Le capital naturel comprend à la fois les actifs naturels (la couverture naturelle des sols, la biodiversité, par exemple), et les écosystèmes et leurs services (les océans, les forêts, les sols, l’atmosphère, etc.). Ce chapitre examine les stocks et les flux entrant et sortant de ces systèmes naturels, ainsi que les facteurs de risque et de résilience qui les affectent. Le pourcentage d’espaces couverts d’une végétation naturelle varie de 6 % à 90 % dans les pays de l’OCDE, et ceux où les stocks sont les plus bas enregistrent certains des déclins les plus importants. De nouvelles aires protégées marines et terrestres ont été créées depuis 2010 dans les pays de l’OCDE, mais l’état de la diversité des espèces (mesuré par l’indice de la Liste rouge) s’est aggravé. Si les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités de production ont diminué de 4 % pour l’ensemble de l’OCDE depuis 2010, au niveau mondial elles ont progressé de 50 % depuis 1990. Les énergies renouvelables occupent une place minime dans le mix énergétique de la plupart des pays de l’OCDE, et l’empreinte matières par habitant a augmenté depuis 2010.
Comment va la vie ? 2020
14. Capital naturel
Abstract
Ressources biologiques et biodiversité
L’érosion de la biodiversité et les pressions exercées sur les services écosystémiques font partie des défis environnementaux les plus urgents auxquels le monde est aujourd’hui confronté, et l’évolution de l’occupation et de la couverture des sols figure parmi les premiers facteurs responsables. Depuis 1992, 2.7 % des espaces de végétation naturelle ou semi-naturelle (c’est-à-dire les surfaces boisées, les prairies, les zones humides, les maquis et la végétation clairsemée) dans le monde, soit deux fois la superficie de l’Espagne, ont été remplacés par d'autres types de couverture. Plus de la moitié de ces espaces perdus se trouvent dans des pays de l’OCDE ou du G20, principalement le Brésil, la République populaire de Chine, la Fédération de Russie, les États-Unis et l’Indonésie (OCDE, 2019[1]).
Dans l’ensemble de l’OCDE, 75 % des sols étaient recouverts de végétation naturelle ou semi-naturelle en 2015. Ce pourcentage varie de moins de 30 % en Israël, au Danemark et en Hongrie, à plus de 85 % en Colombie, en Irlande, en Australie et en Nouvelle-Zélande (Graphique 14.2). Entre 2004 et 2015, la superficie totale des espaces de végétation naturelle et semi-naturelle est restée stable dans les pays de l’OCDE. Toutefois, outre les variations du stock net d’espaces naturels, il importe également d’examiner séparément les pertes et les gains, car les pertes peuvent se traduire par la disparition d’habitats riches en biodiversité (par exemple de forêts vierges ou primaires) qui peut ne pas être compensée par une augmentation d’espaces semi-naturels pauvres en biodiversité. La Corée, Israël, le Portugal et la Slovénie ont perdu plus de 2 % de leurs espaces naturels depuis 2004 (Graphique 14.3). À l’exception de la Slovénie, il s’agit de pays où les stocks étaient déjà inférieurs à la moyenne de l’OCDE.
Les indicateurs généraux de couverture des sols ne donnent pas d’informations sur la valeur des espaces perdus ou gagnés du point de vue de la biodiversité. Les paysages forestiers intacts sont un exemple d’écosystèmes de très grande valeur : ce sont des étendues non fragmentées d’écosystèmes naturels sans signes d'activité humaine télédétectés, et suffisamment vastes pour que toute la biodiversité indigène puisse y être maintenue (voir l’Encadré 14.1). Seuls 11 pays de l’OCDE possèdent encore des paysages forestiers intacts – et 3 pays seulement parmi ceux représentés sur le Graphique 14.4 (la Fédération de Russie, le Brésil et le Canada) possédaient près des deux tiers de la superficie mondiale de paysages forestiers intacts en 2000 (Potapov et al., 2017[2]).
Entre 2000 et 2016, la superficie totale de forêts intactes dans l’OCDE a reculé (c’est-à-dire a été dégradée) de 6 %. Cela représente une dégradation de 263 600 kilomètres carrés de forêts, une superficie supérieure à celle du Royaume-Uni (Graphique 14.4). Parmi les pays de l’OCDE, les dégradations la plus importantes (en pourcentage) durant cette période ont été observées en Australie (‑34.4 %), aux États-Unis (‑9.1 %), au Canada (‑5.8 %) et au Mexique (‑4.6 %). Par comparaison, les pertes ont été inférieures ou égales à 1 % en Norvège et en Finlande, et nulles au Japon. Depuis 2010, la superficie forestière intacte a aussi reculé de 10 % en Fédération de Russie, de 8 % au Brésil et de 3.1 % au Costa Rica.
