La santé, c’est être et se sentir bien, c’est jouir d’une vie longue et exempte de maladies physiques ou mentales, et pouvoir participer aux activités que l’on souhaite. Dans les pays de l’OCDE, l’espérance de vie moyenne à la naissance est de 80.5 ans, et deux tiers des adultes déclarent être en bonne santé. Le suicide, la consommation excessive aiguë d’alcool et les overdoses représentent 2 % de l’ensemble des décès. Dans les pays membres européens, 6 % des adultes ont connu récemment des symptômes dépressifs. L’espérance de vie augmente presque partout depuis 2010, mais elle commence à plafonner dans certains pays. Selon les pays, l’évolution est différente en termes d’état de santé perçu et des morts par suicide, consommation excessive aiguë d’alcool et overdose. Les femmes vivent plus longtemps que les hommes, mais se considèrent en moins bonne santé et déclarent des taux plus élevés de symptômes dépressifs. En outre, le nombre de suicides et de décès dus à une consommation excessive aiguë d’alcool ou à une overdose est quatre fois plus élevé chez les hommes, même si la mortalité attribuable à ces causes est en hausse chez les femmes dans plus d’un tiers des pays de l’OCDE depuis 2010. Enfin, les inégalités de santé liées au niveau d’études et de revenu sont marquées.
Comment va la vie ? 2020
5. Santé
Abstract
Espérance de vie à la naissance
Dans plus de deux tiers des pays de l’OCDE, les nouveau-nés peuvent espérer vivre jusqu’à plus de 80 ans (80.5 ans en moyenne dans l’ensemble de l’OCDE) et jusqu’à 84.2 ans au Japon (Graphique 5.2). L’espérance de vie s’est allongée dans tous les pays de l’OCDE au cours des dernières décennies : en 2017, elle était supérieure de plus de dix ans à ce qu’elle était en 1970 (OCDE, 2019[1]). Par rapport à 2010, l’espérance de vie moyenne a augmenté de près d’un an et deux mois (1.5 %). Elle progresse cependant moins vite dans certains pays : en Allemagne, en Grèce, en Islande et au Royaume-Uni, l’espérance de vie commence à plafonner, avec des gains inférieurs à 9 mois entre 2010 et 2017. Les États-Unis, qui affichaient une espérance de vie de 78.6 ans déjà inférieure à la moyenne de l’OCDE, n’ont enregistré aucun gain net sur cette période, après un recul temporaire entre 2014 et 2017. Les causes de ce ralentissement sont multiples : d’une part, le vieillissement démographique et la hausse des taux d’obésité et de diabète freinent les progrès dans le domaine des maladies cardiovasculaires ; d’autre part, on a observé un nombre comparativement élevé de décès dus à la grippe et à la pneumonie ces dix dernières années, ainsi qu’une augmentation des intoxications accidentelles liées aux drogues dans certains pays avec la crise des opioïdes (OCDE, 2019[1] ; Raleigh, 2019[2]). Cela dit, il y a aussi de bonnes nouvelles : de nombreux pays qui affichaient une espérance de vie comparativement plus faible se rapprochent aujourd’hui de la moyenne de l’OCDE. Depuis 2010, l’espérance de vie a ainsi augmenté de plus de deux ans au Chili, en Corée, en Estonie et en Lituanie.
État de santé perçu
En moyenne dans les pays de l’OCDE, de 6 à 7 personnes sur dix considèrent qu’elles sont en bonne santé (Graphique 5.3). Il existe néanmoins des différences notables entre les pays membres : en Asie, en Europe de l’Est et au Portugal, moins de 60 % des adultes jugent leur état de santé bon, contre plus de 80 % en Australie, au Canada, aux États-Unis, en Irlande, en Nouvelle-Zélande et en Suisse (bien que dans certains de ces pays, des différences dans la formulation des questions puissent fausser les résultats à la hausse). Alors que la moyenne de l’OCDE est restée relativement stable, on a observé des tendances divergentes d’un pays à l’autre. Depuis 2010, c’est en Slovénie que l’état de santé perçu s’est le plus amélioré en (+5.7 points de pourcentage), tandis qu’à l’autre extrémité, on trouve la Lituanie (-6.5) et la Corée (-8.1).
