Nous devons tirer les leçons de cette crise pour être plus résilients collectivement
L'année 2020 nous a appris que, quels que soient notre richesse ou notre bien-être relatifs, notre sort est lié et nos systèmes interconnectés.
La crise liée au COVID‑19 va sans doute constituer un véritable test pour la solidarité internationale. Indépendamment d'une crise sanitaire à l’origine de plus de 1.5 million de décès au moment de la rédaction du rapport, les mesures prises pour endiguer la propagation du virus ont eu des conséquences sociales et économiques dévastatrices, en particulier dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Cette année, plus de 100 millions de personnes vont basculer dans l’extrême pauvreté et 270 millions d’individus connaîtront la faim. Les pertes et les souffrances humaines sont colossales.
En tant que communauté mondiale, nous sommes conscients qu’il est nécessaire d’œuvrer de concert pour éliminer cette menace partout dans le monde. Les principaux acteurs dans le domaine de la santé ont mis en place un nouveau mécanisme – le COVAX – dans le but de découvrir et de financer le développement d'un vaccin contre le COVID-19. Aujourd'hui, de multiples candidats vaccins semblent prometteurs. Toutefois, le seul moyen de mettre fin à cette pandémie est de veiller à ce que chacun y ait également accès, indépendamment de sa situation financière. Contribuer à notre sécurité sanitaire collective par la coopération pour permettre une vaccination généralisée est l’un des exemples les plus éloquents des avantages mutuels qui peuvent naître de la solidarité.
Le prochain grand enjeu pour la solidarité mondiale, plus déterminant encore peut-être, sera de faire face aux retombées sociales et économiques de la crise dans les contextes dotés des moyens d'action publique ou des outils budgétaires les moins solides pour réagir face à la crise. En dépit du choc qui a frappé au même moment le monde entier et nonobstant la souffrance et l’angoisse qui se sont abattues sur les populations dans les économies avancées, ces derniers mois ont mis en évidence le soutien du public en faveur de la justice et de la mise en œuvre de structures de gouvernance mieux à même d’affronter des menaces mondiales et de préserver les biens publics mondiaux. Le soutien du public donne aux décideurs mandat pour agir en se dotant des moyens nécessaires et en poursuivant des réformes qui permettent de remédier aux fragilités sous-jacentes et aux inégalités qui ont fait le lit de cette crise.
Pour être plus résilients collectivement, nous devons veiller à ce que les pays, quel que soit leur stade de développement, trouvent leur propre voie vers une reprise forte, verte et inclusive. Le système multilatéral doit également intensifier ses efforts pour élaborer une approche internationale cohérente face aux enjeux de dimension mondiale que sont le changement climatique, les menaces sanitaires et la montée des inégalités. Les propositions de cet ouvrage en faveur d’approches nouvelles en matière de financement de la coopération pour le développement, d’élaboration des programmes et de coordination sont nées de l'expérience de l’année écoulée. J’espère qu’elles aideront la communauté de la coopération pour le développement à tirer les leçons des défis auxquels elle est confrontée, à mettre à profit les expériences réussies et à continuer d'innover. Ce n’est qu’en suivant cette voie que nous pourrons regagner le terrain perdu, et aller de l'avant pour atteindre notre objectif commun, qui est de reconstruire sur de meilleures bases.
Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE