Les liens sociaux concernent le temps passé avec autrui et la qualité de ce temps, ainsi que la perception de la population quant au soutien sur lequel elle peut compter. Bien qu’ils ne consacrent pas tous le même temps aux relations sociales, les individus ont une perception de leurs liens sociaux globalement positive et relativement similaire d’un pays de l’OCDE à l’autre. En moyenne, les citoyens sont très satisfaits de leurs relations sociales (8.1 sur une échelle graduée de 0 à 10), et 90 % d’entre eux estiment avoir quelqu’un sur qui compter en cas de besoin. Les hommes consacrent chaque semaine en moyenne 40 minutes de moins que les femmes aux relations sociales, mais les différences entre les sexes en matière de satisfaction à l’égard des relations sociales sont négligeables. Les seniors consacrent moins de temps aux relations sociales et bénéficient d’un soutien social moindre, mais leur satisfaction à l’égard de leurs relations sociales n’est pas vraiment plus faible que celle des générations plus jeunes. Les personnes qui ont un niveau d’études peu élevé sont plus susceptibles que celles qui ont suivi des études plus longues de manquer de soutien social.
Comment va la vie ? 2020
11. Liens sociaux
Abstract
Soutien social
Dans les pays de l’OCDE, environ 9 personnes sur 10 indiquent avoir des proches ou des amis sur qui compter en cas de problème. Cette proportion est comprise entre 78 % en Grèce et 98 % en Islande (Graphique 11.2). La moyenne de l’OCDE n’a quasiment pas changé entre 2010-12 et 2016-18. Le pourcentage de personnes qui se sentent soutenues a cependant diminué en Grèce (de près de 6 points de pourcentage), en Pologne (-5) et en Allemagne (-4), tandis qu’au cours de la même période, il a augmenté de plus de 4 points de pourcentage en Italie et en Estonie et d’au moins 5 points au Portugal, au Mexique, en Lettonie, en Lituanie et en Turquie.
Temps consacré aux interactions sociales
Le temps consacré aux interactions sociales est mesuré par le nombre d’heures hebdomadaire pendant lesquelles les interactions avec des proches et des amis constituent la principale activité (les interactions qui se produisent dans le cadre d’autres activités principales, comme le travail, la prise en charge d’un tiers ou les études, ne sont donc pas prises en compte). Dans les pays de l’OCDE, les personnes de 15 ans et plus consacrent en moyenne 6 heures par semaine aux interactions avec leurs proches et leurs amis (Graphique 11.3). Ce chiffre varie de 2 heures par semaine au Japon à environ 4 heures au Luxembourg, en Hongrie et en Estonie et plus de 7 heures en Italie, en Nouvelle-Zélande, en Turquie et aux Pays-Bas et plus de 9 heures en Autriche. L’évolution de l’emploi du temps depuis 2005 ne peut être évaluée que pour sept pays de l’OCDE : la Belgique, le Canada, la Corée, les États-Unis, l’Italie, le Japon et la Turquie. Le temps hebdomadaire consacré aux interactions sociales a diminué d’environ une demi-heure au Canada, aux États-Unis et en Italie, et d’un peu plus de 40 minutes en Belgique.
Satisfaction à l’égard des relations personnelles
La satisfaction à l’égard des relations personnelles rend compte de la qualité perçue des relations sociales. Dans les pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles, les individus sont en général satisfaits de la qualité de leurs relations personnelles, l’évaluant à 8.1 (sur une échelle graduée de 0 à 10). Ce score varie peu selon les pays, puisqu’il est compris entre un peu plus de 7 en moyenne en Grèce et 8.6 en Suisse, en Irlande, au Mexique, en Autriche et en Slovénie (Graphique 11.4).
La satisfaction à l’égard des relations personnelles a légèrement augmenté depuis 2013, mais cette évolution moyenne masque des différences entre les pays – le score a ainsi gagné 0.3 point ou plus en Espagne, au Mexique, au Portugal, en République slovaque et en Estonie, tandis qu’il a perdu 0.3 point en Lettonie, aux Pays-Bas et au Danemark.
Malgré un score moyen relativement élevé dans les pays de l’OCDE, environ 10 % des personnes invitées à évaluer leur satisfaction à l’égard de leurs relations personnelles indiquent une note inférieure ou égale à 5 (sur une échelle graduée de 0 à 10). Cette proportion est comprise entre environ 5 % en Finlande, en Suisse, aux Pays-Bas et en Irlande et près de 30 % en Grèce, en passant par plus de 15 % en Hongrie, en Lituanie et en Turquie (Graphique 11.5).
