Le présent chapitre explique pourquoi, sous l’effet de certaines mégatendances, dont la mondialisation, mais aussi l’évolution technologique et démographique, les compétences sont plus importantes que jamais pour réussir dans le monde actuel. Il se penche sur les incidences conjuguées de ces tendances : leurs implications sur les compétences indispensables pour réussir ; l’impératif d’une démarche d’apprentissage tout au long de la vie ; celui d’une plus grande équité des chances et des résultats ; celui encore d’une meilleure utilisation de la technologie pour apprendre.
Stratégie 2019 de l'OCDE sur les compétences
Chapitre 3. Les incidences des mégatendances sur les compétences
Copier le lien de Chapitre 3. Les incidences des mégatendances sur les compétencesAbstract
Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.
Le monde évolue vite et transforme les compétences indispensables pour réussir dans le monde actuel
Copier le lien de Le monde évolue vite et transforme les compétences indispensables pour réussir dans le monde actuelL’effet combiné de certaines mégatendances (progrès technologique, mondialisation, vieillissement démographique, migrations, etc.) multiplie et transforme les compétences indispensables à notre épanouissement professionnel et social. Les compétences dans lesquelles ils investissent et l’usage qu’ils en font peuvent aider les pays à surmonter les difficultés posées par ces mégatendances au regard de la croissance économique et du bien-être social, tout en tirant parti des possibilités transformatrices d’un grand nombre d’entre elles, pour construire un monde meilleur.
En 2012, l’OCDE s’est engagée dans un programme d’action ambitieux, cherchant à mieux comprendre ces tendances et leurs répercussions sur les compétences qui seront indispensables à notre réussite professionnelle et sociale. Il s’agit en outre d’établir par quels moyens et à quel moment développer et utiliser au mieux ces compétences pour faire avancer les objectifs économiques et sociaux des pays. Cette synthèse des principales incidences de ces mégatendances sur les compétences s’appuie sur les travaux suivants, entrepris par l’OCDE depuis 2012 :
l’Évaluation des compétences des adultes de l’OCDE
le projet de l’OCDE « Vers le numérique »
la base de données de l’OCDE sur des compétences pour l’emploi
la Stratégie de l’OCDE pour l’emploi 2018
L’initiative sur « l’Avenir du travail »
la Stratégie de l’OCDE pour l’innovation
le Cadre d’action de l’OCDE pour les politiques de croissance inclusive.
Sous l’effet des mégatendances, les compétences sont plus indispensables que jamais à la réussite économique et au bien-être social
Copier le lien de Sous l’effet des mégatendances, les compétences sont plus indispensables que jamais à la réussite économique et au bien-être socialBien choisir quelles compétences acquérir et en faire bon usage sont les clés de la réussite économique et du bien-être de chacun. En effet, les données recueillies par le biais de l’enquête PIAAC font ressortir une forte corrélation positive entre compétences et devenir professionnel. Les adultes hautement compétents ont tendance à avoir plus de chances de trouver un emploi et, lorsqu’ils sont employés, d’avoir un salaire plus élevé (OCDE, 2016[1]). Les compétences sont par ailleurs indispensables à la pleine participation des individus à la société, mais aussi à la cohésion sociale. Comme l’indique le Graphique 3.1, les personnes hautement compétentes ont davantage confiance, elles s’investissent plus dans le processus démocratique et la vie des collectivités, elles sont en meilleure santé (OCDE, 2016[2]).
L’effet conjugué des mégatendances nous force à monter en compétences tout au long de la vie et à en faire un meilleur usage. Un grand nombre de ces mêmes tendances donnent également à ceux qui possèdent les bonnes compétences la possibilité de prendre des initiatives en faveur d’économies et de sociétés meilleures. Des politiques appropriées, qui équipent chacun et chacune des compétences nécessaires pour s’épanouir dans notre monde en évolution rapide toujours plus interconnecté, peuvent transformer les difficultés en opportunités.
La transformation numérique
Les technologies de l’information et de la communication (TIC), les progrès de l’intelligence artificielle (IA) et la robotique sont en train de transformer nos modes de travail, de communication et de vie. Nous utilisons désormais presque tous des outils numériques, ordinateurs, terminaux de poche et autres tablettes au travail et au quotidien. En 2015, 57 % des travailleurs de l’Union européenne (UE28) se servaient régulièrement d’un ordinateur ou d’un terminal de poche pour le travail ; un bond en avant de 20 points de pourcentage en à peine dix ans (Eurofound, 2017[4]). Ceux qui n’ont pas recours aux TIC dans le cadre professionnel voient eux aussi la nature de leur travail changer à mesure que certaines tâches sont automatisées. À l’heure où les administrations publiques adoptent le numérique par souci d’efficacité et d’efficience, nous avons besoin de certaines compétences dans ce domaine pour accéder aux services publics, parfois même les plus élémentaires.
Le développement du numérique s’accompagne d’un énorme potentiel économique. Parce qu’elles peuvent engendrer des gains de productivité, les technologies numériques sont porteuses de croissance et de création d’emplois. Elles peuvent rendre des professions plus enrichissantes en débarrassant les travailleurs de certaines tâches répétitives, leur permettant ainsi de consacrer plus de temps à la résolution de problèmes, par exemple, ou encore à des activités de communication plus créatives et plus complexes. Les technologies numériques peuvent donner les moyens à des individus du monde entier de concrétiser beaucoup plus facilement leurs idées sur le marché, et stimulent ainsi l’activité entrepreneuriale. Les technologies numériques ont également favorisé l’essor de l’économie dite des « plateformes », qui a vu Airbnb, Baidu et autres Uber introduire de nouveaux modes de création de valeur, de travail et de vie en société.
