Ce chapitre traite de la quantité d’emplois et de la qualité de l’emploi – qui recouvre les aspects matériels et non matériels des conditions de travail des individus. Depuis 2010, la situation du travail et la qualité de l’emploi se sont globalement améliorées dans les pays de l’OCDE : le taux d’emploi des adultes a progressé de 5 points de pourcentage, et les salaires réels ont augmenté de 7 % en moyenne en valeur cumulée. Le chômage de longue durée, la part des jeunes sans emploi et sortis du système éducatif, l’insécurité sur le marché du travail, le nombre de salariés effectuant de longues heures de travail et le stress au travail ont diminué dans la zone OCDE en moyenne – mais pas dans tous les pays. Les femmes sont moins susceptibles d’exercer un emploi et plus susceptibles d’être en chômage de longue durée ou sans emploi et sorties du système éducatif que les hommes. Les hommes gagnent 13 % de plus que les femmes, mais ils sont plus nombreux à subir du stress au travail et à effectuer régulièrement un nombre élevé d’heures de travail. Les jeunes adultes et ceux qui n'ont pas fait d’études supérieures sont moins bien lotis que les travailleurs plus âgés et plus instruits.
Comment va la vie ? 2020
4. Travail et qualité de l’emploi
Abstract
Taux d’emploi (des 25-64 ans)
Dans les pays de l’OCDE en moyenne, 77 % de la population adulte (c’est-à-dire âgée de 25 à 64 ans) occupent un emploi (Graphique 4.2), la proportion allant de 87 % en Islande à moins de 60 % en Turquie. De façon générale, le niveau d’emploi est plus bas dans les pays d’Europe du Sud et en Amérique latine, et plus élevé dans les pays d’Europe centrale et du nord, au Japon et en Nouvelle-Zélande. Depuis 2010, année de peu postérieure à la crise, la part des adultes occupés dans la zone OCDE a augmenté de 5 points de pourcentage, les plus fortes progressions étant relevées en Hongrie (+14 points), et dans les pays baltes (+10 points environ). En Grèce et au Brésil, cependant, la proportion d’actifs occupés demeure inférieure à sa valeur de 2010 (de 4 points).
Jeunes sans emploi et sortis du système éducatif (15-24 ans)
Les statistiques d’emploi indiquées ci-avant n’englobent pas les jeunes et les jeunes adultes (15-24 ans), car beaucoup de personnes de cette tranche d’âge suivent des études ou une formation à plein temps. De fait, lorsque la population prise en compte pour le calcul du taux d’emploi est celle des 15-64 ans, les pays qui affichent des taux élevés de fréquentation de l’enseignement secondaire du deuxième cycle et de l’enseignement supérieur ou du système de formation professionnelle sont pénalisés. Les possibilités d’emploi dont disposent les jeunes qui ne suivent pas d’études à plein temps n’en sont pas moins importantes. Dans les pays de l’OCDE en moyenne, un jeune sur dix est sans emploi et sorti du système éducatif (Graphique 4.3). La proportion de jeunes dans cette situation est de l’ordre de 5 % au Japon et en Islande, mais de plus de 20 % en Turquie et en Colombie. Depuis 2010, la part des jeunes sans emploi et sortis du système éducatif a baissé de 2 points de pourcentage en moyenne dans les pays de l’OCDE. Cependant, le recul a été beaucoup plus prononcé en Lettonie (-11 points), en Grèce (-6 points), en Irlande, en Espagne et en Turquie (-5 points). Durant la même période, ce taux est resté stable et élevé au Chili et a légèrement augmenté en Colombie.
