Une éducation de qualité, qui dote les individus de compétences renforcées et plus utiles, est très efficace tant pour les individus eux-mêmes que pour les collectivités et la société, et ce, de diverses façons. Elle donne lieu à des revenus plus élevés, accroît la productivité, encourage l’innovation et soutient la croissance. Au-delà de ces effets économiques, une éducation de qualité s’accompagne aussi de vastes retombées sociales. Les individus plus instruits vivent plus longtemps et en meilleure santé. Ils s’investissent davantage dans la vie civique et s’engagent plus volontiers en faveur du bien-être de tous. Lorsqu’elle s’inscrit dans la durée, une éducation de qualité aide la société à aller au-devant des enjeux émergents, comme le changement climatique, mais aussi à tirer pleinement parti des nouvelles possibilités qui s’ouvrent à elle, comme c’est le cas avec la transformation numérique. On trouvera dans ce chapitre une vue d’ensemble des retombées sociales au sens large de l’éducation. Celles-ci s’étendent sur un vaste éventail, qu’elles soient d’ordre individuel (jouir d’une meilleure santé, offrir de meilleures perspectives à ses enfants) ou qu’elles profitent à l’ensemble de la société, les premières donnant lieu à des externalités positives et rejaillissant sur la collectivité. Les retombées de l’éducation pour la société peuvent donc être considérées comme une fin en soi ou comme un moyen essentiel au service de meilleurs résultats économiques.
Optimiser les ressources dans l’enseignement scolaire
2. Les retombées sociales au sens large de l’éducation : l’éducation au service de l’épanouissement des individus et de la société
Abstract
Introduction
Une éducation de qualité procure aux individus, aux collectivités et à la société des avantages nombreux et variés
Une éducation de qualité entraîne des revenus plus élevés, accroît la productivité, encourage l’innovation et soutient la croissance. Au-delà de ces effets économiques, elle s’accompagne aussi de vastes retombées sociales. En effet, il est aujourd’hui largement établi qu’elle exerce un effet bénéfique sur la santé publique et la participation à la vie politique et qu’elle aide l’individu et la société à s’adapter au changement et à faire preuve d’inventivité face aux dérèglements. Les individus plus instruits vivent plus longtemps et en meilleure santé. Ils s’investissent davantage dans la vie civique et s’engagent plus volontiers en faveur du bien-être de tous. Lorsqu’elle s’inscrit dans la durée, une éducation de qualité aide la société à aller au-devant des enjeux émergents, comme le changement climatique, mais aussi à tirer pleinement parti des nouvelles possibilités qui s’ouvrent à elle, comme c’est le cas avec la transformation numérique. Face aux situations d’urgence, telles que la pandémie de COVID-19, elle est indispensable également pour rendre les individus et la société capables de surmonter l’épreuve et favoriser une reprise durable.
Une éducation de qualité fait acquérir aux individus des compétences, des attitudes et des connaissances qui sont essentielles à leur épanouissement dans un monde interconnecté et participent à la transformation de la société et au bien-être collectif. Dans un contexte économique et social en mutation rapide, c’est la possession d’un ensemble équilibré de compétences – cognitives, socioémotionnelles et numériques – qui distingue ceux qui gardent un temps d’avance sur le cours des événements de ceux qui perdent pied. Un bon niveau de compétences à l’écrit, en mathématiques et en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique est essentiel pour tirer le meilleur parti des possibilités qu’offre internet et l’utiliser de manière diversifiée et complexe, et non uniquement à des fins d’information et de communication (OCDE, 2020[1]). Outre les compétences élémentaires, la volonté d’apprendre tout au long de la vie et d’intégrer l’apprentissage dans ses habitudes est indispensable pour continuer d’acquérir des connaissances et des compétences et s’adapter plus facilement aux changements (OCDE, 2021[2]). De bonnes compétences, connaissances et attitudes cognitives et socioémotionnelles favorisent aussi la santé physique et mentale tout au long de la vie (Almlund et al., 2011[3] ; Shuey et Kankaraš, 2018[4]). D’autre part, la Boussole de l’OCDE pour l’apprentissage à l’horizon 2030 met en avant un éventail de compétences transformatives susceptibles d’aider les élèves à façonner un avenir meilleur (OCDE, 2020[5]) : savoir créer de la valeur nouvelle, faire face aux tensions et aux dilemmes et prendre des responsabilités, mêlant ainsi esprit critique et créativité, empathie et respect. Il ressort des données du cycle 2018 du Programme international pour le suivi des acquis des élèves de l’OCDE (PISA) que les élèves qui ont une plus grande conscience des enjeux mondiaux, une plus grande curiosité des autres cultures et une plus grande capacité à adapter leurs idées et leurs comportements face à des situations inédites ont davantage tendance à déclarer agir en faveur du bien-être collectif et du développement durable (OCDE, 2020[6]).
C’est ainsi que de nombreux systèmes éducatifs intègrent désormais à leurs programmes d’enseignement des thématiques transversales comme l’éducation à l’environnement et le développement durable (21 pays et territoires sur 37 étudiés), la citoyenneté locale et mondiale et la paix (19 sur 37), les savoirs fondamentaux et la formation tout au long de la vie (19 sur 37), et l’éducation à la santé et le bien-être (19 sur 37) (OCDE, 2020[7])1. Les retombées de l’éducation débordent dès lors le champ des apprentissages scolaires. Dès l’école, l’éducation offre un cadre propice au bien-être des élèves, à qui elle permet également de découvrir la vie en société et d’entretenir des relations constructives avec leurs camarades, de devenir responsables et de coopérer. La pandémie a bien souligné que le rôle des systèmes éducatifs ne se limitait pas à inculquer connaissances et compétences. Au cours de cette période, les établissements scolaires, les enseignants et les systèmes éducatifs ont en effet largement contribué à maintenir les élèves en bonne santé, à leur donner accès aux services sociaux et à leur permettre d’avoir des échanges productifs avec d’autres. Au-delà du rôle protecteur de l’école, les élèves possédant des compétences et une attitude positive à l’égard de l’instruction – marquée par exemple par le sentiment d’efficacité personnelle ou la motivation – les ont probablement aidés à ne pas prendre de retard ou à ne pas décrocher durant les périodes où les établissements scolaires étaient fermés (OCDE, 2021[2]). Quant aux adultes, le niveau d’instruction a fait la différence entre ceux qui sont restés investis dans leur travail et ont maintenu le lien avec les services publics ou les prestataires de santé et ceux qui ont été ou se sont sentis laissés pour compte. Les individus moins instruits ont, en effet, davantage souffert de la solitude et de l’isolement pendant la crise du COVID-19 (OCDE, 2021[8]).
Inscrire l’éducation dans une démarche qui appréhende le développement de l’enfant dans sa globalité et associe toute la société exige des investissements qui soient à la hauteur des bienfaits apportés à l’individu et à la société (Encadré 2.1). Ces bienfaits s’étendent sur un large éventail, de ceux à caractère individuel (jouir d’une meilleure santé, offrir de meilleures perspectives à ses enfants) à ceux qui profitent à toute la société, les premiers donnant lieu à des externalités positives et rejaillissant sur la collectivité. Les individus mieux instruits et qui ont une meilleure hygiène de vie augmentent leurs chances d’être en bonne santé et contribuent ainsi à faire diminuer le coût des soins en même temps qu’ils freinent la diffusion des maladies. Une moindre morbidité pourra, mécaniquement, se traduire par moins de dépenses sociales ou de dépenses de santé. Des citoyens mieux renseignés, qui participent davantage à la vie politique et sont à même de distinguer les faits des opinions, peuvent contribuer au bon fonctionnement des institutions publiques et de la démocratie. Une instruction de qualité est de nature à favoriser l’ascension sociale des individus, elle-même facteur de cohésion sociale, de recul des inégalités et de mobilité sociale. Ces retombées pour la société peuvent donc être considérées comme une fin en soi ou comme un moyen essentiel au service de meilleurs résultats économiques.
Encadré 2.1. Mesurer la performance des systèmes éducatifs en appréhendant le développement de l’enfant dans son ensemble
Les pays adoptent de plus en plus une approche qui appréhende le développement de l’enfant dans son ensemble dans la mesure des résultats de leurs systèmes éducatifs, en mettant l’accent sur une série de retombées sociales.
Outre sa participation aux évaluations internationales (par ex., PISA, l’Enquête PIAAC de l’OCDE sur les compétences des adultes), le Chili mesure la performance de son système éducatif au moyen d’un « système de mesure de la qualité de l’éducation » (Sistema de Medición de la Calidad de la Educación ou Simce). Dans le cadre du « Système d’assurance de la qualité », le Simce évalue le niveau des élèves dans certains domaines du programme d’études, mais aussi relativement à l’environnement scolaire et social dans lequel ils évoluent (MINEDUC, s.d.[9] ; Agencia de la Calidad de la Educacion, s.d.[10]).
En 2e, 4e, 6e, 8e, 10e et 11e année, les élèves sont soumis à des tests standardisés du Simce, par exemple en compréhension et maîtrise de l’écrit, mathématiques et sciences naturelles. Le Simce recueille par ailleurs des données sur les enseignants, les élèves et les parents par le biais de questionnaires destinés à l’analyse des résultats des élèves dans leur contexte global (Agencia de la Calidad de la Educacion, s.d.[10]). Il mesure les éléments fondamentaux d’un développement complet de l’enfant au moyen d’indicateurs de développement personnel et social : perception et évaluation de soi sur le plan scolaire, motivation scolaire, participation citoyenne et formation à la citoyenneté, hygiène de vie (Agencia de Calidad de la Educacion, 2019[11]).
Les données livrées par les résultats des tests du Simce conjugués avec ces indicateurs de développement personnel et social ont servi à la prise de décision sur l’affectation de ressources aux équipes éducatives en difficulté. Les établissements scolaires ont été répartis en quatre catégories de performance (d’excellente à insuffisante) d’après les résultats aux tests du Simce et les progrès par rapport aux mesures précédentes, les indicateurs de développement personnel et social, et une série de caractéristiques des élèves (par ex., la vulnérabilité) (MINEDUC, s.d.[12]). Ces catégories ont ensuite servi, dans un premier temps, à repérer les établissements en difficulté et à déterminer ainsi ceux qui recevront les visites d’évaluation et d’orientation du « Système d’assurance de la qualité ». Dans un second temps, elles ont été utilisées pour apporter de l’aide et affecter des ressources aux établissements dans le besoin.