L’un des moyens employés par les pouvoirs publics pour préserver la biodiversité consiste à créer des aires protégées. En milieu continental, celles-ci vont des réserves naturelles intégrales et des zones de nature sauvage aux parcs nationaux, aux paysages terrestres ou marins protégés et aux aires de gestion des habitats ou des espèces ; en mer, la gamme d’aires protégées va des réserves marines intégrales et des zones de non-prélèvement (« sanctuaires marins ») aux réseaux d'aires marines protégées, moins restrictifs. Aujourd’hui, les aires protégées couvrent en moyenne 16 % des espaces terrestres (Graphique 14.5) et 25 % des espaces marins dans l’OCDE (Graphique 14.6), des chiffres en hausse par rapport aux 13.5 % de 2010 pour ces deux indicateurs. Entre 2010 et 2019, le pourcentage d’aires marines protégées a doublé dans 10 pays de l’OCDE (Canada, Portugal, Espagne, Suède, Mexique, Lituanie, Royaume-Uni, Chili, Australie et France) et dans 2 pays partenaires (Afrique du Sud et Brésil). Sur la même période, le pourcentage d’aires terrestres protégées a progressé d’au moins 1 point de pourcentage dans neuf pays de l’OCDE (Canada, Colombie, Nouvelle-Zélande, Belgique, Allemagne, République slovaque, Norvège, Australie et Luxembourg).
Les espèces menacées apportent d'autres renseignements sur les risques relatifs à la biodiversité. L’indice de la Liste rouge (qui évalue le risque combiné d’extinction des oiseaux, mammifères, amphibiens, cycadales et coraux) pour les pays de l’OCDE a faiblement baissé en moyenne depuis 2010 (Graphique 14.7). Les régressions les plus importantes ont généralement été observées dans ceux qui affichaient déjà des taux de risque élevés – Nouvelle-Zélande, Mexique, Corée, Colombie, Chili, Royaume-Uni, Japon, Australie et France.
Changement climatique
Le changement climatique constitue une immense menace pour le bien-être futur. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) ont augmenté de 50 % depuis 1990 (OCDE, 2019[1]). Une accélération récente de la consommation d’énergie mondiale a entraîné une hausse record de 1.7 % des émissions de CO2 dues à la consommation d’énergie en 2018 (AIE, 2019[3]). Les concentrations totales de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont augmenté de près de 30 % depuis 1980, passant de 427 parties par million (ppm) d’équivalent CO2 en 2010 à 449 ppm en 2016 (Agence européenne pour l’environnement, 2019[4]). Pour avoir 50 % de chances de limiter la hausse de la température moyenne mondiale à 1.5°C par rapport aux niveaux pré-industriels, on estime que les valeurs crêtes des concentrations ne devraient pas dépasser 478 ppm, un niveau qui (d’après les tendances actuelles) pourrait être atteint dans les 5 à 16 prochaines années (Agence européenne pour l’environnement, 2019[4]). L’acidification des océans représente un autre risque associé aux émissions de carbone : l’océan absorbe environ 30 % du CO2 libéré dans l’atmosphère, et l’on estime que l’acidité des océans a augmenté de 30 % au cours des 200 dernières années (Administration océanique et atmosphérique nationale, 2019[5]).
Dans l’OCDE, le volume total des émissions de GES dues à la production intérieure a régressé de 4.3 % entre 2010 et 2017 – bien que celles-ci se soient stabilisées ces dernières années, et qu’elles risquent de repartir à la hausse compte tenu des augmentations récentes de la consommation d’énergie et des émissions de CO2 associées (OCDE, 2019[1]). La moyenne des émissions de GES par habitant de l’OCDE a diminué d’environ une tonne depuis 2010 où elle s’établissait à 12.9 tonnes, pour s’élever à 11.9 tonnes en 2017. Toutefois, le rythme de réduction des émissions varie sensiblement d’un pays de l’OCDE à l’autre (Graphique 14.8). Certains pays présentant des valeurs d’émissions de GES par habitant relativement élevées les ont fortement réduites depuis 2010 (par exemple, de 28 % au Luxembourg, de 11 % aux États-Unis, de 7 % en Australie), mais d’autres affichant des niveaux plus modérés ont aussi enregistré des baisses importantes (par exemple, de plus de 25 % en Finlande, au Royaume-Uni, au Danemark et en Suède). Les émissions de GES par habitant ont progressé dans deux pays dont les niveaux étaient déjà élevés (de 2.6 % en Corée et de 3.3 % en Fédération de Russie), ainsi qu’au Portugal (5.7 %), en Lituanie (8.1 %), au Chili (14 %) et en Turquie (18 %) – où les émissions par habitant restent encore parmi les plus faibles de l’OCDE.
