Dans l’Accord de Paris, l’objectif est fixé de limiter le réchauffement planétaire à bien moins de 2ºC et l’engagement est pris de s’efforcer de limiter la hausse des températures moyennes mondiales à 1.5ºC. Un autre objectif est d’atteindre la neutralité en émissions mondiales de GES ou la neutralité carbone mondiale pendant la seconde moitié de ce siècle (CCNUCC, 2016[1])1. L’Accord de Paris repose sur une approche ascendante dans le cadre de laquelle les pays prennent des engagements sous la forme de contributions déterminées au niveau national (CDN). Dans le cadre des CDN, les cibles en matière d’émissions de GES et les politiques climatiques nationales prennent la forme de déclarations en faveur d’une réduction progressive des émissions de GES, d’une amélioration des capacités d’adaptation au changement climatique et, dans certains cas, d’une gestion des pertes et préjudices imputables aux événements météorologiques extrêmes.
En exploitant les données de la CCNUCC, de l’AIE et de l’OCDE, ainsi que les indicateurs mis au point par l’IPAC, le présent chapitre passe en revue les engagements des pays et l’évolution de leurs émissions de GES. Il met en lumière les différences entre groupes de pays, évalue les tendances suivies par les émissions à partir des indicateurs d’intensité d’émission et approfondit la question des sources d’émission et des déterminants structurels.
L’Accord de Paris est pour beaucoup dans la révision à la hausse du niveau d’ambition affiché en matière d’atténuation du changement climatique. Des engagements en faveur de l’atténuation des émissions de GES ont été transmis par 196 Parties au travers des CDN et, en septembre 2023, 105 pays s’étaient engagés à viser la neutralité carbone, dont 90 ambitionnaient d’atteindre l’objectif d’ici 2050 (https://www.oecd.org/climate-action/ipac/).
La mise en œuvre de ces déclarations a permis de revoir à la baisse le niveau des émissions mondiales de GES par rapport aux projections précédentes (CCNUCC, 2023[2]). Ces efforts ne suffisent pourtant pas en raison d’un « déficit d’ambition ». Si les CDN présentées en 2022 étaient pleinement mises en œuvre, on estime que la hausse moyenne des températures serait de 2.4ºC d’ici à la fin du siècle, en tenant compte des engagements inconditionnels et conditionnels, et de 2.6ºC si l’on ne tient compte que des engagements inconditionnels (PNUE, 2022[3]). De plus, les engagements nationaux mis à jour depuis la COP26 (mars 2023) n’ont qu’un effet négligeable sur les prévisions d’émissions à l’horizon 2030 (PNUE, 2022[3])2.
Afin d’atteindre l’objectif de température à long terme inscrit dans l’Accord de Paris, les pays doivent accélérer leurs efforts d'atténuation et se montrer nettement plus ambitieux. Pour maintenir le cap des 1.5ºC, il convient de limiter les émissions mondiales de GES à 33 Gt éq. CO2 d’ici 2030 et à 8 Gt éq. CO2 d’ici 2050. Cependant, les prévisions montrent actuellement que les émissions mondiales atteindront 58 Gt éq. CO2 d’ici 2030 si l’on s’en tient aux politiques mises en œuvres et évaluées en 2022 (PNUE, 2022[3]).