En France, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse s’est particulièrement attaché, par le biais d’analyses et de recherches appliquées, à comprendre comment les politiques d’éducation peuvent influencer les retombées sociales de l’éducation. Certains de ces projets ont été portés en collaboration avec d’autres organes publics, dont France Stratégie, une institution autonome placée auprès de la Première ministre et chargée de mener une réflexion stratégique, et le ministère de l’Économie et des Finances. Le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse s’est particulièrement intéressé à l’inclusion, au sens large plutôt qu’à l’inclusion sociale uniquement. Il s’est ainsi interrogé sur les moyens de créer des établissements scolaires plus ouverts aux élèves ayant des besoins éducatifs particuliers (par ex., par des investissements supplémentaires dans les ressources humaines, la formation professionnelle des enseignants) ou de mettre en place des politiques d’éducation qui contribuent à réduire les disparités entre les sexes.
Aussi, en 2019, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et la Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les discriminations, auxquels se sont associés d’autres ministères concernés par les politiques d’éducation, ont signé une nouvelle convention pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif, pour la période 2019-2024 (Convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, 2019[13]). Cinq grands axes d’intervention y sont mis en avant : i) piloter la politique d’égalité au plus près des élèves et des étudiantes et étudiants, ii) former l’ensemble des personnels à l’égalité, iii) transmettre aux jeunes une culture de l’égalité et du respect mutuel, iv) lutter contre les violences sexistes et sexuelles et v) s’orienter vers une plus grande mixité des filières de formation en permettant aux élèves, filles et garçons, une plus grande liberté dans leurs choix d’orientation (Convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, 2019[13]). Le ministère a ainsi accordé une attention particulière à l’autocensure des filles tout au long de leurs parcours éducatifs, car elle retentit également sur leur inclusion dans l’économie et la société. Le programme de travail du ministère a porté, entre autres, sur l’offre d’orientation scolaire aux moments déterminants du parcours éducatif afin d’éviter l’autocensure ou les discriminations dans l’orientation des filles (et des garçons) vers certaines professions. En 2021, des modules obligatoires sur l’égalité femmes-hommes ont été introduits dans les programmes de formation initiale et de formation continue des enseignants en vue de former les esprits et de déconstruire les préjugés (Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse, 2022[14]).
Ce chapitre s’intéresse donc aux bénéfices de l’éducation pour les individus, les collectivités et la société :
Il commence par analyser la contribution d’une éducation de qualité durable à la santé et au bien-être, en s’intéressant particulièrement aux mécanismes d’influence de l’éducation sur 1) la santé, les comportements liés à la santé et l’espérance de vie (ainsi les externalités sur les pairs et les enfants), et 2) la santé mentale et le bien-être psychique.
En un deuxième temps, il examine le rôle de l’éducation et des compétences dans la construction de sociétés plus civiques, plus solidaires et plus inclusives, en mettant l’accent sur la contribution d’une éducation de qualité 1) au service de l’engagement citoyen et de la lutte contre les comportements antisociaux dans l’intérêt des collectivités ; 2) au développement du capital social, et plus particulièrement de la confiance ; 3) à l’équité des résultats plus tard dans la vie ; et 4) à la tolérance et à l’ouverture d’esprit des citoyens au service de sociétés plus solidaires.
Enfin, ce chapitre s’intéresse au rôle crucial que jouent les systèmes éducatifs en aidant les individus, les collectivités et la société 1) à tirer le meilleur parti de la transformation numérique et autres nouvelles opportunités, et 2) à aller au-devant des défis qui se dessinent, dont celui du changement climatique.
Mener une vie plus saine et plus heureuse grâce à l’éducation
Les individus instruits sont en meilleure santé et vivent plus longtemps que les autres.
Les personnes qui ont reçu une instruction solide sont généralement en meilleure santé et vivent plus longtemps que les autres (Galama, Lleras-Muney et Kippersluis, 2018[15] ; Bradley et Green, 2020[16]). Elles sont relativement épargnées par divers problèmes (comme le surpoids, l’hypertension artérielle, les maladies cardiaques), ont une meilleure hygiène de vie (elles mangent mieux, fument moins, font davantage d’exercice) et leur espérance de vie est plus élevée.
L’éducation exerce une action positive sur la santé à travers le revenu et la protection sociale ainsi que par l’adoption de bonnes habitudes...
L’éducation peut être bénéfique pour la santé à différents égards. Elle contribue à rendre les individus plus vigilants face aux comportements à risques (excès de boisson, par exemple) et mieux informés des soins et services médicaux auxquels ils peuvent avoir recours, ce qui leur permet de prendre des décisions plus judicieuses (Grossman, 1972[17] ; Bradley et Green, 2020[16]). En parallèle, elle agit sur d’autres facteurs, tels que le revenu, qui pourront à leur tour favoriser une existence plus saine. Les personnes instruites gagnent mieux leur vie que la moyenne, ont un cadre de vie plus favorable à la santé et ont une meilleure couverture d’assurance grâce à leur situation professionnelle. L’éducation peut aussi être bénéfique à la santé du fait qu’elle rend moins contraignante, sur le plan financier, l’adoption d’un régime alimentaire sain et varié, et qu’elle prémunit contre le stress associé à la précarité socioéconomique ou aux difficultés financières (Marmot, 2017[18] ; Lance, 2011[19] ; Bradley et Green, 2020[16]).
La corrélation positive entre l’éducation et la santé a été observée dans différents pays. Les adultes les plus à l’aise en mathématiques sont aussi ceux qui se jugent le plus volontiers en bonne santé dans les pays qui disposent de données sur le sujet recueillies dans le cadre de l’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes (PIAAC) (Graphique 2.1.). De manière analogue, ceux qui ont obtenu un diplôme d’enseignement supérieur dans le cadre de la formation pour adultes structurée, même si c’est tardivement, se diront plus facilement en bonne santé que ceux qui n’ont pas atteint un tel niveau de qualification (Desjardins, 2020[20]). Le niveau d’études est également corrélé avec l’espérance de vie. Il ressort des données récentes sur cette corrélation dans les pays de l’OCDE que l’écart absolu moyen d’espérance de vie à 25 ans entre les personnes très et peu qualifiées est de 5.2 années pour les femmes et de 8.2 années pour les hommes (Murtin et Lübker, 2022[21]).
Néanmoins, l’importance de cette action varie selon le pays, la catégorie de population et l’effet sanitaire considéré...
La corrélation entre éducation et santé est cependant plus ou moins forte selon le pays et le type de résultats de santé. Relativement hétérogène dans la plupart des pays européens, au Canada et aux États-Unis, la répartition des fumeurs en fonction du niveau d’instruction est plus inégale encore dans certains pays d’Europe du Nord, d’Europe centrale et d’Europe orientale (OCDE, 2019[23]). De même, les écarts d’espérance de vie selon le niveau d’études sont extrêmement variables. En 2016 en Estonie, la différence d’espérance de vie à 25 ans entre les diplômés du supérieur et les individus moins qualifiés était de 8 ans en moyenne (Eurostat, 2021[24]). En comparaison, la différence n’était que de 1.3 an en Italie, où l’espérance de vie moyenne des adultes est au demeurant plus élevée en général. Cela étant dit, l’espérance de vie tend à être plus homogène, lorsque l’on compare entre eux les pays, chez les individus très qualifiés qu’elle ne l’est chez ceux qui le sont moins (Marmot, 2017[18]).
Il est essentiel de comprendre à quel point l’instruction permet de mener une vie plus saine pour corriger les inégalités au regard de la santé (à l’échelle nationale et internationale), parvenir à de meilleurs résultats en ce domaine du point de vue social (par exemple en freinant la propagation des maladies) et utiliser plus efficacement les ressources publiques. Les recherches consacrées à la relation de causalité qui unit l’éducation et la santé demeurent cependant peu concluantes à ce jour (Galama, Lleras-Muney et Kippersluis, 2018[15] ; Grossman, 2015[25] ; Bradley et Green, 2020[16]). Il en ressort en effet que cette relation, d’après les estimations faites, varie sensiblement selon la période, la zone géographique, les populations et les aspects sanitaires pris en considération. À titre d’exemple, l’éducation a un effet bien plus marqué sur la mortalité masculine que sur la mortalité féminine. A contrario, la répartition des personnes en surpoids en fonction de leur niveau d’instruction est plus inégale chez les femmes que chez les hommes (OCDE, 2019[23]).
De nombreux facteurs peuvent interférer...
Les politiques éducatives sont dès lors susceptibles de produire, sur la santé, des effets différents selon le contexte et l’environnement (Lance, 2011[19]). Au-delà des aspects méthodologiques, différents facteurs peuvent être responsables de la disparité des effets observés de l’éducation sur la santé (Galama, Lleras-Muney et Kippersluis, 2018[15]).
En premier lieu, l’éducation assure des revenus plus élevés au cours de l’existence, revenus qui pourront être employés pour faire l’acquisition de produits et de services bénéfiques à la santé. Or, les retombées professionnelles de l’éducation varient selon les catégories d’individus, les classes d’âge, le temps, ainsi que selon le domaine d’étude ou le domaine d’activité (Bradley et Green, 2020[16] ; Carneiro, Heckman et Vytlacil, 2011[26]).
L’existence, ou non, de filets de protection sociale à caractère général et d’un accès universel aux services de soins est aussi un facteur susceptible d’expliquer que les effets de l’éducation sur la santé ne soient pas homogènes, comme le graphique Graphique 2.1. permet de le constater. Dans les pays où l’accès universel est assuré, ces effets sont relativement moins marqués que dans ceux où la couverture de santé dépend des revenus de chacun – et donc, dans une certaine mesure, de son niveau d’instruction (Lleras-Muney, 2018[27]).
La diffusion d’information sur la santé a aussi son importance puisqu’il y a lieu de penser que les individus instruits y sont plus attentifs et donc plus susceptibles d’adopter des habitudes et un mode de vie plus sains s’ils sont informés (Galama, Lleras-Muney et Kippersluis, 2018[15] ; OCDE, 2019[23]). À titre d’exemple, alors qu’il y avait davantage de fumeurs parmi cette catégorie de population quelques décennies plus tôt, le tabagisme est désormais deux fois plus fréquent chez les moins instruits (OCDE, 2019[23]). Il est probable que les campagnes de sensibilisation aux dangers du tabac ont largement contribué à faire diminuer ainsi sa consommation chez les plus instruits.
La qualité inégale de l’enseignement scolaire, et partant, du bagage de compétences acquis par les individus, a lui aussi une incidence déterminante sur les retombées de l’éducation dans le domaine de la santé (Lleras-Muney, 2018[27]). Des études consacrées à certaines compétences en particulier mettent en relief toute l’importance d’une instruction de qualité. Une maîtrise défaillante des compétences nécessaires à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, à l’âge de 5 ans, a ainsi été associée avec un état de santé subjectif moins favorable et une aggravation des problèmes de santé à l’âge adulte (Schoon et al., 2015[28]). De même, la réussite scolaire, appréciée au regard des résultats obtenus aux tests normalisés de compréhension de l’écrit et de mathématiques réalisés tout au long de l’enfance, va de pair avec une perception positive de l’état de santé chez les adolescents et les jeunes adultes (Shuey et Kankaraš, 2018[4] ; Lê-Scherban et al., 2014[29]). Par ailleurs, les compétences socioémotionnelles permettent, elles aussi, de prédire le comportement des individus en ce qui concerne l’alimentation, l’exercice physique et le tabagisme (Almlund et al., 2011[3] ; Heckman, Stixrud et Urzua, 2006[30]). Le fait est qu’elles ont parfois une influence plus importante que celle des compétences cognitives (par exemple pour ce qui est du tabagisme, de l’obésité et de l’état de santé déclaré) (Conti, Heckman et Urzua, 2010[31] ; Lance, 2011[19]).