Taux de chômage de longue durée
Le chômage de longue durée recense les personnes qui sont au chômage depuis un an ou plus, mais qui ont activement cherché un emploi au cours des quatre semaines précédentes et peuvent commencer à travailler dans un délai de deux semaines. Si la plupart des épisodes de chômage sont généralement de courte durée, le chômage de longue durée hypothèque grandement le bien-être des individus et de leur famille. Dans les pays de l’OCDE en moyenne, 2.1 % de l’ensemble des actifs sont au chômage depuis un an ou plus (Graphique 4.4). La Grèce et l’Afrique du Sud sont les pays où le taux de chômage de longue durée est le plus élevé (respectivement, presque 14 % et 17 %), et le Mexique et la Corée ceux où il est le plus bas (presque zéro). Depuis 2010, la part des chômeurs de longue durée a diminué d’environ 1 point de pourcentage dans la moyenne des pays de l’OCDE, les pays baltes et l’Irlande se prévalant des plus fortes baisses (entre 6 et 8 points). En revanche, le taux de chômage de longue durée a augmenté depuis 2010 en Grèce (+7 points), en Afrique du Sud (+3 points) et en Italie (+2 points).
Insécurité sur le marché du travail
Tous les travailleurs sont confrontés au risque de perdre leur emploi, mais les conséquences ne sont pas les mêmes pour tous. Dans les pays de l’OCDE en moyenne, la perte monétaire attendue en cas de chômage et de maintien au chômage en pourcentage du salaire antérieur était de l’ordre de 5 % en 2016 (Graphique 4.5). Cet indicateur mesure à la fois le risque pour une personne de perdre son emploi et les protections dont elle peut bénéficier si ce risque se matérialise, c’est-à-dire les programmes de protection sociale accessibles aux chômeurs. Il s'échelonne entre 8 % dans les pays d’Europe du Sud, en République slovaque et en Turquie (dépassant 20 % en Grèce) et tout juste 2 % en Islande et en Allemagne. Entre 2010 et 2016, la mesure moyenne de l’insécurité sur le marché du travail calculée par l’OCDE a diminué de 1 point de pourcentage, l’Estonie, la Lettonie et la Hongrie enregistrant des baisses beaucoup plus importantes (entre 7 et 8 points). Durant la même période, cependant, l’insécurité sur le marché du travail a augmenté dans plusieurs pays où elle était déjà élevée, notamment en Grèce (+11 points), en Espagne (+5.1), en Italie (+2.3) et au Portugal (+1). Elle s’est également accentuée en Norvège (+1.2), mais en partant d’un niveau plus bas.
Salaires
Les salaires sont une composante importante de la qualité de l’emploi. Le salaire brut moyen annuel des salariés à temps plein est de 41 500 USD pour l’ensemble de la zone OCDE (Graphique 4.6), allant de moins de 20 000 USD au Mexique à plus de 60 000 USD aux États-Unis, en Islande, au Luxembourg et en Suisse. Dans les pays de l’OCDE en moyenne, cet indicateur a augmenté de 7 % en termes réels (environ 2 700 USD) en valeur cumulée entre 2010 et 2018. Les pays qui ont enregistré les plus fortes hausses sont l’Islande (+45 %), suivie des pays baltes et de la Pologne (entre 23 % et 41 %). Les déclins les plus marqués ont été relevés en Grèce (-15 %) et dans les autres pays d’Europe du Sud : Espagne et Portugal (-6 %) et Italie (-3 %).
Pour avoir une indication de la distribution des salaires au sein des pays, on peut se référer au ratio entre les salaires du 90e centile (qui marque le début de la tranche des 10 % supérieurs) et les salaires du 10e centile (début de la tranche des 10 % inférieurs). Dans les pays de l’OCDE en moyenne, les salariés du 90e centile gagnent plus de trois fois plus que les salariés du 10e centile (Graphique 4.7). Le ratio s'échelonne entre 5 aux États-Unis et en Israël et 2 en Suède et en Italie.
Les salariés à temps plein qui perçoivent moins de deux tiers du salaire brut médian calculé pour l’ensemble des salariés à temps plein sont considérés comme ayant un faible salaire. Dans les pays de l’OCDE en moyenne, 15 % des salariés à temps plein ont un faible salaire, la proportion allant de 25 % aux États-Unis et en Lettonie à moins de 5 % en Belgique et en Turquie.
Stress au travail
Le stress au travail est un indicateur de qualité de l’environnement professionnel. Il désigne une situation dans laquelle les exigences auxquelles les salariés sont confrontés dans leur travail (exigences physiques, intensité de travail, horaires de travail très peu souples) excèdent les ressources dont ils disposent pour y faire face (autonomie dans l’exécution des tâches, formation, évolution de carrière). En moyenne, près d’un tiers des salariés des pays de l’OCDE vivaient une situation de stress au travail en 2015 (Graphique 4.8). Cette part est généralement plus élevée dans les pays d’Europe centrale et du Sud (culminant à presque 50 % en Grèce), alors qu’elle se situe aux alentours de 20 % dans les pays d’Europe du Nord et en Nouvelle-Zélande. Entre 2005 et 2015, la part des salariés en situation de stress au travail a diminué de presque 8 points de pourcentage en moyenne dans les pays de l’OCDE. C’est dans les pays d’Europe centrale et du Nord que la baisse a été la plus marquée (entre -15 et -16 points).
Longues heures de travail rémunéré
Les longs horaires de travail rémunéré empiètent sur le temps de loisir, le temps disponible pour s’occuper de soi et la capacité qu’ont les personnes de participer aux tâches domestiques non rémunérées (tâches ménagères et soins aux membres de la famille par exemple). Dans les pays de l’OCDE en moyenne, 7 % environ des salariés travaillent régulièrement 50 heures ou plus chaque semaine (Graphique 4.9). La proportion atteint plus de 25 % en Turquie, au Mexique et en Colombie, alors qu’elle est presque nulle en Suisse, aux Pays-Bas et en Lituanie. La part des salariés qui effectuent de longues heures de travail rémunéré a baissé de 1.7 point de pourcentage en moyenne depuis 2010, mais le recul a été beaucoup plus important en Turquie (-16 points), en Colombie (-9) et au Chili (-8). Dans quelques autres pays, cependant, la tendance s’est orientée à la hausse, Irlande en tête (+2 points).
Inégalités au regard du travail et de la qualité de l’emploi : écarts entre les groupes de population
En matière de travail et de qualité de l’emploi, les hommes sont généralement mieux lotis
Dans les pays de l’OCDE, les hommes âgés de 25 à 64 ans sont plus susceptibles que les femmes du même âge d’exercer un emploi (respectivement, 83 % et 70 % en moyenne). Les écarts de taux de chômage de longue durée entre les sexes sont beaucoup plus réduits, mais toujours favorables aux hommes (2 %, contre 2.2 % pour les femmes). Les jeunes hommes de 15-24 ans sont moins susceptibles d’être sans emploi et sortis du système éducatif que les jeunes femmes du même âge (10 % contre 12 %). Par ailleurs, les salaires horaires des hommes sont supérieurs de 13 % à ceux des femmes (Graphique 4.10). Si l'on tient compte des différences de temps de travail, de taux d’emploi et de l’écart salarial hommes-femmes, les revenus du travail des hommes sont supérieurs de 40 % à ceux des femmes (OCDE, 2019[1]). Cela étant, par rapport aux femmes, les hommes ont une probabilité plus élevée de 20 % d’être en situation de stress au travail, et ils sont plus susceptibles d’effectuer de longues heures de travail rémunéré (10 % des hommes salariés travaillent habituellement 50 heures ou plus par semaine, contre seulement 4 % des femmes salariées). Ces chiffres tranchent avec ceux constatés lorsque le temps de travail non rémunéré est également pris en compte (voir chapitre 10 sur l’équilibre vie professionnelle-vie privée) : il apparaît alors que les femmes travaillent en moyenne 25 minutes par jour de plus que les hommes dans les pays de l’OCDE.
