Cette année sera sans doute la plus chaude depuis que les relevés de températures existent, et elle aura été marquée par des épisodes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses. La saison des feux de forêt a été la pire jamais enregistrée en Grèce et au Canada, et pas moins de 23 événements météorologiques extrêmes ont frappé les États‑Unis. Parallèlement, des inondations dévastatrices ont touché la Libye, Hong Kong, Chine, et le Brésil. Ces événements ont causé des pertes et préjudices estimés à plusieurs centaines de milliards de dollars des États-Unis.
La nécessité d’agir contre le changement climatique de manière efficace à l’échelle mondiale est bien réelle et requiert une mobilisation immédiate. Les effets du changement climatique – et le risque de franchir des points de basculement de façon irréversible – augmentent, préfigurant les catastrophes qui se produiront en cas d’échec de l’action menée. De fait, le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat montre que le changement climatique dû aux activités humaines est en marche et s’accélère, et que les efforts visant à stabiliser puis à réduire radicalement les émissions mondiales pour parvenir à la neutralité carbone doivent dès maintenant passer à la vitesse supérieure.
L’Observateur de l’action climatique 2023 de l’OCDE présente des données systématiques et complètes sur l’évolution des aléas climatiques. Elles confirment que les répercussions du dérèglement climatique s’aggravent et s’accélèrent, et qu’une part croissante de la population et des terres émergées du globe y sont exposées. Ces événements qui étaient rares auparavant deviennent plus fréquents et plus intenses, et ils sont de nature à amplifier des risques économiques et géopolitiques existants.
Les activités de l’OCDE mettent à profit ses principaux atouts et s’articulent autour de cinq grands axes : 1) favoriser des trajectoires qui conduisent à la neutralité carbone, 2) renforcer l’adaptation et la résilience aux effets du changement climatique, 3) mobiliser la finance, les investisseurs et les entreprises, 4) suivre et mesurer l’état d’avancement de la réalisation des ambitions climatiques, et 5) renforcer la coopération par des approches multilatérales et pluridisciplinaires.
Fort des compétences pluridisciplinaires de l’OCDE, le Programme international pour l’action sur le climat (IPAC) produit des informations comparables et harmonisées permettant de suivre l’action climatique des pays et les profils d’évolution vers la neutralité carbone au niveau mondial. Il aide en outre les pays en recensant les bonnes pratiques et en offrant une plateforme de dialogue. Ce faisant, il aide les pays participants à atteindre leurs objectifs climatiques et à mieux coordonner leur action au service des objectifs mondiaux, et il complète et appuie les mécanismes de suivi de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et de l’Accord de Paris.
Publication clé de l’IPAC, ce troisième Observateur de l’action climatique présente les profils d’évolution des émissions de gaz à effet de serre, les tendances en termes d’aléas climatiques et une évaluation de l’évolution de l’action climatique mondiale. Il montre que les objectifs actuels de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont bien en deçà de ce qui est nécessaire pour atteindre l’objectif de limitation du réchauffement énoncé dans l’Accord de Paris, et il présente des éléments factuels tendant à démontrer que l’action climatique dans les pays a globalement ralenti en 2022 par rapport aux deux décennies précédentes.
Il faut redoubler d’efforts pour passer des ambitions à l’application effective de politiques nationales qui donnent des résultats concrets. Il n’y a plus de temps à perdre.
Mathias Cormann
Secrétaire général de l’OCDE