L’empreinte carbone d’un pays intègre le CO2 contenu dans ses échanges commerciaux internationaux, et rend compte des émissions associées à la demande finale de biens et de services dans l’économie nationale (lesquelles, du fait des importations et des exportations, peuvent différer des émissions dues à la production, évoquées plus haut). L’empreinte carbone par habitant dans les pays de l’OCDE a diminué, passant de 11.8 tonnes en 2010 à 10.8 tonnes en 2015 (Graphique 14.9). Là encore, certaines des baisses les plus marquées se sont produites dans des pays dont l’empreinte carbone de départ était la plus élevée, mais certains pays ayant une empreinte carbone plus modérée ont aussi réussi à la réduire fortement.
Pour pouvoir réduire les émissions de carbone dues à la combustion des énergies fossiles, il est impératif de modifier les modes de production de l’énergie. Dans les pays de l’OCDE, seulement 10.5 % des approvisionnements totaux en énergie primaire viennent de sources renouvelables (Graphique 14.10). Dans certains des pays les plus petits de l’OCDE, tels que l’Islande, la Norvège, la Lettonie et la Nouvelle-Zélande, les énergies renouvelables pèsent pour environ 40 % ou davantage. Entre 2010 et 2018, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de l’OCDE a augmenté de 2.6 points de pourcentage. Des gains de plus de 7 points de pourcentage ont été observés au Danemark, en Finlande, en Lettonie, au Royaume-Uni et en Norvège – où la part des énergies renouvelables était déjà, pour plusieurs d’entre eux, comparativement élevée en 2010. En revanche, dans les 15 pays de l’OCDE où les énergies renouvelables représentent moins de 10 % des approvisionnements en énergie, on a constaté soit une amélioration, soit une absence de changement et, dans un cas, une diminution de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique.
Qualité des sols et ressources en eau douce
Un excédent d’apports azotés d’origine agricole aggrave la pollution de l’eau, des sols et de l’air. Malgré une réduction globale entre 1990 et 2009 (OCDE, 2014[6]), le bilan azoté annuel des sols agricoles a augmenté depuis 2010 dans plusieurs pays de l’OCDE (Graphique 14.11). Près des deux tiers des pays de l’OCDE présentaient un excédent national annuel de plus de 40 kg d'azote par hectare en 2015. Les valeurs sont particulièrement élevées dans plusieurs pays du nord de l’Europe, ainsi qu’en Corée et au Japon.
La consommation d’eau entraîne un stress hydrique dans plusieurs pays de l’OCDE. La consommation d’eau annuelle représente plus de 20 % des ressources hydriques internes dans près d’un tiers des pays de l’OCDE ; dans plusieurs cas, la consommation d’eau en pourcentage du total des ressources renouvelables (y compris les apports d’eau en provenance des pays voisins) s’en rapproche (Graphique 14.12).
Déchets et matières premières
L’empreinte matières correspond à l’ensemble des matières premières mobilisées pour satisfaire la demande intérieure. Par habitant, cette empreinte a augmenté dans deux tiers des pays de l’OCDE entre 2010 et 2017 (Graphique 14.13). Les hausses les plus fortes (de 3 tonnes ou plus) ont été enregistrées en Lituanie, en Lettonie, en Estonie, en République slovaque et en Australie – pays dont l’empreinte est supérieure à la moyenne de l’OCDE. À l’inverse, plusieurs pays de l’OCDE ayant une empreinte inférieure à la moyenne sont allés à contre-courant de la tendance générale, notamment l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Grèce et l’Irlande, dont l’empreinte matières a diminué de plus de 3 tonnes par habitant depuis 2010.
Les déchets ajoutent aussi aux pressions sur l’environnement naturel. Les taux de recyclage et de compostage des déchets municipaux se sont améliorés dans la majorité des pays de l’OCDE entre 2010 et 2017 (Graphique 14.14). Dans environ un tiers des pays membres, ce taux a progressé d’au moins 5 points de pourcentage. Mais les taux de recyclage ont baissé de plus de 2 points de pourcentage en Belgique et en Autriche – bien que les deux pays soient toujours classés parmi les 5 meilleurs.
Encadré 14.1. Mesure et programme statistique à venir
Le capital naturel comprend les actifs naturels et les écosystèmes, allant d’éléments marchands comme les minéraux et le bois, jusqu’aux océans et à l’atmosphère. Il couvre un vaste périmètre : les indicateurs sélectionnés pour ce chapitre forment un petit échantillon de l’ensemble des stocks, flux et facteurs de risque et de résilience qui interviennent (Exton et Fleischer, 2020[7]). Les indicateurs figurant ici (Tableau 14.1) reflètent plusieurs catégories d’actifs environnementaux répertoriés dans le Cadre central du Système de comptabilité économique et environnementale (SCEE) : les ressources foncières, pédologiques, hydriques, minérales et énergétiques. En outre, ils comportent des données sur les émissions dans l’atmosphère (qui ont un impact sur la régulation du climat par le biais des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère) ainsi que certains aspects des écosystèmes et de la biodiversité, des indicateurs clés tirés de la Stratégie de l’OCDE pour une croissance verte (OCDE, 2017[8]) et une sélection de données de Regards sur l’environnement (OCDE, 2019[1]).