Décès par suicide, consommation excessive aiguë d’alcool et overdose
La notion de « morts par désespoir » a été introduite récemment pour désigner les décès par suicide, consommation excessive aiguë d’alcool et overdose (Case et Deaton, 2017[3]). En moyenne dans les pays de l’OCDE, le taux de mortalité correspondant à ces causes s’établit à 14.8 décès pour 100 000 habitants, ce qui ne représente qu’une faible proportion (1.8 %) du nombre total de décès (Graphique 5.4). Cela dit, ce chiffre constitue un indicateur important des maladies mentales graves, de la toxicomanie et de la dépendance à l’alcool au sein de la population (OCDE, 2019[4]). La Slovénie, la Lituanie et la Lettonie, ainsi que la Corée et le Danemark, enregistrent les taux de mortalité par suicide, consommation excessive aiguë d’alcool et overdose les plus élevés dans les pays de l’OCDE, supérieurs à 20 décès pour 100 000 habitants. Le suicide est la première cause de mort par désespoir en Corée et en Lituanie, tandis que la consommation excessive aiguë d’alcool représente au moins un tiers du nombre total de morts par désespoir en Lettonie, au Danemark et en Slovénie (Graphique 5.4). À l’inverse, les taux globaux sont très faibles en Turquie (2.6), en Grèce (4.2) et en Colombie (5.2). Ces estimations doivent toutefois être interprétées avec prudence car il est probable que les actes de décès ne rendent pas pleinement compte du phénomène en raison de préjugés ou de pratiques d’enregistrement différentes (Encadré 5.1).
Depuis 2010, le nombre de morts par suicide (la forme la plus fréquente de « morts par désespoir », (Graphique 5.5) et par overdose a reculé dans un tiers des pays de l’OCDE, principalement sous l’effet de la baisse du nombre de suicides. Certains des pays qui rencontraient les plus grandes difficultés ont réalisé les progrès les plus importants : ainsi, la Corée, la Hongrie et le Japon ont réduit le nombre de morts par désespoir de plus de 25 %, l’Estonie de 23 % et la Lituanie de 15 %. Ailleurs, la situation s’est aggravée : depuis 2010, les morts par désespoir ont augmenté de 16 % aux États-Unis, 18 % en Slovénie (pays qui affiche le taux le plus élevé au sein de l’OCDE) et 30 % aux Pays-Bas. Dans ces trois pays, il y a eu une nette hausse de la mortalité par consommation excessive aiguë d’alcool et par overdose.
Symptômes dépressifs
On ne dispose de données sur les symptômes dépressifs que pour les pays européens de l’OCDE où, en moyenne, 6 % des adultes indiquent avoir connu des symptômes dépressifs au cours des deux semaines précédentes (tels qu'éprouver peu d'intérêt pour la réalisation d'activités, se sentir fatigué, manger excessivement ou manquer d'appétit) (Graphique 5.6). Le pourcentage de personnes déclarant avoir souffert de dépression chronique (trouble mental le plus fréquent après les troubles de l’anxiété au sein de l’UE) au cours de l’année passée est légèrement plus élevé et s’établit à 8 % en moyenne (OCDE/Union européenne, 2018[5]).
Inégalités de santé : disparités entre les groupes de population
Les hommes vivent moins longtemps et sont plus touchés par le phénomène des « morts par désespoir », mais se considèrent en meilleure santé et déclarent moins de symptômes dépressifs que les femmes
L’espérance de vie à la naissance est plus élevée chez les femmes (83.2 ans en moyenne) que chez les hommes (77.9 ans) dans tous les pays de l’OCDE. En revanche, 70 % des hommes jugent leur état de santé « bon » contre seulement 60 % des femmes en moyenne. Les écarts entre femmes et hommes sont variables selon les pays, mais ils continuent de suivre une évolution cohérente dans la plupart des cas (Graphique 5.7). Les pays d’Europe de l’Est sont ceux qui se situent le plus loin de la parité pour les deux indicateurs.