Les adultes d’âge moyen sont plus nombreux à occuper un emploi, et leurs emplois sont de meilleure qualité
Dans les pays de l’OCDE en moyenne, la probabilité d’exercer un emploi est plus faible de 50 % chez les jeunes adultes (15-24 ans) que chez les adultes d’âge moyen (25-54 ans). En comparaison des adultes d’âge moyen, les jeunes adultes ont aussi une probabilité plus élevée de 20 % d’être en chômage de longue durée et de subir du stress au travail, et leurs salaires horaires sont inférieurs de 30 %. Néanmoins, 5 % seulement des jeunes adultes travaillent régulièrement 50 heures ou plus par semaine (contre 8 % des adultes d’âge moyen). À l’autre extrémité du spectre des âges, la probabilité d’exercer un emploi est 20 % plus faible chez les seniors (55-64 ans) que les adultes d’âge moyen, et leur probabilité d’être en chômage de longue durée 30 % plus élevée. Cependant, ceux d’entre eux qui ont un emploi touchent un salaire horaire supérieur de 4 % en moyenne. À l'instar des travailleurs d’âge moyen, 27 % des travailleurs âgés sont en situation de stress au travail et 8 % travaillent habituellement 50 heures ou plus par semaine.
Les adultes ayant suivi des études supérieures sont généralement avantagés en termes de travail et de qualité d’emploi
Dans les pays de l’OCDE en moyenne, les adultes âgés de 25 à 64 ans qui n’ont pas atteint le deuxième cycle du secondaire ont 30 % de chances de moins d’exercer un emploi que les adultes qui ont fréquenté l’enseignement supérieur. Lorsqu’ils occupent un emploi, leur salaire horaire est inférieur de 40 % ; ils sont plus de deux fois plus nombreux à subir du stress au travail ; et ils sont plus de trois fois plus susceptibles d’être en chômage de longue durée. Par contraste, les adultes ayant atteint le deuxième cycle du secondaire ont presque autant de chances d’exercer un emploi que les adultes ayant suivi des études supérieures – mais leur salaire horaire est inférieur de 30 %, et ils sont quatre fois plus nombreux à signaler une situation de stress au travail. Les adultes ayant atteint le deuxième cycle du secondaire présentent également un risque de 70 % plus élevé d’être chômeurs de longue durée que les adultes diplômés de l’enseignement supérieur.
Encadré 4.1. Mesure et programme statistique à venir
Le travail désigne les activités productives (rémunérées ou non), et la qualité de l’emploi désigne les aspects matériels et non matériels des conditions de travail des individus. Le présent chapitre met l’accent sur le travail rémunéré. Il est complété par le chapitre 10, consacré à l’équilibre vie professionnelle-vie privée, qui prend également en considération le travail non rémunéré. Les aspects matériels des conditions de travail comprennent notamment la rémunération (salaire par exemple), la disponibilité des emplois et le risque de perte d’emploi. Les aspects non matériels renvoient à la qualité de l’environnement professionnel, mesurée à partir des données déclarées par les travailleurs concernant leur sécurité physique, le contenu de leur poste, la mesure dans laquelle ce contenu est adapté à leurs compétences et aptitudes, l’autonomie dont ils bénéficient, leur possibilité de se former, leurs horaires de travail (temps de travail et souplesse des horaires) et les relations qu’ils entretiennent avec leurs condisciples (par exemple le niveau de soutien social au travail). Les indicateurs utilisés dans ce chapitre mesurent une partie (mais pas la totalité) de ces aspects du travail et de la qualité de l’emploi (Tableau 4.1).