Les nouvelles technologies sont aussi susceptibles de transformer les systèmes éducatifs et d’améliorer les résultats d’apprentissage. Quelques modèles pédagogiques utilisant ces nouvelles technologies sont parvenus à renforcer la collaboration, la participation, la motivation et les compétences des élèves (OCDE, 2016[5]). De la même manière, les plateformes et les laboratoires en ligne facilitent l’utilisation d’évaluations formatives et permettent un enseignement ciblé tout en réduisant le coût de l’accès aux services d’ordre éducatif. Cependant, les articulations entre élèves, ordinateurs et apprentissage ne sont ni simples ni innées (OCDE, 2015[6]). Les données du PISA ne révèlent aucune amélioration notable, en moyenne, des résultats des élèves en compréhension de l’écrit, en mathématiques ou en sciences dans les pays qui ont lourdement investi dans les TIC pour l’éducation. On note avec encore plus d’intérêt ce qui semble être une corrélation ténue entre l’acquisition de compétences numériques utiles (ex. savoir filtrer les sources d’information en fonction de leur intérêt et de leur fiabilité) et l’intensité d’utilisation de l’internet dans les écoles (OCDE, 2015[6]).
En même temps, les conséquences du développement du numérique font peur pour les perspectives d’emploi, mais aussi pour la protection de la vie privée et la sécurité personnelle. L’automatisation transformera de nombreux emplois et en fera disparaître de nombreux autres. Les technologies et les médias numériques facilitent également la dissémination de nouvelles en tous genre, y compris de fausses nouvelles, nous font craindre le vol de données et l’usurpation d’identité, exposent les jeunes du monde entier au risque de harcèlement en ligne.
Les incidences de la transformation numérique sur les compétences nécessaires à la réussite économique
Une étude de l’OCDE à partir du PIAAC indique que, en moyenne dans les pays participants, les emplois d’environ 14 % des travailleurs seront automatisés, tandis que 32 % verront leurs emplois considérablement transformés par l’automatisation (Graphique 3.2) (Nedelkoska and Quintini, 2018[7]).
L’incertitude règne cependant quant aux répercussions de la technologie sur les besoins en compétences de l’emploi de demain. Des éléments concrets récents indiquent que l’écart entre ce que demande un emploi et ce qu’une machine est capable de faire est en train de se résorber. Par exemple, 62 % des travailleurs des pays membres de l’OCDE se servent de leurs compétences à l’écrit dans leur quotidien professionnel, mais à un niveau que les ordinateurs sont déjà en passe de reproduire (Elliott, 2017[8]).
Les estimations du nombre d’emplois potentiellement automatisables ne correspondront peut-être pas au nombre d’emplois qui seront automatisés, l’adoption de ce type de technologie économe en main-d’œuvre dépendant de plusieurs facteurs, notamment juridiques, éthiques et sociaux, mais aussi de la disponibilité des compétences demandées par la technologie elle-même.
Dans tous les cas, les compétences demandées par les nouveaux emplois sont différentes de celles requises par les emplois en passe de disparaître. Des éléments concrets récents de la base de données de l’OCDE sur les compétences pour l’emploi (Encadré 3.1) (OCDE, 2017[9]) indiquent que la demande de compétences cognitives supérieures (expression écrite et orale, raisonnement et résolution de problèmes complexes) a augmenté en dix ans, alors que la demande d’aptitude aux tâches répétitives et physiques a considérablement diminué (Graphique 3.3).
Encadré 3.1. La base de données de l’OCDE sur les compétences pour l’emploi
Copier le lien de Encadré 3.1. La base de données de l’OCDE sur les compétences pour l’emploiLa base de données de l’OCDE sur les compétences pour l’emploi est un outil incontournable pour évaluer et anticiper les besoins en compétences. Elle enregistre l’évolution des déséquilibres de compétences, c’est-à-dire des pénuries et des excédents. Pour cela, elle s’appuie sur des indicateurs de performance détaillés par profession, ainsi que sur une taxonomie des compétences requises par métier. Le degré de « tension du marché du travail » pour chaque profession dans chaque pays est calculé à partir de cinq mesures de la performance comparant, par rapport à la moyenne nationale, les courbes à long terme de la profession en matière de salaires, d’heures de travail, d’emploi, de chômage et de sous-qualification. Une performance supérieure à la moyenne pour chacun de ces résultats est interprétée comme un signe de tension ; inversement, une performance inférieure à la moyenne est interprétée comme un signe d’excédent. Après normalisation, les cinq mesures de performance relative sont agrégées en un seul indice de déséquilibre pour chaque profession. En seconde étape, l’indice de déséquilibre est mis en correspondance avec la demande de compétences de chaque profession, selon une taxonomie courante (O*NET), puis agrégé au niveau national.
Source : OCDE (2018[10]), base de données de l’OCDE sur les compétences pour l’emploi (2018), www.oecdskillsforjobsdatabase.org.
L’évolution de la demande de compétences déclenchée par le développement du numérique ouvre de nouvelles possibilités pour certains travailleurs, alors que d’autres sont précarisés. Les plus qualifiés ont plus de chances d’y trouver leur compte étant donné que leurs compétences sont complémentaires de la technologie et qu’ils peuvent exécuter des tâches non répétitives. Inversement, les moins qualifiés occupent plus souvent des emplois menacés par l’automatisation, mais aussi par la concurrence de plus en plus intense des travailleurs moyennement qualifiés dont les emplois ont été les plus touchés par la transformation numérique (Green, à paraître[11]).
C’est ainsi qu’un grand nombre de pays ont vu leur marché du travail se polariser au cours des vingt dernières années : la proportion d’emplois très qualifiés et, dans une certaine mesure, d’emplois peu qualifiés, a augmenté alors que les emplois moyennement qualifiés se sont raréfiés (Graphique 3.4) (OCDE, 2017[12]).
Il est également possible que la transformation numérique creuse les inégalités entre les villes/régions, les nouveaux emplois n’étant pas forcément créés là où d’autres ont été détruits. Les éléments concrets en provenance des États-Unis indiquent que les nouveaux emplois à forte composante informatique depuis les années 1980 ont fait leur apparition principalement dans les zones urbaines, où la concentration de travailleurs hautement qualifiés est généralement beaucoup plus forte (Berger and Frey, 2016[14]). En même temps, la technologie facilite l’adoption de pratiques professionnelles qui tirent parti des TIC, comme le télétravail.