Inégalités en matière de liens sociaux : écarts entre groupes de population
Les femmes consacrent plus de temps aux interactions sociales que les hommes, mais il n’existe pas d’écart entre les sexes en matière de soutien social et de satisfaction
Il n’existe pas de différence sensible entre hommes et femmes en matière de soutien social et de satisfaction à l’égard des relations personnelles. Il existe en revanche un écart important s’agissant du temps consacré aux relations sociales (Graphique 11.6). En moyenne dans les pays de l’OCDE, les femmes consacrent chaque semaine 40 minutes de plus que les hommes aux relations sociales (6 heures et 20 minutes contre 5 heures et 40 minutes). Cet écart est particulièrement grand en Norvège (2 heures et 20 minutes par semaine), en Australie, en Irlande, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni (supérieur à une heure dans tous ces pays). À l’inverse, les hommes consacrent plus de temps que les femmes aux relations sociales en Italie (8 heures 20 minutes par semaine contre 6 heures 40 minutes pour les femmes) et, dans une moindre mesure, en Espagne et en Grèce.
Les seniors se sentent moins soutenus et consacrent souvent moins de temps aux interactions sociales que les générations plus jeunes
Dans la plupart des pays de l’OCDE, le soutien social perçu diminue avec l’âge. En Corée, en Grèce, au Chili, en Lettonie et au Portugal, la pente de la variation du soutien social en fonction de l’âge est particulièrement abrupte (Graphique 11.7). Ainsi, en Corée, 93 % des personnes âgées de 15 à 29 ans indiquent avoir des proches ou amis sur qui compter en cas de problème, contre seulement 63 % des personnes de 50 ans ou plus. En revanche, en France, en Islande, en Irlande, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni, les écarts entre groupes d’âge sont faibles.
Dans les 14 pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles, les jeunes (15-29 ans) consacrent en moyenne chaque semaine près de 2 heures 20 minutes de plus aux relations sociales que les personnes d’âge moyen (30-49 ans) (Graphique 11.8). Cet écart est faible en Norvège et en Turquie, mais plus grand en Italie, en Irlande et en Espagne, où il est compris entre 3 heures 50 minutes et 5 heures 20 minutes. En moyenne, dans les pays pour lesquels il existe des données, les personnes d’âge moyen (30-49 ans) et les seniors (50 ans et plus) consacrent globalement le même temps aux relations sociales, même si les tendances diffèrent d’un pays à l’autre. Ainsi, en Finlande, en Italie et en Norvège, les personnes de 30 à 49 ans consacrent plus de temps aux relations sociales que celles âgées de 50 ans et plus. À l’inverse, en Irlande, les seniors consacrent chaque semaine pratiquement une heure et 40 minutes de plus à leur vie sociale que les personnes âgées de 30 à 49 ans ; cet écart atteint 2 heures 20 minutes en Turquie.
Alors qu’il existe d’importantes différences selon l’âge sur le plan du soutien social et du temps consacré aux relations sociales, les écarts sont relativement faibles pour ce qui est de la satisfaction à l’égard des relations sociales. Dans le pays moyen de l’OCDE, cette satisfaction est de 8.3 pour les personnes âgées de 16 à 29 ans (elle est comprise entre 7.4 en Grèce et 8.9 en Slovénie), de 8 pour les personnes de 30 à 49 ans (elle varie de 7.1 en Grèce à 8.5 en Autriche et en Slovénie) et de 8 pour les personnes de 50 ans ou plus (elle varie de 7 en Grèce à 8.8 en Suède).
Les personnes ayant un niveau d’études plus élevé ont davantage accès à un soutien social
Dans le pays moyen de l’OCDE, la proportion de personnes déclarant avoir quelqu’un sur qui compter en cas de problème est inférieure de 9 points parmi les personnes qui n’ont suivi qu’une scolarité primaire à cette même proportion parmi les personnes qui ont suivi des études supérieures (Graphique 11.9). L’écart est inférieur à 2 points de pourcentage en Suisse, en Nouvelle-Zélande et en Islande, mais supérieur à 15 points de pourcentage en Corée, en Grèce, en Turquie et au Chili.
De même, dans le pays moyen de l’OCDE, les personnes qui n’ont suivi qu’une scolarité primaire sont généralement moins satisfaites de leurs relations personnelles que celles qui ont un niveau d’études plus élevé (Graphique 11.10). En moyenne, l’écart entre ces deux groupes est de 0.5 point (sur une échelle graduée de 0 à 10), et cet écart est plus grand dans les pays où la satisfaction à l’égard des relations personnelles est faible (comme la Lituanie, la Hongrie et l’Italie). Au contraire, en Norvège, en Suède et en Suisse, où la population est globalement satisfaite de ses relations personnelles, les écarts selon le niveau d’études sont faibles.
