La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine continue de peser sur l’économie mondiale. Malgré des signes récents d’amélioration, la reprise devrait être modérée au cours des deux prochaines années. Les perspectives restent fragiles et les risques de révision à la baisse prédominent. La forte incertitude découlant de la guerre pourrait grever lourdement l’activité. Les tensions commerciales sont vives et pourraient s’aggraver. Les préoccupations relatives aux vulnérabilités financières se sont accentuées, notamment s’agissant des établissements financiers, des marchés du logement et des pays à faible revenu. L’inflation globale a commencé à diminuer, mais elle demeure élevée et pourrait s’avérer persistante.
Perspectives économiques de l'OCDE, Rapport intermédiaire, mars 2023
Une reprise fragile
La croissance mondiale a ralenti depuis le début de la guerre
La croissance mondiale a reflué à 3.2 % en 2022, s’établissant à un niveau inférieur de plus de 1 point de pourcentage à celui qui était escompté à la fin de 2021. Ce ralentissement est principalement dû à l’effet de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine et à la crise du coût de la vie qui l’a accompagnée dans de nombreux pays. La croissance devrait rester inférieure à son niveau tendanciel en 2023 et 2024.
La baisse des prix de l’énergie a contribué à une amélioration modeste des perspectives mondiales
Le récent recul des prix de l’énergie et des produits alimentaires a joué un rôle clé dans l’amélioration de l’activité et de la confiance au début de 2023. Même si leurs niveaux restent relativement élevés par rapport à ceux d’avant la guerre, cette diminution renforce le pouvoir d’achat de la plupart des entreprises et des ménages et contribue à réduire l’inflation globale. Le redémarrage plus précoce que prévu des activités qui avaient été suspendues en Chine devrait également avoir un effet positif sur l’économie mondiale, en réduisant les tensions sur les chaînes d’approvisionnement et en stimulant le tourisme international.
L’inflation globale diminue dans une certaine mesure
L’inflation globale a commencé à diminuer, principalement en raison du fléchissement des prix de l’énergie et des produits alimentaires. Le recul des prix de l’énergie tient en partie à l’effet de la douceur de l’hiver en Europe, qui a contribué à préserver les stocks de gaz, ainsi qu’à la réduction de la consommation d’énergie observée dans de nombreux pays.
L’inflation des services est persistante
L’inflation des biens a commencé à diminuer dans la plupart des pays, compte tenu du retour progressif à la normale de la demande de biens après la pandémie, et de la réduction des goulets d’étranglement au niveau des chaînes d’approvisionnement mondiales. L’inflation sous-jacente (hors produits alimentaires et énergie) reste nourrie par les fortes augmentations des prix des services et les pressions à la hausse exercées sur les coûts par la situation tendue des marchés du travail.
Que devraient faire les pouvoirs publics ?
Les tensions inflationnistes persistantes liées aux services et les pressions à la hausse exercées sur les coûts par la situation tendue des marchés du travail imposeront à de nombreuses banques centrales le maintien de taux directeurs élevés en 2023 et pendant une bonne partie de l’année 2024.
La croissance de la productivité a été d’une lenteur décevante dans la zone OCDE au cours des dernières années. Il est urgent que les pays de l’OCDE inversent cette tendance. Pour ce faire, il sera crucial d’encourager l’adoption du numérique par le biais de mesures structurelles, consistant par exemple à renforcer les compétences techniques et la concurrence, qui favorisent la diffusion de technologies de l’information et de la communication (TIC) essentielles. Réduire les écarts entre les genres en matière de participation aux programmes de formation en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM), ainsi que les obstacles aux échanges de services, peut apporter une pierre à l’édifice.
Les niveaux de dette publique et les déficits budgétaires sont élevés. De nombreux pays vont devoir faire face à une accentuation des tensions sur les dépenses futures liées au vieillissement démographique, à la transition verte et à la hausse des paiements d’intérêts sur la dette publique. Ces enjeux futurs impérieux, conjugués à la baisse à long terme des taux de croissance tendancielle, montrent la nécessité de mener d’ambitieuses réformes structurelles visant à dynamiser l’offre et de donner la priorité à des dépenses propres à favoriser la croissance.