Tableau 4.1. Indicateurs relatifs au travail et à la qualité de l’emploi examinés dans ce chapitre
Moyenne |
Inégalités verticales (écart entre les parties supérieure et inférieure de la distribution) |
Inégalités horizontales (écarts entre les groupes en fonction du sexe, de l'âge et du niveau d’études) |
Privations |
|
---|---|---|---|---|
Quantité de travail |
Taux d’emploi (25-64 ans) |
s.o. |
Écarts de taux d’emploi, par groupe ; écarts de taux de chômage de longue durée, par groupe ; écarts de la proportion de jeunes sans emploi et sortis du système éducatif, par groupe |
Taux de chômage de longue durée ; Jeunes sans emploi et sortis du système éducatif (part des jeunes âgés de 15 à 24 ans qui ne sont ni en emploi, ni scolarisés ni en formation) |
Insécurité sur le marché du travail due au risque de devenir chômeur (pour les personnes occupant un emploi) |
s.o. |
[disponible mais non utilisé] |
s.o. |
|
Qualité de l’emploi |
Salaire moyen annuel en équivalent temps plein |
Rapport P90/P10 des salaires en équivalent temps plein |
Écarts de salaire horaire en équivalent temps plein |
Salariés à temps plein qui perçoivent moins de deux tiers du salaire brut médian calculé pour l’ensemble des salariés à temps plein |
Stress au travail – indicateur composite de la qualité de l’environnement professionnel |
s.o. |
Écarts de la proportion de salariés en situation de stress au travail, par groupe |
Incidence du stress au travail (part des salariés ayant déclaré, pendant la semaine de référence de l’enquête, qu'ils étaient confrontés dans leur travail à une quantité d’exigences supérieure à la quantité de ressources dont ils disposaient pour y faire face) |
|
Longues heures de travail rémunéré |
s.o. |
Écarts de la proportion de salariés effectuant régulièrement de très longues heures de travail, par groupe |
Longues heures de travail rémunéré (salariés effectuant habituellement 50 heures de travail rémunéré ou plus chaque semaine) |
Le taux d’emploi correspond à la proportion d’adultes (25-64 ans) qui déclarent avoir effectué un travail rémunéré pendant une heure au moins au cours de la semaine précédente. Il inclut également les personnes qui, ayant déjà travaillé dans leur emploi actuel, ont été temporairement absentes du travail pendant la semaine de référence de l’enquête tout en conservant un lien formel avec leur emploi (leur absence étant due par exemple à un congé parental, un congé pour maladie ou un congé annuel). Les données sont tirées des informations des enquêtes nationales sur la population active, telles qu’elles sont compilées dans la base de données des Statistiques annuelles de l’OCDE de la population active, et sont conformes aux normes établies par la Conférence internationale des statisticiens du travail.
Le taux de chômage de longue durée désigne le nombre de personnes qui sont au chômage depuis un an ou plus, en proportion de la population active (c’est-à-dire de la somme des actifs occupés et des chômeurs). Sont considérées comme chômeurs les personnes qui n’ont effectué aucun travail rémunéré pendant la semaine de référence de l’enquête, mais qui ont cherché activement un emploi au cours des quatre semaines précédentes et qui pouvaient commencer à travailler dans un délai de deux semaines. Les données sont tirées des informations des enquêtes nationales sur la population active, telles qu’elles figurent dans la Base de données des Perspectives de l’emploi de l’OCDE, et sont conformes aux normes établies par la Conférence internationale des statisticiens du travail.
Les jeunes sans emploi et sortis du système éducatif désignent la proportion de jeunes (15-24 ans) qui ne sont ni salariés, ni scolarisés ni en formation dans la population du même âge. La transition des jeunes des études vers la vie active dépend des possibilités dont ils disposent dans le domaine éducatif et du contexte économique et social. Pour les pays à faible revenu, il convient d’analyser cet indicateur en association avec la proportion de jeunes occupant un emploi vulnérable ou informel afin de mieux saisir le degré de marginalisation des jeunes sur le marché du travail (BIT, 2015[2]). Les personnes scolarisées ou en formation sont celles qui ont suivi un enseignement dans le cadre du système éducatif ordinaire, soit pendant les quatre semaines précédentes soit pendant une période plus courte. Certains pays de l’OCDE incluent certaines personnes qui ne sont pas considérées comme étant scolarisées dans l’enseignement formel mais qui suivent une formation (ou un enseignement scolaire) pour se préparer à l’emploi ou pour passer des examens d’entrée dans l’enseignement supérieur (OCDE, 2017[3]). Les données sont compilées par le Réseau de l’OCDE sur les retombées professionnelles et sociales de l’éducation à partir des enquêtes nationales sur la population active, à l’aide d’un questionnaire annuel.