Les espaces naturels et semi-naturels sont définis comme étant le pourcentage de la superficie terrestre totale composé de surfaces boisées, de prairies, de zones humides, de maquis et de végétation clairsemée. Les pertes (gains) d’espaces de végétation naturelle et semi-naturelle sont le pourcentage de surfaces boisées, de prairies, de zones humides, de maquis et de végétation clairsemée converti en d’autres types d’occupation des sols, par exemple en surfaces agricoles ou bâties (ou l’inverse). Le dénominateur utilisé est le « stock » d’espaces naturels et semi-naturels au début de la période de référence. Les données sur les changements de couverture du sol proviennent de la base de données de l’OCDE sur l’environnement, rubrique « Changement de couverture des sols dans les pays et régions ». Pour une présentation complète de la méthodologie appliquée, voir (Haščič et Mackie, 2018[9]).
Tableau 14.1. Indicateurs du capital naturel examinés dans ce chapitre
Indicateur |
Unité de mesure |
Stock |
Flux |
Facteur de risque |
Facteur de résilience |
---|---|---|---|---|---|
Ressources biologiques et biodiversité |
|||||
Espaces naturels et semi-naturels (pertes et gains communiqués séparément) |
Pourcentage de la superficie terrestre totale occupé par des espaces de végétation naturelle et semi-naturelle (surfaces boisées, prairies, zones humides, maquis et végétation clairsemée) |
✓ |
|||
Paysages forestiers intacts |
Kilomètres carrés |
✓ |
|||
Aires protégées terrestres |
Pourcentage de la superficie terrestre totale ayant été classé en aires protégées |
✓ |
|||
Aires protégées marines |
Pourcentage de la superficie totale des zones économiques exclusives ayant été classé en aires protégées |
✓ |
|||
Espèces menacées (indice de la Liste rouge) |
Indicateur combiné du risque d’extinction des oiseaux, mammifères, amphibiens, cycadales et coraux. Une valeur de 1.0 correspond à une situation dans laquelle toutes les espèces sont classées dans la catégorie « Préoccupation mineure » (c’est-à-dire qu’elles ne sont pas menacées d’extinction dans un avenir proche). Un indice égal à 0 indique que toutes les espèces sont éteintes |
✓ |
|||
Changement climatique |
|||||
Émissions de gaz à effet de serre dues à la production intérieure |
Total des émissions de gaz à effet de serre dues à la production intérieure, hors émissions liées à l’utilisation des terres, au changement d’affectation des terres et à la foresterie (UTCATF), en tonnes par habitant d’équivalent CO2 |
|
|
✓ |
|
Empreinte carbone |
Émissions de dioxyde de carbone contenues dans la demande intérieure finale, en tonnes par habitant |
|
|
✓ |
|
Énergies renouvelables |
Énergies renouvelables en pourcentage des approvisionnements totaux en énergie primaire |
|
|
✓ |
|
Qualité des sols et ressources en eau douce |
|||||
Bilan nutritif des sols |
Excédent d’éléments nutritifs (azote), en kilogrammes par hectare de terres agricoles |
|
✓ |
||
Stress hydrique (ressources internes) |
Prélèvements bruts en pourcentage des ressources internes |
|
✓ |
||
Stress hydrique (total des ressources renouvelables) |
Prélèvements bruts en pourcentage du total des ressources renouvelables |
|
✓ |
||
Déchets et matières premières |
|||||
Empreinte matières par habitant |
Matières premières mobilisées pour satisfaire la demande finale du pays, en tonnes par habitant |
✓ |
|||
Déchets municipaux recyclés ou compostés |
Déchets municipaux recyclés ou compostés en pourcentage du total des déchets traités |
✓ |
Un paysage forestier intact désigne un écosystème naturel non fragmenté à l’intérieur du territoire forestier existant, sans signes d'activité humaine télédétectés, et suffisamment vaste pour que toute la biodiversité indigène puisse y être maintenue, y compris des populations viables d’espèces à grand territoire (Potapov et al., 2017[2]). Ces forêts sont définies comme devant faire au moins 500 km² de superficie et au moins 10 km de large, être exemptes d’établissements humains et d’infrastructures, et ne pas avoir été touchées par des activités industrielles, des défrichages agricoles ou d’autres perturbations anthropiques au cours des 70 dernières années. Elles peuvent comporter des éléments non boisés tels que lacs, glaciers ou prairies. Les paysages forestiers intacts sont identifiés à partir d’une carte des forêts mondiales, toutes les zones boisées qui ne satisfont pas les critères ci-dessus étant exclues par repérage visuel des perturbations au moyen d’images satellite et d’autres sources d’information comme les cartes thématiques (routes, établissements, etc.). Les données proviennent de la base de données de statistiques de l’OCDE sur l’environnement, rubrique « Ressources en sols », et sont fondées sur (Potapov et al., 2017[2]).
