Les Règles types de déclaration de l’OCDE ont été adoptées par le Cadre inclusif sur le BEPS de l’OCDE/G20 en 2020 afin d’aider les juridictions à appliquer l'obligation faite aux plateformes numériques de collecter des informations sur les revenus réalisés par les vendeurs relevant de l’économie du partage/à la demande qui proposent des services d’hébergement, de transport et personnels, et de communiquer ces informations à l’administration fiscale (OCDE, 2020[3]). L’un des objectifs essentiels de ces règles types est de promouvoir la coopération internationale entre les administrations fiscales de sorte que celles-ci aient accès à des informations sur les bénéfices réalisés par des vendeurs de l’économie du partage/à la demande en ligne relevant de leur juridiction, y compris via des plateformes situées dans d’autres juridictions. Pour ce faire, les règles prévoient que les opérateurs de plateforme rendent compte à l’administration fiscale de la juridiction dans laquelle résident ces opérateurs. Ces règles disposent également que les informations sont échangées automatiquement et annuellement par la juridiction de résidence de l'opérateur de la plateforme avec les juridictions de résidence des vendeurs et, dans le cas de transactions impliquant la location de biens immobiliers, avec les juridictions dans lesquelles ces biens immobiliers sont situés.
Les Règles types de déclaration de l’OCDE visent à promouvoir la normalisation des règles de déclaration applicables dans les différentes juridictions de façon à aider les plateformes à se conformer aux obligations qui leur incombent dans ces juridictions en matière de communication d’informations en les autorisant à suivre des processus largement similaires pour le recueil et la communication des informations relatives aux transactions et à l’identité des vendeurs en ligne (OCDE, 2020[3]). L'annexe C du présent rapport contient des informations plus détaillées sur les principales caractéristiques des Règles types de déclaration de l'OCDE (OCDE, 2020[3]).
Les Règles types de déclaration de l’OCDE ont été conçues principalement pour faciliter et améliorer le respect des obligations en matière d’impôts directsddes fournisseurs de l'économie du partage/à la demande (OCDE, 2020[3]). Ils reconnaissent toutefois explicitement que les informations déclarées et échangées au titre de ces règles sont susceptibles d'être également pertinentes pour le respect des obligations en matière de TVA/TPS (OCDE, 2020[3]). Les informations déclarées au titre des règles types de déclaration de l'OCDE englobent la rémunération reçue par les fournisseurs de l’économie du partage/à la demande, les types/nombre de services fournis et les données d'identification fiscale des fournisseurs sous-jacents (OCDE, 2020[3]). Ces informations sont susceptibles d'être pertinentes aux fins du respect de la TVA/TPS dans la juridiction qui reçoit les informations en vertu des règles types de déclaration (OCDE, 2020[3]). Selon le type de services et les règles applicables pour déterminer leur lieu d'imposition de la TVA/TPS, l’administration fiscale peut bénéficier des informations reçues en vertu des règles types de déclaration (OCDE, 2020[3]) aux fins du respect de la TVA/TPS comme suit :
En général, l’administration fiscale de la juridiction où est établi un fournisseur de l’économie du partage/à la demande pourra utiliser les informations reçues en vertu des Règles types pour s'assurer du respect de ses obligations d'enregistrement à la TVA/TPS (et des obligations associées telles que la déclaration, l'application de régimes de simplification, etc.) (OCDE, 2020[3]) ;
Lorsqu'une administration fiscale reçoit des informations sur un fournisseur de l’économie du partage/à la demande dans sa juridiction en ce qui concerne les prestations soumises à la TVA/TPS dans cette juridiction, l'administration fiscale pourra utiliser ces données pour superviser et veiller au respect par ce fournisseur de toutes les obligations associées en matière de TVA/TPS, notamment l'obligation du fournisseur d'enregistrer, de déclarer et d’acquitter la TVA/TPS. Cela s'applique généralement aux prestations de services pour lesquelles le lieu d'imposition à la TVA/TPS est déterminé par référence à leur lieu d'exécution ou par référence à l'implantation du fournisseur (généralement des services « sur place » tels que décrits à la directive 3.5. des Principes directeurs internationaux pour l'application de la TVA/TPS (OCDE, 2017[4])). C'est important dans le contexte de l'économie de partage/à la demande, car il s'agit souvent de services « sur place » qui seront soumis à la TVA/TPS dans la juridiction où est établi le fournisseur de l'économie du partage/à la demande, comme les services de transport et de livraison locaux et les services personnels.
Lorsqu'une administration fiscale reçoit des informations relatives à des services liés à des biens immobiliers situés dans sa juridiction, elle peut utiliser ces informations pour contrôler le respect de toutes les obligations en matière de TVA/TPS concernant ces services. En fait, ces services seront en général soumis à la TVA/TPS dans la juridiction où se trouve le bien immobilier concerné (voir la directive 3.8. des principes directeurs internationaux pour l'application de la TVA/TPS (OCDE, 2017[4])). Ces informations seront particulièrement utiles pour superviser et veiller au respect des obligations en matière de TVA/TPS dans le secteur du logement (location à court terme) de l'économie du partage/à la demande.
Il est donc clair que les informations qui seront échangées dans le cadre des règles types de déclaration de l'OCDE seront d'une grande utilité pour les autorités en vue d'améliorer le respect de la TVA/TPS dans des secteurs clés de l'économie du partage/à la demande, notamment les secteurs des transports, des services personnels et du logement (OCDE, 2020[3]). Il est important que l’administration fiscale veille à ce que les informations échangées dans le cadre de ces règles soient utilisées efficacement pour répondre à leurs besoins de déclaration de TVA/TPS au niveau national ainsi que pour soutenir la coopération internationale en matière de TVA/TPS dans ce contexte. Cela permettra notamment d’atténuer les risques de prolifération non coordonnée des obligations de déclaration qui auraient une incidence négative sur l'efficacité et les coûts de la conformité et de l'administration fiscales, tant pour l’administration fiscale que pour les opérateurs économiques.
Lorsque les informations échangées en vertu de ces Règles types de déclaration (OCDE, 2020[3]) sont destinées à être utilisées à des fins autres que l'administration d’impôts directs par l’administration fiscale destinatrice, les juridictions doivent s'assurer que ces informations sont échangées et utilisées conformément aux dispositions pertinentes en matière de confidentialité et d’utilisation appropriée de l’instrument d'échange international applicable, tel que l’article 22 de la Convention multilatérale concernant l'assistance administrative mutuelle en matière fiscale (OECD/Council of Europe, 2011[8]).
Si les informations couvertes par les Règles types de déclaration s’avéreront donc précieuses aux fins du respect des règles de TVA/TPS concernant une gamme importante de prestations relevant de l'économie du partage/à la demande, notamment dans des secteurs susceptibles de nécessiter une attention particulièrement urgente compte tenu de leur ampleur et de leur potentiel de croissance future, il est reconnu que ces règles peuvent ne pas répondre à tous les besoins en matière de TVA/TPS (OCDE, 2020[3]). Cela peut, par exemple, être le cas pour des services qui sont soumis à la TVA/TPS dans une autre juridiction que celle où se trouve le prestataire concerné ou le bien immobilier concerné. De plus, la fréquence annuelle de l'échange d'informations peut ne pas répondre à tous les besoins de déclaration de la TVA/TPS (étant donnée la nature transactionnelle de la taxe et la fréquence plus élevée des obligations de déclaration et de paiement de la TVA/TPS). Dans ce contexte, il est reconnu qu'une nouvelle extension des exigences de déclaration aux fins de la TVA/TPS pourrait être nécessaire au fil du temps. Il est important de noter dans ce contexte que les Règles types de déclaration reconnaissent que la déclaration d'autres types de transactions est susceptible de devenir pertinente à l'avenir (OCDE, 2020[3]). Cela pourrait par exemple inclure des types de services qui ne font pas encore partie de son champ d'application, comme la location de biens mobiliers et le prêt entre particuliers. Les Règles types de déclaration prévoient que le développement et l’élargissement possibles de ces règles tiendront dûment compte des exigences en matière de respect de la TVA/TPS, notamment en déterminant le champ d'application de la déclaration et les flux de déclaration (OCDE, 2020[3]).
Les juridictions ne sont pas dans l’obligation de mettre en œuvre les Règles types de déclaration (OCDE, 2020[3]). Il s’agit plutôt d’inviter les juridictions qui souhaitent introduire des règles de déclaration applicables à l'économie du partage/à la demande à le faire d'une manière qui soit cohérente avec les Règles types de déclaration (OCDE, 2020[3]). C’est censé améliorer la cohérence des régimes de déclaration entre les juridictions, afin de promouvoir et de faciliter la coopération internationale entre les administrations fiscales, y compris à l’égard du respect des règles de TVA/TPS dans l’économie du partage/à la demande. En favorisant l’échange international d’informations, les Règles types de déclaration constituent possiblement l’outil le plus puissant à disposition de l’administration fiscale pour collecter des renseignements sur les prestations et les fournisseurs soumis à la TVA/TPS dans leur juridiction depuis les plateformes non résidentes de l’économie du partage/à la demande (OCDE, 2020[3]).
Il s'agit d'un avantage important dont les Règles types de déclaration peuvent se prévaloir par rapport aux régimes de déclaration purement nationaux aux fins de la TVA/TPS, car il peut s’avérer difficile de faire appliquer ces exigences de déclaration aux opérateurs de plateformes non résidentes (OCDE, 2020[3]). Par ailleurs, les plateformes qui facilitent la réalisation de transactions dans de multiples juridictions peuvent se trouver confrontées à toute une série d’obligations de déclaration différentes, au niveau national, en l’absence de coordination, qui peuvent alourdir les coûts à supporter et potentiellement dresser des obstacles préjudiciables à la poursuite du développement de leurs activités, sans parler des effets négatifs sur la conformité et la qualité des données.
Par-dessus tout, la cohérence entre les approches des pays promue par les Règles types de déclaration vise à favoriser la conformité, à réduire les coûts connexes et la charge administrative ainsi qu’à améliorer l’efficacité des systèmes de TVA/TPS, en reconnaissant en particulier que les plateformes numériques sont potentiellement soumises à des obligations dans une pluralité de juridictions (OCDE, 2020[3]).
Les juridictions sont donc vivement invitées à exploiter, le cas échéant, le potentiel des Règles types de déclaration afin de superviser et d’améliorer le respect des règles de TVA/TPS au sein de l'économie du partage/à la demande (OCDE, 2020[3]).
Ces Règles types de déclaration pourraient plus généralement constituer la base appropriée d’une expansion future de la déclaration et de l'échange d'informations dans le domaine de la TVA/TPS (OCDE, 2020[3]).