunesse, OCDE, http://www.oecd.org/mena/governance/seven-key-findings-from-the-youth-governance-survey-french.pdf (consulté le 17 février 2021).
[18] OCDE (2017), Les jeunes dans la région MENA: Comment les faire participer, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264278721-fr.
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[64] OCDE (2017), Recommandation du Conseil sur le Gouvernement Ouvert, http://acts.oecd.orgRECOMMANDATIONGOUVERNANCEPUBLIQUE (consulté le 7 août 2020).
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[27] OIT (2019), Chômage, total des jeunes (% de la population active âgée de 15 à 24 ans) (estimation modélisée OIT) - Tunisia, Morocco, Algeria, Egypt, Arab Rep., World | Data, ILOSTAT, https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SL.UEM.1524.ZS?end=2019&locations=TN-MA-DZ-EG-1W&start=2011 (consulté le 4 août 2020).
[3] ONU (s.d.), Pourquoi la jeunesse - Année internationale de la jeunesse 2010 - 2011, https://www.un.org/fr/events/youth2010/background.shtml (consulté le 29 juillet 2020).
[14] Raz, D. (2019), Youth in Middle East and North Africa, Arab Barometer, https://www.arabbarometer.org/wp-content/uploads/ABV_Youth_Report_Public-Opinion_Middle-East-North-Africa_2019-1.pdf (consulté le 15 février 2021).
[9] République Tunisienne (2014), Loi organique n° 2014-16 du 26 mai 2014, relative aux élections et aux référendums, https://legislation-securite.tn/fr/node/44286 (consulté le 15 février 2021).
[42] Spencer, C. et S. Aldouri (2016), Young Arab Voices Moving Youth Policy from Debate into Action.
[28] Statistiques Tunisie (2020), Indicateurs de l’emploi et du chômage du troisième trimestre 2020, Institut National de la Statistique, http://www.ins.tn/sites/default/files/publication/pdf/Note_ENPE_3T2020.pdf (consulté le 15 février 2021).
[35] Statistiques Tunisie (2016), Flash Migration, Institut National de la Statistique, http://www.ins.tn/sites/default/files/publication/pdf/Bulletin%20n%C2%B03-2016-v4.pdf (consulté le 15 février 2021).
[30] Statistiques Tunisie (s.d.), Taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur, Institut National de la Statistique, http://dataportal.ins.tn/fr/DataAnalysis?s1UKSO42a0SPa1nWOc9Rw (consulté le 15 février 2021).
[41] Statistiques Tunisie et Banque Mondiale (2020), Carte de la pauvreté en Tunisie, Institut National de la Statistique, http://www.ins.tn/sites/default/files/publication/pdf/Carte%20de%20la%20pauvret%C3%A9%20en%20Tunisie_final.pdf (consulté le 15 février 2021).
[13] UNESCO (2014), Stratégie opérationnelle de l’UNESCO pour la jeunesse 2014-2021, UNESCO Digital Library, https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000227150_fre (consulté le 30 juillet 2020).
[47] UNFPA (2018), Stratégie nationale multisectorielle pour la promotion de la santé des adolescents et des jeunes en Tunisie, https://tunisia.unfpa.org/fr/news/strat%C3%A9gie-nationale-multisectorielle-pour-la-promotion-de-la-sant%C3%A9-des-adolescents-et-des-0.
[40] UNICEF (2020), Analyse de la situation des enfants en Tunisie, UNICEF, https://www.unicef.org/tunisia/media/2986/file/SITAN-11-2020.pdf (consulté le 15 février 2021).
[24] UNICEF et Ministère de l’Éducation nationale (2014), Tunisie : Rapport national sur les enfants non-scolarisés, https://www.unicef.org.tn/download/rapport-national-sur-les-enfants-non-scolarises/?wpdmdl=3396.
[4] Union Africaine (2006), Charte Africaine de la Jeunesse, https://www.un.org/fr/africa/osaa/pdf/au/african_youth_charter_2006f.pdf (consulté le 29 juillet 2020).
[54] Union Interparlementaire (2018), La représentation des jeunes dans les parlements nationaux – 2018, Union Interparlementaire.
[72] World Bank Group (dir. pub.) (2014), Tunisie - Surmonter les obstacles a l’inclusion des jeunes, http://documents1.worldbank.org/curated/en/120511468305646014/pdf/892330FRENCH0W0h0Inclusion000FRENCH.pdf (consulté le 15 février 2021).
[66] World Economic Forum (2019), Insight Report Global Gender Gap Report 2020 Terms of Use and Disclaimer, http://www3.weforum.org/docs/WEF_GGGR_2020.pdf (consulté le 4 août 2020).
Notes
← 1. Le ministère chargé des affaires de la jeunesse en Tunisie a eu de nombreuses dénominations. Il est plus communément connu sous le nom de ministère des Affaires de la Jeunesse et des Sports. Cependant, depuis septembre 2020, l’institution gère également le portefeuille de la formation professionnelle sous le titre de ministère des Affaires de la Jeunesse, des Sports et de l’Intégration Professionnelle. Pour surmonter les changements d’attributions et d’organisation, ce rapport utilisera la référence suivante : « ministère chargé des affaires de la jeunesse ».
← 2. En 2016, la Tunisie avait un taux de natalité de 19,4 pour 1000 habitants, un taux de mortalité de 5,5 pour 1000 habitants, un taux d’accroissement naturel de 1,39 pour 1000 habitants et un indice synthétique de fécondité de 2,31 enfants par femme (Institut National de la Statistique, 2020[74]).