Des services de qualité dans l’éducation et l’accueil des jeunes enfants peuvent être absolument déterminants pour toute une vie, même si le degré d’influence varie très sensiblement d’une personne à l’autre. Ils sont en effet susceptibles de combler les écarts entre des enfants issus de milieux différents et de garantir à chacun la possibilité d’acquérir toutes les compétences nécessaires à leur épanouissement. À titre d’exemple, un ensemble de programmes à destination des jeunes enfants défavorisés a eu des retombées très appréciables avec une baisse de la prévalence des maladies cardiaques, cancer, AVC et de la mortalité tout au long de l’existence (García et Heckman, 2020[32]). Si le bénéfice en termes d’années de vie ajusté de la qualité est important chez les hommes, il est toutefois relativement faible chez les femmes. D’une manière plus générale, la nature de chaque intervention destinée à la petite enfance, les bénéficiaires visés et le moment choisi déterminent l’ampleur de l’effet produit (Lleras-Muney, 2018[27]). Les éléments réunis dans le cadre du programme Head Start d’éducation des jeunes enfants mis en place aux États-Unis montrent que les retombées de ce programme sont extrêmement variables en fonction du public et dépendent de la qualité des modes de garde auxquels le programme se substitue (Kline et Walters, 2016[33]). Larges pour les enfants qui sans cela seraient gardés à domicile, ces retombées sont en revanche négligeables pour ceux qui fréquenteraient une autre structure préscolaire.
Il apparaît que les bienfaits de l’éducation pour la santé se matérialisent aussi sous forme d’externalités positives...
Il faut ajouter à ce qui précède que l’instruction reçue par un individu peut avoir une incidence sur la santé de ses proches ou de ses enfants, aussi les investissements dans l’éducation doivent-ils être décidés en tenant compte de ces externalités positives. La recherche a révélé, par exemple, que les effets d’entraînement étaient en partie responsables de la consommation excessive d’alcool ou du tabagisme chez les adolescents (Lance, 2011[19]). En outre, l’éducation des parents peut rejaillir sur la santé de la génération suivante. Si les mères ayant un niveau d’instruction élevé allaitent plus volontiers leurs enfants, les nourrissent plus sainement ou veillent à ce qu’ils grandissent dans un cadre plus agréable, la santé de ces enfants n’en sera sans doute que meilleure. Les parents instruits peuvent consacrer davantage de moyens à la santé (en choisissant un lieu de vie plus adapté ou en achetant des produits ou services médicaux de meilleure qualité, par exemple) ou bien employer les mêmes moyens à meilleur escient (en se renseignant mieux au sujet des médecins, ou en s’informant davantage au sujet des risques pour la santé et en adaptant leur comportement en conséquence) (Bradley et Green, 2020[16]). La santé d’un enfant à un moment donné dépend de ce fait de son état de santé antérieur, des moyens que les parents lui ont éventuellement consacrés auparavant et de l’environnement dans lequel l’enfant est né ou grandit (stabilité de la relation parentale, milieu scolaire, amélioration du cadre de vie) (Conti et Heckman, 2014[34]). On voit ainsi que le niveau d’instruction des parents agit sur la santé de leurs enfants à différents stades, dès la vie utérine et la naissance et bien plus tard encore lorsqu’il influencera l’environnement dans lequel les enfants grandissent et se développent.
Les individus plus instruits sont aussi plus heureux
Une éducation de qualité aide les individus à acquérir des compétences, des connaissances et des attitudes qui favoriseront leur santé mentale et leur équilibre psychologique tout au long de leur existence...
Environ une personne sur deux fait face à des problèmes de santé mentale à un moment où un autre de sa vie, et la pandémie de COVID‑19 n’a rendu que plus fréquents ces troubles, dont l’anxiété et la dépression font partie (OCDE, 2021[35]). La multiplication des problèmes psychiques ou psychologiques a un coût pour les individus, les employeurs et la société (OCDE, 2021[36]). Les systèmes éducatifs peuvent toutefois transmettre aux individus des compétences qui leur permettront de préserver leur équilibre psychologique et de mener une vie épanouie. Un niveau d’instruction élevé est en effet corrélé à une plus grande satisfaction à l’égard de l’existence et à une moindre place laissée aux pensées négatives et à la morosité (Graphique 2.2. ). On remarquera néanmoins que ces inégalités au regard du bien-être subjectif sont relativement faibles dans les pays où la population, dans son ensemble, se montre plutôt satisfaite de son sort.
L’éducation influe sur la santé mentale de diverses manières...
Tout comme la santé physique, la santé mentale peut profiter à différents égards des bienfaits d’une éducation de qualité. Ainsi, les individus plus instruits ont accès à des ressources plus adaptées et acquièrent des comportements plus sains qui pourront ensuite être bénéfiques à leur état de santé psychique. Ce qui n’empêche pas que certains choisissent une profession plus stressante ou doivent composer avec des niveaux d’exigence relativement élevés (dans leurs études ou au travail) (Dahmann et Schnitzlein, 2019[37]). Il reste que le lien de cause à effet entre instruction et santé mentale n’a pas été établi de manière aussi définitive qu’en ce qui concerne la santé physique, notamment par manque de données disponibles.
Les compétences socioémotionnelles semblent avoir une influence déterminante sur la santé mentale...
Les compétences socioémotionnelles ne sont pas sans influence sur la santé mentale. Celles qui s’acquièrent de bonne heure jouent un rôle essentiel dans le bien-être psychologique, dès le plus jeune âge et jusqu’à l’âge adulte (OCDE, 2020[38] ; OCDE, 2021[39]). Les compétences socioémotionnelles relevant de la maîtrise des émotions – optimisme, résistance au stress et contrôle des émotions – ont par ailleurs un lien avec la satisfaction à l’égard de l’existence et le bien-être psychologique des élèves à l’adolescence (OCDE, 2021[39]). Parmi les cinq grands traits de personnalité (Big Five)2 dégagés par la recherche en psychologie, l’amabilité (qui fait intervenir, entre autres, l’esprit de coopération et la confiance), le caractère consciencieux (avec, notamment, la maîtrise de soi et la persévérance) et la maîtrise des émotions (qui repose en particulier sur la résistance au stress) ont une influence positive très nette sur la santé, tant physique que mentale (Strickhouser, Zell et Krizan, 2017[40]). Les compétences socioémotionnelles sont par conséquent déterminantes pour la satisfaction à l’égard de l’existence à l’âge adulte, même si l’on tient compte du revenu et de la situation professionnelle des individus (Flèche, Lekfuangfu et Clark, 2021[41]).
Les compétences socioémotionnelles sont malléables et peuvent être acquises. L’environnement dans lequel l’individu évolue (cercle familial, relations, événements de l’existence) et les activités d’apprentissage auxquelles il prend part façonnent leur développement (OCDE, 2016[42] ; OCDE, 2021[39]). Diverses interventions des pouvoirs publics, innovations pédagogiques et attentions des parents peuvent être favorables à celui-ci (OCDE, 2021[39]). Si les pays de l’OCDE donnent la primauté aux compétences cognitives dans leurs programmes scolaires, ils accordent aussi une place importante aux compétences socioémotionnelles que les élèves doivent acquérir pour mener une vie épanouie (OCDE, 2020[7]). Il apparaît que les interventions dans ce domaine contribuent effectivement à favoriser l’adoption d’un comportement prosocial et à réduire les problèmes de comportement (OCDE, 2021[39]). Les enseignants jouent de plus un rôle déterminant dans le développement social et émotionnel de leurs élèves. Diverses pratiques et stratégies pédagogiques, parmi lesquelles les interactions avec les élèves, l’accent mis sur l’esprit critique dans certaines matières et l’organisation de la classe, sont à cet égard d’un réel concours (OCDE, 2021[39]).
… Cependant que le rapport entre compétences cognitives et bien-être est davantage à nuancer au cours de la scolarité en raison de l’ambiance qui règne au sein des établissements et de l’anxiété due aux examens
Si un bon niveau d’instruction tend à aller de pair avec un plus grand bien-être à l’âge adulte, la recherche de résultats plus élevés peut avoir des effets plus ambigus pendant les années de scolarité compte tenu de l’anxiété provoquée parfois par les examens et des risques de harcèlement.
Les compétences cognitives acquises de bonne heure, l’autodiscipline, l’équilibre affectif et les compétences sociales entretiennent une relation positive avec la santé mentale des adultes (Shuey et Kankaraš, 2018[4] ; OCDE, 2020[38] ; Schoon et al., 2015[28]). Les individus qui, à l’âge de 5 ans, se démarquent par leurs capacités réceptives par rapport au langage, leur sens de l’autodiscipline et leurs aptitudes motrices et visuelles ont aussi une meilleure santé mentale à l’âge adulte (Schoon et al., 2015[28]).
Au cours de la scolarité, la relation entre les résultats obtenus lors des évaluations de connaissances et le bien-être des élèves est plus ambiguë. À l’âge de 15 ans, les élèves manifestent dans leur ensemble un niveau de satisfaction à l’égard de l’existence moins élevé que les plus jeunes (OCDE, 2021[39]) ; les bons résultats scolaires ne procurent pas nécessairement de bienfaits sur ce plan. En effet, les élèves qui se montrent le plus ou le moins satisfaits de leur sort, par exemple, ont obtenu un score relativement faible à l’épreuve de compréhension de l’écrit du PISA (2018) (OCDE, 2019[44]).
L’ambiance scolaire et l’anxiété liée aux examens ont probablement une influence sur ces grandes tendances. D’un côté, la satisfaction des élèves à l’égard de l’existence entretient une corrélation positive avec le climat de discipline qui règne au sein des établissements, la bienveillance et les conseils reçus des enseignants, la coopération entre camarades et le sentiment d’appartenance à l’école. Les élèves qui sont préservés du harcèlement sont aussi plus susceptibles de se déclarer heureux de leur sort (OCDE, 2019[44]). D’un autre point de vue, l’environnement pédagogique plus exigeant à l’âge de 15 ans, les attentes plus élevées des parents et des enseignants et la charge de travail qui se fait plus lourde à l’approche de la fin de la scolarité obligatoire peuvent entamer le bien-être des élèves. Ceux qui disent le plus craindre d’échouer sont ceux qui à la fois obtiennent les meilleurs résultats scolaires et sont les moins satisfaits de la vie qu’ils mènent. La satisfaction à l’égard de l’existence et le bien-être psychologique des élèves se ressentent aussi de l’anxiété liée aux examens (OCDE, 2021[39]).