Les aires protégées correspondent au pourcentage de la superficie terrestre totale (dans le cas des aires terrestres) et du total des zones économiques exclusives (dans le cas des aires marines) ayant été classé en zones protégées dans un cadre national, régional (par exemple les réseaux européens Natura 2000) ou international (par exemple les zones humides d’importance internationale, appelées aussi sites Ramsar). Elles comprennent des réserves naturelles exclusives, des zones de nature sauvage, des parcs nationaux, des monuments naturels, des aires de gestion des habitats ou des espèces, des paysages terrestres ou marins protégés et des aires protégées avec utilisation durable des ressources naturelles. Les données proviennent de la base de données de statistiques de l’OCDE sur l’environnement, rubrique « Biodiversité ». Les calculs sont fondés sur la base de données mondiale sur les zones protégées World Database on Protected Areas (WDPA) qui est maintenue par l’Union internationale pour la conservation de la nature et le Centre mondial de surveillance pour la conservation du PNUE. Pour une présentation complète de la méthodologie appliquée, voir (Mackie et al., 2017[10]).
Espèces menacées – L’indice de la Liste rouge montre l’évolution du risque global d’extinction des espèces dans un pays. C’est un indicateur combiné du risque d’extinction des oiseaux, mammifères, amphibiens, cycadales et coraux. Une valeur de 1.0 signifie que toutes les espèces sont classées dans la catégorie « Préoccupation mineure » (c’est-à-dire qu’elles ne sont pas menacées d’extinction dans un avenir proche), tandis qu’un indice égal à 0 indique que toutes les espèces sont éteintes. Les données proviennent de la base de données mondiale de l’ONU-DESA relative aux indicateurs de suivi des ODD et sont fondées sur les données de la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN.
Les émissions de gaz à effet de serre dues à la production intérieure correspondent au total des émissions de gaz à effet de serre (GES) dues à la production intérieure, hors émissions liées à l’utilisation des terres, au changement d’affectation des terres et à la foresterie (UTCATF), en tonnes par habitant d’équivalent CO2. Cet indicateur porte sur les émissions anthropiques de six gaz différents : le dioxyde de carbone (CO2, comprenant les émissions dues à la consommation d’énergie et aux processus industriels tels que la fabrication de ciment) ; le méthane (CH4, comprenant les émissions de méthane dues aux déchets solides, au bétail, à l’extraction de houille et de lignite, aux rizières, à l’agriculture et aux fuites des gazoducs) ; le protoxyde d'azote (N2O) ; les hydrofluorocarbures (HFC) ; les perfluorocarbures (PFC) ; et l’hexafluorure de soufre (SF6). Les émissions de chaque type de gaz sont pondérées par leur « potentiel de réchauffement » et exprimées en tonnes par habitant d’équivalent CO2. Les données, qui font partie de la base de données de statistiques de l’OCDE sur l’environnement, sont compilées à partir des rapports nationaux d’inventaires présentés en 2014 au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), ainsi que des réponses au questionnaire de l’OCDE sur l’état de l’environnement.
L’empreinte carbone est une estimation des émissions totales de dioxyde de carbone (CO2) par habitant liées à la consommation intérieure, comprenant à la fois le CO2 émis et consommé à l’intérieur du pays et celui émis à l’extérieur et contenu dans les importations. Les émissions contenues dans la consommation intérieure d'un pays entraînent une hausse des concentrations de GES mondiales même lorsque les émissions dues à la production intérieure n’augmentent pas. Cet indicateur est calculé à partir de la base de données de l’édition 2015 des Tableaux internationaux des entrées-sorties (TIES) de l’OCDE, ainsi que des statistiques de l’AIE sur les émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie, et des statistiques d'autres secteurs d'activité. Les données, qui font partie des bases de données de l’OCDE pour l’analyse structurelle (STAN), sont compilées suivant la méthodologie exposée en détail dans (Wiebe et Yamano, 2016[11]).