Les incidences de la transformation numérique sur les compétences indispensables à l’amélioration du bien-être
Les TIC sont plus qu’une infrastructure facilitant l’accès à l’information et aux services, privés et publics. Elles influent sur nos modes d’interaction, de communication, d’information, d’apprentissage, d’achat de biens, de participation au processus démocratique, de loisir. Le commerce électronique retentit sur le comportement et l’emploi du temps des consommateurs ; il est également en train de transformer le secteur de la distribution. Le temps que nous passons penchés sur nos terminaux de poche et les répercussions éventuelles de ce comportement sur notre vie sociale et notre bien-être sont devenus des sujets fondamentaux.
Par conséquent, il devient essentiel que les individus acquièrent des compétences adéquates pour accéder à l’information, la filtrer et l’assimiler, pour exécuter certaines tâches sur l’internet et pour tirer parti des possibilités nouvelles offertes par l’ère du numérique. En même temps, une forte prise de conscience s’impose pour protéger la vie privée en sécurisant les données. À condition que nous possédions les compétences nécessaires, le développement du numérique nous offre d’importantes possibilités de diffusion du savoir, mais aussi d’investissement personnel accru dans le bien collectif, y compris dans le domaine politique et dans celui des services publics.
Les compétences sont en train de devenir un déterminant majeur de la fracture numérique. À l’heure où l’accès à l’internet s’est étendu à une large proportion de la population, la fracture numérique est de plus en plus marquée par le type d’activités en ligne des citoyens et par les conséquences de ces activités, par exemple sur les plans de la sécurité, de la protection de la vie privée et du bien-être. Ces conséquences sont principalement dictées par nos compétences (Scheerder, van Deursen and van Dijk, 2017[15]).
Les jeunes sont les plus grands utilisateurs d’outils numériques. En moyenne dans les pays membres de l’OCDE, en 2015, les élèves passaient plus de deux heures par jour en ligne après l’école, et plus de trois heures par jour le week-end (OCDE, 2018[16]). Grâce aux technologies numériques, ils peuvent développer leurs relations personnelles et leurs réseaux. On a constaté que l’activité sur les réseaux sociaux dominait les loisirs des adolescents dans tous les pays membres de l’OCDE, suivie par les dialogues en ligne (OCDE, 2018[16]). Plus de la moitié des filles et garçons de 15 ans ont déclaré avoir du mal à se passer de l’internet. Or, si la technologie a ses bienfaits, elle peut aussi exposer les jeunes à certains dangers, dont le harcèlement en ligne.
Des politiques en matière de compétences peuvent aider chacun et chacune d’entre nous à profiter du développement du numérique au quotidien, en des temps où l’usage impropre de ces technologies peut mettre en péril les relations humaines, voire nuire à la démocratie.
La mondialisation et les chaînes de valeur mondiales
Une nouvelle phase de mondialisation a débuté dans les années 1990. Les technologies de l’information et de la communication, la libéralisation des échanges commerciaux et la baisse du coût des transports ont permis aux entreprises et aux pays de fragmenter la production en chaînes de valeur mondiales (CVM) : les produits sont conçus dans un pays, fabriqués dans un autre et assemblés dans un autre encore. Pour tirer parti des avantages des CVM, les pays doivent mettre en œuvre des politiques judicieuses, qui favorisent l’acquisition des compétences dont leurs populations ont besoin pour prospérer en cette ère nouvelle.
Les CVM sont utilisées à très grande échelle, comme en attestent les échanges en valeur ajoutée, qui distinguent la valeur ajoutée aux exportations dans le pays de destination de celle ajoutée dans le pays d’origine. En moyenne, dans les pays membres de l’OCDE, près de 40 % de la valeur des produits manufacturés exportés et 20 % de la valeur des services aux entreprises exportés sont ajoutés à l’étranger (Graphique 3.5).
Les CVM donnent aux travailleurs la possibilité d’utiliser leurs compétences à l’international et aux entreprises celle de s’investir dans des processus de production qu’elles ne pourraient peut-être pas entreprendre seules. Par conséquent, la demande de certaines compétences peut diminuer à mesure que certaines tâches et activités sont délocalisées, créant ainsi un risque de modération ou de baisse des salaires, voire de chômage de courte durée. À long terme, cependant, la délocalisation permet aux entreprises de se réorganiser et alimente des gains de productivité parfois porteurs de création d’emplois.
Le développement du numérique a eu tendance à amplifier la participation aux CVM et a influencé la demande de compétences en rendant possible la segmentation des tâches pour faciliter leur délocalisation. En même temps, l’effet conjugué de l’intégration mondiale croissante et du développement du numérique stimule l’entrepreneuriat.
Les implications des CVM pour les compétences indispensables à la réussite économique
Les coûts et les avantages des CVM sont complexes. Les CVM multiplient les liens entre les pays, accentuant ainsi l’incertitude autour de la demande de compétences. La compétitivité d’un pays peut faire les frais de changements de politiques chez ses partenaires commerciaux, ce qui ne fait que rendre encore plus opaque l’évolution de la demande de compétences. Dans ce contexte, il est impératif de mettre en place des systèmes d’évaluation et d’anticipation des compétences permettant aux pays d’être réactifs à l’évolution du marché du travail et de la demande de compétences (OCDE, 2016[18]).
La participation aux CVM peut entraîner des gains de productivité, mais à condition que le stock de compétences du pays soit adéquat (OCDE, 2017[12]). Les stocks de compétences des pays et leurs politiques en la matière peuvent dicter leur spécialisation dans les CVM, ainsi que leurs possibilités de spécialisation dans les services complexes aux entreprises, les industries manufacturières de haute technologie et autres secteurs pointus.
Par ailleurs, l’investissement dans les compétences (et dans des systèmes d’anticipation de la demande de compétences) peut servir de garde-fou contre d’éventuels effets néfastes des CVM sur l’emploi et contre les inégalités pour au moins trois raisons :
Les emplois exigeant un niveau de qualifications élevé sont moins exposés au risque de délocalisation, bien que cela soit de moins en moins vrai.
L’utilisation de certains types de compétences dans leur emploi (ex. celles liées à des tâches non répétitives et des tâches demandant un contact humain) rend les travailleurs moins vulnérables à la délocalisation.