Encadré 11.1. Mesure et programme statistique à venir
Une batterie idéale d’indicateurs des liens sociaux fournirait des informations quantitatives sur les interactions sociales (fréquence et temps passé avec les membres du ménage, les proches, les amis, les collègues et les autres connaissances, etc.) et qualitatives (satisfaction à l’égard des relations sociales, solitude perçue, etc.), de même que des informations sur le soutien que procurent ces relations (soutien affectif et financier, etc.). Il est particulièrement utile de mesurer à la fois la quantité et la qualité des liens sociaux, ces deux catégories d’indicateurs ne rendant pas nécessairement compte des mêmes phénomènes : le fait de passer beaucoup de temps avec les autres n’empêche pas toujours la solitude ou le manque de soutien. Chacun de ces phénomènes est évalué, dans une certaine mesure, par les indicateurs présentés dans ce chapitre (Tableau 11.1).
Tableau 11.1. Indicateurs de liens sociaux examinés dans ce chapitre
Moyenne |
Inégalités verticales (écart entre les parties supérieure et inférieure de la distribution) |
Inégalités horizontales (écarts entre les groupes en fonction du sexe, de l'âge et du niveau d’études) |
Privations |
|
---|---|---|---|---|
Soutien social |
Proportion de personnes déclarant ne pas avoir d’amis ou de proches sur qui compter en cas de problème |
s.o. |
Écarts en matière de soutien social |
Proportion de personnes déclarant n’avoir ni proches ni amis sur qui compter en cas de problème |
Temps consacré aux interactions sociales |
Nombre hebdomadaire moyen d’heures consacrées aux interactions sociales |
s.o. |
Écarts en matière de nombre hebdomadaire d’heures consacrées aux interactions sociales |
|
Satisfaction à l’égard des relations personnelles |
Satisfaction à l’égard des relations personnelles, mesurée sur une échelle de 0 à 10 |
Ratio S80/S20 de la satisfaction moyenne à l’égard des relations personnelles |
Écarts en matière de satisfaction moyenne à l’égard des relations personnelles |
Proportion de personnes attribuant une note inférieure ou égale à 5 (définies par Eurostat comme « peu » satisfaites de leurs relations personnelles) |
Le soutien social correspond à la proportion de la population répondant par l’affirmative à la question suivante (appelant une réponse par oui ou par non) : « En cas de problème, avez-vous des proches ou des amis sur qui vous pouvez compter si vous en avez besoin ? » Pour calculer les moyennes par pays, on groupe les données pour toutes les années pour lesquelles il en existe sur une période de trois ans (par exemple, 2016-2018), ce qui permet de renforcer la fiabilité des estimations. Pour mesurer les inégalités, on utilise des données groupées sur une période plus longue (2010-18). Les données proviennent du sondage Gallup World Poll, qui interroge environ un millier de personnes par pays chaque année. L’échantillon est conçu ex ante pour être nationalement représentatif de la population âgée de 15 ans et plus (y compris de la population résidant en zone rurale).
Le temps consacré aux interactions sociales correspond au temps pendant lequel les interactions avec les proches et les amis constituent la principale activité (discussions avec des proches ou sorties entre amis, par exemple) au cours d’une journée type (les moyennes présentées dans ce chapitre ont été converties en estimations hebdomadaires). En conséquence, les moyennes par pays tiennent compte des personnes qui n’ont pas consacré de temps aux interactions sociales au cours de la journée sur laquelle portait l’enquête. Comme le temps consacré aux interactions avec les proches et amis n’est pris en compte que si ces interactions constituent l’activité principale, les chiffres présentés dans ce chapitre sous-estiment vraisemblablement le temps consacré aux activités sociales parce qu’ils ne tiennent pas compte des interactions qui ont lieu à l’occasion d’une autre activité (bavarder à table, parler au téléphone en accomplissant un travail non rémunéré, etc.). Ces données sont issues des enquêtes nationales sur l’utilisation du temps, qui fournissent des informations détaillées sur le temps que les individus consacrent à leurs diverses activités quotidiennes. Les personnes interrogées doivent généralement tenir un journal dans lequel elles consignent avec précision chacune de leurs activités pendant un ou plusieurs jours.