Les approvisionnements en énergies renouvelables correspondent au pourcentage des approvisionnement totaux en énergie primaire (ATEP) provenant de sources renouvelables. Les énergies renouvelables comprennent les énergies hydroélectrique, géothermique, solaire (thermique et photovoltaïque), éolienne et marine (marémotrice, houlomotrice...), ainsi que celles produites par la combustion de biomasse solide, de biomasse liquide, de biogaz et de déchets municipaux renouvelables. Les ATEP comprennent la production plus les importations moins les exportations, moins les soutes maritimes internationales et les soutes aériennes internationales, plus les variations des stocks d’énergie. Les données concernant les énergies renouvelables et tirées des déchets proviennent des statistiques World – Renewable and Waste Energy Statistics de la base de données de l’AIE sur les énergies renouvelables. Les données sur les approvisionnements totaux en énergie primaire (ATEP) proviennent de la base de données de l’AIE World Energy Statistics and Balances. Les estimations présentées ici sont tirées de la base de données de statistiques de l’OCDE sur l’environnement, rubrique « Croissance verte ».
Le bilan azoté par hectare est la différence entre la quantité totale d’apports d’azote entrant dans un système agricole (dus principalement aux engrais et aux effluents d’élevage) et la quantité d'azote sortant du système (principalement du fait de l’absorption des éléments nutritifs par les cultures et les plantes fourragères). Les bilans azotés bruts sont exprimés en kg d’excédent (lorsqu’il est positif) ou de déficit (lorsqu’il est négatif) d’éléments nutritifs par hectare de terre agricole. Cette mesure est utilisée comme indicateur indirect des pressions qui s’exercent sur l’environnement, par exemple la baisse de la fertilité des sols (dans le cas d’un déficit d’éléments nutritifs) ou le risque de pollution des sols, de l’eau et de l’air (dans le cas d’un excédent). Les bilans des éléments nutritifs sont ceux qui figurent dans la rubrique « Agri-Environmental indicators: Nutrients » de la base de données de statistiques de l’OCDE sur l’agriculture et les pêcheries.
Le stress hydrique est exprimé par le ratio des prélèvements bruts d’eau douce rapportés à deux mesures différentes du stock de ressources en eau disponibles : les ressources renouvelables en eau douce internes (précipitations nettes de l’évapotranspiration) et les ressources renouvelables en eau douce disponibles totales (comprenant les flux venant des pays voisins). Le stress hydrique est classé dans les différentes catégories suivantes : « faible » (moins de 10 %), qui dénote l’absence de tensions importantes sur les ressources disponibles ; « modéré » (10 à 20 %), lorsque la disponibilité de l’eau commence à limiter le développement et que des investissements importants sont nécessaires pour assurer un approvisionnement suffisant ; « moyen-élevé » (20 à 40 %), qui demande de gérer tant l’offre que la demande, et de résoudre les conflits existant entre utilisations concurrentes de l’eau ; et « élevé » (plus de 40 %), qui indique une pénurie grave et (en général) une consommation d’eau (habituellement) non durable, susceptible de devenir un facteur limitant le développement économique et social. Les données sur les prélèvements d’eau douce proviennent de la base de données de l’OCDE sur l’environnement, rubrique « Prélèvements d’eau douce ». À noter que les données relatives au Royaume-Uni comprennent uniquement les prélèvements d’eau douce en Angleterre et au Pays de Galles.
L’empreinte matières est exprimée en tonnes par habitant et correspond à l’ensemble des matières premières mobilisées pour satisfaire la demande finale d’un pays, qui comprend donc les matières utilisées pour produire les produits importés. Il s'agit des ressources matérielles, c’est-à-dire des matières tirées des ressources naturelles qui constituent la base matérielle de l’économie : les métaux (ferreux et non ferreux), les minéraux non métalliques (utilisés dans la construction, l’industrie), la biomasse (bois, aliments) et les vecteurs énergétiques fossiles. Les données sur l’empreinte matières pour les pays de l’OCDE sont tirées de la base de données de l’OCDE sur l’environnement, rubrique « Ressources matérielles », fondée à son tour sur la base de données Environment Live du PNUE.