Le développement des compétences des travailleurs dans les petites et moyennes entreprises aide ces dernières à forger des liens avec les multinationales et à profiter des chaînes de valeur mondiales.
Le vieillissement démographique
La baisse des taux de fécondité et l’allongement de l’espérance de vie se traduisent par le vieillissement de la population dans un grand nombre de pays membres de l’OCDE. D’après le Graphique 3.6, le rapport de dépendance économique des personnes âgées (le rapport entre les personnes âgées et la population d’âge actif) devrait augmenter considérablement à l’horizon 2050 dans la majorité des pays membres de l’OCDE et causer un glissement de la composition de la main-d’œuvre, des jeunes travailleurs vers les seniors (OCDE, 2017[19]).
Des prévisions récentes indiquent que ces évolutions démographiques abaisseront le niveau de vie dans un grand nombre de pays membres de l’OCDE (Guillemette and Turner, 2018[21]). Premièrement, selon les estimations, la hausse du rapport de dépendance économique des personnes âgées devrait soustraire environ un quart de point de pourcentage de la croissance du produit intérieur brut (PIB) par habitant dans les pays membres de l’OCDE entre 2018 et 2030. Deuxièmement, le vieillissement démographique pèse aussi sur le taux d’emploi global (l’emploi en pourcentage de la population d’âge actif) parce que le taux d’emploi des seniors est généralement inférieur à celui des quinquagénaires. Troisièmement, parce que le vieillissement démographique exigera un plus gros investissement dans les systèmes de santé et de retraite, d’autres domaines de l’action publique seront mis sous tension financière, dont ceux liés à l’acquisition et à l’utilisation des compétences.
Ces évolutions démographiques donnent toute son importance à l’investissement dans les compétences de la main-d’œuvre d’aujourd’hui et de demain. Les demandes de remplacement seront probablement une source cruciale d’offres d’emploi dans la plupart des pays membres de l’OCDE pendant les dix prochaines années ; en effet, avec le départ à la retraite d’une importante cohorte de la génération du boum des naissances, la main-d’œuvre qualifiée risque de manquer. En même temps, la diminution de l’effectif total devra être compensée par une hausse de la productivité. Cela incitera encore à garantir l’acquisition de compétences correspondant aux besoins des métiers recherchés et de celles qui stimulent la productivité et l’innovation.
Une société qui vieillit peut aussi causer une évolution des préférences des consommateurs et entraîner ainsi la redistribution de la main-d’œuvre et des ressources entre les secteurs et les professions - en particulier pour les éloigner des produits durables et les rapprocher des services. Les compétences recherchées sur le marché du travail évolueront elles aussi en conséquence.
Les incidences du vieillissement démographique sur les compétences indispensables à la réussite économique
Puisque la population vieillit, la croissance économique dépendra davantage de la croissance de la productivité et de la hausse des taux d’activité, en particulier des femmes et des seniors. Les gains de productivité, vecteur essentiel de l’amélioration du niveau de vie à long terme, sont en perte de vitesse depuis quelques décennies dans de nombreuses économies avancées. Ce ralentissement s’est plus récemment étendu aux économies émergentes (Graphique 3.7).
L’augmentation de la croissance de la productivité d’un pays dépend en très grande partie de sa capacité d’innovation et d’adoption de nouvelles technologies, qui suppose un vivier de talents hautement qualifiés. Ces travailleurs ont tendance à être plus productifs, mais aussi à faciliter l’introduction et la dissémination de technologies de rationalisation et de nouveaux modes de travail dans les entreprises (Hanushek and Woessmann, 2010[23]) (OCDE, 2011[24]). Alors que l’entrée de travailleurs hautement qualifiés sur le marché a considérablement amélioré la productivité de la main-d’œuvre en 50 ans, on anticipe un ralentissement du taux d’augmentation du stock de capital humain (Braconier, Nicoletti and Westmore, 2015[25]). Dans ce contexte, il importera de plus en plus que les pays sachent valoriser les compétences de la main-d’œuvre en place et distribuer efficacement le stock de capital humain. L’allongement de la vie active augmentera également l’importance de la formation permanente. Les politiques publiques en matière de compétences devront faire bénéficier les travailleurs de chances égales de valoriser leurs compétences, en particulier les travailleurs peu qualifiés et les seniors ; elles devront aussi mieux reconnaître les compétences acquises tout au long de la vie.
La productivité globale dépend non seulement du niveau de compétence, mais aussi de l’adéquation entre la demande et l’offre de compétences : moins l’adéquation est bonne, moins la distribution des ressources est efficiente. D’importants gains de productivité de la main-d’œuvre sont possibles quand les compétences des travailleurs sont mieux appariées aux besoins des emplois (Adalet McGowan and Andrews, 2015[26]). La réduction de l’inadéquation des compétences élargit le vivier de main-d’œuvre utile dans lequel les entreprises peuvent puiser des travailleurs, leur permettant ainsi d’innover et de se développer (Graphique 3.8). Des politiques visant à mieux apparier les compétences seront cruciales pour tirer pleinement parti des progrès technologiques et augmenter la croissance de la productivité.
Les incidences du vieillissement démographique sur les compétences indispensables à l’amélioration du bien-être
Le vieillissement démographique retentira sur les compétences indispensables à l’économie et sur celles dont les personnes âgées auront besoin pour une réelle participation à la société. Le ralentissement de la croissance du capital humain force à faire en sorte qu’un plus grand nombre de personnes atteignent les hauts niveaux de compétence recherchés, qui seront également nécessaires pour stimuler la productivité.
Une population vieillissante fera augmenter la demande de certains produits et services – dont les soins de santé et les services à la personne - qui contribueront à son bien-être et faciliteront sa participation à la société. Cela se répercutera à son tour sur les types de compétences qui seront recherchées sur le marché du travail.
L’allongement de la longévité s’accompagnera d’une demande accrue, de la part des personnes âgées elles-mêmes, de formation aux compétences qui leur permettront de participer pleinement à la société, dont celles qui facilitent la participation sociale et l’accès aux services publics de base dans un monde numérique.
