L’année 2015 a été une année charnière dans la coopération internationale, avec l’accord, porteur de transformations, établi à New York autour d’un ensemble d’Objectifs de développement durable (ODD) universels et l’Accord conclu à Paris lors de la COP21, qui marque un tournant décisif dans notre attitude face au changement climatique. Ces deux accords exhortent à l’adoption d’une trajectoire de développement plus durable et d’un nouveau modèle de croissance qui profite à tous et qui respecte l’environnement.
En dépit de ces avancées prometteuses, l’économie mondiale ne semble pas se remettre véritablement de la crise. De plus, l’incertitude géopolitique grandit – la crise des réfugiés en Europe, les zones de conflit, anciennes et nouvelles, au Moyen‐Orient, et la menace terroriste qui s’est manifestée si tragiquement à Paris, Bruxelles et ailleurs, en donnent une illustration concrète.
Ce contexte de turbulence généralisée met nos économies, nos gouvernements et nos sociétés à rude épreuve pour tracer la voie d’une reprise durable après la crise et les séquelles qu’elle a laissées derrière elle.
L’ampleur de la tâche qui nous échoit n’est donc pas mince. Nous devons mettre à profit le nouvel élan international incarné par les ODD et redoubler d’efforts pour promouvoir une nouvelle réflexion sur les politiques à suivre et sur les nouvelles approches face aux grands défis qui s’annoncent. Nous devons adopter des cadres d’action plus ambitieux, concevoir des outils plus efficaces et proposer des politiques plus pointues qui prennent en compte la complexité et le caractère multidimensionnel de ces défis.
L’objectif est de parvenir à mieux appréhender la façon dont les économies fonctionnent et d’élaborer des stratégies qui mettent en application les conclusions dégagées.
La réflexion engagée avec l’initiative de l’OCDE relative aux Nouvelles approches face aux défis économiques (NAEC) remet en question nos hypothèses et nos conceptions du fonctionnement de l’économie. Il est impératif de mener une réflexion de fond sur la mutation de l’économie que l’analyse conventionnelle peine à expliquer.
C’est la raison pour laquelle nous avons lancé l’initiative NAEC. Dans ce cadre, nous posons des questions de fond et remettons en question nos hypothèses et notre conception du fonctionnement de l’économie. Nous faisons évoluer notre manière de penser et d’agir vis-à-vis de l’économie, de l’environnement et de la société en tant que système global. L’initiative NAEC a des répercussions sur les travaux analytiques de l’OCDE, les données qu’elle collecte et les conseils qu’elle prodigue sur les politiques à suivre. Elle a permis de renforcer le caractère intégré des analyses et a abouti à l’adoption de nouveaux outils d’action et d’approches inédites. Nous utilisons mieux les données intelligentes et les apports des sciences comportementales. Nous progressons également dans notre compréhension de la théorie de la complexité et de la pensée systémique.
L’une des principales retombées de l’initiative NAEC, s’appuyant sur les travaux de l’OCDE sur les questions sociales et la qualité de vie, a été de placer la croissance inclusive au cœur de nos analyses. Le bien-être, l’inclusivité et la durabilité sont désormais pris en compte dans les études économiques et d’autres travaux de substance.
Le ralentissement de la productivité, alliée à la montée des inégalités, reste l’un des plus importants enjeux auxquels nos sociétés sont confrontées. Nous devons cependant comprendre que l’accroissement de la productivité n’est qu’une condition nécessaire, mais pas suffisante, de l’élévation du niveau de vie. La productivité doit être « inclusive ». Cette nouvelle approche de la productivité, comme toutes les nouvelles approches, n’est pas aisée à élaborer. Nous remettons délibérément en cause les thèses établies, et nous testons de nouvelles idées. Et nous n’aurons pas toujours raison d’emblée.
Cet ouvrage propose une synthèse d’opinions exprimées à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Organisation sur la façon dont l’initiative NAEC peut contribuer à la réalisation des ODD, et décrit de quelle façon l’OCDE met ses capacités en matière de statistiques, de suivi et d’analyse sectorielle au service de la communauté internationale. Les auteurs envisagent également la transformation de l’économie mondiale qui sera nécessaire. Il faut pour cela comprendre les « mutations tectoniques » de long terme que subissent les individus, la planète, la productivité globale et les institutions, car l’interaction de ces mutations peut avoir de profondes conséquences pour la réussite des efforts que nous déployons. Les articulations, les arbitrages et les complémentarités entre les politiques publiques sont mieux appréhendés pour qu’une réponse cohérente et intégrée puisse être donnée aux défis économiques, sociaux et environnementaux afin d’atteindre simultanément plusieurs objectifs.
Pour atteindre les ODD, nous devons trouver des moyens nouveaux de faire face aux défis actuels et de saisir les possibilités que nous offre l’avenir. L’année 2015 a été une année décisive pour l’avancement des priorités en matière de développement, d’environnement et d’échanges. À l’aide des idées et des outils issus de l’initiative NAEC, nous espérons continuer à progresser dans la conception, l’élaboration et la mise en œuvre de politiques meilleures pour une vie meilleure.