L’insécurité sur le marché du travail désigne la perte monétaire attendue pour une personne salariée en cas de chômage et de maintien au chômage, en pourcentage de son salaire antérieur. Cette perte dépend du risque de chômage, de la durée attendue de l’épisode de chômage et de la compensation apportée par les indemnités de chômage (assurance chômage effective). Les données relatives à la durée du chômage sont utilisées pour mesurer la probabilité d’entrer dans le chômage (les personnes qui déclarent être au chômage depuis un mois ou moins sont supposées avoir occupé un emploi le mois précédent), ainsi que la durée moyenne attendue des épisodes de chômage terminés (en mois). L’assurance chômage correspond au produit de la couverture de l’assurance/assistance chômage (la part des chômeurs qui déclarent percevoir des indemnités de chômage) et des taux de remplacement (estimés à l’aide d’un modèle), c’est-à-dire le ratio entre les transferts publics reçus par les bénéficiaires d’indemnités de chômage et leur salaire antérieur. Ces taux de remplacement comprennent les indemnités versées par l’assurance chômage et l’assistance chômage, mais pas les prestations d’aide sociale. Ils sont calculés en faisant la moyenne des taux de remplacement pour différentes configurations de niveaux de salaire et différents types de famille. L’indicateur s’appuie sur les données de la Base de données de l’OCDE sur la durée du chômage, de la Base de données de l’OCDE sur les bénéficiaires de prestations, de la Base de données de l’OCDE sur les programmes du marché du travail et de la Base de données de l’OCDE sur les impôts et les prestations.
Les salaires sont les salaires moyens annuels des salariés travaillant dans tous secteurs d’activité et types d’emploi salariés confondus, exprimés en équivalent temps plein et année pleine. L'indicateur utilisé, qui est tiré des comptes nationaux, comprend la rémunération brute des salariés (part patronale des cotisations de sécurité sociale comprise) avant sommes retenues par l’employeur au titre des impôts, des cotisations de sécurité sociale, des cotisations à un régime de retraite, des primes d’assurance-vie, des cotisations syndicales et autres sommes dues par les salariés. Cette valeur (« traitements et salaires ») est divisée par le nombre de salariés en équivalent temps plein dans le pays (obtenu en multipliant le nombre de salariés par le rapport entre le nombre total d’heures travaillées et le nombre d’heures travaillées par les salariés à temps plein, ce qui permet de prendre en compte la fréquence du travail à temps partiel). Cet indicateur est obtenu à partir de données tirées de la Base de données de l’OCDE sur les comptes nationaux, de la Base de données de l’OCDE sur la distribution des revenus et de la Base de données de l’OCDE sur le salaire annuel moyen par salarié en équivalent temps complet et année pleine, qui elles-mêmes reposent sur les données des comptes nationaux, des enquêtes sur la population active, des enquêtes auprès des entreprises et des employeurs, des enquêtes sur le revenu des ménages et des registres administratifs tirés des fichiers fiscaux. L’écart salarial hommes-femmes et l’indicateur de risque de faible salaire (privations) sont calculés pour des salariés à temps plein (ils ne sont pas calculés en équivalent année pleine, comme tous les autres indicateurs). Les salaires sont exprimés en dollars des États-Unis (USD), à l’aide des parités de pouvoir d’achat (PPA) pour la consommation privée.
Le stress au travail porte sur la fréquence de la tension au travail parmi les salariés. Le stress au travail est défini comme une situation où les exigences auxquelles les salariés déclarent être confrontés dans leur travail (par exemple, les contraintes de temps et l’exposition à des risques pour la santé physique) sont supérieures aux ressources dont ils disposent pour y faire face (par exemple autonomie au travail, possibilités d’apprentissage ou qualité des relations sur le lieu de travail). Les données utilisées pour calculer cet indicateur se rapportent à trois catégories d’exigences professionnelles (à savoir : a) les exigences physiques liées à un emploi difficile d’un point de vue physique (par exemple le port et le transport de lourdes charges) ; b) l’intensité du travail, qui correspond à des journées de travail plus longues que la moyenne ; et c) la flexibilité insuffisante du temps de travail) ; et trois catégories de ressources professionnelles (à savoir : 1) l’autonomie au travail, qui concerne la liberté qu’ont les travailleurs de choisir et de varier les tâches ainsi que les méthodes ; 2) les possibilités de formation et d’apprentissage, qui incluent les opportunités d’apprentissage formelles et informelles au travail ; et 3) la perception de possibilités d’avancement de carrière qui est liée à la motivation des travailleurs). Le stress au travail correspond à des cas où les exigences professionnelles auxquelles le salarié déclare être confronté sont supérieures aux ressources professionnelles dont il dispose. Aucune source de données unique ne couvrant l’ensemble des pays de l’OCDE, on obtient l’indice de stress au travail en conjuguant les données de l’Enquête européenne sur les conditions de travail (EWCS) et les modules « Work Orientations » du Programme international d’enquêtes sociales (ISSP).