Dans tous les pays de l’OCDE, la mortalité par suicide, consommation excessive aiguë d’alcool ou overdose est beaucoup plus élevée chez les hommes que chez les femmes, en moyenne près de quatre fois plus (Graphique 5.8). C’est en Pologne que l’écart entre hommes et femmes est le plus marqué, avec un ratio de 8.2. Même dans le pays où l’écart est le plus faible (Luxembourg), le taux de « décès par désespoir » des hommes est deux fois supérieur à celui des femmes.
L’écart entre femmes et hommes pour ce type de décès se réduit dans 20 pays de l’OCDE depuis 2010. Dans plus de la moitié des cas, cette évolution est due à une hausse ou une stagnation du taux de mortalité chez les femmes, conjuguée à une diminution du nombre de décès chez les hommes. Dans l’ensemble, la mortalité par suicide ou abus de substances a augmenté chez les femmes dans plus d’un tiers des pays de l’OCDE (14) depuis 2010. En outre, dans deux des pays où les inégalités étaient les plus fortes (Islande, Lituanie), l’écart entre hommes et femmes s’est encore creusé, la mortalité ayant baissé plus rapidement chez ces dernières.
Dans les pays européens de l’OCDE pour lesquels on dispose de données, les femmes sont plus nombreuses (8 %) que les hommes (6 %) à indiquer avoir connu récemment des symptômes dépressifs (OCDE/Union européenne, 2018[5]).
Les personnes ayant un plus faible niveau d’études et de revenu sont en moins bonne santé
Il y a des inégalités marquées d’espérance de vie et de perception de l’état de santé liées aux écarts de niveau d’études et de revenu. Dans les 18 pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données, l’écart moyen d’espérance de vie à 25 ans entre les personnes ayant un haut niveau d’études et les personnes ayant un faible niveau d’études est de 7.6 ans pour les hommes et 4.8 ans pour les femmes (Graphique 5.9). À 65 ans, les écarts sont, respectivement, de 3.6 et 2.6 ans (Murtin et al., 2017[6]). De même, dans tous les pays de l’OCDE, les personnes plus instruites sont en meilleure santé physique et mentale : en moyenne, 78 % des personnes ayant fait des études supérieures jugent leur état de santé « bon » contre 65 % des personnes ayant un niveau d’études secondaire (OCDE – base de données sur l’état de santé). Dans les pays européens de l’OCDE, 4 % des personnes diplômées de l’enseignement supérieur contre 6 % des personnes diplômées de l’enseignement secondaire disent avoir connu récemment des symptômes dépressifs (OCDE/Union européenne, 2018[5]).
Sans exception, les personnes à revenus élevés se disent en meilleure santé. En moyenne dans les pays de l’OCDE, 79 % des personnes situés dans le quintile de revenu supérieur considèrent que leur état de santé est bon, contre 60 % seulement dans le quintile inférieur (Graphique 5.10). Les pays d’Europe de l’Est sont ceux où les différences liées aux revenus sont les plus importantes, avec des écarts supérieurs à 25 points de pourcentage pour l’état de santé perçu. En République tchèque, en Lettonie et en Estonie, l’écart lié au revenu a également augmenté de plus de 10 points de pourcentage depuis 2010.
Encadré 5.1. Mesure et programme statistique à venir
La santé, c’est être et se sentir bien, c’est jouir d’une vie longue et exempte de maladies physiques ou mentales, et pouvoir participer aux activités que l’on souhaite. La série idéale d’indicateurs de résultats dans le domaine de la santé fournirait des données tant sur un bon état de santé (se sentir bien, vivre normalement) que sur les principales maladies et affections causant problèmes de santé, handicaps ou décès – et notamment leur prévalence, chronicité et intensité. Il est essentiel de rendre compte de la dimension tant physique que mentale des résultats de santé, et bien que les seconds se révèlent difficiles à mesurer (en particulier dans les contextes internationaux), ils bénéficient d’une attention accrue de la part des responsables publics, du milieu médical et du monde économique (Patel et al., 2018[7] ; OCDE, 2019[8]). Ce chapitre examine quatre indicateurs de santé physique et mentale (Tableau 5.1) et leur distribution au sein de la population dans les pays de l’OCDE.