Tableau 14.2. Chaque indicateur de capital naturel contribue à la situation globale
Coefficients de corrélation simple entre les indicateurs du capital naturel
Espaces naturels |
Pertes d’espaces naturels |
Gains d’espaces naturels |
Paysages forestiers intacts |
Aires protégées terrestres |
Aires protégées marines |
Espèces menacées |
Émissions de GES dues à la production |
Empreinte carbone |
Énergies renouvelables |
Bilan nutritif des sols |
Stress hydrique (internes) |
Stress hydrique (renouvelables) |
Empreinte matières |
|
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Pertes d’espaces naturels |
-0.39** |
|||||||||||||
(41) |
||||||||||||||
Gains d’espaces naturels |
-0.49*** |
0.33** |
||||||||||||
(41) |
(41) |
|||||||||||||
Paysages forestiers intacts |
0.28* |
-0.17 |
-0.18 |
|||||||||||
(41) |
(41) |
(41) |
||||||||||||
Aires protégées terrestres |
-0.21 |
-0.08 |
0.10 |
-0.21 |
||||||||||
(40) |
(40) |
(40) |
(40) |
|||||||||||
Aires protégées marines |
0.03 |
-0.13 |
-0.26 |
-0.13 |
0.57*** |
|||||||||
(34) |
(34) |
(34) |
(34) |
(34) |
||||||||||
Espèces menacées |
-0.24 |
-0.13 |
-0.15 |
0.16 |
0.08 |
0.04 |
||||||||
(41) |
(41) |
(41) |
(41) |
(40) |
(34) |
|||||||||
Émissions de GES dues à la production |
0.24 |
-0.04 |
-0.40** |
0.30* |
-0.09 |
0.05 |
0.04 |
|||||||
(40) |
(40) |
(40) |
(40) |
(39) |
(33) |
(40) |
||||||||
Empreinte carbone |
0.08 |
0.06 |
-0.37** |
0.07 |
-0.09 |
0.07 |
0.11 |
0.83*** |
||||||
(41) |
(41) |
(41) |
(41) |
(40) |
(34) |
(41) |
(40) |
|||||||
Énergies renouvelables |
0.28* |
-0.18 |
-0.01 |
-0.00 |
-0.05 |
-0.20 |
0.04 |
-0.20 |
-0.23 |
|||||
(41) |
(41) |
(41) |
(41) |
(40) |
(34) |
(41) |
(40) |
(41) |
||||||
Bilan nutritif des sols |
-0.22 |
0.40** |
-0.15 |
-0.14 |
-0.02 |
-0.11 |
-0.16 |
0.10 |
0.28 |
-0.32* |
||||
(34) |
(34) |
(34) |
(34) |
(33) |
(27) |
(34) |
(34) |
(34) |
(34) |
|||||
Stress hydrique (internes) |
-0.57*** |
0.23 |
0.19 |
-0.16 |
-0.16 |
-0.09 |
-0.08 |
-0.07 |
0.01 |
-0.40** |
0.44** |
|||
(33) |
(33) |
(33) |
(33) |
(32) |
(27) |
(33) |
(33) |
(33) |
(33) |
(30) |
||||
Stress hydrique (renouvelables) |
-0.51*** |
0.49*** |
0.26 |
-0.25 |
-0.09 |
-0.19 |
-0.31* |
-0.08 |
0.07 |
-0.41** |
0.32* |
0.61*** |
||
(34) |
(34) |
(34) |
(34) |
(33) |
(28) |
(34) |
(34) |
(34) |
(34) |
(30) |
(32) |
|||
Empreinte matières |
-0.00 |
-0.04 |
-0.27* |
-0.11 |
0.35** |
0.07 |
0.31** |
0.45*** |
0.60*** |
-0.04 |
0.17 |
-0.20 |
-0.19 |
|
(40) |
(40) |
(40) |
(40) |
(39) |
(34) |
(40) |
(39) |
(40) |
(40) |
(33) |
(32) |
(33) |
||
Taux de recyclage |
-0.04 |
0.09 |
-0.45*** |
-0.13 |
0.20 |
0.55*** |
0.31* |
0.17 |
0.32* |
-0.09 |
0.33* |
0.11 |
-0.05 |
0.25 |
(35) |
(35) |
(35) |
(35) |
(34) |
(28) |
(35) |
(35) |
(35) |
(35) |
(33) |
(31) |
(31) |
(34) |
Note : Le tableau montre le coefficient de corrélation simple de Pearson ; les valeurs entre parenthèses correspondent au nombre d’observations (pays). * signale des corrélations significatives au niveau p<0.10 ; ** au niveau p<0.05, et *** au niveau p<0.01.
Le taux de valorisation matière des déchets municipaux est le pourcentage des déchets recyclés ou compostés sur l’ensemble des déchets traités. Le recyclage est défini comme étant tout retraitement d’un matériau dans un processus de production qui l’écarte de la chaîne des déchets, à l’exception des réutilisations comme combustible. Le retraitement peut avoir pour objectif d’obtenir un produit du même type ou destiné à d’autres usages. Il ne comprend pas le recyclage direct à l’intérieur des installations industrielles sur le lieu de production. Le compostage est défini comme étant un processus biologique qui soumet des déchets biodégradables à une décomposition anaérobie ou aérobie et aboutit à un produit qui est valorisé. Les déchets traités comprennent les déchets recyclés, compostés, incinérés et mis en décharge. Les données sur le traitement des déchets sont tirées de la base de données de l’OCDE sur l’environnement, rubrique « Déchets municipaux - Production et traitement ».