Les migrations
Les flux migratoires augmentent depuis quelques décennies et ont peu de chance de diminuer compte tenu des profonds déséquilibres démographiques et économiques, des conflits en cours et du changement climatique. En 2017, environ 258 millions de personnes dans le monde vivaient hors de leur pays natal, et pour environ la moitié d’entre elles dans la zone OCDE (OCDE, 2018[27]). L’intensification des migrations a été rapide : entre 1990 et 2017, le nombre total d’immigrés internationaux a augmenté de 69 % (Graphique 3.9) (OCDE, 2019[28]).
Les réfugiés constituent une proportion importante et grandissante des allochtones dans de nombreux pays. Beaucoup peinent à s’intégrer sur le marché du travail et dans la société.
Les migrations rendent les sociétés plus diverses et ont d’importantes conséquences économiques. En règle générale, elles font augmenter la population d’âge actif et les immigrés contribuent à la croissance économique et au progrès technologique à long terme, à condition toutefois que leurs compétences ne soient pas sous-utilisées.
Les incidences des migrations sur les compétences indispensables à la réussite économique
Les immigrés font augmenter l’offre de compétences dans un grand nombre de pays de destination. Le nombre d’immigrés diplômés du supérieur dans les pays membres de l’OCDE a progressé de 70 % entre 2000 et 2010, soit une hausse nettement supérieure à celle des personnes nées dans le pays (OCDE, 2017[12]). D’autre part, il est à craindre que le niveau de compétence des immigrés ne corresponde pas toujours aux diplômes qu’ils possèdent, comme tendent à le confirmer des données empiriques (Sharaf, 2013[30]; Li and Sweetman, 2013[31]).
Les immigrés peuvent répondre à des besoins dans des créneaux importants à la fois dans des secteurs de l’économie en évolution rapide et en déclin (OCDE, 2014[32]). L’immigration contribue à stimuler l’innovation et à doper la croissance économique. On constate également que les immigrés ont un esprit d’entreprise plus prononcé que les citoyens nés dans le pays. Dans la zone OCDE, les travailleurs indépendants représentent 12 % des immigrés occupés, soit une proportion qui est supérieure à celle observée chez les natifs occupés (OCDE/UE, 2018[33]).
Les immigrés peuvent aussi être une source d’idées nouvelles et apporter de nouveaux réseaux dans les pays d’accueil. Une étude réalisée au Royaume-Uni constate que les entreprises dont les propriétaires sont originaires d’un autre pays sont plus susceptibles de commercialiser de nouveaux produits et services et de vendre sur le marché international que celles dont les propriétaires sont exclusivement natifs du Royaume-Uni (Nathan and Lee, 2013[34]). Qui plus est, en éliminant les barrières informationnelles et culturelles entre leur pays d’origine et leur pays d’accueil, les immigrés peuvent créer de nouvelles possibilités d’échanges commerciaux et stimuler l’investissement direct étranger (OCDE, 2017[12]).
Certains pays, notamment en Europe orientale, voient partir un nombre important de citoyens qualifiés vers des pays d’Europe occidentale et d’ailleurs offrant de meilleures perspectives d’emploi. Ce phénomène aggrave la crise des compétences dans les pays d’origine à la population vieillissante. Par conséquent, alors que certains pays connaissent des déficits de compétences exacerbés par l’émigration, d’autres, les pays de destination, enregistrent des gains de compétences.
En même temps, de nombreux pays membres de l’OCDE - en Europe surtout - ont accueilli un nombre important d’immigrés relativement peu qualifiés. Ce phénomène intervient alors même que la demande de compétences dans ces économies est généralement en hausse. Parmi les pays qui avaient accueilli d’importants effectifs de travailleurs migrants peu qualifiés avant la crise économique mondiale - par exemple la Grèce, l’Italie et l’Espagne - beaucoup comptent aujourd’hui une forte population d’adultes peu qualifiés sans emploi. Les immigrés peu qualifiés ont en particulier été durement frappés par le chômage, ce qui pose la question de leur employabilité.
Les conséquences des migrations pour les compétences indispensables à l’amélioration du bien-être
Des établissements scolaires performants peuvent aider les jeunes immigrés et réfugiés à comprendre la nouvelle société dans laquelle ils évoluent, à s’y adapter et à l’adopter (OCDE, 2018[27]). Inversement, à défaut de soutien et de direction, les établissements d’enseignement risquent d’accentuer les clivages et d’exacerber la marginalisation et l’exclusion. Les adultes immigrés ont, quant à eux, besoin de systèmes ciblés de formation pour adultes pour les accompagner dans l’apprentissage d’une nouvelle langue et l’acquisition de compétences complémentaires qui leur permettront de devenir des membres de la société à la fois productifs et mobilisés.
Il importe de comprendre les conséquences des migrations pour influencer de manière constructive les débats sur leur rôle dans la société. À leur tour, ces débats sont indispensables à la formulation de politiques publiques, dans des domaines comme l’éducation et l’emploi, qui maximisent les retombées positives de l’immigration, notamment en améliorant la situation des immigrés au regard de l’emploi (OCDE, 2014[32]). Par exemple, les structures d’évaluation et de validation des compétences acquises dans les pays d’origine sont importantes pour aider les immigrés à trouver des emplois adéquats et par conséquent à s’intégrer plus facilement.
Les mégatendances ont un certain nombre d’incidences majeures sur les compétences dont les pays auront besoin, mais aussi sur la répartition, le développement et l’utilisation des compétences
Copier le lien de Les mégatendances ont un certain nombre d’incidences majeures sur les compétences dont les pays auront besoin, mais aussi sur la répartition, le développement et l’utilisation des compétencesQuelles compétences pour l’avenir ?
Dans un monde de mutations rapides et d’incertitude, gouvernements, citoyens, entreprises et syndicats devront tous assumer une plus grande part de responsabilité pour assurer l’acquisition et le développement de compétences tout au long de la vie. En s’investissant davantage dans leur formation, les individus protégeront leur emploi et leur participation à la société. Un large éventail de connaissances, de compétences, d’attitudes et de valeurs fera d’eux des travailleurs plus compétents et des citoyens plus investis. Les gouvernements peuvent jouer un rôle important en favorisant la formation permanente afin d’atténuer l’inégalité des chances tout au long de la vie.
L’acquisition de compétences utiles suppose celle de connaissances, de qualifications, d’attitudes et de valeurs pour satisfaire des demandes complexes. Parmi les connaissances, qualifications, attitudes et valeurs qui seront de plus en plus indispensables à la réussite professionnelle et personnelle :
Les compétences de base, dont l’écrit, les mathématiques et la culture numérique, qui devront être maîtrisées à un haut niveau pour permettre à chacun et chacune de s’adapter à l’évolution de leur milieu professionnel et de la société. Armés de bases solides, ils seront mieux placés pour acquérir de nouvelles connaissances et d’autres compétences (ex. analytiques, sociales et émotionnelles). Ils seront également disposés à continuer d’apprendre tout au long de leur vie.
Les compétences cognitives et métacognitives transversales, comme la pensée critique, la résolution de problèmes complexes, la pensée créative, apprendre à apprendre et l’autodiscipline sont nécessaires non seulement pour relever les défis de l’avenir, mais aussi pour transformer l’avenir et le rendre meilleur.
Les compétences socio-émotionnelles, à savoir le souci du travail bien fait, la responsabilité, l’empathie, la perception de ses propres capacités et la collaboration, qui contribuent à des sociétés plus bienveillantes et plus tolérantes.
Les connaissances et les compétences professionnelles, techniques et spécialisées indispensables à certaines professions, mais dont le potentiel de transfert est suffisant pour qu’elles puissent être appliquées à d’autres domaines, nouveaux mais encore inconnus.
La majorité des systèmes de compétences - y compris non seulement l’éducation formelle, mais aussi l’apprentissage non formel et informel dans les familles, les collectivités et les lieux de travail - ont du mal à préparer les élèves pour l’avenir dans un monde très imprévisible, d’autant plus que les systèmes éducatifs continuent de dispenser un enseignement généralisé de compétences cognitives de plus en plus faciles à automatiser.
Les pays membres de l’OCDE se trouvent également confrontés à la problématique des compétences dont ils devraient équiper les élèves pour les préparer à un monde en évolution. Le projet Éducation 2030 met en exergue les initiatives courantes visant à identifier les « compétences transformatives » qui aideront les jeunes à être plus inventifs et plus responsables dans un monde complexe, ainsi que les moyens d’intégrer ces compétences dans les programmes d’enseignement scolaire (OCDE, 2018[35]).
L’impératif de l’apprentissage tout au long de la vie
La rapidité d’évolution du monde du travail et des sociétés pousse les pays à redéfinir les objectifs des politiques en matière de compétences, ainsi que leur contribution au développement permanent des compétences de chacun et chacune.
L’éducation a jusqu’à présent consisté en une période d’acquisition de compétences et de spécialisation pendant l’enfance et la jeunesse. Après cette période, chacun améliorait marginalement ses compétences dans le milieu professionnel, en apprenant dans un cadre formel, non formel ou informel. Ce modèle est de moins en moins viable dans un monde de mutations technologiques, économiques et sociétales rapides, exigeant des individus qu’ils apprennent à apprendre et qu’ils s’adaptent à un paysage en évolution constante. L’apprentissage des adultes revêt une importance cruciale.
Les adultes qui se forment peuvent se perfectionner et se recycler en fonction de l’évolution des demandes du marché du travail. Pourtant, selon les données du PIAAC, 41 % seulement des adultes interrogés dans les pays membres de l’OCDE participant à l’enquête, suivent une formation formelle ou non formelle au cours d’une année donnée. Qui plus est, les adultes qui bénéficieraient le plus de l’éducation et de la formation, par exemple les travailleurs peu qualifiés, ceux dont l’emploi est menacé d’automatisation et les chômeurs de longue durée sont ceux qui sont le moins susceptibles de se former. Une autre catégorie importante, celle des personnes qui travaillent pour leur propre compte, des intérimaires et des travailleurs à temps partiel est souvent sous-représentée dans les chiffres d’apprentissage des adultes. La formation permanente des adultes dans un large éventail de domaines doit être en tête des priorités des pouvoirs publics, des employeurs, des partenaires sociaux et des prestataires de formation pour adultes qui souhaitent contribuer à un avenir du travail à la fois plus productif et plus ouvert.
Jusqu’à présent, très peu de pays ont appliqué des politiques de formation permanente efficaces et la plupart d’entre eux ont principalement ciblé les adultes déjà très qualifiés. Mobiliser les 59 % d’adultes qui ne suivent aucune formation est une mission ardue pour toutes les parties prenantes, car la grande majorité d’entre eux ne sont ni intéressés ni motivés dans ce sens. Dans les pays membres de l’OCDE participant à l’enquête PIAAC, 48 % des adultes ne suivent pas et ne souhaitent pas suivre de formation pour adultes au cours d’une année donnée. L’apprentissage des adultes étant l’un des principaux leviers pour préparer la main-d’œuvre à l’évolution des compétences, il faudra à tout prix trouver des moyens efficaces de motiver ce public. L’absence de motivation est particulièrement prononcée chez les travailleurs peu qualifiés et s’explique probablement par un mélange de mauvaise attitude vis-à-vis de l’apprentissage, d’ignorance des avantages possibles de la formation, d’idée que les obstacles actuels à la formation sont insurmontables.
De meilleures politiques publiques sont nécessaires pour encourager de nouveaux modèles de gouvernance, des dispositifs de gestion de l’information et de financement qui tiennent compte du rôle des différents acteurs, afin qu’une plus grande place soit faite aux établissements d’enseignement et aux cadres d’apprentissage non traditionnels. L’action publique doit aussi se préoccuper des adultes désireux de continuer d’apprendre, mais qui se heurtent à divers obstacles. En moyenne, 33 % des adultes qui suivent une formation liée à l’emploi souhaitent pousser leurs études plus loin, mais ne le font pas pour différentes raisons. De même, 11 % des adultes qui ne suivent de formation liée à l’emploi souhaiteraient apprendre.