Tableau 5.1. Indicateurs de la santé examinés dans ce chapitre
Moyenne |
Inégalités verticales (écart entre les parties supérieure et inférieure de la distribution) |
Inégalités horizontales (écarts entre les groupes en fonction du sexe, de l'âge et du niveau d’études) |
Privations |
|
---|---|---|---|---|
Espérance de vie |
Nombre d’années qu’un nouveau-né peut espérer vivre |
Écart-type de l’âge au décès |
Écarts d’espérance de vie |
s.o. |
État de santé perçu |
Part de la population âgée de 16 ans et plus se considérant en « bonne » ou en « très bonne » santé |
s.o. |
Écarts dans la perception de l’état de santé |
Proportion d’adultes se considérant en « mauvaise » ou « très mauvase » santé |
Décès par suicide, abus d’alcool, toxicomanie |
Décès par suicide, consommation excessive aiguë d’alcool et overdose, pour 100 000 habitants (standardisés selon l’âge d’après la structure de la population de l’OCDE en 2010) |
s.o. |
Écarts dans les taux de mortalité par suicide, consommation excessive aiguë d’alcool et overdose |
s.o. |
Symptômes dépressifs |
Part de la population âgée de 15 ans et plus déclarant avoir connu un ensemble de symptômes dépressifs au cours des deux semaines précédentes |
s.o. |
Écarts en ce qui concerne les symptômes dépressifs |
s.o. |
L’espérance de vie à la naissance est un indicateur synthétique des taux de mortalité et correspond au nombre d’années qu’un enfant né aujourd’hui peut espérer vivre compte tenu des taux de mortalité par âge actuels. Il ne s’agit toutefois que d’une estimation de la durée de vie attendue d’une cohorte donnée car les taux effectifs de mortalité par âge d’une cohorte de naissance donnée ne peuvent être connus à l’avance. L’OCDE calcule la moyenne non pondérée de l’espérance de vie des hommes et des femmes. Il existe des données sur les inégalités d’espérance de vie liées au niveau d’études pour un sous-ensemble de pays, obtenues en rapprochant les données de recensement de celles des actes de décès (Murtin et al., 2017[6]).
L’état de santé perçu traduit la perception globale qu’ont les individus de leur état de santé. Les données proviennent d’enquêtes générales auprès des ménages ou d’entretiens plus détaillés dans le domaine de la santé. L’indicateur repose sur des questions du type « Globalement, comment jugez-vous votre état de santé ? », habituellement assorties des possibilités de réponse : « très bon », « bon », « assez mauvais » ou « mauvais » – bien que certains pays non européens (Australie, Canada, Chili, États-Unis, Israël, Nouvelle-Zélande) utilisent d’autres échelles de réponse, ce qui peut fausser les estimations à la hausse. La base de données de l’OCDE sur l’état de santé réorganise les échelles de réponse des différentes enquêtes pour les faire correspondre à trois grandes catégories : « bonne/très bonne santé » (regroupant toutes les catégories de réponses positives), « santé moyenne » (ni bonne, ni mauvaise) et « mauvaise/très mauvaise santé » (regroupant toutes les catégories de réponses négatives). Les personnes interrogées sont généralement âgées de 16 ans et plus, mais les tranches d’âge considérées varient d’un pays à l’autre.
Le nombre de morts par suicide, consommation excessive aiguë d’alcool et overdose est un indicateur objectif des maladies mentales graves et de la dépendance à des substances psychoactives. Il est tiré des actes de décès officiels et correspond au chiffre cumulé des décès par suicide, consommation excessive aiguë d’alcool et overdose (codes ICD-10 : X60-X84, Y87.0, F10, F11-16, F18-19) pour 100 000 habitants (standardisé par rapport à 2010).