Les politiques éducatives et l’articulation des programmes d’enseignement autour du développement de l’enfant considéré dans sa globalité, y compris dans sa dimension socioémotionnelle, sont deux éléments importants à prendre en compte pour le bien-être psychologique des élèves et leur état de santé mentale. Les pouvoirs publics devraient cependant, tandis qu’ils s’attachent à favoriser le bien-être de tous les élèves, veiller à apporter aussi une aide ciblée à ceux qui présentent des troubles psychiques (OCDE, 2021[45]). En effet, les caractéristiques et les conséquences des troubles qui affectent la santé de l’esprit exigent une stratégie intégrée à l’échelle de toute l’administration, qui mobilise les services de la santé, de l’éducation, de la protection sociale et de l’emploi (OCDE, 2021[36]).
L’éducation au service d’une société et de collectivités plus civiques, plus solidaires et plus inclusives
L’éducation favorise l’investissement dans la vie civique et réduit les comportements antisociaux, au profit de la société et des collectivités
Elle encourage également l’émergence de citoyens informés…
Au-delà de son rôle dans différentes retombées économiques et différents avantages sociaux plus généraux dont peuvent jouir les individus, l’éducation encourage également l’émergence de citoyens investis et informés, qui sont davantage à même de contribuer à la société. Les systèmes éducatifs peuvent inculquer des valeurs civiques et démocratiques aux élèves, à travers les connaissances, les attitudes et les compétences qu’ils acquièrent à l’école. Les compétences d’analyse, de traitement de l’information et de raisonnement critique acquises à l’école peuvent former des citoyens plus informés et investis et, par conséquent, faciliter un meilleur fonctionnement des démocraties. La créativité permet aux individus d’innover, de s’épanouir sur le plan personnel, mais aussi de remettre en question les normes existantes et trouver de nouvelles solutions lorsque des bouleversements désorganisent la société. L’esprit critique est un pilier essentiel du bon fonctionnement de la démocratie, et plus encore à l’ère du numérique avec son abondance de sources d’informations, sa multiplicité de faits et d’opinions et la montée de la désinformation (Vincent-Lancrin et al., 2019[46]).
Le rapport PISA (2018) établit que les systèmes éducatifs dans lesquels une plus grande part des élèves apprennent à l’école comment repérer les informations partiales affichent également une plus grande proportion d’élèves capables de faire la distinction entre faits et opinions (Graphique 2.3.). Pourtant, dans les pays de l’OCDE, en moyenne un élève de 15 ans sur deux seulement a appris à l’école comment reconnaître les informations partiales (OCDE, 2021[47]), même si l’esprit critique et la créativité peuvent être enseignés, appris et évalués dans l’enseignement primaire et secondaire (Vincent-Lancrin et al., 2019[46]). Le lien entre la possibilité pour les élèves d’apprendre à reconnaître les informations partiales et leur capacité à faire la distinction entre faits et opinions varie d’un pays à l’autre, ce qui laisse supposer que les systèmes éducatifs peuvent encore apprendre les uns des autres et optimiser l’efficacité de cet apprentissage (OCDE, 2021[47]).
… et donne aux élèves des occasions d’échanger des idées et de participer à des activités collectives visant à stimuler leur investissement futur dans la vie civique
Par ailleurs, l’éducation intègre les élèves dans des réseaux sociaux, ce qui leur donne l’occasion d’interagir, d’échanger des idées variées et de participer à des activités collectives. L’école apprend aux élèves comment avoir des rapports sociaux productifs, qui les aideront plus tard à s’investir dans la vie politique et civique (Glaeser, Ponzetto et Shleifer, 2007[48]). Les compétences en matière de collaboration peuvent être enseignées et exercées dans les matières cognitives (comme les sciences ou les mathématiques), mais aussi dans les cours d’éducation physique où les élèves travaillent ensemble vers des objectifs communs (OCDE, 2018[49]). Les activités organisées au niveau des écoles et des classes, ainsi que le milieu scolaire, sont importants pour développer la capacité et les attitudes des élèves en matière de collaboration. Les élèves qui s’investissent dans des activités reposant davantage sur la communication (comme expliquer des idées en cours de sciences, réaliser des expériences pratiques et débattre de questions scientifiques) font preuve d’une attitude plus positive vis-à-vis de la collaboration. L’exposition à la diversité à l’école présente également une corrélation positive avec les compétences collaboratives : les élèves non issus de l’immigration affichent généralement de meilleures performances en termes de compétences collaboratives lorsqu’ils sont scolarisés dans des établissements présentant une plus forte concentration d’élèves issus de l’immigration (OCDE, 2018[49]).
Au niveau macroéconomique, il existe une forte corrélation entre l’éducation et la solidité des institutions démocratiques, mais l’équité au plan des résultats scolaires semble encore plus déterminante…
Une éducation de qualité est importante pour la démocratie et le bon fonctionnement des institutions. Les analyses empiriques font ressortir une forte corrélation entre éducation et démocratie dans tous les pays, ce qui confirme le rôle de l’éducation en tant que pilier essentiel de la démocratie (Lochner, 2011[50] ; Apergis, 2018[51]). Les données macroéconomiques sur le lien entre l’élévation du niveau de formation d’une population et la solidité des institutions démocratiques restent toutefois mitigées, reflétant divers problèmes méthodologiques et des disparités dans l’estimation du lien de causalité. Si la plupart des études examinent le rôle du nombre moyen d’années de scolarité, la distribution de l’éducation dans un pays semble compter davantage que le niveau de formation moyen de sa population pour l’édification et la pérennité de la démocratie (Castelló-Climent, 2008[52]). En effet, une plus grande équité au niveau des résultats scolaires est liée à une progression des indicateurs relatifs aux droits politiques et aux libertés civiles. En outre, les données sur le rôle des élèves étrangers pour les institutions de leur pays d’origine suggèrent que les actions mises en place dans les systèmes éducatifs pour enseigner les valeurs démocratiques sont généralement bénéfiques (Glaeser, Ponzetto et Shleifer, 2007[48] ; Lochner, 2011[50]). Les individus qui ont étudié à l’étranger se montrent en général plus favorables à la démocratie dans leur pays d’origine lorsque leurs études à l’étranger se sont déroulées dans un pays démocratique (Spilimbergo, 2009[53]).
… Tandis qu’au niveau microéconomique, l’éducation se traduit généralement par un taux de participation électorale plus élevé, mais moins par des activités de bénévolat
Au niveau individuel, l’investissement dans les études se traduit souvent par une plus forte implication dans le processus électoral (par exemple, inscription sur les listes électorales, participation électorale), une meilleure information sur la politique (comme le suivi des campagnes et des affaires publiques) et un plus grand soutien à la liberté d’expression (Lochner, 2011[50] ; Bradley et Green, 2020[16]). Toutefois, les études disponibles sur l’effet des études en termes d’engagement civique reposent généralement sur des données venant des États-Unis, complétées par des informations sur l’Allemagne et le Royaume-Uni. Les données de l’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes montrent que les adultes diplômés de l’enseignement supérieur affichent, même à des stades ultérieurs de la vie, ont davantage le sentiment de pouvoir influencer l'action publique (Desjardins, 2020[20]). Par contraste, être diplômé du supérieur ne se traduit pas nécessairement par un investissement plus fort dans le bénévolat (Bradley et Green, 2020[16]). Le coût d’opportunité du temps, plus élevé pour les individus les mieux instruits qui gagnent mieux leur vie et ont donc plus à perdre en termes de revenus s’ils consacrent du temps au bénévolat, peut expliquer en partie ces résultats.
L’éducation joue également un rôle essentiel dans le recul de la délinquance
Les effets de l’éducation sur la délinquance peuvent passer par différents canaux. Les études entraînent une hausse des salaires et, par conséquent, du coût d’opportunité de la délinquance. Les mesures destinées à prévenir le décrochage dans le secondaire et à renforcer les compétences recherchées sur le marché du travail peuvent donc se révéler très efficaces pour réduire la délinquance. Les enfants étant en classe, ils sont ainsi éloignés des espaces propices à la délinquance. L’école contribue ainsi à réduire la criminalité et le risque que des élèves terminent leur scolarité avec un casier judiciaire. Les élèves scolarisés plus longtemps ont de meilleures chances de devenir des adultes respectueux des lois, ce qui fait de l’école un précieux instrument de lutte contre la délinquance (Lochner et Moretti, 2004[54] ; Bell, Costa et Machin, 2022[55]).
Par ailleurs, l’éducation peut aussi enseigner la patience aux élèves et les inciter à modifier leur point de vue sur les risques, faisant ressortir le rôle capital des compétences socioémotionnelles (Lochner, 2011[50] ; Bradley et Green, 2020[16]). D’ailleurs, la recherche suggère que les compétences socioémotionnelles comptent plus que les compétences cognitives pour prédire une faible participation à la délinquance (Jason Baron, Hyman et Vasquez, 2022[56] ; Cunha, Heckman et Schennach, 2010[57]) (OCDE, 2021[39]). L’acquisition de compétences socioémotionnelles à un jeune âge est associée à une plus faible probabilité qu’un individu soit impliqué plus tard dans des comportements délinquants, illicites ou antisociaux (OCDE, 2020[38]).
Encourager le développement de compétences socioémotionnelles à un jeune âge peut donc avoir des retombées sociales positives tout au long de la vie. Par exemple, une formation de deux ans aux compétences sociales et à la maîtrise de soi, destinée aux garçons de maternelle turbulents issus d’un milieu socioéconomique défavorisé, a contribué au développement de la maîtrise de soi et de la confiance chez ces élèves plus tard dans la vie (Algan et al., 2022[58]). Cette intervention a amélioré les résultats scolaires, réduit la délinquance à l’adolescence et augmenté le capital social à l’âge adulte. Même sans prendre en compte les retombées professionnelles pour l’individu, les bénéfices du programme de formation en termes de réduction du coût de l’éducation (redoublements, etc.), de la délinquance (arrestations et frais de justice) et des transferts sociaux en compensent déjà le coût (Algan et al., 2022[58]).
La délinquance entraîne un coût social considérable et le rôle de l’éducation pour la réduire se traduit pour la société par des retombées positives qui dépassent celles qu’en retirent les individus. D’après la recherche, les politiques éducatives peuvent apporter des avantages considérables pour la société (Encadré 2.2). L’augmentation du nombre d’années d’études secondaires et les mesures visant à améliorer la scolarisation de jeunes issus de groupes plus enclins à la délinquance ont généralement l’effet le plus prononcé sur la criminalité (Lochner, 2011[50]). Dans le même ordre d’idées, l’augmentation du financement des établissements scolaires publics dans un but d’amélioration, qu’elle soit destinée aux dépenses d’exploitation (par ex., salaires des enseignants) ou aux dépenses en capital (par ex., travaux de rénovation), peut aussi être une mesure de prévention de la criminalité avantageuse (Jason Baron, Hyman et Vasquez, 2022[56]). Le rapport coût-efficacité d’une telle mesure dans un objectif de réduction de la criminalité est en fait proche de celui de diverses interventions dans le domaine de l’éducation de la petite enfance (par ex., Head Start aux États-Unis) (Jason Baron, Hyman et Vasquez, 2022[56] ; Anders, Barr et Smith, 2022[59]).