Enfin, parce qu’une grande partie de la formation a lieu au travail ou par le biais du travail, la participation des employeurs à la conception, à la mise en œuvre et au financement des initiatives de développement des compétences est essentielle pour assurer le succès des systèmes d’apprentissage des adultes. L’intervention des PME dans ces systèmes est particulièrement importante étant donné qu’elles constituent la vaste majorité des entreprises dans le monde entier ; elle est toutefois problématique en raison de leurs capacités plus limitées à planifier, financer et délivrer des formations.
La transformation des systèmes éducatifs en systèmes d’apprentissage tout au long de la vie suppose une transition, des modèles d’enseignement concentrés sur les premiers stades (primaire, secondaire, supérieur) vers des modèles d’apprentissage qui investissent aussi considérablement dans l’éducation et l’accueil des jeunes enfants et dans l’apprentissage des adultes.
L’importance d’adopter une démarche d’apprentissage tout au long de la vie, et les moyens possibles à cet effet, sont abordés au chapitre 4 Acquérir des compétences utiles tout au long de la vie et au chapitre 6 Renforcer la gouvernance des systèmes de compétences.
L’impératif de créer une plus grande équité des opportunités et des retombées
Les différences de niveau de compétence selon les catégories de population sont un important facteur d’inégalités et nuisent à la cohésion sociale (OCDE, 2015[36]). Selon les données des enquêtes PISA et PIAAC, les différences de situation socio-économique contribuent à creuser l’écart de compétences entre les âges de 15 et 27 ans, en particulier parmi les élèves moins performants (Borgonovi et al., 2017[37]).
La concentration de retombées insatisfaisantes dans certaines catégories de population, par exemple les personnes issues de milieux modestes et les immigrés, peut être source de marginalisation et de tensions. Des niveaux moyens de compétences élevés ne sont pas adéquats, car ils peuvent masquer des différences sous-jacentes entre les groupes. En matière de niveau de formation et de compétence, il est essentiel de viser activement l’équité et la qualité pour veiller à ce que chacun et chacune puisse participer pleinement à l’économie et à la société. Comme l’indiquent toutes les enquêtes internationales, ces objectifs ne sont pas exclusifs l’un de l’autre (OCDE, 2013[38]; OCDE, 2016[1]).
Réduire les disparités femmes-hommes dans les retombées des compétences
Des mesures visant à réduire les inégalités des chances parmi les enfants et les établissements scolaires sont importantes pour veiller à ce que tous les jeunes adultes soient munis des compétences indispensables à leur réussite professionnelle, qui leur permettront de tirer parti de l’impact de la technologie dans un monde du travail en mutation. De telles mesures doivent s’adresser aux publics les plus vulnérables dans nos sociétés : les jeunes ayant quitté prématurément le système éducatif ; les jeunes sans emploi et sortis du système éducatif ; les jeunes chômeurs ; les chômeurs de longue durée ; les adultes peu qualifiés. Pour abattre les barrières à l’apprentissage des adultes, en particulier des individus peu qualifiés, une action sur plusieurs fronts s’impose : encourager davantage l’investissement dans la formation ; mettre en place des mécanismes permettant la portabilité des droits de formation d’un employeur à un autre ; motiver et éliminer certaines contraintes, notamment les contraintes de temps.
La dimension sexospécifique mérite une attention particulière. La Recommandation du Conseil de l'OCDE sur l'égalité entre hommes et femmes en matière d'éducation, d'emploi et d'entrepreneuriat de 2013 préconise de promouvoir l’égalité entre hommes et femmes en matière d’éducation en faisant en sorte que les garçons et les filles aient un même accès à un enseignement de qualité, des droits égaux, les mêmes possibilités de mener à terme leur scolarité et les mêmes choix en matière d'éducation (OCDE, 2017[39]).
Le PISA 2015 fait ressortir que les garçons et les filles font désormais jeu égal en sciences. Or, des différences en faveur des garçons se révèlent parmi les élèves les plus performants, tandis que les filles sont plus ou moins absentes parmi les moins performants. Ces différences s’ajoutent aux disparités filles-garçons, une fois de plus en faveur des garçons, parmi les élèves les plus performants en mathématiques ; disparités renforcées par le fait qu’un grand nombre de filles ont une perception négative de leurs capacités en mathématiques et expriment des niveaux élevés d’anxiété vis-à-vis de cette matière (OCDE, 2015[40]).
Cette situation peut avoir des conséquences graves, non seulement pour l’enseignement supérieur, où les jeunes femmes sont déjà sous-représentées en sciences, en technologie, en ingénierie et en mathématiques (les disciplines STIM), mais aussi lors de leur entrée sur le marché du travail. En 2015, les femmes ne constituaient pas plus de 30 % de tous les étudiants obtenant un diplôme d’études supérieures en sciences naturelles, ingénierie et TIC dans toute la zone OCDE (OCDE, 2017[12]). Qui plus est, les femmes représentent 20 % seulement des diplômés de l’enseignement supérieur dans les disciplines en lien avec les TIC, particulièrement appropriés à l’ère du numérique.
Les décideurs des pays membres de l’OCDE prennent de plus en plus conscience des stéréotypes féminins imposés à l’école et à la maison, et de leurs éventuelles répercussions sur les choix d’éducation et de carrière. Aussi, un grand nombre de pays ont pris des mesures pour lutter contre ces stéréotypes et continuer de combler l’écart.
Mettre fin au creusement des inégalités de revenu
Problème marquant de notre époque, les inégalités de revenu fragilisent le soutien à la mondialisation, voire la confiance dans nos institutions démocratiques. En trente ans, ces inégalités de revenu se sont creusées dans les pays membres de l’OCDE où les plus hauts revenus ont rapidement augmenté, tandis que les plus faibles sont restés au point mort (OCDE, 2017[41]). Dans ces mêmes pays, les 10 % les plus riches avaient un revenu sept fois supérieur à celui des 10 % les moins riches au milieu des années 1980 ; au milieu des années 2010, la différence était passée de sept à dix. Le coefficient de Gini de la zone OCDE a augmenté pendant la même période. La situation est plus contrastée dans les pays émergents : depuis les années 1990, les inégalités de revenu se sont creusées en Afrique du Sud et en Chine, mais elles se sont résorbées, bien qu’à partir de niveaux très élevés, dans plusieurs grandes économies d’Amérique latine, comme le Chili et le Mexique.
