La concurrence ne fonctionne bien que si les consommateurs sont suffisamment informés pour choisir le produit ou service qui offre le meilleur rapport qualité-prix. Il faut que les consommateurs sachent qu’ils peuvent comparer les prestataires, puissent et veuillent obtenir et comprendre les informations sur les caractéristiques des produits et évaluer ces caractéristiques pour sélectionner l’offre qui leur convient le mieux. Il faut aussi qu’ils aient la possibilité et la volonté de choisir leur produit préféré ou de changer de produit. Enfin, pour que les entreprises aient envie d’offrir un meilleur produit, elles doivent avoir l’impression que les consommateurs sont susceptibles de réagir à une meilleure offre. S’ils ne réagissent pas au produit et si les banques ne s'attendent pas à ce qu'ils le fassent, elles n’ont guère d’intérêt à se faire concurrence, ce qui peut se traduire par des prix plus élevés et une moindre qualité.
Or, les données montrent que les consommateurs tunisiens sont relativement passifs. Sur le marché des comptes courants, quatre consommateurs sur cinq et deux petites entreprises sur trois ne comparent pas les tarifs lors de l’ouverture d'un compte, et deux consommateurs sur trois affirment ne pas connaître le montant des frais bancaires. Seulement 3 % des particuliers et 4 % des petites entreprises ont changé de prestataire de compte courant au cours de l’année écoulée, et les petites entreprises sont nombreuses à rester longtemps fidèles au même prestataire de compte courant. Les chefs d’entreprise qui ont besoin d’un financement se tournent souvent vers la banque où est domicilié leur compte courant, et bon nombre d’entre eux ne contractent des prêts qu’auprès de leur banque.
Particuliers et petites entreprises peuvent trouver coûteux de rassembler et comprendre les informations sur les produits financiers et de réagir à ces informations. Les banques en Tunisie ne prennent pas suffisamment de mesures pour permettre aux consommateurs de trouver des informations pertinentes et comparables au sujet des tarifs. Par ailleurs, elles créent des obstacles, monétaires et non monétaires, à la fermeture de comptes, si bien qu'il est plus difficile de changer de banque. La pression concurrentielle qui pourrait conduire les banques à baisser les prix ou augmenter la qualité des services s’en trouve affaiblie. La passivité des consommateurs représente aussi un obstacle à l’entrée et à l’expansion parce qu’il est plus difficile pour les banques d’attirer de nouveaux clients.