Encadré 2.2. Faire reculer la délinquance grâce à l’éducation : estimation des bénéfices sociaux aux États-Unis
Les chercheurs s’appuient souvent sur les modifications des lois sur l’obligation scolaire pour examiner le rôle de l’éducation dans la réduction de la délinquance et estimer les bénéfices qui en découlent pour la société.
Le recul de la délinquance imputable à une année de scolarité supplémentaire s’accompagne de bénéfices sociaux non négligeables. Dans une étude de référence, Lochner et Moretti (2004[54]) exploitent les réformes des lois sur l’obligation scolaire entre 1914 et 1974 pour déterminer l’incidence du niveau d’études sur la délinquance (la probabilité d’incarcération et d’arrestation). Ils estiment des externalités sociales importantes de la réduction de la délinquance par l’éducation du fait de la réduction du coût des incarcérations et de la prise en charge des victimes. Les économies réalisées au plan social grâce à une hausse de 1 % du taux de jeunes hommes diplômés de fin de secondaire en 1990 se seraient élevées à plus de 2 milliards USD, soit plus de 3 000 USD par diplômé supplémentaire (Lochner et Moretti, 2004[54] ; Lochner, 2011[50]). Les externalités positives en matière de réduction de la délinquance imputables à ce diplômé supplémentaire comptaient pour 14 à 26 % des bénéfices individuels tirés d’un diplôme de fin de secondaire. L’augmentation du taux de diplômés du deuxième cycle du secondaire se révèle donc plus rentable pour réduire la délinquance que les mesures d’augmentation des effectifs de police (lorsque les estimations tiennent compte à la fois de la réduction de la délinquance et des effets d’amélioration de la productivité).
La prise en compte des effets de persistance dynamique de l’éducation sur la délinquance est essentielle pour des calculs coûts-avantages justes. Tandis que Lochner et Moretti (2004[54]) attirent l’attention sur le fait qu’une part importante de l’effet de l’éducation sur la délinquance est due à un effet de productivité (grâce aux salaires plus élevés qui vont de pair avec des études plus poussées), Bell, Costa et Machin (2022[55])montrent que dans le cas des réformes des lois sur l’obligation scolaire après les années 1980, l’éducation réduit la délinquance en grande partie en décalant l’âge des délinquants. En effet, le prolongement de la scolarité obligatoire réduit les taux de délinquance en gardant les jeunes à l’école plus longtemps et en les empêchant de basculer dans la criminalité, mais aussi en réduisant la probabilité d’activités criminelles plus tard dans la vie. Les réformes de l’éducation réduisent ainsi la délinquance à tous les âges, mais plus particulièrement chez les jeunes.
Des réformes plus récentes ont eu des effets relativement modestes sur les niveaux d’études et les salaires moyens. La moindre contribution de l’effet de productivité de l’éducation à la réduction de la délinquance soulève des questions sur les bénéfices nets des réformes plus récentes. Selon une méthodologie voisine de celle de Lochner et Moretti (2004[54]), Bell, Costa et Machin (2022[55]) montrent qu’à l’âge de 18 ans, les avantages sociaux des réformes des lois sur l’obligation scolaire l’emportent sur leur coût. Le rapport coût-avantages des réformes augmente néanmoins lorsque les estimations prennent également en compte la réduction de la délinquance parmi les 19-24 ans : on obtient alors un rapport coût-avantages de 2.10 USD par dollar consacré à la réforme.
L’éducation contribue à la construction du capital social et à l’émergence d’une société plus inclusive et plus solidaire
L’éducation est un solide déterminant de la confiance...
L’éducation est un indicateur fondamental du capital social, et notamment des relations et réseaux de connaissances effectifs (voir la section précédente), ainsi que des règles de confiance et de réciprocité qui facilitent la coopération (Borgonovi et Andrieu, 2020[60] ; Algan, 2018[61]). Une abondante documentation a établi le rôle du capital social, et en particulier de la confiance (envers les autres et dans les institutions) dans la croissance de l’économie, le fonctionnement des administrations, le développement financier ou les échanges économiques, les comportements en matière de santé, la délinquance et le bien-être (voir (Algan et Cahuc, 2010[62] ; Algan, 2018[61])). Pendant la crise du COVID-19, le capital social a joué un rôle de médiateur pour réduire la propagation du virus (Makridis et Wu, 2021[63]). Les individus vivant dans des collectivités caractérisées par des niveaux élevés de capital social ont réduit leurs déplacements liés aux activités d’achat et de loisirs plus rapidement que les personnes vivant dans des zones présentant un capital social plus faible (Borgonovi et Andrieu, 2020[60]). Par ailleurs, la confiance envers les scientifiques pendant la pandémie a déterminé le degré de soutien et de respect accordé aux interventions non pharmaceutiques (interruption des activités non essentielles, couvre-feu, obligation du port du masque dans les lieux publics, etc.) et à la vaccination (Algan et al., 2021[64]).
La confiance est le fondement du capital social (Borgonovi et Burns, 2015[65]) et l’éducation en est l’un des déterminants. Renforcer le niveau d’instruction individuel et moyen à l’échelle locale entraîne un degré de confiance accru (Helliwell et Putnam, 2007[66]). L’éducation permet de développer les compétences cognitives et socioémotionnelles nécessaires pour interpréter le comportement d’autrui et s’investir dans une collaboration effective avec les autres (Borgonovi et Burns, 2015[65]). L’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes a établi que les compétences en traitement de l’information présentent une corrélation positive avec la confiance (OCDE, 2020[22]) et que les individus diplômés de l’enseignement supérieur sont plus susceptibles de déclarer avoir confiance en autrui que les non diplômés (Graphique 2.4.). L’impact de l’éducation sur la confiance paraît progressif : chaque diplôme supplémentaire est lié à des niveaux supérieurs de confiance interpersonnelle (Borgonovi et Burns, 2015[65]). Par ailleurs, les méthodes pédagogiques comptent pour générer ce capital social : les pédagogies transversales, comme le travail de groupe, sont davantage liées à des convictions prosociales, y compris des niveaux de confiance supérieurs (Algan, Cahuc et Shleifer, 2013[67]). Bien qu’elles ne soient que corrélationnelles, les données du rapport PISA suggèrent que les systèmes éducatifs peuvent jouer un rôle essentiel pour rétablir la confiance envers les scientifiques, aspect qui s’est révélé problématique pendant la pandémie de COVID‑19. Il existe un lien significatif au niveau systémique entre les résultats des élèves dans les matières scientifiques et la confiance accordée aux scientifiques (Algan, 2021[68]).
…bien qu’il n’y ait pas de consensus sur les mécanismes expliquant le lien entre l’éducation et la confiance
Si l’éducation et la confiance affichent de fortes associations positives, les chercheurs ne sont pas encore parvenus à un consensus sur les mécanismes qui sous-tendent ce lien (Borgonovi et Pokropek, 2017[69]). Différents facteurs peuvent jouer sur l’association positive entre éducation et confiance. Les aptitudes personnelles et l’intelligence peuvent favoriser des niveaux supérieurs de confiance et de formation. En outre, il est souvent plus facile pour les individus plus instruits de faire confiance aux autres s’ils s’investissent dans un plus grand nombre d’interactions sociales au cours de leurs études (Yang, 2019[70]). L’enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes (PIAAC) établit qu’une part importante du lien entre éducation et confiance globale se développe à travers les compétences en compréhension de l’écrit, le revenu et le prestige professionnel (Borgonovi et Pokropek, 2017[69]).
De manière plus générale, le milieu social dans lequel les individus évoluent détermine la solidité des mécanismes qui sont à l’origine du lien entre éducation et confiance. Une plus grande diversité des lieux de naissance favorise un lien positif plus fort entre les compétences à l’écrit et la confiance globale, tandis que de plus grandes inégalités de revenus réduisent l’intensité de cette association (Borgonovi et Pokropek, 2017[69]). La qualité des institutions publiques importe également. Les données des pays européens montrent qu’au niveau individuel, les améliorations en matière d’éducation se traduisent par des niveaux plus élevés de confiance sociale lorsque les individus résident dans un cadre institutionnel de qualité, équipé d’institutions impartiales et intègres (Charron et Rothstein, 2016[71]). À mesure que les individus sont plus instruits, ils prennent également davantage conscience du favoritisme et sont plus à même de repérer les daits de corruption, ce qui érode leur niveau de confiance s’ils sont confrontés à des pouvoirs publics médiocres. D’ailleurs, le rôle de l’éducation dans le développement de la confiance a tendance à devenir négligeable en l’absence d’institutions impartiales et intègres.
L’éducation contribue également à favoriser l’inclusion sociale et encourage la mobilité sociale…
Les systèmes éducatifs peuvent contribuer à bâtir une économie et une société plus inclusives. L’inclusion sociale s’entend globalement du « processus visant à améliorer les conditions dans lesquelles les individus et les groupes peuvent participer à la vie de la société » (Cerna et al., 2021[72] ; Banque mondiale, 2013[73]). L’éducation peut promouvoir l’égalité des chances pour tous, et garantir une participation et des résultats équitables au niveau de l’enseignement primaire est un premier pas dans ce sens.
Le taux de scolarisation et le niveau de formation ont largement progressé dans les pays de l’OCDE (OCDE, 2021[2]). Parallèlement, la mobilité en matière d’éducation reste une préoccupation : depuis quelques dizaines d’années, la mobilité des niveaux de formation inférieurs et intermédiaires vers les niveaux supérieurs ralentit (OCDE, 2019[74]). Malgré une forte amélioration de l’accès à l’éducation depuis quelques décennies, les taux d’obtention d’un diplôme du supérieur selon le statut socioéconomique demeurent très inégaux (OCDE, 2018[75]), et les inégalités face à l’éducation persistent sur plusieurs générations (Blanden, Doepke et Stuhler, 2022[76]). La montée des inégalités et le manque de mobilité sociale plombent la croissance et la productivité, risquent d’aggraver les tensions et les fractures sociales, exposent toujours plus les personnes aux dangers et à la violence, et réduisent leur capacité à réaliser leur potentiel (OCDE, 2019[74]).