Le creusement des inégalités de revenu traduit en partie la demande de travailleurs très qualifiés sous l’impulsion de l’évolution technologique et de la mondialisation (Card and Dinardo, 2002[42]; Goldin and Katz, 2007[43]; Acemoglu and Autor, 2011[44]). Pour lutter contre les inégalités, les politiques en matière de compétences doivent aider les individus à acquérir celles qui sont les plus recherchées. Une attention particulière doit être accordée au relèvement du niveau d’aptitude des travailleurs peu qualifiés, qui ont besoin de possibilités d’acquérir des compétences, de les entretenir et de les perfectionner afin de réduire le risque d’être enfermés dans un cycle d’emplois de mauvaise qualité et de chômage, mais aussi pour pouvoir répondre à la demande sans cesse changeante de compétences pour les emplois actuels et futurs. Cet objectif est particulièrement difficile à atteindre étant donné que les travailleurs peu qualifiés ont tendance à moins suivre de formations (OCDE, 2016[1]). Ils peuvent être encouragés à apprendre par le biais de formations en cours d’emploi destinées spécifiquement aux travailleurs peu qualifiés et les compétences acquises par l’expérience peuvent être validées.
L’importance de favoriser une plus grande équité des chances et des retombées des compétences, ainsi que les moyens d’y parvenir, sont traités de manière plus approfondie au chapitre 4 Acquérir des compétences utiles tout au long de la vie, au chapitre 5 Utiliser efficacement les compétences dans le cadre professionnel et social et au chapitre 6 Renforcer la gouvernance des systèmes des compétences.
L’impératif d’une meilleure utilisation de la technologie pour apprendre
Les Perspectives de l’OCDE sur les compétences 2019 (OCDE, 2019[45]) préconisent une meilleure utilisation de la technologie pour apprendre. Les nouvelles technologies peuvent améliorer l’apprentissage et faciliter l’acquisition de compétences utiles au 21e siècle. Un grand nombre de nouvelles méthodes pédagogiques intègrent les nouvelles technologies. Les outils numériques favorisent un enseignement personnalisé, qui permet aux élèves de progresser à leur rythme et aux enseignants de consacrer plus de temps à ceux qui ont du mal à suivre. La technologie modifie le contenu du savoir et ses sources : les manuels scolaires et les programmes d’enseignement traditionnels peuvent être complétés par des logiciels, des cours en ligne ou des manuels numériques. Ces derniers multiplient les possibilités qu’ont les jeunes apprenants à la fois de s’informer et de pratiquer les compétences numériques requises pour un usage durable des nouvelles technologies (OCDE, 2016[5]). À différents niveaux scolaires, les nouveaux dispositifs numériques permettent l’échange de méthodes pédagogiques, ils facilitent et élargissent la collecte des données des élèves, permettant ainsi des retours plus rapides et mieux ciblés, ils rendent possible de disséminer l’enseignement en temps réel, même dans les zones isolées (OCDE, 2019[45]).
Plus généralement les outils numériques repoussent les frontières physiques de l’univers de l’apprentissage, au-delà des murs des écoles et des établissements de formation. Les travailleurs, en particulier, peuvent facilement apprendre en cours d’emploi grâce à l’internet. Les employeurs peuvent quant à eux proposer des programmes de formation en ligne, adaptables en fonction des contraintes de temps. Les cours en ligne ouverts à tous (MOOC) offrent de nouvelles possibilités d’apprentissage et peuvent être un moyen pour les élèves ou les travailleurs de signaler ou de développer un intérêt particulier ou des connaissances spécifiques dans certains domaines.
Cependant, les données concrètes sur l’impact de l’usage des technologies à l’école sur les résultats scolaires sont mitigées. L’investissement dans les TIC sous forme d’ordinateurs, de tablettes ou de connexions à l’internet ne s’est pas traduit par des améliorations, même s’il n’a pas évincé les autres ressources éducatives (Bulman and Fairlie, 2016[46]). Ce constat indique que l’utilisation qui est faite des technologies est importante : tant les élèves que les enseignants doivent être motivés et préparés à utiliser les technologies de manière à ce qu’elles aient un impact positif sur l’apprentissage.
Les données disponibles indiquent que l’enseignement pour tous – les MOOC plus particulièrement – peut faciliter l’apprentissage des travailleurs tout au long de la vie (OCDE, 2019[45]). Les cours en libre accès sont principalement choisis par ceux qui conjuguent travail et enseignement formel (Goodman, Melkers and Pallais, 2016[47]). De nombreux fournisseurs de plateformes MOOC ont commencé à étudier les possibilités de cours à vocation professionnelle et de bons résultats ont déjà été obtenus dans ce domaine (Music, 2016[48]). Pourtant, le potentiel de formation des travailleurs qu’offrent les MOOC aux entreprises n’est pas encore réalisé. Par ailleurs, alors que l’éducation en libre accès et les MOOC sont généralement gratuits, les tendances de participation semblent reproduire celles de la formation conventionnelle des adultes, à savoir que les adultes ayant déjà un niveau d’instruction élevé et hautement qualifiés sont plus susceptibles de se former (OCDE, 2019[45]).
Enfin, certaines compétences sont nécessaires pour profiter des possibilités d’apprentissage offertes par la technologie. Par exemple, les MOOC demandent de bonnes compétences en TIC, mais aussi de bien gérer son temps et de savoir se motiver pour apprendre seul. La recherche d’emploi en ligne peut être plus efficace, en particulier pour les adultes qui ne sont plus actifs depuis longtemps, si elle est complétée par des compétences d’orientation professionnelle (OCDE, 2019[45]).
Le potentiel d’exploitation des technologies pour apprendre est abordé de manière plus approfondie au chapitre 4 Acquérir des compétences utiles tout au long de la vie et au chapitre 6 Renforcer la gouvernance des systèmes de compétences.
Références
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