Certains pays (par exemple la Colombie, le Mexique et, dans une moindre mesure, l’Irlande) utilisent une variante plus simple du journal et obtiennent donc des estimations moins précises que les autres pays. En outre, au Mexique, les personnes sont interrogées sur leur emploi du temps des sept jours précédant l’entretien. Étant donné le long délai qui s’écoule entre l’activité et l’entretien, les réponses ne reflètent sans doute qu’approximativement l’emploi du temps réel. C’est pourquoi les estimations de l’utilisation du temps en Colombie et au Mexique n’apparaissent pas dans ce chapitre.
Dans l’idéal, il faudrait que les données utilisées dans les enquêtes sur l’utilisation du temps soient recueillies tout au long de l’année et contiennent ainsi une proportion représentative de jours de semaine et de week-ends, ainsi que de jours fériés et de jours de vacances scolaires. Or, certains pays ne s’intéressent qu’à certaines périodes de la semaine ou de l’année. C’est notamment le cas, à des degrés divers, de l’Australie, de la Corée, de l’Irlande, du Japon et du Mexique. À cela s’ajoute que des différences au niveau du codage peuvent nuire à la comparabilité des données d’un pays à l’autre, en particulier lorsque l’accès à des microdonnées est limité, les offices de la statistique risquant alors de regrouper des activités très précises pour former des catégories plus larges susceptibles de différer plus ou moins d’un pays à l’autre. Enfin, les enquêtes sur l’utilisation du temps prises en compte dans ce chapitre n’ont pas été administrées pendant les mêmes années et les pays concernés ne se trouvaient pas au même point du cycle économique, ce qui peut influer sur les variations observées entre les pays. Les données présentées ont été harmonisées a posteriori par l’OCDE. Elles sont issues des Enquêtes européennes harmonisées sur l’utilisation du temps, de la base de données d’Eurostat sur l’emploi du temps, de microdonnées accessibles au public provenant d’enquêtes nationales sur l’emploi du temps et de tableaux compilés par les offices statistiques nationaux. Ces sources peuvent être consultées sur le Portail de l’OCDE sur l’égalité hommes-femmes. Pour les pays pour lesquels la somme des différentes utilisations du temps n’était pas égale à 1 440 minutes, les minutes manquantes ou excédentaires (environ 30-40 minutes en général) ont été réparties uniformément sur l’ensemble des activités.
Satisfaction à l’égard des relations personnelles : les personnes interrogées dans les enquêtes sont invitées à apprécier leur satisfaction sur une échelle qui comprend 11 points, de 0 (pas du tout satisfait) à 10 (totalement satisfait). Cette variable rend compte de l’opinion ou du sentiment de la personne au sujet de son degré de satisfaction à l’égard de ses relations personnelles. La personne interrogée est censée évaluer de manière globale et réflexive toutes les dimensions de ses relations personnelles (avec les proches, les amis, les collègues, etc.) à un moment donné (en ce moment). Les données utilisées pour mesurer cet indicateur proviennent de Statistique Canada (Enquête sociale générale 2016), INEGI (Bien-être subjectif au Mexique) et Eurostat (EU-SILC, 2018 et 2013). L’indicateur est calculé pour les personnes âgées de 16 ou plus, sauf pour le Canada (15 ou plus) et le Mexique (18 ou plus).
Corrélations entre les indicateurs de liens sociaux
Au niveau des pays, il existe une corrélation significative et positive (0.5) entre le soutien social et la satisfaction à l’égard des relations personnelles (Tableau 11.2) : dans les pays où le soutien social est relativement fort, la population est plus satisfaite de ses relations personnelles. En revanche, il n’existe pas de corrélation positive entre le temps consacré aux relations sociales et le soutien social et la satisfaction à l’égard des relations personnelles, ce qui montre que chaque indicateur rend compte d’un aspect différent des relations sociales.
Tableau 11.2. La satisfaction à l’égard des relations personnelles et le soutien social ne sont pas corrélés
Coefficients de corrélation simple entre les indicateurs de liens sociaux
|
Soutien social |
Temps consacré aux relations sociales |
Satisfaction à l’égard des relations personnelles |
---|---|---|---|
Soutien social |
|||
Temps consacré aux relations sociales |
0.09 (26) |
||
Satisfaction à l’égard des relations personnelles |
0.51*** (29) |
-0.00 (20) |
Note : Le tableau montre le coefficient de corrélation simple de Pearson ; les valeurs entre parenthèses correspondent au nombre d’observations (pays). * signale des corrélations significatives au niveau p<0.10 ; ** au niveau p<0.05, et *** au niveau p<0.01.