L’inégalité des chances face à la scolarité commence tôt et pour les élèves issus de milieux socioéconomiques défavorisés, un bon enseignant et une bonne école sont souvent l’un des facteurs les plus puissants pour gravir l’échelle sociale (OCDE, 2019[77]). Si dans beaucoup de pays de l’OCDE, le code postal d’un élève demeure un indicateur fondamental des chances de réussite, le rapport PISA et l’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes (PIAAC) établissent qu’au sein des systèmes d’enseignement et de formation, excellence et équité vont souvent de pair (OCDE, 2019[77] ; OCDE, 2019[78]). En effet, de nombreux pays qui veillent à l’inclusivité en matière d’acquisition des compétences affichent également des niveaux élevés de compétences fondamentales chez les jeunes, les diplômés de l’enseignement supérieur et les adultes (OCDE, 2019[78]). À l’inverse, les pays qui enregistrent les plus mauvais résultats en termes d’équité affichent également les pires performances moyennes.
Parvenir à l’équité au sein des systèmes éducatifs est une condition préalable essentielle pour obtenir plus tard des résultats équitables tout au long de la vie. Une intervention rapide est essentielle pour rompre ce cycle vicieux intergénérationnel et lisser la mobilité des revenus tout au long de la vie pour les individus issus de milieux défavorisés (OCDE, 2019[74]). Les politiques éducatives qui veillent à l’égalité des chances et des résultats pendant la scolarité obligatoire peuvent favoriser l’amélioration des niveaux de formation et de l’équité à cet égard (OCDE, 2018[75]). Si plusieurs pays, dont le Danemark, l’Estonie, le Japon et la Corée, parviennent à maintenir l’équité (en termes de scolarisation et de qualité) de l’enseignement initial jusqu’aux études supérieures, peu y parviennent dans l’enseignement supérieur malgré un faible degré d’équité pendant la scolarité initiale (Graphique 2.5).
…et contribue également à bâtir une société plus solidaire, en formant des individus plus tolérants et ouverts d’esprit
Les sociétés solidaires contribuent à développer le bien-être de leurs membres, à lutter contre l’exclusion et la marginalisation, à encourager la confiance et à promouvoir un sentiment d’appartenance, tout en favorisant l’ascenseur social (OCDE, 2011[82]). Au-delà de son rôle en matière de confiance et de bien-être, ainsi que pour aider les individus à gravir l’échelle sociale, l’éducation peut également favoriser la formation d’individus plus tolérants et ouverts d’esprit et, ainsi, d’une société plus solidaire.
L’éducation est un déterminant essentiel de la tolérance et des faibles niveaux d’attitudes discriminatoires. La recherche suggère que des niveaux d’instruction faibles sont associés, au sein du groupe, à des niveaux plus élevés de favoritisme, de préjugés, d’exclusion ethnique, de xénophobie et d’attitudes négatives envers les immigrés (voir (Easterbrook, Kuppens et Manstead, 2016[83] ; OCDE, s.d.[84] ; Borgonovi et Pokropek, 2019[85])). Il est encourageant de noter que dans les pays de l’OCDE, la plupart des élèves ont envie de découvrir d’autres cultures et des élèves différents d’eux-mêmes. Cet intérêt présente une corrélation positive avec le respect par les élèves des personnes issues d’autres cultures et avec une sensibilité à la communication interculturelle (OCDE, 2020[86]). Différentes activités éducatives peuvent favoriser les compétences globales des élèves ou leur aptitude à vivre dans un monde diversifié et interconnecté. En effet, l’intérêt des élèves pour découvrir d’autres cultures, leur capacité à comprendre des points de vue différents et leur sensibilité à la communication interculturelle sont associés de manière positive au nombre d’activités d’apprentissage sur ces thèmes auxquelles ils participent à l’école (OCDE, 2020[86]).
Ainsi, par son rôle socialisateur, l’éducation contribue à améliorer la communication au sein de la société entre des individus de milieux différents (socioéconomiques, culturels et religieux, par exemple), ce qui a des retombées sur la croissance économique (Gradstein et Justman, 2002[87]). Au-delà de son rôle socialisateur, l’éducation peut également permettre de réduire les perceptions de menace économique ou culturelle et se traduit donc par une plus grande tolérance envers des individus différents. Les données des différents pays suggèrent que les individus plus instruits affichent une moindre opposition à l’immigration que les personnes moins instruites, et que ces niveaux plus élevés d’acceptation résultent largement de sentiments de menace plus faibles (Borgonovi et Pokropek, 2019[85]).
L’éducation au service d’un monde en constante évolution
Au moment où la transformation numérique de l’économie et de la société est plus marquée que jamais, il est essentiel de garantir l’épanouissement de tous à l’ère numérique
La pandémie a accéléré la transformation numérique de l’économie et de la société et, pour être prêts à saisir les opportunités du monde numérique, les pays dépendent largement des aptitudes de leur population (OCDE, 2020[1]). Afin de s’épanouir dans un monde numérique, les individus ont besoin d’un ensemble équilibré de compétences, qui incluent de bonnes capacités cognitives et numériques, ainsi que les compétences socioémotionnelles qui leur permettront de faire preuve de souplesse, de s’adapter et de gérer le changement.
Les compétences permettent de réduire l’écart des inégalités numériques en matière d’accès et d’utilisation des technologies numériques, ainsi que des avantages qui en découlent. Le défaut de compétences est de plus en plus souvent une source majeure de fracture numérique en termes d’accès à internet. On constate une nette augmentation du nombre de ménages européens sans accès à internet (44 % en 2019) qui signalent que cette situation est liée à un manque de compétences par rapport aux années précédentes (32 % en 2010) (Eurostat, 2021[88]). En outre, les compétences déterminent dans quelle mesure les individus vont pouvoir prendre part à une société du numérique (OCDE, 2020[1]). Un ensemble équilibré de compétences permet aux individus de passer d’un usage simple d’internet à des fins d’information et de communication, à une utilisation plus complexe qui couvre l’apprentissage en ligne, les opérations financières électroniques et les tâches créatives (Graphique 2.6. ). Les individus n’ont pas tous besoin d’exécuter ces tâches, mais ils pourront être appelés à le faire à mesure que la société passe au numérique, et ils doivent donc posséder les compétences nécessaires pour s’adapter. Il est également probable que ces disparités se traduiront et se refléteront dans des écarts de bien-être entre les individus compétents et moins compétents. Les données des moteurs de recherche internet aux États-Unis révèlent que les recherches liées à la recherche d’emploi, à la participation à la vie civique et aux habitudes saines sont des indicateurs fiables du bien-être (Algan et al., 2019[89]). Si la recherche d’emploi présente une corrélation négative avec le bien-être, la participation à la vie civique est associée à une meilleure évaluation de la qualité de vie et les habitudes saines dénotent un affect positif plus élevé et un affect négatif plus faible.
Pendant la pandémie, les compétences numériques ont joué un rôle déterminant pour pouvoir maintenir une vie sociale, travailler, apprendre et accéder aux services médicaux en ligne…
Pendant la pandémie, beaucoup de services publics et privés sont passés en ligne. Être en possession d’un ensemble équilibré de compétences fait la différence entre maintenir une vie sociale, travailler, apprendre et accéder aux services médicaux, et se trouver laissé de côté. Avant la pandémie de COVID‑19 déjà, les individus moins instruits étaient plus susceptibles de se sentir écartés de la société et cette perception s’est accentuée pendant la crise (OCDE, 2021[8]). Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de ce sentiment, mais cette perception s’est vraisemblablement trouvée exacerbée par les fractures numériques, qui ont empêché les échanges ou l’accès à différents services pendant les périodes de confinement. Sans compétences de base, il est impossible de percevoir les bienfaits d’un monde de plus en plus numérique. Le manque de compétences de base en compréhension de l’écrit et en mathématiques constitue un obstacle aux activités en ligne, de même qu’une faible aptitude à résoudre les problèmes freine des activités plus diversifiées et complexes dans les environnements à forte composante technologique (OCDE, 2020[1]).
Les compétences numériques sont également importantes pour la protection contre les risques associés aux technologies numériques…
Les compétences permettent aussi aux individus de mieux se protéger, ainsi que leurs enfants, contre les risques associés aux technologies numériques. L’utilisation croissante des appareils numériques et d’internet peut être préjudiciable au bien-être et aux liens sociaux des individus. Bien qu’il soit difficile d’établir un lien de causalité, les données suggèrent que des usages excessifs sont liés à une moindre satisfaction à l’égard de la vie, un risque accru de dépression et d’anxiété, un sommeil de moindre qualité et une plus forte prévalence de sentiments négatifs (tristesse et faible moral) (OCDE, 2021[90] ; Hooft Graafland, 2018[91] ; OCDE, 2019[44]).
Les individus plus instruits sont potentiellement mieux informés sur les risques liés au numérique, ont accès à d’autres activités hors numérique pendant leurs moments de loisir, ou font plus attention à leur degré d’implication dans les activités en ligne. Les élèves qui réussissent le mieux aux tests du PISA sont, par exemple, moins susceptibles de signaler qu’ils se sentent mal lorsqu’ils n’ont pas de connexion internet (OCDE, 2020[1]). En outre, les compétences déterminent également la manière dont les individus s’occupent de leur sécurité en ligne et de la confidentialité de leurs données. Un bon niveau de compétences augmente la probabilité que les individus prennent des mesures visant à renforcer leur sécurité en ligne en gérant l’accès à leurs informations personnelles, en utilisant des logiciels anti-espions ou en modifiant les paramètres afin de limiter les cookies (OCDE, 2020[1]). Les compétences numériques aident aussi les enfants à faire face au harcèlement en ligne parce qu’ils savent, par exemple, comment bloquer les harceleurs et supprimer les messages (Gottschalk, 2022[92]).
En intégrant les technologies numériques dans l’enseignement et l’apprentissage, l’éducation peut contribuer à développer les compétences nécessaires pour évoluer dans un monde numérique et réduire les fractures numériques…
Les systèmes éducatifs jouent un rôle essentiel pour jeter les bases qui permettront aux élèves et aux citoyens de s’épanouir dans un monde de plus en plus numérique. S’ils cherchent à doter les élèves d’un ensemble équilibré de compétences et de bonnes attitudes face à l’apprentissage, les systèmes éducatifs portent également leurs efforts sur l’intégration des technologies numériques dans l’enseignement. L’introduction et l’utilisation des technologies numériques et d’internet en milieu scolaire est l’un des principaux moteurs d’innovation dans les pratiques pédagogiques observées sur les dix dernières années dans les pays de l’OCDE (Vincent-Lancrin et al., 2019[93]) et la pandémie a accéléré la transformation numérique des systèmes éducatifs. Il ressort des données du PISA (2018) que dans les pays de l’OCDE, environ deux tiers des élèves en moyenne ont utilisé des appareils numériques en cours (sciences, compréhension de l’écrit ou mathématiques) le mois précédent3. En science, les appareils numériques sont utilisés soit par les enseignants et les élèves ensemble (pour 31 % des élèves de science), soit par les enseignants uniquement (pour 31 % de tous les élèves de science) plutôt que principalement par les élèves (pour 12 % de tous les élèves de science).