Corrélations entre les indicateurs de capital naturel
Les corrélations les plus fortes entre les indicateurs de capital naturel sont observées entre les émissions de gaz à effet de serre dues à la production intérieure, et l’empreinte carbone (0.8) (Tableau 14.2). Les deux indicateurs des aires protégées (terrestres et marines) sont également fortement corrélés entre eux (0.6), ainsi qu’avec les taux de recyclage (0.6). Les deux indicateurs de stress hydrique sont corrélés (0.6), et les pays ayant un pourcentage plus élevé d’espaces naturels ont tendance à afficher des taux de stress hydrique inférieurs (-0.6). Les pays dont l’empreinte carbone est plus élevée présentent aussi une empreinte matières plus importante (0.6).
Programme statistique à venir
Pour plusieurs indicateurs du Tableau 14.1, il conviendrait d’améliorer la couverture des pays, de compléter les séries chronologiques et d’avoir des données régulières. D’autres indicateurs clés manquent totalement. Les données sur les bénéfices des services écosystémiques pour le bien-être humain sont particulièrement mal couvertes, de même que celles sur la diversité des espèces. D'autres déficits importants concernent la qualité de l’eau, en termes à la fois de pollution des rivières et des lacs et d’acidification des océans, ainsi que les informations sur le caractère durable de la gestion des ressources (les stocks de poisson, par exemple). Dans d'autres cas, les indicateurs existants gagneraient à être affinés ou complétés. À titre d’exemple, les données sur le pourcentage des énergies renouvelables dans les approvisionnements totaux en énergie primaire devraient être complétées par des informations sur le pourcentage total d’énergie généré par toutes les sources zéro carbone. Les aires protégées ne sont pas forcément implantées de manière optimale du point de vue des objectifs de conservation de la biodiversité, et l’indicateur présenté ici ne donne aucune indication sur la réalité de la gestion et du respect des aires protégées. Dans l’idéal, un ensemble de données sur les émissions de GES dans l’atmosphère montrerait la répartition des différents gaz à effet de serre séparément, au lieu de les regrouper avec une pondération d'équivalence carbone, ce qui pose problème puisque chaque gaz a des effets différents sur l’atmosphère. Le total des apports d’engrais devrait être utilisé pour compléter les données sur le bilan des éléments nutritifs (azote) du sol. Dans l’idéal, le recyclage et le compostage devraient couvrir tous les ménages et tous les secteurs d'activité, et non uniquement la valorisation matière des déchets municipaux traités. Il pourrait également être intéressant d’intégrer des données sur les catastrophes naturelles.
Références
[5] Administration océanique et atmosphérique nationale (2019), Ocean acidification, http://noaa.gov/education/resource-collections/ocean-coasts-education-resources/ocean-acidification.
[4] Agence européenne pour l’environnement (2019), Atmospheric greenhouse gas concentrations - indicator assessment, http://eea.europa.eu/data-and-maps/indicators/atmospheric-greenhouse-gas-concentrations-6/assessment (consulté le 8 août 2019).
[3] AIE (2019), Global Energy and CO2 Status Report: The latest trends in energy and emissions in 2018, AIE, Paris, http://iea.org/geco/.
[7] Exton, C. et L. Fleischer (2020), « The Future of the OECD Well-being Dashboard », OECD Statistics Working Papers, Éditions OCDE, Paris.
[9] Haščič, I. et A. Mackie (2018), « Land Cover Change and Conversions: Methodology and Results for OECD and G20 Countries », OECD Green Growth Papers, n° 2018/04, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/72a9e331-en.
[10] Mackie, A. et al. (2017), « Indicators on Terrestrial and Marine Protected Areas : Methodology and Results for OECD and G20 countries », Documents de travail de l’OCDE sur l’environnement, n° 126, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/e0796071-en.
[1] OCDE (2019), Environment at a Glance Indicators, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/ac4b8b89-en.
[8] OCDE (2017), Green Growth Indicators 2017, Études de l’OCDE sur la croissance verte, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264268586-en.
[6] OCDE (2014), Compendium des indicateurs agro-environnementaux de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264181243-fr.
[2] Potapov, P. et al. (2017), « The last frontiers of wilderness: Tracking loss of intact forest landscapes from 2000 to 2013 », Science Advances, vol. 3/1, https://advances.sciencemag.org/content/3/1/e1600821.
[11] Wiebe, K. et N. Yamano (2016), « Estimating CO2 Emissions Embodied in Final Demand and Trade Using the OECD ICIO 2015 : Methodology and Results », OECD Science, Technology and Industry Working Papers, n° 2016/5, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/5jlrcm216xkl-en.