Programme statistique à venir
L’indicateur de soutien social présenté ici comporte plusieurs limites : comme il repose sur une question appelant une réponse par oui ou par non, il ne fournit aucune information sur la fréquence, l’ampleur ou la qualité du soutien reçu ou encore sur la nature de ce soutien (financier, affectif, etc.). De plus, il n’est pas possible de calculer les inégalités verticales (c’est-à-dire l’écart entre le sommet et le bas de la distribution) à partir d’une question binaire, et dans plusieurs pays de l’OCDE, l’indicateur ne va pas au-delà d’un certain seuil (par exemple, 95 % de la population au moins déclarent recevoir un soutien), si bien qu’il n’est pas suffisamment sensible pour permettre d’évaluer les écarts entre groupes. Enfin, du fait de la petite taille des échantillons utilisés par Gallup World Poll, il existe un risque d’erreurs de mesure, en particulier s’agissant de l’évaluation des inégalités entre groupes de population et des évolutions dans le temps. De nombreuses études en psychologie datant de plusieurs décennies portent sur la mesure du soutien social, et les offices statistiques nationaux s’intéressent de plus en plus à cette mesure. Toutefois, en dehors de l’Europe, les pratiques des offices statistiques qui recueillent ce type d’indicateurs demeurent hétérogènes (Fleischer, Smith et Viac, 2016[1]).
Les enquêtes sur l’emploi du temps font partie des principales sources de données sur le temps consacré aux activités sociales. Bien qu’il existe de plus en plus d’initiatives impliquant plusieurs pays, qu’il s’agisse d’enquêtes (la Multinational Time Use Study (MTUS) et les Enquêtes européennes harmonisées sur l’utilisation du temps (HETUS)), de lignes directrices (par exemple, UNECE (2013[2]) et UNSD (2005[3])) ou de classifications internationales (comme la Classification internationale des activités à prendre en compte dans les statistiques de l’emploi du temps établie par les Nations Unies (ICATUS)) visant à améliorer l’harmonisation des enquêtes sur l’emploi du temps, certains problèmes continuent de faire obstacle à une parfaite comparabilité entre pays. Il faut donc harmoniser encore les méthodes de recueil de données, en particulier la durée de la période sur laquelle porte le journal, le nombre de jours pour lesquels il est rempli. De surcroît, ces enquêtes mobilisent des ressources relativement importantes, si bien qu’elles ne sont menées que tous les cinq ou dix ans (sauf aux États-Unis). Dans l’intervalle ou dans les cas où il n’est pas possible d’administrer ce type d’enquête, les données sur l’emploi du temps pourraient être recueillies au moyen d’instruments d’enquête moins lourds en termes de collecte de données et de réponses, par exemple une version « allégée » des journaux proposant des catégories d’activités précodées (CEE-ONU, 2013[2]).
De même, les enquêtes harmonisées sur la satisfaction à l’égard des relations personnelles sont menées de manière espacée dans le temps et dans le cadre de modules ad hoc. De surcroît, il existe peu d’informations sur la question de savoir si les interactions sociales ont lieu directement ou par l’intermédiaire de réseaux sociaux. Or, ce deuxième type de relations est désormais plus fréquent et est appelé à le devenir plus encore sous l’effet de la transformation numérique. L’informatique pouvant se traduire par la création d’un réseau plus large au sein duquel les liens sont distendus plutôt que d’un réseau de petite taille dont les membres sont unis par des liens étroits, son impact sur les interactions sociales est vraisemblablement fort (OCDE, 2019[4]). Les enquêtes les plus récentes invitent les personnes à répondre à des questions sur l’utilisation des technologies, mais cet indicateur ne peut pour l’heure être calculé que pour un petit nombre de pays.
Références
[2] CEE-ONU (2013), Guidelines for Harmonizing Time-Use Surveys, Commission économique des Nations Unies pour l’Europe, Genève, http://unece.org/index.php?id=34496.
[1] Fleischer, L., C. Smith et C. Viac (2016), « A Review of General Social Surveys », OECD Statistics Working Papers, n° 2016/9, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/bb54d16f-en.
[4] OCDE (2019), How’s Life in the Digital Age?: Opportunities and Risks of the Digital Transformation for People’s Well-being, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264311800-en.
[3] UNSD (2005), Guide to Producing Statistics on Time Use: Measuring Paid and Unpaid Work, Division de statistique des Nations Unies, New York, http://unstats.un.org/unsd/pubs/gesgrid.asp?id=347 (consulté le 12 décembre 2019).