Les symptômes dépressifs déclarés par les individus constituent un indicateur de (mauvaise) santé mentale correspondant à la proportion de personnes âgées de 15 ans et plus qui indiquent avoir connu un ensemble de symptômes dépressifs au cours des deux semaines précédentes : perte d’intérêt ou de plaisir pour toute activité ; abattement, morosité ou désespoir ; troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie) ; fatigue ou manque d’énergie ; manque d’appétit ou suralimentation ; sentiment de culpabilité ou d’échec ou impression de ne pas être à la hauteur, pour soi ou son entourage ; difficultés de concentration, par exemple pour lire le journal ou regarder la télévision ; ralentissement des mouvements ou de la parole observable par les autres, ou agitation ou fébrilité inhabituelles. Conformément aux critères du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV), un répondant est considéré comme ayant des symptômes dépressifs si l’un des premiers items (perte d’intérêt ou de plaisir pour les activités, abattement, morosité ou désespoir) et cinq items au moins de la liste globale (épisode dépressif majeur) ou l’un des deux premiers items et deux à quatre items de la liste globale (autres symptômes dépressifs) sont déclarés pour au moins la moitié de la période de référence. Cet indicateur est tiré de l’Enquête européenne par entretien sur la santé et se limite aux pays européens de l’OCDE.
Corrélations entre les indicateurs relatifs à la santé
Il existe des corrélations significatives entre plusieurs aspects objectifs et subjectifs de la santé (Tableau 5.2). Dans les pays où les individus estiment que leur santé est bonne, l’espérance de vie est en général légèrement supérieure (0.35) et le taux de mortalité par suicide et abus de substances plus faible (-0.46). Il n’existe pas de corrélation significative entre les symptômes dépressifs et les autres résultats examinés ici, ce qui laisse supposer que cet indicateur fournit des informations sur l’état mental dont les autres indicateurs ne rendent pas compte.
Tableau 5.2. Les indicateurs objectifs et subjectifs de la santé sont liés au niveau national
Coefficients de corrélation simple entre les indicateurs relatifs à la santé
Espérance de vie |
État de santé perçu |
Morts par suicide, abus d’alcool, toxicomanie |
Symptômes dépressifs |
|
---|---|---|---|---|
Espérance de vie |
||||
État de santé perçu |
0.35** (35) |
|||
Morts par suicide, abus d’alcool, toxicomanie |
0.09 (41) |
-0.46*** (35) |
||
Symptômes dépressifs |
0.07 (24) |
0.26 (24) |
-0.15 (24) |
Note : Les valeurs entre parenthèses correspondent au nombre d’observations. * signale des corrélations significatives au niveau p<0.10, ** au niveau p<0.05, et *** au niveau p<0.01.
Programme statistique à venir
Bien qu’il existe des données administratives sur certaines maladies (cancer, diabète, maladies circulatoires, par exemple), elles ne portent pas sur la question des comorbidités (présence de plusieurs maladies affectant un même individu), également importante pour comprendre la qualité de vie liée à la santé et les taux d’incidence observés au sein de la population (par exemple : proportion de personnes ayant une pathologie grave).
L’espérance de vie ne reflète que la longévité et ne se rapporte pas à la question de savoir si les années de vie sont vécues en bonne santé. Les autres indicateurs relatifs à l’espérance de vie « en bonne santé » (utilisant les coefficients de pondération de l’incapacité associés à différents états de santé pour calculer le nombre d’années qu’un nouveau-né peut espérer vivre en bonne santé) ne sont pas comparables à l’échelle internationale (sauf pour l’Europe) et les méthodes de calcul des coefficients de pondération de l’incapacité restent contestées. Des indicateurs de perception de l’état de santé sont disponibles pour la majorité des pays de l’OCDE, mais il est encore largement possible d’améliorer les échelles de réponse et la formulation des questions.