L’utilisation des technologies numériques dans les systèmes éducatifs peut faire partie de la solution pour développer les compétences nécessaires pour être membre d’une société numérique, y compris les compétences numériques. Bien que les enfants soient exposés de plus en plus tôt aux technologies numériques, tous les jeunes ne les maîtrisent pas et leur utilisation à l’école peut renforcer les compétences numériques (OCDE, s.d.[94] ; OCDE, 2017[95]) (Malamud et Pop-Eleches, 2011[96] ; Malamud et al., 2018[97] ; Bulman et Fairlie, 2016[98]). Les données du PISA (2018) révèlent que les élèves qui ont eu plus de possibilités d’acquérir des compétences numériques à l’école ont aussi plus de chances d’obtenir de meilleurs résultats pour certains aspects nouveaux de la compréhension de l’écrit, notamment savoir distinguer les faits des opinions (OCDE, 2021[47]). Malgré la persistance de disparités d’accès aux technologies numériques dans de nombreux pays de l’OCDE, les établissements scolaires peuvent contribuer à résorber les inégalités entre les élèves, sur le plan tant de l’accès à ces technologies que de l’exploitation qui en est faite pour apprendre.
La transformation numérique offre aux systèmes de nouvelles opportunités de s’écarter d’une approche uniforme de l’enseignement pour aller vers des expériences d’apprentissage personnalisées. Les utilisations innovantes des technologies numériques ouvrent la voie à une plus grande inclusion, par l’apprentissage adaptatif, une plus grande personnalisation des expériences d’apprentissage, l’accès à un éventail élargi de ressources et de matériel (par ex., les télélaboratoires), ou l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle pour ajouter diagnostics et personnalisation à l’instruction. L’analyse de l’apprentissage4, fondée sur les données de masse issues de la navigation en ligne, des réseaux sociaux ou d’appareils et capteurs en réseau, contribue elle aussi à des apprentissages plus personnalisés (OCDE, 2019[99] ; OCDE, 2022[100]). Elle permet d’identifier plus facilement les élèves qui risquent de décrocher et d’évaluer l’efficacité de différentes stratégies d’enseignement. Ces utilisations innovantes des données et des technologies numériques ouvrent la voie à des expériences d’apprentissage de qualité et plus inclusives.
L’utilisation des technologies numériques pour enseigner et apprendre peut améliorer les résultats scolaires des élèves, mais de nombreux pays n’ont pas encore récolté les fruits de l’éducation numérique
Utilisée de manière innovante pour enseigner et apprendre, la technologie peut effectivement améliorer les résultats et la motivation des élèves (Paniagua et Istance, 2018[101] ; OCDE, 2020[1] ; OCDE, 2022[100]). Il ressort des données du PISA (2018) que le recours aux appareils numériques dans le cadre d’activités pédagogiques peut contribuer à de meilleurs résultats, mais que tous les systèmes éducatifs ne sont pas encore parvenus à en exploiter les possibilités pour accroître l’efficacité de l’enseignement et de l’apprentissage (Graphique 2.7).
Les données du PISA donnent également à penser, cependant, que l’exploitation de ce potentiel dépend de l’utilisation qui est faite de la technologie pour enseigner et apprendre et de l’intention pédagogique sous-jacente. En effet, l’utilisation d’appareils numériques par les enseignants seulement et (bien que dans une moindre mesure selon les pays) leur utilisation par les élèves et les enseignants sont plus positivement corrélées avec les résultats des élèves que leur utilisation principalement par les élèves, même en tenant compte du milieu socioéconomique de ces derniers et des établissements scolaires, de l’infrastructure numérique des établissements ou de la compétence numérique perçue des élèves. En Australie et Nouvelle-Zélande, deux pays où les technologies numériques sont fréquemment utilisées à la fois par les élèves et les enseignants (OCDE, 2021[47]), la corrélation avec les résultats scolaires est plus forte qu’avec les autres types d’utilisation d’appareils numériques, ce qui donne à penser que les élèves de ces pays tirent parti des bénéfices des technologies numériques grâce à de meilleures pratiques pédagogiques. De manière plus générale, ces conclusions cadrent avec les données de recherche faisant ressortir l’importance d’encourager les enseignants à utiliser les technologies numériques au lieu de s’y dérober, mais aussi de renforcer, au sein du système éducatif, les capacités d’utilisation des technologies numériques à des fins pédagogiques au lieu de ne s’intéresser qu’à la disponibilité d’infrastructures numériques (Beg et al., 2022[102] ; Sailer, Murböck et Fischer, 2021[103]).
En revanche, l’utilisation des technologies numériques par les élèves principalement a tendance à être négativement corrélée avec les résultats scolaires. Un constat qui semble indiquer que les élèves n’utilisent pas les outils numériques de la manière la plus productive, surtout s’ils ne sont pas encadrés ou guidés par les enseignants, s’ils se laissent distraire ou s’ils font un usage passif de la technologie. D’autre part, l’utilisation des technologies numériques par les élèves principalement a tendance à être plus fréquemment observée dans les établissements défavorisés, en moyenne dans les pays de l’OCDE5. Les possibilités d’inclusion et de résorption des écarts d’apprentissage offertes par les technologies numériques pourraient, par conséquent, ne pas être concrétisées faute de politiques publiques en faveur d’utilisations innovantes dans les établissements défavorisés (par ex., par l’offre de formations professionnelles ciblées, l’apport d’expertise extérieure et l’accompagnement de l’introduction des technologies numériques dans l’enseignement et l’apprentissage, le développement des compétences numériques des élèves).
Les données du Graphique 2.7 font également apparaître que les pays n’ont pas tous tiré parti de la transformation numérique au même degré dans leurs systèmes éducatifs. Les effets positifs moyens de l’utilisation d’appareils numériques par l’enseignant ou par l’enseignant et les élèves pour enseigner et apprendre donnent à penser que la majorité des pays pourraient tirer davantage parti de la transformation numérique en éducation, mais qu’il leur faut pour cela adopter un éventail de mesures de politique publique en appui d’une éducation numérique efficace. Les élèves d’un certain nombre de systèmes éducatifs, dont l’Australie, la Finlande, la Nouvelle-Zélande ou le Royaume-Uni, semblent tirer des bénéfices plus conséquents de l’utilisation d’appareils numériques par l’enseignant ou par l’enseignant et les élèves que leurs camarades d’autres pays de l’OCDE. Les données de TALIS (2013) révèlent que l’Australie, la Finlande, la Nouvelle-Zélande ou le Royaume-Uni avaient également déjà une tête d’avance en 2013 pour ce qui est de la préparation et de la formation de leurs enseignants à l’utilisation des technologies numériques (OCDE, 2020[1]). Ces pays ont probablement réussi à mettre au point un écosystème de mesures de politique publique en matière d’éducation numérique (dont des mesures visant à assurer la disponibilité d’infrastructures d’éducation numérique et à favoriser l’innovation en technologies d’éducation numérique, le renforcement des capacités pour en assurer une utilisation efficace, etc.) rendant possibles des utilisations plus efficaces et innovantes des technologies numériques pour apprendre et enseigner.
Les enjeux et les opportunités que présente notre époque nécessitent, plus que jamais, de former des citoyens résilients et proactifs au service d’un avenir durable
L’éducation joue un rôle essentiel dans la sensibilisation et la transmission des connaissances sur différents enjeux planétaires et environnementaux…
L’éducation est fondamentale pour sensibiliser et faire connaître différents enjeux planétaires, et pour former des citoyens prêts à vivre et agir pour un avenir durable. Les compétences déterminent la capacité des élèves et des citoyens de vivre dans un monde interconnecté et d’agir pour le bien-être collectif (OCDE, 2020[86]). Construire un avenir durable passe également par une évolution des comportements, par une compréhension et une acceptation des stratégies des pouvoirs publics en matière d’action climatique.
L’évaluation PISA 2018 a examiné les compétences que les élèves doivent développer pour pouvoir s’épanouir dans un monde diversifié et interconnecté. Les élèves qui affichent les scores les plus élevés dans les indices reflétant leurs attitudes et dispositions concernant les enjeux planétaires (connaissance des enjeux planétaires, envie de découvrir d’autres cultures, capacité d’adaptation cognitive, par exemple) sont plus susceptibles de signaler qu’ils agissent pour le bien-être collectif et le développement durable (OCDE, 2020[86]). Ces attitudes et dispositions positives concernant les enjeux planétaires présentent une corrélation positive avec la performance globale des élèves dans les tests. S’il est probable que les attitudes et dispositions positives concernant les enjeux planétaires déterminent la motivation et la performance des élèves en matière d’apprentissage sur ces thèmes, il est également probable qu’une meilleure compréhension de ces enjeux puisse déboucher sur de meilleures dispositions et sur des probabilités plus fortes que les élèves agissent.
S’agissant du degré de préparation des élèves pour construire un avenir durable en particulier, plusieurs vagues de l’évaluation PISA font apparaître que la sensibilité des élèves aux enjeux planétaires et leurs attitudes pro-environnement présentent une corrélation positive avec leurs performances en sciences (OCDE, 2020[6]). Les élèves qui ont une meilleure compréhension des sciences sont donc plus susceptibles d’être sensibilisés à l’environnement et de se sentir davantage investis de responsabilités envers les enjeux du développement durable (OCDE, 2021[104] ; Echazarra, 2018[105]). Le nombre d’activités scientifiques auxquelles les élèves participent à l’école et leur exposition à l’enseignement basé sur le questionnement comptent également dans leurs attitudes vis-à-vis de l’environnement. De manière plus générale, les attitudes des élèves concernant les enjeux planétaires présentent une corrélation positive avec le nombre d’activités liées à la compétence mondiale auxquelles ils participent à l’école, même après avoir tenu compte du profil socioéconomique des élèves et des écoles (OCDE, 2020[86]).
La sensibilité des élèves aux problèmes environnementaux est fortement liée au contenu du programme scolaire…
Au-delà des activités d’apprentissage organisées dans les écoles, le contenu des programmes d’études officiels peut également contribuer à améliorer la sensibilité des élèves à ces enjeux et leurs attitudes vis-à-vis de ces questions. Plusieurs pays (comme l’Australie, le Danemark et l’Estonie) accordent déjà la priorité à la sensibilisation aux enjeux environnementaux et à la stabilité dans leurs objectifs éducatifs (OCDE, 2020[5]). L’évaluation PISA 2018 établit que les enjeux environnementaux sont inclus dans les programmes d’étude de presque tous les élèves et que l’insertion de ces thèmes dans les programmes est importante. La sensibilisation des élèves au changement climatique et au réchauffement est fortement liée à l’inclusion de ces thèmes dans les programmes d’étude, en moyenne dans les pays de l’OCDE (OCDE, 2020[86]). On observe toutefois d’importantes différences de compétence des élèves en matière environnementale et un niveau d’études élevé ne suffit pas pour développer une plus grande sensibilité aux problématiques écologiques (Borgonovi et al., 2022[106] ; Borgonovi et al., 2022[107]). En revanche, une corrélation positive se dégage entre d’excellents résultats en science et un degré supérieur de conscience des problèmes d’environnement, même après prise en compte des résultats en compréhension de l’écrit et en mathématiques. Ces constatations soulignent l’importance du contenu des programmes scolaires, et de l’enseignement des sciences en particulier, pour doter les élèves des compétences nécessaires au service d’un avenir durable (Borgonovi et al., 2022[106] ; Borgonovi et al., 2022[107]).