Les longues heures de travail rémunéré se rapportent à la part des salariés (tous âges confondus) qui travaillent habituellement 50 heures ou plus par semaine. Ce seuil de 50 heures a été retenu parce qu’après prise en compte du temps consacré aux trajets entre le domicile et le travail, au travail non rémunéré et à la satisfaction des besoins primaires (comme dormir et manger), les travailleurs qui travaillent régulièrement plus de 50 heures par semaine ont vraisemblablement très peu de temps (une ou deux heures par jour) à consacrer à d’autres activités. En outre, dans les pays dotés d’une réglementation qui fixe une durée de travail maximale, cette durée est généralement limitée à 48 heures par semaine. Les données sont issues des enquêtes nationales sur la population active et sont globalement comparables entre pays.
Corrélations entre les indicateurs relatifs au travail et ceux liés à la qualité de l’emploi
Il existe des corrélations modérées à fortes entre un grand nombre d’indicateurs relatifs au travail et à la qualité de l’emploi (Tableau 4.2). La principale exception concerne l’indicateur de longues heures de travail rémunéré, qui présente seulement une forte corrélation positive avec le taux de jeunes sans emploi et sortis du système éducatif (0.7) et une corrélation négative avec l’emploi (-0.5). Il ne semble pas d’après les données qu'il faille choisir entre quantité et qualité de l’emploi : au contraire, les pays qui obtiennent de meilleurs résultats sur le plan de la quantité d’emploi (taux d’emploi, taux de chômage de longue durée et taux de jeunes sans emploi et sortis du système éducatif) s’en sortent également mieux en général sur le plan de la qualité de l’emploi (salaires, insécurité sur le marché du travail, longues heures de travail, stress au travail).
Tableau 4.2. Les indicateurs relatifs au travail et à la qualité de l’emploi présentent les corrélations attendues
Coefficients de corrélation simple entre les indicateurs relatifs au travail et à la qualité de l’emploi
|
Taux d’emploi |
Jeunes sans emploi et sortis du système éducatif |
Taux de chômage de longue durée |
Insécurité sur le marché du travail |
Salaires |
Stress au travail |
Longues heures de travail rémunéré |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Taux d’emploi |
|||||||
Jeunes sans emploi et sortis du système éducatif |
-0.84*** (41) |
||||||
Taux de chômage de longue durée |
-0.70*** (40) |
0.58*** (39) |
|||||
Insécurité sur le marché du travail |
-0.70*** (36) |
0.61*** (35) |
0.84*** (35) |
||||
Salaires |
0.35** (36) |
-0.48*** (35) |
-0.28 (35) |
-0.45*** (36) |
|||
Stress au travail |
-0.52*** (38) |
0.36** (37) |
0.37** (37) |
0.69*** (35) |
-0.50*** (35) |
||
Longues heures de travail rémunéré |
-0.51*** (38) |
0.66*** (38) |
0.01 (36) |
0.16 (33) |
-0.23 (33) |
0.20 (34) |
Note : Le tableau montre le coefficient de corrélation simple de Pearson ; les valeurs entre parenthèses correspondent au nombre d’observations (pays). * signale des corrélations significatives au niveau p<0.10, ** au niveau p<0.05 et *** au niveau p<0.01.