On ne dispose d’indicateurs de résultats comparables en santé mentale que pour les pays européens de l’OCDE, dans le cadre de l’Enquête européenne par entretien sur la santé qui a lieu tous les cinq ans. Il reste difficile de trouver des indicateurs de résultats en santé mentale comparables au plan international à l’échelle de la population (et non des seules personnes diagnostiquées ou traitées par des professionnels de santé). Les indicateurs qui se focalisent sur ces personnes peuvent pénaliser les pays qui disposent de systèmes de santé performants et de bons programmes de prévention, dans lesquels la probabilité que les individus se fassent soigner est plus élevée. Par ailleurs, les préjugés autour de la santé mentale peuvent conduire à des sous-déclarations, ce qui nuit à la comparabilité internationale et à l’interprétation de l’évolution des taux de prévalence. De même, les données relatives au suicide risquent de sous-représenter le phénomène en raison de la réprobation qu’il suscite et ne tiennent pas compte du taux (beaucoup plus élevé) de tentatives de suicide.
Cela fait longtemps que la mesure des capacités fonctionnelles des individus (capacité à accomplir les activités de la vie quotidienne, y compris soins auto-administrés) est préconisée, notamment par le Groupe de Washington sur les statistiques des incapacités (Washington Group on Disability Statistics, 2016[9]). Bien que des critères aient été établis à l’échelon international (par exemple le module d’enquête de l’Initiative de Budapest pour la mesure de l’état de santé, préparé par l’équipe spéciale CEE-ONU/OMS/Eurostat pour mesurer l’état de santé), il n’y a pas encore d’indicateurs harmonisés en la matière (Organisation des Nations Unies, 2005[10]).
Pour obtenir des systèmes de santé davantage centrés sur la personne, l’OCDE a engagé en 2017 un programme de travail ambitieux qui vise à comparer le vécu et les résultats déclarés par les patients dans le cadre du programme PaRIS (Enquêtes sur les indicateurs fondés sur les déclarations des patients) (OCDE, 2019[1]). À l’avenir, ces initiatives pourraient être élargies à l’ensemble de la population, au-delà du sous-groupe des personnes en contact avec le système de soins.
Références
[3] Case, A. et A. Deaton (2017), « Mortality and Morbidity in the 21st Century », Brookings Papers on Economic Activity, http://brookings.edu/wp-content/uploads/2017/08/casetextsp17bpea.pdf (consulté le 26 septembre 2019).
[6] Murtin, F. et al. (2017), « Inequalities in longevity by education in OECD countries : Insights from new OECD estimates », OECD Statistics Working Papers, n° 2017/2, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/6b64d9cf-en.
[4] OCDE (2019), Addressing Problematic Opioid Use in OECD Countries, Études de l’OCDE sur les politiques de santé, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/a18286f0-en.
[8] OCDE (2019), OECD Mental Health Performance Framework, http://oecd.org/health/health-systems/OECD-Mental-Health-Performance-Framework-2019.pdf (consulté le 14 janvier 2020).
[1] OCDE (2019), Panorama de la santé 2019 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/5f5b6833-fr.
[5] OCDE/Union européenne (2018), Health at a Glance: Europe 2018 : State of Health in the EU Cycle, Éditions OCDE, Paris/Union européenne, Brussels, https://dx.doi.org/10.1787/health_glance_eur-2018-en.
[10] Organisation des Nations Unies (2005), Budapest Initiative Task Force on Measurement of Health Status: Survey module for measuring health state, https://digitallibrary.un.org/record/747214 (consulté le 16 septembre 2019).
[7] Patel, V. et al. (2018), « The Lancet Commission on global mental health and sustainable development », The Lancet Commissions, vol. 392/10157, pp. 1553-1598, https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31612-X/fulltext.
[2] Raleigh, V. (2019), « Trends in life expectancy in EU and other OECD countries : Why are improvements slowing? », Documents de travail de l’OCDE sur la santé, n° 108, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/223159ab-en.
[9] Washington Group on Disability Statistics (2016), The Washington Group Short Set on Functioning (WG-SS), http://washingtongroup-disability.com (consulté le 16 septembre 2019).