La croissance mondiale a été étonnamment résiliente en 2023, la baisse des prix de l’énergie et l’atténuation des tensions sur les chaînes d’approvisionnement ayant contribué à faire reculer l’inflation plus rapidement que prévu. Toutefois, des indicateurs récents laissent entrevoir une certaine modération de la croissance. En l’absence de nouveau choc négatif affectant l’offre, l’atténuation des tensions au niveau de la demande devrait permettre à l’inflation globale et à l’inflation sous-jacente de reculer encore dans la plupart des économies. D’ici à la fin 2025, l’inflation devrait revenir à l’objectif dans la plupart des grands pays du G20. Les risques géopolitiques, en particulier ceux liés au conflit qui a éclaté au Moyen-Orient après les attentats terroristes commis par le Hamas contre Israël, demeurent importants. Des hausses inattendues de l’inflation pourraient quant à elles entraîner de fortes corrections des prix des actifs financiers, les marchés intégrant dans les prix la possibilité que les taux directeurs se maintiennent dans la durée à un niveau élevé.
Perspectives économiques de l'OCDE, Rapport intermédiaire, février 2024
Consolider les fondements de la croissance
3.0 %
Croissance du PIB mondial prévue en 2025
6.6 %
Inflation globale prévue dans les économies avancées du G20 en 2024
3.8 %
Inflation globale prévue dans les économies avancées du G20 en 2025
L’inflation globale et l’inflation sous-jacente reculent
L’inflation globale et l’inflation sous-jacente ont diminué en 2023. Certains des facteurs ayant contribué à la désinflation au cours de l’année écoulée sont maintenant en train de se dissiper ou de s’inverser, tandis que d’autres sont exposés aux évolutions géopolitiques, aux événements météorologiques extrêmes ou à des événements imprévisibles. Étant donné que l’inflation est toujours au-dessus de l’objectif visé dans la plupart des pays, et que la croissance des coûts unitaires de main-d’œuvre reste généralement supérieure aux niveaux compatibles avec les objectifs d’inflation à moyen terme, il est trop tôt pour confirmer la fin de l’épisode inflationniste qui a débuté en 2021.
Les récents indicateurs d’activité laissent entrevoir la poursuite d’une croissance mondiale modérée
Les indicateurs à haute fréquence de l’activité laissent généralement entrevoir une poursuite de la croissance modérée observée récemment. On continue de relever des signes clairs de croissance économique forte à court terme en Inde, relativement faible en Europe, et modérée à court terme dans la plupart des autres grandes économies. La croissance mondiale, estimée à 3.1 % en 2023, devrait ralentir pour s’établir à 2.9 % en 2024, puis à 3.0 % en 2025.
La politique budgétaire doit être plus avisée
Les dépenses des administrations publiques doivent davantage cibler les investissements qui contribuent à une croissance durable, notamment ceux dans le capital humain. Les scores récents des pays de l’OCDE à l’enquête PISA montrent que les résultats scolaires sont en baisse, alors même que le niveau de compétences exigé par l’économie du futur augmente. La dette publique est généralement plus élevée qu’avant la pandémie, et s’établit dans de nombreux pays, en proportion du PIB, à des niveaux qui n’avaient été observés précédemment qu’en temps de guerre. Les gouvernements doivent adopter des plans budgétaires respectueux de l’équité intergénérationnelle et préparer leur économie aux défis à venir.
Que devraient faire les pouvoirs publics ?
La politique monétaire doit maintenir une orientation restrictive pour garantir que l’inflation s’inscrive durablement dans la cible retenue par les banques centrales. Le recul de l’inflation leur donnera toutefois des marges de manœuvre pour baisser leurs taux directeurs. Le choix du calendrier des baisses des taux directeurs et leur calibrage constituent un exercice difficile, mais les banques centrales doivent utiliser cette latitude pour soutenir la croissance économique.
Les pouvoirs publics doivent garantir la viabilité des finances publiques. Il faut mettre en place des cadres budgétaires à moyen terme crédibles, assortis de plans clairs en matière de dépenses et de fiscalité, pour assurer la viabilité des finances publiques tout en offrant la souplesse nécessaire pour réagir à de futurs chocs. Ces plans doivent permettre de faire face aux futures tensions budgétaires tout en préservant la capacité d’investissement nécessaire pour soutenir la transition écologique et consolider les fondements de la croissance.
Les gains de productivité, composante essentielle d’une croissance robuste à long terme, ont ralenti dans nombre de pays de l’OCDE au cours des dernières décennies. La baisse des résultats scolaires dans de nombreux pays constitue quant à elle une autre source d’inquiétude. Mettre l’accent sur le capital humain et les compétences en garantissant des dépenses d’éducation suffisantes et efficientes sera nécessaire pour faire face aux défis que représentent le ralentissement de la croissance de la productivité, le vieillissement démographique, la transformation numérique et le changement climatique.