Programme statistique à venir
La série d’indicateurs actuellement utilisée est alignée sur les concepts internationaux de « travail décent » (BIT, 2013[4]) et de « qualité de l’emploi » (OCDE, 2019[1]). Il est néanmoins possible de l’améliorer de diverses manières :
en augmentant la fréquence de collecte, en améliorant la ponctualité et en élargissant la portée des données sur la qualité de l’emploi pour couvrir d’autres dimensions et caractéristiques de l’environnement professionnel. Les lacunes des données concernent les relations avec les collègues de travail (par exemple, le soutien social au travail), la culture de l’organisation et la motivation des travailleurs, telles qu’elles sont définies dans les lignes directrices de l’OCDE sur la mesure de la qualité de l’environnement professionnel (OECD Guidelines on measuring the quality of the working environment) (OCDE, 2017[5]).
En élargissant le concept de qualité de l’emploi, pour mieux prendre en compte les travailleurs indépendants (ou, plus généralement, les personnes occupant un emploi informel). Des travaux méthodologiques sont en cours pour trouver des moyens d’adapter l’indicateur de stress au travail à la situation des travailleurs indépendants (Cazes, Hijzen et Saint-Martin, 2015[6]).
En intégrant un indicateur de satisfaction professionnelle : les cadres de bien-être de certains pays comprennent un indicateur de satisfaction professionnelle (Allemagne, Australie, Corée, Israël, Italie, Japon, Nouvelle-Zélande, Pays-de-Galles, Royaume-Uni), mais ces mesures ne sont pas harmonisées entre pays.
En prenant mieux en compte les répercussions de la transformation numérique sur le travail (travail sur plateforme par exemple). Un groupe technique d’experts OIT-UE-OCDE sur la mesure du travail sur plateforme a été mis en place en septembre 2019 dans le but de donner des orientations sur les concepts et les méthodes de mesure. Les travaux conceptuels du groupe apporteront des éléments aux essais pilotes que prévoient d’effectuer plusieurs agences statistiques européennes dans le contexte du Groupe de travail d’Eurostat sur les statistiques du marché du travail.
L’indicateur de chômage de longue durée utilisé ici repose sur une définition relativement étroite du chômage – les personnes qui ont cherché activement un emploi au cours des quatre semaines précédentes et qui peuvent commencer à travailler dans un délai de deux semaines. Il exclut donc les personnes en situation de non-emploi de longue durée qui souhaitent travailler mais qui n’ont pas cherché un emploi récemment (en raison par exemple du manque perçu d’offres d’emploi appropriées). Ces « travailleurs découragés » sont l’une des composantes de l’indicateur de sous-utilisation de la main-d’œuvre qui figure dans le chapitre 15 sur le capital humain.
Références
[2] BIT (2015), « What does NEETs mean and why is the concept so easily misinterpreted? », BIT, Programme sur l’emploi des jeunes, https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---dcomm/documents/publication/wcms_343153.pdf (consulté le 4 octobre 2019).
[4] BIT (2013), Decent Work Indicators: Guidelines for Producers and Users of Statistical and Legal Framework Indicators, ILO Manual, https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---dgreports/---integration/documents/publication/wcms_229374.pdf (consulté le 23 août 2019).
[6] Cazes, S., A. Hijzen et A. Saint-Martin (2015), « Measuring and Assessing Job Quality : The OECD Job Quality Framework », Documents de travail de l’OCDE sur les affaires sociales, l’emploi et les migrations, n° 174, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/5jrp02kjw1mr-en.
[1] OCDE (2019), Des emplois de qualité pour tous dans un monde du travail en mutation : La stratégie de l’OCDE pour l’emploi, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/4e6a92fa-fr.
[3] OCDE (2017), Guide de l’OCDE pour l’établissement de statistiques internationalement comparables dans le domaine de l’éducation : Concepts, normes, définitions et classifications, Éditions OCDE, https://doi.org/10.1787/9789264292116-fr (consulté le 4 octobre 2019).
[5] OCDE (2017), OECD Guidelines on Measuring the Quality of the Working Environment, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264278240-en.