Mais pour former des citoyens qui agiront au service d’un avenir durable, il faut également cultiver chez les élèves la capacité d’agir et le sentiment de pouvoir le faire…
Pour former des citoyens capables d’agir pour un avenir durable, les systèmes éducatifs doivent également développer chez les élèves la capacité d’agir et le sentiment de pouvoir le faire de manière utile pour l’avenir (OCDE, 2021[104]). Bien que les élèves possèdent un degré élevé de sensibilité, d’efficacité personnelle et d’intérêt pour les enjeux environnementaux, seul un élève sur deux a le sentiment de pouvoir faire quelque chose pour résoudre les problèmes auxquels le monde est confronté (OCDE, 2021[104]). Les élèves qui possèdent des niveaux de compétence en sciences plus élevés sont souvent plus pessimistes quant à l’avenir de l’environnement. Si l’excès d’optimisme sur les enjeux environnementaux peut poser problème, le pessimisme concernant l’avenir qui empêche les élèves d’agir est tout aussi peu souhaitable (OCDE, 2021[104] ; Echazarra, 2018[105]).
Former les élèves et les citoyens pour un avenir durable nécessite donc d’aller plus loin que les connaissances et les compétences fondamentales sur les enjeux environnementaux. Il est essentiel de développer un sentiment de pouvoir et de résilience. Les élèves qui manifestent un sens plus aigu de leurs capacités concernant l’environnement sont effectivement plus susceptibles d’agir en conséquence (Graphique 2.8). Des pédagogies spécifiques comme l’apprentissage en situation réelle, l’apprentissage basé sur les projets et le questionnement, et l’enseignement basé sur la discussion peuvent être efficaces pour développer chez les élèves les connaissances ainsi que la capacité d’agir et la confiance en l’action (OCDE, 2020[6]). Le Graphique 2.8 illustre le lien entre l’engagement écologique des élèves et celui de leurs parents. Que cette corrélation positive traduise le rôle fondamental des parents dans la socialisation de leurs enfants ou l’influence des enfants sur l’engagement écologique de leurs parents, elle met en évidence la nécessité pour les systèmes éducatifs d’associer les parents et les éducateurs au développement des compétences des enfants au service d’un avenir durable (Borgonovi et al., 2022[107]).
En outre, le rapport PISA (2018) établit que développer l’adaptabilité cognitive des élèves peut encourager la résilience, la capacité à affronter l’incertitude et l’aptitude à comprendre différents points de vue (OCDE, 2020[86]). En effet, l’adaptabilité cognitive renvoie à la capacité des élèves à adapter leurs « modes de pensée et leurs comportements à leur environnement culturel ou aux situations et contextes inédits susceptibles de présenter de nouvelles exigences ou problématiques » (OCDE, 2020[86]). La capacité d’adaptation cognitive des élèves et leur résilience sont positivement corrélées dans tous les pays et autres participants au PISA 2018, même après prise en compte des profils socioéconomiques des élèves et des écoles.
Les systèmes éducatifs jouent donc un rôle majeur pour former des apprenants résilients, capables de gérer les ruptures de normalité et de s’adapter à des environnements changeants, d’exploiter les opportunités existantes et de réaliser leur potentiel (OCDE, 2021[45]). La plupart des pays/territoires pour lesquels des données sont disponibles dans la base de données de l’OCDE sur l’avenir de l’éducation et des compétences à l’horizon 2030 - Programmes d’enseignement intègrent les notions de capacité d’agir des élèves dans un tiers environ des programmes scolaires et les enseignants ne se sentent pas tous prêts à accompagner le développement de cette aptitude chez les élèves (OCDE, 2020[7]). Au-delà de la prise en compte de la capacité d’agir dans des programmes d’enseignement tournés vers l’avenir et de l’accompagnement des enseignants à travers la formation professionnelle, plusieurs autres stratégies peuvent encourager la résilience des élèves et leur aptitude à façonner un avenir durable. Les systèmes éducatifs qui donnent aux élèves la capacité d’agir sont ceux dans lesquels les enseignants et les élèves construisent ensemble des environnements d’apprentissage actif, au lieu de placer l’enseignant au cœur de l’instruction (Schleicher, 2021[108]). Par ailleurs, pour renforcer la résilience des élèves, les pouvoirs publics peuvent mettre en place des initiatives des pouvoirs publics qui encouragent l’investissement des élèves et favorisent des climats d’apprentissage positifs, offrent des pédagogies adaptatives à tous et accompagnent les apprenants les plus vulnérables (OCDE, 2021[45]). Donner aux apprenants le pouvoir d’évoluer avec assurance dans un monde incertain et changeant suppose également une approche globale de l’éducation, qui englobe le développement des compétences socioémotionnelles des élèves, leur bien-être et leur santé psychique (OCDE, 2021[45]).
Messages clés
Globalement, une éducation de qualité est porteuse de bénéfices significatifs et variés pour l’individu, la collectivité et la société. Il est donc important, dans les décisions d’investissement public, de ne pas considérer les seuls bénéfices économiques de l’éducation, mais aussi ses nombreuses retombées sociales et sa contribution à la prospérité individuelle et collective.
Les individus plus instruits sont en meilleure santé et vivent plus longtemps. Leur meilleur état de santé autodéclaré se répercute sur leurs enfants et leurs pairs. À 25 ans, les diplômés du supérieur ont une espérance de vie dépassant de 5 à 8 années celle des jeunes du même âge peu diplômés. Ils sont aussi plus heureux, car les études les aident à acquérir des compétences, des connaissances et des dispositions qui favoriseront leur santé mentale et leur équilibre psychologique à l’âge adulte.
L’éducation favorise en outre l’engagement civique et réduit les comportements antisociaux, au profit de la société. Les compétences d’analyse, de traitement de l’information et de raisonnement critique acquises à l’école forment des citoyens plus informés et investis et, par conséquent, favorisent un meilleur fonctionnement de la démocratie. L’éducation développe en outre la tolérance et l’ouverture d’esprit, fondements d’une société plus solidaire. Les compétences cognitives et socioémotionnelles contribuent également à réduire la délinquance, entraînant ainsi une baisse des coûts dans ce domaine et d’importants bénéfices sociaux.
L’éducation permet en outre de construire un capital social et une société plus inclusive. Elle est un important déterminant de la confiance, laquelle est à la base du capital social et retentit fortement sur la croissance économique, l’efficacité des pouvoirs publics, les échanges économiques, la santé et le bien-être. Par ailleurs, les systèmes éducatifs peuvent contribuer à une économie et à une société plus inclusives par le biais de la mobilité sociale. L’équité au sein des systèmes éducatifs est essentielle pour assurer l’équité tout au long du parcours d’apprentissage d’un individu, ainsi que d’une génération à l’autre.
Enfin et surtout, lorsqu’elle s’inscrit dans la durée, une éducation de qualité aide également les individus et la société à tirer pleinement parti des opportunités nouvelles, comme la transformation numérique, et à aller au-devant des enjeux émergents, comme le changement climatique. Pendant la pandémie, l’éducation et les compétences ont permis de maintenir une vie sociale, de travailler, d’apprendre et de ne pas se laisser distancer dans un monde de plus en plus numérique. En intégrant les technologies numériques, l’école peut aider à développer les compétences requises dans un monde numérique et à résorber les fractures. Elle joue en outre un rôle fondamental de sensibilisation à tout un éventail de problématiques mondiales et environnementales. Il est indispensable de développer chez les élèves la capacité d’agir et le sentiment de pouvoir le faire afin qu’ils puissent par la suite mener des actions efficaces et devenir des citoyens proactifs et capables d’agir en faveur d’un avenir durable.
Les retombées de l’éducation sur le plan social au sens large se matérialisent par conséquent à la fois au niveau individuel (jouir d’une meilleure santé, offrir de meilleures perspectives à ses enfants, par exemple) et au niveau collectif, dans la mesure où les retombées à caractère individuel entraînent des externalités positives et rejaillissent sur la société dans son ensemble. Si de telles retombées peuvent être considérées comme des résultats en soi, elles sont aussi porteuses de bénéfices économiques et monétaires, même indirectement, et renforcent ainsi les retombées économiques de l’éducation dont il est question au chapitre 1.
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Notes
← 1. Source : Indicators on the Future of education and Skills, A. Curriculum Redesign, 4. Contents in curriculum: (a) Learning areas/ subjects, Tableau « Types of cross-curricular themes reported by countries/jurisdictions ».
← 2. Il s’agit de cinq grands traits de personnalité définis comme la synthèse de traits de caractère plus spécifiques. On distingue l’ouverture à l’expérience, le caractère consciencieux, l’extraversion, l’amabilité et le névrosisme (par opposition à la stabilité émotionnelle) (Almlund et al., 2011[3]). Pour une présentation des Big Five, voir (Almlund et al., 2011[3]) (Chernyshenko, Kankaraš et Drasgow, 2018[109]).
← 3. Dans les pays de l’OCDE, 75 % des élèves de science en moyenne déclarent avoir utilisé un appareil numérique en cours de science le mois précédent, par rapport à 72 % d’élèves en cours de langue et littérature (du test) et 64 % en cours de mathématiques (OCDE, 2020[110]).
← 4. L’analyse de l’apprentissage « étudie comment utiliser l’exploration des données (data mining), l’apprentissage machine, le traitement du langage naturel, la visualisation, et l’interaction homme-machine, entre autres, pour fournir aux enseignants et apprenants des informations susceptibles d’améliorer les processus d’apprentissage et les pratiques pédagogiques » (OCDE, 2019[99]).
← 5. Si l’utilisation d’appareils numériques par les élèves principalement est plus fréquente dans les établissements scolaires défavorisés, la corrélation négative avec les résultats scolaires n’en est pas pour autant plus forte dans ces établissements. Des analyses plus poussées révèlent que les écarts de résultats par types d’utilisateurs d’appareils numériques ne sont pas très différents entre les établissements favorisés et défavorisés. Par conséquent, les corrélations négatives moyennes observées entre les utilisations par les élèves principalement et les résultats scolaires ne sont pas le fait d’écarts négatifs plus prononcés dans les établissements défavorisés.